Numéro 69 - Le libraire

S O M M A I R E
le libraire n o 69
FÉVRIER | MARS 2012
LE MONDE DU LIVRE
Zola, Vidal, Mankell… 6
Avec les livres pour boussole 7
Nos petites révolutions 10
ENTRE PARENTHÈSES 10-24-42-51
LIBRAIRE D’UN JOUR
Lorraine Pintal : Apprivoiser la part d’ombre 8
LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE
Les choix de la rédaction 12
Le libraire craque! 13
Tomber de haut 15
Marie-Christine Arbour : Le livre de la jungle 16
POÉSIE
Le libraire craque! 18
La traversée des apparences 19
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
Le libraire craque! 20
Chutes d’empire 21
David Mitchell : Cartographie du soleil levant 22
Les choix de la rédaction 23
L’éternel carnaval au bord de la mer 25
ESSAI
Le libraire craque! 26-27
Les choix de la rédaction 28
Carré d’as 29
DOSSIER ÉROTIQUE 31 à 41
POLAR | SCIENCE-FICTION
Le libraire craque! 43-44
Les choix de la rédaction 44
Les artistes à la rescousse 45
CUISINE
Le libraire craque! 46
Josée Di Stasio : Réconfortante, colorée… et simple! 47
LIVRE PRATIQUE | BEAU LIVRE
Les choix de la rédaction 48
Le libraire craque! 49
LITTÉRATURE JEUNESSE
Le libraire craque! 52-53
Les choix de la rédaction 54
L’hiver au chaud 55
BANDE DESSINÉE
Les choix de la rédaction 56
Le libraire craque! 57
Guy Delisle : Portrait d’un bédéiste sans frontières 58
DANS LA POCHE 60
CES AUTEURS QUI TIENNENT LA ROUTE
Harry Crews : Le conte, la brute et le roman 61
Fille de libraire
et globe-trotter
engagée, Josée-
Anne Paradis a
grandi entre livres,
parties de soccer,
et sorties
culturelles.
EN PREMIER LIEU
Le mot de Josée-Anne Paradis
Littéraires plaisirs
solitaires
J’aime aller au cinéma. Pour différentes raisons, toutes moins importantes les unes
que les autres. Aller au cinéma, c’est une fenêtre ouverte sur ces jeunes couples qui
n’en sont encore qu’aux prémices de leur amour et qui osent à peine se toucher du
bout des doigts. J’aime, des salles de représentations, les tissus de velours rouge qui
recouvrent rideaux et fauteuils autant que ces bandes-annonces de films que je ne
verrai probablement jamais. Aller au cinéma, c’est aussi cette idylle amoureuse avec
le maïs soufflé, si salé que nos lèvres en deviennent gercées à force d’en consommer.
Cependant, sans considérer le coût de plus en plus important de l’entrée ou l’absence
de salle dans le centre-ville de Québec, je préfère de loin la lecture au septième art.
Pour différentes raisons, toutes plus importantes les unes que les autres.
Il y a quelque temps, je suis allée, seule, voir Bashir Lazhar, l’excellent film de Falardeau
inspiré de la toute aussi excellente pièce de théâtre d’Evelyne de la Chenelière
(dramaturge et auteure que j’ai récemment découverte et qui mérite bien des éloges).
Les trente premières minutes n’étaient pas encore écoulées que je savais déjà que la
dame à ma gauche était une enseignante à la retraite, que le couple derrière moi avait
un enfant fréquentant l’école primaire et que l’homme en diagonale travaillait pour le
ministère de l’Éducation. Des pleurs, des rires, des commentaires émis au hasard : on
n’est jamais vraiment seul lorsqu’on va, même seul, au cinéma... Tous vivent d’un
même souffle l’émotion, ressentent au même instant la tension narrative, s’étonnent
au même moment. Mais chacun vit l’émotion à sa façon et la laisse transparaître,
sûrement malgré lui, à ses voisins de siège. Il n’y a pas de mal à ça, surtout dans une
société où la collectivité est mise de l’avant. Seulement, en allant voir Bashir Lazhar,
j’ai eu cette réflexion que je tenais à partager : lire est effectivement un plaisir solitaire,
puisque personne ne peut prendre place derrière notre rétine, lire à la seconde près
le même mot, ressentir exactement la même émotion que nous. L’interprétation, nous
seuls la vivons. Ah... ce cinéma collectif opposé à ce solitaire plaisir de lecture!
Portrait de l’érotisme en littérature
« Solitaire plaisir »? Oui, dans le présent numéro, le libraire ose et se penche sur la
place de l’érotisme dans la littérature contemporaine, verse dans les idées
controversées qui l’entoure. Écrire une scène de sexe est-il le grand défi de l’écrivain
actuel? (p. 31) Quelle place occupe la sexualité en littérature jeunesse? (p. 39) Jusqu’où
les bédéistes peuvent-ils aller pour aguicher leurs lecteurs? (p. 41) Marie-Sissi
Labrèche, Marie Gray et Jimmy Beaulieu sont du lot des auteurs qui dévoilent leur
opinion sur ces sujets. Aussi, nous vous proposons une sélection de titres pour
concocter la « bibliothèque érotique » idéale, de même qu’un petit cours d’histoire
sur ce qu’étaient les « enfers » des bibliothèques. Pour leur part, des libraires vous
ouvrent les portes de leur sensibilité et divulguent leurs scènes érotiques favorites,
tous genres littéraires confondus! Et, question de brasser un peu les idées, une
entrevue à saveur féministe portant sur la prostitution vous est offerte (p. 37).
Et, parce qu’il n’y a pas que le sexe dans la vie, ce numéro vous présente, en plus des
toutes nos rubriques habituelles, des entrevues avec David Mitchell, Marie-Christine
Arbour et Guy Delisle, en plus de présenter Lorraine Pintal en libraire d’un jour.
Sur ce, bonne lecture!
LE LIBRAIRE • FÉVRIER | MARS 2012 • 5