Fr-03-07-2013 - Algérie news quotidien national d'information
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ENQU<br />
14 dclg<br />
é a a e<br />
Kiosque inter<strong>national</strong><br />
Analyses &<br />
Décryptages<br />
Comment les Etats-Unis<br />
Der Spiegel, Laura Poitras, Marcel<br />
Rosenbach, Fidelius Schmid,<br />
Holger Stark et Jonathan Stock<br />
Le magazine Der<br />
Spiegel révèle<br />
l'envergure de<br />
l'espionnage américain<br />
en Europe. Chaque<br />
mois, la NSA surveille<br />
un demi-milliard de<br />
communications<br />
privées et les bâtiments<br />
de l'UE sont sur écoute.<br />
Une affaire qui menace<br />
les relations<br />
transatlantiques.<br />
Pour la National Security Agency<br />
(NSA), c'est un fiasco. Longtemps -<br />
contrairement à la CIA, l'agence du<br />
renseignement extérieur américain<br />
-, cette institution avait réussi à opérer sans<br />
éveiller l'attention du grand public. Edward<br />
Snowden aurait "irrévocablement causé de<br />
terribles dommages" aux Etats-Unis, se plaignait<br />
il y a près de deux semaines le directeur<br />
de la NSA, le général Keith Alexander,<br />
dans un entretien accordé à la chaîne de<br />
télévision ABC. Les documents de la NSA<br />
révélés par Snowden concernent bien plus<br />
qu'un ou deux scandales. Ils sont comme<br />
une sorte d'instantané électronique du<br />
fonctionnement, pendant une dizaine d'années,<br />
des services secrets les plus puissants<br />
du monde. Der Spiegel a été en mesure de<br />
consulter et d'analyser plusieurs de ces<br />
documents. Ces dossiers montrent que<br />
l'Allemagne occupe une place de choix dans<br />
le réseau de surveillance planétaire de la<br />
NSA - et comment les Allemands euxmêmes<br />
sont la cible des attaques de<br />
l'Amérique. Chaque mois, les services d'outre-Atlantique<br />
enregistrent près d'un demimilliard<br />
de communications en Allemagne.<br />
Personne n'est à l'abri<br />
Personne ou presque n'est à l'abri de<br />
cette rage de l'espionnage. Ne sont épargnés<br />
que quelques Etats triés sur le volet, que la<br />
NSA définit comme des amis proches, des<br />
partenaires de deuxième classe ("second<br />
party"), comme le dit un document interne<br />
: la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada<br />
et la Nouvelle-Zélande. Pour la NSA, ces<br />
pays ne seraient "pas des cibles, et il n'est pas<br />
nécessaire que ces partenaires fassent quelque<br />
chose qui serait aussi illégal pour la<br />
NSA," peut-on lire dans un texte classé "très<br />
secret". Cette réserve ne s'applique pas aux<br />
autres, tous les autres, y compris ce groupe<br />
d'une trentaine de pays considérés comme<br />
des partenaires de troisième classe ("third<br />
party"). "Nous pouvons intercepter les<br />
transmissions de la plupart de nos partenaires<br />
étrangers de troisième classe, et d'ailleurs,<br />
nous le faisons," se vante la NSA dans<br />
une présentation interne. A en croire la liste,<br />
l'Allemagne fait justement partie de ces pays<br />
placés sous surveillance. Ainsi, ces documents<br />
confirment ce que le gouvernement<br />
de Berlin soupçonne depuis longtemps : les<br />
services secrets américains, avec l'assentiment<br />
de la Maison-Blanche, ont le gouvernement<br />
fédéral à l'œil, y compris la chancelière.<br />
Il n'est pas étonnant non plus que la<br />
représentation de l'Union Européenne à<br />
Washington ait été mise sur écoute dans les<br />
règles de l'art, comme le montre un document<br />
auquel Der Spiegel a eu accès.<br />
Un service britannique<br />
peut surveiller tout le<br />
monde<br />
Ce qui importe, dans ces révélations, ce<br />
n'est pas que des Etats se surveillent les uns<br />
les autres, qu'ils épient leurs ministres et<br />
pratiquent l'espionnage industriel. La véritable<br />
révélation, c'est avant tout qu'il soit<br />
