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CULTURE 13 e FESTIVAL<br />

HORIZONS • Lundi 25 Mars 2013<br />

En aparté<br />

KAMEL HAMMADI ESTIME QUE<br />

«LE CINÉMA AMAZIGH<br />

ÉVOLUE»...<br />

Le film amazigh est en train d’évoluer, petit à petit. Il a juste besoin<br />

d’être structuré pour renforcer sa présence», a estimé samedi dernier,<br />

à Tizi-Ouzou, le célèbre interprète, auteur et compositeur Kamel<br />

Hammadi lors de l’ouverture officielle de la 13 e édition du Festival du<br />

film amazigh. Il a affirmé que «l’organisation de ce genre de manifestation<br />

entraîne l’évolution. Et dans tout cinéma, il existe des problèmes,<br />

il suffit à présent de savoir par où commencer pour les<br />

résoudre. Le cinéma amazigh est un cinéma qui évolue même s’il n’a<br />

pas encore dépassé les clichés et les problèmes de fond : Bonne gouvernance,<br />

liberté d’expression, conflits…», a-t-il dit, ajoutant : «Ce<br />

cinéma est devenu un miroir où on peut y voir ses propres réalités».<br />

n S. S.<br />

...ET COMPOSE UNE CHANSON<br />

EN HOMMAGE À ABDERRAHMANE<br />

BOUGUERMOUH<br />

«Rendre hommage à Abderrahmane Bouguermouh est sans nul doute<br />

un devoir, mais faut-il encore être à la hauteur et composer des vers à<br />

la dimension de l’artiste. Chanter Abderrahmane Bouguermouh n’est<br />

pas une mince affaire, car il faut s’élever à son rang. Chanter le sommet<br />

alors que l’on est juste au début, cela exige beaucoup de travail»,<br />

nous confie M. Hammadi. Cette chanson interprétée superbement par<br />

le duo Nouria et Mohamed Maâmar, est une œuvre artistique qui fait<br />

ressortir la grandeur de l’artiste et son dévouement patriotique. «Un<br />

hommage ne se vend pas sur les étals des disquaires», soutient l’auteur.<br />

n S. S.<br />

APRÈS AVOIR CONFIÉ QU’IL NE CHANTERA<br />

PAS DE SITÔT<br />

DJAMEL ALLAM ENTAME<br />

SA PREMIÈRE EXPÉRIENCE<br />

DANS LA RÉALISATION<br />

Ce n’est pas une surprise, vu que Djamel Allam a déjà annoncé, lors<br />

d’un concert donné à Alger, qu’il allait mener une nouvelle expérience<br />

dans le créneau de la réalisation. Il a en effet réalisé un court métrage<br />

intitulé «Banc public», traitant de la souffrance de la femme. «Au<br />

départ, j’allais faire de ce film une chanson. J’ai échoué. Puis, c’est<br />

resté au fond de mon tiroir. Un jour venant, j’ai pris part à un colloque<br />

sur le parcours de l’Emir Abdelkader à Tlemcen, j’ai rencontré plein<br />

de monde dont Youcef Goussem, célèbre réalisateur et producteur. Je<br />

lui ai parlé de mon projet. Il m’a succinctement encouragé à en faire<br />

un film. Et depuis l’aventure a commencé». Ce film à été tourné à<br />

Béjaia. Ce même produit, distribué un peu partout dans les festivals<br />

tels le festival d’Agadir, le Maghreb des films, le festival du film algérien<br />

