29.06.2013 Views

Télécharger - Horizons

Télécharger - Horizons

Télécharger - Horizons

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

12<br />

idées<br />

HebdoDébats<br />

HORIZONS • Lundi 25 Février 2013<br />

MALGRÉ DE SOLIDES<br />

RÉTICENCES...<br />

Dix ans plus tard, on<br />

compte les morts. Entre<br />

272.000 à 329.000 morts,<br />

selon certaines ONG.<br />

Quatre fois plus, selon<br />

d’autres qui font état de<br />

4.000 à 5.000 morts chaque année dans<br />

des violences. 4.800 soldats étrangers<br />

morts, dont une écrasante majorité<br />

d’Américains. On compte aussi les milliards<br />

dépensés. Watson Institute for<br />

International Studies de l’Université<br />

Brown estime que les dépenses pourraient<br />

dépasser 6.000 milliards de dollars<br />

sur les quatre prochaines décennies avec<br />

les intérêts. Dix ans plus tard, on s’interroge<br />

sur les intentions réelles des<br />

Américains. 95 % des étudiants Irakiens<br />

rêvent de quitter leur pays.<br />

LES FAUSSES PREUVES<br />

DE POWELL<br />

Octobre 2002 : la CIA publie «Iraq’s<br />

Weapons of Mass Destruction Programs».<br />

Les propos de ce rapport sont clairs, nets<br />

et précis. Malgré toutes les résolutions du<br />

Conseil de sécurité, l’Irak a reconstitué<br />

son programme d’armes nucléaires.<br />

Saddam Hussein, dit-il, a demandé des<br />

tubes d’uranium au Niger pour reprendre<br />

sa production d’armes chimiques. Joseph<br />

C. Wilson, ancien diplomate américain<br />

envoyé au Niger, pour enquêter, a beau<br />

apporter son démenti, George W. Bush<br />

campe sur ses positions. «Seul le Conseil<br />

de sécurité est habilité à engager une opération<br />

militaire contre l’Irak», rappellent<br />

IL Y A DIX ANS,<br />

LA GUERRE D’IRAK<br />

DÉCLENCHÉE PAR GEORGE W. BUSH ET LES FAUCONS DE SON ADMINISTRATION, POUR «ÉRADIQUER» DES ARMES<br />

DE DESTRUCTION MASSIVE QUI N’EXISTAIENT PAS, «IRAK FREEDOM» CONTINUE. DIX ANS PLUS TARD, CETTE<br />

IMMENSE PARTIE DE POKER MENTEUR CONTRE L’«AXE DU MAL», VÉRITABLE REMAKE DE L’«EMPIRE DU MAL»<br />

DE RONALD REAGAN, CONTINUE ET FAIT HONTE. Aux Américains d’abord. Beaucoup ont cru réellement que<br />

Saddam «développait» non seulement des armes chimiques et bactériologiques, mais aussi des armes nucléaires<br />

qui pourraient être opérationnelles d’ici un à cinq ans… Aux Irakiens ensuite. Ceux-là mêmes qui réalisent,<br />

aujourd’hui, que leur pays est tout, sauf cette démocratie promise par les éminences grises de Washington.<br />

(De gauche à droite)<br />

George W. Bush,<br />

Colin Luther Powell,<br />

Donald Henry Rumsfeld et<br />

Dick Cheney<br />

la France et l’Allemagne. Vainement.<br />

Soutenus par l’Italie, l’Espagne, le<br />

Portugal, le Royaume-Uni, le Danemark,<br />

la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie qui<br />

rend hommage dans une lettre «au courage,<br />

à la générosité et à la perspicacité<br />

américaine» contre le nazisme et le communisme,<br />

les Etats-Unis cherchent ses<br />

soutiens dans la «nouvelle Europe».<br />

Quelques jours après ces «huit» elle reçoit<br />

le soutien de dix pays de l’Europe de l’Est<br />

pour une intervention militaire. Le décor<br />

est planté. Le 5 février 2003, le général<br />

Colin Powell, alors secrétaire d’État,<br />

dévoile ses «preuves» devant le Conseil<br />

de sécurité. Il s’appuie sur des photos<br />

satellitaires, des écoutes téléphoniques et<br />

agite une fiole supposée contenir de l’anthrax.<br />

Il insiste : «Chacune des déclarations<br />

que je fais aujourd’hui s’appuie sur<br />

des sources solides».<br />

Dominique de Villepin, le ministre<br />

français des Affaires étrangères de<br />

l’époque, récuse la légitimité de l’intervention<br />

en Irak. «L’option des inspections<br />

n’a pas été conduite jusqu’à son terme et<br />

peut apporter une réponse efficace à l’impératif<br />

du désarmement de l’Irak», plaide-t-il<br />

soulignant qu’«un usage de la force<br />

serait si lourd de conséquences pour les<br />

hommes, pour la région et pour la stabilité<br />

internationale qu’il ne saurait être envisagé<br />

qu’en dernière extrémité».<br />

LES ENJEUX<br />

Devant les réticences de la France, de<br />

la Russie et de la Chine, les Etats-Unis et<br />

le Royaume-Uni décident d’attaquer<br />

l’Irak sans l’accord du Conseil de sécurité.<br />

Le 20 mars 2003, George W. Bush déclare<br />

la guerre à l’Irak, après un ultimatum de<br />

48 heures lancé à Saddam Hussein pour<br />

quitter l’Irak. Quelques années plus tard,<br />

la CIA a plaidé coupable. Les informations<br />

collectées n’étaient pas solides. Le<br />

résultat, affirme un rapport officiel d’enquête<br />

publié en 2005, a été «l’une des<br />

faillites du renseignement les plus préjudiciables<br />

de l’histoire américaine».<br />

Le 20 mars 2003, malgré l’hostilité de<br />

la France, de la Russie et de la Chine, ainsi<br />

que Hans Blix et Mohamed El Baradei,<br />

qui indiquent dans leurs comptes rendus<br />

au Conseil de sécurité, n’avoir trouvé<br />

aucune preuve de ces allégations, les<br />

Etats-Unis décident de lancer leur «Irak<br />

Freedom». Une opération qui a abouti<br />

certes à la chute du régime de Saddam<br />

Hussein, — débusqué le 13 décembre<br />

2006 dans sa cachette près de Tikrit, la<br />

barbe hirsute, méconnaissable, il sera exécuté<br />

par pendaison un an plus tard —,<br />

mais elle a plongé l’Irak dans le chaos.<br />

l l l

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!