Fr-03-07-2013 - Algérie news quotidien national d'information
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Kiosque inter<strong>national</strong> dclg<br />
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a a<br />
Analyses &<br />
Décryptages<br />
e<br />
15<br />
ÊTE<br />
espionnent leurs alliés<br />
les deux parties discutent même du détail<br />
du filtrage et du classement des informations.<br />
Parallèlement, le système "Garlick",<br />
grâce auquel la NSA surveille à longueur<br />
d'année les communications par satellite<br />
depuis Bad Aibling, joue un rôle décisif.<br />
Traditionnellement, les Etats-Unis et<br />
l'Allemagne sont censés entretenir des relations<br />
"aussi étroites que possible", a déclaré<br />
à l'hebdomadaire Die Zeit James Bamford,<br />
journaliste américain spécialiste de la NSA.<br />
"Du fait de la proximité de l'Union soviétique,<br />
nous avions davantage de stations<br />
d'écoute en République fédérale que partout<br />
ailleurs."<br />
Des "arrangements"<br />
bilatéraux<br />
Des partenariats de ce genre, peut-on lire<br />
dans les documents, offriraient "un accès<br />
unique aux cibles". Toutefois, la NSA<br />
n'échange pas ses propres données avec tous<br />
ces partenaires étrangers. Dans bien des cas,<br />
il serait plutôt proposé, en contrepartie, de<br />
fournir de l'armement et un soutien technique.<br />
Souvent, l'Agence proposerait également<br />
des appareils et une formation en<br />
échange d'un accès à ses objectifs. Il s'agirait<br />
généralement d'"arrangements" bilatéraux<br />
qui seraient conclus en dehors du cadre des<br />
relations civiles et militaires que les Etats-<br />
Unis entretiennent avec ces pays, est-il<br />
expliqué dans un texte classé secret.<br />
Cette "répartition inter<strong>national</strong>e du travail"<br />
constitue une infraction à l'article 10<br />
de la Constitution allemande qui garantit le<br />
secret postal, de la correspondance et des<br />
télécommunications. Celui-ci ne peut-être<br />
levé par les autorités que dans des circonstances<br />
exceptionnelles et strictement définies.<br />
N'importe quel analyste américain peut<br />
décider "de s'intéresser à qui il veut, quand il<br />
veut, a déclaré Snowden dans un entretien<br />
vidéo. Cela peut être un juge fédéral ou le<br />
président des Etats-Unis. Tout ce qu'il faut,<br />
c'est une adresse email". Plusieurs écoutes<br />
sauvages - dont on découvre aujourd'hui<br />
qu'elles ont été initiées par la NSA - témoignent<br />
de la totale absence de scrupules du<br />
gouvernement américain et de ses services<br />
de renseignement, qui n'ont pas hésité à<br />
surveiller leurs alliés européens à Bruxelles<br />
et à Washington.<br />
La piste mène à Bruxelles<br />
Il y a un peu plus de cinq ans à Bruxelles,<br />
des spécialistes de la sécurité du bâtiment<br />
Justus Lipsius [siège principal du Conseil de<br />
l'UE] ont remarqué une étrange série d'appels<br />
téléphoniques semblant viser un poste<br />
précis: tous étaient de "faux numéros" très<br />
proches du numéro de télémaintenance utilisé<br />
par Siemens pour ce bâtiment. A<br />
Bruxelles, les autorités se sont posé la question:<br />
se pouvait-il qu'un technicien ou<br />
qu'un ordinateur de maintenance se trompe<br />
de numéro à plusieurs reprises et à chaque<br />
fois de seulement quelques chiffres ?<br />
Les autorités décidèrent donc de tracer<br />
les appels et découvrirent à leur grande surprise<br />
qu'ils provenaient d'un branchement<br />
téléphonique situé à seulement quelques<br />
kilomètres de la ligne en direction de l'aéroport,<br />
dans la commune d'Evere, où se trouve<br />
le quartier général de l'OTAN. Les experts<br />
européens parvinrent à localiser l'endroit<br />
exact d'émission des appels. Il s'agissait d'un<br />
bâtiment séparé du reste du siège. De la rue,<br />
on ne voyait qu'une façade en briques et un<br />
toit en terrasse surmonté d'une grosse<br />
antenne. Protégé des regards indiscrets par<br />
