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ON Y tiENt<br />
Robert Gil<br />
MARC MINELLI<br />
marc Minelli a grandi au Havre, nourri par <strong>le</strong>s<br />
senteurs maritimes de la porte Océane, <strong>le</strong><br />
regard porté vers la ligne d’horizon, signe des<br />
futurs voyages à réaliser. Là, il a vu <strong>le</strong>s Jam, Les Damned,<br />
suivi de près l’aventure Litt<strong>le</strong> Bob Story. Punk dans l’âme,<br />
punk toujours “s’il s’agit de dire non”, il effectue avec<br />
Muddy Waters, excel<strong>le</strong>nt nouvel album, un retour aux<br />
sources du rock et du blues. “J’avais envie de retrouver<br />
l’urgence. J’ai ressorti quelques vieux morceaux ;<br />
certains, comme Crazy Jane, datent des années 80. J’en<br />
ai composé de nouveaux aussi.” Homme-orchestre, mais<br />
“pas virtuose”, il joue aussi bien de la guitare que du<br />
piano, soutenu par ordinateur. Le titre d’ouverture Muddy<br />
Waters (non, ce n’est un hommage au célèbre bluesman)<br />
donne <strong>le</strong> ton. Le son, brut et acéré, fait raisonner <strong>le</strong>s<br />
guitares avec bonheur. Dessus, il pose sa voix sauvage<br />
et des textes en anglais, puisque “tout <strong>le</strong> monde<br />
comprend.” Pas forcément engagé, il évoque <strong>le</strong>s relations<br />
humaines et dénonce subti<strong>le</strong>ment une société trop<br />
protectionniste “où l’on ne peut plus ni boire, ni fumer !”<br />
(Howlin’). L’album n’est pas uniforme : si une partie<br />
revisite <strong>le</strong>s années 80, une autre se montre plus<br />
mélodique. Les ballades prennent alors <strong>le</strong> dessus, avec<br />
un sacré sens de la mélodie. Punk d’accord, mais <strong>le</strong>s<br />
Beat<strong>le</strong>s ou <strong>le</strong>s Flaming Groovies, font aussi partie de sa<br />
culture. Entre complaintes obsédantes et riffs efficaces,<br />
Marc Minelli redéfini un sty<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment très séducteur.<br />
L’âme de Bowie, période Heroes, pas Ziggy Stardust,<br />
résonne. Bourlingueur, Minelli a exploré de nombreux<br />
genres musicaux, nourri par de nombreuses esca<strong>le</strong>s,<br />
souvent musica<strong>le</strong>s, en Afrique ou en Amérique. Il effectue<br />
là un salutaire retour aux sources. L’album a été mixé à<br />
New York, chez son ami Florent Barbier, à proximité du<br />
pont de Brooklyn. Un détour indispensab<strong>le</strong>, au cœur de<br />
la famil<strong>le</strong> indé, là où l’on croise <strong>le</strong>s Yeah Yeah Yeahs dans<br />
<strong>le</strong>s bars. Finie l’indo<strong>le</strong>nce tourangel<strong>le</strong> ! “C’était comme si<br />
nous étions à côté d’une autoroute, <strong>le</strong> bruit extérieur<br />
nous forçait à pousser au maximum <strong>le</strong> volume…” Le<br />
résultat, sans concession, surnage faci<strong>le</strong>ment au-dessus<br />
des productions plutôt guimauves du moment.<br />
Patrick Auffret<br />
“Muddy Waters” - Pirates Prod / Rue Stendhal<br />
www.marcminellimusic.com<br />
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