Numéro 69 - Le libraire

26 • LE LIBRAIRE • FÉVRIER | MARS 2012
PETIT COURS
D’AUTODÉFENSE EN ÉCONOMIE
Parce que vous êtes désolés que, de nos jours,
l’économie ne s’adresse plus qu’aux économistes.
Parce que vous désirez en
apprendre davantage sur le sujet et, plus spécifiquement, sur
ce qui a trait au capitalisme. Parce que l’un n’égale pas l’autre,
comme le démystifie Jim Stanford, mais que l’un fait partie de
l’autre. Parce que vous aimeriez obtenir certains
éclaircissements à propos de plusieurs questions qui ne
semblent accessibles qu’aux seuls experts. Jim Stanford
vulgarise l’économie, et il n’a besoin que de quelques pages
pour démontrer qu’il est possible de déchiffrer les données, de
comprendre les concepts et que nous aussi, néophytes,
pouvons saisir de quoi il en retourne. Parce que c’est une affaire
qui nous concerne tous. Christine Arsenault-Boucher Pantoute
MARIE-ANNE : LA VIE EXTRAORDINAIRE
DE LA GRAND-MÈRE DE RIEL
Jim Stanford, Lux, 496 p., 24,95$
Un souffle épique imprègne chaque
page de cet étonnant récit véridique,
celui des aventures de Marie-Anne
Lagimodière, jeune femme forte et téméraire, première femme blanche à affronter
les terres sauvages de l’Ouest canadien. Cette biographie se concentre
majoritairement sur la période de 1807 à 1817, une décennie
de péripéties, de précarité, de périls : la crainte constante de
la famine, la guerre féroce entre les tribus amérindiennes, les
conflits armés entre la Compagnie du Nord-Ouest et la
Compagnie de la Baie d’Hudson. La biographe Maggie Siggins
nous raconte non seulement l’histoire d’une dure à cuire, mais
aussi la genèse de la nation métisse, distincte et remarquable,
une nation de Blancs se transformant en Indiens, en hommes
libres. Marie-Anne a les qualités d’un grand western où les
paysages, la nature, les hommes et les femmes sont à la fois
grandioses et terribles. Christian Vachon Pantoute
Maggie Siggins, Septentrion, 288 p., 27,95$
STEVE JOBS
Visionnaire, fonceur et brillant. Voilà le portrait
dépeint par Walter Isaacson d’un homme qui a su
influencer — jusqu’à son décès en octobre 2011 — l’univers des technologies de
l’industrie musicale, de la téléphonie mobile, de l’édition
numérique, des films d’animation, des ordinateurs personnels
et finalement, des tablettes numériques. Qu’importe la
manière dont nous connaissons Steve Jobs, cette biographie
est fascinante parce qu’elle réussit à mettre à nu l’un des
hommes les plus influents de notre génération. Isaacson signe
une biographie authentique réalisée d’après les témoignages
recueillis auprès de Jobs lui-même. Une lecture passionnante
sur celui qui aura été l’acteur prépondérant de la technologie
actuelle! Maxime Grenier Carcajou
Walter Isaacson, Lattès, 668 p., 34,95$
POUR EN FINIR AVEC LE SEXE Pour en finir avec le sexe ne passe pas par
quatre chemins, c’est le moins qu’on puisse
dire! Caroline Allard, qu’on a aimé dans Les chroniques
d’une mère indigne, revient ici avec sa plume ludique et
un sujet qui lui va bien : le sexe, et tout ce qu’il implique
de comique. Divisé en chapitres qui vont des préliminaires
jusqu’aux perversions les plus diverses, le livre, à michemin
entre le magazine et la bande dessinée, est
généreusement illustré par les dessins (parfois drôlement
crus) d’Iris. Bref, un livre pour tous ceux qui se retrouvent
dans ces mots de Woody Allen : « – Est-ce que le sexe est
sale?... / – Seulement quand il est bien fait ».