à Lille, la filmathèque Zinet, «Banc public», prendra part, en avril,<br />

au festival du film oriental à Genève (Suisse) et au festival du cinéma<br />

du Maghreb à St Denis. Djamel Allam est nominé pour le trophée de<br />

la francophonie qui aura lieu bientôt au Sénégal. Pour lui, cette nouvelle<br />

expérience non pas dans le cinéma mais plutôt dans la réalisation,<br />

«est une aventure difficile à gérer. Il faudra gérer toute une équipe.<br />

C'est-à-dire être réalisateur et patron à la fois. Bien avant le tournage,<br />

son travail commence par la mise au point du scénario et son<br />

découpage en plans, précisant tous les détails concernant les décors,<br />

l’image et le son. Ce travail doit répondre autant aux contraintes<br />

financières de la production qu’aux exigences créatrices.»<br />

n S .S.<br />

En exclusif<br />

TAOUS AMROUCHE, écrivaine et<br />

chanteuse, descend d’une lignée de<br />

récitants de la tradition orale kabyle.<br />

Taous Amrouche était l’amie d’André<br />

Gide et de Jean Giono. Dans ses<br />

romans fortement autobiographiques,<br />

elle analyse son déracinement, l’exil,<br />

la solitude et exprime le besoin<br />

d’émancipation des femmes étouffées<br />

par la tradition. A défaut de<br />

rencontrer cette humble dame,<br />

disparue, il y a quelques années, le<br />

13 e festival du film amazigh a invité<br />

Yann Seweryn, petit-fils de Taous<br />

Amrouche et aussi acteur de cinéma.<br />

Confidences.<br />

LE DOUBLAGE AU CINÉMA<br />

VU PAR SMAÏL ABDENBI<br />

LA NAISSANCE D’UNE VOCATION<br />

CULTURELLE INÉDITE<br />

DANS LE PAYSAGE ALGÉRIEN<br />

Aujourd’hui, le doublage au cinéma amazigh enregistre un succès fulgurant. Pardelà,<br />

il s’agit de la naissance d’une vocation culturelle inédite dans le paysage<br />

algérien. A ce sujet, Smaïl Abdenbi, traducteur, adaptateur de film doublé<br />

explique «Le doublage est une porte ouverte sur toutes les cultures des peuples<br />

de cette planète. Donc, cela nous permet de découvrir les productions de tous les<br />

réalisateurs, de les mettre à la disposition de notre public. Dans ce cas, le doublage<br />

va permettre à la langue amazighe d’explorer des domaines tels la science fiction,<br />

les films de guerre…» Il participe, dans ce festival avec le film «Planète<br />

Hulk, Amtiweg Hulk». Il confie avoir choisi sciemment le personnage de Hulk,<br />

vu qu’il est très connu des algériens d’une part, et d’une autre part, c’est un film<br />

de science fiction, c’est quelque chose de nouveau pour la culture et la langue<br />

amazighe. Il espère à travers le doublage, diffuser la langue amazighe et ramener<br />

de nouvelles idées et une nouvelle façon de voir le monde. C'est-à-dire enrichir la<br />

culture. «Il est vrai que le doublage est à ses débuts, nous sommes, par ailleurs<br />

très contents de voir qu’il y a une demande. Autrement dit, il existe bel et bien un<br />

marché», affirme-t-il. Smaïl Abdenbi a déjà travaillé dans le domaine du doublage,<br />