possible de surveiller ses propres ressortissants<br />
et ceux de pays étrangers au-delà de<br />
tout contrôle et de toute supervision efficace.<br />
Car le principe qui veut qu'un service<br />
du renseignement extérieur n'espionne pas<br />
ses concitoyens, ou alors seulement dans le<br />
cadre d'enquêtes individuelles, semble ne<br />
plus avoir cours dans ce monde de communication<br />
et de surveillance globales.<br />
Le GCHQ (Government<br />
Communications Headquarters, quartier<br />
général des communications du gouvernement),<br />
un service britannique, peut surveiller<br />
tout le monde, y compris les<br />
Britanniques, de même pour la NSA, y compris<br />
les Américains, mais le<br />
Bundesnachrichtendienst (BND), peut surveiller<br />
tout le monde, sauf les Allemands.<br />
Ainsi la Matrice étend-elle son réseau de<br />
surveillance universelle, où chacun, selon le<br />
rôle qui lui est dévolu, peut aider l'autre.<br />
Les documents montrent que les services,<br />
dans cette situation, font ce qui est logique<br />
sans pour autant violer la loi en<br />
Allemagne : ils échangent. Ils coopèrent de<br />
façon intensive. Ce qui vaut, outre les<br />
Britanniques et les Américains, pour le<br />
BND, qui assiste la NSA dans la cyber-surveillance.<br />
La NSA aurait empêché<br />
dix attentats<br />
Der Spiegel a choisi de ne pas publier de<br />
données susceptibles de mettre en danger la<br />
vie de collaborateurs de la NSA, de même<br />
que les noms de code correspondants. Il en<br />
va autrement des informations sur la surveillance<br />
générale des communications.<br />
Elles ne mettent personne en danger, mais<br />
permettent de prendre la mesure d'un système<br />
dont les dimensions dépassent l'entendement,<br />
ce qui, dans une démocratie, doit<br />
faire l'objet d'un débat. D'ailleurs, c'est une<br />
discussion de ce type, à l'échelle mondiale,<br />
qu'espère en réalité provoquer Snowden,<br />
c'est là la raison pour laquelle il a trahi le<br />
secret. Comme il le dit lui-même :<br />
"L'opinion publique doit décider si ces programmes<br />
sont justifiés ou non." Les faits<br />
qui, grâce à lui, sont désormais accessibles à<br />
l'opinion publique inter<strong>national</strong>e contredisent<br />
surtout le discours officiel de la<br />
Maison-Blanche. Ces opérations de surveillance<br />
seraient nécessaires pour prévenir des<br />
attentats terroristes, a affirmé le président<br />
Barack Obama lors de sa visite à Berlin.<br />
Alexander, le patron de la NSA, se défend en<br />
soutenant qu'aux Etats-Unis, la NSA aurait<br />
ainsi contribué à empêcher dix attentats. Et<br />
dans le reste du monde, ce sont cinquante<br />
complots terroristes qui auraient été éventés<br />
avec l'aide la NSA. C'est possible, mais difficile<br />
à vérifier, et ce n'est sans doute au mieux<br />
qu'une partie de la vérité. Des recherches<br />
effectuées à Berlin, Bruxelles et Washington,<br />
et les documents auxquels la rédaction a pu<br />
avoir accès, dévoilent toute l'envergure du<br />
système de surveillance des Etats-Unis.<br />
Dans ce réseau d'espionnage, l'Allemagne<br />
occupe une position centrale. Pour gérer le<br />
flux des données, la NSA a mis au point un<br />
programme baptisé "Boundless Informant"<br />
(Informateur sans frontières), dont l'existence<br />
a été révélée par le Guardian de<br />
Londres, avec qui Snowden coopère.<br />
L'Allemagne, objet d'une<br />
surveillance considérable<br />
Le programme est conçu pour traiter les<br />
enregistrements détaillés de l'ensemble des<br />
communications téléphoniques et autres<br />
"pratiquement en temps réel", ainsi qu'il est<br />
précisé dans une description. Ce n'est pas le<br />
contenu des conversations qui est enregistré,<br />
mais les métadonnées, autrement dit, les<br />
diverses connexions qui composent un<br />
appel. Ce sont ces données dont la conservation<br />
