2006/10/14 samedi : LIMPARTIAL : LIMPARTIALLIMPARTIAL

21 SPORTPREMIÈRE
Samedi 14 octobre 2006 L’Impartial
Par
Patrick Turuvani
La caravane de la Coupe
du monde s’ébrouera le
29 octobre, sur le glacier
de Sölden, et Didier Cuche trépigne
d’impatience comme un
ballon de basket sous la paume
de Tony Parker. Blessé aux ligaments
du genou droit et opéré
en janvier 2005, forcément convalescent
durant la saison 2005-
2006, le Neuchâtelois aborde
son neuvième exercice complet
au plus haut niveau comme un
matheux un vieux problème de
baignoire qui se vide. Avec l’enviedelerésoudre,deleréussir.
Didier Cuche a tout dans sa
besace pour «sortir» une belle
saison. La préparation estivale
en Amérique du Sud a été optimale
au mois d’août, et après
un mois de septembre marqué
par de «nombreux reports» liés à la
météo, le skieur des Bugnenets
redescend d’une belle semaine
de descente et de Super-G à
Zermatt, «avec six jours de beau
temps,desconditionshivernaleset
de la neige bien tassée». Lors des
deux prochaines semaines, il rechaussera
ses skis de géant pour
être prêt à Sölden.
Touché au ménisque,
mais ce n’est qu’un «bémol»
Seul petit «bémol», dit-il, cette
fautedecarredulundi2octobre
en descente, qui lui a occasionné
un «écrasement du ménisque
du genou droit», détecté par
une IRM à Brigue. «J’ai pu poursuivre
ma matinée avec deux manches
de descente et quatre de Super-G.
Et le mercredi, j’étais à nouveau sur
les lattes avec quatre manches de Super-G.
Il faudra encore une dizaine
de jours pour réduire les douleurs. Il
semble qu’une arthroscopie, qui induiraitunepausededeuxoutrois
semaines, ne sera pas nécessaire. J’espère
que c’est juste un bobo passager.»
Passé chez Head pour deux
ans, Didier Cuche a également
choisi la marque autrichienne
pour les chaussures (lire ci-contre).
«J’ai vite trouvé mes repères.
Au début, je perdais une seconde sur
«Je me sens renaître»
SKI ALPIN Didier Cuche se dit affûté à deux semaines de la reprise de la Coupe du monde à Sölden. Un ménisque
écrasé pourrait l’enquiquiner, mais il touche du bois. Le Neuchâtelois oscille entre prudence et optimisme
Marco Büchel sur des manches de
descente d’environ 1’15’’. Une semaine
plus tard, j’étais dans ses
chronos, voire quelquefois devant.»
Pareil en Super-G. En géant,
«j’ai montré de bonnes choses, tout
en testant pas mal de paires de skis.
Sur une neige compacte, je suis rapide».
S’il n’est pas question de
bomber le torse à s’en rompre
les coutures, inutile non plus
de sombrer dans l’excès de prudence.
«Si tout se passe comme lors
des bons moments de cet été, il n’y a
aucuneraisonquejeneretrouvepas
la place qui était la mienne avant
ma blessure...» A Sölden, toutefois,
Didier Cuche ne montera
pas sur le télésiège la fleur au
bout des spatules. «J’avais misé
haut l’an dernier, parce que j’en
avais envie et que ça me tenait à
cœur. Mais là, je vais y aller par
étapes, histoire d’éviter le retour de
manivelle en cas de contre-performance.
Mon but en géant est de retrouver
le top 15 en janvier.»
«Il y a des matins
où c’est plus difficile
de se faire violence
qu’il y a dix ans»
Didier Cuche
Et le but tout court? «Etre devant
partout! Je n’ai pas axé mon
entraînement sur une seule discipline.
J’ai déjà 15 à 16 jours de vitesse
derrière moi, contre zéro l’an
dernier à pareille époque. Le début
de saison fut difficile. Là, je suis affûté,
je prends des risques et je tends
mes trajectoires. Ce qui ne veut pas
dire qu’il ne faudra pas, en décembre,
faire le bilan pour éventuellement
me concentrer sur les disciplinesoùjemarchelemieux.»
Le déclic a eu lieu à Are,
site des prochains Mondiaux
A 32 ans, Didier Cuche sent
qu’il y a «des matins où c’est plus
difficiledesefaire violence qu’il y a
dix ans». Mais au-delà de la boutade,
«l’envie est toujours là, même
si chez moi, elle est très liée à la performance.
Quand ça rigole, c’est facile
de faire une croix sur toutes ces
heures passées à l’entraînement...»
Après une préparation plutôt prometteuse, Didier Cuche (ici à Saas-Fee) est prêt à attaquer
de front la saison 2006-2007, qui débutera le 29 octobre à Sölden. PHOTO SP
Le Neuchâtelois va plus loin
et confesse qu’il se sent «un peu
renaître». La saison 2005-2006 a
été pénible – pour ne pas écrire
plus... – et il aborde celle qui
vient «avec plus de décontraction,
car les cartes que j’ai en main sont
meilleures». Le déclic a eu lieu à
Are, en mars, lors des finales de
la Coupe du monde. «J’étais sorti
en géant alors que j’avais le 3e ou le
4e chrono. Et j’avais terminé 8e en
descente, alors qu’à 20 secondes – et
unegrossefaute! – de l’arrivée, le
podium me tendait les bras! C’est
précisément lors de cette course-là,
abordée à bloc, sans retenue, avec
unegrosseprisederisques,quej’ai
pris conscience que malgré ma saison
décevante, j’appartenais encore
aux 25 meilleurs mondiaux et que
Pour son avant-dernier
Grand Prix en 125 cm3,
Thomas Lüthi (Honda)
n’a pas brillé lors des premiers
essais à Estoril, au Portugal.
