La disparition des abeilles (Colony Collapsus Disorder)
La disparition des abeilles (Colony Collapsus Disorder)
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4) Discussion et conclusion<br />
<strong>La</strong> <strong>disparition</strong> <strong>des</strong> <strong>abeilles</strong> est un phénomène mondial qui va avoir, si rien n'est mis en œuvre<br />
pour l'enrayer, <strong>des</strong> conséquences écologiques et économiques désastreuses. Ce qui ressort de cette<br />
synthèse est le caractère multifactoriel de ce phénomène. Il est impossible d'attribuer cette<br />
<strong>disparition</strong> à une unique cause, mais, pour ma part, je pense que l'on doit distinguer deux<br />
phénomènes bien distincts, qu'il faut arriver à traiter séparément sans en négliger un seul.<br />
Tout d'abord l'impact <strong>des</strong> pestici<strong>des</strong> est bel et bien réel, de nombreuses étu<strong>des</strong> le prouvent.<br />
Mais il faut arriver à bien comprendre quel est cet impact : le plus simple à voir est le cas d'une<br />
intoxication aiguë, qui va anéantir une colonie en quelques jours, voir quelques heures. <strong>La</strong> difficulté<br />
se pose lors <strong>des</strong> cas d'intoxications chroniques, ou à <strong>des</strong> doses sublétales, et qui vont entrainer la<br />
survenue d'autres pathologies. Dans ce cas la mortalité sera attribuée à la pathologies opportunistes,<br />
faisant fi de la responsabilité du pesticide. Si l'on comparait ce phénomène à une pathologie<br />
humaine nous pourrions le rapprocher de l'action du VIH qui, en diminuant l'immunité de l'homme,<br />
ne va pas le tuer mais favoriser la survenue de pathologie opportuniste qui, elles, seront létales à<br />
plus ou moins long terme. Il faut cependant ne pas faire l'erreur de toujours attribuer tous les torts<br />
aux pestici<strong>des</strong> et être conscient que certaines pathologies, relativement contagieuses, se propagent à<br />
cause de mauvaises manipulations ou de déplacement de ruches importants. De par son organisation<br />
sociale l'abeille est d'ailleurs d'autant plus sujette à l'émergence d'une pathologie opportuniste, la<br />
ruche étant le réservoir de dizaines de pathologies latentes.<br />
Le problème posé par les pestici<strong>des</strong> n'est d'ailleurs pas évident à régler, certains étant utilisés<br />
par les apiculteurs eux même pour le traitement de certaines pathologies. De plus interdire certains<br />
pestici<strong>des</strong> serait aller contre les intérêts à court termes de beaucoup d'agriculteurs et nécessiterait de<br />
la part <strong>des</strong> pouvoirs publics une volonté et un courage politique qu'ils n'ont pas, préférant repousser<br />
leurs décisions au dernier moment, quitte à atteindre un point de non retour. L'autre problème qui se<br />
pose est également le mode d’évaluation de la toxicité <strong>des</strong> pestici<strong>des</strong>, qui est clairement défaillant :<br />
plus de 75% <strong>des</strong> néonicotinoï<strong>des</strong> autorisés en France <strong>des</strong> 15 dernières années n'auraient pas du<br />
l'être, au vue de leur toxicité avérée par de nombreuses étu<strong>des</strong> ultérieures. Cependant, malgré cela,<br />
la pression populaire n'est pas assez forte pour entraîner un changement rapide de la législation mais<br />
quel autre moyen pourrait servir de levier pour contrebalancer la pression exercée par le lobby<br />
phytosanitaire ?<br />
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