des panneaux et de hautes clôtures, ce bâtiment<br />
était truffé de caméras de surveillance.<br />
C'est là que travaillent des spécialistes des<br />
télécommunications de l'OTAN ainsi que<br />
tout un groupe d'agents de la NSA. Dans les<br />
milieux du renseignement, on désigne cet<br />
endroit comme une sorte de "centrale européenne"<br />
de la NSA.<br />
La délégation européenne<br />
doublement sur écoute<br />
Le relevé d'appels du site de télémaintenance<br />
a révélé qu'il avait fait l'objet de plusieurs<br />
appels provenant précisément de ce<br />
bâtiment de l'OTAN. Cela pouvait avoir de<br />
graves conséquences: chaque pays membre<br />
de l'UE dispose en effet dans le bâtiment<br />
Justus Lipsius d'une salle équipée d'une<br />
connexion téléphonique et d'un accès<br />
Internet où les ministres peuvent se retirer.<br />
Sur le territoire américain, la NSA prend<br />
encore moins de gants. À Washington, la<br />
délégation européenne occupe un élégant<br />
ensemble de bureaux sur K Street. Cette<br />
représentation diplomatique est toutefois<br />
loin d'être protégée par son statut. Ainsi que<br />
le montre un des documents que le Spiegel<br />
a pu consulter, les agents de la NSA n'ont<br />
pas seulement mis le bâtiment sur écoute, ils<br />
ont également infiltré son réseau informatique<br />
interne.<br />
Deux moyens de surveillance valent<br />
mieux qu'un. Même chose pour la mission<br />
européenne aux Nations unies à New York.<br />
Ainsi que le dit clairement un document<br />
mis à jour en septembre 2010, les Européens<br />
constituaient bien "une cible". Les<br />
Européens, qui ont demandé à s'entretenir<br />
avec des représentants de la NSA et de la<br />
Maison blanche, n'ont obtenu pour réponse<br />
que le silence des autorités.<br />
Le Fort Meade au coeur de<br />
la surveillance<br />
La commissaire européenne à la Justice,<br />
Viviane Reding, et son homologue américain,<br />
Eric Holder, ont approuvé la formation<br />
d'une commission d'experts afin d'évaluer<br />
l'ampleur de ces opérations d'espionnage<br />
systématique et de discuter des moyens<br />
de protection des citoyens européens. Le<br />
rapport final est attendu en octobre. Une<br />
brève présentation de Fort Meade, le quartier<br />
général de la NSA, montre comment<br />
l'agence a systématiquement étendu son<br />
réseau de surveillance à l'échelle mondiale.<br />
C'est de Fort Meade que sont menées de<br />
nombreuses opérations de surveillance<br />
secrètes visant Internet et les échanges internationaux<br />
de données. "<br />
A l'ère de l'information, la NSA exploite<br />
de manière agressive les transmissions<br />
étrangères passant par des réseaux mondiaux<br />
complexes," peut-on lire dans une<br />
présentation interne de l'agence. Selon un<br />
autre document inédit, la NSA a<br />
aujourd'hui accès à un faisceau de câbles<br />
optiques d'un débit de plusieurs gigas par<br />
seconde qui constitue l'une des principales<br />
autoroutes du réseau. Ces accès seraient<br />
récents et concerneraient également plusieurs<br />
circuits "desservant le marché russe",<br />
se félicite l'agence. Les spécialistes de Fort<br />
Meade ont ainsi accès à des "milliers de faisceaux<br />
de câbles dans le monde". L'agence<br />
surveille également un autre câble par lequel<br />
passent les communications avec "le<br />
Moyen-Orient, l'Europe, l'Amérique du Sud<br />
et l'Asie".<br />
Des dizaines d'entreprises<br />
qui collaborent<br />
Les services de renseignement des pays<br />
alliés ne sont pas les seuls amis de la NSA.<br />
Les révélations sur le programme Prism ont<br />
clairement montré que les géants américains<br />
d'Internet alimentaient eux aussi largement<br />
les agents de la NSA. Les entreprises<br />
concernées ont vivement démenti les allégations<br />
de collaboration directe avec les services.<br />
Il semble pourtant qu'une dizaine d'entre<br />
elles ont collaboré avec la NSA en toute<br />
connaissance de cause et même au-delà du<br />
