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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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Mackweiler 56 ainsi qu’à Berg 57 . Encore faut-il souligner que ce dernier n’est autre que le<br />

maître d’école protestant converti à la foi catholique : conversion sincère ou conversion de<br />

circonstance afin de conserver sa place dans des temps difficiles ? Il est délicat de trancher. La<br />

faiblesse de la pénétration catholique se lit également dans la concession faite par le duc aux<br />

protestants du comté : ceux-ci obtiennent le droit au culte mais dans un seul lieu. Ils<br />

choisissent Bouquenom, sous la direction du pasteur Holler qui doit prêter serment, avant son<br />

retour en fonction, de ne point prêcher contre la Vierge et les saints, ni contre la Maison de<br />

Lorraine 58 .<br />

L’ensemble de la recatholicisation dans le comté de Sarrewerden est remis en cause par le sort<br />

des armes. En 1633, les Suédois occupent le comté et mettent fin à l’activité jésuite. En 1635,<br />

l’opiniâtreté des deux derniers pères jésuites est vaincue par les violences de la soldatesque :<br />

les jésuites quittent Bouquenom 59 . Les Lorrains réoccupent le comté en 1641 et sont<br />

accompagnés de deux pères jésuites de Nancy. Ceux-ci ne s’emparent cependant pas de<br />

l’église paroissiale et se contentent d’officier dans la chapelle du collège 60 . Dans un contexte<br />

militaire très changeant 61 , les jésuites ne peuvent plus espérer un véritable soutien du duc de<br />

Lorraine ; tout au plus, les accalmies leur permettent de donner les sacrements aux anciens<br />

catholiques de Bouquenom et Sarrewerden et, épisodiquement, de desservir les villages<br />

alentours. Il est alors difficile de parler de recatholicisation, bien que quelques conversions<br />

aient lieu 62 .<br />

La Maison de Lorraine profite également de l’extension de son influence lors de mariages 63<br />

ou d’achats territoriaux, comme c’est le cas au sud du comté de Sarrewerden pour la<br />

principauté de Lixheim (voir carte 7), pour avantager la religion catholique. L’acquisition de<br />

la principauté calviniste 64 offre en effet au duc de Lorraine l’occasion d’intervenir en faveur<br />

de la religion catholique. En 1623, le duc de Lorraine Henri II achète à Frédéric V la terre de<br />

Lixheim en faveur du prince de Phalsbourg, son neveu Louis de Guise 65 . Henri II confirme<br />

dans les clauses d’achat le libre exercice de la religion réformée : « les sujets résidants à<br />

Lixheim seront maintenus dès maintenant et à toujours en l’exercice de leur religion, sans que<br />

56 ADBR, 5 Mi 94/1.<br />

57 ADBR 5 Mi 434/1.<br />

58 FISCHER, L’ancien comté de Sarrewerden, op. cit., p.127.<br />

59 Ils semblent toutefois qu’ils ont effectué de brèves incursions dans le comté ; DE<strong>LA</strong>TTRE, op. cit., col. 846.<br />

60 MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen, op. cit., p.128.<br />

61 Les croates occupent un moment les lieux. Les Lorrains occupent le comté jusqu’en 1643, période où Condé<br />

campe dans les environs. Pour un aperçu de la complexité des mouvements militaires et des incertitudes<br />

inhérentes à ceux-ci pour les populations de toutes confessions, voir Philippe MARTIN, Une guerre de Trente<br />

ans en Lorraine, 1630-1660, Metz, 2001.<br />

62 DE<strong>LA</strong>TTRE, op. cit., col. 847 ; ADBR 5 Mi 434/1.<br />

63 Dans le comté de Salm luthérien, les choses évoluent avec la conversion au catholicisme d’une branche de la<br />

maison de Salm et le mariage de Christine, avec François de Vaudémont, fils cadet du duc Charles III. Ces<br />

conditions permettent au catholicisme de regagner peu à peu du terrain : « François interdit en 1624 le<br />

protestantisme dans la portion du comté de Salm qui avait constitué la dot de sa femme, et il y envoya l’année<br />

suivante un groupe de missionnaires dont faisait partie Pierre Fourier » (Robert PARISOT, Histoire de la<br />

Lorraine, tome 2 : de 1552 à 1789, Bruxelles, 1978 (réédition), p. 320-321.<br />

64 La ville de Lixheim est fondée en 1608 par le prince électeur palatin Frédéric IV, prince calviniste. Grâce aux<br />

privilèges d’installation et au libre exercice accordé aux réformés, la ville croît vite : en 1632, elle compte 116<br />

maisons (voir Henri LEPAGE, Les communes de la Meurthe. Journal historique des villes, bourgs, villages,<br />

hameaux et censes de ce département, vol. 2, Nancy, 1978 2 , p. 603-605). L’article 2 de la capitulation de 1608<br />

mentionne en particulier la nécessité pour les officiers de la ville de maîtriser à la fois le français et l’allemand,<br />

en vue d’assurer la coexistence des calvinistes venus de deux aires linguistiques différentes<br />

65 Après la mort de Louis, Henriette de Vaudémont se remarie. Son quatrième époux, François Joseph Grimaldi,<br />

hérite de ses droits au décès de celle-ci en 1660. A la mort de son neveu (1702), unique héritier, la principauté<br />

revient au prince de Vaudémont. Lixheim devient français en 1766.<br />

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