La gloire de la poste - Jeanne Cordelier
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LA MORT Ma faux ! Plus que mon outil aujourd’hui elle est ma distinction, rends-<strong>la</strong>moi<br />
L’Éloquent !<br />
L’ÉLOQUENT Tu trembles... Tu crains que l’on te prenne pour l’une <strong>de</strong>s nôtres... Ta<br />
maigreur et ta pâleur, il est vrai, n’en feraient pas douter nos persécuteurs... C’est<br />
bien, apprends ce qu’est <strong>la</strong> peur, toi, qui l’a tant semée.<br />
<strong>La</strong> Mort fait le mouvement <strong>de</strong> se jeter sur L’Éloquent, mais Putain <strong>la</strong>nce son fouet qui<br />
s’enroule autour <strong>de</strong>s chevilles <strong>de</strong> <strong>La</strong> Mort qui vacille.<br />
L’ÉLOQUENT Avant <strong>de</strong> disparaître. Adieu Putain, Adieu <strong>La</strong> Gloire... À tout à<br />
l’heure <strong>La</strong> Mort.<br />
PUTAIN Attendrie. Je l’aimais bien...<br />
LA MORT Il reviendra. Il le faut pour ma faux.<br />
LA GLOIRE Ouvrant sa cape. Si entre-temps tu vou<strong>la</strong>is te cacher...<br />
LA MORT Surprise. Serais-je aimé par quelqu’un ici bas ?<br />
LA GLOIRE Par moi <strong>de</strong>puis ce jour où me rasant j’ai vu dans mon miroir ce que les<br />
femmes voient quand d’aventure elles me regar<strong>de</strong>nt, l’image d’un mou, d’un<br />
pleutre, d’une chiffe, qui a toujours léché les bottes <strong>de</strong> ses supérieurs... <strong>de</strong> bien<br />
petites bottes pourtant, on pourrait dire <strong>de</strong>s bottines... et <strong>de</strong> bien pâles supérieurs.<br />
P<strong>la</strong>cés <strong>de</strong>vant une fenêtre on voyait au travers... Pas <strong>la</strong> moindre épaisseur...<br />
Néanmoins et trente ans durant j’ai mis <strong>de</strong>vant eux le genou à terre. Ramassant son<br />
képi pour se coiffer avec. Moi <strong>La</strong> Gloire <strong>de</strong> <strong>La</strong> Poste ! Que j’admire L’Éloquent, sa<br />
fougue, son courage, sa révolte !<br />
PUTAIN S’il en revient, j’en ferai mon amant.<br />
LA MORT À condition qu’il y consente !<br />
PUTAIN Pourquoi n’y consentirait-il pas ? J’ai <strong>de</strong> beaux restes... Faisant <strong>de</strong>s doigts le<br />
geste <strong>de</strong> palper <strong>de</strong>s billets. Et j’ai même <strong>de</strong> <strong>la</strong> galette !<br />
LA MORT Tes restes et ton argent font un beau paravent, mais crois-tu tout pouvoir<br />
dissimuler <strong>de</strong>rrière ?<br />
PUTAIN Je n’ai rien à cacher, que veux-tu insinuer par-là ?<br />
LA MORT Moqueuse. Oh ! Rien du tout.<br />
PUTAIN Faisant c<strong>la</strong>quer son fouet. C’est dans ton intérêt, car <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>ux pour<br />
l’heure si tu l’as oublié… Nouveau c<strong>la</strong>quement <strong>de</strong> fouet. C’est moi qui suis armée !<br />
LA MORT Se réfugiant dans les bras <strong>de</strong> <strong>La</strong> Gloire. Putain !<br />
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