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MARCEL REMACLE - Escapages

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sinon que les quatre planches dont nous avons retrouvé copie n’ont jamais été publiées<br />

nulle part. Mais Barbe-Noire, lui, revient dans Spirou pour un dernier tour de piste, avec<br />

quatre histoires complètes de huit planches chacune et un ultime grand épisode intitulé<br />

« La baleine jaune », dans lequel on retrouve avec plaisir le vieux Nick et bon-papa, mais<br />

aussi Sébastien le harponneur, absent de la série depuis près de vingt ans. Inspiré du célèbre<br />

« Moby Dick » d’Herman Melville, ce récit nous montre l’acharnement de deux capitaines<br />

– dont Barbe-Noire – obsédés par la vengeance et prêts à tout pour détruire une énorme<br />

baleine responsable de la perte de leurs navires. Au bout de 44 planches d’une finesse de<br />

trait exceptionnelle, la farce est définitivement jouée. Après avoir triomphé une dernière fois<br />

de Barbe-Noire, le vieux Nick nous quitte le sourire aux lèvres, satisfait d’avoir accompli le<br />

plus agréable de ses devoirs : celui de nous amuser. Rideau.<br />

La fin du voyage<br />

En 1991, Marcel Remacle a 65 ans. L’âge de la retraite ayant sonné, il ne reprendra<br />

plus son crayon que pour répondre aux demandes de dédicaces qui lui parviennent<br />

régulièrement, entre autres d’Allemagne où il conserve de fervents admirateurs.<br />

Jugeant qu’il serait anormal et injuste de ne pas rendre hommage à cet enfant du<br />

pays, le quotidien Vers l’Avenir lui consacre une demi-page bourrée d’anecdotes et de<br />

commentaires savoureux. Pour la première fois, semble-t-il, Remacle accepte de parler de<br />

lui sur un ton plus confidentiel que de coutume : « Vous savez, une vie d’un dessinateur,<br />

c’est très banal. On ne voit pas grand monde. On se lève le matin, on dessine, ou alors<br />

s’il fait beau, on va à la pêche. Un matin, on reçoit un courrier qui nous informe que la<br />

série est « replacée » quelque part en Allemagne. Et voilà deux millions qui tombent tout<br />

seuls, à partager avec l’éditeur. C’est qu’on est des commerçants aussi… » (4)<br />

Vittorio Leonardo fait partie des gens qui refusent de voir Remacle tomber dans l’oubli :<br />

en 1991 et 1992, il tente de relancer la série avec l’éditeur toulonnais MC Productions.<br />

« J’ai eu beaucoup plus de contacts avec Remacle qu’à l’époque Dupuis, il venait<br />

souvent chez moi avec sa femme. » (14) Six albums se verront ainsi réédités sous le label<br />

« Jourdan », prénom du fils de Leonardo en hommage, peut-être, à Maurice Tillieux : «<br />

La prise de Canapêche », « Barbe-Noire joue et perd », « Le feu de la colère », « Sous la<br />

griffe de Lucifer », « Les nouvelles mésaventures de Barbe-Noire » et « Sous les voiles ».<br />

L’initiative est excellente, mais elle arrive trop tôt : commercialement, c’est l’échec. Ces<br />

beaux albums cartonnés prennent rapidement la direction des solderies alors que les<br />

éditions allemandes, elles, continuent d’afficher une forme olympique.<br />

Marcel Remacle aura, une dernière fois, l’occasion de sortir de sa réserve et de<br />

s’exprimer en laissant parler son cœur comme il l’a fait trois ans plus tôt lors de<br />

l’exposition consacrée à Marcel Denis. Le 10 juin 1995, Charles Dupuis fête ses 77 ans,<br />

trop âgé pour lire un magazine de la concurrence qui, de toute manière, n’existe plus,<br />

mais assez jeune pour savourer pleinement les hommages qui lui sont adressés. Celui<br />

de Marcel Remacle, particulièrement chaleureux, prouve que sous une armure de béton<br />

se cache un homme sensible et reconnaissant : « Quand on dessine comme ça, on doit<br />

pouvoir vivre de sa plume ! C’est en 1955, à Marcinelle, cher Monsieur Dupuis, que<br />

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