Le champion du
monde en titre a été relégué
au 19e rang, à plus de deux
secondes du plus rapide, le
nouveau champion du
monde Alvaro Bautista (Esp
/Aprilia). Il s’agit du moins
bon résultat pour Lüthi cette
saison lors des essais qualificatifs
du vendredi.
LesdeuxautresSuissesengagés
dans la catégorie sont
encore plus loin. Le Zurichois
la différence n’était pas si grande. Je
reste sur une bonne note en Suède.»
Et sur une piste où auront lieu
les Mondiaux en février...
A l’image des 36 printemps
de son collègue et camarade de
team Marco Büchel, Didier Cuche
se verrait bien disputer encore
trois ou quatre saisons en
Coupe du monde. Ce qui le
mènerait en 2010, et peut-être
aux Jeux olympiques de Vancouver.
«Ce serait sympa de finir
sur des JO. Et s’il y avait une médaille
au bout, ce serait carrément le
rêve! Si la santéme le permet, la motivation
ne posera pas problème...»
Avec cette précision: «Si les résultats
chutent, il faudra peut-être
quejemeposelaquestiondelaretraite
avant 2010...» /PTU
Thomas Lüthi déçoit au Portugal
Randy Krummenacher (KTM)
a signé le 27e chrono. Quant
au débutant Dominique Aegerter
(Aprilia), qui remplace
le Fribourgeois Vincent
Braillard, il s’est classé 34e.
Une première a eu lieu à Estoril
avec les débuts en motoGP
de la Ilmor X3 de Mario Illien
et Eskil Suter. Avec un moteur
de 800 cm3 opposé à des engins
pouvant encore aligner des moteurs
de 990 cm3, la moto suisse
n’avait aucune chance. L’Australien
McCoy a réussi le 18e
chrono sur 20 pilotes à 3’878 de
Casey Stoner, le plus rapide lors
du premier entraînement. /si
Head, une
petite famille
Après quatre ans passés
chez Atomic, Didier
Cuche a rejoint Head,
une autre grande firme autrichienne.
«Onretrouveunesprit
germanique, tout est précis dans
l’organisation» glisse le Neuchâtelois.
La différence: «Atomicestunegrandefamille
qui
privilégie certains athlètes et où
les autres travaillent un peu
dans leur coin. Head est une petite
famille, qui donne la même
importance à tout le monde. J’ai
passé six jours à l’usine de Bregenz(Aut)pourréglerleschaussures
et comprendre comment les
skis sont construits.» Un côté
«proximité» que le Neuchâtelois
ne sentait pas, ou plus,
à la fin de son dernier bail.
«Après ma blessure et mon manquederésultats,monstatutchez
Atomic avait bien changé...»
Chez Head, Didier Cuche
travaillera en collaboration
avec le chefde course Rainer
Salzgeber, un ancien de la
Coupe du monde retraité en
2002. «C’est très plaisant de parler
avec quelqu’un qui comprend
parfaitement ce que ressent un
athlète» assure-t-il. /PTU
Didier Cuche est l’hôte de la «vitrine de l’objet du mois», au
Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds,
dont le sous-titre est «L’homme et le temps». Celui contre
lequel le Neuchâtelois se bat depuis des années une fois le
portillon de départ franchi... PHOTO LEUENBERGER
monde pourrait rebondir à Strasbourg
MOTOCYCLISME La Suisse est présente en force à Estoril, avec trois pilotes Vikash Dhorasoo (33
ans), licencié mercredi
en 125 cm3 et une machine, pour la première fois, dans la catégorie reine
Les Suisses Randy Krummenacher, Thomas Lüthi et le
débutant Dominique Aegerter ont le sourire, malgré des
prestations en demi-teinte au Portugal. PHOTO KEYSTONE
Dhorasoo arrête la Ligue 1
FOOTBALL Le vice-champion du
par le Paris SG, affirme
qu’il a «envie de rejouer très vite».
Le milieu de terrain français a
toutefois indiqué qu’il ne rejouerait
pas en 1re division
cette saison, dans un entretien
publié par le quotidien
«L’Equipe».
«Malgré tout ce qui m’arrive,
j’ai déjà reçu des propositions» affirme
l’ex-milieu de terrain du
PSG au quotidien français.
Contacté notamment par Strasbourg
(2e division), Dhorasoo
explique qu’il «réserve» sa réponse
mais n’exclut pas un départ
à l’étranger.
Justice saisie
Dhorasoo a saisi la justice du
travail après ce licenciement
pour faute grave, «parce que,
souligne-t-il, je conteste fermement
ce qu’on me reproche. Je n’en fais
pas une question d’argent, mais de
principe. Accepter ce licenciement,
ce serait valider le message envoyé
aux joueurs: «Vous fermez vos
gueules bien comme il faut, sinon
on vous vire!»».
Le vice-champion du monde
conteste les motifs retenus par
le PSG pour le licencier («manquements
à son obligation de
réserve et son devoir de
loyauté», «des actes d’insubordination,
de désobéissance» et
«une attitude de provocation
permanente») mais concède
quelques regrets sur certaines
de ses déclarations pendant
l’affaire: «Si j’ai pu déstabiliser
certains de mes coéquipiers, je m’en
excuse. Mais j’en doute.» /si