Stéphany Gagnon Pantoute
Caroline Allard et Iris, Septentrion, 90 p., 19,95$
1976-77 : LA SAISON
RECORD DU CANADIEN
L E L I B R A I R E C R A Q U E !
Faisant face à un présent plutôt sombre, le partisan
éperdu doit parfois regarder vers le passé afin de se
consoler. C’est ainsi qu’on se réfugie momen-
tanément dans les résultats incroyables relatés par Martin
Trudel dans 1976-77 : la saison record du Canadien. Véritable
encyclopédie vivante, rien n’échappe à l’attention de l’auteur
qui traite de la direction de l’équipe, du repêchage et de
chacun des matchs de la saison régulière et des éliminatoires.
Le récit, ponctué de statistiques ahurissantes, fait revivre la
belle époque comme si l’on y était. Après la lecture, on réalise
aussi qu’à cette époque, le qualificatif de « Glorieux » ne
tenait pas du folklore mais bien de la réalité. Il s’agit d’une
lecture malheureusement nostalgique, mais franchement
divertissante. Jean-Philip Guy Du Soleil
essai
Martin Trudel, Les éditeurs réunis, 308 p., 24,95$
LE POISSON SOI
Avec ce texte, Wajdi Mouawad fait partie des trois
auteurs qui inaugurent la nouvelle collection
« Liberté grande », consacrée au genre de l’essai, des éditions Boréal. Le Poisson
soi touche principalement à la poésie, minimalement au ludique
— on y retrouve un exercice d’écriture sur plusieurs pages,
entre autres. Comme à son habitude (se référer à son théâtre),
Mouawad travaille sur la recherche des origines. Par une écriture
très intime et personnelle qui brouille parfois le lecteur, il fait
parcourir des souvenirs d’enfance et invite à voyager entre le
Liban, qui l’a vu grandir, et les étoiles qu’il ne fallait pas
compter avec les doigts; entre avoir peur de vieillir et ne pas
comprendre d’où l’on vient et où l’on va.
Christine Arsenault-Boucher Pantoute
Wajdi Mouawad, Boréal, 108 p., 17,95$
DE LA CULTURE ROCK Professeur de civilisation américaine à l’Université
Montpellier III, spécialiste de culture populaire et
plus particulièrement de musique, Claude Chastagner signe De la culture rock,
sur un sujet qu’il maîtrise à merveille. L’ouvrage propose une
analyse rigoureuse de l’évolution de la culture rock, à travers
ses diverses facettes, depuis son foyer d’origine, les années
60. Si à l’époque le rock se présente comme la bande-son d’un
mouvement prêt à renverser le monde, il s’avère que celui-ci
a plutôt favorisé une transformation profonde du capitalisme.
L’attitude rebelle, caractéristique centrale de l’univers rock,
ainsi réifiée et réduite à une marchandise, ne serait plus que
l’essence faisant tourner une puissante machine à produire
du mythe.
Christian Girard Pantoute
Claude Chastagner, PUF, 308 p., 45,95$
APOCALYPSE HITLER Qui n’a jamais entendu le nom d’Hitler? Et il suffit
de s’y intéresser un tant soit peu pour se demander
ce qui a pu le mener à la tête de l’Allemagne. Beaucoup de livres ont paru sur le
personnage, mais Daniel Costelle et Isabelle Clarke, les créateurs de la télésérie
Apocalypse, en sont arrivés à un drôle de constat : aucun
documentaire n’avait encore été fait sur le Führer d’avant
la guerre. Ils ont alors travaillé sur des images connues et
inédites et les ont restaurées comme ils savent si bien le
faire. Le livre dont je parle est tiré de ce documentaire.
Sans vraiment apporter de nouveauté à ceux qui
connaissent déjà la vie du dictateur, la quantité de photos
suffit à nous absorber pour des heures. Or, la question
demeure toujours la même : comment Hitler a-t-il été
possible? Shannon Desbiens Les Bouquinistes
Isabelle Clarke et Daniel Costelle, Acropole, 216 p., 49,95$