Mouvements et tendances - Api

Pôles de compétitivité
Valorial prépare l’aliment de demain
C’était hier, dans la France de l’après-guerre. La Bretagne, Jeunesse agricole
catholique en tête, voulait contribuer à « nourrir le monde ». Un objectif de
masse qui a engendré un productivisme à tout crin dont chacun mesure
aujourd’hui les limites. Avec une demande croissante de consommation ciblée
et personnalisée, une page se tourne.
Voilà le défi que se propose de relever le pôle de compétitivité Valorial. Un rôle
qui revenait naturellement à la première région agroalimentaire de l’Hexagone
et première région exportatrice d’Europe, même si le territoire voisin des Pays
de la Loire revendiquait également une telle légitimité.
Zones d’exonérations fiscales.
Compagnie des pêches Saint-Malo :
après le surimi, les acides aminés sur le pont
Parmi les tout premiers à se lancer dans la
fabrication du surimi, le groupe Compagnie
des pêches Saint-Malo rêve d’autres horizons.
Parce que la compétition devient de plus
en plus rude et parce qu’il faut coller aux tendances
de la consommation. La nouvelle étape
technologique envisagée consiste à tirer un
meilleur parti des qualités gustatives et nutritionnelles
du merlan bleu, l’espèce que traque
le Joseph-Roty II, l’un de ses deux bateaux
usines.
La fabrication de bâtonnets de surimi dans la filiale Comaboko.
L’entreprise indépendante entend valoriser
les protéines marines de sa ressource :
hydrolysées, elles deviennent peptides puis
encore acides aminés. Il en existe une vingtaine,
commercialisables sous différentes
formes : poudre, liquide ou additif. D’où la
création en mars 2005 d’une filiale dédiée,
Compagnie des pêches Saint-Malo santé. «
Les croissances du marché s’observent dans
les compléments alimentaires, relève Hubert
Drieu La Rochelle, directeur industriel et de
recherche. Notre protéine se distingue nettement
de ses concurrentes laitières et végétales
et pourrait être utilisée dans des
substituts de repas ou des boissons énergétiques
par exemple. » Ses atouts ? « Nous
disposons d’une matière première pérenne
grâce à nos quotas de pêche, d’une traçabilité
sécurisée et d’un poisson sauvage. » Le
dirigeant vise deux des quatre axes du pôle
Valorial, la nutrition/santé et les ingrédients
fonctionnels.
Numéro 3 du surimi
Il s’agit d’un virage stratégique, comme à la
fin des années 1980 lorsque le groupe s’est
trouvé confronté à la limitation des captures
de morue au large de Terre-Neuve, menaçant
son métier de marin. Ifremer terminait
alors son programme d’étude sur le surimi.
La Compagnie Saint-Malo saisit l’occasion et
installe avec le soutien de l’institut une
chaîne industrielle sur son navire. Ses premiers
tonnages de surimi-base sortent dès
1989, suivis en 1991 du bâtonnet via sa
société Comaboko. Elle est aujourd’hui le
troisième opérateur français derrière Fleury-
Michon et Bongrain, et ce succédané représente
55 % de son chiffre d’affaires. Une
part suffisamment importante pour tenter de
résister le plus longtemps possible à ses
rivaux. Tourné uniquement vers les MDD, le
groupe a lancé début 2005 sa marque propre
et achevé en 2004 la restructuration
pour 10 M€ du Joseph-Roty II. Cet investissement
en fait un bâtiment unique en
Europe. Et à terre, l’usine à Saint-Malo dispose
depuis 2003 d’une quatrième ligne de
fabrication.
56
La lettre API
L’Année économique de l’Ouest hors série / Janvier 2006