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Raphaël Lugassy<br />

TU DÉNONCES AUSSI LES EXCÈS DU RAP, LE BLING-BLING<br />

ET LA FLAMBE. CELA NE T’A JAMAIS ATTIRÉ DE PROBLÈME ?<br />

Non. Je ne tape pas sur <strong>le</strong>s rappeurs frimeurs<br />

pour <strong>le</strong> plaisir, c’est une façon de par<strong>le</strong>r de la<br />

connerie humaine en général. Je grossis <strong>le</strong> trait<br />

pour en faire des archétypes de trous du cul,<br />

mais la bêtise n’est pas l’apanage du rap, el<strong>le</strong><br />

est partout. Avoir un œil critique sur son propre<br />

milieu est simp<strong>le</strong>ment une lucarne pour regarder<br />

<strong>le</strong> monde.<br />

TES TEXTES SONT UN CONDENSÉ PLUTÔT IMPRESSION-<br />

NANT D’ALLITÉRATIONS, ASSONANCES ET JEUX DE MOTS.<br />

TU LES TRAVAILLES BEAUCOUP ?<br />

Certains, oui. Mais je m’interdis de <strong>le</strong>s retoucher trop, parce que<br />

quand je commence, je n’arrête plus ! Je préfère garder ce qu’il y a<br />

de brut et instinctif dans <strong>le</strong>s textes. La technique, à proprement<br />

parlé, m’est surtout venue avec <strong>le</strong> temps. Les premiers textes que<br />

j’écrivais, à 14 ans, étaient mauvais. Petit à petit, certains ont été<br />

moins mauvais. Ces allitérations et assonances sont progressivement<br />

devenues ma façon de penser et d’écrire.<br />

TU AS COMMENCÉ À CHANTER TRÈS JEUNE. COMMENT AS-TU VÉCU<br />

L’ÉMERGENCE DU RAP FRANÇAIS ?<br />

Au départ, j’écoutais du son américain. Quand j’ai entendu du rap<br />

français pour la première fois, j’ai pris une énorme claque. Jusquelà,<br />

l’éco<strong>le</strong> nous avait appris que l’écrit était réservé à l’élite. Ce n’était<br />

pas pour nous. Avec <strong>le</strong> rap, cet interdit a sauté. Soudain, <strong>le</strong>s jeunes<br />

des quartiers ont eu <strong>le</strong> droit de toucher aux mots sans avoir la<br />

tronche de Victor Hugo juste derrière <strong>le</strong>ur épau<strong>le</strong>, à ricaner. Le pied !<br />

POURQUOI AS-TU ATTENDU DIX ANS AVANT D’ENREGISTRER TON PREMIER ALBUM ?<br />

Parce que je n’étais pas sûre de moi. J’écrivais beaucoup de textes,<br />

“Pas besoin<br />

de toucher<br />

<strong>le</strong> RMI pour<br />

avoir une<br />

conscience<br />

socia<strong>le</strong>.”<br />

25<br />

dont certains très mauvais : autant qu’ils restent<br />

dans l’ombre et garder <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur pour un<br />

disque. Je voulais être certaine de pouvoir me<br />

réécouter sans me foutre la honte ! Tout cela a<br />

pris du temps. Mais il y a une autre raison :<br />

quand j’ai commencé à rapper, je ne pigeais<br />

pas grand-chose aux contrats, aux studios, aux<br />

masterings… Je ne voulais pas al<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong><br />

mur, alors j’ai attendu de comprendre quelque<br />

chose à tout ça.<br />

FAUT-IL HABITER EN BANLIEUE POUR FAIRE DU RAP ?<br />

Non ! Pour porter un regard critique sur <strong>le</strong><br />

monde et comprendre ce qu’est la vulnérabilité,<br />

<strong>le</strong> lieu où l’on vit n’a pas d’importance. Pas besoin de toucher <strong>le</strong><br />

RMI pour avoir une conscience socia<strong>le</strong>. Heureusement ! Bien sûr,<br />

habiter en banlieue donne une légitimité ; ça permet de savoir de<br />

quoi l’on par<strong>le</strong>. Mais pour certains rappeurs, c’est devenu une posture.<br />

Comme pour <strong>le</strong>s rockeurs avec <strong>le</strong>urs jeans moulant et la<br />

mèche dans <strong>le</strong>s yeux : du marketing.<br />

QUE T’AS APPORTÉ TON EXPÉRIENCE AVEC LE GROUPE ZONE LIBRE ?<br />

Faire deux fois plus de concerts ! Dans <strong>le</strong> rap, jouer trente dates<br />

dans l’année, c’est une tournée intergalactique. Avec Zone Libre,<br />

nous en avons fait soixante ! Le rap tourne moins que <strong>le</strong> rock, peutêtre<br />

parce que <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s ont peur de nous programmer. El<strong>le</strong>s imaginent<br />

que des bandes d’émeutiers vont venir tout brû<strong>le</strong>r. Peut-être<br />

aussi parce que <strong>le</strong> public du rap se déplace moins en concert.<br />

Après tout, beaucoup ont 15 ans. A cet âge-là, tu ne traînes pas<br />

dans <strong>le</strong>s rues jusqu’à minuit !<br />

Aena Léo<br />

“Libérez la bête” - Ladilafé / L’Autre Distribution<br />

myspace.com/caseyofficiel

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