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40 • LE LIBRAIRE • FÉVRIER | MARS 2012<br />
La La littér littérature<br />
ér érotique otique<br />
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Jean de Trezville<br />
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Saint-Jean<br />
ÉDITEUR<br />
ARTICLE<br />
L’enfer des<br />
bibliothèques :<br />
le paradis des<br />
livres obscènes<br />
<strong>Le</strong>s « mauvais » livres, ces ouvrages qui<br />
étaient contraires à la morale, considérés<br />
comme blasphématoires ou<br />
politiquement incorrects, n’étaient pas<br />
tous systématiquement détruits par les<br />
censeurs. Certains de ces livres étaient<br />
méticuleusement conservés dans une<br />
section particulière des bibliothèques, un<br />
endroit fermé au public où seules les<br />
personnes munies d’une autorisation<br />
spéciale pouvaient pénétrer : l’enfer.<br />
Par Benjamin Eskinazi<br />
L’enfer le plus célèbre est probablement celui<br />
de la Bibliothèque nationale de France (BnF).<br />
Mis en place au milieu du XVIII e siècle sous le<br />
règne de Louis XV, ce « recueil de tous les<br />
dévergondages luxurieux de la plume et du<br />
crayon » ne prendra le nom d’enfer qu’en 1830.<br />
À sa disparition en 19<strong>69</strong>, on dénombrera dans<br />
l’enfer de la BnF près de 1 700 ouvrages, dont<br />
de nombreux chefs-d’œuvre de la littérature<br />
érotique : éditions rarissimes de Sade, romans<br />
libertins du XVIII e siècle, textes de Louÿs,<br />
d’Apollinaire, d’Aragon, de Genet, de<br />
Verlaine...<br />
Emmanuel Pierrat, avocat bibliophile, spécialiste<br />
de la censure et auteur du livre <strong>Le</strong> bonheur<br />
de vivre en Enfer, note dans <strong>Le</strong> magazine<br />
LA VALLÉE DES CHEVAUX<br />
JEAN M. AUEL (POCKET)<br />
Paradis des livres ob-<br />
littéraire qu’« il existe d’ailleurs un modèle<br />
mythique à ce type d’enfer : tous les amateurs<br />
de curiosa savent que la plus impressionnante<br />
et la plus ancienne des collections d’ouvrages<br />
qui ne se lisent que d’une main est conservée<br />
à la Bibliothèque… vaticane »!<br />
Au Québec aussi, les bibliothèques ont eu leur<br />
enfer, où on retrouvait les livres condamnés par<br />
la censure ecclésiastique : ouvrages<br />
considérés vicieux comme <strong>Le</strong>s fleurs du mal<br />
de Baudelaire, romans anticléricaux tels <strong>Le</strong>s<br />
demi-civilisés de Jean-Charles-Harvey, traités<br />
philosophiques, livres taxés de sorcellerie,<br />
d’impiété…<br />
<strong>Le</strong>s livres contenus dans les enfers québécois<br />
ont pour la plupart été intégrés dans les<br />
collections générales après la Révolution<br />
tranquille et le Concile Vatican II, note J.<br />
Martinez De Bujanda dans <strong>Le</strong> dictionnaire de<br />
la censure au Québec.<br />
Malheureusement, certains des livres ont tout<br />
bonnement disparu. « Quand j’ai demandé une<br />
fois au bibliothécaire d’un couvent s’il me<br />
permettait de consulter quelques ouvrages qui,<br />
selon les fiches du catalogue, se trouvaient<br />
dans la section “Enfer”, il m’a répondu qu’il les<br />
avait envoyés au paradis », rapporte Martinez<br />
De Bujanda.<br />
Je me rappelle, j’avais 13 ou 14 ans et j’étais<br />
plongée dans La vallée des chevaux, de Jean<br />
M. Auel. À la toute fin, il y avait une scène entre Ayla et Jondalar<br />
où c’était la « première fois » d’Ayla. C’était aussi, pour ma part,<br />
ma première scène de sexualité explicite, avec les vrais mots, sans<br />
la moindre fausse pudeur. On y sentait le désir, la sensualité, mais<br />
c’était beau, très loin de la pornographie. Je l’ai lue et relue en<br />
cachette, fascinée par une littérature que je découvrais. Mariane Cayer Daigneault