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09.086 Message relatif à la modification de la loi sur la protection ...

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<strong>09.086</strong><br />

<strong>Message</strong><br />

<strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s marques et <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse et autres signes publics<br />

(Projet «Swissness»)<br />

du 18 novembre 2009<br />

Madame <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nte,<br />

Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt,<br />

Mesdames et Messieurs,<br />

Par le présent message, nous vous soumettons, d’une part, un projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques et, d’autre part, un projet <strong>de</strong> révision totale <strong>de</strong><br />

<strong>loi</strong> fédérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries, en vous proposant <strong>de</strong> les adopter.<br />

Nous vous prions d’agréer, Madame <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nte, Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt, Mesdames<br />

et Messieurs, l’as<strong>sur</strong>ance <strong>de</strong> notre haute considération.<br />

18 novembre 2009 Au nom du Conseil fédéral suisse:<br />

Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, Hans-Rudolf Merz<br />

La chancelière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, Corina Casanova<br />

2009-1654 7711


Con<strong>de</strong>nsé<br />

Tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique et prenant en considération <strong>la</strong> pratique<br />

actuelle <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse», le projet a pour<br />

objectif <strong>de</strong> poser les bases permettant d’as<strong>sur</strong>er <strong>à</strong> long terme <strong>la</strong> plus-value représentée<br />

par le fort potentiel commercial <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>». Cet objectif implique <strong>de</strong><br />

renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse,<br />

tant au niveau national que dans <strong>la</strong> perspective d’une mise en œuvre <strong>à</strong><br />

l’étranger. Une définition crédible et applicable <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» est dès lors<br />

nécessaire pour maintenir les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> cette plus-value et pouvoir plus<br />

aisément combattre les abus.<br />

Contexte<br />

La valeur économique <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance suisse d’un produit ou d’un service dans un<br />

mon<strong>de</strong> toujours plus globalisé revêt une importance considérable. De nombreux<br />

produits et services suisses bénéficient en effet d’une excellente réputation tant au<br />

niveau national qu’international par rapport aux valeurs qu’ils véhiculent, telle<br />

l’exclusivité, <strong>la</strong> tradition et <strong>la</strong> qualité. Cette réputation, hautement appréciée par les<br />

consommateurs, permet <strong>de</strong> positionner les produits et services associés <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse<br />

dans un segment <strong>de</strong> prix plus élevé. Pour les produits typiquement suisses, pour les<br />

produits naturels agricoles ainsi que pour certains biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>stinés<br />

<strong>à</strong> l’exportation, cette «plus-value pour <strong>la</strong> Suissitu<strong>de</strong>» peut représenter jusqu’<strong>à</strong> 20 %<br />

du prix <strong>de</strong> vente, selon plusieurs étu<strong>de</strong>s récentes. Les secteurs économiques considérés<br />

comme typiquement suisses, <strong>à</strong> savoir les montres/bijoux, le fromage et le choco<strong>la</strong>t,<br />

ne sont pas les seuls <strong>à</strong> en profiter <strong>de</strong> manière substantielle: en tenant compte <strong>de</strong><br />

l’industrie <strong>de</strong>s machines – qui, comme les autres secteurs, est susceptible d’en<br />

bénéficier également, mais <strong>à</strong> raison d’une quote-part inférieure <strong>à</strong> 20 % –, cette plusvalue<br />

s’élève <strong>à</strong> quelque 5,8 milliards <strong>de</strong> francs. Ce<strong>la</strong> correspond <strong>à</strong> un pour-cent du<br />

produit intérieur brut. 1<br />

Cette plus-value économique est aujourd’hui bien comprise par les entreprises qui<br />

sont <strong>de</strong> plus en plus nombreuses <strong>à</strong> utiliser, en rapport avec leurs produits ou services,<br />

non seulement <strong>de</strong>s désignations telles que «Suisse», «qualité suisse», «ma<strong>de</strong> in<br />

Switzer<strong>la</strong>nd», mais aussi <strong>la</strong> croix suisse. Les avantages et le succès liés <strong>à</strong> l’utilisation<br />

commerciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque suisse ont attiré l’attention, mais également les<br />

convoitises. Corol<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> ce succès croissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque suisse, les utilisations<br />

abusives, au niveau tant international que national, ont augmenté dans <strong>la</strong> même<br />

proportion ces <strong>de</strong>rnières années. Ces abus toujours plus fréquents nuisent <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque suisse en décevant les attentes légitimes <strong>de</strong>s consommateurs.<br />

Ils diminuent son attrait ainsi que sa valeur pour ses utilisateurs légitimes et<br />

pour les consommateurs. Les conséquences néfastes <strong>de</strong> ces multiples abus ont<br />

conduit <strong>à</strong> <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>intes émanant <strong>de</strong>s milieux économiques suisses, <strong>à</strong> une perception<br />

plus sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> problématique dans le public et <strong>à</strong> plusieurs interventions parlementaires.<br />

1 En se basant <strong>sur</strong> le volume d’exportation actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse.<br />

7712


Face <strong>à</strong> cette évolution et <strong>à</strong> <strong>la</strong> lumière d’une analyse approfondie du droit en vigueur<br />

conduite en 2006 par le Conseil fédéral, <strong>la</strong> réglementation actuelle se révèle <strong>la</strong>cunaire<br />

et ne tient pas suffisamment compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique. Elle reste très<br />

générale dans sa manière <strong>de</strong> fixer les conditions régissant l’utilisation d’une indication<br />

<strong>de</strong> provenance («Genève», «Zurich», etc.), donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse»,<br />

pour les produits. Jusqu’<strong>à</strong> présent, seul le tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Saint-Gall a<br />

développé <strong>de</strong>s critères plus précis. L’absence <strong>de</strong> critères applicables <strong>à</strong> tous les<br />

produits est synonyme <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> transparence et d’insécurité juridique pour les<br />

entreprises concernées. De même, <strong>la</strong> situation qui prévaut concernant l’utilisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse n’est pas satisfaisante: l’apposition <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins commerciales <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits est interdite, mais son utilisation est permise pour les<br />

services. Cette différence <strong>de</strong> traitement, qui n’est pas respectée en pratique, ne se<br />

justifie plus étant donné que <strong>la</strong> croix suisse est, <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n commercial, l’indication<br />

<strong>de</strong> provenance suisse <strong>la</strong> plus valorisée.<br />

Aujourd’hui, les cas d’’utilisation abusive <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse ne sont pas combattus <strong>de</strong> façon assez rigoureuse en Suisse et <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n<br />

international. Un renforcement est nécessaire. Sur le p<strong>la</strong>n national, les abus font<br />

rarement l’objet d’une procédure judiciaire, bien que les cantons doivent les poursuivre<br />

d’office. A l’étranger, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance en général,<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» en particulier, est difficile <strong>à</strong> réaliser. En vertu du<br />

principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> territorialité, chaque Etat est libre <strong>de</strong> fixer ses propres règles <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance et <strong>de</strong>s drapeaux nationaux, sous réserve<br />

<strong>de</strong>s traités internationaux. Le droit étranger est souvent très différent du droit<br />

suisse. L’interprétation <strong>de</strong>s conventions internationales applicables et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce<br />

en <strong>la</strong> matière sont en règle générale vagues, ce qui rend d’autant plus coûteux<br />

un éventuel procès <strong>à</strong> l’issue incertaine. Aussi <strong>de</strong>s actions judiciaires sont-elles<br />

rarement intentées <strong>à</strong> l’étranger, principalement parce qu’il n’existe pas, dans les<br />

branches économiques concernées, <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» qui pourrait<br />

déci<strong>de</strong>r comment doivent être utilisées et défendues <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>la</strong><br />

croix suisse et porter les cas d’utilisation abusive <strong>de</strong>vant les tribunaux.<br />

Présentation du projet<br />

1. Dans le but <strong>de</strong> préserver <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse» <strong>à</strong> long terme et d’en<br />

as<strong>sur</strong>er le positionnement, le projet inscrit dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques<br />

et <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong> nouveaux critères permettant <strong>de</strong> déterminer<br />

avec davantage <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté et <strong>de</strong> précision <strong>la</strong> provenance géographique d’un produit,<br />

en d’autres termes jusqu’<strong>à</strong> quel point un produit doit être suisse pour qu’il puisse<br />

prétendre <strong>à</strong> cette provenance. La <strong>loi</strong> doit en effet définir qui peut utiliser <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse», <strong>à</strong> quelles conditions et <strong>de</strong> quelles manières. Ces critères garantissent<br />

une meilleure transparence et une sécurité juridique accrue pour les indications <strong>de</strong><br />

provenance utilisées par les producteurs et servent l’intérêt <strong>de</strong>s consommateurs, qui<br />

pourront prendre en compte <strong>de</strong> façon appropriée ces indications dans leurs décisions<br />

d’achat. Les produits sont c<strong>la</strong>ssés dans trois catégories différentes: les produits<br />

naturels, les produits naturels transformés et les autres produits, notamment<br />

les produits industriels (cette <strong>de</strong>rnière catégorie contenant tous les produits qui ne<br />

sont pas compris dans les <strong>de</strong>ux premières). Une indication <strong>de</strong> provenance comme<br />

7713


«Suisse» ou «Saint-Gall» peut être utilisée en rapport avec un produit si les critères<br />

prévus pour <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> produits correspondante sont réalisés.<br />

Pour les produits naturels (comme les p<strong>la</strong>ntes, l’eau minérale ou les animaux), <strong>la</strong><br />

provenance est définie <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> d’un seul critère qui varie en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<br />

du produit. Il s’agit par exemple du lieu <strong>de</strong> l’extraction pour les produits minéraux<br />

ou du lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> récolte pour les produits végétaux.<br />

Pour les produits naturels transformés (comme <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires)<br />

et les produits industriels (comme les machines ou les couteaux) que les producteurs<br />

veulent promouvoir comme produits suisses, un système fondé <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères<br />

cumu<strong>la</strong>tifs vise <strong>à</strong> garantir le rattachement effectif du produit au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance.<br />

Ces critères prennent en considération le fait que, dans une économie globalisée,<br />

certaines matières premières ne sont pas disponibles <strong>sur</strong> le marché intérieur et que<br />

certaines étapes <strong>de</strong> production se déroulent <strong>à</strong> l’étranger, même pour <strong>de</strong>s produits<br />

considérés comme traditionnels. Ils doivent toutefois aussi garantir que les exigences<br />

requises pour les produits soient suffisamment élevées afin que les milieux<br />

économiques qui déci<strong>de</strong>nt, <strong>sur</strong> une base volontaire (il n’y a aucune obligation d’utiliser<br />

<strong>la</strong> «marque Suisse» comme indication <strong>de</strong> provenance d’un produit), <strong>de</strong> désigner<br />

leurs produits au moyen d’une indication <strong>de</strong> provenance suisse <strong>à</strong> forte valeur,<br />

utilisent ainsi une indication exacte qui ne trompe pas les consommateurs.<br />

Le premier critère est un critère <strong>de</strong> valeur. Pour les produits naturels transformés,<br />

80 % au moins du poids <strong>de</strong>s matières premières ou ingrédients qui composent ce<br />

produit doivent provenir <strong>de</strong> Suisse. Pour les produits industriels, 60 % au moins du<br />

prix <strong>de</strong> revient du produit doit être réalisé en Suisse. Les coûts liés <strong>à</strong> <strong>la</strong> recherche et<br />

au développement peuvent être pris en compte dans ce calcul, contrairement aux<br />

coûts liés <strong>à</strong> <strong>la</strong> commercialisation <strong>de</strong>s produits finis, comme les dépenses publicitaires<br />

et les frais <strong>de</strong> marketing, les frais liés au conditionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marchandise<br />

(embal<strong>la</strong>ge) et les coûts générés par le service après-vente. Ces <strong>de</strong>rniers coûts sont<br />

exclus parce qu’ils ne contribuent pas directement <strong>à</strong> <strong>la</strong> fabrication du produit.<br />

Le projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> prévoit <strong>de</strong>s exceptions <strong>à</strong> ce critère afin <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

contraintes matérielles, structurelles ou acci<strong>de</strong>ntelles, pour l’approvisionnement <strong>de</strong>s<br />

transformateurs en matières premières. Ainsi les produits naturels qui n’existent pas<br />

en Suisse (par ex. le cacao ou l’or) ou qui, pour <strong>de</strong>s raisons totalement indépendantes<br />

<strong>de</strong>s producteurs, viendraient <strong>à</strong> manquer momentanément (par ex. <strong>de</strong> mauvaises<br />

récoltes par suite d’intempéries, une épidémie d’un cheptel) peuvent être exclus du<br />

calcul. Une exception permet également d’exclure du calcul les matières premières<br />

dont <strong>la</strong> disponibilité insuffisante en Suisse est c<strong>la</strong>irement établie <strong>de</strong> manière objective.<br />

Par contre, les motifs purement économiques, comme <strong>de</strong>s prix meilleur marché<br />

ou <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> livraison plus avantageuses <strong>sur</strong> les marchés étrangers, ne<br />

constituent pas une raison suffisante pour invoquer cette exception. Cette exception<br />

ne peut en outre être invoquée qu’<strong>à</strong> <strong>la</strong> condition supplémentaire que l’insuffisance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première concernée (par ex. le sucre ou <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf) fasse<br />

l’objet d’une ordonnance du Conseil fédéral applicable <strong>à</strong> <strong>la</strong> branche concernée.<br />

Avant d’édicter une telle ordonnance, le Conseil fédéral doit entendre les cantons,<br />

les associations professionnelles ou économiques ainsi que les organisations <strong>de</strong><br />

consommateurs intéressés.<br />

7714


Le <strong>de</strong>uxième critère, cumu<strong>la</strong>tif, est que l’activité ayant donné au produit ses caractéristiques<br />

essentielles doit se dérouler au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance. Cette activité peut<br />

être <strong>la</strong> fabrication proprement dite (par ex. <strong>la</strong> transformation du <strong>la</strong>it en fromage,<br />

l’assemb<strong>la</strong>ge d’une montre ou <strong>la</strong> fabrication d’un tissu <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> fibres). Pour les<br />

produits industriels, cette activité peut également être <strong>la</strong> recherche et le développement,<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> condition qu’au moins une étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication proprement<br />

dite du produit soit effectuée au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance pour garantir un lien<br />

physique suffisant avec celui-ci.<br />

Le projet renforce également le critère <strong>de</strong> rattachement pour les indications <strong>de</strong><br />

provenance pour les services. A l’avenir, une entreprise pourra promouvoir ses<br />

services comme services suisses <strong>à</strong> condition d’avoir son siège en Suisse. Afin d’éviter<br />

qu’une simple adresse postale ne suffise <strong>à</strong> remplir cette condition formelle,<br />

l’entreprise <strong>de</strong>vra être réellement administrée <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Suisse.<br />

Les indications <strong>de</strong> provenance étrangères doivent remplir les critères définis dans <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> leur pays d’origine. L’éventuelle tromperie <strong>de</strong>s consommateurs suisses<br />

est cependant réservée.<br />

2. La nouvelle <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse et autres signes<br />

publics définit et distingue c<strong>la</strong>irement, d’une part, les armoiries officielles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération (= croix suisse p<strong>la</strong>cée dans un écusson), qui en principe ne peuvent<br />

être utilisées que par celle-ci ou ses unités et, d’autre part, le drapeau suisse et <strong>la</strong><br />

croix suisse, qui peuvent dorénavant être utilisés par toute personne remplissant les<br />

conditions d’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse», non seulement pour <strong>de</strong>s services,<br />

mais également pour <strong>de</strong>s produits. Les entreprises qui utilisent les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies pour <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> provenance<br />

suisse pourront, si elles en font <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au Département fédéral <strong>de</strong> justice<br />

et police (DFJP) au plus tard dans les <strong>de</strong>ux ans <strong>à</strong> compter <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong>, continuer <strong>à</strong> le faire pour autant que <strong>de</strong>s intérêts légitimes le justifient. Cette<br />

nouvelle réglementation tient compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique et du fort attrait lié <strong>à</strong><br />

l’important potentiel commercial <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. La nouvelle <strong>loi</strong> renforce en<br />

outre <strong>de</strong> façon conséquente <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries officielles, notamment en<br />

durcissant les sanctions pénales afin <strong>de</strong> les aligner <strong>sur</strong> celles prévues dans les<br />

autres domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle.<br />

3. Des instruments supplémentaires sont prévus <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n national afin <strong>de</strong> relever<br />

le niveau <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance en Suisse et <strong>à</strong> l’étranger. Le<br />

projet légis<strong>la</strong>tif confère <strong>à</strong> l’Institut Fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété Intellectuelle (IPI) le<br />

droit <strong>de</strong> déposer une p<strong>la</strong>inte civile en cas d’utilisation abusive <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Sur le p<strong>la</strong>n pénal, ces infractions sont dorénavant<br />

poursuivies d’office et l’IPI pourra participer <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure pénale et y faire va<strong>loi</strong>r<br />

les droits d’une partie p<strong>la</strong>ignante.<br />

Afin <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques en Suisse et <strong>à</strong><br />

l’étranger, il est prévu <strong>de</strong> créer un nouveau registre national <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

pour les produits non agricoles, qui sera tenu par l’IPI. Aujourd’hui,<br />

seules les indications géographiques pour les produits agricoles et les produits<br />

agricoles transformés, les appel<strong>la</strong>tions d’origine (AOC) et les indications géogra-<br />

7715


phiques (IGP), peuvent être inscrites au registre tenu par l’Office fédéral <strong>de</strong><br />

l’agriculture (OFAG). Les appel<strong>la</strong>tions d’origine viticoles peuvent être inscrites<br />

dans <strong>de</strong>s registres cantonaux. Cette nouvelle possibilité permet <strong>de</strong> reconnaître <strong>de</strong><br />

façon officielle <strong>la</strong> <strong>protection</strong> accordée aux indications géographiques pour tous les<br />

produits, ce qui est exigé par <strong>de</strong> nombreux pays étrangers pour qu’ils accor<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong><br />

leur territoire une <strong>protection</strong> <strong>à</strong> l’indication géographique concernée.<br />

Le projet prévoit en outre <strong>la</strong> possibilité d’enregistrer <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque géographique<br />

– il s’agit d’une nouvelle sorte <strong>de</strong> marque spécifique – les appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

et les indications géographiques inscrites dans un registre fédéral, ainsi que les<br />

appel<strong>la</strong>tions viticoles protégées par les cantons. La même possibilité est prévue pour<br />

les indications <strong>de</strong> provenance faisant l’objet d’une ordonnance approuvée par le<br />

Conseil fédéral applicable <strong>à</strong> une branche (par ex. l’actuelle ordonnance «Swiss<br />

ma<strong>de</strong>» pour les montres). Tout comme <strong>la</strong> délivrance d’un extrait du registre <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques, <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> reconnaissance officielle au moyen <strong>de</strong><br />

l’enregistrement d’une marque géographique dans le pays <strong>de</strong> provenance, en<br />

l’occurrence <strong>la</strong> Suisse, vise <strong>à</strong> ce que les titu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> ces droits soient c<strong>la</strong>irement<br />

i<strong>de</strong>ntifiés et qu’ils en obtiennent plus facilement <strong>la</strong> <strong>protection</strong> et sa mise en œuvre <strong>à</strong><br />

l’étranger.<br />

4. Une procédure simplifiée <strong>de</strong> radiation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque pour défaut d’usage est<br />

introduite dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques. Elle prévoit que toute personne<br />

pourra présenter <strong>à</strong> l’IPI une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation totale ou partielle d’une marque<br />

non utilisée pendant une pério<strong>de</strong> consécutive <strong>de</strong> cinq ans.<br />

7716


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Con<strong>de</strong>nsé 7712<br />

Liste <strong>de</strong>s abréviations 7719<br />

1 Présentation <strong>de</strong> l’objet 7726<br />

1.1 Contexte 7726<br />

1.2 Interventions parlementaires et rapport du Conseil fédéral 7730<br />

1.3 Nouvelle réglementation proposée 7730<br />

1.4 Justification et appréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution proposée<br />

1.4.1 Justification<br />

1.4.2 Solutions examinées<br />

1.4.3 Résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation<br />

1.4.3.1 Déroulement et résultat<br />

1.4.3.2 Points non contestés<br />

1.4.3.3 Points contestés<br />

1.4.3.4 Requêtes diverses<br />

7734<br />

7734<br />

7741<br />

7743<br />

7743<br />

7743<br />

7745<br />

7746<br />

1.5 Corré<strong>la</strong>tion entre les tâches et les ressources financières 7748<br />

1.6 Droit comparé, notamment droit européen 7748<br />

2 Commentaire <strong>de</strong>s articles 7753<br />

2.1 Révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques<br />

2.1.1 Marque géographique<br />

2.1.2 Indications <strong>de</strong> provenance<br />

2.1.2.1 Principes<br />

2.1.2.2 Indications <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s produits<br />

2.1.2.3 Indications <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s services<br />

2.1.2.4 Ordonnances du Conseil fédéral<br />

2.1.3 Registre <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

2.1.4 Renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve<br />

2.1.5 Qualité pour agir <strong>de</strong>s autorités<br />

2.1.6 Dispositions pénales<br />

2.1.7 Autres points <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision<br />

2.1.7.1 Document <strong>de</strong> priorité<br />

2.1.7.2 Adaptations terminologiques <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les douanes<br />

2.1.7.3 Division <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> l’enregistrement<br />

2.1.7.4 Communication <strong>de</strong>s décisions et <strong>de</strong>s ordonnances<br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement<br />

2.1.7.5 Procédure simplifiée <strong>de</strong> radiation pour non-usage<br />

2.1.7.6 Intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes<br />

2.1.7.7 Adaptations formelles<br />

7753<br />

7753<br />

7757<br />

7757<br />

7761<br />

7773<br />

7774<br />

7776<br />

7780<br />

7781<br />

7782<br />

7783<br />

7783<br />

7784<br />

7784<br />

7784<br />

7785<br />

7789<br />

7789<br />

2.2 Autres <strong>loi</strong>s fédérales<br />

2.2.1 Loi fédérale du 24 mars 1995 <strong>sur</strong> le statut et les tâches<br />

<strong>de</strong> l’Institut Fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété Intellectuelle<br />

2.2.2 Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s obligations<br />

2.2.3 Loi du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> le droit d’auteur<br />

2.2.4 Loi du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> les topographies<br />

2.2.5 Loi du 5 octobre 2001 <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>signs<br />

7789<br />

7789<br />

7790<br />

7791<br />

7791<br />

7791<br />

7717


2.2.6 Loi du 25 juin 1954 <strong>sur</strong> les brevets 7792<br />

2.2.7 Loi du 29 avril 1998 <strong>sur</strong> l’agriculture 7793<br />

2.2.8 Loi du 4 octobre 1991 <strong>sur</strong> les forêts 7793<br />

2.3 Révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries publiques 7794<br />

2.3.1 Titre 7794<br />

2.3.2 Chapitre 1 Signes publics suisses 7795<br />

2.3.2.1 Section 1 Définitions 7795<br />

2.3.2.2 Section 2 Emp<strong>loi</strong> 7800<br />

2.3.2.3 Section 3 Interdiction d’enregistrement 7808<br />

2.3.3 Chapitre 2 Signes publics étrangers 7810<br />

2.3.3.1 Section 1 Emp<strong>loi</strong> et autorisation 7810<br />

2.3.3.2 Section 2 Interdiction d’enregistrement 7812<br />

2.3.4 Chapitre 3 Liste électronique <strong>de</strong>s signes publics protégés 7812<br />

2.3.5 Chapitre 4 Voies <strong>de</strong> droit 7813<br />

2.3.5.1 Section 1 Droit civil 7813<br />

2.3.5.2 Section 2 Droit pénal 7816<br />

2.3.6 Chapitre 5 Intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes 7818<br />

2.3.7 Chapitre 6 Dispositions finales 7820<br />

3 Conséquences 7825<br />

3.1 Conséquences pour <strong>la</strong> Confédération 7825<br />

3.2 Conséquences pour les cantons et les communes 7826<br />

3.3 Conséquences économiques 7826<br />

3.3.1 Nécessité et <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’Etat 7826<br />

3.3.2 Me<strong>sur</strong>es et leurs effets 7828<br />

3.3.3 Conséquences pour différents groupes <strong>de</strong> <strong>la</strong> société 7830<br />

3.3.4 Conséquences pour l’économie dans son ensemble 7834<br />

3.3.5 Réglementations possibles 7839<br />

3.3.6 Aspects pratiques <strong>de</strong> l’exécution 7839<br />

4 Liens avec le programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>ture et le p<strong>la</strong>n financier 7840<br />

5 Aspects juridiques 7840<br />

5.1 Constitutionnalité et conformité aux <strong>loi</strong>s 7840<br />

5.2 Compatibilité avec les obligations internationales <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse 7841<br />

5.2.1 Traités multi<strong>la</strong>téraux 7841<br />

5.2.2 Compatibilité avec le droit communautaire 7841<br />

5.2.3 Accord <strong>de</strong> libre échange entre <strong>la</strong> Confédération suisse<br />

et <strong>la</strong> CEE <strong>de</strong> 1972 (ALE) 7843<br />

5.2.4 Accord horloger <strong>de</strong> 1967 et accord complémentaire <strong>de</strong> 1972 7844<br />

5.3 Forme <strong>de</strong> l’acte <strong>à</strong> adopter 7845<br />

5.4 Délégation <strong>de</strong> compétences légis<strong>la</strong>tives 7845<br />

Loi fédérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques et <strong>de</strong>s indications<br />

<strong>de</strong> provenance (Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques, LPM) (Projet) 7847<br />

Loi fédérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse et autres signes<br />

publics (Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries, LPASP) (Projet) 7863<br />

7718


Liste <strong>de</strong>s abréviations<br />

Accord ALE/ALE Accord du 22 juillet 1972 entre <strong>la</strong> Confédération<br />

suisse et <strong>la</strong> CEE (avec annexes et échanges <strong>de</strong><br />

lettres); RS 0.632.401<br />

Accord complémentaire<br />

<strong>de</strong> 1972/Accord<br />

complémentaire<br />

Accord complémentaire du 20 juillet 1972 <strong>à</strong><br />

l’«Accord concernant les produits horlogers entre<br />

<strong>la</strong> Confédération suisse et <strong>la</strong> CEE ainsi que les<br />

Etats membres»; RS 0.632.290.131<br />

Accord horloger <strong>de</strong> 1967 Accord du 30 juin 1967 concernant les produits<br />

horlogers entre <strong>la</strong> Confédération suisse et <strong>la</strong> Communauté<br />

européenne ainsi que ses Etats membres;<br />

RS 0.632.290.13<br />

Accord <strong>sur</strong> les<br />

ADPIC/ADPIC<br />

Accord <strong>sur</strong> les aspects <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété<br />

intellectuelle qui touchent au commerce<br />

(Annexe 1C <strong>de</strong> l’Accord instituant l’Organisation<br />

mondiale du commerce); RS 0.632.2<br />

ACCS Association <strong>de</strong>s chimistes cantonaux <strong>de</strong> Suisse<br />

AOC Appel<strong>la</strong>tion d’origine contrôlée<br />

AOP Appel<strong>la</strong>tion d’origine protégée<br />

Arrangement <strong>de</strong> Madrid/AM Arrangement <strong>de</strong> Madrid concernant l’enregistrement<br />

international <strong>de</strong>s marques, révisé <strong>à</strong> Stockholm<br />

le 14 juillet 1967; RS 0.232.112.3<br />

Arrêté fédéral 1889 Arrêté fédéral du 12 décembre 1889 concernant<br />

les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse; RS 111<br />

Association AOC-IGP Association suisse pour <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>s AOC-IGP<br />

ATF Arrêt du Tribunal fédéral<br />

BIO-SUISSE Association Suisse <strong>de</strong>s Organisations d’Agriculture<br />

Biologique<br />

BNS Banque nationale suisse<br />

CC Co<strong>de</strong> civil suisse du 10 décembre 1907; RS 210<br />

CCIS Chambres <strong>de</strong> Commerce et d’Industrie Suisses<br />

CFC Commission Fédérale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Consommation<br />

CICR Comité international <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge<br />

CJCE Cour <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong>s Communautés Européennes<br />

CO Loi fédérale du 30 mars 1911 complétant le Co<strong>de</strong><br />

civil suisse (Livre cinquième: Droit <strong>de</strong>s obligations);<br />

RS 220<br />

Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes<br />

communautaire<br />

Règlement (CEE) n o 2913/92 du Conseil du<br />

12.10.1992 établissant le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire,<br />

JO L 302 du 19.10.1992, p. 1, abrogé<br />

par le règlement (CE) n o 450/2008 du Parlement<br />

européen et du Conseil du 23.4.2008 établissant le<br />

co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire (co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes<br />

mo<strong>de</strong>rnisé), Jo L 145 du 4.6.2008, p. 1<br />

7719


CNA Caisse nationale suisse d’as<strong>sur</strong>ance en cas<br />

d’acci<strong>de</strong>nts<br />

Convention AELE/AELE Convention du 4 janvier 1960 instituant l’Assocation<br />

européenne <strong>de</strong> Libre-échange (AELE) (avec<br />

annexes, acte final et déc<strong>la</strong>rations); RS 0.632.31<br />

Conventions <strong>de</strong> Genève Convention <strong>de</strong> Genève du 12 août 1949 pour<br />

l’amélioration du sort <strong>de</strong>s blessés et <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />

dans les forces armées en campagne; RS 0.518.12<br />

Convention <strong>de</strong> Genève du 12 août 1949 pour<br />

l’amélioration du sort <strong>de</strong>s blessés, <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />

et <strong>de</strong>s naufragés <strong>de</strong>s forces armées <strong>sur</strong> mer;<br />

RS 0.518.23<br />

CP Co<strong>de</strong> pénal suisse du 21 décembre 1937; RS 311.0<br />

CPC Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile du 19 décembre 2008;<br />

FF 2009 21<br />

CPP Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure pénale suisse du 5 octobre<br />

2007; FF 2007 6583<br />

Cst. Constitution fédérale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse<br />

du 18 avril 1999; RS 101<br />

CUP Convention d’Union <strong>de</strong> Paris du 20 mars 1883 pour<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle, révisée <strong>à</strong><br />

Stockholm le 14 juillet 1967; RS 0.232.04<br />

DDPS Département fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong>s sports<br />

DFE Département fédéral <strong>de</strong> l’économie<br />

DFJP Département fédéral <strong>de</strong> justice et police<br />

DFI Département fédéral <strong>de</strong> l’intérieur<br />

Directive 2005/29/CE Directive 2005/29/CE du Parlement européen et<br />

du Conseil du 11 mai 2005 re<strong>la</strong>tive aux pratiques<br />

commerciales déloyales <strong>de</strong>s entreprises vis-<strong>à</strong>-vis<br />

<strong>de</strong>s consommateurs dans le marché intérieur et<br />

modifiant <strong>la</strong> directive 84/450/CEE du Conseil et les<br />

directives 97/7/CE, 98/27/CE et 2002/65/CE du<br />

Parlement européen et du Conseil et le règlement<br />

(CE) n o 2006/2004 du Parlement européen et du<br />

Conseil («directive <strong>sur</strong> les pratiques commerciales<br />

déloyales»); JO L 149 du 11.6.2005, p. 22 <strong>à</strong> 39<br />

DPA Loi fédérale du 22 mars 1974 <strong>sur</strong> le droit pénal<br />

administratif; RS 313.0<br />

economiesuisse Fédération <strong>de</strong>s entreprises suisses<br />

EPFZ Ecole polytechnique fédérale <strong>de</strong> Zurich<br />

ESB Encéphalopathie spongiforme bovine<br />

FEA Fachverband Elektroapparate für Hausalt und<br />

Gewerbe Schweiz/Association Suisse <strong>de</strong>s Fabricants<br />

et Fournisseurs d’Appareils électrodomestiques<br />

7720


fial Fédérations <strong>de</strong>s Industries Alimentaires Suisses<br />

FPC Fondation pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs<br />

GRUR Gewerblicher Rechtsschutz und Urheberrecht/<br />

Association alleman<strong>de</strong> pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

propriété intellectuelle<br />

GRUR Int. Gewerblicher Rechtsschutz und Urheberrecht,<br />

Internationaler Teil/Association alleman<strong>de</strong> pour<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle, Partie<br />

internationale<br />

HaBa Han<strong>de</strong>lskammer bei<strong>de</strong>r Basel/Chambre <strong>de</strong> commerce<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Bâle<br />

IGP Indication géographique protégée<br />

IPI Institut Fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété Intellectuelle<br />

kf Konsumentenforum<br />

LCD Loi fédérale du 19 décembre 1986 contre <strong>la</strong> concurrence<br />

déloyale; RS 241<br />

LD Loi fédérale du 18 mars 2005 <strong>sur</strong> les douanes;<br />

RS 631.0<br />

LETC Loi fédérale du 6 octobre 1995 <strong>sur</strong> les entraves<br />

techniques au commerce; RS 0.946.51<br />

LIPI Loi fédérale du 24 mars 1995 <strong>sur</strong> le statut et les<br />

tâches <strong>de</strong> l’Institut Fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété Intellectuelle;<br />

RS 172.010.31<br />

LOGA Loi du 21 mars 1997 <strong>sur</strong> l’organisation du gouvernement<br />

et <strong>de</strong> l’administration; RS 172.010<br />

Loi <strong>sur</strong> l’agriculture/LAgr Loi fédérale du 29 avril 1998 <strong>sur</strong> l’agriculture;<br />

RS 910.1<br />

Loi <strong>sur</strong> l’aviation/LA Loi fédérale du 21 décembre 1948 <strong>sur</strong> l’aviation;<br />

RS 748.0<br />

Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge Loi fédérale du 25 mars 1954 concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong> l’emblème et du nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge;<br />

RS 232.22<br />

Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> navigation maritime Loi fédérale du 23 septembre 1953 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> naviga-<br />

sous pavillon suisse<br />

tion maritime sous pavillon suisse; RS 747.30<br />

Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s marques/LPM<br />

Loi fédérale du 28 août 1992 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

marques et <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance;<br />

RS 232.11<br />

Loi fédérale du 20 mars 1975 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

obtentions végétales; RS 232.16<br />

Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s obtentions<br />

végétales<br />

Loi <strong>sur</strong> le droit d’auteur/LDA Loi fédérale du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> le droit d’auteur<br />

et les droits voisins; RS 231.1<br />

Loi <strong>sur</strong> les brevets/LBI Loi fédérale du 25 juin 1954 <strong>sur</strong> les brevets<br />

d’invention; RS 232.14<br />

Loi <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées alimentai- Loi fédérale du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées<br />

res/LDAl<br />

alimentaires et les objets usuels; RS 817.0<br />

7721


Loi <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>signs/LDes Loi fédérale du 5 octobre 2001 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>signs; RS 232.12<br />

Loi <strong>sur</strong> les forêts/LFo Loi fédérale du 4 octobre 1991 <strong>sur</strong> les forêts;<br />

RS 921.0<br />

Loi <strong>sur</strong> les Nations Unies Loi fédérale du 15 décembre 1961 concernant <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong>s noms et emblèmes <strong>de</strong> l’Organisation<br />

<strong>de</strong>s Nations Unies et d’autres organisations;<br />

RS 232.23<br />

Loi <strong>sur</strong> les topographies/LTo Loi fédérale du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s topographies <strong>de</strong> produits semi-conducteurs,<br />

RS 231.2<br />

LPAP Loi fédérale du 5 juin 1931 pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s armoiries publiques et autres signes publics;<br />

RS 232.21<br />

LTAF Loi du 17 juin 2005 <strong>sur</strong> le Tribunal administratif<br />

fédéral; RS 173.32<br />

LTF Loi du 17 juin 2005 <strong>sur</strong> le Tribunal fédéral;<br />

RS 173.110<br />

<strong>Message</strong> 1991 <strong>Message</strong> du 21 novembre 1990 concernant une <strong>loi</strong><br />

fédérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques et <strong>de</strong>s indications<br />

<strong>de</strong> provenance (Loi <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

marques, LPM); FF 1991 I 1<br />

<strong>Message</strong> LBI <strong>Message</strong> du 23 novembre 2005 concernant <strong>la</strong><br />

<strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les brevets et l’arrêté<br />

fédéral portant approbation du traité <strong>sur</strong> le droit <strong>de</strong>s<br />

brevets et du règlement d’exécution; FF 2006 1<br />

MGB Migros-Genossenschaft-Bund<br />

NOGA Nomenc<strong>la</strong>ture générale <strong>de</strong>s activités économiques<br />

OCDE Organisation <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> développement<br />

économiques<br />

OCFIM Office central fédéral <strong>de</strong>s imprimés et du matériel<br />

ODAIOUs Ordonnance du 23 novembre 2005 <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires et les objets usuels; RS 817.02<br />

OEDAI Ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 <strong>sur</strong><br />

l’étiquetage et <strong>la</strong> publicité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires;<br />

