Tif et Tondu : " Ne tirez pas sur Hippocampe ! " (1963). Dessin : Marcel Denis. © La Vache qui Médite / Denis / Remacle. Hultrasson, Sépadefasson, Payasson et le roi Harald : " Fais-moi peur, Viking ! " (1964) © Remacle 40
Cette aventure de Tif et Tondu – la deuxième dessinée par Denis depuis le départ de Will pour Tintin – a pour sujet le vol d’un sous-marin par une bande de pirates - tiens, tiens ! - qui garde en otage un Tif gaffeur à la limite de la bêtise et complètement dépassé par les événements. Inconsolable et désemparé par le danger auquel est exposé son ami, Tondu noie son chagrin dans l’alcool pour finalement se ressaisir et voler à son secours. Gags et pitreries se succèdent à un rythme d’enfer dans cette course-poursuite aussi louftingue que rocambolesque : du Remacle pur jus, même si son nom n’apparaît nulle part lors de la publication dans Spirou. Cette histoire, tout comme la précédente (« Tif et Tondu à Hollywood », 1960), restera inédite en album Dupuis, l’éditeur ayant jugé préférable de ne pas rompre l’unité de la série. Marcel Denis se souvient : « On m’a demandé d’arrêter la série sans me donner de raison valable. Je ne sais même plus ce qu’on m’a donné comme prétexte… On n’a sans doute pas considéré que ma reprise de Tif et Tondu était une réussite puisque Will a tout de même attendu un bon bout de temps avant de s’y remettre (…) J’en avais tout de même un peu marre, je n’aimais pas trop. Je sentais les personnages à ma façon et les autres ne les sentaient pas comme moi. Mais la déception n’a pas été énorme, non, puisque ça m’a donné l’occasion de travailler avec Marcel Remacle, avec qui j’étais très copain. Comme j’en avais marre de la bande dessinée et que je me retrouvais sans boulot, il m’a proposé de lancer une nouvelle série avec lui, et c’est ainsi qu’Hultrasson est né. » (5) Dopé par le rythme de parution de ses albums, Remacle se dit peut-être qu’une deuxième série, menée de front avec Le Vieux Nick, pourrait aboutir à sa reconnaissance définitive comme auteur complet et contribuer à accroître sa notoriété au sein de la profession. Trois grands épisodes de la série Hultrasson le Viking (avec albums à la clé) et trois histoires courtes (toujours inédites) verront le jour entre 1964 et 1967, reposant sur un schéma simple mais efficace : un humour constamment déjanté, un brin de fantastique, et un héros plein de bonhomie opposé à un gros barbare aussi ambitieux que stupide, lui-même secondé par un serviteur retors au physique calqué sur celui d’Yvan Delporte. « C’est dans le n° 1350 du journal de Spirou qu’est annoncé le nouveau héros de Marcel Remacle et Marcel Denis : Hultrasson le Viking. La première aventure, « Faismoi peur, Viking ! », paraît la semaine suivante, le 5 mars 1964. Il s’agit là d’aventures à l’humour totalement débridé cher à Marcel Denis, qui permettront à Remacle de se renouveler un peu tout en restant dans le registre maritime qu’il affectionne. Dans les belles contrées du Nord vit Sépadeffasson, un Viking stupide ayant trop lu les aventures du grand vizir Iznogoud (…) puisqu’il veut prendre la place du roi Harald-les-Beaux- Cheveux. Contrairement à Iznogoud, qui se charge lui-même d’inventer ses propres complots, Sépadefasson n’a pas l’intelligence de ses ambitions. C’est donc Payasson, son fourbe conseiller, qui se chargera d’imaginer les pires machinations pour permettre à Sépadeffasson d’atteindre son but. C’est pour contrer cet ahuri qu’intervient Hultrasson, Viking livreur de bière. Il sera aidé en cela par la sorcière Jivatijivatipa, sans oublier une certaine boisson qui fait perdre la tête et dont nos vikings sont friands : le « wiseki ». Chaque complot est donc plutôt prétexte à la rigolade qu’au suspense, car on s’aperçoit vite que, même sans Hultrasson et Jivatijivatipa, les plans ourdis par Payasson ne peuvent que tourner court tant Sépadefasson est stupide et incapable de réaliser correctement les idées, trop astucieuses pour lui, de son âme pensante. » (12) 41