13.07.2013 Views

SECTION II : Les contrats administratifs

SECTION II : Les contrats administratifs

SECTION II : Les contrats administratifs

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Les</strong> <strong>contrats</strong> <strong>administratifs</strong> 11/70<br />

b - Le mandat donné par une personne publique<br />

La personne publique ne conclut pas directement le contrat.<br />

Elle mandate à cet effet une personne privée. Selon l’article 1984 du code civil, « le mandat<br />

ou procuration est un acte par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque<br />

chose pour le mandant et en son nom. »<br />

La personne publique - le mandant - donne mandat à une personne privée - le mandataire -<br />

pour conclure un contrat au nom et pour le compte de la personne publique.<br />

Exemple : A et B sont des personnes privées. A et B concluent un contrat. Normalement, ce<br />

contrat est un contrat de droit privé, car il est intervenu entre deux personnes privées. Mais il peut avoir un<br />

caractère administratif<br />

1. si A ou B a agi comme mandataire d’une personne publique,<br />

2. et si le contrat satisfait aux autres critères jurisprudentiels.<br />

En apparence, un tel contrat intervient entre deux personnes privées ; en réalité, il met en relation<br />

une personne publique et une personne privée. Une personne publique est bien partie à ce contrat. Donc,<br />

il n’y a pas atteinte au principe selon lequel un contrat ne peut être administratif si une personne publique n’y<br />

est pas partie - Cf. C.E., 30 janvier 1931, Société Brossette ; C.E. 2 juin 1961, Leduc.<br />

c - L’action pour le compte d’une personne publique<br />

Cette formule étrange illustre une situation qui rappelle le mandat mais qui en diffère.<br />

Bien sûr, lorsque l’on est le mandataire d’une personne on agit pour le compte de cette personne.<br />

Mais, dans l’hypothèse analysée ici, le juge admet que l’on puisse agir pour le compte d’une<br />

personne sans être son mandataire, ni explicitement ni implicitement.<br />

Exemple : A et B sont des personnes privées. A et B concluent un contrat. Ni A ni B ne sont<br />

mandataires d’une personne publique. Normalement ce contrat n’est pas un contrat administratif, mais un<br />

contrat de droit privé. Pourtant, le juge considère<br />

1. que l’une des parties a agi pour le compte d’une personne publique,<br />

2. et que le contrat satisfait aux autres critères jurisprudentiels.<br />

En conséquence, il qualifie le contrat de contrat administratif.<br />

Quelle est donc concrètement cette hypothèse où une personne privée, même en l’absence de<br />

mandat, est réputée agir pour le compte d’une personne publique ?<br />

Autrement dit, que signifie l’expression l’action pour le compte de...?<br />

Réponse et arrêt de principe : T.C., 8 juillet 1963, Entreprise Peyrot contre Société de<br />

l’autoroute Esterel-Côte-d’Azur.<br />

Faits et solution de l’espèce :<br />

La loi du 18 avril 1955 pose deux principes :<br />

1. en principe, c’est l’État qui construit et exploite les autoroutes,<br />

2. en principe, l’usage des autoroutes est gratuit.<br />

Mais l’article 4 de la loi précitée permet de déroger à ces deux principes :<br />

1. à titre exceptionnel, la construction et l’exploitation d’une autoroute peuvent être concédées,<br />

confiées à une société d’économie mixte. Une société d’économie mixte est une société à capitaux publics et<br />

privés ; il s’agit d’une personne morale de droit privé ;<br />

2. dans ce cas, l’usage de l’autoroute n’est pas gratuit. Le concessionnaire est autorisé à percevoir<br />

des péages pour assurer l’intérêt et l’amortissement des capitaux investis par lui.<br />

En l’espèce, la Société de l’autoroute Esterel-Côte-d’Azur - société d’économie mixte, donc personne<br />

privée - a conclu avec l’État - personne publique, naturellement - un contrat de concession - contrat A.<br />

En vertu de ce premier contrat, elle construit et exploite l’autoroute du Soleil. Il s’agit de concession de travaux<br />

publics, donc le contrat A est un contrat administratif - Cf. loi du 28 pluviôse an V<strong>II</strong>I.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!