Deux publications allemandes. - © Rolf Kauka " Les commandos du Roy " - Édition danoise (1980) - © Remacle " Le trois-mâts fantôme " Édition grecque (1972) - © Remacle 48
complets dont le talent éclate enfin au grand jour, et puis Macherot, toujours présent malgré le déclin de son graphisme, Jidéhem, à l’apogée de son talent, sans oublier deux anciens assistants de Peyo que Tillieux prend sous son aile pour les conduire vers le succès : Gos et Walthéry. Devant cette pléthore de rigolos, Remacle éprouve beaucoup de mal à se renouveler. Pour tout dire, il n’y parvient pas. Mais le souhaite-t-il vraiment ? Conscient, peut-être, que son humour risque de paraître vieillot aux yeux des nouvelles générations de lecteurs, il s’applique à étoffer sa galerie de marionnettes et à explorer des thèmes plus actuels, comme les super-héros, les relations hommes-femmes, la science-fiction ou le fantastique. Mais passé la cinquantaine, hélas, le feu sacré brille par son absence et, malgré l’indéfectible soutien de Charles Dupuis, qui lui permettra de vivre de son métier jusqu’au bout, les années 70 et 80 deviendront peu à peu celles de la routine et du renoncement. Elles démarrent pourtant bien, ces années-là, sur les chapeaux de roues même puisque Tillieux fournit à Remacle le scénario d’un épisode que beaucoup considèrent comme le plus drôle de la série : « La prise de Canapêche ». Publiée dans Spirou de mai à septembre 1971, cette histoire met en scène un Barbe-Noire sur le déclin, en butte aux injonctions de son grand-père qui l’oblige à accomplir une action d’éclat afin de leur assurer définitivement le bien-être. Par chance, bon-papa touche les vingt ans d’arriérés de sa pension de vieillesse et investit l’argent dans l’achat d’un bateau et le recrutement d’un équipage pour se lancer à la conquête de Canapêche (le port mexicain de Campeche, évidemment), cité fortifiée où sont entreposées des richesses considérables accumulées par les Espagnols. Protégée par de puissantes murailles et par une importante garnison de soldats, la ville est imprenable. Barbe-Noire décide alors d’y pénétrer par ruse pour en ouvrir les portes. Il se rase donc la barbe et endosse l’uniforme des élèves du Collège Saint-Remacle ( !) situé à l’intérieur. Hélas pour lui, la discipline scolaire est stricte et la surveillance plus que sévère. Voilà donc notre pirate forcé d’assister aux cours et de vivre au pensionnat sans le moindre espoir d’évasion. Cernés par le vieux Nick et les troupes espagnoles, les pirates qui assiègent la ville sont capturés, de même que Barbe-Noire, heureux de quitter l’école pour réintégrer le bagne, où il se sent mieux. Menée tambour battant de la première à la dernière case, cette histoire constitue un nouveau départ pour la série, et tous les espoirs lui sont permis. Tout baigne dans l’huile pour Marcel Remacle, puisqu’il se voit, en outre, publié en Allemagne sous l’impulsion de Rolf Kauka, créateur de la série Fix und Foxi et figure de proue de l’édition BD d’outre-Rhin. Directeur de nombreux magazines pour la jeunesse dans lesquels il diffuse les plus grands classiques de la bande dessinée humoristique franco-belge, Kauka est à la tête d’un véritable empire. De 1966 à 1977, il accueille dans ses pages - et dans un ordre aussi aléatoire que redondant - la plupart des récits réalisés par Remacle depuis le début de sa carrière, y compris les aventures d’Hultrasson. Rebaptisée « Old Nick und Schwarzbart », sa série accède donc à une renommée internationale, qui ne se limitera pas à l’Allemagne, comme le souligne Thierry Tinlot : « Mine de rien, hors des éditions Dupuis en français et en néerlandais, ses albums ont été adaptés en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Angleterre, en Yougoslavie, dans les pays scandinaves et en Argentine ! » (7) Ajoutons-y la Grèce et l’Indonésie, sans aucune certitude que la liste soit complète… 49