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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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cardinal, il souligne que la France est trop conciliante à l’égard de la Suède et il lui soumet<br />

l’idée d’être plus ferme. Le comte d’Avaux encourage les Impériaux à ne pas céder aux<br />

exigences des Suédois ; il va même jusqu’à parler à ceux-ci sur un ton plus ferme. Ces<br />

initiatives alimentées par le zèle religieux ne sont pas du goût du cardinal. Celui-ci n’a guère<br />

besoin d’écouter les récriminations d’Abel Servien. Il n’a qu’à laisser la querelle entre les<br />

deux hommes s’envenimer pour mieux agir, ce qu’il fait en avril 1648 où d’Avaux est touché<br />

par la disgrâce. Celle-ci résulte « de l’écart grandissant entre la raison d’Etat […] et une<br />

stratégie personnelle qui plaçait au contraire la défense du catholicisme au poste du<br />

commandement » 132 .<br />

Ces deux affaires présentent la faible marge de manœuvre de la diplomatie française lorsque<br />

les questions religieuses surgissent ; elles indiquent également la faveur donnée aux intérêts<br />

politiques lorsqu’un dilemme de ce genre se pose. La France s’intéresse certes à la<br />

conservation des biens de l’Eglise catholique, à la pérennité du culte romain dans l’Empire,<br />

sans toutefois que cela puisse nuire à ses intérêts politiques. Dans l’avenir, les choses seront<br />

autres.<br />

A l’heure de la signature des traités, la France a-t-elle réussi à concilier ses vues politiques<br />

avec la cause catholique ? Mazarin y parvient en partie, en dépit des divisions des catholiques<br />

allemands, en proposant la date de référence pour la restitution des biens ecclésiastiques de<br />

1624, au lieu de l’année 1618 133 . L’accord sur l’année 1624 comme année de référence<br />

permet de sauver les évêchés de Paderborn et de Hildesheim, tout en entérinant des pertes<br />

territoriales importantes pour le catholicisme allemand 134 . Le cardinal s’évertue également à<br />

conforter la Bavière dans sa possession du Haut-Palatinat et de la dignité électorale ;<br />

l’Electeur palatin retrouve la sienne et les terres du Bas-Palatinat. La création du huitième<br />

électorat permet le renforcement du parti catholique au collège électoral (5 voix catholiques<br />

contre 3 protestantes), mais aussi celui des Habsbourg d’Autriche 135 . Ce succès diplomatique<br />

permet au cardinal d’écrire le 20 avril 1647 au duc d’Orléans : « Voilà, Dieu mercy, la<br />

Religion parfaitement restablie dans le Haut Palatinat, et dans le collège électoral, cinq voix<br />

catholiques asseurées contre trois protestantes » 136 . Mazarin parvient à préserver l’équilibre<br />

politique dans le collège électoral, sans pour autant avoir défendu avec zèle la masse des<br />

fidèles catholiques situés dans les territoires cédés aux princes protestants.<br />

Cet accord ne se fît cependant pas sans quelque exigence de la part de la France en matière<br />

religieuse. En 1646, lorsque les Impériaux présentent aux plénipotentiaires français un<br />

Mémoire pour la paix avec la France, les Français répondent : « sur le 4. [article] qu’il ne<br />

falloit exiger d’autre condition du Prince Palatin en lui rendant le bas Palatinat, que d’y<br />

132 LESTRINGANT, op. cit., p. 441.<br />

133 De nombreux Etats de l’Empire souhaitaient voir 1618 comme date de reference, surtout les Etats protestants.<br />

La Hesse-Cassel proposait par exemple une restauration « vor Enstehung der jetzigen Unruhe ». Les Etats<br />

catholiques comptaient se retrancher dans un premier temps derrière l’Edit de restitution de Prague (1629), fort<br />

avantageux pour le catholicisme. Les Impériaux étaient favorables quant à eux à une amnistie générale sur la<br />

base de l’amnistie de Regenburg (1641) ou au moins de l’année 1624. Au début, le refus protestant sur cette<br />

année 1624 est motivé par le fait que la situation religieuse n’était pas encore réglée par d’autres clauses, en<br />

particulier pour le Palatinat, le landgraviat de Hesse et le margraviat de Bade (DICKMANN, op. cit., p. 374-<br />

375).<br />

134 BELY, Relations internationales, op. cit., p.158. Le parti catholique perdît tout de même l’archevêché de<br />

Brême, les évêchés de Verden, de Minden et de Halberstadt. Le catholicisme allemand compta la perte de 2<br />

archevêchés, 13 évêchés, soit, comme le souligne Lucien Bély, 15 grands territoires. Dans ces pertes, il faut<br />

compter celles de sujets catholiques sur ces terres, dont la survie religieuse fût étroitement liée aux clauses du<br />

traité d’Osnabrück.<br />

135 BELY, Ibid., p. 159.<br />

136 Cité d’après <strong>LA</strong>URAIN-PORTEMER, op. cit., p. 31-32.<br />

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