18.11.2013 Views

CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Les sujets catholiques cherchent avant tout à obtenir le droit à la venue d’un prêtre dans les<br />

cas d’extrême nécessité. Ces demandes ne sont pas couronnées de succès 683 : en octobre 1670,<br />

au cours de la cérémonie du serment prêté au comte de Sarrebrück après la restitution du<br />

comté de Sarrewerden, les catholiques de Lorenzen et de Herbitzheim demandent la<br />

permission au comte de recevoir la visite d’un prêtre en cas de nécessité ; il leur est à chaque<br />

fois répondu par la négative, l’argumentation reposant sur le fait que dans le cadre des traités<br />

de paix et de l’année de référence 1624, il leur est certes permis d’aller à l’église où ils<br />

veulent en dehors du comté, mais c’est tout 684 . Ces refus sont également motivés par des<br />

raisons politique et théologique : il n’est pas question d’ouvrir des passe-droits<br />

supplémentaires aux règles religieuses déterminées en 1648, et, de plus, comme les<br />

protestants n’accordent aucune valeur à la confession ou à l’extrême-onction, si les âmes des<br />

défunts catholiques doivent être sauvées, cela se fait par la seule volonté divine. Les autorités<br />

politiques prennent des mesures à la fois contre leurs sujets et contre les prêtres pour<br />

empêcher ces pratiques. Les coupables sont frappés d’amendes, lesquelles constituent un gros<br />

sacrifice pour les catholiques qui appartiennent souvent aux couches les plus modestes de la<br />

population de ces régions. Cet homme de Pisdorf, qui a bravé l’interdit pour que sa mère<br />

reçoive les derniers sacrements, voit pour cela son maigre héritage de 40 Reichstaler réduit à<br />

20. L’attitude à adopter à l’égard des prêtres saisis pose davantage de problèmes aux autorités.<br />

Quelle peine leur infliger ? L’amende, certes, et pourquoi pas la prison… mais cela peut<br />

coûter de l’argent ainsi que des problèmes avec d’influents princes catholiques tel l’Electeur<br />

de Mayence. Lorsque qu’en 1671, le bailli Scheid demande au comte de Sarrewerden ce qu’il<br />

doit faire si ses hommes s’emparent d’un jésuite de Bockenheim venu illégalement, celui-ci<br />

lui répond : « In Thurm werfen ! » 685 . Ses conseillers appellent surtout à de fortes amendes<br />

afin d’éviter tout problème, en particulier avec les Français de retour en Lorraine et dont les<br />

soldats occupent Bouquenom, Sarrewerden ainsi que le proche comté de Bitche.<br />

Venir en territoire protestant n’est pas sans risques pour un prêtre. Nous n’avons pas trace de<br />

refus de prêtre de se rendre auprès des nécessiteux, cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu.<br />

Qui sont donc ces prêtres qui franchissent la frontière à l’insu des autorités pour secourir les<br />

âmes et maintenir une présence spirituelle ? Bien souvent, ce sont des prêtres des ordres<br />

réguliers qui osent venir, animés d’un zèle certain. Les jésuites et les ordres réguliers –<br />

essentiellement les franciscains, les capucins, les bénédictins - jouent un rôle de premier plan<br />

dans cet encadrement spirituel bien qu’ils aient été chassés de nombre de leurs couvents à la<br />

suite du traité de paix d’Osnabrück. Ces ordres ont pu toutefois se maintenir en quelques lieux<br />

(Spire, Worms, Kreuznach entre autre) à partir desquels les pères sillonnent et desservent des<br />

zones plus ou moins étendues. Ils sont là à la fois pour desservir des paroisses sans prêtre et<br />

pour assurer un minimum de soutien spirituel aux minorités catholiques.<br />

***<br />

Arrêtons-nous là en ce qui concerne les pratiques religieuses. Certes, il faudrait aborder la<br />

question essentielle des espaces de culte. Nous l’avons partiellement déjà fait au cours du<br />

chapitre précédent et nous y reviendrons dans le détail dans la dernière partie. Le présent<br />

chapitre nous révèle que la population catholique en terre protestante constitue bien une<br />

minorité religieuse quantitativement non-négligeable avant les réunions françaises. Ces<br />

implantations catholiques, héritage de la guerre et des politiques de repeuplement, peuvent<br />

683 Comme ceux des communautés catholiques de Mannheim en 1681 ou du village de Flehingen en 1682 (voir<br />

ERNST, ibid., p. 303).<br />

684 MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen, op. cit., p. 167.<br />

685 MATTHIS, ibid., p. 169.<br />

137

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!