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CATHOLIQUES ET PROTESTANTS SUR LA RIVE GAUCHE DU ...

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possible les catholiques dans leurs droits, voire dans les lieux où ils s’étaient implantés. A<br />

l’occasion, il fait des concessions aux Impériaux lorsque ces derniers travaillent dans le sens<br />

de l’affermissement du catholicisme. Allié du roi de Suède et d’autres princes protestants, le<br />

monarque français ne peut se passer de ceux-ci pour parvenir à ses fins. Les négociations et<br />

les traités de 1648 dévoilent le Janus gallican. Le visage politique se dérobe à l’occasion pour<br />

dévoiler une face religieuse, mais sans excès. D’ailleurs, l’exemple de la disgrâce du comte<br />

d’Avaux est assez révélateur de cet état d’esprit 144 . Celui qui occupe des postes diplomatiques<br />

en Hollande, en Suède et dans l’Empire, est un fervent catholique, ne négligeant jamais<br />

d’afficher aux yeux de tous, en particulier en territoire protestant, sa religion. Son attitude<br />

prosélyte lui fît confondre son rôle d’ambassadeur et un rôle de missionnaire, au grand<br />

bonheur du prédicateur François Ogier 145 , mais au désaveu de sa hiérarchie. Celle-ci, après<br />

avril 1648, lui préféra Servien, dont le pragmatisme correspond davantage aux nécessités du<br />

moment. Cette disgrâce « résultait de l’écart grandissant entre la Raison d’Etat, […], et une<br />

stratégie personnelle qui plaçait au contraire la défense du catholicisme au poste de<br />

commandement » 146 . Les intérêts de la religion catholique rencontrent assez rapidement les<br />

limites imposées par le réalisme politique.<br />

L’analyse de l’attitude de la France au cours des négociations à l’égard des questions<br />

religieuses nous révèle au moins deux choses, la première étant que le souci de favoriser la<br />

religion catholique n’est pas absent de la politique française. Ce constat a de l’importance,<br />

surtout au regard de la politique française des années 1680 que les historiens ont trop tendance<br />

à couper de ses fondements. Münster est révélateur de lignes de forces de la politique<br />

extérieure française. Seconde chose à noter : un futur acteur de taille – Louis XIV - n’a joué<br />

aucun rôle dans ces négociations. Le roi entre seulement dans les années d’apprentissage<br />

auprès de Mazarin dont l’influence sur son action politique future n’est pas à négliger pour<br />

comprendre l’attitude de la monarchie à l’égard des questions religieuses, tant en France que<br />

dans les territoires réunis. Enfin, l’attitude française dans les territoires occupés ainsi que dans<br />

les terres à acquérir, par exemple l’Alsace réunie, nous apprend combien la monarchie sait<br />

adapter sa politique aux circonstances 147 .<br />

2.2. Les traités de paix et les territoires de la rive gauche du Rhin.<br />

a) les clauses religieuses générales.<br />

L’ensemble des grandes clauses signées lors des traités de Münster et d’Osnabrück le 24<br />

octobre 1648 est suffisamment connu pour ne pas en faire un trop long état. La ratification des<br />

clauses de ces deux traités – le premier entre le Saint-Empire et la France, le second avec la<br />

Suède – consacre des pertes territoriales, parfois anciennes, comme celle des Trois-<br />

Evêchés 148 . La France obtient des avancées territoriales non négligeables en Alsace 149 : les<br />

144 Même si le rôle actif d’Abel Servien et d’Hugues de Lionne dans cette disgrâce ne doit être diminué. A ce<br />

propos, voir : Jérôme CRAS, « Abel Servien et Hugues de Lionne pendant les négociations de Westphalie », in :<br />

Lucien BELY (dir.), L’Europe des traités de Westphalie. Esprit de la diplomatie et diplomatie de l’esprit, Paris,<br />

2000, p. 587-601.<br />

145 LESTRINGANT, op. cit., p. 442-443.<br />

146 LESTRINGANT, op. cit., p. 441.<br />

147 Voir LIV<strong>ET</strong>, L’intendance d’Alsace, op. cit., Louis CHÂTELLIER, Tradition chrétienne et renouveau<br />

catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris, 1981.<br />

148 Jean-François NOEL, Le Saint-Empire, Que sais-je ?, 1993 3 , p. 99-100. En effet, le Saint-Empire a déjà<br />

perdu son autorité sur la Suisse, les Trois-Evêchés en terre lorraine (Toul, Metz et Verdun) ainsi que les<br />

Provinces-Unies. Lors des négociations sur les Trois-Evêchés, les Etats de l’Empire voulaient que la France<br />

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