RS 817.022.21<br />

OFAG Office fédéral <strong>de</strong> l’agriculture<br />

OFS Office fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique<br />

OMC Organisation mondiale du commerce<br />

OMPI Organisation Mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété<br />

Intellectuelle<br />

OPM Ordonnance du 23 décembre 1992 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s marques; RS 232.111<br />

7722


Ordonnance <strong>sur</strong> les AOP<br />

et les IGP<br />

Ordonnance <strong>sur</strong> les exigences<br />

re<strong>la</strong>tives aux médicaments/OEMéd)<br />

Ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>»<br />

pour les montres<br />

Ordonnance du 28 mai 1997 concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine et <strong>de</strong>s indications<br />

géographiques <strong>de</strong>s produits agricoles et <strong>de</strong>s<br />

produits agricoles transformés; RS 910.12<br />

Ordonnance <strong>de</strong> l’Institut suisse <strong>de</strong>s produits thérapeutiques<br />

du 9 novembre 2001 <strong>sur</strong> les exigences<br />

re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’autorisation <strong>de</strong> mise <strong>sur</strong><br />

le marché <strong>de</strong>s médicaments; RS 812.212.22<br />

Ordonnance du 23 décembre 1971 rég<strong>la</strong>nt<br />

l’utilisation du nom «Suisse» pour les montres;<br />

RS 232.119<br />

PA Loi fédérale du 20 décembre 1968 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

administrative; RS 172.021<br />

P-LAgr Projet portant révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> l’agriculture<br />

P-LPASP Projet portant révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s armoiries publiques<br />

P-LPM Projet portant révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s marques<br />

PM/Protocole <strong>de</strong> Madrid Protocole du 27 juin 1989 <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> l’Arrangement<br />

<strong>de</strong> Madrid concernant l’enregistrement international<br />

<strong>de</strong>s marques; RS 0.232.112.4<br />

PME Petites et moyennes entreprises<br />

Première directive<br />

89/104/CEE<br />

Première directive 89/104/CEE du Conseil du<br />

21 décembre 1988 rapprochant les légis<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s<br />

Etats membres <strong>sur</strong> les marques JO L 40 du<br />

11.2.1989, p. 1, abrogée par <strong>la</strong> directive<br />

2008/95/CE du Parlement européen et du Conseil<br />

du 22 octobre 2008 rapprochant les légis<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s<br />

membres <strong>sur</strong> les marques (version codifiée),<br />

JO L 299 du 8.11.2008, p. 25<br />

PROMARCA Promarca – Union suisse <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> marque<br />

Prométerre Association vaudoise <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s métiers<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> terre<br />

Provian<strong>de</strong> Provian<strong>de</strong>, die Branchenorganisation <strong>de</strong>r Schweiz<br />

Fleischwirtschaft<br />

Règlement (CE) 207/2009 Règlement (CE) n o 207/2009 du Conseil du<br />

26 février 2009 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> marque communautaire<br />

(version codifiée), JO L 78 du 24.3.2009, p. 1<br />

Règlement (CE) 510/2006 Règlement (CE) n o 510/2006 du Conseil du<br />

20 mars 2006 <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications<br />

géographiques et <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine, <strong>de</strong>s<br />

produits agricoles et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires<br />

JO L 93 du 31.3.2006, p. 12, modifié pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />

fois par le règlement (CE) n o 417/2008<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission du 8 mai 2008, JO L 125 du<br />

9.5.2008, p. 27<br />

7723


Règlement (CEE) 2081/92 Règlement (CEE) n o 2081/92 du Conseil, du<br />

14 juillet 1992, <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications<br />

géograpiques et <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

<strong>de</strong>s produits agricoles et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires,<br />

JO L 208 du 24.7.1992, p. 1 <strong>à</strong> 8<br />

Règlement (CEE) 2454/93 Règlement (CEE) n o 2454/93 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission<br />

du 2 juillet 1993 fixant certaines dispositions<br />

d’application du Règlement (CEE) n o 2913/92<br />

du Conseil établissant le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaires<br />

JO L 253 du 11.10.1993, p. 1, modifiée<br />

pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fois par le règlement (CE)<br />

n o 414/2009 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission du 30 avril 2009,<br />

JO L 125 du 25.5.2009, p. 6<br />

Règlement (CE) 2868/95 Règlement (CE) n o 2868/95 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission du<br />

13.12.1995 portant <strong>sur</strong> les modalités d’application<br />

du règlement (CE) n o 40/94 du Conseil <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

marque communautaire, JO L 303 du 15.12.1995,<br />

p. 1, modifié pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fois par le règlement<br />

(CE) n o 355/2009 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission du 31.3.2009<br />

modifiant le règlement (CE) n o 2869/95 <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> aux<br />

taxes <strong>à</strong> payer <strong>à</strong> l’Office <strong>de</strong> l’harmonisation dans le<br />

marché intérieur (marques, <strong>de</strong>ssins et modèles) et le<br />

règlement et le règlement (CE) n o 2868/95 portant<br />

modalités d’application du règlement (CE) n o 40/94<br />

du Conseil <strong>sur</strong> <strong>la</strong> marque communautaire, JO L 109<br />

du 30.4.2009, p. 3<br />

RexC Règlement d’exécution commun du 18 janvier<br />

1996 <strong>de</strong> l’Arrangement <strong>de</strong> Madrid concernant<br />

l’enregistrement international <strong>de</strong>s marques et au<br />

protocole <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> cet arrangement (avec barème et<br />

instr.); RS 0.232.112.21<br />

SAA Swiss automotive aftermarket<br />

SECO Secrétariat d’Etat <strong>à</strong> l’économie<br />

sic! Revue du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle, <strong>de</strong><br />

l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence<br />

Traité CE Traité instituant <strong>la</strong> Communauté européenne (version<br />

consolidée, JO C 321E du 29.12.2006,<br />

p. 37 <strong>à</strong> 186)<br />

Traité franco-suisse Traité du 14 mai 1974 entre <strong>la</strong> Confédération suisse<br />

et <strong>la</strong> République française <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> provenance, <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions<br />

d’origine et d’autres dénominations géographiques<br />

(avec prot., annexes et échange <strong>de</strong> lettres);<br />

RS 0.232.111.193.49<br />

7724


UPSV Union Professionnelle Suisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vian<strong>de</strong><br />

USAM Union suisse <strong>de</strong>s arts et métiers<br />

USP Union suisse <strong>de</strong>s paysans<br />

USS Union syndicale suisse<br />

VBF Verband Bündner Fleischfabrikanten/Association<br />

<strong>de</strong>s fabricants <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons<br />

7725


<strong>Message</strong><br />

1 Présentation <strong>de</strong> l’objet<br />

1.1 Contexte<br />

La croix suisse, les désignations «Suisse», «Swiss», «qualité suisse», «ma<strong>de</strong> in<br />

Switzer<strong>la</strong>nd» et les signes figuratifs renvoyant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse comme le Cervin ou<br />

Guil<strong>la</strong>ume Tell sont <strong>de</strong> plus en plus convoités par les producteurs, les fabricants et<br />

les prestataires <strong>de</strong> services. Ceux-ci les utilisent pour mettre en avant <strong>la</strong> provenance<br />

géographique <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services: <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» véhicule <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong><br />

qualité, l’attente d’une utilité exclusive et/ou <strong>de</strong>s contenus émotionnels liés <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

provenance suisse. La «Suissitu<strong>de</strong>» est en outre synonyme d’innovation et <strong>de</strong> services<br />

excellents. Elle fait référence <strong>à</strong> un pays riche en cultures variées, cosmopolite et<br />

ouvert au mon<strong>de</strong>2. Redécouverte comme instrument commercial, <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» incite un nombre<br />

croissant d’entreprises <strong>à</strong> apposer <strong>la</strong> croix suisse et <strong>de</strong>s désignations telles que «Suisse»<br />

<strong>sur</strong> leurs produits, <strong>à</strong> les utiliser pour désigner leurs services et pour faire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

publicité en Suisse et <strong>à</strong> l’étranger. Cependant, les utilisations perçues comme abusives<br />

se multiplient, ce qui a conduit <strong>à</strong> <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>intes <strong>de</strong>s milieux économiques et <strong>à</strong> une<br />

plus gran<strong>de</strong> sensibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse <strong>à</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. A titre d’exemple, l’affaire <strong>de</strong>s casseroles SIGG –<br />

vendues dans le cadre d’une promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coop – a été <strong>la</strong> plus retentissante. Les<br />

casseroles SIGG et leur embal<strong>la</strong>ge contenaient <strong>la</strong> dénomination «Switzer<strong>la</strong>nd» et <strong>la</strong><br />

croix suisse alors même qu’elles étaient fabriquées en Chine.<br />

En pensant <strong>à</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> «Suissitu<strong>de</strong>», le public parle souvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse»<br />

qui doit être défendue <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n national ainsi qu’<strong>à</strong> l’étranger. Il n’existe pourtant<br />

pas <strong>de</strong> «marque suisse» en tant que telle. Cette notion du <strong>la</strong>ngage courant doit<br />

bien être différenciée <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque au sens juridique qui renvoie <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

commerciale et, <strong>de</strong> ce fait, attribue un produit ou un service <strong>à</strong> une entreprise déterminée.<br />

En résumé, <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» représente le contenu, le renvoi <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

géographique avec les idées qu’elle véhicule, tandis que <strong>la</strong> marque est l’instrument,<br />

le support utilisé par une entreprise ou un groupement d’entreprises pour défendre<br />

ses produits ou ses services <strong>de</strong> provenance suisse.<br />

2 Voir Stefan Feige et al., Positionierungspotential «Swissness». Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />

Saint-Gall et al. 2006 et Stephan Feige/Benita Brockdorff/Karsten Sausen/Peter<br />

Fischer/Urs Jaermann/Sven Reinecke, Swissness Worldwi<strong>de</strong> – Internationale Studie zur<br />

Wahrnehmung <strong>de</strong>r Marke Schweiz. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al. 2008. Pour<br />

un résumé actuel voir Stephan Feige/Sven Reinecke/Felix Addor, Das Kreuz mit <strong>de</strong>m<br />

Kreuz. Marketing mit <strong>de</strong>r Schweizer Herkunft, IO New Management, 2009, n o 3, pp. 18<br />

<strong>à</strong> 23. Voir aussi Marco Casanova, Die Marke Schweiz – Gefangen in <strong>de</strong>r Mythosfalle<br />

zwischen Heidi und Willhelm Tell: Aktuelle Herausfor<strong>de</strong>rung im Zusammehang mit <strong>de</strong>r<br />

Verwendung <strong>de</strong>r Marke Schweiz als Co-Branding-Partner, in:Arndt Florack/Martin<br />

Scarabis/Ernst Primosch (éd.), Psychologie <strong>de</strong>r Markenführung, Vahlen, Munich 2007,<br />

pp. 541 <strong>à</strong> 550. D’autres indications <strong>sur</strong> <strong>la</strong> valeur économique <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse»<br />

ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse figurent au ch. 3 traitant <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle réglementation.<br />

7726


Conditions actuelles d’utilisation <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance,<br />

dont <strong>la</strong> désignation «Suisse»<br />

La <strong>protection</strong> conférée par <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 28 août 1992 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques et<br />

<strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance (<strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques, LPM) aux indications<br />

<strong>de</strong> provenance est indépendante <strong>de</strong> tout enregistrement ou d’un titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong>.<br />

Dès qu’un nom géographique est considéré par les branches économiques et les<br />

consommateurs comme indiquant <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong> produits ou <strong>de</strong><br />

services déterminés, celui-ci est protégé en tant qu’indication <strong>de</strong> provenance par les<br />

art. 47 ss LPM. Ces dispositions protègent toutes les indications <strong>de</strong> provenance, <strong>à</strong><br />

savoir aussi bien les indications <strong>de</strong> provenance simples considérées comme <strong>de</strong>s<br />

renvois <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle aucune<br />

qualité particulière n’est associée que les indications <strong>de</strong> provenance qualifiées,<br />

suisses et étrangères. Les indications <strong>de</strong> provenance qualifiées, pour lesquelles on<br />

utilise <strong>la</strong> notion d’indications géographiques, servent <strong>à</strong> i<strong>de</strong>ntifier un produit comme<br />

étant originaire d’un territoire, ou d’une région ou localité <strong>de</strong> ce territoire, dans les<br />

cas où une qualité, une réputation ou une autre caractéristique déterminée du produit<br />

peut être attribuée essentiellement <strong>à</strong> cette provenance géographique3 (par ex.<br />

«Genève» pour les montres). En cas <strong>de</strong> litige <strong>sur</strong> une indication <strong>de</strong> provenance, il<br />

appartient aux autorités judiciaires <strong>de</strong> concrétiser <strong>la</strong> <strong>protection</strong>, <strong>à</strong> savoir <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r<br />

s’il s’agit bien d’une indication <strong>de</strong> provenance et si celle-ci a été utilisée <strong>de</strong> manière<br />

licite ou illicite. On parle alors <strong>de</strong> <strong>protection</strong> ex post. L’usage est illicite lorsque<br />

l’indication <strong>de</strong> provenance utilisée est inexacte (art. 47, al. 3, let. a, LPM).<br />

Actuellement, <strong>la</strong> LPM énonce en <strong>de</strong>s termes très (trop) généraux les conditions<br />

régissant l’utilisation d’une indication <strong>de</strong> provenance («Genève», «Zurich», etc.),<br />

donc également <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse», pour les produits. L’absence <strong>de</strong> critères<br />

précis est synonyme <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> transparence et d’insécurité juridique. Selon<br />

l’art. 48 LPM, <strong>la</strong> provenance est déterminée par le lieu <strong>de</strong> fabrication ou par <strong>la</strong><br />

provenance <strong>de</strong>s matières <strong>de</strong> base et <strong>de</strong>s composants utilisés. Le Conseil fédéral peut<br />

préciser ces conditions dans l’intérêt <strong>de</strong> l’économie en général ou <strong>de</strong> secteurs particuliers.<br />

Pour l’heure, il ne l’a fait qu’une seule fois, dans l’ordonnance du<br />

23 décembre 1971 rég<strong>la</strong>nt l’utilisation du nom «Suisse» pour les montres (ordonnance<br />

«Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres) après avoir mené <strong>de</strong> longues discussions<br />

pour prendre en considération les intérêts parfois très divergents <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche<br />

horlogère. L’assemblée générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération <strong>de</strong> l’industrie horlogère suisse a<br />

d’ailleurs accepté un projet <strong>de</strong> révision <strong>de</strong> cette ordonnance et l’a soumis au Conseil<br />

fédéral4. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette ordonnance, on ne peut se baser que <strong>sur</strong> une jurispru<strong>de</strong>nce<br />

cantonale peu abondante, en particulier celle du Tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong><br />

Saint-Gall5. Celui-ci s’est prononcé <strong>sur</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» pour<br />

<strong>de</strong>s produits industriels, statuant que <strong>la</strong> quote-part suisse doit représenter au moins<br />

50 % du coût total <strong>de</strong> production6 et que le processus essentiel <strong>de</strong> fabrication doit<br />

avoir lieu en Suisse. Selon cette jurispru<strong>de</strong>nce, <strong>la</strong> recherche et le développement,<br />

3 Art. 22, al. 1, ADPIC.<br />

4 L’examen du projet par le Conseil fédéral présuppose que les futures règles légales soient<br />

préa<strong>la</strong>blementc<strong>la</strong>irement établies.<br />

5 Décision du 24 avril 1968, Revue suisse <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, 1972, p. 207 et décision du<br />

6 novembre 1992, St. Gallische Gerichts- u. Verwaltungspraxis, 1992, n o 39.<br />

6 Comprenant les matières premières et mi-ouvrées, les pièces détachées, les sa<strong>la</strong>ires et les<br />

frais généraux, <strong>à</strong> l’exclusion <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> distribution.<br />

7727


ainsi que le marketing, ne peuvent pas être pris en compte pour examiner si les <strong>de</strong>ux<br />

conditions précitées sont remplies.<br />

Selon l’art. 49 LPM, <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s services est déterminée soit par le siège<br />

social <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui fournit les services, soit par <strong>la</strong> nationalité ou le domicile<br />

<strong>de</strong>s personnes qui exercent le contrôle effectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique commerciale et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

direction. Une société ayant son siège social en Suisse peut donc utiliser le nom<br />

«Swiss Consulting» pour <strong>de</strong>s services. Une société ayant son siège <strong>à</strong> l’étranger peut<br />

légitimement utiliser ce même nom pour ses services, <strong>à</strong> condition que <strong>la</strong> personne<br />

qui exerce le contrôle effectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> société (par ex. le directeur) soit un citoyen<br />

suisse ou soit domicilié en Suisse.<br />

Conditions actuelles d’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse<br />

L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse est régie par <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale du 5 juin 1931 pour <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries publiques et autres signes publics (LPAP). Celle-ci interdit<br />

notamment l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse en tant que marque <strong>de</strong> produits et son<br />

apposition dans un but commercial <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits ou <strong>sur</strong> leur embal<strong>la</strong>ge. Le but<br />

poursuivi est considéré comme commercial lorsque <strong>la</strong> croix suisse est apposée afin<br />

d’indiquer <strong>la</strong> provenance (suisse) d’un produit. Ainsi, l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse<br />

<strong>sur</strong> un pot <strong>de</strong> yaourt ou <strong>sur</strong> une pâte combustible dans le but d’indiquer aux<br />

consommateurs que le produit provient <strong>de</strong> Suisse n’est pas conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

L’emp<strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins non commerciales et dans un but décoratif est<br />

en revanche licite. L’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> souvenir (par<br />

ex. une croix suisse <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> dimension <strong>sur</strong> un t-shirt ou <strong>sur</strong> une casquette) est par<br />

conséquent autorisée. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, <strong>la</strong> croix suisse est utilisée dans un but<br />

purement décoratif; les consommateurs ne s’attendant pas <strong>à</strong> ce que les produits en<br />

question aient été fabriqués en Suisse. Une reproduction très fortement stylisée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse peut également être apposée <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits si tout risque <strong>de</strong> confusion<br />

avec l’emblème national peut être exclu.<br />

Pour les marques <strong>de</strong> services, dans <strong>la</strong> publicité et <strong>sur</strong> les prospectus, <strong>la</strong> croix suisse<br />

peut être utilisée pour autant qu’elle n’induise pas en erreur <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s<br />

produits et <strong>de</strong>s services. Par exemple, l’entreprise Swiss Life, qui a son siège en<br />

Suisse, peut utiliser <strong>la</strong> croix suisse dans son logo. La société Swatch est autorisée <strong>à</strong><br />

utiliser <strong>la</strong> croix suisse dans son prospectus pour <strong>de</strong>s montres «Swiss ma<strong>de</strong>».<br />

L’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> les cadrans <strong>de</strong> ces montres serait par contre<br />

illicite.<br />

La distinction faite aujourd’hui entre l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits<br />

(l’utilisation est interdite même si le produit a été fabriqué en Suisse) et pour <strong>de</strong>s<br />

services (l’utilisation est licite notamment lorsque l’entreprise a son siège en Suisse)<br />

n’est plus justifiée si l’on considère que <strong>la</strong> croix suisse est l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

suisse <strong>la</strong> plus précieuse en termes <strong>de</strong> marketing.<br />

La marque <strong>de</strong> services n’a été introduite qu’en 1992, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM.<br />

A l’époque, <strong>la</strong> révision prévoyait d’abroger entièrement <strong>la</strong> LPAP. Les signes publics<br />

auraient été assimilés aux indications <strong>de</strong> provenance (conformément aux art. 47 ss<br />

LPM). En d’autres termes, leur emp<strong>loi</strong> aurait été libre <strong>à</strong> condition qu’il n’y ait pas <strong>de</strong><br />

risque <strong>de</strong> tromperie. L’avant-projet mis en consultation par l’ancien Office fédéral<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle a toutefois suscité <strong>de</strong> vives controverses auprès <strong>de</strong>s<br />

cantons et <strong>de</strong>s milieux intéressés. Pour ne pas mettre en péril le projet <strong>de</strong> révision,<br />

7728


l’office a finalement renoncé <strong>à</strong> abroger <strong>la</strong> LPAP7. Le fait qu’aujourd’hui les marques<br />

<strong>de</strong> services sont favorisées par rapport aux marques <strong>de</strong> produits (art. 75, ch. 3, LPM)<br />

est une décision politique qui ne fut prise <strong>à</strong> l’époque que lors <strong>de</strong>s débats parlementaires.<br />

Il n’y a plus aucune raison va<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> maintenir cette distinction. De plus, l’utilisation<br />

toujours plus répandue <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits en dépit <strong>de</strong><br />

l’interdiction légale révèle un énorme fossé entre le droit et <strong>la</strong> réalité. Il est donc est<br />

impératif d’agir <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n légis<strong>la</strong>tif. Il est également nécessaire <strong>de</strong> résoudre les<br />

difficultés <strong>de</strong> délimitation entre l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> but commercial et<br />

celle <strong>à</strong> but décoratif.<br />

Application du droit en Suisse et <strong>à</strong> l’étranger<br />

En Suisse, s’agissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse», les lésés (en particulier les producteurs<br />

suisses qui respectent les conditions d’utilisation <strong>de</strong> cette désignation) et les<br />

associations professionnelles ou les organisations <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s consommateurs<br />

peuvent engager <strong>de</strong>s poursuites civiles et pénales; l’utilisation abusive commise par<br />

métier est un délit qui doit être poursuivi d’office par les cantons. Mais, dans ce<br />

domaine, il est rare que <strong>de</strong>s procédures soient engagées. En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> maigre<br />

jurispru<strong>de</strong>nce (qui ne concerne d’ailleurs que <strong>de</strong>s produits dont <strong>la</strong> fabrication est<br />

re<strong>la</strong>tivement simple, comme <strong>de</strong>s fou<strong>la</strong>rds ou <strong>de</strong>s plumes-réservoirs et non <strong>de</strong>s produits<br />

plus complexes supposant <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement plus<br />

importantes, comme <strong>de</strong>s produits cosmétiques ou chimiques), il est difficile <strong>de</strong> dire<br />

si et dans quelle me<strong>sur</strong>e les coûts <strong>de</strong> recherche ou <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité, par<br />

exemple, peuvent être considérés comme <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> fabrication et s’ils peuvent<br />

être pris en compte pour <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance du produit. Quant aux<br />

infractions <strong>à</strong> <strong>la</strong> LPAP, il incombe aux cantons <strong>de</strong> les poursuivre d’office, et tout un<br />

chacun peut les dénoncer. Les abus sont cependant rarement poursuivis.<br />

A l’étranger, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance en général, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» en particulier, est difficile <strong>à</strong> réaliser. En vertu du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

territorialité, chaque Etat est libre <strong>de</strong> fixer ses propres règles <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> provenance et les drapeaux nationaux, sous réserve <strong>de</strong>s traités internationaux.<br />

Le droit étranger est souvent très différent du droit suisse s’agissant du<br />

niveau <strong>de</strong> <strong>protection</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> légitimité pour engager une procédure. L’interprétation<br />

<strong>de</strong>s conventions internationales applicables et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce en <strong>la</strong> matière sont en<br />

règle générale vagues, ce qui rend d’autant plus coûteux un procès <strong>à</strong> l’issue incertaine.<br />

Aussi <strong>de</strong>s actions judiciaires sont-elles rarement intentées <strong>à</strong> l’étranger, principalement<br />

parce qu’il n’existe pas, dans les branches économiques concernées, <strong>de</strong><br />

titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» qui pourrait déci<strong>de</strong>r comment doivent être utilisées<br />

et défendues <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>la</strong> croix suisse et porter les cas<br />

d’utilisation abusive <strong>de</strong>vant les tribunaux.<br />

7 <strong>Message</strong> 1991, FF 1991 I 1, p. 13.<br />

7729


1.2 Interventions parlementaires et rapport<br />

du Conseil fédéral<br />

Le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» a fait l’objet <strong>de</strong> plusieurs interventions<br />

parlementaires8. Le postu<strong>la</strong>t 06.3056 Hutter («Protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque<br />

Suisse») du 16 mars 2006 charge le Conseil fédéral d’exposer au Parlement <strong>de</strong><br />

quelles manières <strong>la</strong> «marque Suisse» pourrait être mieux protégée et, en particulier,<br />

<strong>de</strong> vérifier dans quelle me<strong>sur</strong>e les <strong>loi</strong>s et les ordonnances peuvent être révisées en ce<br />

sens. Le postu<strong>la</strong>t 06.3174 Fetz («Renforcer <strong>la</strong> marque Ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd») du<br />

24 mars 2006 donne le mandat au Conseil fédéral d’examiner et <strong>de</strong> présenter les<br />

me<strong>sur</strong>es, notamment légis<strong>la</strong>tives, qui pourraient être prises pour renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse». Le Conseil fédéral a accepté les <strong>de</strong>ux<br />

postu<strong>la</strong>ts le 17 mai 2006. Le postu<strong>la</strong>t Fetz a été adopté par le Conseil <strong>de</strong>s Etats le<br />

9 juin 2006, le postu<strong>la</strong>t Hutter par le Conseil national le 23 juin 2006.<br />

En réponse <strong>à</strong> ces <strong>de</strong>ux postu<strong>la</strong>ts, le Conseil fédéral propose, dans le rapport «Protection<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation ‹suisse’ et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse», qu’il a adopté le 15 novembre<br />

2006, quatre me<strong>sur</strong>es constituant un ensemble cohérent pour une <strong>protection</strong> plus<br />

efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Les <strong>de</strong>ux postu<strong>la</strong>ts ont donc<br />

pu être c<strong>la</strong>ssés en 2007. 9 Le présent projet <strong>de</strong> révision répond <strong>à</strong> <strong>la</strong> requête principale<br />

<strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong>s postu<strong>la</strong>ts, <strong>à</strong> savoir réviser <strong>la</strong> réglementation légale afin <strong>de</strong> renforcer<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse».<br />

La motion 08.3247 Favre («Protection AOP/IGP <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> sylviculture»)<br />

charge le Conseil fédéral <strong>de</strong> proposer une base légale qui permette <strong>de</strong> protéger<br />

efficacement les dénominations re<strong>la</strong>tives aux produits traditionnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> sylviculture<br />

suisse par leur enregistrement dans le registre fédéral <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

protégées (AOP) et <strong>de</strong>s indications géographiques protégées (IGP). Le Conseil<br />

fédéral a proposé d’accepter <strong>la</strong> motion le 19 décembre 2008. La motion Favre a été<br />

adoptée par le Conseil national le 20 mars 2009 et par le Conseil <strong>de</strong>s Etats le 14<br />

septembre 2009. La <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les forêts pourrait être complétée par l’ajout d’un nouvel<br />

article 41a (désignation), dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente révision (voir ch. 2.2.8).<br />

Comme cette <strong>modification</strong> satisfait <strong>à</strong> <strong>la</strong> requête <strong>de</strong> <strong>la</strong> motion Favre, <strong>la</strong> liquidation <strong>de</strong><br />

celle-ci est <strong>de</strong>mandée.<br />

1.3 Nouvelle réglementation proposée<br />

Critères visant <strong>à</strong> déterminer le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

Le projet <strong>de</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM (P-LPM) contient les critères qui permettent <strong>de</strong><br />

déterminer <strong>la</strong> provenance d’un produit. Ces critères s’appliquent <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

8 Interpel<strong>la</strong>tion 05.3211 Zuppiger («Utilisation abusive <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse»), Postu<strong>la</strong>t<br />

06.3056 Hutter («Protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque suisse»), Postu<strong>la</strong>t 06.3174 Fetz («Renforcer <strong>la</strong><br />

marque Ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd»), Question 07.1001 Reymond («L’importance d’un vrai<br />

‹Swiss ma<strong>de</strong>› pour l’horlogerie») et Interpel<strong>la</strong>tion 07.3666 Berberat («Renforcement du<br />

‹Swiss ma<strong>de</strong>› en matière horlogère»).<br />

9 Voir le rapport du 9 mars 2007 concernant les motions et les postu<strong>la</strong>ts <strong>de</strong>s conseils<br />

légis<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong> l’année 2006 et l’annexe 1 du rapport du Conseil fédéral du 7 mars 2008<br />

concernant les motions et les postu<strong>la</strong>ts <strong>de</strong>s conseils légis<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong> l’année 2007. Ces <strong>de</strong>ux<br />

rapports sont publiés <strong>sur</strong> <strong>la</strong> page Internet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie fédérale <strong>à</strong> l’adresse suivante:<br />

http://www.bk.admin.ch/dokumentation/publikationen/00290/04599/04601/<br />

in<strong>de</strong>x.html?<strong>la</strong>ng=fr.<br />

7730


suisse (désignations telles que «Suisse», «Genève», «Zurich», etc.). Les produits<br />

sont c<strong>la</strong>ssés dans trois catégories: les produits naturels, les produits naturels transformés<br />

et les produits industriels10. Concrètement, une indication <strong>de</strong> provenance<br />

peut être utilisée pour tout produit qui réalise les critères prévus pour <strong>la</strong> catégorie<br />

correspondante, sous réserve du droit en vigueur (voir <strong>la</strong> référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en<br />

matière <strong>de</strong> médicaments mentionnée dans le commentaire <strong>de</strong> l’art. 48).<br />

Pour les produits naturels (comme les p<strong>la</strong>ntes, l’eau minérale, les animaux), <strong>la</strong><br />

provenance est définie <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> d’un seul critère adapté en fonction du type <strong>de</strong> produit.<br />

Il s’agit par exemple du lieu <strong>de</strong> l’extraction pour les produits minéraux et du<br />

lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> récolte pour les produits végétaux.<br />

Pour les produits naturels transformés (comme le fromage) et les produits industriels<br />

(comme les couteaux), un système fondé <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères cumu<strong>la</strong>tifs vise <strong>à</strong><br />

garantir le rattachement effectif du produit au lieu <strong>de</strong> provenance. Pour <strong>la</strong> présentation<br />

détaillée <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation et <strong>de</strong>s exemples, voir commentaire <strong>de</strong>s art. 48 ss;<br />

ch. 2.1.2.2). Ces critères sont les suivants:<br />

1. L’activité donnant au produit ses caractéristiques essentielles (transformation,<br />

fabrication, assemb<strong>la</strong>ge, recherche et développement) doit avoir lieu en<br />

Suisse. Il s’agit <strong>de</strong> l’activité qui crée véritablement le produit, et il serait<br />

impensable <strong>de</strong> ne pas en tenir compte pour en déterminer <strong>la</strong> provenance.<br />

Par exemple, un produit naturel transformé tel que le fromage doit subir <strong>la</strong><br />

transformation <strong>de</strong> <strong>la</strong>it en fromage en Suisse et un produit industriel tel<br />

qu’une montre doit y être assemblée.<br />

2. Un lien physique réel doit exister entre le produit et le territoire géographique<br />

suisse. Cette exigence minimale est indispensable pour conserver <strong>la</strong><br />

cohérence du système <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance. A défaut, certains produits<br />

tirant leurs caractéristiques essentielles uniquement (ou en gran<strong>de</strong> partie)<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche et du développement pourraient être considérés comme<br />

«Swiss ma<strong>de</strong>» alors même qu’aucune étape <strong>de</strong> fabrication n’a eu lieu en<br />

Suisse. En conséquence, une étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication doit y être<br />

réalisée. Si, pour ce produit, <strong>la</strong> fabrication proprement dite est l’étape qui<br />

donne au produit ses caractéristiques essentielles, <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième condition<br />

(l’étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication) est réalisée simultanément avec <strong>la</strong><br />

première condition.<br />

3. Enfin, un pourcentage minimum <strong>de</strong>s éléments composant le produit ou <strong>de</strong>s<br />

activités contribuant <strong>à</strong> lui donner <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur doit être réalisé dans notre<br />

pays. Ces éléments (par ex. les produits naturels composant le produit final)<br />

ou ces activités ont souvent une importance déterminante pour les milieux<br />

intéressés. Faute d’une telle exigence, il serait possible <strong>de</strong> fabriquer du<br />

«fromage suisse» avec 100 % <strong>de</strong> <strong>la</strong>it étranger. Un produit naturel transformé<br />

tel que le fromage doit être composé <strong>de</strong> 80 % au minimum <strong>de</strong> matière première<br />

suisse. Pour les produits industriels, 60 % du prix <strong>de</strong> revient du produit<br />

doivent être réalisés dans notre pays.<br />

10 Cette <strong>de</strong>rnière catégorie comprend tous les produits ne tombant pas dans les <strong>de</strong>ux<br />

premières catégories. C’est par ex. le cas <strong>de</strong>s produits artisanaux (voir commentaire <strong>de</strong><br />

l’art. 48c P-LPM). Pour alléger le texte, il est fait référence uniquement aux produits<br />

industriels dans le message.<br />

7731


Pour les <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> produits, <strong>la</strong> nouvelle réglementation prévoit <strong>de</strong>s exceptions<br />

pour les matières premières ne pouvant pas être produites ou n’étant pas disponibles<br />

en quantité suffisante en Suisse (voir commentaires <strong>de</strong>s art. 48b et 48c).<br />

Les indications <strong>de</strong> provenance étrangères étant définies dans leur pays d’origine, les<br />

critères <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong> 48c ne leur sont donc pas applicables. L’éventuelle tromperie<br />

<strong>de</strong>s consommateurs suisses est cependant réservée11, tout comme l’application <strong>de</strong>s<br />

dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale du 19 décembre 1986 contre <strong>la</strong> concurrence déloyale<br />

(LCD).<br />

Le projet renforce également le critère <strong>de</strong> rattachement pour les indications <strong>de</strong><br />

provenance pour les services. Une entreprise fournit <strong>de</strong>s services suisses <strong>à</strong> condition<br />

d’avoir son siège social en Suisse et d’être effectivement administrée <strong>de</strong>puis <strong>la</strong><br />

Suisse. Les autres critères <strong>de</strong> rattachement mentionnés dans <strong>la</strong> LPM, <strong>à</strong> savoir <strong>la</strong><br />

nationalité ou le domicile, ont été supprimés (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 49; ch.<br />

2.1.2.3).<br />

Croix suisse et autres signes publics<br />

La LPAP ne correspond plus <strong>à</strong> <strong>la</strong> réalité. La nouvelle réglementation vise <strong>à</strong> remédier<br />

<strong>à</strong> cette situation en précisant <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix et du drapeau suisses en vue <strong>de</strong> créer une base soli<strong>de</strong> pour leur <strong>protection</strong>. La<br />

révision a aussi pour objectif d’accroître <strong>la</strong> transparence et <strong>la</strong> sécurité juridique en<br />

donnant <strong>la</strong> compétence au Conseil fédéral d’établir une liste <strong>de</strong>s autres signes<br />

publics <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Le regroupement <strong>de</strong>s emblèmes cantonaux dans une<br />

liste accessible au public s’inscrit dans <strong>la</strong> même lignée. Le projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> prévoit<br />

d’autoriser l’utilisation commerciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse, légalisant ainsi <strong>la</strong> pratique en<br />

mettant <strong>la</strong> croix <strong>à</strong> disposition <strong>de</strong> l’économie suisse en tant qu’instrument <strong>de</strong> marketing<br />

<strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions c<strong>la</strong>irement définies. Ainsi, l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> un<br />

pot <strong>de</strong> yaourt ou <strong>sur</strong> une bouteille d’eau minérale dans le but d’indiquer aux<br />

consommateurs que le produit provient <strong>de</strong> Suisse sera autorisée. L’interdiction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tromperie n’est pas abandonnée pour autant puisque <strong>la</strong> croix ne pourra être utilisée<br />

que pour les produits suisses. Contrairement <strong>à</strong> <strong>la</strong> croix suisse, dont l’usage sera<br />

libéralisé, il est prévu que les armoiries soient strictement réservées <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Ce n’est que dans <strong>de</strong>s circonstances particulières que le DFJP pourra autoriser,<br />

<strong>à</strong> titre exceptionnel et <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Confédération. Tel serait le cas si une entreprise ou une association fournissait <strong>la</strong><br />

preuve qu’elle a utilisé les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération ou un signe susceptible<br />

d’être confondu avec elles <strong>de</strong> façon ininterrompue et incontestée <strong>de</strong>puis trente ans au<br />

moins pour <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services et qu’il existe un intérêt légitime <strong>à</strong> <strong>la</strong> poursuite<br />

<strong>de</strong> l’usage. Le but visé par cette exception est <strong>de</strong> permettre <strong>à</strong> <strong>de</strong>s entreprises<br />

traditionnelles suisses <strong>de</strong> poursuivre l’usage <strong>de</strong> signes distinctifs établis. Le niveau<br />

<strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s signes publics étrangers continuera <strong>de</strong> se situer au-<strong>de</strong>ssus du seuil<br />

minimal <strong>de</strong> <strong>protection</strong> qui prévaut au niveau international. Sur le p<strong>la</strong>n du droit<br />

international, l’art. 6ter <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention d’Union <strong>de</strong> Paris du 20 mars 1883 pour <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle (CUP) interdit l’imitation ainsi que<br />

l’enregistrement et l’utilisation <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque pour les signes publics <strong>de</strong>s pays<br />

membres (notamment les armoiries, drapeaux, signes et poinçons officiels <strong>de</strong> contrôle<br />

et <strong>de</strong> garantie). La <strong>protection</strong> <strong>de</strong> ces signes se limite toutefois au risque <strong>de</strong> tromperie<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s marchandises et ne vise que l’imitation au point <strong>de</strong> vue<br />

11 Pour les détails, voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48, al. 5, P-LPM.<br />

7732


héraldique. Il y a imitation au point <strong>de</strong> vue héraldique lorsque, malgré le remaniement<br />

du signe public étranger, <strong>la</strong> marque présente les caractéristiques <strong>de</strong>s armoiries<br />

d’un Etat et est perçue comme telle par le public. Cette disposition s’applique uniquement<br />

aux marques <strong>de</strong> produits et ne concerne pas les marques <strong>de</strong> services. Le<br />

projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries (P-LPASP) prévoit d’interdire l’emp<strong>loi</strong><br />

<strong>de</strong>s signes protégés dans les marques <strong>de</strong> services également, ainsi que dans les<br />

raisons <strong>de</strong> commerce. De plus, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> s’étendra non seulement aux imitations<br />

au point <strong>de</strong> vue héraldique, mais aussi aux imitations susceptibles d’être confondues<br />

avec elles, <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> conférée aux armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Introduction d’instruments supplémentaires <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n national visant<br />

<strong>à</strong> renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> en Suisse et <strong>à</strong> l’étranger<br />

Le projet <strong>de</strong> révision complète l’arsenal existant <strong>de</strong> moyens juridiques permettant<br />

l’application du droit en cas d’utilisation illicite d’indications <strong>de</strong> provenance et <strong>de</strong><br />

signes publics. Tout d’abord, il prévoit que toute utilisation <strong>à</strong> titre professionnel,<br />

mais aussi – comme pour les signes publics – tout emp<strong>loi</strong> intentionnel d’indications<br />

<strong>de</strong> provenance inexactes seront poursuivis d’office. Ensuite, l’IPI sera habilité <strong>à</strong><br />

dénoncer toute utilisation abusive intentionnelle d’indications <strong>de</strong> provenance ou <strong>de</strong><br />

signes publics auprès <strong>de</strong>s autorités cantonales <strong>de</strong> poursuite pénale compétentes et <strong>à</strong><br />

faire va<strong>loi</strong>r les droits d’une partie p<strong>la</strong>ignante dans <strong>la</strong> procédure. Enfin, il est prévu <strong>de</strong><br />

doter les autorités d’une qualité pour agir limitée afin <strong>de</strong> leur permettre d’intenter<br />

<strong>de</strong>s actions civiles. Cette qualité pour agir se limite, d’une part, aux actions visées<br />

aux art. 52 et 55, al. 1, LPM et 20 P-LPASP et, d’autre part, aux cas où les signes<br />

utilisés revêtent un intérêt particulier pour les collectivités concernées (voir ch. 1.4.).<br />

A l’étranger, le droit suisse ne s’applique pas en raison du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> territorialité.<br />

L’interprétation <strong>de</strong>s conventions internationales applicables et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce en<br />

<strong>la</strong> matière y sont en règle générale assez vagues. Afin <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques dans les pays étrangers, le projet <strong>de</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM<br />

prévoit <strong>la</strong> création d’un registre <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits<br />

autres que les produits agricoles, les produits agricoles transformés, les vins, les<br />

produits sylvicoles et les produits sylvicoles transformés. Pour ces produits, les<br />

dénominations peuvent déj<strong>à</strong> être enregistrées auprès <strong>de</strong> l’Office fédéral <strong>de</strong> l’agriculture<br />

(OFAG), ou pourront l’être prochainement, ou alors elles bénéficient d’une<br />

<strong>protection</strong> cantonale en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 29 avril 1998 <strong>sur</strong> l’agriculture (LAgr; voir<br />

commentaire <strong>de</strong> l’art. 50a, ch. 2.1.3). Par conséquent, le registre qui sera mis en<br />

p<strong>la</strong>ce <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’art. 50a viendra compléter le registre actuel <strong>de</strong>s AOP et <strong>de</strong>s<br />

IGP agricoles, tenu par l’OFAG. L’inscription dans un registre a pour effet <strong>de</strong><br />

reconnaître <strong>de</strong> façon officielle <strong>la</strong> <strong>protection</strong> accordée aux indications géographiques<br />

pour tous les produits. On parle dans ce cas <strong>de</strong> <strong>protection</strong> ex ante. Le projet <strong>de</strong><br />

<strong>modification</strong> prévoit en outre que les appel<strong>la</strong>tions d’origine et les indications géographiques<br />

inscrites dans un registre (le registre actuel <strong>de</strong> l’OFAG ou le nouveau<br />

registre selon l’art. 50a) et les appel<strong>la</strong>tions viticoles protégées par les cantons pourront<br />

être enregistrées <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marques géographiques, tout comme l’indication <strong>de</strong><br />

provenance (qualifiée) faisant l’objet d’une ordonnance du Conseil fédéral au sens<br />

<strong>de</strong> l’art. 50 LPM, par exemple l’actuelle ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres<br />

(voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 27a, ch. 2.1.1). Un titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong> sera donc délivré<br />

au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. A l’étranger, l’obtention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> et sa mise en<br />

œuvre seront facilitées s’il existe au préa<strong>la</strong>ble une reconnaissance officielle dans le<br />

pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance et si le titu<strong>la</strong>ire peut présenter un extrait d’un registre <strong>de</strong>s<br />

7733


appel<strong>la</strong>tions d’origine ou <strong>de</strong>s indications géographiques ou un autre titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong>.<br />

Actuellement, les indications <strong>de</strong> provenance font l’objet <strong>de</strong> plusieurs traités bi<strong>la</strong>téraux<br />

conclus par <strong>la</strong> Suisse, comme le traité franco-suisse12. Par ailleurs, le Conseil<br />

fédéral s’emp<strong>loi</strong>e aujourd’hui déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> protéger spécifiquement les indications <strong>de</strong><br />

provenance en général et <strong>la</strong> désignation «Suisse» en particulier dans le cadre <strong>de</strong><br />

nouveaux accords bi<strong>la</strong>téraux ou d’accords économiques <strong>de</strong> libre-échange. De façon<br />

systématique, il s’efforce d’introduire le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance et en particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation <strong>de</strong> ces<br />

accords, comme dans l’accord <strong>de</strong> libre-échange et <strong>de</strong> partenariat économique entre<br />

<strong>la</strong> Confédération et Japon13 signé le 19 février 2009 et entré en vigueur le 1er septembre<br />

2009.<br />

1.4 Justification et appréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution proposée<br />

1.4.1 Justification<br />

Critères visant <strong>à</strong> déterminer <strong>la</strong> provenance<br />

Les nouveaux critères proposés définissant plus précisément <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s<br />

produits et <strong>de</strong>s services renforcent <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et<br />

accroissent <strong>la</strong> sécurité juridique.<br />

Le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> et l’accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> transparence <strong>de</strong>s critères<br />

sont nécessaires pour préserver <strong>la</strong> valeur économique <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>». Selon les<br />

résultats d’une étu<strong>de</strong> récente14, l’image prestigieuse dont bénéficient les produits et<br />

les prestations suisses permet <strong>à</strong> ceux qui les offrent <strong>de</strong> se positionner plus facilement<br />

<strong>sur</strong> le marché, d’obtenir un prix plus élevé et <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> force <strong>de</strong> leur message<br />

autour <strong>de</strong> ces produits et <strong>de</strong> ces prestations, si celle-ci véhicule <strong>de</strong>s valeurs corres-<br />

12 A ce jour, <strong>la</strong> Confédération suisse a conclu <strong>de</strong>s traités bi<strong>la</strong>téraux simi<strong>la</strong>ires avec<br />

l’Allemagne (RS 0.232.111.191.36), l’Espagne (RS 0.232.111.193.32), <strong>la</strong> Hongrie<br />

(RS 0.232.111.194.18), le Portugal (RS 0.232.111.196.54), l’ancienne Tchécoslovaquie<br />

(RS 0.232.111.197.41; aujourd’hui applicable <strong>à</strong> <strong>la</strong> République tchèque et <strong>à</strong> <strong>la</strong> Slovaquie).<br />

13 RS 0.946.294.632<br />

14 Stephan Feige/Benita Brockdorff/Karsten Sausen/Peter Fischer/Urs Jaermann/Sven<br />

Reinecke, Swissness Worldwi<strong>de</strong> – Internationale Studie zur Wahrnehmung <strong>de</strong>r Marke<br />

Schweiz. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al. 2008. Deux étu<strong>de</strong>s récentes <strong>de</strong> l’Ecole<br />

polytechnique fédérale montrent par ailleurs que les consommateurs suisses sont disposés<br />

eux aussi <strong>à</strong> débourser nettement plus pour acheter <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> qualité provenant <strong>de</strong><br />

Suisse. Voir Conradin Bolliger, Produktherkunft Schweiz: Schweizer In<strong>la</strong>ndkonsumenten<br />

und ihre Assoziationen mit und Präferenzen für heimische Agrarerzeugnisse. Tagungsband<br />

<strong>de</strong>r 18. Jahrestagung <strong>de</strong>r Österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, 2008, <strong>de</strong><br />

même que le ch. 3 traitant <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle réglementation.<br />

7734


pondantes15. Cette valeur économique est bien connue <strong>de</strong>s entreprises. Un sondage<br />

réalisé en 2005 auprès <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’Union suisse <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> marque (Promarca)<br />

a montré que plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s entreprises questionnées utilisent <strong>la</strong> marque<br />

«Suisse» <strong>à</strong> côté <strong>de</strong> leur propre marque (co-branding) et que 40 % entendaient<br />

davantage y recourir au cours <strong>de</strong>s cinq prochaines années16. Selon une recherche,<br />

environ 6400 marques protégées en Suisse contiennent <strong>la</strong> désignation «Suisse» – ou<br />

<strong>de</strong>s désignations simi<strong>la</strong>ires, comme «Switzer<strong>la</strong>nd», «Swiss», etc. – ou <strong>la</strong> croix<br />

suisse17. L’adoption <strong>de</strong> critères plus précis dans le projet légis<strong>la</strong>tif permet <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rifier les<br />

conditions d’utilisation <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance. Celles-ci doivent être mieux<br />

comprises par les consommateurs afin <strong>de</strong> pouvoir être prises en considération lors<br />

<strong>de</strong>s décisions d’achat. Cette nouvelle réglementation fondée <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères cumu<strong>la</strong>tifs<br />

peut avoir pour conséquence que certains produits n’auront plus d’indication <strong>de</strong><br />

provenance (au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM), en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> dispersion du processus <strong>de</strong> fabrication<br />

dans <strong>de</strong> nombreux pays et <strong>de</strong> l’approvisionnement en matières premières –<br />

malgré leur disponibilité en Suisse – <strong>à</strong> l’étranger. C’est le fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> mondialisation.<br />

Cependant, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance pour ces produits permet<br />

justement d’éviter <strong>la</strong> tromperie <strong>de</strong>s consommateurs. La déc<strong>la</strong>ration obligatoire du<br />

pays <strong>de</strong> production au sens <strong>de</strong>s art. 20 et 21 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires (LDAI) continue cependant <strong>de</strong> s’appliquer. A titre d’exemple, <strong>la</strong><br />

nouvelle réglementation interdit c<strong>la</strong>irement d’apposer l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

«Suisse» <strong>sur</strong> l’embal<strong>la</strong>ge d’un fromage transformé en Suisse <strong>à</strong> base <strong>de</strong> 100 % <strong>de</strong> <strong>la</strong>it<br />

étranger (pour les explications détaillées voir commentaires <strong>de</strong>s art. 48 ss; ch.<br />

2.1.2.2). Le pays <strong>de</strong> production (Suisse) doit cependant toujours être indiqué, ainsi<br />

que <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première étrangère, conformément aux art. 15 et 16<br />

<strong>de</strong> l’ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 <strong>sur</strong> l’étiquetage et <strong>la</strong> publicité <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées alimentaires (OEDAI).<br />

Ces critères ont également pour conséquence d’inciter les entreprises <strong>à</strong> investir<br />

davantage en Suisse. Ils agissent comme une incitation économique pour une p<strong>la</strong>ce<br />

économique suisse forte et innovatrice. Pour les produits industriels par exemple, le<br />

projet prévoit expressément que le coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche et du développement pourra<br />

être pris en compte dans le calcul <strong>de</strong>s 60 % du prix <strong>de</strong> revient <strong>de</strong>vant être réalisé en<br />

Suisse. Cette inclusion dans le calcul est importante, car les entreprises ayant effectué<br />

<strong>de</strong> gros investissements en Suisse pour <strong>la</strong> recherche et le développement <strong>de</strong> leurs<br />

15 Stephan Feige/Benita Brockdorf/Karsten Sausen, «Swiss ma<strong>de</strong>» – ein weltweites<br />

Gütesiegel, in: Persönlich, mai 2008, p. 54: «Il ressort une fois <strong>de</strong> plus que les prestations<br />

et produits suisses bénéficient d’une excellente réputation. La marque ’Suisse’ continue<br />

<strong>de</strong> véhiculer <strong>de</strong>s valeurs comme <strong>la</strong> solidité, l’exclusivité et l’excellence. Ces facteurs confèrent<br />

aux prestations et aux produits i<strong>de</strong>ntifiables comme suisses <strong>de</strong>s avantages avant<br />

même qu’ils ne soient vendus puisque cette désignation <strong>de</strong> provenance offre aux entreprises<br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire va<strong>loi</strong>r une plus-value justifiée par <strong>la</strong> qualité. Les produits<br />

suisses jouissent en effet d’une gran<strong>de</strong> crédibilité en termes d’exclusivité, ce qui permet<br />

d’imposer plus facilement <strong>de</strong>s prix plus élevés. De façon générale, <strong>la</strong> mise en avant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

provenance suisse contribue <strong>à</strong> renforcer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>usibilité du message publicitaire ou du positionnement,<br />

<strong>à</strong> condition que ceux-ci reflètent réellement les valeurs <strong>de</strong>s produits suisses.»<br />

(traduction libre).<br />

16 Voir Marco Casanova, Die Marke Schweiz – Gefangen in <strong>de</strong>r Mythosfalle zwischen Heidi<br />

und Willhelm Tell: Aktuelle Herausfor<strong>de</strong>rung im Zusammehang mit <strong>de</strong>r Verwendung <strong>de</strong>r<br />

Marke Schweiz als Co-Branding-Partner, in: Arndt Florack/Martin Scarabis/Ernst<br />

Primosch (éd.), Psychologie <strong>de</strong>r Markenführung, Vahlen, Munich 2007, pp. 541 <strong>à</strong> 550.<br />

17 Etat <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche: fin 2006 (pour le résumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> simi<strong>la</strong>rité, voir<br />

www.ipi.ch/F/jurinfo/j108.shtm).<br />

7735


produits pourront utiliser <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>la</strong> croix suisse si tous les critères<br />

légaux sont respectés.<br />

Enfin le renforcement du rattachement au lieu <strong>de</strong> provenance du produit ou <strong>de</strong>s<br />

matières premières tient compte <strong>de</strong>s aspects écologiques inhérents <strong>à</strong> toute production.<br />

Pour les produits industriels, <strong>la</strong> nouvelle réglementation empêche l’entreprise<br />

qui désire fabriquer du «Swiss ma<strong>de</strong>» <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> transport – qui<br />

peuvent être importants lorsqu’un élément composant le produit final provient <strong>de</strong><br />

l’étranger – dans le calcul du 60 % du prix <strong>de</strong> revient (art. 48c, al. 3, let. d). Pour les<br />

produits naturels transformés, un producteur qui désire bénéficier <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value<br />

apportée par <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» ne peut en principe pas importer <strong>de</strong> l’étranger plus <strong>de</strong><br />

20 % <strong>de</strong>s matières premières qui les composent.<br />

Bien que ne faisant pas partie <strong>à</strong> proprement parler <strong>de</strong> <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»,<br />

une réglementation générale pour les indications <strong>de</strong> provenance se référant <strong>à</strong><br />

<strong>de</strong>s lieux plus spécifiques du territoire suisse (par ex.: «Genève») répond aux mêmes<br />

besoins que ceux exprimés pour <strong>la</strong> désignation «Suisse» et doit donc être traitée en<br />

parallèle. En conséquence, <strong>la</strong> réglementation doit être révisée dans son ensemble.<br />

Autres formes <strong>de</strong> <strong>protection</strong><br />

L’art. 50 LPM offre déj<strong>à</strong> <strong>la</strong> possibilité aux branches économiques <strong>de</strong> préciser les<br />

conditions générales auxquelles une indication <strong>de</strong> provenance (qualifiée) suisse peut<br />

être utilisée. Le Conseil fédéral a rappelé cette possibilité dans son rapport du 15<br />

novembre 2006 (voir ch. 1.1), mais il estime que cet instrument ne permet pas, <strong>à</strong> lui<br />

seul, <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques. En conséquence, il<br />

propose <strong>de</strong>ux me<strong>sur</strong>es supplémentaires. Premièrement, il propose <strong>la</strong> création d’un<br />

registre <strong>sur</strong> les indications géographiques pour tous les produits, <strong>à</strong> l’exception <strong>de</strong>s<br />

produits agricoles, <strong>de</strong>s produits agricoles transformés18, <strong>de</strong>s vins19, <strong>de</strong>s produits<br />

sylvicoles et <strong>de</strong>s produits sylvicoles transformés20. Deuxièmement il introduit <strong>la</strong><br />

possibilité d’enregistrer <strong>de</strong>s marques géographiques portant <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions<br />

d’origine et <strong>de</strong>s indications géographiques enregistrées <strong>de</strong>vant l’OFAG ou l’IPI, <strong>de</strong>s<br />

appel<strong>la</strong>tions d’origine viticoles protégées <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n cantonal ou <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance fondées <strong>sur</strong> une ordonnance du Conseil fédéral au sens <strong>de</strong> l’art. 50 LPM.<br />

Registre <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

La création d’un second registre <strong>de</strong>s indications géographiques est avantageuse <strong>à</strong><br />

plus d’un titre. Elle permet d’établir une <strong>protection</strong> ex ante en délivrant un titre <strong>de</strong><br />

<strong>protection</strong> explicite et <strong>de</strong> mettre ainsi fin <strong>à</strong> l’imprévisibilité et <strong>à</strong> l’insécurité juridique<br />

régnant autour <strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong>. En effet, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> ex post prévue par<br />

<strong>la</strong> LPM ne se matérialise qu’en cas <strong>de</strong> litige. L’établissement d’un registre <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques est en outre utile pour les producteurs qui bénéficieront<br />

ainsi d’un cadre juridique leur permettant <strong>de</strong> se fédérer <strong>de</strong>rrière un produit. Grâce <strong>à</strong><br />

<strong>la</strong> publicité liée <strong>à</strong> l’enregistrement, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’indication géographique est<br />

renforcée. La <strong>protection</strong> ex ante possè<strong>de</strong> par ailleurs le grand avantage <strong>de</strong> favoriser<br />

l’obtention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>à</strong> l’étranger et <strong>la</strong> mise en œuvre efficace <strong>de</strong> celle-ci. Elle<br />

renforce enfin <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n international, en particulier dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong>vant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui<br />

18 Pour ces produits, un registre est déj<strong>à</strong> prévu par l’art. 16 LAgr.<br />

19 La <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine viticoles est <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s cantons.<br />

20 Pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits sylvicoles et <strong>de</strong>s<br />

produits sylvicoles transformés, voir ch. 2.2.8.<br />

7736


examine l’opportunité <strong>de</strong> développer un registre multi<strong>la</strong>téral <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

<strong>de</strong> ses pays membres. L’existence d’un second registre suisse <strong>de</strong>s indications<br />

géographiques consoli<strong>de</strong> <strong>la</strong> crédibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse dans le cadre <strong>de</strong> ces négociations.<br />

En ce sens, <strong>la</strong> création d’un registre répond aux préoccupations exprimées<br />

dans les interpel<strong>la</strong>tions 04.3350 Epiney déposée le 16 juin 2004 et 04.3257 Germanier<br />

déposée le 7 mai 2004 («OMC. Protection <strong>de</strong>s indications géographiques»), qui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que <strong>la</strong> Suisse s’engage, dans le cadre <strong>de</strong>s négociations <strong>de</strong>vant l’OMC, <strong>à</strong><br />

soutenir <strong>la</strong> création d’un registre multi<strong>la</strong>téral dans l’intérêt <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s utilisateurs<br />

d’indications géographiques. La mise en p<strong>la</strong>ce d’un registre <strong>sur</strong> les indications<br />

géographiques est également une ai<strong>de</strong> utile, voire nécessaire selon les Etats concernés,<br />

en vue <strong>de</strong> futures négociations <strong>de</strong> traités bi<strong>la</strong>téraux ou d’accords <strong>de</strong> libreéchange<br />

visant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques. Elle permet <strong>de</strong> rendre<br />

plus crédible <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s indications géographiques figurant dans chaque accord ou<br />

traité négocié. D’ailleurs, un nombre toujours croissant <strong>de</strong> pays, dont par exemple<br />

l’In<strong>de</strong> et le Mexique, instaurent <strong>de</strong>s systèmes d’enregistrement <strong>de</strong> ces indications<br />

pour tous les produits. Le registre indien contient 33 indications géographiques<br />

enregistrées pour <strong>de</strong>s produits agro-alimentaires et 84 pour <strong>de</strong>s produits artisanaux et<br />

industriels. La <strong>protection</strong> <strong>de</strong> ces désignations basée <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s enregistrements (<strong>protection</strong><br />

ex ante) <strong>de</strong>vient un standard internationalement reconnu. Il est donc justifié que<br />

les producteurs suisses puissent aussi bénéficier <strong>de</strong> cet instrument juridique pour<br />

tous les types <strong>de</strong> produits, et pas seulement pour les produits agricoles et les produits<br />

agricoles transformés, pour lesquels il existe déj<strong>à</strong> un registre au niveau fédéral, tenu<br />

par l’OFAG.<br />

Marque géographique<br />

Selon <strong>la</strong> réglementation actuelle, une appel<strong>la</strong>tion d’origine (par ex. «Gruyère») ou<br />

une indication géographique (par ex. «Saucisson vaudois») ne peut pas être enregistrée<br />

comme marque verbale. Les appel<strong>la</strong>tions d’origine et les indications, géographiques<br />

doivent rester <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre disposition <strong>de</strong> tous (elles appartiennent au domaine<br />

public) et sont pour cette raison exclues <strong>de</strong> l’enregistrement en vertu <strong>de</strong> l’art. 2,<br />

let. a, LPM. Il est pourtant possible d’enregistrer comme marque un signe composé<br />

d’un élément pour lequel il existe un besoin <strong>de</strong> libre disposition (au sens <strong>de</strong> l’art. 2,<br />

let. a, LPM), en l’espèce l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique et<br />

d’un élément qui confère au signe un caractère distinctif. Tel serait le cas d’un signe<br />

composé du mot «Gruyère» et d’un signe figuratif.<br />

Le projet <strong>de</strong> révision donne <strong>la</strong> possibilité <strong>à</strong> tout groupement ayant obtenu l’enregistrement<br />

d’une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou d’une indication géographique21 <strong>de</strong> déposer<br />

une marque géographique (voir art. 27a, ch. 2.1.1), en dérogation <strong>à</strong> l’art. 2,<br />

let. a, LPM, si les autres conditions sont remplies. Cette marque consiste en une<br />

appel<strong>la</strong>tion d’origine ou une indication géographique inscrite dans le registre tenu<br />

par l’OFAG ou une indication géographique inscrite dans le nouveau registre prévu<br />

par l’art. 50a (ch. 2.1.3). Le projet <strong>de</strong> révision offre <strong>la</strong> même possibilité aux cantons<br />

qui protègent les appel<strong>la</strong>tions d’origine viticoles conformément <strong>à</strong> l’art. 63 LAgr<br />

ainsi qu’<strong>à</strong> l’organisation faîtière <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche économique qui bénéficie d’une<br />

ordonnance du Conseil fédéral au sens <strong>de</strong> l’art. 50, al. 2, P-LPM. Conformément<br />

avec l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC et <strong>la</strong> CUP, un tel enregistrement doit également être<br />

prévu pour les indications géographiques protégées <strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions strictement<br />

équivalentes (voir art. 27a; ch. 2.1.1). Il faut retenir que le système <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque<br />

21 Au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr.<br />

7737


géographique prévu aux art. 27 ss est indissociable <strong>de</strong> l’enregistrement préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong><br />

l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique dans un registre suisse, <strong>de</strong><br />

l’existence d’une <strong>protection</strong> cantonale <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine viticole conforme<br />

au droit fédéral ou <strong>de</strong> l’existence d’une ordonnance du Conseil fédéral prévue par<br />

l’art. 50, al. 2, LPM. La marque géographique renvoie simplement aux conditions<br />

d’utilisation prévues dans le cahier <strong>de</strong>s charges, dans <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion cantonale ou dans<br />

l’ordonnance du Conseil fédéral.<br />

Cette approche est conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> position suisse dans le cadre <strong>de</strong>s négociations <strong>à</strong><br />

l’OMC. Il est vrai que <strong>la</strong> Suisse recherche une meilleure <strong>protection</strong> internationale<br />

<strong>de</strong>s indications géographiques en tant que droit <strong>de</strong> propriété intellectuelle distinct,<br />

afin <strong>de</strong> mieux appréhen<strong>de</strong>r toute les spécificités <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> telles indications<br />

et d’empêcher leur utilisation abusive <strong>à</strong> l’étranger. Pourtant, sous un angle offensif,<br />

<strong>la</strong> double <strong>protection</strong> (comme indication géographique et comme marque géographique)<br />

est utile car, dans divers pays, les standards <strong>de</strong> <strong>protection</strong> pour les indications<br />

géographiques <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC sont mis en œuvre par le droit <strong>de</strong>s marques<br />

et non par un système <strong>de</strong> <strong>protection</strong> spécifique pour les indications géographiques.<br />

La Suisse a donc un intérêt <strong>à</strong> as<strong>sur</strong>er <strong>à</strong> ses produits d’exportation les meilleurs<br />

instruments <strong>de</strong> <strong>protection</strong> possibles. La marque géographique représente avant tout<br />

un vecteur visant <strong>à</strong> faciliter l’obtention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’indication géographique<br />

<strong>à</strong> l’étranger. Elle sera un instrument supplémentaire aux mains <strong>de</strong>s producteurs<br />

pour renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>à</strong> l’étranger <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine et <strong>de</strong>s indications<br />

géographiques enregistrées, <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine viticoles (protégées <strong>sur</strong> le<br />

p<strong>la</strong>n cantonal conformément au droit fédéral) ou <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

(réglementées dans une ordonnance du Conseil fédéral). Elle permettra <strong>à</strong> son titu<strong>la</strong>ire<br />

<strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> certains avantages du système <strong>de</strong> Madrid (système d’enregistrement<br />

international <strong>de</strong>s marques), comme celui <strong>de</strong> déposer une seule <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’enregistrement désignant <strong>la</strong> totalité ou une partie <strong>de</strong>s pays membres du système.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ce système, il faut déposer une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement <strong>à</strong> l’office<br />

national <strong>de</strong> chaque pays étranger pour lequel <strong>la</strong> <strong>protection</strong> est requise. Dans le système<br />

<strong>de</strong> Madrid, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> n’est pas conférée automatiquement car chaque partie<br />

contractante désignée examine <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement selon sa propre légis<strong>la</strong>tion.<br />

En cas d’acceptation, le titu<strong>la</strong>ire jouit alors, dans les pays désignés, <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

<strong>protection</strong> que si sa marque avait été enregistrée séparément auprès <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />

offices nationaux étrangers.<br />

Croix suisse et autres signes publics<br />

La LPAP ne correspond plus du tout <strong>à</strong> <strong>la</strong> réalité économique actuelle. La réglementation<br />

actuelle n’a donc plus lieu d’être. S’il est vrai que <strong>la</strong> <strong>loi</strong> interdit l’utilisation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> croix suisse pour <strong>de</strong>s produits, bon nombre <strong>de</strong> sociétés l’apposent <strong>sur</strong> leurs produits<br />

pour en désigner <strong>la</strong> provenance. Par ex., <strong>la</strong> société Emmi AG appose <strong>la</strong> croix<br />

suisse <strong>sur</strong> ses produits <strong>la</strong>itiers et ses g<strong>la</strong>ces et Valser utilise les armoiries suisses <strong>sur</strong><br />

ses bouteilles d’eau minérale. On constate donc un réel besoin <strong>de</strong> recourir <strong>à</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse comme moyen <strong>de</strong> marketing, ce qui justifie <strong>de</strong> libéraliser son utilisation pour<br />

les produits <strong>de</strong> provenance suisse. Malgré <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion, en vertu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>quelle les autorités cantonales <strong>de</strong>vraient poursuivre d’office les cas d’utilisation<br />

abusive, il est rare que <strong>de</strong>s procédures soient ouvertes. L’inscription, dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong>, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> compétence <strong>de</strong> dénoncer ces abus par le biais <strong>de</strong> l’IPI et d’intenter une action<br />

civile dans certains cas précis donne <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération les moyens d’intervenir<br />

lorsqu’elle l’estime nécessaire. Cette compétence expresse assoit <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’IPI<br />

en tant qu’autorité fédérale chargée <strong>de</strong> l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

7738


armoiries et permet d’atteindre l’un <strong>de</strong>s principaux objectifs visé par <strong>la</strong> révision, <strong>à</strong><br />

savoir améliorer et renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse dans notre pays. En<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’IPI, toute personne pourra, comme aujourd’hui, dénoncer une infraction<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> aux autorités cantonales compétentes.<br />

La distinction opérée aujourd’hui entre utilisation <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins commerciales et emp<strong>loi</strong><br />

<strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins décoratives suscite toujours davantage d’interrogations. Par exemple,<br />

l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> souvenir, comme une croix suisse<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> dimension <strong>sur</strong> un t-shirt ou <strong>sur</strong> une casquette, est autorisée. En effet, <strong>la</strong><br />

croix suisse y est utilisée dans un but purement décoratif car les consommateurs ne<br />

s’attendant pas <strong>à</strong> ce que le t-shirt ou <strong>la</strong> casquette en question soient fabriqués en<br />

Suisse. Par contre, l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> un pot <strong>de</strong> yaourt ou <strong>sur</strong> une<br />

bouteille d’eau minérale dans le but d’indiquer aux consommateurs que le produit<br />

provient <strong>de</strong> Suisse est assimilée <strong>à</strong> une utilisation <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins commerciales; elle est<br />

donc interdite selon le droit en vigueur. Aussi, le projet prévoit l’abandon <strong>de</strong> cette<br />

distinction pour les produits fabriqués en Suisse.<br />

La différence <strong>de</strong> traitement entre les produits et les services ne se justifie plus non<br />

plus. Selon le droit en vigueur, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pour <strong>de</strong>s services est<br />

licite (<strong>à</strong> condition qu’elle ne trompe pas <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> ces services), alors que<br />

son apposition <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits dans un but commercial est interdite. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM au début <strong>de</strong>s années 90, le légis<strong>la</strong>teur a maintenu cette<br />

distinction, qui a une justification historique, pour <strong>de</strong>s raisons politiques. Ce privilège<br />

accordé aux services n’a toutefois plus <strong>de</strong> raison d’être et il est temps d’abroger<br />

cette différence <strong>de</strong> traitement entre produits et services. Il sera donc permis non<br />

seulement <strong>de</strong> désigner les produits et les services suisses comme tels, mais aussi<br />

d’en promouvoir les qualités par l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> ce que l’on peut considérer comme <strong>la</strong><br />

marque <strong>la</strong> plus forte <strong>de</strong> Suisse, <strong>à</strong> savoir <strong>la</strong> croix suisse. Cette <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion permet <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique et du potentiel marketing<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse.<br />

Enfin, <strong>la</strong> distinction opérée entre les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>la</strong> croix suisse<br />

vise <strong>à</strong> préserver les armoiries comme signe <strong>de</strong> l’Etat, lequel sera le seul habilité <strong>à</strong> les<br />

utiliser. Les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération ne pourront être utilisées comme signe<br />

distinctif par <strong>de</strong>s entreprises traditionnelles suisses et <strong>de</strong>s associations qu’<strong>à</strong> titre<br />

exceptionnel et <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée. Cette solution permettra aux entreprises<br />

traditionnelles suisses <strong>de</strong> poursuivre l’usage <strong>de</strong> leur signe distinctif, en as<strong>sur</strong>ant un<br />

équilibre entre les intérêts légitimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et ceux <strong>de</strong> l’économie<br />

suisse. La croix suisse, en revanche, est mise <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre disposition <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong><br />

l’économie.<br />

Arsenal <strong>de</strong> sanctions permettant <strong>la</strong> mise en œuvre du droit<br />

Aujourd’hui, il incombe le plus souvent aux particuliers <strong>de</strong> faire va<strong>loi</strong>r leurs droits<br />

en cas d’utilisation illicite d’une indication <strong>de</strong> provenance. Peuvent ainsi intenter<br />

une action civile, d’une part, les personnes atteintes dans leur droit <strong>à</strong> une indication<br />

<strong>de</strong> provenance (art. 55, al. 1, LPM) – <strong>à</strong> savoir les personnes qui en sont les utilisatrices<br />

légitimes – et, d’autre part, les associations et organisations visées <strong>à</strong> l’art. 56<br />

LPM. Sur le p<strong>la</strong>n pénal, une p<strong>la</strong>inte du lésé est nécessaire afin que <strong>de</strong>s poursuites<br />

pénales soient engagées en cas d’utilisation abusive intentionnelle d’une indication<br />

<strong>de</strong> provenance, cette infraction n’étant poursuivie d’office que si l’auteur agit par<br />

métier (art. 64 LPM). L’utilisation illicite <strong>de</strong> signes publics est, quant <strong>à</strong> elle, poursuivie<br />

d’office (art. 13 LPAP); <strong>la</strong> LPAP ne prévoit par contre pas d’actions civiles,<br />

7739


qui pourraient être envisagées également dans le cas d’infractions non intentionnelles.<br />

Dans <strong>la</strong> pratique, cet arsenal <strong>de</strong> sanctions s’est révélé insuffisant. Trop souvent, les<br />

infractions – parfois manifestes – <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> restent sans conséquences, parce qu’aucun<br />

particulier ou aucune organisation n’engage <strong>de</strong> poursuites ou parce que les autorités<br />

pénales n’ouvrent pas d’instruction pénale ou n’appliquent pas les sanctions. On<br />

peut expliquer ce<strong>la</strong> notamment par <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance, leur<br />

usage revenant <strong>à</strong> un collectif plus ou moins étendu. Il peut ainsi paraître disproportionné<br />

pour l’une <strong>de</strong>s entreprises constituant ce collectif et qui est habilitée <strong>à</strong> intenter<br />

une action, <strong>de</strong> prendre <strong>à</strong> sa charge les démarches et les coûts liés <strong>à</strong> une action civile<br />

et d’en supporter les risques dans le but d’obtenir une interdiction d’utilisation ou<br />

une autre injonction judiciaire. Ce<strong>la</strong> est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> désignations<br />

comme «Suisse» ou «suisse» ou <strong>de</strong> symboles comme <strong>la</strong> croix suisse, qui peuvent<br />

être utilisés par toute entreprise en Suisse <strong>à</strong> condition qu’elle respecte les prescriptions<br />

<strong>de</strong>s art. 48 et 49 LPM. En règle générale, les sujets <strong>de</strong> droit privé<br />

considèrent qu’il ne leur incombe pas d’engager un procès dans l’intérêt <strong>de</strong> tous, ou<br />

<strong>de</strong> porter p<strong>la</strong>inte contre une infraction censée être poursuivie d’office; dans le meilleur<br />

<strong>de</strong>s cas, ils se contentent d’annoncer l’infraction <strong>à</strong> l’IPI. Les autorités pénales<br />

ont par conséquent rarement connaissance <strong>de</strong>s cas d’utilisation abusive et, si elles en<br />

sont informées, il n’est pas rare qu’elles n’ouvrent pas d’instruction pénale ou<br />

qu’elles finissent par c<strong>la</strong>sser l’affaire pour non-lieu, au motif que les faits ne sont pas<br />

c<strong>la</strong>irs ou ne peuvent pas être établis c<strong>la</strong>irement.<br />

