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Gong 34 - Association Francophone de Haiku

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Dans le poème <strong>de</strong> Yamaguchi Seïshi, le contraste se fait non entre la vie<strong>de</strong> la nature et la vanité <strong>de</strong>s hommes, comme dans les <strong>de</strong>ux précé<strong>de</strong>ntsmodèles, mais entre la vitalité printanière et le mouvement d’une roue <strong>de</strong>locomotive, dans un face à face audacieux entre tradition et mo<strong>de</strong>rnité.IIIK atô Shûson, essayiste et poète, s’interroge en 1981 sur la véritable naturedu haïku et sur sa capacité à « dire » un mon<strong>de</strong> qui ne serait plus celuidu Japon. Quelle serait sa compatibilité avec une inspiration poétique venued’une terre étrangère ? Car le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie actuel est constitué dansl’archipel d’innombrables contacts avec le mon<strong>de</strong> entier. Le kaléidoscope<strong>de</strong>s sensations mêle dans la vie trépidante d’aujourd’hui ce qui relèved’une sensibilité profondément traditionnelle et ce qui naît d’une authentiqueémotion vécue dans une situation n’ayant plus rien <strong>de</strong> japonais.« Le haïku étant né dans une atmosphère japonaise, serait-il si contraireà sa nature d’en composer dans un contexte différent ? » interrogel’essayiste.« Il est évi<strong>de</strong>nt, dit-il, que la structure du haïku fait corps avec toute unegamme d’impressions particulières à l’archipel. Mais l’évolution est aujourd’huitelle que <strong>de</strong> nouvelles émotions nées d’expériences poétiquesvécues à l’étranger viennent peu à peu se greffer sur l’esprit même duhaïku. »« Actuellement, conclut-il, face à un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en plus complexe ethétérogène, le haïku continue <strong>de</strong> faire l’objet d’incessantes investigationset d’innombrables recherches. Qui n’essaie rien n’obtient rien ! »P our exprimer cette atmosphère d’expériences poétiques nouvelles,Katô Shûson préconise le pragmatisme et l’accumulation sans cesse renouveléed’expérimentations <strong>de</strong> toutes sortes car, dit-il, « n’est-ce pascette irrésistible pulsion nous incitant à nous exprimer qui prime tout lereste ? » Et le poète essayiste <strong>de</strong> donner quelques exemples glanés chez<strong>de</strong>s contemporains ayant composé <strong>de</strong>s haïkus dans divers pays :Sortant du bas <strong>de</strong>s manteauxles traînes <strong>de</strong>s robesà la Saint SylvestreIci, le poète Yamaguchi Seïson (1892~1988) utilise le mot« manteau » ( gaïtô) qui est un terme <strong>de</strong> saison tout à fait orthodoxe <strong>de</strong>la saison d’hiver mais qui, associé ici à Berlin aux traînes <strong>de</strong>s robes féminines,s’accor<strong>de</strong> bien à une réalité nouvelle. Voici par contre un autre haïku,composé quant à lui par le grand innovateur que fut KawahigashiHekigodô (1873~1937) dans <strong>de</strong>s circonstances et un pays très différents :<strong>34</strong>14

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