Amaigrissement - Orientation diagnostique devant - Serveur ...

Faculté de Médecine de Marseille
diurétiques ou de laxatifs est fréquente. Cliniquement, l'acrosyndrome est banal. La
parotidomégalie est fréquente en cas d'accès boulimiques associés. Dans les formes graves et
évoluées, le tableau peut s'enrichir de manifestations endocriniennes plus diffuses (baisse des
hormones thyroïdiennes, hypercortisolisme, potomanie), d'atteinte musculaire, voire d'anomalies
hématologiques (moelle gélatineuse).
6. Les grandes avenues étiologiques
6.1. Amaigrissement lié à l'alcoolisme
L'alcoolisme est la cause la plus fréquente de malnutrition dans les pays développés. Les effets
toxiques de l'éthanol, les déséquilibres dans les apports alimentaires, les lésions gastriques,
intestinales, hépatiques et pancréatiques, la faible consommation de nutriments, la réduction des
réserves énergétiques et l'association fréquente à un tabagisme concourent à la perte de poids qui
reste néanmoins très variable d'un individu à l'autre.
6.2. Amaigrissement des endocrinopathies
A côté de l'hyperthyroïdie et du diabète, il faut mentionner l'insuffisance surrénalienne lente
(maladie d'Addison). Le tableau clinique comporte l'asthénie qui est majeure, à tous les modes et
inquiète le malade, la perte de poids qui est constante et progressive, la mélanodermie qui est
caractéristique ("maladie bronzée"), les tâches muqueuses ardoisées dans la cavité buccale qui
sont hautement évocatrices mais inconstantes, la tendance à l'hypotension et à l'hypoglycémie, et
l'anorexie avec appétence pour le sel. L'opsiurie (retard à l'élimination de l'eau) est
pathognomonique, mais l'historique test de surcharge en eau de Robinson qui servait à
l'objectiver est aujourd'hui supplanté par les dosages hormonaux. Un passé tuberculeux ou un
contexte auto-immun guideront l'enquête étiologique.
L'insuffisant hypophysaire si caractéristique avec son faciès pâle et sa peau vieillie, atrophique,
fine, luisante et plissée, sa dépilation atteignant la barbe chez l'homme, son hypotension et ses
lipothymies, n'échappera pas au clinicien. Un syndrome chiasmatique associé orientera vers une
tumeur hypophysaire. Chez la femme, une absence de montée laiteuse et de retour de couche
après un accouchement conduira au diagnostic de syndrome de Sheehan (nécrose hypophysaire
du post-partum). Enfin, chez l'enfant, un retard staturo-pondéral, une acromicrie et un diabète
insipide conduiront à rechercher un crâniopharyngiome.
6.3. Les amaigrissements des malabsorptions et des
maldigestions
Il s'agit ici d'affections très nombreuses du tube digestif ou de ses annexes. Typiquement le
tableau clinique associe amaigrissement et diarrhée chronique, avec ou sans douleurs
abdominales. Une anémie par carence martiale et/ou par carence vitaminique (B12 ou B9), une
ostéomalacie, une hypocholestérolémie, une baisse du taux de prothrombine, une
hypogammaglobulinémie sont autant d'éléments pertinents d'orientation. La maladie cœliaque
(intolérance au gluten) et les pancréatites chroniques sont des exemples caractéristiques. Le
diagnostic est aujourd'hui facilité par les endoscopies digestives qui permettent des biopsies et
les progrès de l'imagerie qui permet de bien visualiser les annexes, pancréas et foie. Quelques
tests fonctionnels reste utiles (D-Xylose notamment) de même que le dosage de certaines
enzymes digestives (amylase, lipase).
Quelquefois des antécédents de résection intestinale ou de gastrectomie viennent très vite
expliquer le tableau clinique.
DCEM 2 – Module 12 - Médecine Interne, Gériatrie. 8