16.05.2014 Views

Guide Méthodologique du Patrimoine - Pays Haut Languedoc et ...

Guide Méthodologique du Patrimoine - Pays Haut Languedoc et ...

Guide Méthodologique du Patrimoine - Pays Haut Languedoc et ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Pays</strong> <strong>Haut</strong> <strong>Languedoc</strong> <strong>et</strong> Vignobles / Mission <strong>Patrimoine</strong> / <strong>Guide</strong> Méthodologique<br />

LE GOTHIQUE MERIDIONAL<br />

Caractéristiques de l’art gothique méridional<br />

Le gothique méridional désigne un courant de l'architecture gothique, développé dans le Midi de la France, qui se<br />

caractérise par l'austérité des constructions, l'utilisation de contreforts à la place d'arcs-boutants <strong>et</strong> des<br />

ouvertures rares <strong>et</strong> étroites. En outre, beaucoup des édifices ayant adopté ce style se contentent d'une nef unique<br />

<strong>et</strong> ont été couverts par des charpentes reposant sur des arcs diaphragmes. Eglises gothiques méridionales, à nef<br />

unique, basse, large <strong>et</strong> sombre.<br />

Sainte-Eulalie, une église fortifiée<br />

Située à une vingtaine de kilomètres au nord de Narbonne, l’église fortifiée de Sainte-Eulaliede-Cruzy,<br />

est l’un des très rares sanctuaires ruraux de la région à avoir conservé ses vitraux<br />

anciens. Dans un pays où les guerres de religion ont détruit toute représentation figurative<br />

sculptée ou peinte, la présence de vitraux médiévaux n’en acquiert que plus d’intérêt. Ces<br />

fragments ont été classés Monument Historique dès 1911.<br />

La paroisse de Cruzy dépendait au Moyen Age <strong>du</strong> diocèse de Narbonne. C<strong>et</strong>te situation<br />

privilégiée explique probablement l’ampleur <strong>et</strong> la qualité architecturale <strong>du</strong> monument.<br />

Citée dans les textes dès le Xe siècle, rebâtie à l’époque romane, l’église Sainte-Eulalie a été<br />

entièrement reprise au XIIIe <strong>et</strong> XIVe siècles <strong>et</strong> fortifiée au cours des XVe <strong>et</strong> XVIe siècles. L’édifice<br />

gothique a toutefois conservé quelques vestiges de l’église romane qui était à trois nefs avec un<br />

p<strong>et</strong>it transept. Caractéristique <strong>du</strong> gothique méridional, l’église comporte une large nef unique<br />

de 17 mètres de portée sur laquelle on a lancé au début <strong>du</strong> XIVe siècle, une impressionnante<br />

voûte en berceau brisé, renforcée de doubleaux moulurés. C’est à la même époque qu’on<br />

construisit l’abside polygonale flanquée de deux p<strong>et</strong>ites chapelles carrées qui s’ouvrent<br />

directement sur la nef selon un dispositif fréquent dans l’architecture gothique méridionale.<br />

L’abside <strong>et</strong> les absidioles sont ajourées de longues <strong>et</strong> étroites fenêtres à deux formes avec meneau central <strong>et</strong> remplage trilobé.<br />

Même si toute la vitrerie de l’église a été refaite à la fin <strong>du</strong> XIXe siècle dans un style néogothique (grande figure de saints <strong>et</strong><br />

composition en grisaille), plusieurs fragments de vitraux gothiques ont été conservés dans les fenêtres <strong>du</strong> chev<strong>et</strong>.<br />

C’est dans la partie supérieure de la fenêtre de l’absidiole sud que se trouve le fragment le plus ancien, probablement l’œuvre<br />

des ateliers narbonnais travaillant pour la cathédrale. C<strong>et</strong>te scène d’arrestation d’un diacre (saint Etienne ou saint Laurent) peut<br />

être attribuée, par l’élégance de la composition, la vivacité des couleurs, l’expression des visages <strong>et</strong> les détails vestimentaires,<br />

au XIVe siècle.<br />

Le vitrail <strong>du</strong> martyr de sainte Eulalie est constitué de dix panneaux répartis sur les deux lanc<strong>et</strong>tes de la verrière centrale, six<br />

dans la partie supérieure, quatre à la base de la fenêtre, séparés par deux grandes figures de saints insérées là au XIXe siècle. Il<br />

relate selon les nombreux textes hagiographiques 18 <strong>du</strong> Moyen Age, la Passion <strong>et</strong> la mort de sainte Eulalie, son martyre de<br />

Mérida, en Catalogne, pendant la persécution de Dioclétien, dont le culte était largement répan<strong>du</strong> dans le Midi de la France.<br />

Les panneaux sont bordés verticalement d’une succession de p<strong>et</strong>its rectangles alternativement verts <strong>et</strong> jaunes, ces derniers<br />

étant parfois ornés de coronelles en grisaille. Les dix scènes sont encadrées par un motif d’architecture flamboyante (arc en<br />

accolade reposant sur des colonn<strong>et</strong>tes torsadées), traitées en camaïeu de jaune, elles se détachent sur un fond damassé de<br />

rinceaux vert ou viol<strong>et</strong> délicatement traités « au p<strong>et</strong>it bois ».<br />

En opposition très n<strong>et</strong>te avec l’encadrement précieux <strong>et</strong> raffiné des scènes, qui évoque l’enluminure, la simplicité des<br />

personnages, la sécheresse <strong>du</strong> dessin <strong>et</strong> le caractère réaliste des figures font penser au style vigoureux des xylographies <strong>du</strong> XVe<br />

siècle, époque à laquelle on peut attribuer le vitrail de sainte Eulalie.<br />

18 Histoire de la vie des Saints.<br />

Document de travail / Septembre 2011<br />

17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!