Au Maroc, <strong>la</strong> stratégie agricole nationale développée depuis 2008, le P<strong>la</strong>n Maroc Vert, inclutle Programme National d’Économie d’Eau en Irrigation (PNEEI) avec pour objectif <strong>la</strong>conversion à l’irrigation localisée de 550 000 hectares de surfaces irriguées. L’irrigationlocalisée représente actuellement 211 000 hectares et 14,5 % des surfaces irriguées.L’irrigation localisée passerait alors à 48 % des surfaces irriguées (Imache et al., 2011). Poursoutenir cette reconversion, le gouvernement a mis en p<strong>la</strong>ce des subventions, qui s’élevaientde 80 à 100 % du montant de l’investissement en 2010. Les règles concernant <strong>la</strong> subventiond’instal<strong>la</strong>tion du goutte-à-goutte en collectif et <strong>la</strong> subvention à 100 % des exploitations demoins de 5 ha (Benouniche et al. 2011) visent l’ouverture de <strong>la</strong> technologie aux petitsexploitants. Toutefois, le matériel subventionné doit respecter certaines normes, et ne permetpas <strong>la</strong> subvention de matériel non homologué mis en œuvre de manière informelle dans lespetites exploitations. De plus, le montage des dossiers de subvention peut être perçu commecomplexe par les petits agriculteurs. Les associations d’usagers de l’eau agricole (AUEA)lorsqu’elles sont actives peuvent jouer un rôle dans <strong>la</strong> diffusion du goutte-à-goutte grâce à unecommunication entre ces usagers (Force 2011).La formation professionnelle représente également un outil important. Au Maroc, dans uncontexte de réforme du système de conseil agricole (promotion du conseil par le secteur privénotamment), le projet pilote de Réseau des irrigants méditerranéens (RIM) teste des approchesinnovantes de formations professionnelles sur les économies d’eau en irrigation et ledéveloppement des filières, au bénéfice de groupements paysans de l’agriculture familiale.Cette approche, reliant <strong>la</strong> recherche, l’action et le développement, a permis de développer lescompétences techniques et de montage de projet des petits agriculteurs irrigants dans le cadrede <strong>la</strong> reconversion du gravitaire au goutte-à-goutte (Imache et al. 2011). On peut également<strong>note</strong>r, en Inde, le projet « Tamil Nadu Drip Irrigation Project » (TNDRIP) <strong>la</strong>ncé en 2009 parl’IWMI, l’université d’agriculture du Tamil Nadu, le département d’agriculture de l’Etat etl’entreprise Jain Irrigation Systems (IWMI, 2013). Ce projet développe des formations àdestinations des producteurs centrées sur les aspects techniques et <strong>la</strong> gestion de l’irrigation augoutte-à-goutte, en y associant des approches agro-ecosystémiques comme levermicompostage 24 , et des outils de calcul des besoins en eau et de p<strong>la</strong>nification del’irrigation. Le projet a concerné 1 000 agriculteurs dans 3 districts dans une première phase,et est actuellement déployé dans d’autres districts et dans l’État du Gujarat.Des projets de diffusion sont également menés en Afrique de l’Ouest. Ainsi IDE met enœuvre une stratégie de diffusion basée sur le marketing, comprenant des sites dedémonstration, des magasins de distribution et des conseillers de business agricole. Lapromotion et <strong>la</strong> vente sont organisées à partir de points de ventes proches des agriculteurs. Lesconseillers rattachés à IDE vont à <strong>la</strong> rencontre des agriculteurs pour les aider à mettre enœuvre le goutte-à-goutte et vendre le kit d’IDE, conçu pour des surfaces réduites et avec undispositif simplifié destiné à réduire les coûts 25 . Par ailleurs, le projet de l’ICRISAT de JardinPotager Africain (African Market Garden) vise à mettre en p<strong>la</strong>ce plusieurs centaines de sitespar pays sur 10 pays d’Afrique de l’Ouest (Cap Vert, Mauritanie, Sénégal, Gambie, GuinéeBissau, Mali, Burkina Faso, Ghana, Niger et Tchad).24Le vermicompostage (ou lombricompostage) est une méthode écologique de valorisation et detransformation des déchets biodégradables en engrais naturel fondé sur l'utilisation de vers de compost.25 Entretien avec Laurent Stravato, 21 juin 2012Mieux gérer l’eau par des pratiques agricoles innovantes : quelles perspectives dans les pays en développement ?Billy Troy et Calypso Picaud - Mars 201348
