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— Une heure et demie, ce serait bien. En fait, je termine à une heure le lundi. On pourrait
se retrouver… ici.
Elle avait légèrement pâli et sa voix n’était plus qu’un murmure, mais elle était d’accord.
Parfait. À présent, mieux valait reculer avant qu’elle ne change d’avis.
— Entendu. Je serai là. Tu veux passer à table ? J’ai l’impression que mon estomac est en
train de se digérer lui-même.
— Oh, mon Dieu, oui c’est vrai, le dîner, réalisa Tamara en tirant abruptement sa chaise
pour s’asseoir. Tu fais comme si je m’étais habillée pour dîner, d’accord ?
— D’accord.
— J’apprécie énormément tout ce que tu as fait, déclara-t-elle en plongeant son regard
dans le sien. Ne va surtout pas croire le contraire. Je te suis reconnaissante de t’être donné
tant de mal pour moi.
— Ce n’est pas ta gratitude qui m’intéresse, répliqua-t-il en s’asseyant en face d’elle, mais
ton amitié.
— Tu l’as, répondit-elle avec un petit sourire avant de prendre une profonde inspiration,
comme si elle puisait une grande dose de courage dans ses réserves. Et maintenant, dis-moi
comment tu penses que les choses vont se passer pour toi sur le circuit de Pocono.
— Je le ferai à condition que tu me parles de tes cours de sociologie.
Ils bavardèrent en mangeant, et Elec apprécia tellement leur conversation qu’il s’attarda
bien plus qu’il n’aurait dû. Un coup d’œil à l’horloge du four lui apprit qu’il était déjà dix
heures, et il savait que Tamara devait être fatiguée. Ils venaient de débarrasser la table et il
brûlait d’envie de la toucher, mais il savait que s’il commençait, il ne pourrait plus s’arrêter.
Elle avait l’air de penser la même chose. Un torchon à la main, elle n’arrêtait pas de se
pencher vers lui, puis de reculer.
— Il est tard, dit-il à regret. Je ferais bien d’y aller.
— Mon Dieu, oui. Dix heures passées.
Ni l’un ni l’autre ne bougèrent d’un centimètre.
Ils se regardèrent un long moment, le désir s’élevant entre eux de façon palpable,
hésitant à faire le moindre geste, jusqu’à ce que la mélodie électronique du portable d’Elec
rompe brusquement le charme. Il allait jeter cet engin d’un pont, s’il continuait à faire ce
bruit chaque fois qu’il recevait un SMS.
— Il faut que tu répondes ? s’enquit-elle.
— Non, c’est juste un message.
— Tu veux le lire ?
— Pas vraiment, non.
Il voulait plutôt goûter à nouveau aux lèvres de Tamara, glisser ses mains sous son teeshirt
et dégrafer ce soutien-gorge parfaitement inutile. L’allonger sur la table ronde et
blanche, faire glisser son bas de pyjama rose le long de ses jambes et lui lécher le clitoris.
Lire ce SMS, dont il aurait presque pu garantir qu’il venait de Crystal, était bien la dernière
chose dont il avait envie.
— C’est encore cette fille, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en faisant la moue.
Il haussa les épaules.
— Eh bien vas-y, lis-le.
— Je n’en ai pas envie. Si je l’ignore, elle finira bien par me lâcher.
Tamara rit.