notamment chez «Vox Algérie». Aujourd’hui, il est installé à son propre<br />

compte.<br />

n S.S<br />

Sur les écrans<br />

Le réalisateur, Faouzi Boudjemaï,<br />

prend part au Festival du film amazigh<br />

avec un court métrage intitulé «Square<br />

Port Saïd» retenu en compétition pour<br />

l’Olivier d’Or. Ce film aborde le phénomène<br />

de la «harga» sous une approche assez<br />

singulière, comme l’explique son auteur.<br />

«Je vise l’envie de départ. Je parle tout<br />

juste du fait d’évoquer la «harga» et non<br />

pas celui qui consiste à aborder le phénomène<br />

lui-même. Une manière qui incite à la réflexion sur l’envie<br />

d’aller ailleurs, de quitter un territoire pour un Eden supposé<br />

tel. C’est tout de même un sujet qui attire toute l’attention<br />

et qui mérite d’être abordé avec beaucoup d’acuité pour<br />

comprendre sans juger», a déclaré Faouzi. D’une durée de 5<br />

mn 23, le film se déroule sur le port d’Alger, sur un quartier<br />

DU FILM<br />

AMAZIGH<br />

Entretien réalisé par : S. Sidhoum<br />

16<br />

17<br />

Taous Amrouche est une personnalité qui a disparu il y<br />

a quelques années mais elle reste toujours vivante par<br />

son remarquable parcours et son incroyable destinée.<br />

Est-elle toujours présente dans les esprits ?<br />

Bien évidemment, elle vit à travers l’héritage qu’elle a laissé<br />

derrière elle. Ses chants, ses textes, son engagement et la vie<br />

qu’elle a menée pour la culture berbère de kabylie. Je la<br />

découvre de plus en plus.<br />

De nombreuses publications ont honoré la mémoire de<br />

Taous Amrouche. En avez-vous pris connaissance?<br />

Malheureusement, je ne les connais pas toutes. Je souhaiterais<br />

en savoir plus. Mieux encore, je devrais en savoir plus.<br />

Taous Amrouche était chrétienne, elle était déchirée par<br />

ses origines musulmanes. Pensez-vous que cette situation<br />

a été pour elle un tournant dans sa vie ?<br />

Je ne peux pas savoir, seulement je sais qu’elle est de culture<br />

berbère et il y a eu également une influence de la culture française<br />

et de la culture chrétienne. En tout cas, ces trois éléments<br />

du Squart Port Saïd. «Ça se déroule dans un<br />

bus où une fille participe à un débat avec un<br />

jeune de son âge sur justement l’envie de partir.<br />

Celui-ci veut partir et en face, on essaye de<br />

le retenir», explique-t-il. L’idée de réaliser cette<br />

œuvre inédite relève d’un concours de scénarios<br />

où on a choisi les meilleurs. «Ce sont des<br />

Algériens vivant à l’étranger qui ont initié ce<br />

projet financé par le CFI qui est financé par le<br />

ministère français des Affaires étrangères. Ces<br />

Algériens ont créé un plan de production transméditerranéen<br />

avec des réalisateurs méditerranéens. Mon scénario a été retenu<br />

parmi les cinq sélectionnés dont un Marocain et un<br />

Tunisien. Cela nous a permis d’être financé et de travailler<br />

avec des techniciens de métier pendant un mois sur Alger. On<br />

a tourné dans des conditions assez professionnelles», révèle-<br />

Autour du festival<br />

LE MARCHÉ DU FILM À L’HONNEUR<br />

A la maison de la culture Mouloud-Mammeri, plusieurs exposants proposent<br />

leurs marchandises destinée à se faire connaître et à écouler leurs<br />

produits. Parmi eux, l’équipe double Voice de Aïn El Hammam. Ses films<br />

sont doublés en kabyle, une adaptation de Samir Aït Belkacem. Citons<br />

«Ikjan Imchach», «Ali dwali», «Muchuchu 1, 2, 3» et d’autres. C’est quoi<br />

le secret de la réussite ?«C’est un don. Il n’y a aucune formation qui a été<br />

faite au début. C’est une initiative qui a été prise au hasard pour s’amuser<br />

et c’est devenu sérieux», explique Hocine Ouarab, comédien. «C’est la<br />

deuxième année que je passe dans cette maison, j’ai pour habitude de prêter<br />

