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en 1959 dans « Les mangeurs de citron ». Après s’être attardé sur le sort des enfants employés<br />
comme mousses, il se penche sur le sort diamétralement opposé des jeunes aspirants issus<br />
de la noblesse, véritables enfants-rois aussi autoritaires que capricieux, suscitant la crainte<br />
des membres de l’équipage. Son exposé se termine par un condensé d’ingénierie navale,<br />
le tout baignant dans un humour débridé qui ne perd jamais ses droits. Sévère à l’extérieur,<br />
comique à l’intérieur : voilà qui résume Remacle en quelques mots.<br />
Commentés par Barbe-Noire lui-même, ces documentaires cocasses seront réunis dans<br />
un album qui figure parmi les préférés du dessinateur et qui sera publié l’année suivante :<br />
« Sous les voiles ». C’est dans ce même album qu’apparaît un personnage destiné à<br />
pourrir davantage encore la vie de notre pirate, un exécrable nabot nommé Hercule<br />
qui, à l’instar du Billy the Kid de Morris et Goscinny, règne en tyran sur une bourgade<br />
où Barbe-Noire et son grand-père veulent prendre quelques jours de repos. Estimant<br />
peut-être que « bon-papa joli » a épuisé son stock de baffes, Remacle met dans les<br />
pattes du « gamin » un petit teigneux beaucoup plus costaud et autoritaire que l’aïeul.<br />
Perfide et manipulateur, Hercule deviendra le compagnon de cellule de Barbe-Noire,<br />
élaborant des projets d’évasion plus foireux les uns que les autres, avec la complicité<br />
de sa « tantine », aussi difforme et repoussante que lui et qui, un malheur n’arrivant<br />
jamais seul, va s’enticher d’un Barbe-Noire qui n’avait décidément pas besoin de ça.<br />
Les déboires pénitentiaires de ce trio infernal font l’objet de plusieurs histoires courtes<br />
que l’on retrouve en majorité dans l’album « Barbe-Noire, Hercule et Cie » (1981).<br />
Le calme et la tempête<br />
En 1980, Marcel Remacle quitte Haltinne pour s’installer définitivement à Evelette,<br />
un petit hameau situé dans la commune d’Ohey, à quelques kilomètres de là.<br />
Lucide, il se rend compte que ses efforts pour relancer sa série sont resté vains : les ventes<br />
continuent à baisser inexorablement. Malgré sa notoriété et l’estime que lui garde un<br />
lectorat resté fidèle, Remacle sait qu’il n’entrera jamais dans la cour des grands. Est-il<br />
pour autant tombé dans l’oubli ? Loin de là : nul n’étant prophète en son pays, c’est<br />
une fois encore à l’extérieur de nos frontières que se manifeste l’intérêt pour son œuvre.<br />
La chaîne de télévision française Antenne 2 produit, dans les années 80, une émission<br />
pour enfants appelée « Récré A2 ». Animée par la célèbre Dorothée, elle propose une<br />
rubrique consacrée aux vedettes du neuvième art, intitulée « La bande à Bédé ». Pour leur<br />
79e numéro, les producteurs décident de rendre hommage au vieux Nick et contactent<br />
Marcel Remacle, qui leur donne bien évidemment le feu vert. « Jamais je n’aurais accepté<br />
de passer à la TV, dira-t-il, je suis bien trop timide… » (4) Fort heureusement, il ne s’agit<br />
pas ici de placer l’auteur devant les caméras, mais de réaliser une semi-animation au<br />
départ de la bande dessinée elle-même, avec chansons à la clé. Cinq albums, savamment<br />
refondus en une séquence de 10 minutes à peine, vont en fournir la matière première :<br />
« Pavillons noirs », « Le vaisseau du diable », « Les mangeurs de citron », « L’île de la<br />
Main Ouverte » et « Barbe-Noire, Hercule & Cie ». Un tour de force que Remacle saluera<br />
d’un commentaire plus que laconique : « Ils se sont foulés. » (4)<br />
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