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sons é<strong>le</strong>ctro et ses samp<strong>le</strong>s, c’est lui qui fait <strong>le</strong><br />
lien entre <strong>le</strong>s morceaux, tout en offrant une interprétation<br />
origina<strong>le</strong>. C’est ce qui participe à<br />
l’unité de l’album”, juge Erwan. Ce que confirme<br />
Jean Nicolas : “C’est cet apport de l’é<strong>le</strong>ctro qui<br />
donne à tous <strong>le</strong>s morceaux une certaine cou<strong>le</strong>ur<br />
commune.”<br />
LA GAUCHE SOUND<br />
L’ensemb<strong>le</strong> des textes est écrit par Damien ;<br />
une plume aussi percutante que son flow. Des<br />
mots mordants construits sur des bases saines :<br />
“Les auteurs qui m’ont marqué sont Brel, Ferré,<br />
Cantat. Je m’en inspire, mais avec ma manière<br />
hip-hop.” A l’évocation de Bertrand Cantat, <strong>le</strong><br />
débat démarre rapidement entre <strong>le</strong>s membres<br />
du groupe : “Il y a vraiment de ça dans tes<br />
textes. Enfin, c’est ce que je ressens”, témoigne<br />
Erwan. Tandis que Laurent tempère la comparaison<br />
: “Ce n’est pas <strong>le</strong> même côté écorché qui<br />
par<strong>le</strong>.”<br />
Son inspiration, Damien va essentiel<strong>le</strong>ment la<br />
chercher dans la politique, l’observation du social<br />
et même l’actualité. “C’est politique et j’assume<br />
! Je me suis toujours senti très concerné,<br />
sans être rattaché à un parti. Mais je trouve cela<br />
très courageux de faire de la politique. Ce sont<br />
des gens qui y croient au départ.” Une conception<br />
nob<strong>le</strong> de la politique. A mil<strong>le</strong> lieues des petites<br />
phrases et des coups bas. “C’est Le<br />
politique de Platon, résume-t-il. Mon engagement<br />
est clairement de gauche. Mais pour moi,<br />
il ne s’agit pas d’appe<strong>le</strong>r à voter socialiste ni<br />
Front de gauche.” Amener du sens, assumer sa<br />
position et agir sur la réalité du monde, Damien<br />
fait partie de ceux qui croient encore que <strong>le</strong>s<br />
mots ont un sens et que certaines idées méritent<br />
qu’on <strong>le</strong>s défende : “J’ai toujours été percuté<br />
par <strong>le</strong>s mots et j’ai la croyance qu’ils peuvent<br />
encore percuter. Enfin, j’ai envie de <strong>le</strong><br />
croire.” La force qu’il trouve dans <strong>le</strong>s mots : l’alliance<br />
du message politique et poétique. Cette<br />
fusion de la forme et du sens, de la beauté et de<br />
la révolte. Ce lourd héritage qui d’Aragon à Cantat<br />
pèse désormais sur George Sound.<br />
Damien fustige donc sans ménagement la vanité,<br />
la futilité de la majorité des auteurs et exprime<br />
son agacement envers la chanson<br />
française et son romantisme : “Il y a des gens<br />
qui se revendiquent comme de vrais auteurs et<br />
qui n’arrivent pas à aborder l’aspect politique<br />
des choses. Alors que c’est là que tous <strong>le</strong>s mots<br />
prennent <strong>le</strong>ur essence, et tout de suite ça devient<br />
beaucoup plus compliqué. Il faut assumer<br />
ce que l’on dit. Sinon on reste dans <strong>le</strong> vague, on<br />
par<strong>le</strong> d’amour. Et à part Shakespeare, l’amour,<br />
<strong>le</strong>s gens en par<strong>le</strong>nt bien mal… hormis Bertrand<br />
Cantat et Dominique A parmi <strong>le</strong>s auteurs vivants<br />
! Mais là encore, pour ces auteurs, l’amour<br />
devient un engagement et donc ce n’est plus la<br />
même chose. C’est <strong>le</strong> contraire de tous ces morceaux<br />
qui par<strong>le</strong>nt “du gars ou de la meuf qui t’a<br />
quitté” et qui remplissent 99,99 % de la chanson<br />
française.” Avant de conclure : “Franchement,<br />
c’est chiant !” Juste après notre interview,<br />
Jean Ferrat quittait ce monde. Comme un symbo<strong>le</strong><br />
de cet engagement poétique et politique<br />
qui quitte la chanson française. Comme un<br />
appel à la nouvel<strong>le</strong> génération, auquel George<br />
Sound s’engage à répondre.<br />
Texte : Christophe Payet<br />
Photos : Pierre Wetzel<br />
“Bouts de thérapie” -<br />
Ladilafé / L’Autre Distribution<br />
myspace.com/georgesoundmusic<br />
36<br />
“BOUTS DE THÉRAPIE”<br />
(LADILAFÉ / L’AUTRE DISTRIBUTION)<br />
Dès l’ouverture, <strong>le</strong>s bases du premier<br />
album de George Sound sont posées :<br />
la Ballade en délits mineurs mê<strong>le</strong> <strong>le</strong> rap<br />
à la chanson, la guitare aux samp<strong>le</strong>s.<br />
Ce treize titres a su associer la diversité<br />
des genres à l’unité du propos. Combats<br />
de sourds, Mur de détails : <strong>le</strong>s textes<br />
n’épargnent rien à notre société malade.<br />
En p<strong>le</strong>in coeur du disque se trouve <strong>le</strong><br />
morceau éponyme : Bouts de thérapie,<br />
un morceau é<strong>le</strong>ctro et é<strong>le</strong>ctrochoc. Une<br />
perte de repère et d’identité, un peu à<br />
l’image du groupe. Sur la fin de l’album,<br />
l’ambiance se fait plus pop. On y trouve<br />
d’ail<strong>le</strong>urs la plupart des rares textes en<br />
anglais (My litt<strong>le</strong> bed, Maybe wrong).<br />
Les riffs sont soup<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s mélodies et<br />
<strong>le</strong>s chœurs entraînants. Cet intermède<br />
anglo-saxon fonctionne assez bien et<br />
parvient à ne pas s’iso<strong>le</strong>r du reste du<br />
projet et de sa cohérence. Mais avec<br />
So<strong>le</strong>il morphine, George Sound conclut<br />
l’opus comme il l’a ouvert : du rap, de la<br />
chanson, des guitares, des machines et<br />
surtout de puissants textes en français.