anatole jakovsky - Bibliothèque Kandinsky - Centre Pompidou
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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />
Le texte, qui débute par l’évocation d’un quatrain de Nostradamus, se poursuit avec la mention<br />
des « toits » de la ville de Paris. Celle-là même qui, dans le texte sur Robert Delaunay, est<br />
annoncée comme suit :<br />
« […] je sentais là intensément, bien mieux que partout ailleurs, qu’il<br />
avait réussi quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, à saisir un certain air de Paris,<br />
cette inimitable couleur du temps qui passe, qui passait et qui ne reviendra plus<br />
jamais. Dans les contes de fées de jadis, on en faisait des robes, lui, il s’en<br />
servait pour habiller la Seine, les passerelles métalliques, les mêmes quais<br />
chantés auparavant par Henri Rousseau et dont on retrouvait justement un<br />
morceau dans sa "Ville de Paris", bref, autant d’instants passagers, derniers<br />
instants encore ensoleillés et heureux de cette ville déjà menacée, s’en allant<br />
prophétiquement pièce par pièce... Minée, chaotique, morcelée, martyrisée,<br />
mais avec quel amour! » 214<br />
Robert Delaunay, peintre parisien proche d’Henri Rousseau 215 , illustre les vers décousus de<br />
Jakovsky, empreints d’un spleen baudelairien (illustrations n°8, 10 à 12) :<br />
« à peine luit une vie dans cette pièce<br />
à peine un espoir se débat au plafond<br />
cloches pourfendues<br />
écluses desséchées<br />
attentes vaines<br />
raisons dédorées<br />
s’amassent dans le creux de ma main<br />
je hurle à la mort Je hurle à la mort<br />
à la mort A la mort<br />
à la pointe de ma solitude<br />
morne un crépuscule s’achève. » 216<br />
Annonçant les atrocités de la guerre qui se prépare, ce texte est prophétique sur plus d’un point.<br />
Il prévoit, un peu moins d’un an avant le début de la « Drôle de guerre », la mort, la destruction<br />
des villes par les obus et les cris suscités par les atrocités commises durant la Seconde guerre<br />
mondiale.<br />
Qu’en est-il des illustrations proposées par Robert Delaunay La couverture de<br />
l’ouvrage est une fluo-enluminure (illustration n°10), comprendre une gravure sur rhodoïd,<br />
représentant une vue en contre-plongée de la partie médiane de la « Dame de fer » qui s’ouvre<br />
214 Idem, p. 273.<br />
215 Berthe de Rose, la mère de Robert Delaunay a possédé une œuvre du Douanier Rousseau, La Charmeuse de<br />
serpents. Chez elle, Henri Rousseau fait la connaissance de Wilhelm Uhde (voir En quête de paternité, Opus I :<br />
Art Naïf, Art Moderne, DEVROYE-STILZ Anne dir., cat. expo, Nice, Direction des musées de Nice éd., 2006, p.<br />
38). Robert Delaunay a également peint un portrait du Douanier Rousseau : intitulé Portrait du Douanier<br />
Rousseau, c’est une huile sur toile datée de 1914 de 0.725 x 0.60 m. Le tableau est conservé au <strong>Centre</strong> <strong>Pompidou</strong>,<br />
à Paris.<br />
216 Anatole DELAGRAVE (pseudonyme d’Anatole JAKOVSKY), Clefs des pavés, Paris, [s.n.], 1939, p. 105-106.<br />
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