les voix. C’est toujours à travers des efforts qu’on essaye d’améliorer<br />

RENCONTRE AVEC YANN SEWERYN, PETIT-FILS DE TAOUS AMROUCHE :<br />

«Taous Amrouche vit à travers l’héritage<br />

qu’elle a laissé»<br />

lui ont conféré un caractère unique.<br />

A votre avis, Taous Amrouche a-t-elle laissé un héritage,<br />

servant de modèle à la génération actuelle ?<br />

A vrai dire, j’ai discuté avec pas mal de jeunes à Alger notamment<br />

ceux de la chorale «Enza» d’Ighil Ali. Pour eux, Taous<br />

Amrouche demeure toujours vivante, et constitue pour eux<br />

une source d’inspiration. Elle est chantée et lue. Son histoire<br />

est transmise aux jeunes générations, et j’ai le sentiment qu’elle<br />

peut être un modèle. Cela dépendra des jeunes s’ils sont<br />

intéressés et s’ils ont la possibilité d’accéder à cet héritage.<br />

En votre qualité de petit-fils de Taous Amrouche, ressentez-vous<br />

de la fierté d’être de la lignée de cette grande<br />

dame ?<br />

Indubitablement. J’excelle pour ma part dans le cinéma, j’étudie<br />

l’image, je filme et je réalise. J’admets que je ressens cette<br />

fierté en moi. Je travaille depuis un moment sur un film documentaire<br />

qui retrace le parcours de Taous Amrouche. Je vais<br />

d’ailleurs présenter la bande d’annonce lors de ce festival.<br />

C’est un travail de mémoire pour mieux connaître cette grande<br />

dame.<br />

n S. S.<br />

EN COMPÉTITION POUR L’OLIVIER D’OR<br />

«SQUARE PORT SAÏD» ÉVOQUE LE DÉPART<br />

t-il. Faouzi Boudjemaï a étudié à l’ISMAS (Institut supérieur<br />

des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel) puis à<br />

l’étranger. «Ce qui m’a permis de m’installer et de développer<br />

mes projets qui sont en cours toujours grâce aux financements<br />

et suivis étrangers». Le réalisateur laisse entendre la difficulté<br />

de produire dans notre pays même s’il tente de maintenir un<br />

lien de financement algérien dans un contexte de coproduction.<br />

Il y tient comme à la prunelle de ses yeux comme pour<br />

mieux affirmer sa fierté d’être Algérien qui s’affirme en produisant<br />

des œuvres cinématographiques de qualité. «Je suis<br />

à l’écriture de deux films qui traiteront du phénomène de la<br />

harga. Ce sera une production italienne et une production<br />

italo-française. J’attends toujours un partenaire algérien qui<br />

me permettra d’avoir une coproduction avec l’Algérie aussi»,<br />

assure-t-il.<br />

n R. D.<br />

En marge du festival<br />

notre capacité, mais pour travailler les voix, ce n’est pas facile», poursuitil.<br />

Par ailleurs, la boîte Ciné Kabyle lui emboîte le pas puisqu’elle expose<br />

à ses côtés des films qui ont été adaptés en version kabyle. «On est venu<br />

participer au festival pour marquer à notre tour l’événement. Nous réalisons<br />

