La gloire de la poste - Jeanne Cordelier
La gloire de la poste - Jeanne Cordelier
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PUTAIN Faisant c<strong>la</strong>quer son fouet. Modère les ar<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> ton rêve. Si j’aime les<br />
chevaux c’est pour les monter, pas le contraire ! Et puis éloigne-toi <strong>de</strong> moi vieille<br />
chose lubrique, ton désir pu, à moins que ce ne soit ta bite !<br />
<strong>La</strong> Gloire et L’Éloquent, qui n’ont cessé <strong>de</strong> progresser, sont sur le point <strong>de</strong> disparaître<br />
<strong>de</strong>rrière un store.<br />
PUTAIN Ne sors pas !<br />
SATRAPE Libidineux. Je n’ai pas l’intention <strong>de</strong> le faire.<br />
PUTAIN Si tu sors, tu tomberas dans une embusca<strong>de</strong>. <strong>La</strong> Gloire et L’Éloquent<br />
s’arrêtent. Quelqu’un a parlé. Personne peut-être, pour avoir une raison <strong>de</strong> sonner.<br />
Satrape tombe à genoux et baise toute <strong>la</strong> longueur du fouet <strong>de</strong> Putain. Pendant que <strong>La</strong><br />
Gloire et L’Éloquent reviennent à leur p<strong>la</strong>ce initiale.<br />
SATRAPE Putain ! Ainsi tout n’est pas mort en toi comme on le dit... Tu as du cœur<br />
encore, et un <strong>de</strong> ces é<strong>la</strong>ns, avec lequel tu me sauves <strong>la</strong> vie ! Dès <strong>de</strong>main je te fais<br />
construire un château en Espagne. Le sol en sera d’or, les p<strong>la</strong>fonds <strong>de</strong> vermeil, les<br />
<strong>la</strong>mbris <strong>de</strong> corail...<br />
PUTAIN Je préfère le rubis !<br />
SATRAPE En extase. Des <strong>la</strong>mbris <strong>de</strong> rubis, <strong>de</strong>s soieries, un jardin suspendu, un, que<br />
dis-je, dix ! Une piscine, vaste comme <strong>la</strong> mer, remplie <strong>de</strong> <strong>la</strong>it d’ânesse... Des<br />
servants turcs, poilus comme <strong>de</strong>s singes et <strong>de</strong> g<strong>la</strong>bres servantes...<br />
PUTAIN Reprenant brutalement son fouet. Suffit ! Ou tu vas te souiller !<br />
SATRAPE Tombant <strong>la</strong> face contre le sol. Merci, grâce à toi je me souille et je vis...<br />
Un temps et Satrape se <strong>la</strong>isse complètement aller sur le sol et s’endort en ronf<strong>la</strong>nt.<br />
LA GLOIRE Sortant <strong>la</strong> tête. Le retour du poltron qui n’a rien dans le caleçon !<br />
L’ÉLOQUENT Se dégageant. Merci, même si tu n’as agi que pour servir tes fins.<br />
Debout. Sache bien cependant que je ne serais jamais ton amant !<br />
PUTAIN Pourquoi, je te dégoûte ?<br />
L’ÉLOQUENT Aucun gueux ne le fait.<br />
PUTAIN Je ne suis plus <strong>de</strong>s vôtres.<br />
L’ÉLOQUENT Tu l’es par ta naissance et tu le resteras, même si tu habitais un<br />
château en Espagne... Gueuse une fois, gueuse toujours ! D’ailleurs à quoi bon ce<br />
discours, puisque tu sais. Dis-moi plutôt, qu’est-il advenu <strong>de</strong> Mariée ?<br />
PUTAIN Elle t’intéresse ?<br />
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