Cette situation insatisfaisante et <strong>la</strong> volonté déc<strong>la</strong>rée du Conseil fédéral <strong>de</strong> renforcer<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse justifient <strong>la</strong> prise <strong>de</strong><br />

me<strong>sur</strong>es visant <strong>à</strong> optimiser l’application du droit lorsque <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

et <strong>de</strong>s signes publics font l’objet d’une utilisation abusive. Le projet prévoit <strong>de</strong><br />

poursuivre d’office non seulement tout emp<strong>loi</strong> par métier, mais aussi – <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong><br />

ce qui est prévu pour les signes publics – tout emp<strong>loi</strong> intentionnel d’indications <strong>de</strong><br />

provenance inexactes. La teneur <strong>de</strong> l’art. 64 LPM est proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’art. 61<br />

LPM qui régit <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion intentionnelle d’une marque, <strong>de</strong> sorte qu’il appréhen<strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> d’une indication <strong>de</strong> provenance comme s’il s’agissait d’un droit individuel.<br />

Or, alors qu’il n’est pas possible <strong>de</strong> déduire du droit <strong>à</strong> une marque une <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s consommateurs contre les risques <strong>de</strong> tromperie (plus précisément, cette<br />

<strong>protection</strong> est indirecte et n’existe que si le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque se défend luimême<br />

contre une utilisation abusive <strong>de</strong> sa marque, <strong>à</strong> l’exception <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong><br />

garantie et <strong>de</strong>s marques collectives, voir l’art. 56, al. 2, LPM), l’art. 47, al. 3, LPM<br />

interdit l’usage d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes dans l’intérêt <strong>de</strong>s consommateurs<br />

et dans celui d’un plus vaste public en fonction <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s services<br />

désignés. Il est par conséquent justifié que l’usage d’indications <strong>de</strong> provenance<br />

inexactes soit sanctionné <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière que l’usage intentionnel <strong>de</strong> signes<br />

publics (voir aussi l’adaptation <strong>de</strong>s peines en cas d’infraction par métier <strong>à</strong> l’art. 28,<br />

al. 2, L-LPASP) et d’adapter l’art. 64 LPM.<br />

Deuxièmement, le projet <strong>de</strong> LPM prévoit d’habiliter l’IPI, qui donne aujourd’hui<br />

déj<strong>à</strong> <strong>de</strong>s avertissements en cas <strong>de</strong> non-respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>, <strong>à</strong> dénoncer pénalement tout<br />

usage abusif intentionnel d’indications <strong>de</strong> provenance ou <strong>de</strong> signes publics auprès<br />

<strong>de</strong>s autorités pénales cantonales compétentes afin d’engager ainsi <strong>de</strong>s poursuites<br />

pénales et <strong>de</strong> lui permettre <strong>de</strong> faire va<strong>loi</strong>r les droits d’une partie p<strong>la</strong>ignante dans <strong>la</strong><br />

procédure, au sens <strong>de</strong> l’art. 104, al. 2, du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure pénale suisse du<br />

7740


5 octobre 2007 (CPP) 22. Cette qualité pour agir lui permettra d’influer <strong>sur</strong> <strong>la</strong> procédure,<br />

comme le fait le ministère public, et notamment <strong>de</strong> faire recours (par ex. contre<br />

une ordonnance <strong>de</strong> non-lieu). Cette possibilité est prévue aux art. 64, al. 3 P-LPM et<br />

31, al. 2, P-LPASP.<br />

Enfin, il est prévu <strong>de</strong> compléter l’arsenal <strong>de</strong> sanctions en conférant aux autorités une<br />

qualité limitée pour intenter <strong>de</strong>s actions civiles. Des poursuites pénales ne peuvent<br />

être engagées qu’en cas d’infraction intentionnelle, mais il existe un réel intérêt <strong>à</strong><br />

pouvoir obtenir une interdiction ou une décision judiciaire lorsqu’une indication <strong>de</strong><br />

provenance ou un signe public ont été employés illicitement et que <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>resse<br />

a agit uniquement par négligence, voire <strong>de</strong> manière non fautive. La LPAP ne<br />

prévoit pas une telle possibilité et, pour les indications <strong>de</strong> provenance, cette action<br />

n’est que rarement intentée. Aussi le projet <strong>de</strong> révision prévoit-il <strong>de</strong> conférer <strong>à</strong> l’IPI<br />

(qui agit pour le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération) et aux cantons une qualité pour agir;<br />

celle-ci se limite, d’une part, aux actions visées aux art. 52 et 55, al. 1, LPM et 20<br />

P-LPASP et, d’autre part, aux cas où les signes utilisés revêtent un intérêt particulier<br />

pour les collectivités territoriales concernées. Cette qualité pour agir est inscrite aux<br />

art. 56, al. 1 P-LPM et 22 P-LPASP (voir pour les détails les ch. 2.1.5).<br />

1.4.2 Solutions examinées<br />

Critères visant <strong>à</strong> déterminer <strong>la</strong> provenance<br />

Il n’a pas été jugé approprié <strong>de</strong> se limiter <strong>à</strong> reprendre les exigences <strong>de</strong> Saint-Gall<br />

(voir ch. 1.1) pour les critères définissant <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits. Cette jurispru<strong>de</strong>nce<br />

s’applique <strong>à</strong> <strong>de</strong>s produits traditionnels, c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>à</strong> <strong>de</strong>s produits pour lesquels<br />

<strong>la</strong> recherche et le développement ne jouent pas un rôle essentiel. Aujourd’hui,<br />

ces activités peuvent être <strong>à</strong> l’origine <strong>de</strong>s caractéristiques d’un produit et en conséquence<br />

<strong>de</strong>voir être prises en considération.<br />

Marque géographique<br />

Le Conseil fédéral propose <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r le système <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique <strong>sur</strong> une<br />

appel<strong>la</strong>tion d’origine ou une indication géographique enregistrée, une appel<strong>la</strong>tion<br />

d’origine viticole protégée <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n cantonal conformément au droit fédéral ou <strong>sur</strong><br />

une ordonnance du Conseil fédéral préexistante (voir ch. 1.3). Une variante examinée<br />

par le Conseil fédéral – présentée dans l’avant-projet du 28 novembre 2007<br />

soumis <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation publique – était simi<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> <strong>la</strong> solution retenue<br />

par le droit communautaire et par le droit allemand: l’enregistrement <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque<br />

<strong>de</strong> garantie ou <strong>de</strong> marque collective serait permis pour toutes les indications <strong>de</strong><br />

provenance, indépendamment <strong>de</strong> leur inscription préa<strong>la</strong>ble dans un registre officiel<br />

ou <strong>de</strong> leur ancrage dans une réglementation légale. Cette variante présente plusieurs<br />

inconvénients. Premièrement, elle ne permet pas <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> représentativité du<br />

groupement déposant <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> garantie, car il suffirait <strong>à</strong> quelques entreprises<br />

d’un même secteur partageant <strong>de</strong>s intérêts communs <strong>de</strong> s’unir pour être légitimées <strong>à</strong><br />

déposer une marque. Elles en obtiendraient ainsi l’enregistrement et pourraient<br />

s’opposer <strong>à</strong> tout dépôt ultérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> même marque. Deuxièmement, le groupement<br />

d’entreprises qui déposerait en premier <strong>la</strong> marque collective ou <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> garantie<br />

pourrait fixer <strong>de</strong>s conditions d’utilisation (par ex. <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> qualité) al<strong>la</strong>nt<br />

22 RS 312.0 (pas encore en vigueur); FF 2007 6583.<br />

7741


au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong>s critères prévu par <strong>la</strong> <strong>loi</strong> pour les indications <strong>de</strong> provenance. Enfin, par le<br />

biais du système <strong>de</strong> Madrid (pour les explications, voir ch. 1.4.1), les entreprises<br />

d’un même secteur pourraient obtenir dans certains pays l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

marque – avec le règlement – et imposer ainsi leurs propres critères dans le pays en<br />

question <strong>à</strong> tous les producteurs, y compris aux autres producteurs suisses. La majorité<br />

<strong>de</strong>s participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation jugent essentiel d’empêcher toute<br />

monopolisation injustifiée d’une indication géographique. Ils ont par conséquent<br />

rejeté <strong>la</strong> variante exposée ci-<strong>de</strong>ssus. Par contre, ils ont soutenu <strong>la</strong> possibilité d’enregistrer<br />

une indication géographique <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque, ce que permet <strong>la</strong> marque<br />

géographique prévue par le projet.<br />

Après avoir observé et analysé les me<strong>sur</strong>es prises dans <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein<br />

et en Italie, le Conseil fédéral a examiné <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> créer une marque <strong>de</strong><br />

garantie «Suisse» appartenant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération. En Italie, un projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> visant <strong>à</strong><br />

créer une marque «ma<strong>de</strong> in Italy» a en effet été adopté par <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s députés<br />

le 30 mai 2005, mais il doit encore être discuté au Sénat. Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> cette marque<br />

serait l’Etat italien et <strong>la</strong> condition d’utilisation principale porte <strong>sur</strong> le procédé <strong>de</strong><br />

fabrication qui doit se dérouler entièrement en Italie. Ce projet indique que les<br />

ministères compétents définiront <strong>de</strong> façon plus spécifique les modalités d’usage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> marque. Dans <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein, <strong>la</strong> Fondation Image Liechtenstein<br />

est titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Liechtenstein», composée <strong>de</strong> l’élément verbal «Liechtenstein»<br />

écrit en majuscules et <strong>sur</strong>monté d’un élément figuratif représentant une couronne<br />

constituée <strong>de</strong> cinq symboles23. L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque est soumise <strong>à</strong><br />

l’autorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation qui examine si l’entreprise respecte les conditions<br />

prévues par le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. En particulier, l’entreprise qui entend utiliser<br />

<strong>la</strong> marque doit avoir son siège au Liechtenstein, indiquer comment elle entend<br />

utiliser <strong>la</strong> marque et rendre compte <strong>à</strong> <strong>la</strong> Fondation <strong>de</strong> son utilisation effective. Cette<br />

approche n’a pas été suivie dans le projet pour les raisons suivantes: <strong>la</strong> création<br />

d’une marque <strong>de</strong> garantie «Suisse» appartenant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération ne tient pas<br />

compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> régler <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

<strong>de</strong> façon cohérente et globale. Elle nécessiterait au préa<strong>la</strong>ble qu’une branche<br />

économique déterminée, qui désirerait bénéficier <strong>de</strong> cette marque «Suisse», se mette<br />

d’accord <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères communs <strong>à</strong> intégrer dans le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Cette<br />

solution ferait d’ailleurs double emp<strong>loi</strong> avec <strong>la</strong> possibilité accordée <strong>à</strong> l’art. 50 LPM,<br />

qui permet <strong>à</strong> une branche économique <strong>de</strong> se mettre d’accord <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères communs<br />

et d’obtenir du Conseil fédéral qu’il é<strong>la</strong>bore une ordonnance <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>quelle l’organisation faîtière <strong>de</strong> cette branche peut obtenir une marque géographique<br />

au sens <strong>de</strong> l’art. 27a. La gestion <strong>de</strong> marques <strong>de</strong> garantie «Suisse» appartenant <strong>à</strong><br />

<strong>la</strong> Confédération et <strong>la</strong> défense conséquente <strong>de</strong> telles marques <strong>à</strong> l’étranger représenteraient<br />

en outre une charge financière très importante pour <strong>la</strong> Confédération.<br />

Registre <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits<br />

L’établissement d’un registre <strong>de</strong>s indications géographiques portant uniquement <strong>sur</strong><br />

<strong>la</strong> désignation «Suisse» a également été écartée. Cette solution ne tient pas compte<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> régler <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

<strong>de</strong> façon cohérente et globale.<br />

23 La marque Liechtenstein est décrite <strong>sur</strong> <strong>la</strong> page Internet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein<br />

<strong>à</strong> l’adresse suivante: www.liechtenstein.li/dt/portal_fuerstentum_liechtensteinfremdsprachig/fl-fremdsprachig-marke.htm.<br />

7742


1.4.3 Résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation<br />

1.4.3.1 Déroulement et résultat<br />

La procédure <strong>de</strong> consultation, qui s’est déroulée du 28 novembre 2007 au 31 mars<br />

2008, a porté <strong>sur</strong> l’avant-projet, accompagné d’un rapport explicatif. Le rapport du<br />

15 octobre 2008 rendant compte <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation est<br />

publié <strong>sur</strong> le site Internet <strong>de</strong> l’IPI. 24<br />

1.4.3.2 Points non contestés<br />

La direction générale donnée par l’avant-projet quant au renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» et, plus spécifiquement, quant aux critères définissant <strong>la</strong><br />

provenance pour les produits industriels, a été saluée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

<strong>de</strong> consultation. Les participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation divergent en revanche <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

définition concrète <strong>de</strong> ces critères. La consultation permet toutefois <strong>de</strong> proposer dans<br />

le projet <strong>de</strong>s compromis. En particulier, le critère <strong>de</strong>s 60 % au moins pour <strong>la</strong> part<br />

suisse <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> fabrication a été salué par <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s participants. Il représente<br />

un bon compromis, entre une exigence plus faible (en principe 50 %) – souhaitée<br />

par IG Swiss Ma<strong>de</strong>, USAM, UPSV, FEA, SAA, VBF, fial, les chambres <strong>de</strong><br />

commerce (CCIS, HaBa), MGB et Ligo Electric – et une condition plus sévère (en<br />

moyenne 70 %) <strong>de</strong>mandée par d’autres participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation<br />

(canton du JU, CFC, kf). L’inclusion dans le calcul <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche et du<br />

développement a également été discutée. Elle est soutenue par <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s<br />

participants, qui soulignent son importance pour <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce économique suisse et, plus<br />

précisément, pour les entreprises ayant effectué <strong>de</strong> gros investissements dans <strong>la</strong><br />

recherche et le développement <strong>sur</strong> le territoire suisse. La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s participants<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation soutient également que les coûts d’embal<strong>la</strong>ge,<br />

<strong>de</strong> marketing et <strong>de</strong> service après-vente ne doivent pas être pris en compte dans le<br />

calcul.<br />

Pour les services, le renforcement <strong>de</strong>s critères définissant <strong>la</strong> provenance est salué par<br />

<strong>la</strong> quasi totalité <strong>de</strong>s cantons, les partis politiques et une très <strong>la</strong>rge majorité <strong>de</strong>s autres<br />

participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation. Visant un renforcement général, le projet<br />

du Conseil fédéral tient en particulier compte <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s participants (en particulier<br />

les banques) <strong>à</strong> une définition <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance pour les services.<br />

La création d’un registre <strong>de</strong>s indications géographiques portant <strong>sur</strong> tous les produits<br />

(<strong>à</strong> l’exception <strong>de</strong>s produits agricoles, <strong>de</strong>s produits agricoles transformés, <strong>de</strong>s vins,<br />

<strong>de</strong>s produits sylvicoles et <strong>de</strong>s produits sylvicoles transformés) et l’introduction <strong>de</strong><br />

nouvelles marques <strong>de</strong> garantie et <strong>de</strong> marques collectives25 sont saluées par <strong>la</strong> quasi<br />

totalité <strong>de</strong>s cantons, les partis politiques et <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s autres participants<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation. Ces nouveaux instruments, qui faciliteront l’obtention<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> et sa mise en œuvre <strong>à</strong> l’étranger pour les ayants droit <strong>de</strong>s signes<br />

concernés, sont repris dans le projet, sous réserve <strong>de</strong> l’adaptation <strong>de</strong> certains points<br />

spécifiques discutés dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation.<br />

24 http://www.ige.ch/f/jurinfo/j10801.shtm<br />

25 Les marques <strong>de</strong> garantie et collective <strong>de</strong> l’avant-projet sont traitées sous le terme <strong>de</strong><br />

«marque géographique» dans le présent message (voir ch. 2.1.1).<br />

7743


La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s participants (dont notamment 20 cantons, le PDC, le PRD, le<br />

PS, l’UDC, economiesuisse, l’USAM, l’USP et l’USS) est favorable au P-LPASP.<br />

Tous ces participants s’accor<strong>de</strong>nt <strong>à</strong> dire que <strong>la</strong> LPAP ne correspond plus <strong>à</strong> <strong>la</strong> réalité<br />

et qu’il n’existe plus <strong>de</strong> raisons suffisantes <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> réglementation en<br />

vigueur. Les grands axes du projet qui visent <strong>à</strong> créer davantage <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté et <strong>de</strong> sécurité<br />

juridique en matière d’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse font également l’unanimité. La<br />

révision coordonnée et simultanée <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM et <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPAP est considérée comme<br />

pertinente. En outre, ces participants jugent opportun <strong>de</strong> réserver les armoiries<br />

publiques aux collectivités concernées et <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser le drapeau <strong>à</strong> <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong><br />

l’économie et <strong>de</strong>s particuliers. La majorité se déc<strong>la</strong>re tout <strong>à</strong> fait favorable <strong>à</strong> ce que <strong>la</strong><br />

croix suisse et le drapeau suisse puissent être utilisés par tout un chacun, être apposés<br />

<strong>sur</strong> un produit ou utilisés pour <strong>de</strong>s services, <strong>à</strong> condition que les produits/services<br />

proviennent effectivement <strong>de</strong> Suisse. La suppression <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière ténue entre<br />

utilisation licite <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins décoratives et utilisation illicite dans un<br />

but commercial est saluée. De plus, l’uniformisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation <strong>de</strong>s produits<br />

et <strong>de</strong>s services suisses comme tels, mais aussi <strong>la</strong> possibilité d’en promouvoir les<br />

qualités par l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> ce que l’on peut considérer comme <strong>la</strong> marque <strong>la</strong> plus forte<br />

<strong>de</strong> Suisse, <strong>à</strong> savoir <strong>la</strong> croix suisse, est accueillie favorablement, tout comme <strong>la</strong><br />

possibilité que <strong>la</strong> croix suisse puisse être enregistrée comme élément d’une marque<br />

<strong>de</strong> service ou d’une marque <strong>de</strong> produit.<br />

La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s participants salue <strong>la</strong> distinction prévue entre <strong>la</strong> croix suisse et<br />

les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Le principe selon lequel les armoiries et les signes<br />

susceptibles d’être confondus avec elles doivent être réservées <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération est<br />

considéré comme opportun et judicieux. Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation sont<br />

cependant d’avis que <strong>la</strong> Confédération ne <strong>de</strong>vrait pas avoir le monopole <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong><br />

<strong>de</strong>s armoiries. Ils pensent que cette situation risque <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s injustices dans les<br />

cas où un signe simi<strong>la</strong>ire aux armoiries s’est déj<strong>à</strong> imposé comme marque dans le<br />

commerce. A leurs yeux, il est en effet politiquement discutable que <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s emblèmes suisses se fasse au détriment d’emp<strong>loi</strong>s et <strong>de</strong> sociétés en Suisse, si<br />

l’on songe au fait que ces <strong>de</strong>rnières ont contribué <strong>de</strong> façon essentielle <strong>à</strong> <strong>la</strong> bonne<br />

réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité suisse et <strong>de</strong> notre pays. C’est pourquoi ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que les<br />

entreprises et associations qui utilisent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies déj<strong>à</strong> les armoiries et <strong>de</strong>s<br />

signes simi<strong>la</strong>ires aient le droit <strong>de</strong> poursuivre cet usage, mais <strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions strictes.<br />

Le Conseil fédéral a tenu compte <strong>de</strong> leurs préoccupations. L’inscription dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong><br />

du droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage constitue une solution qui prend en considération <strong>de</strong><br />

façon équilibrée les intérêts légitimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, d’une part, et ceux<br />

<strong>de</strong>s entreprises traditionnelles suisses, <strong>de</strong> l’autre (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 35<br />

P-LPASP).<br />

Les associations <strong>de</strong>s milieux économiques et les organisations <strong>de</strong> consommateurs<br />

sont majoritairement en faveur <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> l’arsenal <strong>de</strong> sanctions <strong>à</strong> <strong>la</strong> disposition<br />

<strong>de</strong>s collectivités lorsque <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance et <strong>de</strong>s signes publics<br />

sont employés <strong>de</strong> manière illicite. Elles estiment que <strong>la</strong> nouvelle réglementation<br />

permet <strong>de</strong> resserrer <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration entre l’économie et l’IPI en matière d’application<br />

<strong>de</strong>s droits et tient compte <strong>de</strong> manière adéquate <strong>de</strong> l’intérêt pour <strong>la</strong> collectivité <strong>de</strong><br />

disposer <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> droit appropriées. Une partie <strong>de</strong>s participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation<br />

rejette cependant toute extension <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité pour agir <strong>de</strong>s collectivités. Tenant<br />

compte <strong>de</strong> ces réticences, le Conseil fédéral a précisé <strong>la</strong> qualité pour agir <strong>de</strong> l’IPI<br />

(pour le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération) et <strong>de</strong>s cantons: celle-ci se limite, d’une part,<br />

aux actions visées aux art. 52 et 55, al. 1, LPM et 20 P-LPASP et, d’autre part, aux<br />

7744


cas où les signes utilisés revêtent un intérêt particulier pour les collectivités territoriales<br />

concernées. L’IPI doit pouvoir intervenir pour le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

en particulier lorsque <strong>de</strong>s désignations ou <strong>de</strong>s symboles utilisés renvoient au territoire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Il s’agit en première ligne <strong>de</strong> désignations comme<br />

«Suisse», «suisse» ou «Swiss ma<strong>de</strong>» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

consultation ont critiqué également l’attribution <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> partie <strong>à</strong> l’IPI dans<br />

un procès civil jugeant que ces droits sont en porte-<strong>à</strong>-faux avec les tâches qu’il<br />

accomplit en tant qu’autorité d’enregistrement. En réponse <strong>à</strong> ces critiques, il est<br />

précisé que cette double casquette revêtue par l’IPI est voulue et <strong>de</strong> nature <strong>à</strong> favoriser<br />

l’homogénéité dans l’application et <strong>la</strong> défense du droit. Aussi le Conseil fédéral<br />

a-t-il maintenu les propositions qu’il avait mises en consultation concernant <strong>la</strong><br />

qualité pour agir <strong>de</strong> l’IPI avec les droits qu’elle implique (pour <strong>la</strong> justification, voir<br />

ch. 2.1.5).<br />

1.4.3.3 Points contestés<br />

Deux cantons (GR, VD), HaBa et Ligo Electric <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que le critère <strong>de</strong>s 60 %<br />

du prix <strong>de</strong> revient prévu dans l’avant-projet pour les produits industriels soit harmonisé<br />

avec le critère <strong>de</strong> valeur <strong>de</strong>s 50 % applicables aux règles d’origine non préférentielle<br />

(réglementation douanière). De façon plus générale, les CCIS et <strong>la</strong> VBF<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt l’harmonisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux réglementations afin d’éviter pour les entreprises<br />

les conséquences négatives <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir appliquer <strong>de</strong>s règles différentes. Le Conseil<br />

fédéral constate que les règles re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’origine non préférentielle et les indications<br />

<strong>de</strong> provenance selon <strong>la</strong> LPM présentent <strong>de</strong>s différences essentielles et qu’elles<br />

doivent par conséquent être distinguées. Chaque réglementation poursuit <strong>de</strong>s objectifs<br />

distincts. Les règles <strong>sur</strong> les indications <strong>de</strong> provenance appartiennent au droit <strong>de</strong>s<br />

signes distinctifs. Prescrivant que les indications <strong>de</strong> provenance doivent être utilisées<br />

<strong>de</strong> façon exacte, elles contribuent notamment <strong>à</strong> une concurrence loyale et non faussée.<br />

Les dispositions re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance doivent as<strong>sur</strong>er que, par exemple,<br />

seuls les produits qui correspon<strong>de</strong>nt <strong>à</strong> un territoire géographique déterminé et <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

qualité et/ou <strong>à</strong> <strong>la</strong> renommée <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce économique suisse puissent porter <strong>de</strong>s indications<br />

telles que «Suisse», «Swiss» ou d’autres indications renvoyant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse.<br />

Les règles re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’origine non préférentielle, en tant qu’instrument réglementaire<br />

objectif, servent <strong>à</strong> l’exécution <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es douanières et <strong>de</strong> commerce extérieur.<br />

Elles n’attestent pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance effective d’un produit ou <strong>de</strong> sa qualité, mais<br />

visent <strong>à</strong> certifier que lorsqu’une «transformation suffisante», au sens <strong>de</strong>s règles<br />

douanières, est effectuée <strong>sur</strong> un produit dans un territoire douanier déterminé<br />

(«pays» ou «union douanière»), ce produit peut être reconnu d’origine (douanière)<br />

«x» ou «y». L’aménagement technique <strong>de</strong>s règles re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’origine non préférentielle<br />

(appelées autrefois règles d’origine «autonomes») suit <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies<br />

<strong>de</strong>s normes contenues dans <strong>de</strong>s instruments conventionnels conclus dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’ONU, <strong>de</strong> l’Organisation mondiale <strong>de</strong>s douanes et <strong>de</strong> l’OMC. La Suisse, ayant<br />

repris ces standards internationaux, est liée par le droit international public (voir ch.<br />

5.2). L’introduction uni<strong>la</strong>térale <strong>de</strong> nouveaux obstacles <strong>à</strong> l’obtention <strong>de</strong> l’origine<br />

douanière n’est par conséquent pas possible ni souhaitable. Un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance est par contre <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> façon expresse<br />

par le Parlement (postu<strong>la</strong>ts 06.3056 Hutter «Protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque Suisse» et<br />

06.3174 Fetz «Renforcer <strong>la</strong> marque Ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd») et peut <strong>à</strong> présent être<br />

concrétisé <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n légal.<br />

7745


Dix cantons (ZH, SZ, ZG, BL, SH, SG, AG, TG, TI, GE) et une partie <strong>de</strong>s associations<br />

<strong>de</strong>s milieux économiques (USAM, Provian<strong>de</strong>, economiesuisse, PROMARCA<br />

et fial qui admet cependant qu’une coexistence est possible), l’ACCS, kf, Coop et<br />

MGB proposent d’exclure désormais les <strong>de</strong>nrées alimentaires du champ d’application<br />

<strong>de</strong>s règles définissant <strong>la</strong> provenance inscrites dans <strong>la</strong> LPM. L’argument principal<br />

est que <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires est<br />

aujourd’hui indépendante <strong>de</strong> tout critère <strong>de</strong> coûts. Or l’avant-projet introduisait un<br />

tel critère, ce qui avait pour effet <strong>de</strong> faire dépendre <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s<br />

variations <strong>de</strong> prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première. Le Conseil fédéral constate que l’exclusion<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance serait une me<strong>sur</strong>e<br />

trop radicale qui créerait une <strong>la</strong>cune: les <strong>de</strong>nrées alimentaires ne seraient plus<br />

réglementées dans <strong>la</strong> LPM et ne pourraient dès lors plus bénéficier du renforcement<br />

<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite <strong>loi</strong> visant <strong>à</strong> préserver <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse». Par<br />

exemple, un fromage fabriqué en Suisse uniquement avec du <strong>la</strong>it étranger respecterait<br />

les règles du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires et pourrait ainsi être vendu comme<br />

du «fromage suisse» (inscription en gros caractères <strong>sur</strong> le <strong>de</strong>vant du produit). Les<br />

nouveaux critères définissant les indications <strong>de</strong> provenance ont justement pour<br />

objectif d’éviter ce cas <strong>de</strong> figure. Pour tenir compte <strong>de</strong>s arguments avancés tout en<br />

préservant l’efficacité du projet légis<strong>la</strong>tif «Swissness», le Conseil fédéral propose les<br />

adaptations suivantes du projet:<br />

– Pour les produits naturels transformés, le critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première (part<br />

minimale du poids total) est plus adéquat que celui fondé <strong>sur</strong> les coûts. Le<br />

projet prévoit donc que <strong>la</strong> provenance d’un produit naturel transformé correspond<br />

au lieu d’où proviennent au minimum 80 % du poids <strong>de</strong>s matières<br />

premières. Ce critère tient compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> prévoir un pourcentage<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> fois suffisamment exigeant pour être crédible et offrant une marge <strong>de</strong><br />

manœuvre approprié pour tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique.<br />

– La coexistence <strong>de</strong>s règles <strong>sur</strong> les indications <strong>de</strong> provenance (LPM) et <strong>de</strong> celles<br />

du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48b) est<br />

maintenue.<br />

Pour les produits naturels transformés et les produits industriels, <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> matière première non disponible en Suisse a été évoquée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

procédure <strong>de</strong> consultation, et le Conseil fédéral a tenu compte <strong>de</strong>s avis émis en<br />

é<strong>la</strong>borant le projet (voir commentaires <strong>de</strong>s art. 48b et 48c P-LPM).<br />

S’agissant <strong>de</strong>s produits naturels, l’exigence <strong>de</strong> <strong>la</strong> «croissance intégrale» a été jugée<br />

trop sévère par <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation et le critère<br />

général du pourcentage <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production a été considéré comme inapproprié.<br />

Le Conseil fédéral a donc fixé <strong>de</strong>s critères plus adéquats dans le projet.<br />

1.4.3.4 Requêtes diverses<br />

Retenues<br />

Plusieurs entreprises et associations professionnelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein<br />

utilisent aujourd’hui <strong>la</strong> marque «Suisse Garantie» en y ajoutant <strong>la</strong> mention (ou<br />

une mention simi<strong>la</strong>ire) «Fabriqué dans <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein avec <strong>de</strong>s<br />

matières premières suisses». Craignant que le projet <strong>de</strong> révision ne permette plus une<br />

telle pratique, elles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt par conséquent <strong>à</strong> être assimilées aux producteurs<br />

7746


suisses pour les produits naturels et les produits naturels transformés. Le Conseil<br />

fédéral estime qu’il est justifié <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> ce cas <strong>de</strong> figure pour ces <strong>de</strong>ux<br />

catégories <strong>de</strong> produits, <strong>de</strong> sorte que le territoire géographique suisse pris en considération<br />

englobe les enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères (donc le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté<br />

<strong>de</strong> Liechtenstein). Il est judicieux <strong>de</strong> définir le territoire suisse <strong>à</strong> prendre en considération<br />

<strong>de</strong> façon plus <strong>la</strong>rge pour les produits naturels et les produits naturels transformés.<br />

Premièrement, <strong>la</strong> prise en compte du territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein<br />

correspond <strong>à</strong> un usage établi en matière agricole. En raison du traité du 29 mars<br />

1923 entre <strong>la</strong> Suisse et <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein concernant <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein au territoire douanier suisse (union douanière) 26, <strong>de</strong><br />

nombreuses prescriptions légales suisses régissant l’agriculture et les <strong>de</strong>nrées alimentaires<br />

s’appliquent directement au Liechtenstein. Le marché d’approvisionnement<br />

et d’écoulement est aujourd’hui commun aux <strong>de</strong>ux pays dans le domaine <strong>de</strong><br />

l’agriculture et dans celui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires. Les entreprises agro-alimentaires<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse ne font pas <strong>la</strong> différence entre <strong>de</strong>s<br />

matières premières provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse. Ces usages ont<br />

parfois été inscrits dans <strong>de</strong>s <strong>loi</strong>s. De tels usages existent également le long <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

frontière, car il est impossible <strong>de</strong> tracer précisément <strong>la</strong> frontière géographique pour<br />

les produits naturels et les produits naturels transformés. Cette définition étendue du<br />

territoire suisse n’est par contre pas reprise pour les produits industriels (art. 48c),<br />

pour lesquels les enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères ne font pas partie du territoire<br />

suisse pouvant être pris en considération (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48, al. 4<br />

P-LPM).<br />

Plusieurs associations professionnelles du domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle ont<br />

<strong>de</strong>mandé d’introduire dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> une procédure <strong>de</strong> radiation <strong>de</strong>s marques non utilisées<br />

auprès <strong>de</strong> l’IPI ou au moins d’examiner cette possibilité. Au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> consultation,<br />

l’association faîtière economiesuisse s’est déc<strong>la</strong>rée favorable <strong>à</strong> une telle<br />

procédure. Le Conseil fédéral propose donc d’inscrire une procédure <strong>de</strong> radiation<br />

dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> (voir ch. 2.1.7.5).<br />

Non retenues<br />

Des participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation ont <strong>de</strong>mandé que <strong>la</strong> Confédération<br />

légifère contre <strong>la</strong> prolifération d’offres abusives <strong>de</strong>s registres privés <strong>de</strong> marques, qui<br />

portent atteinte <strong>à</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse <strong>à</strong> l’étranger tout en mettant en péril <strong>la</strong><br />

sécurité juridique dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques. Le Conseil fédéral<br />

(par le biais du SECO et <strong>de</strong> l’IPI), lutte déj<strong>à</strong> activement contre ce type d’offres<br />

abusives. Il a ainsi approuvé, le 2 septembre 2009, un message concernant <strong>la</strong> <strong>modification</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale contre <strong>la</strong> concurrence déloyale (LCD) 27. Cette révision a<br />

pour but <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> dans ce domaine, ainsi que <strong>de</strong> façon plus globale<br />

pour tous les répertoires d’adresses ou les registres professionnels. L’introduction<br />

d’une norme spéciale dans LPM ferait double emp<strong>loi</strong>, <strong>de</strong> sorte qu’il convient d’y<br />

renoncer.<br />

D’autres participants ont <strong>de</strong>mandé <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération <strong>de</strong> créer une fondation dans le<br />

but <strong>de</strong> lutter contre les utilisations abusives <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse» <strong>à</strong> l’étranger. La<br />

proposition n’est pas retenue, en particulier pour les raisons suivantes: d’une part, il<br />

convient d’éviter <strong>de</strong> grever davantage le budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et donc celui du<br />

26 RS 0.631.112.514<br />

27 FF 2009 5539<br />

7747


contribuable; d’autre part, <strong>la</strong> Confédération ne saurait financer l’application du droit<br />

<strong>à</strong> l’étranger, alors même que ce sont les producteurs et les prestataires <strong>de</strong> services<br />

privés qui profitent commercialement <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value apportée par l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pour leurs produits et services <strong>à</strong> l’étranger.<br />

1.5 Corré<strong>la</strong>tion entre les tâches et les ressources<br />

financières<br />

Le projet crée <strong>de</strong> nouvelles tâches: <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un registre <strong>sur</strong> les indications<br />

géographiques pour tous les produits, l’administration <strong>de</strong> ce registre (procédures<br />

d’enregistrement et d’opposition) et l’examen <strong>de</strong>s marques géographiques. Ces<br />

nouvelles tâches seront assumées par l’IPI. Cette charge <strong>de</strong> travail <strong>sur</strong> le personnel<br />

et/ou les finances sera intégralement <strong>à</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> l’IPI, qui est financièrement<br />

autonome. Il n’y aura donc aucune conséquence pour le personnel et/ou les finances<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Le nombre <strong>de</strong> marques géographiques déposées sera faible par rapport au nombre<br />

total <strong>de</strong> marques déposées chaque année. L’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> travail <strong>de</strong><br />

l’IPI sera donc imputable dans une très <strong>la</strong>rge me<strong>sur</strong>e <strong>à</strong> <strong>la</strong> création et <strong>à</strong> l’administration<br />

du registre <strong>de</strong>s indications géographiques.<br />

Cette charge <strong>de</strong> travail supplémentaire pourra être financée au moyen <strong>de</strong>s taxes et<br />

fera partie du mandat d’exécution qui est confié <strong>à</strong> l’IPI par l’art. 2, al. 1, let. b, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>loi</strong> du 24 mars 1995 <strong>sur</strong> le statut et les tâches <strong>de</strong> l’Institut fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété<br />

intellectuelle (LIPI). Compte tenu <strong>de</strong> l’importance d’une <strong>protection</strong> efficace <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n national et <strong>à</strong> l’étranger, les efforts nécessaires<br />

pour atteindre le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation sont raisonnables.<br />

1.6 Droit comparé, notamment droit européen<br />

Cette partie du message se fon<strong>de</strong> <strong>sur</strong> l’avis <strong>de</strong> droit du 27 février 2007 <strong>de</strong> l’Institut<br />

suisse <strong>de</strong> droit comparé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s signes nationaux 28.<br />

Critères visant <strong>à</strong> déterminer le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

La Communauté européenne (CE) n’a pas adopté <strong>de</strong> dispositions harmonisées ni <strong>de</strong><br />

pratiques uniformes concernant l’indication <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance (ou marquage <strong>de</strong><br />

l’origine), sauf pour certains produits agricoles29. Il existe cependant <strong>de</strong>s directives<br />

<strong>sur</strong> <strong>de</strong>s points spécifiques, notamment <strong>sur</strong> les pratiques commerciales déloyales<br />

(voire trompeuses). Ainsi, <strong>la</strong> directive 2005/29/CE a été adoptée pour protéger les<br />

consommateurs <strong>de</strong>s pratiques commerciales déloyales dans le marché <strong>de</strong> <strong>la</strong> CE. Aux<br />

termes <strong>de</strong> l’art. 6, al. 1, let. b, <strong>la</strong> pratique commerciale est trompeuse ou même<br />

mensongère si le marquage d’origine n’est pas correct.<br />

28 Fussno Le rapport est publié <strong>sur</strong> <strong>la</strong> page Internet <strong>de</strong> l’IPI <strong>à</strong> l’adresse suivante:<br />

http://www.ige.ch/f/jurinfo/j108.shtm. Les conceptions présentées dans cet avis<br />

n’engagent que l’auteur et ne lient ni l’IPI ni le DFJP.<br />

29 Règlement (CE) n o 510/2006 du Conseil du 20 mars 2006 <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques et <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine <strong>de</strong>s produits agricoles et <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées alimentaires; JO L 93 du 31.3.2006, p. 12.<br />

