2006/10/14 samedi : LIMPARTIAL : LIMPARTIALLIMPARTIAL
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3<br />
GRAND ANGLE<br />
Samedi <strong>14</strong> octobre <strong>2006</strong><br />
Rappeler pour remercier<br />
Par<br />
Stéphane Devaux<br />
Une injonction<br />
en guise de<br />
«Souviens-toi!»<br />
titre. Celui d’une exposition<br />
qui sera vernie demain<br />
(17h) au péristyle de<br />
l’Hôtel de ville de Neuchâtel et<br />
qui se prolongera jusqu’au dimanche<br />
suivant, 22 octobre.<br />
Son but? Rappeler qu’il y a un<br />
demi-siècle, les chars soviétiques<br />
écrasaient dans le sang les<br />
espoirs de liberté du peuple<br />
hongrois. Près de 200.000 personnes<br />
ont dû fuir. Plus de<br />
11.000 ont refait leur vie en<br />
Suisse, entre 150 et 200 en pays<br />
de Neuchâtel.<br />
Ce sont quelques-uns d’entre<br />
eux, aujourd’hui, qui racontent.<br />
L’Histoire. Leur histoire.<br />
Celle de leur exil. Bertrand<br />
Zadory avait cinq ans<br />
lorsque sa famille a quitté le<br />
pays, en février 1957. C’est lui,<br />
le premier, qui a eu l’idée de<br />
reparler de ces événements<br />
tragiques. Pas juste pour commémorer,<br />
mais d’abord pour<br />
dire merci.<br />
Refaire sa vie<br />
«Le cinquantenaire, c’est un<br />
peu un prétexte pour remercier les<br />
Neuchâtelois de l’époque, qui nous<br />
ont permis de nous refaire une<br />
existence. On oublie souvent ces<br />
inconnus qui ont fait ce qu’ils ont<br />
jugé bon de faire, en tant qu’êtres<br />
humains.» Verser cinq francs,<br />
donner un vêtement, tricoter<br />
une écharpe ou un bout de<br />
couverture. Des gestes simples,<br />
mais qui se sont multipliés.<br />
«Enormément de gens se sont<br />
identifiés à l’événement. Nous<br />
avons littéralement été accueillis»,<br />
confirme Agnès Bourquin. Petite<br />
fille de neuf ans en cette<br />
fin d’automne 1956, elle est arrivée<br />
au Chanet, sur les hauts<br />
de Neuchâtel, avec sa maman<br />
et son frère. Comme la plupart<br />
des réfugiés de l’époque, elle a<br />
été séduite par cette idée. Elle<br />
s’est plongée dans les journaux<br />
de l’époque, a reconstruit<br />
les événements pour les<br />
présenter au public. Via des<br />
panneaux comportant coupures<br />
de presse, photos, documents<br />
d’époque.<br />
Comme d’autres, Laszlo Pokorni<br />
a refait sa vie en Suisse.<br />
Lui avait déjà 22 ans au moment<br />
de l’insurrection. Il était<br />
au cœur des événements, à Budapest<br />
même. Les blindés russes<br />
ont anéanti son espoir de liberté.<br />
Le 22 novembre 1956, il<br />
était à Gstaad (BE), pris en<br />
charge par l’Eglise réformée.<br />
«Un accueil excellent», se souvient-il,<br />
de l’émotion dans la<br />
voix. Depuis plus de trente ans,<br />
il est à Auvernier. Reconnaissant,<br />
même s’il a gardé au fond<br />
de lui, jusqu’à la chute du ré-<br />
gime communiste (en 1990),<br />
un sentiment «de peur».<br />
Klara Cserkesz a-t-elle eu<br />
peur, cette nuit où, étudiante,<br />
avec quelques jeunes de son<br />
âge, elle a franchi la frontière<br />
autrichienne? Dans ce hall où<br />
elle prépare les toiles qu’elle a<br />
choisi de montrer, elle raconte<br />
ces heures qui ont changé le<br />
cours de sa vie. Comme celle<br />
de milliers d’étudiants qui ont<br />
«perdu espoir lorsqu’on a annoncé<br />
l’arrivée des troupes russes».<br />
Mais qui, pour beaucoup,<br />
l’ont retrouvé une fois dans<br />
leur pays d’accueil. /SDX<br />
«Souviens-toi!», l’insurrection<br />
hongroise, 50 ans<br />
déjà, 15-22 octobre, péristyle<br />
de l’Hôtel de ville de<br />
Neuchâtel<br />
L’Express<br />
L’Impartial<br />
HISTOIRE Il y a cinquante ans, la Suisse ouvrait ses portes pour accueillir plus de 11.000 Hongrois fuyant les chars<br />
soviétiques. A Neuchâtel, une amicale de réfugiés de 1956 monte une exposition qui souligne cet élan de générosité<br />
Béquille familiale boiteuse<br />
LIBÉRAUX Pas de soutien<br />
à l’uniformisation des allocations<br />
Le Parti libéral neuchâtelois<br />
