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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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Au-delà de ces considérations, il s’agit donc d’œuvrer pour renforcer l’image royale du prince<br />

chrétien, de préserver les intérêts stratégiques de la monarchie tout en protégeant la religion<br />

catholique, à défaut de travailler à son renforcement. D’ailleurs, n’y a-t-il pas d’autres princes<br />

dans l’Empire dont les entreprises vont dans ce sens ? Comme le rappelle le P. Bougeant lors<br />

de l’évocation des questions des bénéfices ecclésiastiques, la France « eût regardé comme un<br />

crime d’aider les Protestans à dépouiller l’Eglise d’Allemagne ; mais elle étoit en droit de<br />

laisser à la Maison d’Autriche § à ses partisans le soin de la défendre » 116 .<br />

Les premières réunions pour la paix débutent en 1644, en premier lieu entre les princes<br />

allemands, plus désireux que les grandes puissances étrangères de faire cesser une guerre dont<br />

leurs possessions constituent le théâtre des opérations militaires. La France ne tarde toutefois<br />

pas à prendre part à ces discussions. La mort de Louis XIII place la régence entre les mains<br />

d’Anne d’Autriche, sœur de Philippe IV d’Espagne et belle-sœur de Ferdinand III. La régente<br />

est mieux disposée que le défunt roi à discuter, sans pour autant omettre de rester fidèle aux<br />

vues stratégiques françaises. Le cardinal Mazarin, dans la « grande instruction » du 30<br />

septembre 1643 117 , indique les grandes lignes de la diplomatie française. A lire cette<br />

instruction, dont 6 sections sur 23 concernent l’Empire, il n’est pas inutile de relever le peu de<br />

place réservé aux questions religieuses parmi les préoccupations françaises. Les objectifs<br />

stratégiques indiquent la volonté de la France de préserver ses positions face à l’Espagne qui<br />

reste l’ennemi. Mazarin appelle les plénipotentiaires à travailler dans le « but de restaurer les<br />

libertés germaniques, de défendre la Religion avec un grand R ou comme on dit la « Sainte<br />

Foy », enfin d’obtenir des satisfactions, juste récompense de l’intervention de nos armes » 118 .<br />

A bien y regarder, Mazarin ne peut trop mettre en avant des revendications confessionnelles<br />

qui ne constituent d’ailleurs pas son souci premier, même s’il souhaite la sauvegarde de la<br />

religion catholique dans le Saint-Empire ; il tente de ménager un équilibre entre les Etats de<br />

l’Empire, en appuyant les revendications des princes protestants, tels le landgrave de Hesse-<br />

Cassel ou le prince palatin, tout en cherchant à affaiblir la maison d’Autriche. Depuis le début<br />

de la guerre, la France n’a pas cherché à constituer, à l’exemple suédois, un parti<br />

confessionnel dans le Saint Empire. L’essentiel pour la monarchie française consiste en la<br />

revalorisation d’une constitution d’Empire qui soit une arme contre l’empereur, en particulier<br />

par la reconnaissance du droit d’alliance pour les Etats d’Empire 119 . Mazarin cherche<br />

cependant à conserver un équilibre dans l’Empire entre Etats catholiques et protestants ; cette<br />

idée prévaut au cours des négociations : « la politique même ne pouvoit faire envisager à la<br />

Cour de France que comme un grand désavantage pour elle, que le parti protestant se fortifiât<br />

si considérablement en Allemagne aux dépens des Catholiques » 120 . En effet, les intérêts de la<br />

politique peuvent parfois s’accorder quelque peu avec les intérêts de la religion. Les<br />

négociations indiquent que la France ne délaisse pas la cause du catholicisme, à défaut de la<br />

défendre âprement. La Régente ne manque pas de s’inquiéter des affaires religieuses dans<br />

l’Empire ; elle ne souhaite pas voir la religion catholique diminuée. D’ailleurs, elle n’hésite<br />

pas à écrire quelque fois elle-même au Comte d’Avaux « pour animer § autoriser son<br />

zèle » 121 . A l’occasion, les Français soutiennent la délégation impériale. Lorsque les Suédois<br />

souhaitent obtenir la liberté de culte pour les protestants des provinces habsbourgeoises,<br />

116 Guillaume-Hyacynthe BOUGEANT, Histoire de traité de Westphalie et des négociations qui se firent à<br />

Munster § Osnabrug, pour établir la paix entre toutes les puissances de l’Europe, tome 3, Paris, 1744, p. 286.<br />

117 BELY, Relations internationales, op. cit., p.152-154.<br />

118 Cité d’après Madeleine <strong>LA</strong>URAIN-PORTEMER, « Questions européennes et diplomatie mazarine », XVII e<br />

siècle, 1990-1, 166, p. 17-55, ici p. 27.<br />

119 DICKMANN, op. cit., p.153.<br />

120 BOUGEANT, op. cit., tome 3, p. 286.<br />

121 BOUGEANT, ibid.<br />

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