M - Bibliothèque de Toulouse

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76 kilos, logés départ '; 'blanc da iiays, 16 fr.
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Maïe : foux du paye, 16 75 les 75 kilos lo-
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de 5 à 6 kilos ; paiûe de £mncs>|, 32 ; pailile
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tres tanmigcB aatlft'CJoU'5, S 40 ; «harbom ûo bois, 10 ;
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Lait, O tt. 26. le litre.
Oie* gTa5s«B et mortes, 9 ,Marsellle
Honoraif»» 3p.BuSrj ion
62 Feuilleton diu 2 janvier 1912
PAÏl
Je-an DÏÎAULT
DEUXIEME PARTIE
La moisson rouge
CHAPITRE XIII
LES VOILES ROUGES
Sénar avait griffonné quelques mots
Mur une carte imprimée, y avait apposé
le timbre du Gcanité de Sûreté générale
et l'avait remise à la jeune fille. Celle-ci
était partie aussitôt on se confondant en
renierciomcntvS. Sénar avait alors rouvert
ses dessiers. Mais sa pensée était ailleurs.
Onze heures sonnèrent. Alors, rejetant
loin de lui les papiers, il eut un geste de
découragement et murmura :
— A quoi bon ?... Ello est jugée !...
Tout est fini !
Il pensa de nouveau à l'étrange jeune
fille; et à sa démarche d'une hardiesse si
peu commune. Il voulut savoir ce qu'elle
allait, faire à la Co-neiergerio. Il s'élança
iur s«s traces et l'apetrçutPde loin, se
dirigeant vers le Pont-Neuf: Elle allait
bon train.
En quinze minutes, elle eut gagné la
cour du Palais. Sénar avait peine à la
suivre. Elle fendit la foule compacte,
s'informa du chemin à suivre, pâlit en
apercevant les huit charrettes qui atten-
daient, montra sa carte à un factionnaire
qui la laissa passer dans l'étroite cour,
et se trouva à la porte du greffe de la
Conciergerie qui se composait de deux
pièces.
L'une, assez vaste, servait de bureau à
Richard, le concierge de la prison, qui
avait pu rester en fonctions, malgré l'af-
faire machinée par Rougeville et Burlan-
deux pour sauver la reine. L'autre était
destinée, en temps ordinaire, à contenir
la fournée quotidienne des condamnés
jusqu'à leur départ pour la guillotine.
C'est là que lo bourreau et ses aides
venaient coupoa' les chevelures, échan-
crer les cols de chemises, lier les mains,
en un mot faire la toilette des futurs
guillotinés.
Ce jour-la, Sanson, prévenu par Fou-
quier bien avant l'audience, était venu,
dès le matin, avec onze aides et le maté-
riel nécessaire.
Mlle de Saintc-Pazannc vit ces aides
entrer avec des cordes encore teintes du
sang des suppliciés do la veille et de
grands paniers.
Le cœur lui manqua. Elle éprouvait
comme un dégoût ; ello avait la sensa-
tion d'entrer dans un abattoir. Elle se rai-
dit et tenta de passer entre deux do ces
porteurs de paniers.
— Que veux-tu ? lui demanda brutale
ment l'un d'eux, garçon imberbe de
vingt o. vingt-deux ans, les bras nus, la
face bestiale, et qui portait do grands
ciseaux.
Elle avait les dents te'op soirées et la
gorge trop broyée par î'éîau de i'angoisse
pour répondre un mot. Elle se contenta
de montrer sa carte.
Un autre aide à cheveux grisonnants
constata l'existence du timbre du Comité
sur la carte, et dit :
— C'est en règle 1... Entre 1
Mais il l'arrêta par l'eipaude, et ce cou*
tact la fit frissonner. ' .
— Tu as une jolie frimousse 1 dit cet
homme dont l'air de bonté contrastait
avec son sinistre métier. Je serais désolé
qu'il t'arrivât malheur. Si tu veux un
bon conseil, ne perds pas ta carte, car
tu ne sortirais plus ! Tu monterais sur
une charrette avec les autres... Ça c'est
vu. Ici, l'on n'est pas regardant sur l'ex-.
cèdent des voyageuse 1... Ce n'est pas
comme aux Messageries 1
Et il entra en riant.
La jeune fille lo suivit, serrant sa carte
dans sa main.
Elle fit quelques pas et s'arrêta ; ses
jambes ne pouvaient pdus la porter. Elle
avait la vision de l'enfer.
Elle était environnée do cris, de hurle-
ments d'agonie, de plaintes, de sanglote
déchirants:
Les condamnés, hommes et femmes,
étaient, assis côte à côte sur des bancs,
gardés par cinquante gendarmes. Sani-
son, allant et venant, activait ses aides,
qui échancraient les chemises et les lia-
bits, mettaient les épaules à nu, jetaient
dans les grands paniers, pêle-mêle, les
chevelures coupées et les cols, collets,
dentelles récoltés à grands coups de ci-
seaux sur chacune des victimes, sans dis-
tinction d'àgo ou do sexe.
Puis, brutalement, ils prenaient les
mains, les ramenaient derrière le dos et
les attachaient avec les cordes rouges et
grossières.
