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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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) La paix de Westphalie sur la rive gauche du Rhin.<br />

Au-delà des aspects généraux de la paix rapidement évoqués ci-dessus, il apparaît utile<br />

d’observer de plus près les conséquences des clauses pour l’ensemble des territoires situés<br />

entre la Moselle et le Rhin.<br />

Epicentre de la guerre de Trente Ans sur le Rhin, l’Electorat du Palatinat constitue l’un des<br />

points essentiels des discussions entre les belligérants dans les dernières années des<br />

négociations. La question du Palatinat est au cœur des relations interconfessionnelles car elle<br />

représente en quelque sorte un « condensé » des problèmes religieux à l’issue de la guerre. En<br />

effet, l’Electorat calviniste du « roi d’un hiver », Frédéric V, a subi de plein fouet les aléas<br />

militaires des deux camps et, par voie de conséquence, des diverses entreprises de restauration<br />

des cultes catholique 171 ou luthérien. Au cours de la guerre, la dignité électorale est conférée à<br />

Maximilien de Bavière (1623) qui occupe le Haut-Palatinat. A l’heure des négociations se<br />

posent les questions 1) de la restitution du Bas-Palatinat au successeur de Frédéric V, 2) de la<br />

création d’une huitième dignité électorale 172 , 3) du statut légal des confessions du Palatinat.<br />

Pour ce dernier point, l’une des exigences de Trauttmannsdorff et des Impériaux est le<br />

maintien de la religion catholique dans les terres à restituer 173 . En février 1647, la Bavière<br />

propose un statu quo confessionnel dans le Bas-Palatinat, également en vue de préserver les<br />

acquis catholiques dans la région et particulièrement les implantations franciscaines.<br />

Toutefois, la Bavière est davantage préoccupée de se voir reconnaître par les princes<br />

protestants l’acquisition du Haut-Palatinat que de défendre les minorités catholiques du Bas-<br />

Palatinat ; suite à cette reconnaissance en avril 1647, la Bavière se montre d’ailleurs prête en<br />

juillet à sacrifier les intérêts du catholicisme dans la région en acceptant l’année 1618 comme<br />

date de référence pour le Bas-Palatinat. Seule la France, dans son projet de paix en 1648,<br />

persiste dans sa volonté de voir le libre culte de la religion catholique garanti. Dans sa<br />

déclaration de paix de janvier 1648, l’empereur ne fait nullement mention de cette question 174 .<br />

Qu’en est-il au juste de ces questions lors de la signature du traité d’Osnabrück ? L’article 4<br />

de la paix d’Osnabrück confirme la création d’une huitième dignité électorale pour le comtepalatin<br />

Karl-Ludwig et ses successeurs (§5) 175 . Les évêques de Spire et de Worms se voient<br />

confirmer leurs possessions et bénéfices situés dans le Palatinat (IPO art.4 §8) et l’ensemble<br />

des restitutions des biens et droits séculiers et ecclésiastiques doit être effectué sur le statut<br />

ante motus bohemicos. L’église réformée dans l’Electorat est restaurée par la mise en œuvre<br />

de l’année 1618 176 . Les catholiques jouissent de la seule devotio domestica (IPO art.5 §34-<br />

37 177 ) ; ils peuvent cependant aller au culte dans les territoires voisins où le culte existe et<br />

171 Moser indique à ce propos : « Die Catholische hätten gerne den Termin so nahe gesetzt, als möglich, weil sie<br />

währenden Kriges vile Conqueten über die Evangelische gemacht hatten; Aber eben darum suchten, gerade<br />

umgekehrt, die Evangelische den Termin soweit zurück zu sezen, als möglich: Da nun nach und nach beede<br />

Theile in etwas nachgaben, wurde man einig, [...] 1624 darzu zu nehmen » , Johann Jakob MOSER, Von der<br />

Landeshoheit im Geistlichen, nach denen Reichs-Gesetzen und dem Reichs-Herkommen, wie auch aus denen<br />

Teutschen Staats-Recht-Lehrern, und eigener Erfahrung, Francfort et Leipzig, 1773, p. 532 (cité d’après<br />

ROSENDORN, op. cit., p.32).<br />

172 Sur ces questions, voir Dieter ALBRECHT, « Bayern und die pfälzische Frage auf dem Westfälischen<br />

Friedenskongress », in : <strong>DU</strong>RCHHARDT (dir.), Westfälische Friede, op. cit., p. 461-468.<br />

173 En effet, le Palatinat a connu des entreprises de recatholicisation dès 1622 de la part des Espagnols et des<br />

Bavarois. Sur les premières négociations concernant le Palatinat, voir DICKMANN, op. cit., p. 377-379.<br />

174 ERNST, Die reformierte Kirche, op. cit., p. 14.<br />

175 Il faut cependant noter que le paragraphe 9 mentionne le cas où la lignée wilhelminienne bavaroise vient à<br />

s’éteindre, le Haut-Palatinat doit revenir au comte-palatin et la huitième dignité doit disparaître de facto.<br />

ERNST, ibid., p. 15.<br />

176 A noter que l’IPO art. 5 §§ 31-37 n’évoque comme année normative que 1624.<br />

177 § 34: « Placuit porro, ut illi Catholicorum subditi Augustanae Confessionis statuum subditi, qui Anno 1624<br />

publicumvel etiam privatum Religionis suae Exercitium nulla anni parte habuerunt, ... patienter tolerentur et<br />

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