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6 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS d'opérer des restitutions par mesure générale : celles qu'il consentit à titre de faveur spéciale n'en curent que plus de prix. 11 eut besoin (le terres à distribuer à ses vétérans, et il dut établir une bonne partie des nouveaux colons sur des terres appartenant ou ayant appartenu aux temples. Le régime concordataire que nous trouvons plus tard établi sous Phulacleiphe, c'est-à-dire protection et subventions accordées au clergé, contre redevances imposées aux biens sacerdotaux, peut remonter à une époque antérieure et même ne différer que par des nuances du régime pharaonique. Quoi qu'il en soit, Ptolémée voulut inaugurer un système de conciliation par des procédés qui réussissent d'ordinaire avec tous les clergés (lu monde. Mais il fallait aussi songer au peuple, et particulièrement aux besoins religieux de ce peuple mixte qui commençait à se former sur le littoral du Delta par association de trois éléments disparates, Égyptiens, Juifs, Ilelléno-Macédoniens. Jusque-là, les immigrants étrangers avaient formé en Égypte des groupes séparés du reste de la population. Du temps d'llérodote, il y avait à Memphis un quartier phénicien appelé 10 « Camp des Tyriens » ( Tupi et une factorerie samienne à la Grande Oasis'. Naucratis était une ville toute grecque, o1 les colons mitésiens avaient importé leurs cultes nationaux, notamment ceux de l'Apollon Didyméen et d'Aphrodite. Leur ilellénion était le centre d'une espèce de fédération hellénique : son nom même indique que les Naucratites ne songeaient pas à abaisser les barrières qui les séparaient de la population environnante' . Ptolémée, lui aussi, suivit ce système, imposé 1) Flerod., 11, 112; 111, 26. 11 y avait aussi à Memphis, au moins depuis le temps d'Amasis, des E et des Kp 'rŒt, qui s'alliaient par mariages à la population indigène (Steph. Byz. s. vv. En6v et Kpxiv). Un 'E)'oia1r; est nommé dans un papyrus du i siècle (?) avant notre ère (Greek Pap. of the Rrit. Mus., 1, p. 9). 2) Les fouilles de Flinders Petrie et E. A. Gardner (1884.1886), qui ont retrouvé à Nebireh remplacement de Naucratis, ont renouvelé le sujet. cf. dans les publications de l'Egypt Exploration Funcl, FI. Petrie, Naukratis, 1(1886) et 11 (1888). D Malle, op. cit., p. 14-364.
LA POLITIQUE DELIG1F.USE DE PTOLIMÉE SOTER 7 par l'orgueil de race, lorsqu'il fonda dans la Haute-Égypte Ptolémaïs, une ville pourvue d'un organisme grec et qui le révéra, à la mode grecque, comme son oekiste ou héros éponyme. On peut même dire, d'une manière générale, que les Lagides n'ont pas cherché à favoriser la fusion des races en Égypte. Le royaume fût devenu moins facile à gouverner si les Égyptiens avaient pris, au contact des Grecs, des habitudes incompatibles avec le despotisme traditionnel de leurs rois. Mais Alexandrie n'était pas une colonie exclusivement gréco-macédonienne. Elle avait été fondée sur un emplacement déjà occupé en partie par une bourgade égyptienne du nom de lihakotis', et ce premier fonds de population indigène avait été grossi parle transfert des habitants de Canope". Le commerce devait attirer dans cet emporium cosmopolite des gens de tout pays, créant ainsi une mixture hétérogène qui ne pouvait former une cité si quelques idées communes ne venaient donner à cette masse un certain degré de cohésion. La religion a été, Û. l'origine, le lien à peu près unique des sociétés, et elle tient encore une grande place dans les civilisations plus avancées. Si la fusion morale des races pouvait et, devait s'accomplir à Alexandrie, c'était à la condition que l'obstacle provenant de l'antagonisme des religions fût levé ou tout au moins atténué. En ce qui concerne les Juifs, Ptolémée paraît leur avoir réservé dès l'abord une place à part. Josèphe fait entendre que les Lagides avaient tenu compte dans leurs calculs de l'opiniâtreté juive, et que, iso lés des autres peuples par les observances de la Loi, les Juifs jouaient un peu, dans les villes où la prévoyance du gouvernement les avait dispersés, le rôle de garnisaires. « Ptolémée 1) Strab., XVII, p. 792. Dans l'inscription de 311, le satrape Ptolémée est dit installé « au bord de la mer Ionienne, clans la forteresse du roi Alexandre, qui s'appelait autrefois Rhakotis 2) Ps.-Aristot. Oecon., 2, 33. Le nom égyptien de Canope paraît avoir été Kâh-n-noub. La ville, qui a donné son nom à la Bouche Canopique, est mentionne par Eschyle (Suppl. 311) et par Hérodote (II, 97).
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