rejette la révision de<br />
la loi sur les allocations<br />
familiales, qui prévoit une harmonisation<br />
fédérale et l’introduction<br />
de montants minimaux.<br />
Il a arrêté jeudi soir ses<br />
mots d’ordre quant aux votations<br />
fédérales du 26 novembre.<br />
Bien sûr, défend la secrétaire<br />
cantonale Myriam Rais-Liechti,<br />
les libéraux sont favorables à<br />
un plus grand soutien de la famille,<br />
mais pas question d’un<br />
financement hasardeux. Aujourd’hui,<br />
concède-t-elle, le système,<br />
financé exclusivement<br />
par les employeurs, fonctionne<br />
bien. La nouvelle loi induirait<br />
des coûts supplémentaires de<br />
600 millions, dont 455 à charge<br />
des employeurs. Le danger,<br />
c’est que ceux-ci compensent<br />
par une pression sur les salaires.<br />
En outre, la loi prévoit la<br />
possibilité d’introduire une co-<br />
Laszlo Pokorni devant l’affiche montrant Budapest en ruines après l’écrasement de l’insurrection hongroise par les<br />
troupes soviétiques. Il y était. Il avait 22 ans... PHOTO LEUENBERGER<br />
tisation pour les employés. Ce<br />
qui «revient à donner d’une main<br />
et à reprendre de l’autre». Selon les<br />
libéraux, une meilleure défense<br />
de la famille passe par<br />
une nette augmentation des<br />
déductions pour les enfants sur<br />
la feuille d’impôts.<br />
Du nouveau à l’Est<br />
Le soutien à la loi sur la coopération<br />
avec les Etats de l’Est a<br />
en revanche été accordé à<br />
l’unanimité. «Accepter cela, c’est<br />
faire acte de bon sens», relève Myriam<br />
Rais-Liechti. Et d’ajouter<br />
que cette aide perpétue le soutien<br />
accordé par la Suisse à<br />
l’Europe de l’Est depuis la<br />
chute du bloc communiste.<br />
«Les libéraux sont très attachés à la<br />
coresponsabilité du pays dans la<br />
construction d’un édifice européen<br />
stable et équilibré.» Le milliard de<br />
cohésion permettra également<br />
de diminuer la pression migratoire.<br />
/djy<br />
Dénicher un saucisson<br />
neuchâtelois dans<br />
une Migros de Coire?<br />
Mission impossible. A Marin,<br />
en revanche, aucun problème.<br />
L’exemple illustre le souci<br />
des deux grands détaillants<br />
helvétiques de jouer la diversité<br />
régionale, malgré l’apparenteuniformitédeleursassortiments<br />
respectifs.<br />
Chez Coop, la meilleure<br />
démonstration de cette volonté<br />
se retrouve dans l’offre<br />
des vins, observe le porte-parole<br />
Karl Weisskopf. A Sion,<br />
entre l’amigne et l’humagne,<br />
les blancs neuchâtelois se font<br />
plus discrets qu’au Locle.<br />
Coop joue également la carte<br />
de la proximité avec sa ligne<br />
de produits bio.<br />
Rapprocher consommateur<br />
et producteur, Migros<br />
AcôtédeVasarely<br />
Entre eux, hier, ils parlaient<br />
hongrois. Ce qui<br />
ne les empêche pas de<br />
se sentir pleinement neuchâtelois.<br />
«On peut être ambivalent.<br />
Avoirdesracinesaupaysetse<br />
sentir parfaitement intégré»,insiste<br />
Bertrand Zadory.<br />
Lui a le souvenir d’avoir été<br />
vite. Du travail pour les parents;<br />
l’école et le grand bain<br />
de la langue française pour<br />
les enfants. Dans sa bouche<br />
comme dans d’autres, les<br />
mots «générosité» et «solidarité»<br />
reviennent souvent.<br />
Et la Hongrie d’aujourd’hui,<br />
ouverte et accessi-<br />
en a également saisi l’enjeu.<br />
Le géant orange a ainsi lancé<br />
mardi son label «De la région».<br />
Un programme qui<br />
rappelle que les diverses coopératives<br />
achètent l’essentiel<br />
de leurs produits frais dans<br />
leur zone d’activité. Soit 200<br />
pour Migros Neuchâtel-Fribourg,<br />
indique Maryvonne<br />
Monnier, responsable des relations<br />
publiques.<br />
Des champs dans l’assiette<br />
On s’en doute, offre régionale<br />
ou non, la palette dépend<br />
premièrement de la<br />
taille du magasin. «De 2300<br />
produits dans un Coop Pronto,<br />
on passe à 15.000 dans les grandes<br />
surfaces et jusqu’à 40.000<br />
dans un mégastore», note Karl<br />
