CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

actifs pour la foi catholique. Les cisterciens s’installent à Lixheim à la demande du prince
Louis qui a déjà fait appel en 1657 aux Tiercelins. Ils bâtissent un monastère et peuvent dès
1660 travailler à la « conversion des apostats » 1367 . Les carmes, présents à Spire, officient
avec la protection française à Kreuznach, à Simmern et à Kirchberg. Les ermites de saint
Augustins retrouvent en mai 1684 leur ancien couvent à Wissembourg et à
Pfaffenschwabenheim. Les franciscains ont les faveurs de Philipp Wilhelm du Palatinat et
des Français : en 1683, ils s’installent à Meisenheim en même temps que les récollets 1368 , en
1684 à Homburg qui est le siège de l’intendance de la Sarre, en 1685 à Oppenheim et Alzey,
en 1687 à Kaiserslautern, en 1693 à Kreuznach et en 1698 à Heidelberg. Les lazaristes
s’occupent des maladreries et des hôpitaux de la province de la Sarre à Sarrebourg,
Fénétrange, Kusel, Deux-Ponts, Hornbach, Landsthul 1369 .
Chaque ordre est là pour soutenir les anciens catholiques de même que pour contribuer,
directement ou par l’exemplarité de leur dévouement ou de leur dévotion, à la conversion des
protestants. Ce maillage d’ordres réguliers révèle les intentions des princes catholiques : il
s’agit de restaurer la religion catholique, de revivifier la foi des catholiques minoritaires et de
gagner de nouvelles âmes aux vraies voies du salut. Nombre des implantations citées cidessus
deviennent à la fois des centres missionnaires et des foyers de desservants de paroisse.
La visite des paroisses permet de dresser une image plus précise de l’implication de ces ordres
réguliers dans la desserte paroissiale. Dans la partie orientale du diocèse de Metz, une
première visite, en 1664, montre combien les ordres réguliers sont impliqués dans les cures.
Dans l’archiprêtré de Saint-Avold, il n’y a pas d’archiprêtre et seulement cinq curés séculiers
auxquels s’ajoutent des religieux des abbayes voisines (Gräfinthal, Wadgassen). En 1680, le
clergé séculier brille toujours par son absence – seulement trois mentions – alors que les
tiercelins de Lixheim desservent cette ville, ainsi que Fleisheim, Vieux-Lixheim et Brouviller.
Certes, ces villages comptent peu d’habitants et les religieux du Tiers-ordre de saint François
y administrent les sacrements quelques fois dans l’année, mais ils rendent là un grand service
à cette population catholique « qui n’ont pas les moyens d’entretenir un curé » 1370 . Ils ne sont
pas les seuls à rendre ces services aux paroisses : c’est un guillemite du couvent de Gräfinthal
qui occupe la cure de Bitche et qui dessert Schorbach, un carme à Saint-Wendel, un
prémontré de Wadgassen à Sarreguemine 1371 . Lorsque l’évêque instaure le culte catholique à
Sarrebrück, il octroie la cure à un jésuite de Bouquenom. A la frontière orientale du diocèse,
les chanoines de Sarrebourg desservent Dabo et d’autres villages proches, à la demande des
villageois semble-t-il 1372 . La visite de l’archidiaconé de Sarrebourg de 1686 confirme
l’omniprésence des réguliers dans les paroisses. Les récollets de Homburg occupent les cures
de Limbach, Alstadt, de Bexbach et Mittelbexbach 1373 . Les cordeliers de Sarrebourg ont
charge d’âmes dans plusieurs villages de l’archiprêtré de Bouquenom, où l’on rencontre
également les jésuites de Bouquenom dans aux moins quatre villages, un frère augustin dans
celui de Kerprich. Sur le cours moyen de la Sarre, les couvents de Gräfinthal, de Wadgassen
et de Tholey fournissent un soutien spirituel utile dans nombre de villages et paroisses. Les
guillemites de Gräfinthal desservent Bitche et Schorbach en 1680, ainsi que Wittersheim,
Bebelsheim, Ommersheim, Bliesmengen, Habkirchen, Bliesransbach, soit huit des trente-et-
1367 EICHELMANN, op. cit., p. 64.
1368 SHAT A1 699 fol. 376.
1369 HEMMERT, op. cit., p. 108 ; SHAT A1 1284.
1370 ADMM 1 F 172.
1371 Ainsi qu’à Ensheim à partir de 1684.
1372 « Il est arrivé que les habitans de Dabo […] ont cherché et appellé des prebstres d’où ils ont pu les tirer, ainsi
qu’ont fait les autres villages de la frontière » (ADMM 1 F 172). Nous sommes là dans un espace conflictuel
entre les diocèses de Metz et de Strasbourg où l’évêque fait d’ailleurs une intrusion.
1373 ADM 19 J 724 et SHAT A1 1289.
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