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Marylène Eytier<br />
Lewis Furey<br />
MYTHE VIVANT<br />
CET HOMME EST UNE LÉGENDE. MUSICIEN HORS NORMES, IL RESTE<br />
TOTALEMENT INCLASSABLE. DANDY DÉCALÉ AYANT FAIT DU CINÉMA, PUIS<br />
QUELQUES ALBUMS INTEMPORELS, IL REMONTE SUR SCÈNE ET FOURMILLE<br />
DE PROJETS… UNE BONNE CLAQUE AUX MAUVAISES ODEURS MUSICALES !<br />
Lewis Furey n’est jamais parti nul<strong>le</strong> part, il n’a jamais cessé<br />
d’être là. Son actuel Se<strong>le</strong>cted songs recital est une re-visite<br />
et un dialogue au travers de l’œuvre de celui qui fut l’élève,<br />
puis l’ami de Léonard Cohen, et qui aujourd’hui apparaît comme<br />
un songwriter central. 30 chansons au programme, issues de l’éponyme<br />
Lewis Furey paru en 1974, The humours of… de 1976, ses<br />
deux premiers albums tout juste réédités, mais aussi des Sky is<br />
falling, Fantastica, Night magic, ou des chansons écrites ou adaptées<br />
pour Caro<strong>le</strong> Laure, jusqu’au plus récent Antoine et Cléopâtre,<br />
projet de 2006. Une voix grave, profonde, puis écorchée et vacillante.<br />
Ni trop haute, ni trop basse mais autour. Ce grain, cette cou<strong>le</strong>ur,<br />
teintée d’un accent anglo-canadien qui fait fondre ceux-là<br />
même que Jane B. énerve. Pas d’effet de sty<strong>le</strong>, de démonstration,<br />
Lewis Furey ne cherche pas à faire joli, il met sa voix au service de<br />
son propos : bruit, fureur, âpreté… Il grogne, chante, éructe, tord<br />
la note, la fait rebondir comme une goutte de pluie sur un toit en<br />
zinc et la pose délicatement sur un velours d’accord majeur.<br />
Il a commencé à composer à l’alto qu’il a dû abandonner (“Trop de<br />
travail et c’est douloureux !”) et au piano, qu’il pratique toujours<br />
quotidiennement dans son appartement du 14 ème arrondissement<br />
de Paris. Mais pour la création, il est très <strong>le</strong>nt : “J’arrive à cinq ou<br />
18<br />
six chansons par an, pas plus. Je <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong> longtemps. Antoine<br />
et Cléopâtre, par exemp<strong>le</strong>, est en gestation depuis quinze ans. J’ai<br />
fini par <strong>le</strong> monter au Théâtre du Nouveau Monde au Québec (cinq<br />
semaines), puis au Théâtre de la Vil<strong>le</strong> à Paris et en France (60<br />
dates) avec onze personnes sur scène, mais ça n’est pas fini, loin<br />
de là. Mon projet tient en trois vo<strong>le</strong>ts… car <strong>le</strong>ur histoire était une<br />
sorte de fin du monde : un îlot de résistance, l’Egypte, une femme<br />
à la tête de tout ça… J’écris donc actuel<strong>le</strong>ment Cléopâtre à 16 ans<br />
quand el<strong>le</strong> rencontre César qui en a 40, puis viendra <strong>le</strong> Trium Vira.<br />
Je souhaite travail<strong>le</strong>r <strong>le</strong> tout en anglais pour <strong>le</strong> plaisir d’utiliser <strong>le</strong>s<br />
mots de Shakespeare et <strong>le</strong>s découper, parfois en mélangeant <strong>le</strong>s<br />
actes, <strong>le</strong>s phrases… J’aime cette liberté d’interprétation, c’est ma<br />
vision.” Cet élégant érudit est intarissab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> sujet historique,<br />
dont il connaît <strong>le</strong>s moindres détails. Ce qui ne l’empêche pas de<br />
travail<strong>le</strong>r en parallè<strong>le</strong> : “Là, j’ai un titre qui est en route depuis neuf<br />
mois et mes “Lieder” de Brahms sont en évolution depuis cinq ans.<br />
Je note différents projets à la fois (je note beaucoup) mais j’aboutis<br />
<strong>le</strong>ntement.”<br />
Même si son éducation musica<strong>le</strong> est variée (“Je viens de la tradition<br />
française, de Montand à Brel ; des artistes qui endossaient<br />
<strong>le</strong>urs personnages. En ce moment j’écoute Bach et Björk en lisant