Les Jeux du Val-de-Marne - Conseil général du Val-de-Marne

RENCONTRE
MÉMOIRE 55
BOUGER EN VAL-DE-MARNE
Mémoire collective,
histoire commune
DOMINIQUE FALCOZ / Présidente de Réseau
mémoires et histoires en Île-de-France,
directrice du théâtre de la Nuit à Arcueil
© ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU VAL-DE-MARNE.
Le réfectoire du P-L-M. Vers 1910.
vivent dans une grande précarité liée à
l’augmentation du coût de la vie et à des
conditions de logement déplorables. En
1920, ils se lancent dans une grève, qui
sera suivie dans d’autres centres du réseau
ferré français et par d’autres corporations.
Malgré l’ampleur du mouvement, ils ne se
font pas entendre et reprennent le travail,
pour ceux qui ne sont pas révoqués, à la
fin du mois de mai. Dans le même temps,
la cité cheminote s’édifie. Au début des
années 1930, elle associe des maisons et
des immeubles mais aussi des bainsdouches,
un stade et un dispensaire.
« Une Babylone ferroviaire »
EN MAI AUX ARCHIVES
La cité du P-L-M de Villeneuve-Triage. Vers 1930.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le
dépôt de Villeneuve-Triage constitue un
site stratégique pour les autorités allemandes,
tandis que la résistance cheminote
s’organise et contribue à l’insurrection de
la région parisienne à l’été 1944. Après la
Libération, le nombre de syndiqués augmente
considérablement et permet un fort
suivi lors des grèves de 1947, souhaitant
une amélioration des conditions de vie
alors que s’édifie un nouveau dépôt. En
effet, le triage, ayant subi de lourds bombardements
en 1944, est entièrement
réaménagé, de 1945 à 1950, autour d’une
rotonde en béton armé d’une superficie de
7 000 mètres carrés, la plus grande de
France à l’époque.
Situé au point de contact des régions sudest
et sud-ouest et à proximité de la grande
ceinture donnant accès aux régions Est,
Nord et Ouest, il constitue, aux yeux de
l’écrivain Blaise Cendrars, une véritable
« Babylone ferroviaire ». ■ ÉLISE LEWARTOWSKI
• Du 14 au 19 mai, les Archives reçoivent la semaine val-de-marnaise du Printemps
de la mémoire. Journée de clôture le 19 mai au théâtre Aleph à Ivry, avec des films,
spectacles, expositions et débats. Réservation au 01 47 35 18 00.
POUR EN SAVOIR PLUS : www.memoires-histoires.org.
• Le 15 mai, projection du film Les Cheminots, au Sud-Est théâtre de Villeneuve-
Saint-Georges. En partenariat avec l'IHOVAM (Itinéraires et histoire ouvrière en
Val-de-Marne).
• Le 27 mai, rencontre avec des plasticiens et des poètes sud-africains,
en partenariat avec le MAC/VAL et la Biennale des poètes en Val-de-Marne.
POUR EN SAVOIR PLUS : 01 45 13 80 50 et sur www.cg94.fr/archives.
© ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU VAL-DE-MARNE.
Réseau mémoires & histoires en Île-de-France,
créé en 2010, fédère une quarantaine
d’associations engagées dans un projet
mémoriel. Comment reliez-vous mémoire
et histoire ?
Le recueil de récits, d’images, tout ce qui relève
de la mémoire individuelle fait émerger le vécu
des habitants, des quartiers, des petites gens.
Ces témoignages permettent d’intégrer
les transformations urbaines, les migrations et
le monde du travail dans le matériau de l’histoire.
Mais si on se limite aux points de vue particuliers,
parfois contradictoires, on prend le risque
de se retrouver dans un conflit mémoriel,
mémoire contre mémoire. L’approche historique,
globale et objectivée, apporte une distanciation.
Le recul scientifique permet de resituer
ce que nous vivons, nos histoires personnelles,
dans une histoire commune. Cela nous donne
des clés de compréhension de notre propre vécu
dans la société et nous permet de sentir que nous
faisons partie d’une histoire collective.
Quand la mémoire intéresse le collectif,
elle entre dans l’histoire.
Quelles sont les différentes approches
de la mémoire abordées par votre association ?
Nous abordons les questions de migrations,
et en particulier d’immigration, comme de
nombreux réseaux de mémoire, mais nous
abordons aussi les thématiques du travail,
du monde ouvrier et les questions d’urbanisation
sur le territoire francilien ou au-delà. Chacun des
membres du réseau a son approche, scientifique,
historique, sociologique ou artistique.
La constitution d’un réseau et l’organisation
de la biennale du Printemps de la mémoire*
permet de révéler, et de partager,
entre associations mais aussi avec le public,
la richesse des questions posées par la société
civile sur son passé. Une réflexion qui précède
bien souvent celle des scientifiques.
PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE PISANI
* Du 13 mai au 13 juin en Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis,
Val-d’Oise et à Paris. L’événement conjugue spectacles,
expositions, conférences… Des journées d’étude et de formation
sont aussi proposées.
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL • N°301 • MAI 2013