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anatole jakovsky - Bibliothèque Kandinsky - Centre Pompidou

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

À partir de ce texte, Anatole Jakovsky peut être replacé dans un contexte artistique plus large,<br />

celui de l’entre-deux-guerres. À la manière des peintres de la Nouvelle Objectivité allemande,<br />

mais sur un ton moins sarcastique, il prédit la guerre imminente et ses conséquences<br />

inéluctables :<br />

« Les femmes, les hommes, les enfants, l’acier, les bêtes, le goudron<br />

mêlés tous ensemble, richement endiamentés de verre. Partout. Immobiles. Et<br />

puis ce silence… » 205<br />

En 1936, à l’occasion d’une conférence donnée sur « la situation actuelle de la<br />

peinture » 206 , l’auteur revient sur ce texte :<br />

« Moi-même, l’année dernière, ayant été obligé d’écrire une préface<br />

pour un recueil de gravures des 24 meilleurs artistes de ce temps, j’ai dû devant<br />

des tendances si différentes, ascendantes et descendantes, pour la première et<br />

dernière fois, avoir recours à l’automatisme psychique. » 207<br />

Les vingt-trois gravures réalisées à cette occasion n’illustrent en rien le texte et vice-versa. On<br />

remarque chez certains artistes la reprise de compositions antérieures, c’est le cas notamment<br />

de Sophie Taeuber-Arp et de Giorgio de Chirico 208 . D’autres, au contraire, créent une œuvre<br />

destinée au recueil : Hans Erni et Jean Hélion proposent des constructions géométriques aux<br />

formes courbes entrecroisées. Les tenants du surréalisme ne sont pas exclus : Max Ernst,<br />

Alberto Giacometti et Juan Miró sont représentés.<br />

Peintres et sculpteurs sont ici rassemblés pour faire de cet ouvrage un des recueils de gravures<br />

les plus originaux de cette époque, en ce sens qu’il abhorre les clivages existants entre artistes<br />

tenant de l’abstraction géométrique et du surréalisme. Qui plus est, il fait la part belle aux<br />

œuvres biomorphiques : citons ici la gravure proposée par <strong>Kandinsky</strong> évocatrice de sa dernière<br />

période dite « parisienne », où des formes ovoïdes et organiques pullulent sous la présence de<br />

petits points figurant autant de cellules que d’atomes, c’est selon.<br />

Enfin, notre écrivain se place sous la tutelle d’un critique d’art célèbre, à savoir,<br />

Guillaume Apollinaire. Les Essais consacrés à Hans Erni, Hans Schiess, Kurt Seligmann,<br />

205 Idem, p. 94.<br />

206 A. JAKOVSKI, « La situation actuelle de la peinture », Renouveau esthétique, Paris, [s.n.], n°1, 1936, 7 p.<br />

207 Idem, p. 103.<br />

208 La gravure proposée par Giorgio de Chirico reprend le thème des lithographies réalisées pour le texte de Jean<br />

Cocteau en 1934 ; elles sont intitulées Mythologie. Il s’agit de dix planches de format 0. 285 x 0. 23 m conservées<br />

à Rome, à la Fondation Giorgio et Isa de Chirico. Voir Giorgio de Chirico, la fabrique des rêves, Jacqueline<br />

MUNCK dir., cat. expo., Paris, Musée d’art moderne de la ville de Paris, 13 février – 24 mai 2009, Paris, Paris<br />

musées éd., 2009, p. 153.<br />

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