e. Synthèse des résultatsTableau 8 : impacts sur l’eau, les rendements et les systèmes de production du zaï, SCV, SRI et irrigation au goutte-à-goutte dans les pays endéveloppement.Pratiques Zaï Semis direct sur Couverture Végétale Système de Riziculture Intensive Irrigation au goutte à gouttePays correspondant auxétudes consultéesBurkina Faso, NigerCameroun, Ethiopie, Kenya, Nigeria, Zimbabwe,Maroc, Mexique, Cambodge, IndeKenya, Mali, Sénégal, Bang<strong>la</strong>desh,Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Népal,Sri Lanka, VietnamInde, Niger, Zimbabwe, Tunisie, OuzbekistanPrincipales culturesconcernéesMil, sorghoCéréales (maïs, blé, riz, sorgho), oléagineux(soja, colza), cotonRizMaraîchage, arboriculture, céréales, coton,oléagineuxCaptage de 25 % du ruissellement de <strong>la</strong>Impact sur <strong>la</strong> gestion de zone d’impluvium dans un poquet de zaï,l'eau (ordres de grandeur) augmentation de <strong>la</strong> profondeur du frontd’humectation du sol en zaï mécanisé.Diminution de 48 % du ruissellement,augmentation de l’humidité du sol et de <strong>la</strong>profondeur du front d’humectation, diminutiondes pertes en eau dues au retournement de <strong>la</strong>terre, engorgement sur certains sols.Economies d’eau d'irrigation de 10 à 60%Economies d’eau d'irrigation de 7 à 84 %.Economie d’eau parfois compensée par uneaugmentation de <strong>la</strong> surface irriguée ou dunombre de cycles réalisés par an.Impact sur lesrendements (ordres degrandeur)Passage de <strong>la</strong> gamme 0-600 kg/ha à <strong>la</strong>gamme 500 - 1200 kg/ha - augmentationsde 60 à 120 %. Facteurs de variation:apport en fumure organique. Maintien derendements plus élevés en condition desécheresse.Augmentation ou diminution desrendements - écarts pouvant être supérieurs à1 t/ha de céréales dans un sens ou dansl’autre. Maintien de rendements plus élevés ensituation de faible pluviométrie.Augmentation de 5 à 105 % . Facteurs devariation : variété utilisée, qualité des sols,maîtrise de l’eau (irrigation et drainage),fertilisation organique et minérale.Augmentation de 2 à 179 %. Facteurs devariation : culture considérée, mode defertilisation (fertigation), nature du sol.Autres avantagesMise en culture de terres dégradées,combinaison avec d'autres techniques de Diminution de l’érosion, diminution des coûtsconservation des eaux et des sols (cordons énergétiques grâce au non <strong>la</strong>bour.pierreux).Diminution des semences utilisées, desherbicides et de l’eau d’irrigation.Diminution du temps de travail, des adventiceset de l'eau d'irrigation, cultures à plus forte valeurajoutée, diversification alimentaire, qualité duproduit, augmentation du nombre de cycles paran, possibilité d’irriguer sur des terrainsirréguliers.Autres limitesDisponibilité de <strong>la</strong> fumure organique, tempsde travail important et pénibilité (zaïmanuel), coût d’équipement en tractionanimale (zaï mécanisé).Dépenses nécessaires pour des semencesdifférentes ou supplémentaires, le semoirspécifique si pas de semis manuel, les engraisminéraux et les produits phytosanitaires.Compétition possible avec d’autres usages desrésidus de culture. Nécessite un débouché pourles cultures de rotation.Augmentation du temps de travail, achatd’une sarclo-bineuse si pas de désherbagemanuel, disponibilité de <strong>la</strong> fumure organique,contraintes de maîtrise de l’irrigation.Investissement important et coûts d’entretien etde renouvellement , existence d’un marché defourniture de matériel, disponibilité de l’eau enquantité et qualité suffisantes.Mieux gérer l’eau par des pratiques agricoles innovantes : quelles perspectives dans les pays en développement ?Billy Troy et Calypso Picaud - Mars 201349
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