Amaigrissement - Orientation diagnostique devant - Serveur ...

Faculté de Médecine de Marseille
fréquemment retrouvé de même que des syndromes immuno-prolifératifs (maladie de Hodgkin,
lymphomes non-hodgkiniens, leucémies…). L'amaigrissement est rarement isolé ou le reste peu
longtemps.
6.8. L'amaigrissement des maladies systémiques
Toutes les grandes affections systémiques sont susceptibles d'entraîner un amaigrissement qui est
rarement isolé ou révélateur. Le diagnostic repose sur les recherches d'auto-anticorps,
antinucléaires pour les connectivites, anticytoplasme de polynucléaires neutrophiles pour
certaines vascularites (maladie de Wegener surtout). La biopsie d'organe ou d'adénopathie reste
nécessaire pour faire ou confirmer le diagnostic d'une granulomatose (sarcoïdose, syndrome de
Churg et Strauss…) ou des maladies de surcharge (amylose systémique…). La biopsie artérielle
est précieuse pour les vascularites des gros vaisseaux (maladie de Horton ou de Takayasu) et la
biopsie musculaire pour les vascularites des vaisseaux de petit et moyen calibre (périartérite
noueuse). Un amaigrissement s'inscrit souvent dans une altération plus marquée de l'état général
(fièvre, anorexie, asthénie) lors des poussées de la maladie causale.
6.9. Les amaigrissements psychogènes
En dehors de l'anorexie mentale, la dépression est un diagnostic souvent évoqué, soit
réactionnelle à un événement traumatique, soit endogène. Il s'agit toutefois d'une notion vague
qu'il faut préciser en s'aidant éventuellement du psychiatre et en essayant de bien cerner la
structure de la personnalité du patient. Elle peut parfaitement s'intriquer avec une
symptomatologie organique. Il est important alors, face à un patient amaigri et en mauvais état
général, de faire la part des choses et de ne pas réfuter l'hypothèse psychogène d'emblée, celle-ci
pouvant s'en trouver renforcée en cas de négativité de l'enquête étiologique organique.
6.10. Le cas particulier du sujet âgé
L’amaigrissement est souvent sous-tendu par la tendance à l’anorexie et à la malnutrition. Les
principaux facteurs sont le vieillissement sensoriel, l’altération de la denture et le mauvais état
gingival, les insuffisances d’apports alimentaires favorisées par l’isolement social ou familial, la
diminution des ressources financières, la diminution des capacités physiques (mastication,
déglutition, difficultés à la marche réduisant les possibilités d’approvisionnement, déficits
moteurs et cognitifs) qui concourent à la perte d’autonomie.
Il faut rappeler ici la tendance à la polypathologie qui caractérise cette période de la vie et la
prise fréquente et souvent excessive de nombreux médicaments.
6.11. Les amaigrissements "inexpliqués"
Dans 10 % des cas environ, aucun diagnostic étiologique ne peut être établi lors du premier
bilan. Le suivi clinique régulier permet alors bien souvent d'observer la rétrocession spontanée
de la perte pondérale, sinon la recherche de symptômes fonctionnels nouveaux ou d'anomalies
cliniques conduit à la reprise d'investigations dirigées de rentabilité supérieure à celle d'une
enquête "aveugle".
Il est rare qu'une cause organique ne s'exprime pas dans les six mois suivant la première
évaluation.
DCEM 2 – Module 12 - Médecine Interne, Gériatrie. 10