7748


Pour les échanges entre <strong>la</strong> CE et le pays tiers, <strong>la</strong> provenance est définie dans le<br />

règlement (CE) 450/2008 du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2008<br />

établissant le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire: <strong>la</strong> marchandise est originaire du<br />

pays où elle a été obtenue entièrement; si <strong>la</strong> marchandise est fabriquée <strong>à</strong> partir <strong>de</strong><br />

produits provenant <strong>de</strong> pays différents, elle est originaire du pays où a eu lieu <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière transformation ou ouvraison substantielle, économiquement justifiée, effectuée<br />

dans une entreprise équipée <strong>à</strong> cet effet et ayant abouti <strong>à</strong> <strong>la</strong> fabrication d’un<br />

produit nouveau ou représentant un sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> fabrication important. Le règlement<br />

(CEE) 2454/93 énumère les ouvraisons ou les transformations qui sont suffisantes<br />

pour conférer un caractère originaire.<br />

Il existe <strong>de</strong>s différences entre les légis<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s Etats membres re<strong>la</strong>tives au marquage<br />

d’origine. Le droit allemand ne contient pas <strong>de</strong> règles précises <strong>sur</strong> <strong>la</strong> détermination<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance. En pratique, cette détermination se fait notamment en<br />

s’inspirant du critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> «<strong>de</strong>rnière transformation ou <strong>de</strong> l’ouvraison substantielle»<br />

du co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire. La jurispru<strong>de</strong>nce alleman<strong>de</strong> considère que, si<br />

certaines parties du produit ont été fabriquées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’Allemagne, <strong>la</strong> dénomination<br />

«ma<strong>de</strong> in Germany» peut être apposée <strong>sur</strong> un produit, si les prestations qui<br />

sont prédominantes pour l’usage commercial et <strong>la</strong> caractéristique du produit en<br />

termes <strong>de</strong> qualité ont été fournies en Allemagne30. En France, pays qui ne connaît pas <strong>de</strong> réglementation spécifique, le tribunal<br />

d’instance <strong>de</strong> Metz a jugé qu’un fabricant qui avait utilisé <strong>la</strong> mention «ma<strong>de</strong> in<br />

France» pour <strong>de</strong>s chaus<strong>sur</strong>es assemblées au Portugal n’avait commis aucune vio<strong>la</strong>tion<br />

du co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire dès lors que seulement 11 <strong>à</strong> 13 % du coût<br />

<strong>de</strong> revient <strong>de</strong>s chaus<strong>sur</strong>es étaient d’origine portugaise et que l’opération d’assemb<strong>la</strong>ge<br />

ne représentait pas une valeur suffisante pour justifier une autre mention<br />

d’origine31. L’Italie s’est dotée, <strong>de</strong>puis plusieurs dizaines d’années déj<strong>à</strong>, <strong>de</strong> dispositions<br />

visant <strong>à</strong> réprimer directement l’utilisation d’indications géographiques ou<br />

d’origine ou d’autres éléments indiquant ou suggérant que le produit provient d’un<br />

lieu qui n’est pas celui <strong>de</strong> son origine véritable. Une indication fausse telle que<br />

«ma<strong>de</strong> in Italy» <strong>sur</strong> un produit dont <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière transformation substantielle n’a pas<br />

eu lieu en Italie, tout comme l’indication fal<strong>la</strong>cieuse telle que <strong>de</strong>s signes, figures ou<br />

tout autre élément – y compris le drapeau national – pouvant faire croire au<br />

consommateur que le produit est d’origine italienne32, sont réprimées. Le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

provenance est également déterminé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s critères du co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes<br />

communautaire33. Si les matières brutes ou certaines matières mi-ouvrées sont<br />

fabriquées <strong>à</strong> l’étranger et que <strong>la</strong> transformation ou l’ouvraison substantielle finale a<br />

lieu en Italie, l’indication «ma<strong>de</strong> in Italy» peut être apposée <strong>sur</strong> le produit.<br />

Selon <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong>s Communautés européennes (CJCE),<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «ma<strong>de</strong> in…» entraîne potentiellement <strong>de</strong>s restrictions<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> libre circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s marchandises entre les Etats membres, interdites par l’art.<br />

28 du traité instituant <strong>la</strong> Communauté européenne (traité CE). En effet, l’apposition<br />

<strong>de</strong> cette désignation peut inciter les consommateurs <strong>à</strong> acheter <strong>de</strong>s produits munis du<br />

30 BGH GRUR 1966, 150 – Kim I.<br />

31 TGI Metz, BRDA, 1996 / 1, p. 13.<br />

32 Art. 4, al. 49, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>de</strong> finances 2004 (350/2003), modifiée récemment par <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>de</strong><br />

finances 2007.<br />

33 Voir art. 4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> 350/2003.<br />

7749


<strong>la</strong>bel «ma<strong>de</strong> in…» et pas <strong>de</strong>s produits équivalents importés34. Le caractère facultatif<br />

<strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong> du <strong>la</strong>bel n’est pas en me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> neutraliser son possible effet d’entrave<br />

au commerce, car son utilisation est susceptible <strong>de</strong> favoriser les ventes <strong>de</strong>s produits<br />

qui en sont munis par rapport <strong>à</strong> ceux qui ne le sont pas35. Selon <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> CJCE, <strong>de</strong>s restrictions <strong>à</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s marchandises<br />

peuvent être justifiées, notamment par <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle et<br />

commerciale qui comprend <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance et <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions<br />

d’origine. Toute me<strong>sur</strong>e contribuant <strong>à</strong> maintenir <strong>la</strong> renommée d’un produit<br />

liée <strong>à</strong> sa provenance doit être considérée comme conforme au droit communautaire<br />

malgré ses effets restrictifs <strong>sur</strong> les échanges, pour autant que cette me<strong>sur</strong>e soit nécessaire<br />

et proportionnée36. Dans son arrêt «American Bud» 37, <strong>la</strong> CJCE a considéré<br />

les indications géographiques comme propriété industrielle et commerciale justifiant<br />

une restriction <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s marchandises conformément <strong>à</strong> l’art. 30 du<br />

traité CE.<br />

Principe dit «Cassis <strong>de</strong> Dijon»<br />

Le principe dit Cassis <strong>de</strong> Dijon a pour vocation d’éliminer les entraves techniques au<br />

commerce en vue <strong>de</strong> parachever le marché intérieur européen. Il tire son nom d’un<br />

arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> CJCE <strong>de</strong> 1979. 38 En vertu <strong>de</strong> ce principe, les produits importés d’un autre<br />

Etat membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> CE qui ont été fabriqués et mis <strong>sur</strong> le marché selon les prescriptions<br />

<strong>de</strong> cet Etat peuvent en règle générale être mis <strong>sur</strong> le marché partout dans <strong>la</strong> CE.<br />

Les restrictions ne sont admissibles que lorsqu’elles sont commandées par <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong><br />

d’un intérêt public prépondérant.<br />

Registre <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits<br />

Les pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> CE sont soumis au règlement (CE) 510/2006 qui prévoit<br />

une <strong>protection</strong> par enregistrement <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits<br />

agricoles et les <strong>de</strong>nrées alimentaires, et aux règlements correspondants concernant<br />

les boissons alcoolisées. Le registre <strong>de</strong>s AOP et <strong>de</strong>s IGP est géré par <strong>la</strong> Commission<br />

européenne. Quelques Etats membres offrent en outre un système distinct <strong>de</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong> ces indications dans leur droit national, qui est toutefois limité aux domaines<br />

non couverts par le droit communautaire, comme par exemple les produits sylvicoles.<br />

Avec le développement du droit <strong>de</strong>s indications géographiques <strong>à</strong> travers le mon<strong>de</strong>,<br />

un nombre toujours croissant <strong>de</strong> pays introduit cependant <strong>de</strong>s systèmes d’enregistrement<br />

<strong>de</strong> ces indications pour tous les produits (par ex. l’In<strong>de</strong> ou le Mexique). La<br />

34 Voir arrêt CJCE du 5 novembre 2002, aff. C-325/00, Commission/Allemagne, <strong>la</strong>bel CMA,<br />

Rec. p. I-9977, point 23 et arrêt CJCE du 24 novembre 1982, aff. 249/81, Commission/Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,<br />

Buy Irish, Rec. 1982, p. 4005, point 25, et arrêt CJCE du 13 décembre 1983,<br />

aff. C-222/82, Apple and Pear Developement Council, Rec. 1983, p. 4083, point 18.<br />

35 Voir arrêt CJCE du 5 novembre 2002, C-325/00, Commission/Allemagne, <strong>la</strong>bel CMA,<br />

précité, point 24 qui renvoie <strong>à</strong> l’arrêt du 12 octobre 1978, aff. 13/78, Eggers, Rec. 1978,<br />

p. 1935, point 26.<br />

36 Arrêt du 16 mai 2000, aff. C-388/95, Belgique/Espagne, Rioja, Rec. p. I-3123, points 58<br />

et 59; arrêt CJCE du 20 mai 2003, aff. C-108/01, Prosciutto di Parma, Rec. I-5121,<br />

point 66.<br />

37 Arrêt CJCE du 18 novembre 2003, aff. C-216/01, Bu<strong>de</strong>jovický Budvar («American Bud»),<br />

Rec. p. I-13617: GRUR Int. 2004, 131; voir également <strong>la</strong> note suivante.<br />

38 Arrêt CJCE du 20 février 1979, aff. 120/78, Rewe Zentral («Cassis-<strong>de</strong>-Dijon»),<br />

Rec. p. 649, point 14.<br />

7750


<strong>protection</strong> <strong>de</strong> ces désignations fondées <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s enregistrements (<strong>protection</strong> ex ante)<br />

<strong>de</strong>vient un standard internationalement reconnu pour protéger efficacement ces<br />

indications (voir également le ch. 1.4.1).<br />

Marque <strong>de</strong> garantie et marque collective<br />

L’art. 66, al. 2, du règlement (CE) 207/2009 permet l’enregistrement <strong>de</strong> marques<br />

collectives portant <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s signes ou <strong>de</strong>s indications pouvant servir, dans le commerce,<br />

<strong>à</strong> désigner <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services. Une telle<br />

marque collective n’autorise toutefois pas le titu<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> interdire <strong>à</strong> un tiers d’utiliser<br />

dans le commerce ces signes ou indications si cet usage est conforme aux usages<br />

honnêtes en matière industrielle ou commerciale. L’art. 15, al. 2, <strong>de</strong> <strong>la</strong> première<br />

directive 89/104/CEE prévoit une réglementation simi<strong>la</strong>ire et donne ainsi un cadre<br />

aux Etats membres pour introduire cet instrument dans leur système juridique.<br />

Certains Etats ont fait usage <strong>de</strong> cette possibilité. Ainsi, le par. 99 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> alleman<strong>de</strong><br />

<strong>sur</strong> les marques39 prévoit qu’une marque collective peut porter uniquement <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s<br />

signes ou <strong>de</strong>s indications pouvant servir <strong>à</strong> désigner <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s<br />

produits ou <strong>de</strong>s services. Elle précise toutefois que le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque ne peut<br />

pas interdire <strong>à</strong> un tiers d’utiliser licitement ces signes ou indications. L’art. 11 du<br />

Co<strong>de</strong> italien <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle40, contient une réglementation simi<strong>la</strong>ire et<br />

introduit une restriction supplémentaire préa<strong>la</strong>ble <strong>à</strong> l’enregistrement d’une marque<br />

collective portant <strong>sur</strong> une indication <strong>de</strong> provenance, en précisant que l’enregistrement<br />

peut être refusé si <strong>la</strong> marque déposée est susceptible d’accor<strong>de</strong>r au titu<strong>la</strong>ire un<br />

privilège injustifié ou <strong>de</strong> porter atteinte au développement d’initiatives analogues<br />

dans le territoire géographique en question.<br />

Le projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM tient compte <strong>de</strong>s risques mentionnés ci-<strong>de</strong>ssus<br />

générés par un système permettant l’enregistrement d’une indication <strong>de</strong> provenance<br />

<strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque, notamment l’impossibilité <strong>de</strong> garantir que le déposant est représentatif<br />

<strong>de</strong>s producteurs utilisant l’indication et l’impossibilité <strong>de</strong> vérifier que les<br />

critères du règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque sont conformes aux critères légaux. Le projet<br />

prévoit en conséquence un système où l’enregistrement d’une indication <strong>de</strong> provenance<br />

<strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque géographique n’est permis que si l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

est une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou une indication géographique déj<strong>à</strong> enregistrée, une<br />

appel<strong>la</strong>tion viticole déj<strong>à</strong> protégée <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n cantonal ou une indication <strong>de</strong> provenance<br />

fondée <strong>sur</strong> une réglementation légale préexistante (ordonnance du Conseil<br />

fédéral; pour <strong>la</strong> justification, voir ci-<strong>de</strong>ssus ch. 1.4). Tout en se distinguant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réglementation communautaire, le projet <strong>de</strong> révision en reprend le principe fondamental,<br />

<strong>à</strong> savoir que <strong>la</strong> marque collective ayant pour objet une indication <strong>de</strong> provenance<br />

ne constitue pas un instrument juridique permettant au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> monopoliser<br />

cette indication dans le commerce. La marque géographique (voir ch. 2.1.1)<br />

autorise uniquement le titu<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> interdire <strong>à</strong> un tiers d’utiliser dans le commerce<br />

l’indication <strong>de</strong> provenance si cet usage n’est pas conforme aux critères d’utilisation<br />

inscrits dans le cahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication<br />

géographique enregistrée, dans <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion cantonale fondée <strong>sur</strong> l’art. 63 LAgr ou<br />

39 Gesetz über <strong>de</strong>n Schutz von Marken und sonstigen Kennzeichen (<strong>loi</strong> alleman<strong>de</strong> <strong>sur</strong> les<br />

marques du 25 octobre 1994), (BGBl. I S. 3082 (1995, 156); 1996, 682), modifiée <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière fois par l’art. 4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 7 juillet 2008 (BGBl. I S. 1191).<br />

40 Codice <strong>de</strong>l<strong>la</strong> Propriet<strong>à</strong> industriale (CPI) du 23 décembre 2004, entré en vigueur le<br />

19 mars 2005 (respectivement le 19 septembre 2005), publié le 4 mars 2005 dans <strong>la</strong><br />

Gazetta Ufficiale n o 52.<br />

7751


dans <strong>la</strong> réglementation légale (ordonnance du Conseil fédéral). Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

marque géographique n’a donc aucune possibilité <strong>de</strong> définir lui-même <strong>de</strong> nouveaux<br />

critères au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d’enregistrement <strong>de</strong> cette marque.<br />

Drapeau suisse<br />

Le drapeau <strong>de</strong> l’UE est protégé par <strong>la</strong> CUP. Il n’existe pas d’instrument <strong>de</strong> droit<br />

communautaire <strong>de</strong>stiné <strong>à</strong> protéger les signes nationaux. En vertu du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

territorialité, chaque Etat fixe ses propres règles <strong>sur</strong> les indications <strong>de</strong> provenance et<br />

les armoiries, sous réserve <strong>de</strong>s traités internationaux (voir ch. 1.1). Au niveau international,<br />

tous les pays <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong> Paris sont tenus, aux termes <strong>de</strong> l’art. 6ter CUP,<br />

<strong>de</strong> refuser l’enregistrement et d’interdire l’utilisation <strong>de</strong>s armoiries, drapeaux et<br />

autres emblèmes d’Etat <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Union comme marque <strong>de</strong> produit, sauf autorisation.<br />

Il appartient aux pays membres <strong>de</strong> choisir comment ils enten<strong>de</strong>nt mettre en<br />

œuvre cette obligation. Bon nombre <strong>de</strong> pays (Belgique, France, Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Italie)<br />

prévoient seulement <strong>de</strong>s règles d’ordre général dans leur droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence ou<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs ou dans leur co<strong>de</strong> pénal censées garantir cette<br />

<strong>protection</strong> minimale. D’autres, en revanche, ont arrêté <strong>de</strong>s <strong>loi</strong>s spécifiques (Liechtenstein,<br />

Luxembourg) ou <strong>de</strong>s règles particulières (Allemagne). Conformément au<br />

droit allemand, par exemple, l’utilisation illicite <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

est une infraction punie par une amen<strong>de</strong>.<br />

La <strong>protection</strong> garantie par <strong>la</strong> CUP ne s’étend pas uniquement aux signes i<strong>de</strong>ntiques,<br />

mais aussi aux imitations. Toute représentation présentant une simi<strong>la</strong>rité avec un<br />

emblème ou avec un élément d’un tel signe n’est pourtant pas considérée comme<br />

une imitation. Seules les imitations au point <strong>de</strong> vue héraldique tombent sous le coup<br />

<strong>de</strong> l’interdiction formulée <strong>à</strong> l’art. 6ter CUP. Des différences dans les dimensions et<br />

dans les formes <strong>de</strong> représentations suffisent donc pour contourner cette interdiction.<br />

En définitive, l’étendue <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> garantie par <strong>la</strong> CUP dépend <strong>de</strong> l’interprétation,<br />

par chaque Etat, <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d’ «imitation au point <strong>de</strong> vue héraldique». Le<br />

droit suisse, en revanche, interdit non seulement l’enregistrement <strong>de</strong>s imitations au<br />

point <strong>de</strong> vue héraldique, mais tout bonnement l’enregistrement <strong>de</strong> «signes prêtant <strong>à</strong><br />

confusion» (voir ch. 1.3).<br />

La CUP et certains pays européens font une distinction entre les armoiries et les<br />

drapeaux. Ainsi, les <strong>loi</strong>s autrichienne et liechtensteinoise régissant les armoiries les<br />

différencient <strong>de</strong>s drapeaux et prévoient que leur utilisation est réservée aux autorités<br />

et <strong>à</strong> leurs collectivités. Au Liechtenstein, les particuliers peuvent utiliser les armoiries<br />

s’ils disposent d’une autorisation. Celle-ci n’est délivrée que s’il existe <strong>de</strong>s<br />

motifs importants dans l’intérêt du pays et une garantie que l’emblème <strong>de</strong> l’Etat sera<br />

utilisé en tout honneur. Le droit suisse ne fait pas <strong>de</strong> distinction entre armoiries et<br />

drapeau, puisque <strong>la</strong> Suisse est le seul pays <strong>à</strong> avoir le même symbole <strong>sur</strong> ses armoiries<br />

et <strong>sur</strong> son drapeau, <strong>à</strong> savoir <strong>la</strong> croix b<strong>la</strong>nche <strong>sur</strong> un fond rouge. La LPAP utilise<br />

<strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion «les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, <strong>de</strong>s cantons, districts, cercles et<br />

communes ou les drapeaux représentant <strong>de</strong> telles armoiries» sans toutefois faire <strong>de</strong><br />

distinction entre les <strong>de</strong>ux termes. Le P-LPASP fait une différence entre drapeau et<br />

armoiries. Les particuliers pourront utiliser le drapeau suisse <strong>à</strong> certaines conditions,<br />

alors que l’usage <strong>de</strong>s armoiries sera réservé exclusivement <strong>à</strong> <strong>la</strong> Confédération. Ce<br />

n’est qu’en présence <strong>de</strong> circonstances particulières que le DFJP pourra, <strong>à</strong> titre exceptionnel<br />

et <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée, autoriser <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération (voir art. 35 P-LPASP).<br />

7752


Enfin, il faut souligner que tous les Etats membres <strong>de</strong> l’UE sont parties aux Conventions<br />

<strong>de</strong> Genève et qu’ils sont dès lors liés <strong>à</strong> l’interdiction, qui y est prévue, d’utiliser<br />

les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, <strong>de</strong> même que tout signe en constituant une imitation<br />

(notamment <strong>la</strong> croix suisse). Les Conventions <strong>de</strong> Genève interdisent en outre<br />

l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse s’il existe un risque <strong>de</strong> confusion avec le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Croix-Rouge ou si l’emp<strong>loi</strong> se fait «soit dans un but contraire <strong>à</strong> <strong>la</strong> loyauté commerciale,<br />

soit dans <strong>de</strong>s conditions susceptibles <strong>de</strong> blesser le sentiment national suisse».<br />

En vertu <strong>de</strong> ces conventions, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins abusives et<br />

offensantes est par conséquent prohibée.<br />

2 Commentaire <strong>de</strong>s articles<br />

2.1 Révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques<br />

Le commentaire <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques est organisé en<br />

fonction <strong>de</strong>s thèmes traités et non pas en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> numérotation <strong>de</strong>s articles.<br />

2.1.1 Marque géographique<br />

Art. 27a et 27b (nouveaux) Objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque et déposants<br />

Les milieux intéressés perçoivent une appel<strong>la</strong>tion d’origine (par ex. «Gruyère») ou<br />

une indication géographique (par ex. «Saucisson vaudois») comme une référence <strong>à</strong><br />

un territoire géographique et non pas comme un renvoi <strong>à</strong> une entreprise déterminée.<br />

Les appel<strong>la</strong>tions d’origine et les indications géographiques sont donc <strong>de</strong>s signes<br />

distinctifs qui renvoient <strong>à</strong> un territoire géographique précis, mais qui par contre ne<br />

renvoient pas <strong>à</strong> une entreprise déterminée, ce qui est le propre <strong>de</strong>s marques. De plus,<br />

les appel<strong>la</strong>tions d’origine et les indications géographiques doivent rester <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre<br />

disposition <strong>de</strong> tous (elles appartiennent au domaine public) et sont pour cette raison<br />

exclues <strong>de</strong> l’enregistrement en vertu <strong>de</strong> l’art. 2, let. a, LPM. Pour ces raisons, il n’est<br />

pas possible d’obtenir une marque ordinaire – qui est un droit exclusif – constituée<br />

uniquement d’une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou d’une indication géographique (voir<br />

ci-<strong>de</strong>ssus, ch. 1.4.1).<br />

Le groupement qui a obtenu l’enregistrement d’une appel<strong>la</strong>tion d’origine41 (par ex.<br />

«Gruyère») peut <strong>la</strong> déposer comme marque géographique conformément <strong>à</strong> l’art. 27a,<br />

let. a, c’est-<strong>à</strong>-dire comme un signe qui distingue les produits <strong>de</strong>s entreprises légitimées<br />

<strong>à</strong> utiliser l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou l’indication géographique <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>s<br />

autres entreprises. En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérogation <strong>à</strong> l’art. 2, let. a, LPM, l’enregistrement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque ne peut pas être refusé au motif que le signe appartient au domaine<br />

public. Cette dérogation permet donc d’enregistrer <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque un signe qui<br />

doit rester <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre disposition (besoin <strong>de</strong> libre disposition absolu) <strong>de</strong> tous les acteurs<br />

du marché qui proposent <strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong> manière licite par ce signe.<br />

Sont concernés les producteurs <strong>de</strong> produits remplissant les exigences du cahier <strong>de</strong>s<br />

charges (par ex. «Gruyère» pour du fromage) et également les producteurs qui<br />

offrent <strong>de</strong>s produits différents, donc non réglementés par le cahier <strong>de</strong>s charges, qui<br />

proviennent <strong>de</strong> <strong>la</strong> même aire géographique (par ex. «Gruyère» pour du <strong>la</strong>it, voir<br />

41 Au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr.<br />

7753


ci-<strong>de</strong>ssous le commentaire <strong>de</strong> l’art. 27d, al. 2). L’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique<br />

n’a donc pas pour conséquence <strong>de</strong> priver les tiers habilités <strong>à</strong> utiliser une<br />

dénomination géographique <strong>de</strong> cet usage.<br />

Cette nouvelle sorte <strong>de</strong> marque est toutefois différente <strong>à</strong> bien <strong>de</strong>s égards <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque<br />

ordinaire, et sa réglementation contient <strong>de</strong> nombreuses spécificités. Tout<br />

d’abord, comme <strong>la</strong> qualité pour déposer une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est réservée au groupement<br />

ayant obtenu l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou l’indication géographique correspondante,<br />

l’IPI refuse d’office une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> déposée par un tiers. Si <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est déposée<br />

par le groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, l’examen <strong>de</strong> l’IPI se concentre principalement <strong>sur</strong> le<br />

respect <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité exigée entre le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque et le cahier <strong>de</strong>s charges<br />

<strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique (art. 27c, al. 2), ce <strong>de</strong>rnier<br />

ayant déj<strong>à</strong> fait l’objet d’un examen approfondi au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

d’enregistrement <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion ou <strong>de</strong> l’indication. Les modalités <strong>de</strong> l’examen, par<br />

exemple celles <strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité entre le règlement et le cahier <strong>de</strong>s charges,<br />

seront spécifiées dans une ordonnance du Conseil fédéral. Enfin, en cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

déposée avant l’entrée en force <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision re<strong>la</strong>tive <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement<br />

<strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique, <strong>la</strong> procédure d’examen<br />

est suspendue jusqu’<strong>à</strong> l’entrée en force <strong>de</strong> cette décision.<br />

L’ordonnance du 28 mai 1997 <strong>sur</strong> les AOP et les IGP permet déj<strong>à</strong> l’enregistrement<br />

en Suisse <strong>de</strong> dénominations concernant <strong>de</strong>s aires géographiques <strong>de</strong> pays étrangers,<br />

conformément <strong>à</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC. Par souci <strong>de</strong> cohérence légis<strong>la</strong>tive, cette<br />

possibilité est expressément inscrite dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> l’agriculture (art. 16, al. 2bis, LAgr, voir ch. 2.2.7). En conséquence, le groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur qui a obtenu<br />

l’enregistrement en Suisse d’une dénomination étrangère en vertu <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr<br />

ou <strong>de</strong> l’art. 50a peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque correspondante au sens<br />

<strong>de</strong> l’art. 27a, let. a. Il en va <strong>de</strong> même pour le groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur dont <strong>la</strong> dénomination<br />

étrangère est, en vertu d’un accord bi<strong>la</strong>téral, reconnue en Suisse comme<br />

équivalente <strong>à</strong> une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou indication géographique.<br />

L’art. 27a, let. b, donne <strong>la</strong> possibilité aux cantons protégeant une appel<strong>la</strong>tion<br />

d’origine contrôlée conformément <strong>à</strong> l’art. 63 LAgr <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’enregistrement<br />

d’une marque géographique correspondante. Dans ce cas, l’IPI examine si <strong>la</strong> marque<br />

correspond <strong>à</strong> une appel<strong>la</strong>tion d’origine contrôlée protégée par ce canton conformément<br />

au cadre fixé par le droit fédéral. Tel est le cas lorsque cette appel<strong>la</strong>tion figure<br />

au répertoire suisse <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine contrôlées42 tenu et publié par<br />

l’OFAG. Le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque doit être i<strong>de</strong>ntique <strong>à</strong> <strong>la</strong> réglementation cantonale<br />

applicable. En raison <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC et <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUP, les collectivités<br />

publiques étrangères doivent également avoir <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’enregistrement<br />

d’une marque si <strong>la</strong> <strong>protection</strong> qui s’applique <strong>à</strong> leurs appel<strong>la</strong>tions viticoles<br />

respecte le cadre et les conditions <strong>de</strong> l’art. 63 LAgr. Avant <strong>de</strong> déposer une marque<br />

au sens <strong>de</strong> l’art. 27a, let. b, <strong>la</strong> collectivité publique étrangère ou le groupement doit<br />

préa<strong>la</strong>blement s’adresser <strong>à</strong> l’OFAG, qui est compétent pour garantir que les conditions<br />

spécifiques fixées par <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion suisse sont remplies par l’appel<strong>la</strong>tion<br />

viticole étrangère. Dès que l’OFAG constate que ces conditions sont remplies, <strong>la</strong><br />

marque au sens <strong>de</strong> l’art. 27a peut alors être déposée.<br />

42 Art. 25 <strong>de</strong> l’ordonnance du 14 novembre 2007 <strong>sur</strong> le vin; RS 916.140.<br />

7754


L’art. 27a, let. c, permet <strong>à</strong> l’organisation faîtière <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche économique qui<br />

bénéfice d’une ordonnance du Conseil fédéral au sens <strong>de</strong> l’art. 50, al. 2, d’obtenir<br />

l’enregistrement d’une marque géographique portant <strong>sur</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

qualifiée qui fait l’objet <strong>de</strong> l’ordonnance. Comme celle-ci a déj<strong>à</strong> fait l’objet d’un<br />

examen approfondi au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d’adoption par le Conseil fédéral,<br />

l’examen <strong>de</strong> l’IPI se concentre principalement <strong>sur</strong> le respect <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité exigée<br />

entre le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique et cette ordonnance. Les modalités <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> procédure d’examen <strong>de</strong>vant l’IPI seront spécifiées dans une ordonnance du<br />

Conseil fédéral. En se fondant <strong>sur</strong> l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres, <strong>la</strong><br />

Fédération <strong>de</strong> l’industrie horlogère suisse pourrait obtenir une marque géographique<br />

«Suisse» ou «Swiss ma<strong>de</strong>» au sens <strong>de</strong> l’art. 27a, let. c, et disposer ainsi d’un instrument<br />

supplémentaire pour protéger plus efficacement <strong>la</strong> dénomination «Suisse» ou<br />

«Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres, en particulier <strong>à</strong> l’étranger. Conformément <strong>à</strong><br />

l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC et <strong>à</strong> <strong>la</strong> CUP, un tel enregistrement doit également être possible<br />

pour les branches économiques qui bénéficient d’une réglementation étrangère<br />

tout <strong>à</strong> fait équivalente <strong>à</strong> une ordonnance du Conseil fédéral <strong>de</strong> l’art. 50, al. 2.<br />

Une ordonnance du Conseil fédéral au sens <strong>de</strong> l’art. 50, al. 1, précisant les critères <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong> ne permet pas d’obtenir l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque correspondante. Cette<br />

différence est justifiée. En effet, contrairement <strong>à</strong> l’ordonnance visée <strong>à</strong> l’art. 50, al. 2,<br />

qui peut réglementer uniquement les conditions applicables <strong>à</strong> une indication <strong>de</strong><br />

provenance suisse pour un produit ou un service spécifique, l’ordonnance visée <strong>à</strong><br />

l’art. 50, al. 1, peut concerner <strong>de</strong>s problèmes plus généraux, comme les modalités <strong>de</strong><br />

calcul <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production (art. 48c, al. 1), ou réglementer <strong>de</strong> manière détaillée<br />

<strong>la</strong> prise en compte d’une matière première (art. 48b, al. 1) pour tous les produits,<br />

quels qu’ils soient. Dans ce cas, l’ordonnance ne définit pas toutes les conditions<br />

d’utilisation d’une indication <strong>de</strong> provenance précise pour un produit spécifique, <strong>de</strong><br />

sorte qu’il est impossible <strong>de</strong> déterminer l’indication <strong>de</strong> provenance, les produits et le<br />

titu<strong>la</strong>ire, qui sont <strong>de</strong>s éléments essentiels et nécessaires au dépôt d’une marque.<br />

Dans le message, les art. 27c <strong>à</strong> 27e sont applicables mutatis mutandis <strong>à</strong> toutes les<br />

marques géographiques prévues <strong>à</strong> l’art. 27a. Par souci <strong>de</strong> simplicité rédactionnelle, il<br />

est uniquement fait référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> l’art. 27a, let. a.<br />

Art. 27c (nouveau) Règlement<br />

Le titu<strong>la</strong>ire d’une marque géographique ne doit pas pouvoir introduire dans le<br />

règlement <strong>de</strong>s conditions supplémentaires qui ne sont pas prévues dans le cahier <strong>de</strong>s<br />

charges ou dans <strong>la</strong> réglementation applicable. Le règlement doit correspondre au<br />

cahier <strong>de</strong>s charges ou <strong>à</strong> cette réglementation. En d’autres termes, le cahier <strong>de</strong>s charges<br />

ou <strong>la</strong> réglementation est le règlement.<br />

L’art. 27c, al. 3, prévoit que le règlement ne peut pas prévoir <strong>de</strong> rémunération pour<br />

l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. En effet, toute personne réalisant les conditions du règlement<br />

peut utiliser <strong>la</strong> marque géographique <strong>de</strong> l’art. 27a, sans <strong>de</strong>voir rémunérer le titu<strong>la</strong>ire<br />

ni obtenir son autorisation. De <strong>la</strong> même manière que pour les appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

et les indications géographiques correspondantes, cette disposition est une <strong>protection</strong><br />

accordée <strong>à</strong> tout opérateur respectant le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Cette règle est<br />

justifiée par <strong>la</strong> nature particulière <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique <strong>de</strong> l’art. 27a, qui <strong>la</strong>isse<br />

l’appel<strong>la</strong>tion d’origine et l’indication géographique <strong>à</strong> <strong>la</strong> libre disposition <strong>de</strong> toute<br />

personne remplissant les conditions d’utilisation inscrites dans le cahier <strong>de</strong>s charges.<br />

7755


Art. 27d (nouveau) Droits<br />

Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique peut uniquement exercer ses droits (droits<br />

exclusifs du titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque) <strong>à</strong> l’encontre d’un utilisateur qui ne se conforme<br />

pas au cahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique<br />

faisant l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. On retrouve également <strong>à</strong> l’art. 50a, al. 6, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong><br />

«produits i<strong>de</strong>ntiques ou comparables» Concrètement, le titu<strong>la</strong>ire peut intervenir<br />

contre l’utilisation <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique pour<br />

<strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntiques ou comparables qui n’en sont pas originaires ou qui n’ont<br />

pas les caractéristiques ou les qualités voulues fixées dans le cahier <strong>de</strong>s charges<br />

(même s’ils ont <strong>la</strong> bonne origine). Par contre, il ne peut pas intervenir contre l’usage<br />

<strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique pour d’autres produits –<br />

non comparables – qui proviennent effectivement du lieu concerné (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> l’art. 50a; ch. 2.1.3). Dans ce cadre limité, le titu<strong>la</strong>ire peut utiliser les voies <strong>de</strong><br />

droit prévues aux art. 52 ss et 61 ss LPM. Ainsi, le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque «Gruyère»<br />

correspondant <strong>à</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine peut faire va<strong>loi</strong>r ses droits <strong>de</strong>vant le juge<br />

civil en se fondant <strong>sur</strong> le droit <strong>de</strong>s marques, ou <strong>de</strong>vant le chimiste cantonal en se<br />

fondant <strong>sur</strong> le droit régissant l’appel<strong>la</strong>tion d’origine.<br />

Le groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur ayant obtenu l’enregistrement d’une appel<strong>la</strong>tion<br />

d’origine ou d’une indication géographique au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr ou <strong>de</strong> l’art. 50a<br />

peut obtenir l’enregistrement d’une marque géographique au sens <strong>de</strong> l’art. 27a.<br />

Comme ce groupement est composé <strong>de</strong>s utilisateurs <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong><br />

l’indication géographique (producteurs, fabricants <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone géographique concernée),<br />

l’art. 27d, al. 1, doit prévoir une exception afin que tous les utilisateurs qui<br />

réalisent les conditions du cahier <strong>de</strong>s charges puissent utiliser <strong>la</strong> marque géographique.<br />

Le respect <strong>de</strong>s conditions d’usage est cependant toujours garanti puisque<br />

l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou l’indication géographique fait déj<strong>à</strong> l’objet d’un contrôle<br />

indépendant (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 50a; ch. 2.1.3).<br />

Art. 27e (nouveau) Dispositions non applicables<br />

La nature particulière <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique <strong>de</strong> l’art. 27a (en particulier sa<br />

fonction <strong>de</strong> vecteur qui permet d’obtenir <strong>de</strong>s marques équivalentes <strong>à</strong> l’étranger)<br />

entraîne l’impossibilité pour le groupement titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> transférer.<br />

Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> l’art. 27a obtient une marque dotée d’un statut particulier<br />

étant donné que le signe enregistré a fait l’objet d’une procédure préa<strong>la</strong>ble<br />

re<strong>la</strong>tivement lour<strong>de</strong> (inscription dans un registre au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr ou <strong>de</strong><br />

l’art. 50a) garantissant l’enregistrement par un groupement représentatif et le respect<br />

<strong>de</strong>s conditions d’utilisation effectivement établies au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance. Au<br />

regard <strong>de</strong> ce statut, toute marque déposée par un tiers qui contiendrait une dénomination<br />

protégée (par ex. une marque combinant l’appel<strong>la</strong>tion d’origine «Gruyère»<br />

avec un logo) ne pourrait être enregistrée que pour <strong>de</strong>s produits respectant le cahier<br />

<strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique. Comme cette<br />

restriction est appliquée d’office par l’IPI lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d’enregistrement, une<br />

marque postérieure contenant une marque géographique <strong>de</strong> l’art. 27a ne portera pas<br />

atteinte <strong>à</strong> cette <strong>de</strong>rnière, <strong>de</strong> sorte qu’il se justifie d’exclure <strong>la</strong> possibilité, pour le<br />

titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique, <strong>de</strong> former opposition. Il est donc juste <strong>de</strong> supprimer<br />

<strong>la</strong> possibilité pour le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique <strong>de</strong> l’art. 27a <strong>de</strong><br />

former opposition. Ces motifs ont d’ailleurs été relevés par les milieux consultés lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation publique. Les voies <strong>de</strong> droit ordinaires restent<br />

7756


cependant ouvertes au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 27d<br />

ci-<strong>de</strong>ssus).<br />

L’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque est en principe une condition au maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

accordée <strong>à</strong> celle-ci (art. 11 LPM). Tel n’est pas le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique.<br />

En effet, l’enregistrement préa<strong>la</strong>ble <strong>à</strong> titre d’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou d’indication<br />

géographique lui confère déj<strong>à</strong> une <strong>protection</strong> autonome. Par souci <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté,<br />

l’art. 27e, al. 3, contient une dérogation expresse aux règles générales concernant<br />

l’usage et <strong>la</strong> conséquence du non-usage, même s’il est difficile <strong>de</strong> concevoir en<br />

pratique qu’une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou une indication géographique enregistrée <strong>à</strong><br />

ce titre ne soit pas utilisée pendant cinq ans.<br />

Une exclusion expresse <strong>de</strong>s règles générales re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’usufruit, au droit <strong>de</strong> gage et<br />

aux me<strong>sur</strong>es d’exécution forcée (art. 19 LPM) n’est pas nécessaire, <strong>la</strong> nature particulière<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique excluant l’application <strong>de</strong> ces dispositions.<br />

Art. 31, al. 1bis (nouveau)<br />

Le titu<strong>la</strong>ire d’une marque antérieure composée d’une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou d’une<br />

indication géographique et d’un autre élément verbal ou figuratif, par ex. <strong>la</strong> mention<br />

«Gruyère» combinée avec un logo, ne peut pas s’opposer va<strong>la</strong>blement <strong>à</strong> l’enregistrement<br />

d’une éventuelle marque géographique «Gruyère», parce que le champ <strong>de</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque antérieure ne s’étend pas <strong>à</strong> l’élément appartenant au domaine<br />

public, en l’espèce «Gruyère». L’art. 31, al. 1bis, exclut donc <strong>la</strong> possibilité pour<br />

les titu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> marques combinées <strong>de</strong> former une opposition qui ralentirait les<br />

démarches du titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique.<br />

Art. 35, let. d (nouvelle)<br />

La condition impérative pour l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique <strong>de</strong><br />

l’art. 27a est l’enregistrement préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication<br />

géographique correspondante au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr ou <strong>de</strong> l’art. 50a. Dès lors, <strong>la</strong><br />

radiation <strong>de</strong> cette appel<strong>la</strong>tion ou <strong>de</strong> cette indication entraîne <strong>la</strong> radiation <strong>de</strong><br />

l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. A défaut, <strong>la</strong> marque géographique continuerait<br />

d’exister indépendamment <strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique<br />

enregistrée, permettant ainsi au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> modifier <strong>à</strong> sa guise le règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

marque et imposer ses propres critères dans celui-ci.<br />

2.1.2 Indications <strong>de</strong> provenance<br />

2.1.2.1 Principes<br />

L’art. 47 LPM règle le principe <strong>de</strong> l’utilisation d’une indication <strong>de</strong> provenance. Il<br />

prévoit notamment que l’usage d’une indication inexacte est illicite (art. 47, al. 3,<br />

let. a) 43. Cette disposition vise non seulement l’apposition <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

<strong>sur</strong> le produit ou son embal<strong>la</strong>ge ou son utilisation en rapport avec <strong>de</strong>s services<br />

fournis, mais aussi tout usage <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance dans les affaires, y<br />

43 La Suisse accor<strong>de</strong> en effet <strong>à</strong> tous les produits un niveau <strong>de</strong> <strong>protection</strong> analogue <strong>à</strong> celui <strong>de</strong><br />

l’art. 23 ADPIC (interdiction d’utiliser une indication <strong>de</strong> provenance inexacte). Ce niveau<br />

<strong>de</strong> <strong>protection</strong> est plus élevé que <strong>la</strong> <strong>protection</strong> contre <strong>la</strong> tromperie.<br />

7757


compris dans <strong>la</strong> publicité portant <strong>sur</strong> les produits ou les services qu’elle désigne.<br />

Par ex., <strong>la</strong> mention «véritables vélos suisses» <strong>sur</strong> une affiche publicitaire est c<strong>la</strong>irement<br />

une indication <strong>de</strong> provenance et doit donc réaliser les conditions prévues aux<br />

art. 47 ss P-LPM. Par contre, les mentions «escalopes viennoises» ou «émincé <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

zurichoise» <strong>sur</strong> un embal<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> produits précuisinés ne sont pas perçues comme<br />

une référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> ces produits mais comme <strong>la</strong> désignation d’un mets<br />

particulier. Elles ne sont donc pas <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance mais <strong>de</strong>s désignations<br />

génériques. L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse en arrière-p<strong>la</strong>n d’une publicité pour<br />

une banque alleman<strong>de</strong> est une indication <strong>de</strong> provenance. Cet emp<strong>loi</strong> est licite <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

double condition que le siège <strong>de</strong> <strong>la</strong> banque se trouve en Suisse et que l’institution<br />

financière soit effectivement administrée <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Suisse (art. 49, al. 1). Chaque<br />

utilisation est <strong>à</strong> examiner comme cas particulier. Si par exemple une affiche publicitaire<br />

présentait une voiture avec une photo du Cervin en arrière-p<strong>la</strong>n, le juge <strong>de</strong>vrait<br />

librement apprécier les circonstances <strong>de</strong> ce cas particulier pour déterminer si l’image<br />

du Cervin est perçue dans ce cas par le public concerné comme une indication <strong>de</strong><br />

provenance ou au contraire comme un élément purement décoratif évoquant les<br />

paysages montagneux en général.<br />

Art. 47, al. 3, let. c<br />

Cette disposition règle les éventuelles collisions entre les indications <strong>de</strong> provenance<br />

et les autres signes distinctifs. Même si <strong>la</strong> liste actuelle n’est pas exhaustive, <strong>la</strong><br />

transparence et <strong>la</strong> sécurité juridique comman<strong>de</strong>nt d’y faire figurer expressément <strong>la</strong><br />

raison <strong>de</strong> commerce, <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> disposition s’applique également. Cet ajout, qui<br />

correspond <strong>à</strong> l’avis quasiment unanime <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine, codifie <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce44. La<br />

référence expresse <strong>à</strong> <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce indique sans équivoque que, même si<br />

une raison <strong>de</strong> commerce n’est pas trompeuse au sens <strong>de</strong> l’art. 944, al. 1, CO, elle ne<br />

peut cependant pas être utilisée avec <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services si ce<strong>la</strong> crée un<br />

risque <strong>de</strong> tromperie (au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM) <strong>sur</strong> leur provenance.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> société ABC Suisse SA inscrite au registre du commerce et qui a<br />

l’obligation, en application <strong>de</strong> l’art. 954a CO, d’utiliser sa raison <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong><br />

manière complète et inchangée, <strong>de</strong>vra indiquer «ABC Suisse SA» dans toute correspondance<br />

ou communication <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, par exemple <strong>sur</strong> son site internet, <strong>sur</strong> ses<br />

cartes <strong>de</strong> visite ou <strong>sur</strong> son papier <strong>à</strong> lettre. L’art. 47, al. 3, let. c, interdit <strong>à</strong> cette même<br />

société d’utiliser <strong>la</strong> mention «ABC Suisse SA» ou «ABC Suisse» avec un produit <strong>de</strong><br />

provenance étrangère si cette mention suggère que le produit est fabriqué en Suisse.<br />

L’utilisation pourrait s’avérer trompeuse notamment lorsque cetteindication est<br />

inscrite en évi<strong>de</strong>nce <strong>sur</strong> le produit ou <strong>sur</strong> son embal<strong>la</strong>ge et que les <strong>de</strong>stinataires <strong>de</strong><br />

ces produits ne voient pas dans cette indication uniquement une référence <strong>à</strong><br />

l’entreprise elle-même.<br />

Les entreprises doivent prendre les me<strong>sur</strong>es nécessaires afin <strong>de</strong> respecter l’obligation<br />

<strong>de</strong> l’art. 954a CO sans violer l’art. 47, al. 3, let. c. Elles peuvent le faire en évitant<br />

d’apposer <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce directement <strong>sur</strong> les produits ou <strong>sur</strong> leur embal<strong>la</strong>ge,<br />

ou en évitant <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce <strong>sur</strong> un catalogue d’une façon qui<br />

puisse tromper les consommateurs quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits. Pour ces<br />

raisons, les entreprises désireuses d’utiliser <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce pour désigner<br />

44 ATF du 22 février 2006 (4C.361/2005), consid. 3.4.<br />

7758


leurs produits doivent déj<strong>à</strong> tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> restriction <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3, let. c lors<br />

du choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce.<br />

Cette disposition n’impose aucune tâche supplémentaire aux autorités du registre du<br />

commerce.<br />

Elle ne supprime pas l’obligation d’indiquer, par exemple, le producteur en matière<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires (art. 2, let. f, OEDAI) ou le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’autorisation pour<br />

les médicaments (art. 12, al. 1, OEMéd avec renvoi <strong>à</strong> l’Annexe 1, ch. 1, al. 1, let. c).<br />

Les producteurs concernés doivent respecter cette obligation, au même titre que<br />

l’art. 47, al. 3, let. c.<br />

Art. 47, al. 3bis (nouveau)<br />

L’art. 47 ne vise pas seulement les indications <strong>de</strong> provenance proprement dites<br />

(«Suisse», «Genève», «Zurich», etc.), mais également toute indication <strong>de</strong> provenance<br />

accompagnée d’expressions vagues telles que «genre», «type», «style», «imitation»<br />

(par ex. «<strong>de</strong> type suisse», «style zurichois», «imitations <strong>de</strong> montres genevoises»)<br />

ou <strong>de</strong> termes simi<strong>la</strong>ires comme «qualité suisse» ou «recette genevoise» (al.<br />

3bis). De telles adjonctions ne sont pas en me<strong>sur</strong>e d’éliminer les attentes <strong>de</strong>s milieux<br />

concernés par rapport <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits et services ainsi<br />

désignés. Elles ne permettent donc pas <strong>de</strong> rendre licite l’utilisation d’une indication<br />

<strong>de</strong> provenance inexacte, et ce indépendamment d’un éventuel risque <strong>de</strong> tromperie du<br />

consommateur. Par contre, si <strong>la</strong> mention n’est pas perçue comme une référence <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

provenance mais comme <strong>la</strong> désignation du produit lui-même (désignation générique),<br />

ce qui serait par ex. le cas d’«escalopes viennoises» ou d’«émincé <strong>à</strong> <strong>la</strong> zurichoise»<br />

(voir ch. 2.1.2.1), alors il ne s’agit pas d’une indication <strong>de</strong> provenance, <strong>de</strong><br />

sorte que son usage n’est pas soumis aux conditions <strong>de</strong>s art. 47 ss LPM.<br />

Art. 47, al. 3ter (nouveau)<br />

D’autres mentions que celles prévues <strong>à</strong> l’art. 47, al. 3bis, peuvent être apposées <strong>sur</strong><br />

un produit, <strong>sur</strong> son embal<strong>la</strong>ge ou <strong>sur</strong> du matériel publicitaire et indiquer, selon les<br />

circonstances concrètes du cas d’espèce (c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>la</strong> façon dont les mentions sont<br />

apposées <strong>sur</strong> le produit, les typographies utilisées, les autres éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation<br />

du produit, etc.), <strong>la</strong> provenance du produit lui-même ou <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> certaines<br />

activités spécifiques ayant un rapport avec le produit. C’est le cas <strong>de</strong> mentions<br />

telles que «Swiss research» ou «Swiss engineering» (lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche ayant<br />

contribué <strong>à</strong> <strong>la</strong> fabrication du produit), «emballé en Suisse» (lieu où l’embal<strong>la</strong>ge est<br />

effectué), «contrôlé en Suisse» (lieu où le contrôle est effectué), «fumé en Suisse»<br />

(pour une <strong>de</strong>nrée alimentaire, lieu où <strong>la</strong> fumaison est effectuée) ou «Swiss <strong>de</strong>sign»<br />

(lieu où le <strong>de</strong>sign a été conçu). Dans l’illustration ci-<strong>de</strong>ssous, l’indication «Swiss»<br />

est mise en évi<strong>de</strong>nce en gros caractères alors que <strong>la</strong> mention «Research» est imprimée<br />

en petits caractères au bas <strong>de</strong> l’embal<strong>la</strong>ge. Cette combinaison est perçue comme<br />

une indication <strong>de</strong> provenance du produit dans son ensemble, raison pour <strong>la</strong>quelle les<br />

conditions <strong>de</strong>s art. 48 ss doivent être respectées.<br />

7759


SWISS<br />

7760<br />

Research<br />

Dans une autre configuration, <strong>la</strong> mention peut au contraire être perçue comme une<br />

indication <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> certaines activités spécifiques <strong>de</strong> production (voir<br />

l’illustration ci-<strong>de</strong>ssous).<br />

Swiss research<br />

Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, l’al. 3ter prévoit que l’intégralité <strong>de</strong> l’activité spécifique mentionnée<br />

<strong>sur</strong> le produit (en l’occurrence, <strong>la</strong> recherche) doit se dérouler au lieu indiqué<br />

(en l’occurrence, <strong>la</strong> Suisse) pour que <strong>la</strong> désignation soit conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Comme le<br />

producteur mettant l’accent <strong>sur</strong> une activité spécifique <strong>de</strong> production («Swiss research»)<br />

éveille auprès du public concerné une attente toute particulière quant au<br />

lieu où s’est déroulée l’activité mise en évi<strong>de</strong>nce, il est logique – du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />

milieux intéressés – <strong>de</strong> poser une exigence élevée quant au rattachement <strong>de</strong> l’activité<br />

concernée au lieu indiqué. Dans le but <strong>de</strong> préserver une cohérence avec les critères<br />

applicables au produit dans son ensemble, en particulier avec l’exigence <strong>de</strong>s 60 %<br />

<strong>de</strong>s coûts prévue <strong>à</strong> l’art. 48c P-LPM pour un produit industriel, il faut – dans le cas<br />

où une activité spécifique est mise en évi<strong>de</strong>nce – que l’intégralité <strong>de</strong>s coûts générés<br />

par <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> cette activité spécifique, en l’occurrence <strong>la</strong> recherche, soient<br />

réalisés au lieu indiqué. Le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> règle est <strong>de</strong> garantir un rattachement objectif –<br />

donc vérifiable – et sérieux <strong>de</strong> l’activité spécifique au lieu indiqué. A titre<br />

d’exemple, une entreprise fabriquant <strong>de</strong>s produits chimiques «contrôlés en Suisse»<br />

ne satisfait pas <strong>à</strong> l’exigence <strong>de</strong> l’al. 3ter en obtenant <strong>de</strong>s certificats <strong>de</strong> contrôle établis<br />

par une personne résidant <strong>sur</strong> le territoire suisse si cette personne n’effectue pas ce<br />

contrôle <strong>à</strong> titre officiel. De même, <strong>la</strong> mention «Swiss <strong>de</strong>sign» présuppose que toute<br />

l’activité <strong>de</strong> création du <strong>de</strong>sign a été effectuée en Suisse.<br />

Il est possible d’appliquer conjointement l’art. 47, al. 3ter P-LPM et l’art. 3 LCD<br />

(métho<strong>de</strong>s déloyales <strong>de</strong> publicité et <strong>de</strong> vente et autres comportements illicites). Par<br />

exemple, un produit <strong>sur</strong> lequel est apposé <strong>la</strong> mention «Swiss <strong>de</strong>sign®» doit réaliser<br />

les conditions <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3ter (voir ci-<strong>de</strong>ssus) et le <strong>de</strong>sign auquel il est fait référence<br />

doit en outre avoir fait l’objet d’un enregistrement officiel (<strong>à</strong> défaut, <strong>la</strong> mention<br />

®, qui indique l’enregistrement d’un droit <strong>de</strong> propriété intellectuelle par<br />

l’autorité compétente, serait contraire <strong>à</strong> l’art. 3, let. b, LCD).


2.1.2.2 Indications <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s produits<br />

Art. 48 Indication <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s produits<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’al. 1, l’indication <strong>de</strong> provenance pour un produit est utilisée <strong>de</strong><br />

façon licite si les critères définis pour <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> produits correspondante sont<br />

remplis: produits naturels <strong>à</strong> l’art. 48a, produits naturels transformés <strong>à</strong> l’art. 48b et<br />

autres produits <strong>à</strong> l’art. 48c.<br />

D’autres <strong>loi</strong>s peuvent parfois interdire d’apposer une indication <strong>de</strong> provenance,<br />

même si celle-ci est licite au sens <strong>de</strong>s art. 48 ss. Par exemple, <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en<br />

matière <strong>de</strong> médicaments interdit d’apposer <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> nature publicitaire <strong>sur</strong> les<br />

récipients et matériaux d’embal<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s médicaments. Comme les indications <strong>de</strong><br />

provenance sont considérées comme <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> nature publicitaire pour <strong>de</strong>s<br />

médicaments45, il est interdit <strong>de</strong> les apposer <strong>sur</strong> ceux-ci.<br />

Si l’indication <strong>de</strong> provenance éveille <strong>de</strong>s attentes particulières <strong>sur</strong> les caractéristiques<br />

ou <strong>la</strong> qualité du produit, il s’agit d’une indication <strong>de</strong> provenance qualifiée au<br />

sens <strong>de</strong> l’al. 2, qui correspond matériellement <strong>à</strong> l’art. 48, al. 2, du droit en vigueur.<br />

L’usage d’une indication <strong>de</strong> provenance qualifiée est licite (au sens <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3,<br />

let. a, du droit en vigueur) si le produit observe les principes <strong>de</strong> fabrication ou <strong>de</strong><br />

transformation ainsi que les exigences <strong>de</strong> qualité, usuels ou prescrits au lieu <strong>de</strong><br />

provenance. A titre d’exemple, plusieurs spécialités culinaires suisses, comme les<br />

«Basler Läckerli» ou <strong>la</strong> «double crème <strong>de</strong> Gruyère», doivent satisfaire aux principes<br />

<strong>de</strong> fabrication ou <strong>de</strong> transformation ou aux exigences <strong>de</strong> qualité usuels. Différentes<br />

dispositions cantonales <strong>sur</strong> les vins imposent en outre le producteur le respect <strong>de</strong><br />

principes <strong>de</strong> fabrication ou <strong>de</strong> transformation ou d’exigences <strong>de</strong> qualité prescrits au<br />

lieu <strong>de</strong> provenance. Ces critères supplémentaires, ainsi que l’aire géographique<br />

déterminante, doivent être définis cas par cas, en fonction du produit et en fonction<br />

<strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance utilisée. Si ces caractéristiques ou cette qualité particulières<br />

sont obtenues par <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première provenant <strong>de</strong> cette aire géographique<br />

ou <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> fabrication réalisées <strong>sur</strong> cette aire géographique spécifique,<br />

l’aire géographique déterminante pour <strong>la</strong> matière première ou pour <strong>la</strong> fabrication est<br />

plus petite que le territoire suisse, c’est-<strong>à</strong>-dire qu’elle correspond <strong>à</strong> l’endroit géographique<br />

désigné. Il est vraisemb<strong>la</strong>ble que <strong>la</strong> «double crème <strong>de</strong> Gruyère» doive satisfaire<br />

aux principes <strong>de</strong> fabrication ou <strong>de</strong> transformation ou aux exigences <strong>de</strong> qualité<br />

usuels, ce qui signifie concrètement que le <strong>la</strong>it doit provenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Gruyère<br />

et que l’extraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> crème doit y être effectuée.<br />

L’al. 3 correspond matériellement <strong>à</strong> l’art. 48, al. 3, LPM (première partie). Au<br />

niveau international, le standard <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques repose<br />

<strong>sur</strong> plusieurs facteurs, dont <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> celles-ci (art. 22, al. 1, ADPIC). Autrement<br />

dit, les pays doivent au moins mettre en p<strong>la</strong>ce un système <strong>de</strong> <strong>protection</strong> pour<br />

les indications <strong>de</strong> provenance qui bénéficient d’une réputation particulière. Le légis<strong>la</strong>teur<br />

suisse a volontairement étendu <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong> ce standard minimal: le droit suisse <strong>de</strong>s marques et <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance modifié en 1992 accor<strong>de</strong> une <strong>protection</strong> <strong>à</strong> tous les noms géographiques<br />

qui sont compris comme <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance (art. 47 ss LPM), indépendamment<br />

<strong>de</strong> leur réputation. En droit suisse, <strong>la</strong> réputation est prise en compte pour<br />

45 Voir annexe 1, ch. 1, al. 4, OEMéd; cette situation n’est pas une exception, mais découle<br />

simplement du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> lex specialis.<br />

7761


les indications <strong>de</strong> provenance qualifiées (voir al. 2 ci-<strong>de</strong>ssus). Les indications <strong>de</strong><br />

provenance ou les indications géographiques réglementées dans les ordonnances<br />

spéciales du Conseil fédéral (art. 50 LPM) ainsi que les indications géographiques<br />

enregistrées en vertu <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr et celles qui pourront être enregistrées dans le<br />

nouveau registre qui <strong>de</strong>vra être établi par le Conseil fédéral (art. 50a) sont <strong>de</strong>s indications<br />

<strong>de</strong> provenance qualifiées. L’al. 3 vise <strong>à</strong> faciliter l’application <strong>de</strong>s critères<br />

légaux, plus précisément <strong>à</strong> déterminer quels critères doivent être appliqués (il pourrait<br />

par ex. être difficile <strong>de</strong> savoir s’il faut appliquer les critères <strong>de</strong> l’art. 48a ou <strong>de</strong><br />

l’art. 48b <strong>à</strong> <strong>de</strong>s produits <strong>à</strong> base <strong>de</strong> poisson). Cette disposition ne permet cependant<br />

pas <strong>de</strong> déroger aux exigences prévues aux art. 48a <strong>à</strong> 48c.<br />

L’al. 4 définit le territoire pouvant être pris en considération pour l’indication <strong>de</strong><br />

provenance «Suisse» dans le cas <strong>de</strong>s produits naturels (art. 48a) et <strong>de</strong>s produits naturels<br />

transformés (art. 48b) en renvoyant tout d’abord au territoire suisse qui comprend<br />

les enc<strong>la</strong>ves douanières suisses (vallées <strong>de</strong> Samnaun et <strong>de</strong> Sampuoir), selon <strong>la</strong> définition<br />

<strong>de</strong> l’art. 3, al. 1, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 18 mars 2005 <strong>sur</strong> les douanes (LD). Comme les<br />

enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères (Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein46, communes <strong>de</strong> Büsingen47<br />

et <strong>de</strong> Campione) ne font pas partie du territoire suisse, il est nécessaire <strong>de</strong> les<br />

citer expressément. Les enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères sont assimilées au territoire<br />

suisse parce qu’il existe, dans le domaine agricole, non seulement une union douanière<br />

mais aussi un marché commun pour l’approvisionnement et l’écoulement fondé <strong>sur</strong><br />

<strong>de</strong>s arrangements bi<strong>la</strong>téraux. Or, en ce qui concerne <strong>la</strong> définition du territoire suisse,<br />

les dispositions du projet <strong>de</strong> révision légis<strong>la</strong>tive «Swissness» s’inspirent du cadre<br />

actuel en matière <strong>de</strong> droit douanier et <strong>de</strong> droit agricole. En conséquence, les produits<br />

naturels transformés, <strong>à</strong> base <strong>de</strong> produits naturels suisses, qui sont transformés dans<br />

une enc<strong>la</strong>ve douanière étrangère sont considérés comme <strong>de</strong>s produits suisses. Enfin,<br />

le Conseil fédéral reçoit <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong> prévoir dans une ordonnance quelles<br />

portions du territoire étranger faisant partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone frontière (au sens <strong>de</strong> l’art. 43<br />

LD) peuvent être prises en considération pour que les conditions <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong><br />

provenance «Suisse» pour les produits naturels et naturels transformés soient respectées.<br />

Il <strong>de</strong>vra définir les conditions, en tenant compte <strong>de</strong>s caractéristiques particulières<br />

du territoire concerné. Une telle ordonnance pourrait par exemple concerner <strong>la</strong> totalité<br />

ou une partie <strong>de</strong>s zones franches <strong>de</strong> Genève.<br />

Dans le territoire douanier suisse, il existe un marché d’approvisionnement et<br />

d’écoulement commun dans le domaine <strong>de</strong> l’agriculture et dans celui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires, ce qui n’est pas le cas pour les produits industriels (art. 48c). Preuve en<br />

est, par exemple, que les paysans se voient verser <strong>de</strong>s paiements directs pour <strong>de</strong>s<br />

récoltes <strong>de</strong> cultures faites <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s <strong>sur</strong>faces exp<strong>loi</strong>tées par tradition dans l’enc<strong>la</strong>ve <strong>de</strong><br />

Büsingen conformément <strong>à</strong> l’ordonnance du 7 décembre 1998 <strong>sur</strong> les paiements<br />

directs versés dans l’agriculture48 ou <strong>de</strong>s contributions en vertu <strong>de</strong> l’ordonnance du<br />

7 décembre 1998 <strong>sur</strong> les contributions <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face et <strong>à</strong> <strong>la</strong> transformation dans <strong>la</strong><br />

culture <strong>de</strong>s champs49. En témoigne aussi le <strong>la</strong>bel «Suisse. Naturellement» 50, créé par<br />

46 Selon le traité <strong>de</strong> 1923 entre <strong>la</strong> Suisse et <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein concernant <strong>la</strong><br />

réunion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein au territoire douanier suisse.<br />

47 Selon le traité du 23 novembre 1964 avec <strong>la</strong> République fédérale d’Allemagne <strong>sur</strong><br />

l’inclusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Büsingen dans le territoire douanier suisse.<br />

48 RS 910.13<br />

49 RS 910.17<br />

50 Ordonnance du DFE du 23 août 2007 <strong>sur</strong> l’i<strong>de</strong>ntité visuelle commune <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong><br />

communication en faveur <strong>de</strong>s produits agricoles, soutenues par <strong>la</strong> Confédération;<br />

RS 916.010.2.<br />

7762


le Département fédéral <strong>de</strong> l’économie pour conférer une i<strong>de</strong>ntité visuelle commune <strong>à</strong><br />

toutes les me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s ventes soutenues par <strong>la</strong> Confédération et unifier<br />

ainsi <strong>la</strong> communication <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance «suisse» <strong>de</strong>s produits51. Sont concernés<br />

les produits provenant du territoire suisse et <strong>de</strong>s enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères, <strong>à</strong><br />

condition que <strong>la</strong> Suisse ait conclu une convention internationale avec l’Etat concerné.<br />

Une telle convention a été conclue avec <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein. 52<br />

Pour déterminer le territoire géographique suisse pertinent pour les produits naturels<br />

et les produits naturels transformés, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> «lieu <strong>de</strong> production» renvoie <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

production <strong>de</strong> matière première (au sens <strong>de</strong>s art. 48a et 48b, al. 1), celle <strong>de</strong> «lieu <strong>de</strong><br />

transformation» correspond <strong>à</strong> celle contenue <strong>à</strong> l’art. 48b, al. 4. Ainsi, par exemple,<br />

un produit contenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> du canton <strong>de</strong> Saint-Gall transformé dans <strong>la</strong> Principauté<br />

<strong>de</strong> Liechtenstein est un produit suisse, tout comme un fromage fabriqué en<br />

Suisse <strong>à</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong>it <strong>de</strong> Büsingen, ou tout autre produit naturel transformé fabriqué<br />

au Liechtenstein <strong>à</strong> base <strong>de</strong> matière première du Liechtenstein.<br />

Pour les produits industriels et les autres produits (art. 48c), le territoire géographique<br />

déterminant <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse» correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong><br />

«territoire suisse» faute d’obligations correspondantes décou<strong>la</strong>nt d’accords internationaux,<br />

comme c’est le cas pour les produits naturels et les produits naturels transformés.<br />

En conséquence, il exclut les enc<strong>la</strong>ves douanières étrangères mais inclut les<br />

enc<strong>la</strong>ves douanières suisses, car ces <strong>de</strong>rnières sont situées <strong>sur</strong> territoire suisse. Ainsi,<br />

par exemple, une montre fabriquée au Liechtenstein n’est pas considérée comme un<br />

produit suisse. Pour <strong>de</strong>s explications détaillées <strong>sur</strong> les différences entre les art. 48, al.<br />

4, P-LPM, et 3 LD, voir <strong>la</strong> partie générale ci-<strong>de</strong>ssus, ch. 1.4.3.4).<br />

L’al. 5 réglemente l’utilisation <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance étrangères («Jambon<br />

<strong>de</strong> Parme», «Porce<strong>la</strong>ine <strong>de</strong> Limoges», etc.). Dans sa première partie, il prévoit<br />

qu’une indication <strong>de</strong> provenance étrangère est exacte si elle remplit les conditions<br />

fixées par le pays d’origine. Les conditions <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong> 48c ne doivent dans ce cas<br />

pas être remplies. Dans sa <strong>de</strong>uxième partie, il réserve toutefois <strong>la</strong> tromperie <strong>de</strong>s<br />

consommateurs suisses, qui sera admise lorsque les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<br />

étrangère ne correspon<strong>de</strong>nt en aucune manière aux attentes légitimes <strong>de</strong>s consommateurs<br />

suisses. Ce critère est déj<strong>à</strong> prévu dans le droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires et <strong>de</strong>s<br />

objets usuels (art. 18 LDAI, art. 10 ODAIOUs). Ainsi, en cas <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

l’art. 48, al. 5, les lésés (par ex. <strong>de</strong>s producteurs étrangers concurrents ou <strong>de</strong>s associations<br />

suisses <strong>de</strong> consommateurs) peuvent intervenir <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n judiciaire. Les<br />

chimistes cantonaux doivent également intervenir d’office pour garantir le respect<br />

<strong>de</strong>s prescriptions du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires et <strong>de</strong>s objets usuels, notamment<br />

en se fondant <strong>sur</strong> le critère général <strong>de</strong> <strong>la</strong> tromperie. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre<br />

aussi bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible <strong>de</strong> tromper les consommateurs que l’emp<strong>loi</strong> relevant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence déloyale. Par concurrence déloyale, on entend tout acte contraire<br />

aux usages honnêtes en matière industrielle ou commerciale.<br />

51 Ordonnance du 9 juin 2006 <strong>sur</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> produits agricoles<br />

(OPVA); RS 916.010.<br />

52 Arrangement sous forme d’échange <strong>de</strong> notes du 31 janvier 2003 entre <strong>la</strong> Confédération<br />

suisse et <strong>la</strong> Principauté <strong>de</strong> Liechtenstein concernant les modalités <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation du<br />

Liechtenstein aux me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> soutien du marché et <strong>de</strong>s prix prises dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

politique agricole (avec appendice et annexe); RS 0.916.051.41.<br />

7763


La définition <strong>de</strong>s indications géographiques <strong>de</strong> l’art. 22, al. 1, <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les<br />

ADPIC contient <strong>de</strong>s éléments d’extra-territorialité. En conséquence, <strong>la</strong> définition du<br />

pays d’origine doit être prise en compte dans le pays <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination, en particulier en<br />

ce qui concerne les éléments objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition (qualité et caractéristiques du<br />

produit).<br />

Les traités internationaux sont cependant réservés. En cas d’accord bi<strong>la</strong>téral ou<br />

multi<strong>la</strong>téral, c’est uniquement <strong>la</strong> définition du pays d’origine qui est pertinente, et<br />

plus du tout <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s consommateurs suisses. Les indications <strong>de</strong> provenance<br />

font l’objet <strong>de</strong> plusieurs traités bi<strong>la</strong>téraux conclus par <strong>la</strong> Suisse, comme le traité<br />

franco-suisse. Ces traités renvoient aux conditions définies dans le pays d’origine<br />

(voir art. 2(1) du traité franco-suisse). Par ailleurs, <strong>la</strong> Suisse et l’UE négocient<br />

actuellement un accord qui <strong>de</strong>vrait prévoir une reconnaissance mutuelle <strong>de</strong>s AOC et<br />

IGP portant <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits agricoles et agricoles transformés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties. Les<br />

dispositions <strong>de</strong> cet éventuel accord, et non les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM, <strong>de</strong>vront alors<br />

être appliquées aux AOC et aux IGP <strong>de</strong> l’UE concernées.<br />

Art. 48a Produits naturels<br />

La provenance d’un produit naturel (par ex. les fruits) est définie au moyen d’un<br />

critère adapté en fonction du type <strong>de</strong> produit (produit minéral, végétal ou animal).<br />

Les critères retenus correspon<strong>de</strong>nt matériellement <strong>à</strong> ceux qui sont retenus pour les<br />

<strong>de</strong>nrées alimentaires (art. 15, al. 2, OEDAI). La portée <strong>de</strong> l’art. 48a est cependant<br />

plus <strong>la</strong>rge, puisque certains produits naturels ne sont pas <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires<br />

(par ex. gravier, sable). Ainsi, pour être suisse, une eau minérale doit être extraite en<br />

Suisse (let. a), une pomme doit y être cueillie (let. b), un poulet doit y avoir passé <strong>la</strong><br />

majeure partie <strong>de</strong> son existence (let. c), le <strong>la</strong>it doit provenir <strong>de</strong> vaches qui y sont<br />

élevées (let. d) et un poisson doit y avoir été pêché (let. e).<br />

Art. 48b Produits naturels transformés<br />

Un produit est un produit naturel transformé au sens <strong>de</strong> cette disposition s’il a acquis<br />

<strong>de</strong> nouvelles propriétés essentielles par <strong>la</strong> transformation. Ainsi, un jambon est un<br />

produit naturel transformé: <strong>la</strong> cuisson et <strong>la</strong> fumaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> cochon donne <strong>à</strong><br />

celle-ci <strong>de</strong> nouvelles propriétés inhérentes au jambon. En revanche, le simple découpage<br />

d’un produit naturel n’en fait pas un produit naturel transformé. Une sa<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

fruits, exotiques ou non, ou un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> grains <strong>de</strong> poivre pour moulin ne sont pas<br />

considérés comme <strong>de</strong>s produits naturels transformés. Ce sont <strong>de</strong>s produits naturels<br />

au sens <strong>de</strong> l’art. 48a. Un jus <strong>de</strong> fruits ou <strong>de</strong>s olives dénoyautées conditionnées <strong>à</strong><br />

l’huile sont par contre considérés comme <strong>de</strong>s produits naturels transformés au sens<br />

<strong>de</strong> l’art. 48b.<br />

Les produits naturels transformés concernés par cette disposition n’incluent pas<br />

forcément toutes les <strong>de</strong>nrées alimentaires. En effet, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> «produit naturel<br />

transformé» doit être interprétée <strong>de</strong> manière autonome et non <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> notions<br />

propres au droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires, car les art. 48a et suivants doivent<br />

s’appliquer <strong>à</strong> tous les produits, et non aux seules <strong>de</strong>nrées alimentaires. Une <strong>de</strong>nrée<br />

alimentaire peut donc entrer dans <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> l’art. 48a, mais aussi<br />

dans <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> l’art. 48c. Ce <strong>de</strong>rnier cas pourrait se présenter si une <strong>de</strong>nrée<br />

alimentaire n’est pas composée <strong>de</strong> produits naturels ou n’en contient qu’une très<br />

faible quantité et qu’elle est, pour l’essentiel, fabriquée artificiellement. Dans ce cas,<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>nrée alimentaire peut être considérée comme un produit industriel en raison <strong>de</strong><br />

7764


ses composants ou du processus <strong>de</strong> fabrication. Sont susceptibles d’entrer dans cette<br />

catégorie une poudre permettant <strong>de</strong> produire une boisson isotonique, <strong>de</strong>s barres<br />

énergétiques ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourriture lyophilisée en poudre, utilisée dans l’espace par les<br />

astronautes.<br />

Le producteur qui choisit d’utiliser une indication <strong>de</strong> provenance (par ex. «produit<br />

suisse») <strong>sur</strong> une <strong>de</strong>nrée alimentaire doit donc remplir les critères <strong>de</strong> LPM (art. 48a,<br />

48b ou 48c selon <strong>la</strong> disposition applicable <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nrée alimentaire en question). Dans<br />

tous les cas, il doit apposer les informations prescrites dans le droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires afin d’éviter tout risque <strong>de</strong> tromperie pour le consommateur (art. 18<br />

