Institut Béarnais Institut Béarnais - Institut Béarnais Gascon

10 La létre de l’Institut Biarnés e Gascoû 2009
« BIARNÉS CAP
E TOUT»
Lorsqu’on s’appelle Pierre Bordenave, on ne
peut cacher ses origines béarnaises, non seulement
les cacher mais les revendiquer. Si vous
poussez la porte de son magasin de la Maison du
Beau Linge à Coarraze vous découvrirez sur bien des
chemises, chemisettes, tee-shirts, polos, torchons,
serviettes, la tête d’un petit béarnais coiffé du béret
du même nom paraphée de la griffe « Cap e tout », en
langue de chez nous, chose à laquelle tient ce commerçant
qui maintient ainsi une identité à laquelle il
tient.
Il n’est pas le seul puisque cette griffe est parfois
déterminante dans le choix des acheteurs parmi lesquels
beaucoup de jeunes, chose qui fait plaisir au
négociant. « Ils ne se trompent pas dans leur choix
car ils exigent montrer ainsi la personnalité particulière
de notre province gasconne ».
Pierre Bordenave a même vendu récemment des
polos à des vacanciers venus des Etats-Unis, ravis
de ramener chez eux l’effigie de notre petit Béarnais.
« Petit més hardit » comme on dit chez nous.
ETRE MAIRE
EN BÉARN :
du seigneur à l’entrepreneur 1944 - 1989
Presse Universitaire du Mirail, Toulouse,
2008 (33 euros)
Cet ouvrage important par son volume
(362 pages) et par son contenu, est
l’œuvre de Colette Moreux, une des
premières militantes du mouvement en
faveur du béarnais qui s’est développé dans
les années 1980 et a abouti à la création de
notre Institut Béarnais et Gascon. Cette
sociologue, décédée en 2003, a eu l’occasion,
en tant qu’enseignant-chercheur à
l’Université de Pau, de mener une enquête
approfondie sur la vie d’une commune du
Béarn rural. Douée d’un regard vif et en
même temps bienveillant, ainsi que d’une
plume allègre, elle nous donne un tableau
très vivant d’une scène politique municipale,
avec tous les enjeux qu’elle comporte, dans
tous les domaines. Dans ce village (qui reçoit
dans le livre le nom fictif de Labarthe), deux
personnalités exceptionnelles se sont succédé
dans la fonction de maire. Le premier,
continuateur d’une tradition héritée des
« seigneurs » locaux, jouissant de la confiance
de tous, gérait sa commune comme une
grande famille, en la préservant le plus possible
des influences extérieures. Le second a
interrompu ce « règne » paisible : ouvert
aux réalités économiques contemporaines, il
a su faire bénéficier sa commune de l’apport
de nouveaux arrivants, mais en même temps
il a réussi à en préserver la personnalité et à
y sauvegarder la qualité de vie : sous « l’entrepreneur
» subsistait quelque chose du
« père de famille », pour la plus grande satisfaction
de ses électeurs, « anciens » ou
« nouveaux ».
L’ouvrage de Colette Moreux permettra aux
Béarnais d’aujourd’hui de tirer les leçons de
l’action, souvent méconnue, de ces hommes
publics locaux qui ont su maintenir et adapter
au monde moderne une culture formée
par une longue histoire.