Weisskopf. Et pas question<br />
pour les petites surfaces de<br />
choisir leur propre assorti-<br />
ble? Ils y retournent, certes,<br />
mais peu songent à y revivre.<br />
«On a 50 ans de vie en Suisse.<br />
On apprécie les avantages d’un<br />
système qui fonctionne. Nous disons<br />
aussi, en filigrane, qu’il faut<br />
entretenir les valeurs que nous<br />
avons apprises ici: consensus, cohérence,<br />
ponctualité...»<br />
A propos de ponctualité,<br />
c’est à 17 heures pile, le <strong>samedi</strong><br />
21, que sera inaugurée<br />
la plaque commémorative,<br />
souvenir tangible du cinquantenaire.<br />
A Neuchâtel, esplanade<br />
du Mont-Blanc. Au pied<br />
de l’œuvre de Vasarely, illustre<br />
enfant de Hongrie. /sdx<br />
ment, il leur est imposé.<br />
«Comme pourles journaux, on ne<br />
peut pas faire une édition pour<br />
chaque village!» En outre, la<br />
publicité nationale implique<br />
une certaine unité.<br />
Le client est roi<br />
En plus de proximité, les<br />
grands détaillants se soucient<br />
également des goûts et des<br />
habitudes de consommation.<br />
«On boit davantage de lait UHT<br />
et d’eau plate en Suisse romande,<br />
de bière que de vin blanc en Suisse<br />
alémanique», reconnaît Karl<br />
Weisskopf. Plus prisés chez les<br />
francophones, agneau, volaille,<br />
poissons et crustacés y<br />
sont par conséquent plus souvent<br />
disponibles. «Les Romandssontplusgourmets,l’influence<br />
de la cuisine française,<br />
certainement.» Salade de pommes<br />
de terre outre-Sarine et<br />
Chronologie<br />
des événements<br />
Février 1956: 20e Congrès<br />
du Parti communiste<br />
de l’Union soviétique, début<br />
de la «déstalinisation».<br />
A huis clos, Krouchtchev dénonce<br />
les crimes de Staline.<br />
Juin: premières émeutes<br />
à Poznan (Pologne).<br />
13-20 octobre: mobilisation<br />
populaire en Pologne.<br />
23 octobre: début de<br />
l’insurrection de Budapest<br />
(200.000 personnes dans la<br />
rue), en soutien à la Pologne.<br />
27 octobre: écarté du<br />
pouvoir en 1955, Imre Nagy<br />
forme un gouvernement de<br />
front national.<br />
31 octobre: les Soviétiques<br />
décident d’écraser la<br />
«révolution des conseils»<br />
hongroise.<br />
1er novembre: Nagy<br />
proclame la neutralité de la<br />
Hongrie et son retrait du<br />
pactedeVarsovie.<br />
4 novembre: 200.000<br />
hommes et 2000 chars écrasent<br />
l’insurrection. Janos<br />
Kadar annonce la formation<br />
d’un «gouvernement<br />
révolutionnaire».<br />
6 novembre: plusieurs<br />
milliers de Neuchâtelois,<br />
dont de nombreux jeunes,<br />
manifestent leur soutien au<br />
«peuple hongrois martyr de la<br />
liberté».<br />
13 novembre: l’insurrection<br />
est écrasée. 20.000<br />
morts. Entre 160.000 et<br />
200.000 personnes quittent<br />
le pays. Un premier contingent<br />
de 72 réfugiés arrive à<br />
la gare de Neuchâtel ce<br />
jour-là.<br />
Juin 1958: Imre Nagy<br />
est exécuté après un procès<br />
secret. /sdx<br />
La minutie des géants orange<br />
GRANDES SURFACES A Bienne ou Neuchâtel, le consommateur ne remplit<br />
pas son caddie pareillement. Différence de culture et de produits oblige<br />
cailles aux morilles en Suisse<br />
romande? La caricature est<br />
abrupte. Surtout, «les différences<br />
tendent à se réduire», relèvent<br />
de conserve les deux<br />
porte-parole.<br />
La publicité des médias<br />
étrangers influence également<br />
les vœux des consommateurs.<br />
C’est sur l’insistance<br />
des Romands que Coop a introduit<br />
l’eau Evian, d’abord<br />
chez les Latins, puis sur l’ensemble<br />
du territoire. Des produits<br />
suisses peuvent connaître<br />
pareil succès. Ainsi, une<br />
bière brassée en Appenzell et<br />
réclamée par les clients est désormais<br />
disponible partout.<br />
L’absinthe connaîtrait-elle pareil<br />
succès? Las, le couperet<br />
tombe, net: «Ça ne fonctionne<br />
pas trop», glisse Karl Weisskopf.<br />
Apre verdict: «C’est trop<br />
amer!» /DJY