LDAI et art. 10 ODAIOUs. Les prescriptions <strong>de</strong> police sanitaire du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires ne sont en effet pas touchées par le présent projet et continueront d’être<br />

appliquées.<br />

La coexistence entre le droit <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance et le droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires doit être réglée, <strong>de</strong> sorte qu’un produit transformé en Suisse <strong>à</strong> base <strong>de</strong><br />

matière première étrangère uniquement ne puisse pas être présenté comme un produit<br />

suisse. Les <strong>de</strong>nrées alimentaires <strong>de</strong>vront continuer <strong>de</strong> remplir les exigences du<br />

droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires et celles du droit <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance,<br />

comme c’est le cas <strong>à</strong> l’heure actuelle. En conséquence, <strong>à</strong> défaut <strong>de</strong> réaliser les critères<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les indications <strong>de</strong> provenance, <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration obligatoire du<br />

pays <strong>de</strong> production au sens <strong>de</strong>s art. 20 et 21 LDAI ne peut et ne pourra pas être<br />

apposée comme argument publicitaire <strong>sur</strong> le produit.<br />

Si on prend l’exemple d’un fromage produit en Suisse <strong>à</strong> base <strong>de</strong> 100 % <strong>de</strong> <strong>la</strong>it étranger,<br />

le pays <strong>de</strong> production (Suisse) doit être indiqué, ainsi que <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

matière première étrangère, conformément aux art. 15 et 16 OEDAI. En application<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les indications <strong>de</strong> provenance, il est toutefois interdit d’apposer<br />

<strong>la</strong> mention «Fromage suisse» ou <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> l’embal<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> ce produit. En<br />

effet, le producteur ne peut invoquer les prescriptions <strong>de</strong>s art. 15 et 16 OEDAI pour<br />

contourner les exigences <strong>de</strong> l’art. 48b. L’indication du terme «Suisse» en gros caractères,<br />

<strong>à</strong> côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> mention «pays <strong>de</strong> production» en petits caractères <strong>la</strong>isserait entendre<br />

que <strong>la</strong> provenance du produit transformé (<strong>de</strong>nrée alimentaire) est suisse conformément<br />

<strong>à</strong> l’art. 48b, alors même que <strong>la</strong> mention «Suisse» vise uniquement <strong>à</strong><br />

répondre <strong>à</strong> l’obligation d’indiquer le pays <strong>de</strong> production selon le droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires. Pour éviter toute tromperie, <strong>la</strong> mention du pays <strong>de</strong> production selon<br />

l’art. 15 OEDAI ne <strong>de</strong>vrait en principe pas être inscrite <strong>de</strong> façon plus visible –<br />

couleur, taille et type <strong>de</strong>s caractères – que toute autre indication obligatoire selon<br />

l’art. 2 OEDAI. La coexistence entre le droit <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance et le<br />

droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires permet d’appliquer <strong>à</strong> tous les domaines <strong>de</strong>s critères<br />

uniformes fondés <strong>sur</strong> une approche globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d’indication <strong>de</strong> provenance<br />

pour examiner le risque <strong>de</strong> tromperie. Ces critères seront donc également applicables<br />

au secteur alimentaire qui revêt une gran<strong>de</strong> importance, notamment aux yeux <strong>de</strong>s<br />

consommateurs. Pour atteindre ce but, les critères <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les indications<br />

<strong>de</strong> provenance seront intégrés <strong>à</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées alimentaires, plus<br />

précisément dasn les ordonnances (OEDAI), dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction <strong>de</strong>s<br />

ordonnances consécutives <strong>à</strong> <strong>la</strong> présente révision légis<strong>la</strong>tive. L’OEDAI fera en outre<br />

expressément référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> LPM. La reprise <strong>de</strong> ces critères et <strong>la</strong> mention expresse<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM permettra d’as<strong>sur</strong>er leur exécution systématique et uniforme, <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois par<br />

les instruments prévus par <strong>la</strong> LPM (tribunaux) et par les chimistes cantonaux.<br />

7765


La provenance d’un produit naturel transformé est définie <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux critères<br />

cumu<strong>la</strong>tifs: le poids <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première (al. 1) et le lieu <strong>de</strong> transformation du<br />

produit (al. 4).<br />

L’al. 1 vise <strong>à</strong> garantir le renforcement <strong>de</strong> l’indication «Suisse» – dans le but <strong>de</strong><br />

réaliser le mandat donné au Conseil fédéral par les postu<strong>la</strong>ts 06.3056 et 06.3174<br />

(voir ch. 1.2) pour maintenir <strong>à</strong> long terme l’attractivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> prime pour <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»<br />

pour les produits naturels transformés53 – tout en tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité<br />

économique inhérente <strong>à</strong> cette catégorie <strong>de</strong> produits. Afin <strong>de</strong> répondre aux critiques<br />

exprimées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation (voir ch. 1.4.3.3) <strong>sur</strong> le critère <strong>de</strong>s<br />

coûts pour les produits naturels, un critère plus adapté aux caractéristiques <strong>de</strong> cette<br />

catégorie <strong>de</strong> produits a été retenu, <strong>à</strong> savoir le critère du poids <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première.<br />

Les contrôles (exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation) seront plus faciles <strong>à</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce<br />

parce qu’il est simi<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> un critère déj<strong>à</strong> appliqué en matière <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires.<br />

Accueilli <strong>de</strong> manière extrêmement positive, ce nouveau critère a été salué par les<br />

milieux intéressés, tant par les consommateurs54 que par les producteurs55. Le projet prévoit un taux <strong>de</strong> 80 %. Il repose <strong>sur</strong> le fait que <strong>la</strong> matière première ne<br />

représente qu’une partie <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production, qui comprennent également tout le<br />

travail effectué <strong>sur</strong> <strong>la</strong> matière première. Si seule <strong>la</strong> matière première est prise en<br />

considération, il faut augmenter le taux qui lui est applicable afin que l’exigence<br />

prévue soit équivalente <strong>à</strong> celle applicable aux coûts. Pour cette raison déj<strong>à</strong>, le taux<br />

retenu doit être supérieur <strong>à</strong> 60 %. Un taux 80 % du poids est considéré comme<br />

approprié parce qu’il est proche <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong>s consommateurs56 et constitue un<br />

compromis adéquat entre <strong>de</strong>s exigences plus élevées (par ex., dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

procédure <strong>de</strong> consultation, 100 % <strong>de</strong>mandé par l’Association AOC-IGP ou 90 %<br />

<strong>de</strong>mandé par FPC, Prométerre, USS, BIO-SUISSE) qui ne tiendraient guère compte<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique et un taux plus bas proche du taux <strong>de</strong> 60 % retenu pour les<br />

produits industriels. Ce <strong>de</strong>rnier serait trop faible et ne permettrait pas <strong>de</strong> garantir<br />

qu’une part suffisante <strong>de</strong> matières premières suisses compose le produit.<br />

53 Les résultats <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enquêtes <strong>de</strong> l’EPFZ re<strong>la</strong>tives au comportement <strong>de</strong>s consommateurs<br />

démontrent par ex. qu’en matière d’achat <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille et <strong>de</strong> pommes «près <strong>de</strong><br />

85 % <strong>de</strong>s consommateurs préfèrent acheter, <strong>à</strong> prix égal, un produit suisse». Voir Conradin<br />

Bolliger, Produktherkunft Schweiz: Schweizer In<strong>la</strong>ndkonsumenten und ihre Assoziationen<br />

mit und Präferenzen für heimische Agrarerzeugnisse. Tagungsband <strong>de</strong>r 18. Jahrestagung<br />

<strong>de</strong>r Österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, 2008.<br />

54 Communiqué <strong>de</strong> presse du 25 mars 2009 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

consommateurs (FPC).<br />

55 Communiqué <strong>de</strong> presse du 25 mars 2009 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération <strong>de</strong>s industries alimentaires<br />

suisses (fial).<br />

56 Il ressort d’un sondage représentatif réalisé en 2003 <strong>sur</strong> mandat <strong>de</strong> l’OFAG que <strong>la</strong> majorité<br />

<strong>de</strong>s personnes interrogées attend d’un «produit portant une indication <strong>de</strong> provenance<br />

suisse qu’il provienne effectivement <strong>à</strong> 100 % <strong>de</strong> Suisse». Voir OFAG, Rapport agricole<br />

2003, Berne, 2003, p. 146. Dans un sondage simi<strong>la</strong>ire datant <strong>de</strong> 2007, 80 % <strong>de</strong>s personnes<br />

interrogées disent s’attendre <strong>à</strong> ce que <strong>la</strong> nourriture produite en Suisse le soit selon <strong>de</strong>s<br />

conditions plus sévères qu’<strong>à</strong> l’étranger. Voir OFAG, Herkunft von Landwirtschaftsprodukten,<br />

Berne, 2007. Une étu<strong>de</strong> menée en 2008 par l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall dans 66<br />

pays révèle que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s personnes interrogées s’attend <strong>à</strong> ce que <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s matières<br />

premières suisses utilisées représente <strong>de</strong> 60 <strong>à</strong> 70 % (valeur médiane). Voir Stephan<br />

Feige/Benita Brockdorff/ Karsten Sausen/Peter Fischer/Urs Jaermann/Sven Reinecke,<br />

Swissness Worldwi<strong>de</strong> – Internationale Studie zur Wahrnehmung <strong>de</strong>r Marke Schweiz.<br />

Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al. 2008. Ce chiffre, qui est moins élevé par rapport<br />

au sondage réalisé par l’OFAG, s’explique par le fait qu’une partie <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />

admet que <strong>la</strong> Suisse ne dispose pas <strong>de</strong> toutes les matières premières nécessaires.<br />

L’art. 48b, al. 2, P-LPM tient compte <strong>de</strong> cette réalité.<br />

7766


Pour tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique, <strong>de</strong>s exceptions ont été introduites <strong>à</strong><br />

l’al. 2 afin <strong>de</strong> ne pas prendre en compte certaines matières premières dans le calcul<br />

du pourcentage du poids. Ces exceptions doivent être interprétées restrictivement,<br />

c’est-<strong>à</strong>-dire qu’elles ne doivent en aucun cas être réalisées pour <strong>de</strong>s motifs purement<br />

économiques ou relevant <strong>de</strong> l’entière responsabilité du producteur, d’autant que<br />

l’utilisation <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse» est toujours facultative. Le<br />

producteur (transformateur) qui souhaite utiliser l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse»<br />

pour ses produits doit donc s’as<strong>sur</strong>er autant que possible un approvisionnement en<br />

matières premières suisses, en utilisant <strong>la</strong> matière première d’une qualité donnée<br />

disponible en Suisse et au besoin en suscitant <strong>la</strong> production indigène dans les quantités<br />

requises.<br />

Les motifs économiques sont déj<strong>à</strong> pris en compte étant donné que seulement 80 %<br />

du poids <strong>de</strong>s matières premières qui composent le produit doivent provenir <strong>de</strong><br />

Suisse. Le producteur a donc le choix <strong>de</strong> se fournir <strong>à</strong> l’étranger pour <strong>de</strong>s motifs<br />

économiques jusqu’<strong>à</strong> concurrence <strong>de</strong> 20 % du poids <strong>de</strong>s matières premières.<br />

Les exceptions <strong>de</strong> l’al. 2, let. a et b visent <strong>de</strong>s facteurs objectifs indépendants <strong>de</strong><br />

l’homme et <strong>de</strong> l’économie. L’al. 2, let. a, prévoit ainsi que les produits naturels (au<br />

sens <strong>de</strong> l’art. 48a) peuvent être exclus du calcul <strong>de</strong>s 80 % du poids s’il n’est pas<br />

possible <strong>de</strong> les produire en Suisse en raison <strong>de</strong>s conditions naturelles. Pour les<br />

produits végétaux et minéraux, l’exception se fon<strong>de</strong> <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s motifs agronomiques<br />

(conditions liées au sol et au climat), alors qu’elle est fondée <strong>sur</strong> une raison<br />

d’acclimatation aux conditions géographiques pour les produits issus <strong>de</strong>s animaux.<br />

A titre d’exemple, un producteur <strong>de</strong> yaourt peut exclure du calcul un produit naturel<br />

comme l’ananas. Il ne peut par contre pas exclure le <strong>la</strong>it au motif que du <strong>la</strong>it meilleur<br />

marché ou <strong>de</strong> meilleure qualité peut être obtenu <strong>à</strong> l’étranger. Un producteur <strong>de</strong><br />

<strong>sur</strong>imi (produit alimentaire <strong>à</strong> base <strong>de</strong> poisson hâché) peut exclure <strong>la</strong> matière première<br />

(poisson) si le poisson qui sert <strong>de</strong> matière première n’est pas présent dans les eaux<br />

suisses. Une huile minérale naturelle entrant dans <strong>la</strong> composition d’un lubrifiant<br />

pour machines pourrait également être exclue du calcul si elle ne peut pas être<br />

extraite du sol suisse. Le cacao peut lui aussi en être exclu. Ainsi, <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong><br />

l’ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 <strong>sur</strong> les sucres, les <strong>de</strong>nrées alimentaires<br />

sucrées et les produits <strong>à</strong> base <strong>de</strong> cacao57, qui prévoit que le choco<strong>la</strong>t <strong>à</strong> base <strong>de</strong> cacao<br />

étranger mais fabriqué en Suisse et respectant les autres critères prévus est considéré<br />

comme suisse (art. 53, al. 3) est compatible avec l’art. 48b, al. 2. La possibilité<br />

agronomique <strong>de</strong> produire en Suisse peut être définie <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong>s<br />

organisations faîtières <strong>de</strong>s branches ou d’un avis <strong>de</strong> l’OFAG.<br />

L’exception prévue <strong>à</strong> <strong>la</strong> let. b se justifie par le fait qu’un produit naturel peut être<br />

obtenu en Suisse d’un point <strong>de</strong> vue agronomique, mais être disponible en quantité<br />

insuffisante – voire pas du tout disponible – temporairement (pendant une pério<strong>de</strong><br />

limitée, par ex. une saison) en raison d’événements extérieurs indépendants <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

volonté <strong>de</strong>s producteurs (<strong>de</strong> mauvaises conditions météorologiques causant <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité ou d’une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> récolte, ma<strong>la</strong>die comme l’ESB décimant<br />

une importante partie d’un cheptel animalier, etc.). Dans <strong>de</strong> tels cas, le produit<br />

naturel concerné peut ne pas être pris en compte dans le calcul durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong><br />

d’indisponibilité. La let. b ne vise en revanche pas les simples variations saisonnières<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité produite, celles-ci étant déj<strong>à</strong> comprises dans les 20 % qui n’ont pas<br />

besoin <strong>de</strong> provenir <strong>de</strong> Suisse. Une ordonnance du Conseil fédéral n’est pas nécessai-<br />

57 RS 817.022.101<br />

7767


e, car cette disposition couvre les cas d’insuffisance <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première imprévus,<br />

irréguliers et <strong>de</strong> courte durée. La situation n’est donc pas comparable aux cas<br />

d’insuffisance <strong>à</strong> moyen ou long terme, qui sont couverts par l’art. 48b, al. 3<br />

(ci-<strong>de</strong>ssous).<br />

L’al. 3 é<strong>la</strong>rgit l’exception aux matières premières (y compris les produits naturels)<br />

qui ne sont pas produites en quantité suffisante en Suisse. La notion <strong>de</strong> matière<br />

première doit ici être prise au sens <strong>la</strong>rge. Sont concernés par cette disposition les<br />

matières premières au sens strict (produits naturels) mais également les ingrédients<br />

entrant dans <strong>la</strong> composition d’un produit naturel transformé, comme par ex. l’huile<br />

d’olive dans une sauce <strong>à</strong> sa<strong>la</strong><strong>de</strong> ou <strong>de</strong>s pâtes alimentaires dans une soupe prête <strong>à</strong><br />

l’emp<strong>loi</strong>. L’exception ne peut être invoquée que si <strong>la</strong> matière première n’est <strong>à</strong><br />

moyen ou long terme objectivement pas disponible en quantité suffisante – voire pas<br />

du tout disponible – en Suisse, d’une part, et que cette insuffisance <strong>de</strong> l’offre est<br />

reconnue dans une ordonnance <strong>de</strong> branche visée <strong>à</strong> l’art. 50, al. 2 (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> cet article), d’autre part.<br />

Une telle ordonnance <strong>de</strong> branche définit plus précisément, dans le strict respect du<br />

cadre fixé par <strong>la</strong> <strong>loi</strong>, <strong>à</strong> quelles conditions et pour quels motifs objectifs (par ex:<br />

statistiques) il peut être retenu qu’une matière première est disponible en Suisse en<br />

quantité insuffisante et dans quelle me<strong>sur</strong>e celle-ci est <strong>à</strong> prendre en compte dans le<br />

calcul <strong>de</strong>s 80 %. Elle pourrait notamment se fon<strong>de</strong>r <strong>sur</strong> le fait que <strong>la</strong> production<br />

indigène d’une matière première est insuffisante <strong>de</strong>puis plusieurs années et qu’il<br />

n’est objectivement pas possible d’augmenter <strong>à</strong> court ou <strong>à</strong> moyen terme <strong>la</strong> quantité<br />

produite en Suisse. Le Conseil fédéral doit entendre tous les milieux intéressés,<br />

c’est-<strong>à</strong>-dire les milieux économiques et les associations <strong>de</strong> consommateurs, lors <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> procédure d’adoption d’une telle ordonnance (voir art. 50, al. 3, ch. 2.1.2.4). Une<br />

ordonnance constatant <strong>la</strong> disponibilité insuffisante d’une matière première doit être<br />

révisée périodiquement pour tenir compte <strong>de</strong>s éventuelles variations <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>sur</strong> le marché. Une réglementation détaillée et exhaustive pour les produits<br />

concernés n’est ni possible ni souhaitable dans le cadre d’une <strong>loi</strong>: celle-ci doit<br />

fixer les principes plutôt que d’essayer <strong>de</strong> couvrir dans les moindres détails tous les<br />

cas particuliers pouvant se présenter. En effet, les critères assez généraux et souples<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> permettent <strong>de</strong> mieux répondre <strong>à</strong> une problématique caractérisée par<br />

l’existence d’innombrables cas particuliers.<br />

Le Conseil fédéral <strong>de</strong>vra également déci<strong>de</strong>r dans quelle proportion <strong>la</strong> matière première<br />

concernée est exclue du calcul <strong>de</strong>s 80 %, si l’ordonnance règle cette problématique.<br />

Par exemple, cette exception pourrait être invoquée pour le sucre si <strong>la</strong><br />

production indigène totale <strong>de</strong>vait couvrir moins <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s producteurs<br />

<strong>de</strong> produits naturels transformés et que les branches économiques concernées<br />

s’accor<strong>de</strong>nt pour régler dans une ordonnance <strong>de</strong> branche les détails <strong>de</strong> l’exception.<br />

Elle pourrait également être invoquée pour <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf servant <strong>de</strong> matière<br />

première <strong>à</strong> <strong>la</strong> «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons», si les conditions légales sont remplies.<br />

L’exception prévue <strong>à</strong> l’al. 3 ne pourra en revanche pas être invoquée si <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière<br />

première est disponible en Suisse mais également <strong>à</strong> l’étranger, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions plus<br />

favorables (par ex. prix plus bas, dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong> livraison plus courts ou <strong>de</strong> meilleures<br />

conditions <strong>de</strong> livraison). L’exception prévue ne peut donc pas être invoquée pour <strong>de</strong>s<br />

raisons purement économiques, ni d’ailleurs si <strong>la</strong> matière première disponible en<br />

Suisse n’est pas <strong>de</strong> qualité satisfaisante <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong>s producteurs. Le producteur qui<br />

sélectionne librement <strong>à</strong> l’étranger une matière première qu’il juge <strong>de</strong> qualité «supérieure»<br />

ne peut pas simultanément prétendre que son produit est un produit suisse ce<br />

7768


qui serait contradictoire. Dans tous ces cas, une ordonnance <strong>de</strong> branche serait refusée<br />

par le Conseil fédéral car elle ne serait pas conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le <strong>de</strong>uxième critère <strong>à</strong> respecter cumu<strong>la</strong>tivement, prévu <strong>à</strong> l’al. 4, est celui du lieu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> transformation. Si plusieurs lieux entrent en ligne <strong>de</strong> compte au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation,<br />

le lieu <strong>de</strong> provenance décisif est celui <strong>de</strong> l’étape <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation<br />

ayant donné au produit ses caractéristiques essentielles. Il s’agit <strong>de</strong> l’activité qui crée<br />

véritablement le produit, et il serait impensable <strong>de</strong> ne pas en tenir compte pour en<br />

définir <strong>la</strong> provenance. Ce critère est déj<strong>à</strong> prévu dans <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion suisse <strong>sur</strong> les<br />

<strong>de</strong>nrées alimentaires. Par exemple, <strong>la</strong> transformation du <strong>la</strong>it en fromage doit avoir eu<br />

lieu en Suisse. Le critère fait référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> transformation du produit et exclut <strong>de</strong><br />

tenir compte <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement.<br />

Art. 48c Autres produits, notamment industriels<br />

La disposition s’applique aux produits industriels et <strong>à</strong> tous les autres produits, comme<br />

par ex. les produits artisanaux, qui ne sont pas compris dans les <strong>de</strong>ux premières<br />

catégories <strong>de</strong> produits (art. 48a et 48b). La provenance d’un tel produit est définie en<br />

fonction <strong>de</strong> trois critères cumu<strong>la</strong>tifs. Un produit peut être considéré comme suisse si:<br />

1) 60 % du prix <strong>de</strong> revient du produit est réalisé en Suisse; 2) l’activité ayant donné<br />

au produit ses caractéristiques essentielles s’est déroulée dans notre pays; 3) une<br />

étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication du produit y a eu lieu (ce troisième critère étant<br />

automatiquement rempli si l’activité ayant donné au produit ses caractéristiques<br />

essentielles est précisément une étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication).<br />

Selon l’al. 1, 60 % <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> production doivent être réalisés au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance.<br />

Pour être compatible avec cette disposition, l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour<br />

les montres <strong>de</strong>vra donc être révisée afin <strong>de</strong> contenir ce pourcentage (voir ch. 5.2.4).<br />

Selon l’al. 2, les coûts <strong>de</strong> fabrication, d’assemb<strong>la</strong>ge, <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement<br />

sont pris en considération dans le calcul <strong>de</strong>s 60 %. Les coûts <strong>de</strong> fabrication<br />

comprennent généralement les matières premières et mi-ouvrées, les pièces détachées,<br />

les sa<strong>la</strong>ires et les frais généraux. La notion <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement<br />

doit être prise au sens <strong>la</strong>rge, c’est-<strong>à</strong>-dire qu’elle englobe tous les coûts ayant contribué<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> «naissance» du produit. Ce critère est au coeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> sorte que<br />

les coûts qui ne contribuent pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> naissance du produit ne peuvent pas être pris en<br />

compte. C’est par exemple le cas <strong>de</strong>s coûts liés au contrôle <strong>de</strong> normes <strong>de</strong> qualité ou<br />

les coûts <strong>de</strong> procédures <strong>de</strong> mise <strong>sur</strong> le marché ou d’obtention d’autorisations administratives.<br />

La prise en compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement peut être délicate,<br />

car il n’existe pas <strong>de</strong> règle précise pour <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> ces coûts <strong>sur</strong> <strong>la</strong> production<br />

d’une entreprise. En effet, il est difficile <strong>de</strong> savoir <strong>sur</strong> quels produits et pendant<br />

combien <strong>de</strong> temps ces coûts peuvent être répartis, d’autant qu’en règle générale ces<br />

coûts concernent <strong>de</strong>s produits qui ne sont pas encore commercialisés. Il conviendra<br />

<strong>de</strong> trouver une solution cas par cas, en adéquation avec le but <strong>de</strong> l’art. 48c. Cette<br />

disposition doit être appliquée <strong>de</strong> manière <strong>à</strong> éviter les abus (il serait par ex. abusif<br />

que <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement liés <strong>à</strong> un seul<br />

produit d’une entreprise permette <strong>de</strong> remplir les conditions <strong>de</strong> l’art. 48c pour tous les<br />

produits <strong>de</strong> cette entreprise, alors que les autres produits ont été développés <strong>à</strong><br />

l’étranger) et <strong>à</strong> tenir compte <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> rigueur (par ex. un produit développé en<br />

Suisse il y a 20 ans doit toujours être considéré comme un produit suisse si les autres<br />

conditions <strong>de</strong> l’art. 48c sont remplies, même si l’entreprise n’a manifestement plus<br />

7769


<strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> recherche et développement pour ce produit pouvant encore être amortis<br />

<strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n comptable).<br />

L’al. 3 énumère, <strong>de</strong> façon non exhaustive, les coûts qui ne peuvent pas être pris en<br />

considération dans le calcul <strong>de</strong>s 60 % <strong>de</strong>s coûts. Il exclut <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> coûts<br />

différents. La première catégorie porte <strong>sur</strong> les matières premières (let. a et b). La<br />

let. a tient compte du fait que certains produits naturels ne peuvent pas être produits<br />

en Suisse. C’est le cas <strong>de</strong>s matières premières naturelles comme l’or, les métaux<br />

précieux ou les huiles minérales. En matière horlogère, l’exclusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

matière première du calcul <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s boîtes <strong>de</strong> montre est déj<strong>à</strong><br />

prévue dans l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres. La let. b é<strong>la</strong>rgit<br />

l’exception aux matières premières qui pourraient théoriquement être produites en<br />

Suisse, mais dont <strong>la</strong> fabrication n’est pas suffisamment ou pas du tout effectuée dans<br />

notre pays. La notion <strong>de</strong> matière première doit ici être prise au sens <strong>la</strong>rge. Sont<br />

concernés par ces dispositions les matières premières au sens strict et les composants<br />

du produit, comme <strong>de</strong>s puces électroniques. Cette exception ne peut être invoquée<br />

que si <strong>la</strong> matière première n’est <strong>à</strong> moyen ou long terme objectivement pas disponible<br />

en quantité suffisante – voire pas du tout disponible – en Suisse, d’une part, et que<br />

cette insuffisance <strong>de</strong> l’offre est reconnue dans une ordonnance <strong>de</strong> branche visée <strong>à</strong><br />

l’art. 50, al. 2 (voir commentaire <strong>de</strong> cet article), d’autre part. Les explications<br />

concernant l’ordonnance exigée par l’art. 48b, al. 3, valent également pour l’art. 48c,<br />

al. 2, let. b. L’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48c, al. 2, let. b, ne peut pas être invoquée si<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première est disponible en Suisse mais également <strong>à</strong> l’étranger, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />

conditions plus favorables (par ex. <strong>de</strong>s prix plus bas, <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong> livraison plus<br />

courts ou <strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> livraison). Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, le producteur<br />

qui déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’approvisionner <strong>à</strong> l’étranger ne pourra pas exclure ces coûts du calcul<br />

<strong>de</strong>s 60 %. Comme vu plus haut, l’exception prévue ne peut donc pas être invoquée<br />

pour <strong>de</strong>s arguments purement économiques.<br />

La <strong>de</strong>uxième catégorie exclut les coûts n’ayant pas contribué directement <strong>à</strong> <strong>la</strong> «naissance»<br />

du produit (let. c <strong>à</strong> e). Par contribution <strong>à</strong> <strong>la</strong> naissance du produit, il faut<br />

entendre toutes les opérations intellectuelles (par ex.: conception) ou matérielles<br />

(par ex. assemb<strong>la</strong>ge) <strong>de</strong>squelles résulte directement le produit final. Toutes les<br />

opérations intervenant une fois que le produit final existe (embal<strong>la</strong>ge, marketing,<br />

transports, etc.) ne contribuent pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> naissance du produit. Les coûts d’embal<strong>la</strong>ge<br />

(let. c) doivent être pris au sens <strong>la</strong>rge. L’apposition d’une étiquette <strong>sur</strong> un produit<br />

entre par ex. dans cette définition. Dans les coûts <strong>de</strong> commercialisation (let. e), les<br />

frais <strong>de</strong> promotion comprennent entre autres les frais <strong>de</strong> publicité et <strong>de</strong> distribution.<br />

Ces coûts sont toujours générés localement. En effet, un produit commercialisé en<br />

Suisse doit par ex. y être emballé ou promu. Ce<strong>la</strong> ne contribue cependant en aucune<br />

manière <strong>à</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» du produit.<br />

Les détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation, par exemple l’exclusion <strong>de</strong> certains composants<br />

dans le calcul <strong>de</strong>s 60 %, pourront être précisés par les branches économiques en<br />

application <strong>de</strong> l’art. 50 LPM.<br />

Le critère <strong>de</strong> l’activité ayant donné au produit ses caractéristiques essentielles prévue<br />

<strong>à</strong> l’al. 4, première phrase, fait référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> fabrication proprement dite (construction,<br />

assemb<strong>la</strong>ge, etc.) ou <strong>à</strong> <strong>la</strong> recherche et au développement. Par exemple, pour une<br />

montre mécanique, l’assemb<strong>la</strong>ge représente l’activité essentielle. La recherche et le<br />

développement sont en principe <strong>à</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s caractéristiques d’un produit chimique.<br />

Le choix et <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> normes ou <strong>de</strong> standards <strong>de</strong> qualité ou leur contrôle<br />

ne sont pas couverts par l’al .4 parce que <strong>de</strong> telles activités ne confèrent pas au<br />

7770


produit ses caractéristiques essentielles, mais indiquent simplement <strong>la</strong> qualité attendue<br />

d’un produit déterminé. De même, les activités liées <strong>à</strong> <strong>la</strong> commercialisation du<br />

produit (marketing), <strong>à</strong> <strong>la</strong> publicité, <strong>à</strong> <strong>la</strong> distribution du produit ou au service aprèsvente<br />

ne peuvent pas être prises en compte car elles ne donnent pas au produit ses<br />

caractéristiques essentielles. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles sont exclues<br />

du calcul <strong>de</strong>s coûts déterminant <strong>la</strong> provenance d’un produit, <strong>à</strong> l’al. 3.<br />

L’al. 4, <strong>de</strong>uxième phrase, concerne les produits pour lesquels l’activité ayant donné<br />

au produit ses caractéristiques essentielles n’est pas une étape <strong>de</strong> fabrication au sens<br />

strict. Dans ce cas une exigence minimale doit être respectée: une étape significative<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication proprement dite du produit doit être effectuée au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance.<br />

Par exemple, si <strong>la</strong> recherche et le développement sont les activités qui donnent<br />

au produit ses caractéristiques essentielles, une étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication<br />

doit en outre être effectuée au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance. L’embal<strong>la</strong>ge ou le contrôle<br />

final du produit, tout comme les diverses activités qui sont exclue du calcul <strong>de</strong>s<br />

coûts déterminant <strong>la</strong> provenance d’un produit <strong>à</strong> l’al. 3, let. c <strong>à</strong> e, ne participent pas<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication du produit lui-même et ne permettent donc pas <strong>de</strong> répondre <strong>à</strong><br />

l’exigence <strong>de</strong> l’al. 4. La notion d’étape significative doit garantir un lien physique<br />

réel entre le produit et le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance et donc éviter <strong>la</strong> réalisation du critère<br />

par une étape d’importance secondaire. Ainsi, pour une casserole, le montage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

poignée n’est pas une étape significative. Il en va <strong>de</strong> même du montage d’un joint<br />

<strong>sur</strong> un système <strong>de</strong> robinetterie. En revanche, l’assemb<strong>la</strong>ge complet d’un appareil<br />

électronique <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>e est une étape significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication.<br />

Concrètement, l’application <strong>de</strong>s trois conditions cumu<strong>la</strong>tives <strong>de</strong> l’art. 48c sera effectuée<br />

différemment selon le produit considéré. Pour un produit industriel comme un<br />

couteau suisse, <strong>de</strong>ux critères doivent être pris en compte: 1) 60 % du prix <strong>de</strong> revient<br />

doit être réalisé en Suisse; 2) <strong>la</strong> fabrication (qui donne au produit ses caractéristiques<br />

essentielles) doit se dérouler en Suisse. En remplissant cette <strong>de</strong>uxième condition, le<br />

producteur réalise également <strong>la</strong> condition minimale <strong>de</strong> l’étape significative <strong>de</strong> fabrication.<br />

Pour un produit industriel tirant ses caractéristiques essentielles avant tout <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> recherche et du développement, les critères suivants doivent être remplis: 1) 60 %<br />

du prix <strong>de</strong> revient doivt être réalisé en Suisse; 2) l’activité <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement<br />

doit se dérouler en Suisse; 3) <strong>la</strong> condition supplémentaire <strong>de</strong> l’étape<br />

significative <strong>de</strong> fabrication doit être réalisée dans notre pays.<br />

Art. 48d Exceptions<br />

Une indication <strong>de</strong> provenance qui ne respecte pas les critères prévus aux art. 48a <strong>à</strong><br />

48c, est exacte dans les cas exhaustivement prévus <strong>à</strong> l’art. 48d.<br />

Selon <strong>la</strong> let. a, une indication géographique protégée (IGP) au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr<br />

faisant l’objet d’un enregistrement ne doit pas respecter les critères <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong><br />

48c. En effet, une IGP fait l’objet d’une procédure d’enregistrement menée <strong>de</strong>vant<br />

l’OFAG et ses conditions d’utilisation sont inscrites dans un cahier <strong>de</strong>s charges. Ce<br />

sont ces conditions qui doivent être respectées. Il est nécessaire <strong>de</strong> prévoir une<br />

exception dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> pour <strong>la</strong> raison suivante: il existe <strong>à</strong> l’heure actuelle une IGP<br />

enregistrée («Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons») qui ne sera pas conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> LPM révisée, en<br />

raison du renforcement <strong>de</strong>s critères légaux. L’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48d, let. a<br />

s’appliquera donc <strong>à</strong> l’IGP «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons» ainsi qu’<strong>à</strong> toute éventuelle IGP qui<br />

serait enregistrée avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong>s <strong>modification</strong>s proposées et qui ne<br />

serait pas compatible avec celles-ci. Une fois les <strong>modification</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM entrées en<br />

7771


vigueur, il ne sera plus possible d’enregistrer une IGP ne respectant pas les critères<br />

fixés aux art. 48a et suivants (<strong>à</strong> moins <strong>de</strong> remplir les conditions <strong>de</strong> l’exception <strong>de</strong><br />

l’art. 48d, let. b, concernant <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s milieux intéressés); l’art. 48d,<br />

let. a, ne s’appliquera donc pas aux IGP enregistrées après l’entrée en vigueur <strong>de</strong>s<br />

<strong>modification</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM.<br />

Ainsi, si l’indication «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons» est utilisée en respectant les conditions<br />

du cahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’IGP correspondante, elle est exacte, et même si les conditions<br />

prévues <strong>à</strong> l’art. 48b ne sont pas respectées, puisque l’exigence <strong>de</strong>s 80 % <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

matière première n’est pas remplie pour l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> production (une partie<br />

significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> production est en effet produite <strong>à</strong> base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> étrangère, comme<br />

le permet le cahier <strong>de</strong>s charges). L’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48d, let. a, a pour<br />

conséquence que l’indication telle qu’elle a été enregistrée par l’OFAG (par ex.<br />

«Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons»), peut être utilisée bien que les conditions <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong> 48c<br />

ne soient pas remplies. Cette dérogation n’a par contre pas pour conséquence <strong>de</strong><br />

rendre licite toute autre référence plus <strong>la</strong>rge <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique, ce qui<br />

signifie que le produit «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons» doit respecter les critères <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong><br />

48c pour pouvoir être désigné au moyen d’indications telles que «produit suisse»,<br />

«vian<strong>de</strong> suisse», «ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd» ou au moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse58, comme<br />

doit le faire tout autre produit équivalent (produit carné produit en Suisse <strong>à</strong> base <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> étrangère).<br />

A l’instar <strong>de</strong> tout autre produit utilisant <strong>de</strong> telles indications, le produit «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

Grisons» peut cependant remplir les conditions fixées <strong>à</strong> l’art. 48b, al. 3 (voir<br />

ci-<strong>de</strong>ssus) ou <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité prévue <strong>à</strong> l’art. 48d, let. b (voir ci-<strong>de</strong>ssous).<br />

Il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> prévoir une exception pour les appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

contrôlées (AOC) au sens <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr car les critères fixés dans leurs cahier<br />

<strong>de</strong>s charges doivent dans tous les cas respecter les critères <strong>de</strong>s art. 48 ss.<br />

La let. b donne <strong>la</strong> possibilité <strong>à</strong> un producteur <strong>de</strong> démontrer que l’indication <strong>de</strong> provenance<br />

qu’il utilise est exacte aux yeux <strong>de</strong>s milieux intéressés, bien qu’elle ne<br />

remplit pas les conditions <strong>de</strong>s art. 48a <strong>à</strong> 48c. La notion <strong>de</strong> «milieux intéressés» fait<br />

référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s consommateurs, d’une part, et <strong>à</strong> celle <strong>de</strong>s branches<br />

