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Raphaël Lugassy<br />
Katel<br />
JONGLEUSE POÉTIQUE, RIMEUSE MUSICALE, L’EX-DUN LEIA, KAREN LOHIER, CONFIRME LES<br />
ESPOIRS QUE L’ON AVAIT PLACÉ EN ELLE ET SIGNE UN NOUVEL ALBUM AUX BELLES ALLURES<br />
ROCK. RENCONTRE AVEC UNE ARTISTE À LA RECHERCHE DU MOUVEMENT PERPÉTUEL.<br />
De Dun Leia, sa première formation<br />
en duo avec Skye (aujourd’hui guitariste<br />
et complice de Christophe<br />
Wil<strong>le</strong>m), Katel aura conservé une solide expérience<br />
de la scène et des envies de sonorités<br />
françaises. Notes et mots, même<br />
combat pour cette artiste aussi poétesse<br />
que musicienne qui livrait en 2003 un EP<br />
rock-folk aussi rugueux que fulgurant qui,<br />
à l’époque, avait séduit notre rédaction. On<br />
pensait être alors à la veil<strong>le</strong> de l’éclosion de<br />
la nouvel<strong>le</strong> égérie des amateurs d’écriture<br />
subti<strong>le</strong> et de compositions intenses. C’était<br />
sans compter sur <strong>le</strong>s vicissitudes du music<br />
business… Prise dans l’imbroglio des rachats<br />
de maison de disques, son premier<br />
album fort réussi, Raides à la vil<strong>le</strong>, ne<br />
connaîtra pas l’existence sereine qu’il méritait<br />
puisqu’il ne sortira fina<strong>le</strong>ment que<br />
deux ans plus tard et seu<strong>le</strong>ment en version<br />
numérique après maints reports de publication.<br />
Il aura été propice toutefois à une<br />
bel<strong>le</strong> rencontre, cel<strong>le</strong> de Nosfell, prenant<br />
corps sur Quel animal vit réenregistré en<br />
duo, mais aussi l’occasion de faire vivre plusieurs<br />
années durant son répertoire sur <strong>le</strong>s<br />
scènes de musiques actuel<strong>le</strong>s, entourée<br />
d’un groupe désormais solide composé de<br />
Nicolas Marsanne à la guitare, Julien Grasset<br />
à la basse et Char<strong>le</strong>s-Antoine Hurel à la<br />
batterie. Ces mêmes acolytes qui l’accompagnent<br />
désormais en studio et que l’on retrouve<br />
sur Decorum, nouvel opus qui est bel<br />
et bien disponib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s (bons) bacs ce<br />
printemps.<br />
Conservant la cou<strong>le</strong>ur rock de ses prestations<br />
scéniques, <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s compositions<br />
se parent d’accords majeurs et jouent sur<br />
<strong>le</strong>s nuances : “J’ai beaucoup travaillé<br />
harmoniquement afin d’appuyer <strong>le</strong>s<br />
contrastes, de développer <strong>le</strong>s ambiguïtés<br />
entre <strong>le</strong> lumineux et <strong>le</strong> sombre. Même au niveau<br />
rythmique j’ai tenu à ouvrir <strong>le</strong> champ.”<br />
Quant au travail de la langue, l’objectif reste<br />
inchangé : “Ce qui m’a toujours intéressée<br />
dans l’écriture de chanson, c’est la fusion<br />
avec la musique. Tout d’un coup une phrase<br />
surgit, puis je développe musica<strong>le</strong>ment et<br />
textuel<strong>le</strong>ment : musique et paro<strong>le</strong>s arrivent<br />
ensemb<strong>le</strong>. D’ail<strong>le</strong>urs je ne garde que <strong>le</strong>s<br />
chansons qui naissent ainsi. Il faut qu’il y ait<br />
un principe de nécessité entre <strong>le</strong>s deux.” Et<br />
si <strong>le</strong> propos relève davantage du poétique<br />
que du narratif, il s’inscrit toutefois dans<br />
une recherche continue depuis Raides à la<br />
vil<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> du déplacement : “L’escalier est<br />
un mot qui est revenu de manière récurrente<br />
au fil de la composition de Decorum, cette<br />
symbolique de l’ambigu, du mouvement<br />
suspendu. Tout escalier monte et descend,<br />
on ne peut jamais définir son sens. Comme<br />
15<br />
en musique, il y a aussi des bouc<strong>le</strong>s qui ne<br />
vont nul<strong>le</strong> part, mais qui laissent une impression<br />
de déplacement.” Une réf<strong>le</strong>xion<br />
qui se matérialise par une réel<strong>le</strong> richesse<br />
tout au long de l’album, du clin d’œil à la<br />
musique contemporaine dans <strong>le</strong>s chœurs de<br />
Chez Escher au travail de la matière des voix<br />
qui se déclinent d’un titre à l’autre, en passant<br />
par l’arrangement de cordes digne<br />
d’une BO de film sur Hur<strong>le</strong>ment.<br />
Sans jamais se révé<strong>le</strong>r prétentieuse ou intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>,<br />
la musique de Katel est<br />
d’abord essentiel<strong>le</strong>ment vivante et se révè<strong>le</strong><br />
fina<strong>le</strong>ment en live. El<strong>le</strong> existe ainsi depuis<br />
ses débuts sur scène, qu’el<strong>le</strong><br />
l’interprète en trio (batterie, piano, guitare),<br />
en solo ou désormais en formation rock<br />
plus traditionnel<strong>le</strong>. Jouant sur <strong>le</strong>s intensités,<br />
l’élan singulier propre aux sets de la<br />
demoisel<strong>le</strong> ne laisse aucun spectateur de<br />
marbre. Afin d’al<strong>le</strong>r à la rencontre de tous<br />
<strong>le</strong>s publics, Katel sort ainsi d’une tournée<br />
de deux mois en cafés-concerts avant d’entamer<br />
une série de dates en sal<strong>le</strong>s et festivals,<br />
dont une cet été aux Francofolies de La<br />
Rochel<strong>le</strong>. Alors vous savez ce qu’il vous<br />
reste à faire !<br />
Caroline Dall’o<br />
“Decorum” - Polydor / Universal<br />
katelsong.free.fr