Ils agissaient avec l'indifférence do
cuisiniers troussant une volaille pour la
broche, ou de bouchers ligotant le bétail
avant le coup fatal.
Et soudain elle aperçut, sur le bout
d'un des bancs de bois, Emilie de Sainte-
A-maranthe qui attendait son tour pour
la toilette. Mlle de Sainte-Pazanne pous-
sa un cri, courut à elle, la pressa dans
Bas bras, la couvrit de baisers et lui dit,
en sanglotant :
— Je suis venue pour vous voir !...
La ravissante jeune fille avait conservé
tout son calme :
— Imprudente ! murmura-t-elle. Qu'è-
tes-vous venue fair£ ici ?... Et pourquoi,
puisque Dieu a voulu vous conserver la
vie, descendez-vous chez les morts ?...
— Je suis venue ici pour vous sauver !
murmura Adèle à son oreille.
— Me sauver ? et coaninpit ?...
J'ai une carte du Comité de Sûreté
générale. Prenez-la ! Vous sortirez... il
y a un tel désordre ici qu'on ne s'aper-
cevra de rien !... Le nombre y sera : je
vais prendre votre place 1...
— Et pourquoi ? demanda Emilie sur-
prise. C'est mal !... Jo m'étais si bien
faite à l'idée de la mort I... Pourquoi ve-
nir me rappeler à la vie ?...
— Parce qu'il vous aime et que vous
l'épouserez... Son bonheur avant tout !...
Je l'ai promis à sa mère mourante...
Quant à moi, ne mo plaignez point je
mourrai heureuse, alors que j'aurais vécu
si malheureuse I Je puis bien vous l'a-
vouer, maintenant... Mais vous voyez
bien qu'il vaut mieux que je vous rem-
place 1...
Emilie ouvrait do grands yeux sans
comprendre.
— Adèle 1... Ma chère enfant !... C'est
vin accès de fièvre qui vous a saisie I
Jo no sais ce que vous me contez... Je
ne dois nom* profiter d'un sacrifice pa-
reîl,,.
— C'est pour lui que je me sacrifie...
Je veux vous rendre à lui 1
— A lui ?... Mais à qui ?
— A celui que vous aimez !... A l'hom-
me qui était à cette séance de la Conven-
tion !
— A Blleviou î
— A Elleviou ?,.. répéta Mlle de Sain-
te-Pazanne machinalement. Vous avez
dit à Elleviou ? J'ai bk-n entendu ?... C'est
donc Elleviou que vous aimez 1
— Je croyais vous l'avoir assez insi-
nué !... Vous rappelez-vous que j'ai re-
fusé de vous dire son nom par taquine-
rie, pour vous punir, un jour quo vous
manquiez de confiance envers moi
— Ah ! grands dieux !... Et moi qui
croyais...
— Qui croyais que j'en aimais un au-
tre, n'esi-ce pas ? fit Emilie de Sainte-
Amaranthe avec un sourire pâle, un sou-
rire qui ressemblait au parfum d'urne
rose prête à s'effeuiller.
— Ne me forcez pas à dire ce nom !...
Ah ! malheureuse 1 malheureuse que je
suis !...
— Malheureuse que vous avez été !...
fit Emilie de Sainte-Amaranthe avec un
accent d'indicible bonté. Ah ) je devine,
maintenant, et vos mouvements d'hosti-
lité brusque et votre tristesse !,.. Et pour-
tant, vous m'aimiez 1... Mais vous vous
torturiez !... Et tout cela, faute de pro-
noncer deux noms qui nous étaient chers.
Oui, malheureuse que vous avez été,
mais heureuse que vous allez être !... Ma
grande amie ! Ma chère sceur l...
— Oh 1 pardon !... pardon I... dit Mlle
de Sainte-Pazanne en s'agenouillant (san-
glotante. Pardon de cette haine que je
vous ai portée, en dépit do mes efforts
pour mo dominer... J'oi tant .souffert L.
Oh ! oui !..'. j'ai souffert I.,.
— Allons î à ton tour ti fit soudain
une voix rude, près des deux jeunes
filles.
Un aide s'approchait, avec sa corde et
son panier pJein de chevelures blondes,
onmes, blanches, rousses, nattes de fem-
mes peie-mêle avec des chevelures
rt hommes nouées encore par leur ruban
de velours, les unes encore poudrées à
inmas, les autres châtain ou d'un noir
de jais.
— \A suivre).
P11FU.1EHIS Fl.QULE *• TOUL
OULOUS*
euiiietai
Nous publierons prochainement des qus.
notre feuilleton actuel scia terminé une
œuvra des plus attachantes :
par M RESCLAUZE DE DERMON
Le talent de notre distinguée compalriol
est bien connu. En une s&rie d'œuvres V e.
remarquées, elle a étudié avec délicatesse
profondeur, la crise sociale du mariagm
Ici, elle Va abordée sous un jour nouoetm
avec une verve, un mouvement, une ém 0'
tion tout à [ait remarquables.
uvveiHe, par un exemple
; boiiliftir îiV.'i! pas dans laS .
manesque, l'éclat de la i»» 1 ' j s
tueuse et amusante. 7/iais lien jdut"'.y aU $
l'accomplissement da nos devoirs /«"""
et sociaux.
montre à m
sanl, que l
lanl. lé rom
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