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L'Agence Européenne pour la Sécurité Maritime - EM Normandie

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prises. Aujourd’hui, les partisans des modèles de cycle politique stipulent que ce type de<br />

modèle n’est pas construit à partir d’une logique nécessairement rationnelle en raison de <strong>la</strong><br />

prise en compte d’autres paramètres et éléments subjectifs qui entrent en jeu dans le processus<br />

politique. Selon Edwards (2001, dans Everett, 2003 : 67), ces modèles, dans le cadre de<br />

processus politiques complexes, permettent d’assister les gestionnaires publics et d’injecter de<br />

<strong>la</strong> rigueur. Pourtant, selon Everett, ces modèles relèvent de l’approche rationnelle (cf. le<br />

modèle d’Edwards, 2001, dans Everett, 2003).<br />

Everett s’interroge alors sur <strong>la</strong> manière dont les modèles de cycle politique peuvent remp<strong>la</strong>cer<br />

le modèle du jeu de pouvoir et <strong>la</strong> contestation politique, qui détermine qui obtient quoi. Elle<br />

s’interroge aussi sur le rôle de <strong>la</strong> consultation publique. Cette dernière est importante mais elle<br />

n’explique pas <strong>la</strong> manière dont les décisions sont prises ; elle ne permet donc pas forcément<br />

de parvenir à des solutions et des politiques concrètes. Everett se rattache à <strong>la</strong> position de<br />

Bridgam et Davis (1998) : ni l’approche du cycle politique ni <strong>la</strong> consultation publique ne<br />

peuvent rendre compte de <strong>la</strong> complexité de l’é<strong>la</strong>boration des décisions politiques et de <strong>la</strong><br />

manière dont les questions émergent dans l’agenda politique et dont <strong>la</strong> solution ultime est<br />

trouvée :<br />

Major public policies are the outcome of a complex round of negotiation between<br />

interests, choices between values and competition between resources … there are no<br />

single ‘best’ options for any p<strong>la</strong>yer in this game, for the ‘best’ outcome depends on what<br />

others do and what deals are possible. (Davis et al. (1993), dans Everett, 2003 : 68).<br />

De fait, Everett (2005) dans son étude sur <strong>la</strong> localisation des infrastructures de transport du<br />

charbon en Australie propose une autre théorie explicative. Dans le cas étudié, le contenu de<br />

<strong>la</strong> politique résulte d’une contestation politique intense entre des groupes d’intérêts cherchant<br />

à maintenir le contrôle d’un système ou d’une activité dont ils tiraient profit. La position des<br />

protagonistes a été adoptée dans un contexte électoral du à l’imminence de l’élection<br />

gouvernementale. Dans ce cas, <strong>la</strong> concertation publique et l’application <strong>la</strong> plus rigoureuse de<br />

l’approche de cycle politique n’auraient pu résoudre les controverses (Everett, 2005).<br />

Ces exemples d’étude sont intéressants à analyser <strong>pour</strong> diverses raisons. D’abord, les travaux<br />

d’Everett portent sur <strong>la</strong> localisation d’infrastructures de transport maritime et cherchent à<br />

comprendre l’é<strong>la</strong>boration des politiques en amont. Peu de recherches sur le transport maritime<br />

et <strong>la</strong> localisation d’infrastructures s’attachent à théoriser l’é<strong>la</strong>boration des politiques<br />

publiques. De plus, alors qu’Everett critique le paradigme rationnel revisité dans l’approche<br />

des modèles politiques, elle reste de manière générale attachée à l’approche pluraliste : les<br />

jeux de pouvoir entre groupes d’intérêts sont au cœur de son analyse. En effet, elle reconnaît<br />

d’une part qu’une plus grande participation du public est nécessaire, d’autre part que <strong>la</strong><br />

structure du processus de décisions politiques est en proie à des conflits : un mécanisme de<br />

logique raisonnée doit refléter les compromis entre forces opposées (Everett, 2005 : 361).<br />

Dans l’approche pluraliste, l’Etat résulte de <strong>la</strong> société, il est produit par elle. La société est<br />

constituée de groupes formés librement et l’Etat est perméable aux intérêts divergents des<br />

groupes, du moins au départ (Müller et Surel, 1998 : 38). En effet, progressivement, <strong>la</strong><br />

possibilité de différences en termes de structure entre les groupes a été prise en compte<br />

comme l’idée que le contenu des demandes adressées à l’Etat pouvait être réinterprété ou<br />

modifié au cours de son cheminement administratif. Ainsi, le contenu d’une politique résulte<br />

« des différentes pressions exercées par les groupes d’intérêts concernés » (Müller et Surel,<br />

1998 : 38). Tout dépend alors de <strong>la</strong> mobilisation des ressources de chacun des groupes et de<br />

leur capacité à convaincre et à imposer leur vision. Par ailleurs, les groupes d’intérêts sont<br />

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