Giannada 48pp (juin 2005) (Page 1) - Le Nouvelliste
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dèle<br />
ET SUR LUI-MÊME. RENCONTRE À LA FONDATION PIERRE GIANADDA<br />
<strong>Le</strong>s tableaux proviennent de<br />
musées, la Tate de Londres, le<br />
Centre Pompidou à Paris, la<br />
Phillips Collection de Washington,<br />
que Prat a fait venir au Musée du<br />
Luxembourg à Paris en <strong>2005</strong>, sans<br />
compter les très nombreux prêteurs<br />
privés, une constante à la<br />
Fondation.<br />
Fidèle à ses convictions qu’«une<br />
bonne exposition est toujours<br />
conçue pour un lieu», le commissaire<br />
a fait son choix en fonction<br />
de cet «amphithéâtre» martignerain<br />
qu’il connaît désormais parfaitement:<br />
«La force de Staël réside<br />
dans sa manière de bâtir une toile.<br />
Il s’agit de faire ressentir ce choc<br />
visuel.»<br />
Membre du conseil de la Fondation<br />
Pierre Gianadda, Jean-Louis Prat a<br />
tissé des liens étroits avec Léonard<br />
Jean-Louis Prat: «La fidélité est essentielle. Je continue à défendre les<br />
artistes que j’ai découverts dans les années 1960. On est marqué par les<br />
artistes qui font votre vie.»<br />
Gianadda. <strong>Le</strong>s deux hommes bâtissent<br />
une solide amitié au fil des<br />
expositions, Braque en 1992, Nicolas<br />
de Staël en 1995, Miro en 1997,<br />
Bonnard en 1999. Jean-Louis Prat<br />
se souvient de leur première rencontre:<br />
«J’ai été frappé par<br />
l’homme, son contact direct, son<br />
ton qui tranche dans le monde de<br />
l’art. C’est à la fois un créateur et<br />
un séducteur. Il a la force de<br />
conviction, l’intelligence, la chaleur.<br />
Léonard fait partie de ma<br />
famille.»<br />
Jean-Louis Prat le dit avec<br />
humour: «Imaginer une exposition<br />
est un moyen de s’imaginer créa-<br />
teur», et plus sérieusement: «<strong>Le</strong><br />
commissaire est un metteur en<br />
scène.» Chaque commissaire a sa<br />
manière. La sienne consiste à<br />
raconter une histoire. Il peut compter<br />
sur le vaste réservoir de sa<br />
mémoire, où s’entassent objets et<br />
rencontres: «Ce métier passe par<br />
l’affectif.» Il a été marqué par ses<br />
rencontres avec Miró ou Chagall:<br />
«Rien n’était faux chez eux.» Il a<br />
exposé Braque, Giacometti, Léger,<br />
Klee, Richier, Soulages, Tapiès ou<br />
Chillida, les Américains Rauschenberg,<br />
Jasper Johns ou Sam<br />
Francis. En 1995, Prat imaginait<br />
un face-à- face retentissant entre<br />
Christian Hofmann<br />
Bacon et Freud. Il sourit: «Je suis<br />
allé jusqu’à Basquiat...» Il défend<br />
fidèlement ses découvertes des<br />
années 1960: «Cela me paraît<br />
essentiel. Rien n’est pardonné à<br />
ceux qui trichent. Et on ne peut pas<br />
être tourné que vers la découverte.»<br />
S’il lui arrive de déplorer que le<br />
monde de l’art soit devenu «un<br />
monde de pouvoir, plutôt que de<br />
passion», il se réjouit de la mondialisation<br />
qui «va obliger chaque culture<br />
à se définir de manière forte».<br />
Il se souvient des réticences rencontrées<br />
lors de l’émergence de<br />
l’Ecole américaine dans les années<br />
1950 et 1960 qui a pourtant «su<br />
traduire la vitalité de cette culture<br />
et amener une nouvelle manière de<br />
penser». Et de conclure: «Il faut<br />
attendre de l’autre quelque chose<br />
de formidable.» VR<br />
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