programme PRISM.<br />
Selon un document, la NSA aurait établi<br />
un partenariat particulièrement fructueux<br />
avec une entreprise présente aux Etats-Unis<br />
et qui dispose <strong>d'information</strong>s sur tout le<br />
continent. Par ses contacts, cette société<br />
offre "un accès unique à d'autres entreprises<br />
de télécommunication et fournisseurs d'accès<br />
Internet," peut-on lire dans un document<br />
secret de la NSA. Ce partenariat durerait<br />
depuis 1985. Il ne s'agirait pas d'un cas<br />
isolé. Un autre document fait état de la coopération<br />
de plusieurs autres entreprises. Il<br />
existerait "une alliance de plus de 80 multi<strong>national</strong>es<br />
impliquées dans les deux missions"<br />
de l'agence, indique un document<br />
hautement confidentiel. Dans le jargon de<br />
l'agence, "les deux missions" représentent<br />
d'une part la défense des réseaux américains,<br />
d'autre part la surveillance des communications<br />
à l'étranger par le service dit<br />
"d'attaque". Parmi ces partenaires figurent<br />
des entreprises de télécommunication, des<br />
fabricants d'infrastructures de réseau, des<br />
concepteurs de logiciels et des sociétés de<br />
sécurité.<br />
La confidentialité<br />
baffouée<br />
Cette collaboration n'est pas seulement<br />
délicate pour les services de renseignement.<br />
Elle implique en effet des sociétés qui garantissent<br />
à leurs clients la confidentialité de<br />
leurs données dans les conditions d'utilisation.<br />
Ces sociétés sont en outre soumises au<br />
droit du pays dont elles dépendent. Les<br />
accords conclus entre ces sociétés et les<br />
autorités [américaines] sont donc hautement<br />
confidentiels. Même dans les documents<br />
internes, elles ne sont désignées qu'à<br />
l'aide de noms de code. "De nombreuses<br />
entreprises de télécommunication entretiennent<br />
depuis longtemps des liens très<br />
étroits avec la NSA, explique le spécialiste de<br />
l'agence, James Bamford. Chaque fois<br />
qu'une telle affaire est révélée au grand jour,<br />
la collaboration est temporairement suspendue,<br />
pour mieux reprendre un peu plus<br />
tard." Le général Keith Alexander, le directeur<br />
de la NSA, a récemment rappelé l'importance<br />
de ces partenariats public-privé<br />
d'un genre particulier. Lors d'un symposium<br />
technologique en banlieue de<br />
Washington, il a appelé l'industrie et le gouvernement<br />
à étroitement collaborer. "Nous<br />
ne pourrions pas remplir notre mission sans<br />
l'aide de gens comme vous," a-t-il déclaré.<br />
Dans l'assistance se trouvaient des spécialistes<br />
d'entreprises qui, selon les documents<br />
publiés, auraient conclu des accords de coopération<br />
avec l'agence.<br />
Des questions courtoises à<br />
Washington<br />
Dans les semaines qui viennent, la commission<br />
parlementaire de contrôle responsable<br />
des services de renseignements allemands<br />
devrait dresser un tableau précis de<br />
la coopération entre la NSA et son homologue<br />
allemand, le BND. Berlin a déjà adressé<br />
plusieurs lettres à Washington afin d'obtenir<br />
des explications. Un Etat souverain peut-il<br />
tolérer qu'un gouvernement étranger intercepte<br />
chaque mois un demi-milliard de<br />
données sur son territoire ? Et que dire du<br />
fait que cet Etat soit qualifié de partenaire de<br />
"troisième classe" susceptible - ainsi qu'il a<br />
été démontré - d'être écouté et surveillé à<br />
tout moment ?<br />
Pour l'heure, le gouvernement allemand<br />
se contente d'adresser des questions courtoises<br />
à Washington. Les dernières révélations<br />
vont toutefois accroître la pression sur<br />
Angela Merkel et son gouvernement de<br />
coalition. Des élections sont en effet prévues<br />
en septembre et la chancelière n'ignore pas<br />
que le respect de la vie privée est un sujet<br />
sensible pour les électeurs allemands.<br />
ALGERIE NEWS Mercredi 3 juillet <strong>2013</strong>