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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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Il n’est pas possible de préciser davantage la position française à l’égard des questions<br />

religieuse sans une étude plus approfondie des sources et qui sortirait du cadre immédiat de<br />

notre propos. Toutefois, il est légitime de penser que la France n’a en rien voulu froisser son<br />

allié suédois ni les princes d’Empire protestants : la monarchie conserve des vues sur le Saint<br />

Empire et sur la dignité impériale au moins jusqu’en 1658. La reconquête catholique dans<br />

cette région au cours de la première moitié du XVIIe siècle reste le fait du duc de Lorraine, de<br />

la famille des Habsbourg et de princes d’Empire catholiques.<br />

1.2. La progression luthérienne.<br />

Le 6 et le 7 décembre 1631, Gustave Adolf franchit le Rhin à Mayence ; il se dirige vers le<br />

sud alors qu’une partie de ses troupes prennent la direction du sud-ouest. Les Suédois<br />

chassent les Espagnols et prennent leurs quartiers d’hiver dans le Bas-Palatinat : Oppenheim<br />

est occupée, ainsi que les villes et villages de la Bergstrasse. En janvier 1632, Frankenthal<br />

tombe aux mains des Suédois de même que de nombreuses villes de la rive gauche ;<br />

Heildelberg cède à son tour en mars 1632. Le comte de Nassau-Sarrebrück et le duc de Deux-<br />

Ponts ne peuvent plus rester inactifs et s’engagent aux côtés du roi de Suède. La ville de<br />

Deux-Ponts reçoit amicalement les Suédois alors que les habitants du bailliage de<br />

Lichtenberg, des bailliages de Sarrebrück et d’Ottweiler, s’associent aux soldats de Gustave<br />

Adolf pour piller à Noël 1631 l’abbaye de Tholey ; le prieur ne doit sa liberté qu’à une rançon<br />

payée de Luxembourg. Face à la progression suédoise, les moines de Wadgassen prennent la<br />

fuite 103 . Si des institutions catholiques sont ici mises à mal, on peut difficilement voir là une<br />

quelconque politique anti-catholique ; il ne s’agit guère que « d’émotions » favorisées par le<br />

contexte et il n’y a pas d’interdiction formelle du culte catholique là où il existe déjà.<br />

L’occupation suédoise favorise la reconnaissance de la liberté du culte pour les luthériens de<br />

Heidelberg, Kreuznach et d’Oppenheim, en dépit des protestations de l’Electeur palatin<br />

Frédéric V qui meurt le 29 novembre 1632 104 . Le comte-palatin Ludwig Philipp, tuteur du<br />

jeune Karl Ludwig, reconnaît la liberté religieuse aux luthériens ainsi que le droit d’ouvrir des<br />

écoles par la signature du traité de Heilbronn, le 14 avril 1633. Les années 1633-1634 voient<br />

ainsi la reconnaissance officielle du culte luthérien dans le Palatinat 105 . Là encore, les Suédois<br />

n’ont en rien tenté d’imposer la religion luthérienne par la force à d’autres confessions. Leur<br />

force militaire leur a offert la possibilité d’imposer la liberté de culte dans des lieux où les<br />

communautés luthériennes ne sont pas des minorités marginales. Le traité de Heilbronn<br />

stipule entre autres que là où ils constituent la majorité de la population, les calvinistes<br />

doivent leur céder le temple et les revenus afférents 106 . A Oppenheim, le culte luthérien est<br />

déjà exercé de 1622 à 1626, pendant l’occupation espagnole : le pasteur Tobias Plaustrarius, à<br />

la demande de nobles d’Oppenheim et du Conseil urbain, officie dans la Katharinenkirche,<br />

sans l’aval du gouvernement espagnol de Kreuznach 107 . Cela ne dure guère : en 1625, le culte<br />

103 HERRMANN, Landeskundes des Saarlandes, op. cit., p. 241.<br />

104 FLEGEL, op. cit. p. 24.<br />

105 Gustav BENRATH, « Die konfessionellen Unionsbestrebungen des Kurfürsten Karl Ludwig von der Pfalz »,<br />

ZGO, 116, 1968, p. 187-252, ici p. 195 ; Burkard Gotthelf STRUVE, Ausführlischer Bericht von der Pfälzischen<br />

Kirchen-Historie, Francfort/Main, 1721, p. 571s.<br />

106 A Kreuznach, Oppenheim et Mosbach, les Suédois mettent en application cet article de traité.<br />

107 FLEGEL, op. cit. p. 25-26 ; ce dernier cite un passage de la Chronique de la ville d’Oppenheim, daté de 1728,<br />

p. 14s (<strong>LA</strong>Sp U 298/12) : « Als Anno 1623. Ein Ehrsamer Rath sich beführet [befürchtet] […] die Spanische<br />

Regirung möge die Evangelische Religion gar abschaffen, und ihre Papistische dagegen einführen, hatt<br />

desswegen zugefahren, und in die Cathrins Kirch einen Evangelischen Prediger Augspurgischer Confession<br />

eingesetzt, undt den Calvinischen M. Rhemum in St. Sebastian Kirch verschafft, aber diess hat leyder nicht<br />

helfen mögen, dann Anno 1624, im Obris [Octobris] seyndt beyden theilen die Kirchen genommen worden, undt<br />

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