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5. — Mais c’est génial ! s’exclama Suzanne sans lui laisser le temps d’en placer une. Je suis très contente pour toi. Il est carrément sexy et très, euh… viril. C’était comment ? Je parie que c’était génial, non ? — Oui, répondit-elle sans hésiter. Suzanne éclata de rire. — Voilà ce que j’appelle un oui franc et massif. Ça ne m’étonne pas, remarque. Il a une sacrée réputation. Tamara se raidit. — Comment ça ? — On le voit rarement tout seul. Tu me diras, c’est le profil rêvé pour avoir une aventure. Le genre de mec qui sait qu’une fois l’affaire conclue, chacun repartira de son côté les mains dans les poches en sifflotant. Je te félicite, Tammy. Ce que venait de dire Suzanne éveilla dans son esprit un millier d’images qui la figèrent sur place. Une ribambelle de nanas dans le genre de Crystal faisant la queue devant la caravane d’Elec pour coucher avec lui. Elec les faisant entrer en lançant « Suivante ! » depuis l’intérieur de sa caravane… Cela ressemblait si peu à ce qu’elle avait vu de lui qu’elle en fut profondément déçue. Comment avait-elle pu croire tout savoir de lui alors qu’ils n’avaient passé que quelques heures ensemble ? se demanda-t-elle, retournant sa déception contre elle-même. Dire qu’elle l’avait cru quand il avait dit qu’il avait envie de la revoir. Alors qu’elle savait que ça poserait tout un tas de problèmes, par-dessus le marché. Elle ignorait ce qu’elle avait attendu de lui, mais elle avait envisagé de le revoir pour coucher à nouveau avec lui. L’idée de n’avoir été à ses yeux qu’une opportunité bien pratique lui déplut furieusement. Ce qui était parfaitement ridicule. Qu’est-ce qui l’autorisait à penser qu’il puisse la considérer autrement, alors qu’elle-même ne s’était pas gênée pour profiter de l’occasion qui se présentait ? Lorsqu’il l’avait aimée avec sa langue, est-ce qu’elle s’était demandé « Hum, voyons voir jusqu’où ira cette relation sur le plan émotionnel » ? Non. « Continue comme ça, fais-moi du bien », voilà ce qu’elle s’était dit. Elle n’avait pensé ni à leur avenir ni même au lendemain matin, heureuse de découvrir qu’elle ressentait toujours autant de plaisir à laisser un homme l’aimer avec sa bouche. Dans ce cas, pourquoi se sentait-elle aussi abattue et déçue, plantée là, les dents sales et nageant dans le polo et le jean d’Elec ? — Tammy ? Pourquoi tu ne dis plus rien ? — Excuse-moi. Quelqu’un vient de passer près de moi et j’essaye de rester discrète, mentit-elle. Ben voyons. Comme si la discrétion avait été sa priorité au cours des dernières vingtquatre heures. Mais Suzanne ne fut pas dupe. — J’ai dit ce qu’il ne fallait pas, c’est ça ? Pardonne-moi, je n’ai pas voulu t’insulter. Je voulais dire que c’était positif qu’Elec ait de l’expérience. Il vaut mieux que le premier mec avec qui tu couches après ton mari ne soit pas complètement ringard, non ? — Il l’était de toute façon, répondit Tamara en se sentant profondément malheureuse.
C’était Geoffrey. — Mon Dieu, souffla Suzanne. C’est bien ce que je disais : il te fallait quelqu’un d’un peu plus doué en matière de sexe. Quelqu’un avait-il jamais énoncé une vérité aussi profonde ? — Tu devrais être fière de toi et de lui, maintenant, reprit Suzanne. Penses-y comme à ton retour dans le monde de la sexualité adulte. Pourquoi entendre Suzanne dire cela résonnait-il à ses oreilles comme le résumé d’un film porno ? — Non mais ça va, tu sais. Ça va très bien. Peut-être. Et peut-être aussi que son aigreur d’estomac était liée aux fruits qu’elle avait mangés. L’image de Crystal, la sublime beauté nue aperçue sur le portable d’Elec, jaillit soudain dans son esprit. — C’est bizarre, mais ce n’est pas l’impression que j’ai. Qu’est-ce qu’il t’a dit quand vous vous êtes séparés ? — Il m’a invitée à dîner demain soir. J’ai dit que je ne pouvais pas. Il a proposé mardi et j’ai dit que je ne pouvais pas non plus. Alors il a imposé lundi prochain. Elle n’avait pas rêvé sa ténacité. Il était vraiment déterminé à la revoir. — Ah bon ? fit Suzanne d’une voix profondément choquée. — Tu crois qu’il mentait ? — Pourquoi mentirait-il ? répliqua son amie d’un ton qui manquait singulièrement de conviction. — Je ne sais pas. Mais ce serait idiot de mentir alors qu’on a déjà couché ensemble. Ce n’est pas comme s’il avait quelque chose à y gagner. — C’est vrai. Tamara leva les yeux au ciel. — Bon, il faut que j’y aille. Je voudrais passer un peu de temps avec mes enfants. — Ne regrette surtout pas ce que tu as fait, Tamara. Tu en avais besoin. Penses-y comme à un truc rigolo et savoure tes souvenirs. — Mais ne t’attache pas à lui parce qu’il n’a pas l’intention de te revoir, c’est ça ? traduisitelle. — Ce n’est pas ce que j’ai dit. — C’est ce que tu voulais dire. — Non, je voulais dire que tu as besoin de t’amuser, pas d’une relation sérieuse. Ne confonds pas les deux. — Je n’ai plus seize ans, Suzanne, répliqua-t-elle à travers ses dents serrées. Je n’ai pas couché avec lui pour lui voler son cœur. — Je t’ai vexée. Je suis désolée, Tamara. Je suis vraiment contente pour toi. Mais je ne veux pas que tu souffres, c’est tout. Tu es beaucoup plus gentille que moi, ce qui fait que tu es aussi plus exposée à la souffrance morale. — D’accord. J’apprécie que tu te fasses du souci pour moi parce que je sais que tu es sincère. Mais il faut vraiment que j’y aille avant que Beth envoie Johnny me chercher. — Rappelle-moi, d’accord ? Je veux tous les détails ! Bisous, ma belle. — Bisous, Suz. Tamara referma son portable avec un soupir. Ce coup de fil ne s’était pas passé comme elle l’avait espéré. Elle avait pensé que Suzanne chercherait à lui soutirer des détails
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perspective déclencha un élanceme
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