fait l'objet, en Allemagne, de débats<br />
acharnés depuis des années, et dont l'enregistrement<br />
a été interdit par la Cour constitutionnelle<br />
en 2010. "Boundless Informant"<br />
produit des cartes des pays d'où proviennent<br />
les données collectées par la NSA. Les<br />
pays les plus étroitement surveillés se trouvent<br />
au Moyen-Orient, auquel s'ajoutent<br />
l'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan, qui apparaissent<br />
en rouge vif sur la carte du monde<br />
de la NSA. En Europe, l'Allemagne est la<br />
seule à être indiquée en jaune, signe qu'elle<br />
fait l'objet d'une surveillance considérable.<br />
Un tableau de la NSA, publié pour la première<br />
fois par Der Spiegel, donne une idée<br />
du volume énorme des communications<br />
surveillées en Allemagne. Conformément à<br />
ce schéma, en décembre dernier, la NSA<br />
aurait intercepté en moyenne les métadonnées<br />
de près de 15 millions de communications<br />
téléphoniques par jour, ainsi que 10<br />
millions de connexions Internet. Le 24<br />
décembre, ces chiffres étaient de 13 millions<br />
pour les communications téléphoniques, et<br />
moitié moins pour les connexions Internet.<br />
60 millions de<br />
communications les jours<br />
de pointe<br />
Les jours de pointe, comme le 7 janvier<br />
de cette année, le volume de communications<br />
surveillées a atteint les 60 millions.<br />
Mois après mois, les Américains collectent<br />
jusqu'à un demi-milliard de connexions en<br />
Allemagne. C'est donc de la République<br />
fédérale que part l'un des plus gros flux<br />
<strong>d'information</strong>s du monde, qui va se perdre<br />
dans le gigantesque océan de données des<br />
services secrets américains.<br />
L'analyse des documents montre en<br />
outre à quel point le volume de données<br />
interceptées dans des pays comme la <strong>Fr</strong>ance<br />
et l'Italie est beaucoup plus modeste.<br />
Pendant la même période, les Américains<br />
ont récupéré chaque jour en moyenne deux<br />
millions de communications en <strong>Fr</strong>ance,<br />
atteignant les sept millions la veille de Noël.<br />
Pour la Pologne, elle aussi surveillée, les<br />
chiffres se situent entre deux et quatre millions<br />
pendant les trois premières semaines<br />
de décembre. Le travail de la NSA n'a pas<br />
grand-chose à voir avec la pose de mouchards<br />
et d'écoutes classiques, il ressemble<br />
plutôt à une couverture structurelle totale.<br />
Mais ce serait une erreur de croire que les<br />
métadonnées contiennent moins <strong>d'information</strong>s<br />
qu'une communication interceptée.<br />
Pour les agents des services, elles représentent<br />
une mine d'or, car non seulement<br />
elles révèlent les réseaux de contacts, mais<br />
elles permettent également d'étudier les<br />
habitudes de déplacement et même de prévoir<br />
le comportement éventuel des participants<br />
aux conversations interceptées.<br />
La NSA intercepte parfois<br />
avec l'accord des<br />
Allemands, parfois sans<br />
Si l'on en croit des initiés, au fait de la<br />
partie allemande du programme de la NSA,<br />
ce sont en particulier plusieurs nœuds<br />
Internet installés dans l'ouest et le sud de<br />
l'Allemagne qui attirent l'attention. Il ressort<br />
des documents secrets de la NSA que<br />
<strong>Fr</strong>ancfort occupe un rôle important dans le<br />
réseau mondial, la ville étant considérée<br />
comme une base en Allemagne. Dans la<br />
métropole hessoise, la NSA a accès aux<br />
nœuds qui régulent surtout le trafic de données<br />
avec des pays comme le Mali et la Syrie,<br />
mais aussi avec l'Europe de l'Est. Nombre<br />
d'éléments prouvent que la NSA intercepte<br />
ces données parfois avec l'accord des<br />
Allemands, parfois sans. Il semblerait que<br />
ALGERIE NEWS Mercredi 3 juillet <strong>2013</strong>