jusqu’à dix œuvres en doublage. Nous escomptons écouler nos produits<br />

avec notamment Pucchi 4 qui a connu un grand succès», déclare Ali<br />

Oussaci. Celui-ci révèle que la boîte compte réaliser une œuvre d’ici à<br />

quelques jours. Attendons pour voir. En outre, le livre n’est pas en reste<br />

puisque l’Enag est présent avec ses nouveautés. On y reviendra.<br />

n R. D.<br />

LE RÉALISATEUR<br />

AHCENE OSMANI<br />

PARLE DE SON FILM<br />

«LIONS D’ALGÉRIE»<br />

Le scénariste, réalisateur et producteur<br />

Ahcène Osmani, spécialiste des<br />

films sur la révolution algérienne,<br />

expose le développement de son long<br />

métrage consacré à l’histoire, «Lions<br />

d’Algérie». Le premier tour de manivelle<br />

de ce film sera donné incessamment.<br />

La trame du film est de 2 h 30,<br />

suivie d’une série de 30 épisodes de<br />

26 minutes chacun, avec des titres<br />

pour chaque épisode et dont le scénario<br />

est signé par le réalisateur et producteur<br />

Ahcène Osmani. Une commission<br />

nationale pluridisciplinaire,<br />

constituée de moudjahidine, d’éminents<br />

historiens, de personnalités historiques,<br />

de sociologues, d’écrivains,<br />

de chercheurs et d’étudiants est<br />

constituée à l’effet d’enrichir le cadre<br />

référentiel du scénario. Il serait produit<br />

par le ministère des<br />

Moudjahidine. Le film se veut un<br />

témoignage des atrocités subies par le<br />

peuple algérien durant la glorieuse<br />

guerre de Libération nationale. En<br />

plus des villages incendiés, des mosquées<br />

souillées, la torture a été pratiquée<br />

sous toutes ses formes, sans distinction<br />

d’âge ni de sexe ou de<br />

région. C’est dans ce contexte-là que<br />

ce long métrage sur la Wilaya III historique<br />

se veut être une reconstitution<br />

de faits d’armes héroïques sur différentes<br />

périodes successives de son<br />

histoire et de ses hommes, de 1945 à<br />

1962, en relation avec les autres<br />

wilayas historiques. Vingt-neuf<br />

wilayas seront sillonnées. «C’est un<br />

film de mémoire. Il s’agit donc de<br />

faire ressurgir des mémoires des vérités<br />

sur les faits historiques réels, des<br />

personnes qui ont marqué à jamais<br />

notre pays.»<br />

n S. S.<br />

Hors caméra<br />

GATLATOU<br />

VIVAIT<br />

À TIZI OUZOU<br />

Pour les amateurs de films hindous ou<br />

égyptiens, une seule adresse alors,<br />

l’Algéria. C’était à deux pas du tribunal de<br />

la ville. Les plus passionnés venaient parfois<br />

de loin et se munissaient de magnétophones<br />

pour enregistrer les voix<br />

suaves, les airs langoureux qui, le soir<br />

venu, transportent au pays du rêve gratuit.<br />

Omar Gatlatou avait ses frères et ses<br />

semblables dans la ville des Genêts<br />

comme partout ailleurs. Je ne sais pourquoi,<br />

«Errayah» de Dahmane El Harrachi<br />

retentissait dès que jaillissait la lumière<br />

annonçant l’entracte. Que signifie encore<br />

ce mot ? C’était un intermède qui permettait<br />

au vendeur d’épuiser son couffin de<br />

cacahuètes et aux spectateurs de<br />

prendre un peu d’air, de goûter à une<br />

boisson ou à un esquimau. Le spectacle<br />

n’était pas seulement sur l’écran. Dans<br />

l’orchestre ou au balcon, de mauvais garçons<br />

chuchotaient, ne se gênaient nullement<br />

pour s’interpeller à voix haute. Ils<br />

sermonnaient tantôt parfois un acteur,<br />

avertissaient parfois un autre d’un danger<br />

imminent. Heureusement qu’il n’y<br />

avait pas d’ouvreuses !<br />

Le Djurdjura n’était pas loin. Comme<br />

l’Algeria, il est fermé depuis des années.<br />

Là on ne pouvait pas voir Shashi Kapoor<br />

ni Farid El Atrache ou Fahd Bellane. Pour<br />

s’extasier devant le déhanchement d’une<br />

starlette de Calcutta ou des rives du Nil,<br />

inutile de s’attarder. La salle propre et<br />

spacieuse était le royaume des films<br />

américains ou français. L’entrée fut<br />

emmurée des années durant et personne<br />

ne sait ce qui s’y passe. Une rénovation<br />

peut-elle durer autant ? Combien de fois,<br />

comme l’entrée d’un stade, pour Delon<br />

ou Henri Fonda elle fut prise d’assaut ?<br />

Qu’importe ! Qu’on puisse s’étouffer<br />

dans la cohue, de se faire chiper son<br />

portefeuille ou se faire voler son argent.<br />

En sueur, on exhibait le ticket comme un<br />

trophée. Dans le hall tapissé de portraits<br />

d’acteurs en couleurs, on affichait alors<br />

les films en première vision et on annonçait<br />

à l’avance ceux qui seront projetés.<br />

C’était une salle qui abritait des galas des<br />

chanteurs de passage dans les années<br />

70. Le Mondial, devenu une salle de la<br />

cinémathèque, avait la même vocation.<br />

Je me rappelle de la projection «Docteur<br />

justice’» dont les aventures faisaient le<br />

succès de Pif, lecture obligée dés le collège,<br />

du «sixième continent» qui avait<br />

rameuté le public des étudiants et des<br />

lycées. A ses dernières, on consentait des<br />

réductions pour la séance du lundi. Il n’y<br />

avait pas cette coupure entre l’école et le<br />

cinéma. Quand Cyrano de Bergerac était<br />

au programme, les films de cape et<br />

d’épée n’avaient plus de secret. On<br />

n’abordait pas une planète méconnue.<br />

Et puis, y avait le Studio. Ceux qui passent<br />

devant ses grilles fermées peinent à<br />

croire que des hommes ont découvert ici<br />

des films. Longtemps, elle a servi de salle<br />

d’exposition pour produits artisanaux. La<br />

salle de la maison de la culture, réduite à<br />

une programmation d’abord intermittente<br />

puis inexistante, inspire le même sentiment<br />

de gâchis.<br />

Aujourd’hui, la ville accueille un festival<br />

alors que les DVD et la télévision ont<br />

porté depuis lurette le coup de grâce au<br />

septième art. Rien n’interdit bien sûr de<br />

rêver, d’entrevoir des jours meilleurs et de<br />

vouloir réconcilier les gens avec le grand<br />

écran. Mieux, la mort du cinéma peut<br />

inspirer un créateur pour capter, faire<br />

passer cette nostalgie et cette émotion.<br />

Avis aux prochains prétendants à l’Olivier<br />

d’Or.<br />

n R. Hammoudi

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