économiques, d’autre part. L’exception prévue <strong>à</strong> <strong>la</strong> let. b doit être admise avec une<br />

gran<strong>de</strong> retenue. Il faut que le producteur démontre que les consommateurs considèrent<br />

que l’indication <strong>de</strong> provenance est exacte alors même qu’elle ne respecte pas les<br />

critères légaux. Pour démontrer que l’indication <strong>de</strong> provenance correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

compréhension <strong>de</strong>s milieux intéressés, le producteur doit, premièrement, présenter<br />

<strong>de</strong>s documents particulièrement c<strong>la</strong>irs établissant ce fait (articles <strong>de</strong> presse, communications<br />

d’associations <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s consommateurs, etc.). Si <strong>de</strong> tels documents<br />

font défaut ou ne sont pas convaincants, le producteur doit le démontrer par un<br />

sondage. Pour être probant, le sondage <strong>de</strong>vra porter <strong>sur</strong> un échantillon représentatif<br />

<strong>de</strong>s consommateurs suisses et être formulé <strong>de</strong> manière <strong>à</strong> permettre d’établir c<strong>la</strong>irement<br />

et sans équivoque <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s consommateurs. Deuxièmement, le producteur<br />

doit encore démontrer que l’indication <strong>de</strong> provenance utilisée est également<br />

exacte pour <strong>la</strong> branche économique dont il fait partie (par ex. confirmation <strong>de</strong><br />

l’usage par le biais <strong>de</strong> documents représentatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche concernée comme <strong>de</strong>s<br />

règlements internes, <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong> production communs, <strong>de</strong>s catalogues, étiquettes,<br />

photographies, matériel publicitaire, etc.). Le producteur peut donc faire va<strong>loi</strong>r<br />

l’exception <strong>de</strong> <strong>la</strong> let. b lorsqu’il apparaît <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte que l’indication <strong>de</strong> pro-<br />

58 C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> production produite <strong>à</strong> base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> suisse.<br />

7772


venance est utilisée <strong>de</strong> façon licite selon <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche économique<br />

et <strong>de</strong>s consommateurs. Ce<strong>la</strong> pourrait en particulier être le cas pour certaines<br />

indications géographiques qui répon<strong>de</strong>nt <strong>à</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> l’art. 22, al.1, <strong>de</strong> l’accord<br />

<strong>sur</strong> les ADPIC. Dans cette hypothèse, le producteur peut déroger aux critères prévus<br />

aux art. 48a <strong>à</strong> 48c. Pensons <strong>à</strong> l’indication «Genève» pour les montres (pour le droit<br />

actuel, voir également ch. 1.1), pour <strong>la</strong>quelle il est généralement admis qu’un lien<br />

plus lâche avec le canton <strong>de</strong> Genève suffit, par exemple lorsque <strong>la</strong> montre est suisse<br />

conformément <strong>à</strong> l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres mais que sa production<br />

n’a pas lieu dans le canton <strong>de</strong> Genève. L’indication «Genève» est cependant<br />

exacte, pour les milieux concernés, parce que l’entreprise qui produit cette montre<br />

est inscrite au registre du commerce <strong>de</strong> Genève et dép<strong>loi</strong>e ses activités commerciales<br />

dans ce canton.<br />

2.1.2.3 Indications <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s services<br />

Art. 49 Indication <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong>s services<br />

L’art. 49 définit les critères qui permettent <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> provenance d’un service.<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’al. 1, <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s services dépend <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux conditions cumu<strong>la</strong>tives:<br />

elle doit correspondre au siège et il doit réellement exister une administration<br />

effective en Suisse. Les conditions actuelles, qui se fon<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nationalité et<br />

le domicile <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui fournit le service, ne sont pas pertinentes pour les<br />

consommateurs, d’autant que <strong>la</strong> nationalité et en particulier le domicile ne constituent<br />

pas <strong>de</strong>s critères immuables. Seul le rattachement du fournisseur au lieu <strong>de</strong><br />

fourniture du service est déterminant pour le consommateur. Le choix du siège a <strong>de</strong><br />

nombreuses conséquences pratiques et juridiques; il doit donc exister un lien étroit<br />

entre le siège et le lieu géographique pour que celui-ci puisse réellement être considéré<br />

comme le lieu <strong>de</strong> provenance du service. Il faut en plus qu’il existe un réel<br />

centre administratif en Suisse pour qu’une indication <strong>de</strong> provenance suisse soit<br />

exacte. Cette <strong>de</strong>uxième condition permet d’éviter que le choix d’un siège ne soit<br />

motivé par <strong>la</strong> seule volonté d’utiliser une certaine indication <strong>de</strong> provenance, pour <strong>de</strong>s<br />

raisons <strong>de</strong> stratégie publicitaire notamment, sans que les activités <strong>de</strong> l’entreprise<br />

aient effectivement lieu en Suisse. Formulée <strong>de</strong> façon suffisamment générale pour<br />

tenir compte <strong>de</strong>s différentes formes d’organisation que peuvent prendre les fournisseurs<br />

<strong>de</strong> services, elle permet aussi d’introduire une réglementation stricte pour<br />

empêcher les cas d’abus constatés dans <strong>la</strong> pratique. Tel qu’il est formulé, l’al. 1<br />

conduit <strong>à</strong> une plus gran<strong>de</strong> sécurité juridique parce qu’il peut aussi s’appliquer <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />

fournisseurs ayant un siège principal en divers lieux et pour lesquels il est peu aisé<br />

<strong>de</strong> déterminer où se trouve l’administration centrale. Les <strong>de</strong>ux conditions énoncées <strong>à</strong><br />

l’al. 1 sont cumu<strong>la</strong>tives. Par exemple, <strong>la</strong> compagnie aérienne «Swiss International<br />

Air Lines SA», qui est une filiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> société «Lufthansa», dont le siège est en<br />

Allemagne, peut utiliser <strong>la</strong> désignation «Swiss» en re<strong>la</strong>tion avec ses services, mais<br />

seulement tant que le siège social et l’un <strong>de</strong> ses centres administratifs réels se trouvent<br />

en Suisse. Par contre, l’utilisation <strong>de</strong> «IT-Swiss-Consulting» serait illicite pour<br />

désigner les services d’une entreprise dont le siège se trouve en Suisse, mais qui ne<br />

serait qu’une société boîte aux lettres ou qui aurait une activité pratique insignifiante<br />

en Suisse et dont <strong>la</strong> direction se trouverait dans un autre pays. C’est <strong>à</strong> <strong>de</strong>ssein que les<br />

exigences requises pour remplir <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> condition sont strictes. En cas <strong>de</strong> litige, il<br />

7773


appartiendra au juge <strong>de</strong> déterminer s’il existe une activité administrative réelle<br />

suffisante. Lors <strong>de</strong> son appréciation, il prendra en considération toutes les circonstances<br />

et <strong>la</strong> finalité <strong>de</strong> ce critère <strong>de</strong> délimitation.<br />

Conformément <strong>à</strong> l’al. 4, une filiale n’ayant pas son siège dans le pays <strong>de</strong> provenance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> société mère (par ex. <strong>la</strong> «Deutsche-Investment SA Suisse») peut désigner ses<br />

services en Suisse tout en renvoyant au pays <strong>de</strong> provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> société mère, <strong>à</strong><br />

condition que son siège se trouve en Suisse et qu’il y existe une administration<br />

effective. Il va <strong>de</strong> soi que <strong>la</strong> filiale suisse d’une société mère suisse peut proposer ses<br />

services en Suisse en utilisant une indication <strong>de</strong> provenance suisse si les conditions<br />

énoncées <strong>à</strong> l’al. 1 sont remplies. Par contre, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si cette même<br />

filiale peut aussi fournir ses services <strong>à</strong> l’étranger en employant une désignation<br />

renvoyant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse (par ex. l’indication «Swiss-Investment SA») dépend du droit<br />

étranger applicable; selon <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion suisse, rien ne s’y oppose.<br />

L’al. 2 prévoit que si une indication <strong>de</strong> provenance suscite <strong>de</strong>s attentes pour le<br />

service qu’elle désigne en termes <strong>de</strong> nature ou <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, ces critères<br />

supplémentaires doivent également être pris en considération pour en apprécier <strong>la</strong><br />

licéité. Au nombre <strong>de</strong> ces critères figurent également ceux applicables aux indications<br />

<strong>de</strong> provenance qualifiées pour les services. Cette disposition correspond <strong>à</strong> l’art.<br />

48, al. 2, applicable aux produits.<br />

Correspondant <strong>à</strong> l’art. 48d, let. b, applicable aux produits, l’al. 3 régit le cas où les<br />

conditions énoncées aux al. 1 et 2 ne sont pas remplies, mais où le fournisseur <strong>de</strong><br />

services peut démontrer que, selon <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s milieux intéressés, il utilise<br />

l’indication <strong>de</strong> provenance en toute licéité pour désigner ses produits (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> l’art. 48d, let. b).<br />

L’al. 4 reprend, pour les services, <strong>la</strong> réglementation prévue pour les produits en<br />

matière <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance étrangère (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> l’art. 48, al. 5).<br />

2.1.2.4 Ordonnances du Conseil fédéral<br />

Art. 50, al. 1 (nouveau)<br />

Dès l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision légis<strong>la</strong>tive «Swissness», le Conseil fédéral<br />

pourrait, s’il l’estime nécessaire, rédiger une ordonnance générale qui s’appliquerait<br />

<strong>à</strong> toutes les branches économiques n’ayant pas présenté <strong>de</strong> critères communs ou une<br />

direction commune (art. 50, al. 1), ou <strong>à</strong> une partie d’entre elles. Contrairement <strong>à</strong><br />

l’ordonnance prévue <strong>à</strong> l’art. 50, al. 2, qui peut réglementer uniquement les conditions<br />

applicables <strong>à</strong> une indication <strong>de</strong> provenance suisse pour un produit ou un service<br />

spécifique, l’ordonnance prévue <strong>à</strong> l’art. 50, al. 1, peut concerner <strong>de</strong>s problèmes<br />

plus généraux, comme les modalités <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production (art. 48c,<br />

al. 1), ou réglementer <strong>la</strong> prise en compte d’une matière première (art. 48b, al. 1) pour<br />

tous les produits, quels qu’ils soient.<br />

L’ordonnance ne définissant pas toutes les conditions d’utilisation d’une indication<br />

<strong>de</strong> provenance précise pour un produit spécifique, il est impossible <strong>de</strong> déterminer<br />

avec précision l’indication <strong>de</strong> provenance, les produits et le titu<strong>la</strong>ire. Or, ces éléments<br />

sont <strong>de</strong>s éléments essentiels et nécessaires au dépôt d’une marque. En consé-<br />

7774


quence, l’ordonnance prévue <strong>à</strong> l’art. 50, al. 1, ne permet pas d’obtenir l’enregistrement<br />

d’une marque géographique au sens <strong>de</strong> l’art. 27a.<br />

Art. 50, al. 2 (nouveau)<br />

Les indications <strong>de</strong> provenance sont définies <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> critères généraux pour les<br />

produits naturels, pour les produits naturels transformés et pour les autres produits,<br />

notamment les produits industriels. L’art. 50, al. 2 spécifie qu’il appartient aux<br />

branches économiques <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Conseil fédéral <strong>de</strong> préciser ces critères, en<br />

lui soumettant un projet concret et détaillé approuvé par une partie représentative <strong>de</strong><br />

leurs entreprises. Les branches économiques peuvent prendre l’initiative d’engager<br />

<strong>de</strong>s discussions et aboutir <strong>à</strong> un accord <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères communs ou au moins définir<br />

une direction commune c<strong>la</strong>ire s’agissant du contenu <strong>de</strong> ces critères. Les critères qui<br />

seront présentés au Conseil fédéral <strong>de</strong>vront préciser <strong>la</strong> réglementation légale, mais<br />

ne pourront en aucun cas y déroger (les exceptions possibles sont énumérées <strong>de</strong><br />

façon exhaustive <strong>à</strong> l’art. 48d). Par exemple, le Conseil fédéral pourrait accepter <strong>de</strong><br />

préciser dans une ordonnance qu’une matière première déterminée doit être exclue<br />

du calcul <strong>de</strong>s 80 % du poids selon l’art. 48b si <strong>la</strong> branche économique démontre que<br />

cette matière première ne peut pas être obtenue en Suisse d’un point <strong>de</strong> vue agronomique<br />

(par ex. p<strong>la</strong>nte du Bang<strong>la</strong><strong>de</strong>sh entrant dans <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> produits cosmétiques).<br />

Il pourrait également accepter une ordonnance précisant qu’une matière<br />

première déterminée doit être proportionnellement exclue du calcul parce qu’elle<br />

n’est pas disponible en quantité suffisante <strong>sur</strong> le marché suisse et que cette insuffisance<br />

dure longtemps. Une telle précision mettrait en évi<strong>de</strong>nce qu’il est judicieux <strong>de</strong><br />

s’approvisionner en matière première suisse dans <strong>la</strong> proportion où elle disponible,<br />

avant <strong>de</strong> s’approvisionner <strong>à</strong> l’étranger pour <strong>la</strong> quantité faisant défaut.<br />

La constatation <strong>de</strong> l’indisponibilité en quantité suffisante <strong>de</strong>s matières premières<br />

suisses doit tenir compte du potentiel <strong>de</strong> production suisse <strong>à</strong> moyen terme, c’est-<strong>à</strong>dire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong>s producteurs <strong>à</strong> satisfaire <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en matières premières<br />

suisses. L’insuffisance doit être établie <strong>sur</strong> ce moyen terme, c’est-<strong>à</strong>-dire que les<br />

producteurs <strong>de</strong> matières premières ne doivent objectivement pas être en me<strong>sur</strong>e<br />

d’augmenter les volumes produits <strong>de</strong> manière suffisante. Ce<strong>la</strong> pourrait être le cas du<br />

sucre, si cette insuffisance d’approvisionnement <strong>sur</strong> le marché suisse était durablement<br />

établie, par exemple au moyen <strong>de</strong> statistiques portant <strong>sur</strong> les années précé<strong>de</strong>ntes,<br />

et si cette insuffisance <strong>de</strong> l’offre était importante (par ex. si l’offre indigène<br />

satisfait seulement 35 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale, mais pas si elle en satisfait 75 %).<br />

En revanche, le Conseil fédéral ne pourrait pas accepter une ordonnance qui exclut<br />

du calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière première disponible en Suisse mais pouvant être obtenue <strong>à</strong> un<br />

meilleur prix <strong>à</strong> l’étranger (par ex. le <strong>la</strong>it, voir commentaires <strong>de</strong>s art. 48b et 48c), car<br />

une telle ordonnance ne serait pas strictement conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Lorsqu’une ordonnance est approuvée par le Conseil fédéral, ce sont les critères qui<br />

y sont fixés qui doivent être respectés. Ainsi, s’il ressort d’une ordonnance qu’une<br />

matière première n’est pas disponible en quantité suffisante (ce qui concrétise<br />

l’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48b, al. 3) et si cette ordonnance détermine dans quelle<br />

me<strong>sur</strong>e ce fait peut être pris en compte dans le calcul <strong>de</strong>s 80 %, le producteur peut<br />

s’y référer. Relevons encore que les ordonnances applicables aux branches doivent<br />

être revues périodiquement, en particulier si les conditions du marché déterminant se<br />

modifient. En effet, si une matière première <strong>de</strong>vient disponible en quantité suffisante,<br />

l’exception n’est plus réalisée et l’ordonnance n’a plus sa raison d’être. Les<br />

ordonnances contiendront donc une c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> révision périodique.<br />

7775


Art. 50, al. 3 (nouveau)<br />

Les organisations <strong>de</strong> consommateurs sont mentionnées expressément dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Le<br />

Conseil fédéral doit entendre les organisations d’importance nationale ou régionale<br />

qui se consacrent statutairement <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs lors <strong>de</strong> l’examen<br />

d’une ordonnance précisant les conditions auxquelles une indication <strong>de</strong> provenance<br />

suisse peut être employée. En effet, une indication <strong>de</strong> provenance doit être utilisée<br />

conformément <strong>à</strong> <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s milieux intéressés, qui sont composés <strong>de</strong>s<br />

consommateurs, d’une part, et <strong>de</strong>s branches économiques, d’autre part.<br />

2.1.3 Registre <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

Art. 50a (nouveau) Registre <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

Les indications géographiques i<strong>de</strong>ntifient un produit comme étant originaire d’un<br />

territoire, ou d’une région ou localité <strong>de</strong> ce territoire, dans les cas où une qualité, une<br />

réputation ou une autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée<br />

essentiellement <strong>à</strong> cette origine géographique (art. 22, al. 1, ADPIC). Le registre<br />

prévu <strong>à</strong> l’art. 50a a donc pour unique objet les indications <strong>de</strong> provenance qualifiées<br />

et non toutes les indications <strong>de</strong> provenance au sens <strong>de</strong> l’art. 47 LPM. Il vise non<br />

seulement les indications géographiques suisses mais également les indications<br />

géographiques étrangères (art. 3 ADPIC et 2 CUP <strong>sur</strong> le traitement national). Les<br />

indications géographiques enregistrées doivent respecter les critères fixés aux art. 48<br />

<strong>à</strong> 48c, sous réserve <strong>de</strong> l’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48d, let. b.<br />

L’art. 50a, qui prévoit <strong>la</strong> création d’un registre <strong>de</strong>s indications géographiques, a été<br />

formulé en tenant compte <strong>de</strong>s enseignements tirés <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr.<br />

En conséquence, cette disposition reprend <strong>la</strong>rgement le contenu <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr <strong>sur</strong><br />

<strong>la</strong> base duquel un registre <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine et <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

a été créé pour les produits agricoles et les produits agricoles transformés.<br />

Le registre <strong>de</strong>s indications géographiques selon l’art. 50a porte <strong>sur</strong> les produits<br />

autres que les produits agricoles, les produits agricoles transformés, les vins, les<br />

produits sylvicoles et les produits sylvicoles transformés. En effet, tous ces produits<br />

bénéficient ou vont bénéficier d’instruments <strong>de</strong> <strong>protection</strong> analogues. Un registre<br />

pour les appel<strong>la</strong>tions d’origine et les indications géographiques agricoles a été établi<br />

en 1997 déj<strong>à</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s art. 14 et 16 LAgr. Depuis, plus d’une vingtaine d’AOC<br />

et d’IGP ont été enregistrées, comme le Gruyère (AOC) ou <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Grisons<br />

(IGP). Cette réglementation sectorielle a été é<strong>la</strong>borée en fonction d’objectifs <strong>de</strong><br />

politique agricole et dans un souci <strong>de</strong> compatibilité avec <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion communautaire59,<br />

le Conseil fédéral visant <strong>la</strong> reconnaissance mutuelle <strong>de</strong>s AOC et <strong>de</strong>s IGP<br />

entre l’UE et <strong>la</strong> Suisse dans le domaine <strong>de</strong>s produits agricoles, telle qu’elle existe<br />

déj<strong>à</strong> dans le domaine <strong>de</strong>s vins et <strong>de</strong>s spiritueux. Pour ce qui est <strong>de</strong>s vins, leur <strong>protection</strong><br />

repose <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s réglementations cantonales conformes au droit fédéral, <strong>la</strong> compétence<br />

ayant été déléguée aux cantons dans le cadre fixé par l’art. 63 LAgr. Enfin,<br />

s’agissant <strong>de</strong>s produits sylvicoles et <strong>de</strong>s produits sylvicoles transformés, <strong>la</strong> motion<br />

08.3247, déposée le 27 mai 2008 par le conseiller national Favre charge le Conseil<br />

fédéral d’établir une base légale qui permette <strong>de</strong> protéger efficacement les dénominations<br />

re<strong>la</strong>tives aux produits traditionnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> sylviculture suisse au moyen <strong>de</strong> leur<br />

59 Règlement (CEE) 2081/92 remp<strong>la</strong>cé ensuite par le règlement (CE) 510/2006.<br />

7776


enregistrement dans le registre fédéral <strong>de</strong>s AOP et <strong>de</strong>s IGP. La motion reprend le<br />

projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les forêts60, qui précise <strong>à</strong> son nouvel art. 41a<br />

(Désignation) les conditions d’emp<strong>loi</strong> d’une indication <strong>de</strong> provenance protégée, telle<br />

qu’une AOC pour les produits sylvicoles et les produits sylvicoles transformés (bois<br />

et produits en bois). La <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les forêts est modifiée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente<br />

révision (<strong>à</strong> ce sujet, voir le commentaire ch. 2.2.8).<br />

L’art. 50a, al. 2, trace les gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> l’ordonnance d’exécution que le Conseil<br />

fédéral <strong>de</strong>vra é<strong>la</strong>borer. Celle-ci <strong>de</strong>vra fixer les qualités exigées du requérant (let. a),<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement <strong>de</strong> l’indication, qui est un signe collectif, <strong>de</strong>vant être<br />

effectuée par un groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur dont <strong>la</strong> représentativité <strong>de</strong>vra être démontrée.<br />

Le groupement <strong>de</strong>vra remettre un cahier <strong>de</strong>s charges (let. b) contenant notamment<br />

le nom du produit et l’indication géographique, <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du produit et du<br />

processus <strong>de</strong> fabrication, <strong>la</strong> délimitation géographique ainsi que les me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong><br />

contrôle. Enfin, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>vra contenir <strong>de</strong>s informations <strong>sur</strong> les spécificités du<br />

lien existant entre <strong>la</strong> qualité, les caractéristiques, <strong>la</strong> réputation, d’une part, et <strong>la</strong><br />

provenance géographique, d’autre part, étant précisé que les critères ne peuvent pas<br />

déroger aux art. 48 <strong>à</strong> 48c, sous réserve <strong>de</strong> l’exception prévue <strong>à</strong> l’art. 48d, let. b.<br />

L’ordonnance contiendra <strong>de</strong>s dispositions <strong>sur</strong> <strong>la</strong> procédure d’enregistrement et<br />

d’opposition (let. c). Le Conseil fédéral <strong>de</strong>vra également étudier l’opportunité <strong>de</strong><br />

créer une commission <strong>de</strong>s indications géographiques (expertise externe). La <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’enregistrement sera publiée dans <strong>la</strong> Feuille officielle suisse du commerce ou<br />

dans un autre organe <strong>de</strong> publication désigné par l’IPI. Cette publication sera le point<br />

<strong>de</strong> départ du dé<strong>la</strong>i pour faire opposition. Celle-ci pourra être acceptée si <strong>la</strong> désignation<br />

déposée ne correspond pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> l’indication géographique, si le<br />

groupement n’est pas représentatif, si le nom déposé est un nom générique ou si<br />

l’enregistrement envisagé risque <strong>de</strong> porter préjudice (a) <strong>à</strong> une dénomination totalement<br />

ou partiellement homonyme ou (b) <strong>à</strong> une marque, pour autant qu’il existe un<br />

risque <strong>de</strong> confusion avec l’indication géographique (ce risque est admis <strong>de</strong> manière<br />

restrictive, c’est-<strong>à</strong>-dire qu’il faut notamment que <strong>la</strong> marque antérieure soit réputée et<br />

utilisée <strong>de</strong>puis longtemps). L’intérêt public sera également pris en compte. Enfin,<br />

l’ordonnance <strong>de</strong>vra prévoir un mécanisme <strong>de</strong> contrôle garantissant que les produits<br />

<strong>sur</strong> lesquels l’indication géographique est apposée réalisent les conditions du cahier<br />

<strong>de</strong>s charges (let. d).<br />

L’enregistrement d’une indication géographique selon l’art. 50a n’empêche pas le<br />

groupement <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Conseil fédéral l’adoption d’une ordonnance selon<br />

l’art. 50, al. 2, LPM, et et cette <strong>de</strong>rnière n’empêche pas une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> première. Lorsqu’une <strong>protection</strong> est recherchée <strong>à</strong> l’étranger, ce cumul<br />

peut être très utile car il permet aux producteurs concernés d’invoquer l’instrument<br />

le plus proche <strong>de</strong> ce que connaît <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion nationale du pays étranger, ce qui<br />

maximise les chances d’obtenir une <strong>protection</strong> équivalente dans ce pays. Les conditions<br />

d’utilisation <strong>de</strong> l’indication géographique <strong>de</strong>vront alors être i<strong>de</strong>ntiques dans le<br />

cahier <strong>de</strong>s charges et dans l’ordonnance du Conseil fédéral. Si l’organisation faîtière<br />

d’une branche économique au bénéfice d’une ordonnance du Conseil fédéral au sens<br />

<strong>de</strong> l’art. 50, al. 2 <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’inscription au registre <strong>de</strong> l’indication géographique<br />

faisant l’objet <strong>de</strong> l’ordonnance, <strong>la</strong> procédure d’enregistrement sera en principe plus<br />

rapi<strong>de</strong> puisque les critères retenus auront déj<strong>à</strong> été scrupuleusement examinés lors <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> procédure d’adoption <strong>de</strong> l’ordonnance.<br />

60 FF 2007 3677<br />

7777


L’art. 50a, al. 3, est <strong>la</strong> base légale qui permet <strong>à</strong> l’IPI <strong>de</strong> prélever <strong>de</strong>s taxes. En raison<br />

<strong>de</strong> son statut d’établissement <strong>de</strong> droit public indépendant, l’IPI est géré indépendamment<br />

du budget fédéral. Il lui est donc indispensable <strong>de</strong> pouvoir prélever <strong>de</strong>s<br />

taxes dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d’enregistrement d’une indication géographique<br />

ainsi que pour <strong>la</strong> gestion du registre (voir également <strong>la</strong> base légale existante <strong>à</strong><br />

l’art. 13, al. 1, LIPI). A titre comparatif, <strong>de</strong> nombreux pays, appliquant les modèles<br />

<strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion établis par l’Organisation Mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété Intellectuelle<br />

(OMPI) prélèvent <strong>de</strong>s taxes pour l’enregistrement <strong>de</strong>s indications géographiques.<br />

L’art. 50a, al. 4, reprend l’art. 16, al. 3, LAgr.<br />

L’art. 50a, al. 5, est en substance simi<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> l’art. 16, al. 6, LAgr, même si sa formu<strong>la</strong>tion<br />

est légèrement différente. Tout comme cette disposition, il reprend le contenu<br />

<strong>de</strong> l’art. 24, ch. 5, <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC, en posant le principe suivant: celui qui<br />

utilise une indication géographique enregistrée pour <strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntiques ou<br />

comparables doit remplir les exigences du cahier <strong>de</strong>s charges visé <strong>à</strong> l’art. 50a, al. 2.<br />

La disposition fait référence aux produits i<strong>de</strong>ntiques et produits comparables, c’est<strong>à</strong>-dire<br />

ceux qui, par leur nom, leur type, leur forme ou leur présentation prêtent <strong>à</strong><br />

confusion avec les produits d’origine et dont le consommateur moyen peut croire<br />

qu’ils proviennent du lieu réputé et qu’ils ont, le cas échéant, les qualités ou caractéristiques<br />

correspondantes fixées dans le cahier <strong>de</strong>s charges. La notion <strong>de</strong> «produit<br />

comparable» doit donc être comprise <strong>de</strong> façon très étroite. Cette expression a le<br />

même sens que celle <strong>de</strong> «produit simi<strong>la</strong>ire»figurant <strong>à</strong> l’art. 16, al. 6, LAgr, ce qui<br />

permet d’éviter tout rapprochement avec <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> «produit simi<strong>la</strong>ire» <strong>de</strong> l’art. 3<br />

LPM, dont <strong>la</strong> signification est plus <strong>la</strong>rge61. A titre d’exemple, en application <strong>de</strong><br />

l’art. 16, al. 6, LAgr, celui qui utilise <strong>la</strong> dénomination «Gruyère» pour du <strong>la</strong>it n’est<br />

pas tenu <strong>de</strong> respecter le cahier <strong>de</strong>s charges, car «Gruyère» est une appel<strong>la</strong>tion<br />

d’origine enregistrée pour du fromage, et le <strong>la</strong>it n’est pas considéré comme un<br />

produit comparable au fromage. Si une notion plus <strong>la</strong>rge que celle <strong>de</strong> «produit<br />

comparable» était retenue, ce<strong>la</strong> porterait préjudice aux producteurs ou aux fabricants<br />

d’autres produits installés dans <strong>la</strong> région en question, car ils pourraient se voir<br />

empêchés d’user d’une indication <strong>de</strong> provenance exacte.<br />

Afin d’être conforme <strong>à</strong> l’art. 24, ch. 5, <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC, le principe <strong>de</strong><br />

l’art. 50a, al. 5, souffre une exception si les conditions suivantes sont réunies:<br />

– Une marque i<strong>de</strong>ntique ou simi<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> l’indication géographique doit avoir<br />

été enregistrée <strong>de</strong> bonne foi ou acquise <strong>de</strong> bonne foi. La disposition vise<br />

donc les marques i<strong>de</strong>ntiques et les marques pour lesquelles il existe un risque<br />

<strong>de</strong> confusion62 avec l’indication géographique enregistrée. Le critère <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> bonne foi fait référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> l’indication géographique63. Dès l’instant où le déposant <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque a connaissance <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong><br />

l’indication géographique, il n’est plus <strong>de</strong> bonne foi. Ce<strong>la</strong> sera par exemple<br />

le cas lorsque le déposant a connaissance <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’indication géographique<br />

par les producteurs du lieu en question ou par les distributeurs ou<br />

les commerçants pour i<strong>de</strong>ntifier un produit ayant <strong>la</strong> provenance géographi-<br />

61 La notion <strong>de</strong> «produit comparable» est également utilisée en droit communautaire. Voir<br />

l’art. 14 du règlement (CE) 510/2006 qui renvoie <strong>à</strong> l’art. 13 du même règlement.<br />

62 Voir art. 3 LPM et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce qui s’y rapporte.<br />

63 Voir ch. 1.1 où il est rappelé que <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance, donc<br />

également <strong>de</strong>s indications géographiques, est indépendante <strong>de</strong> tout enregistrement ou <strong>de</strong><br />

tout titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong>.<br />

7778


que correspondante. Il y a également absence <strong>de</strong> bonne foi lorsque le déposant<br />

a connaissance du fait que le dépôt <strong>de</strong> l’indication géographique a été<br />

effectué dans le pays d’origine. L’indication re<strong>la</strong>tive aux marques acquises<br />

par une utilisation <strong>de</strong> bonne foi fait référence aux marques notoires, dont <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> existe indépendamment d’un enregistrement (voir art. 3 LPM) 64.<br />

– L’enregistrement <strong>de</strong> bonne foi <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque ou son acquisition <strong>de</strong> bonne foi<br />

doit avoir eu lieu avant le 1er janvier 1996 ou avant que <strong>la</strong> dénomination <strong>de</strong><br />

l’indication géographique enregistrée n’ait été protégée dans le pays<br />

d’origine. Le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’indication géographique n’est pas<br />

rattaché <strong>à</strong> un acte bien défini. Il incombe au groupement <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

prouver, en cas <strong>de</strong> litige <strong>sur</strong> l’emp<strong>loi</strong> d’une indication géographique, <strong>de</strong>puis<br />

quand celle-ci est protégée par les art. 47 ss LPM. Il peut le faire par le biais<br />

<strong>de</strong> divers documents (publicités, factures, etc.) prouvant l’existence <strong>de</strong><br />

l’indication <strong>de</strong>puis une pério<strong>de</strong> déterminée. Il peut également mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

certains faits (communications dans les médias, publicité, etc.) qui<br />

indiquent que le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong>vait avoir connaissance <strong>de</strong> l’usage<br />

<strong>de</strong> l’indication géographique.<br />

– La marque ne doit pas être nulle ou faire l’objet d’une déchéance.<br />

Les conditions fixées par l’art. 50a, al. 5, s’appliquent également <strong>à</strong> <strong>la</strong> marque géographique,<br />

obtenue <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’indication géographique inscrite au registre<br />

conformément <strong>à</strong> l’art. 50a. Autrement dit, le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque géographique,<br />

tout comme le bénéficiaire <strong>de</strong> l’indication géographique correspondante inscrite au<br />

registre <strong>de</strong> l’art. 50a ne peut pas interdire au titu<strong>la</strong>ire d’une marque antérieure<br />

d’utiliser celle-ci si elle remplit les conditions d’exception.<br />

Selon l’art. 50a, al. 5, quiconque utilise une indication géographique enregistrée<br />

pour un produit i<strong>de</strong>ntique ou comparable doit remplir les exigences du cahier <strong>de</strong>s<br />

charges visé <strong>à</strong> l’art. 50a, al. 2, let. b. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle l’art. 50a, al. 6,<br />

prévoit que <strong>la</strong> procédure d’examen d’une marque qui contient une indication géographique<br />

i<strong>de</strong>ntique ou simi<strong>la</strong>ire65 <strong>à</strong> celle qui fait l’objet d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement<br />

doit être suspendue jusqu’<strong>à</strong> l’entrée en force <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision re<strong>la</strong>tive <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement <strong>de</strong> l’indication géographique. La marque dont il est<br />

question doit contenir une indication géographique i<strong>de</strong>ntique ou simi<strong>la</strong>ire <strong>à</strong><br />

l’indication géographique déposée et porter <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntiques ou comparables<br />

(voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 50a, al. 5). Une fois <strong>la</strong> décision re<strong>la</strong>tive <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’enregistrement <strong>de</strong> l’indication géographique entrée en force, <strong>la</strong> suspension est<br />

levée et <strong>la</strong> marque peut être enregistrée, avec <strong>la</strong> limitation adéquate si l’indication<br />

géographique a été enregistrée (voir ci-<strong>de</strong>ssous). Une disposition analogue <strong>à</strong><br />

l’art. 50a, al. 6, P-LPM est inscrite <strong>à</strong> l’art. 16, al. 5bis, LAgr.<br />

En vertu <strong>de</strong> l’art. 50a, al. 7, lorsqu’une indication géographique est enregistrée, <strong>la</strong><br />

marque contenant cette indication peut être enregistrée pour <strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntiques<br />

ou comparables, mais <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> ces produits doit être limitée <strong>à</strong> l’indication<br />

géographique définie dans le cahier <strong>de</strong>s charges. Voici un exemple concret, fondé<br />

64 A noter que l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou l’indication géographique ne peut pas être<br />

enregistrée lorsque cet enregistrement est <strong>de</strong> nature <strong>à</strong> induire le consommateur en erreur<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> véritable i<strong>de</strong>ntité du produit, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> renommée d’une marque antérieure, <strong>de</strong><br />

sa notoriété et <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> son usage (panel OMC USA-Communautés européennes du<br />

15 mars 2005, WT/DS174/R).<br />

65 Voir art. 3 LPM et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce qui s’y rapporte.<br />

7779


<strong>sur</strong> <strong>la</strong> disposition parallèle <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr: une marque qui contient <strong>la</strong> dénomination<br />

«Gruyère» ne peut être enregistrée que si le titu<strong>la</strong>ire accepte qu’il soit mentionné<br />

dans le registre <strong>de</strong>s marques que sa marque est enregistrée pour du fromage<br />

bénéficiant <strong>de</strong> l’AOC «Gruyère». La pratique <strong>de</strong>s limitations ne concerne pas uniquement<br />

les marques contenant <strong>de</strong>s indications géographiques enregistrées, mais<br />

toutes les indications <strong>de</strong> provenance (art. 47 LPM). Cette pratique a été rappelée et<br />

confirmée pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fois dans <strong>la</strong> décision «Colorado» 66 du Tribunal fédéral.<br />

L’art. 50a, al. 8, reprend l’actuel art. 16, al. 7, LAgr. Lorsqu’un lieu est réputé pour<br />

<strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong> certains produits, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications géographiques doit<br />

permettre <strong>de</strong> lutter contre l’utilisation <strong>de</strong> ce nom <strong>de</strong> lieu pour <strong>de</strong>s produits i<strong>de</strong>ntiques<br />

ou comparables qui n’en sont pas originaires ou qui n’ont pas les caractéristiques ou<br />

les qualités fixées dans le cahier <strong>de</strong>s charges (même s’ils ont <strong>la</strong> bonne origine) et non<br />

contre l’usage <strong>de</strong> ce nom <strong>de</strong> lieu pour d’autres produits – non comparables – qui en<br />

proviennent effectivement.<br />

2.1.4 Renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve<br />

Art. 51a (nouveau) Renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve<br />

Le projet permet <strong>de</strong> déterminer avec plus <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté quand une indication <strong>de</strong> provenance<br />

est inexacte (art. 47, al. 3, let. a, LPM), ce qui en rend l’usage illicite. En cas<br />

<strong>de</strong> litige en matière civile, il appartient au <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> prouver que l’usage effectué<br />

par le défen<strong>de</strong>ur est illicite (règle générale <strong>de</strong> l’art. 8 CC). Il est presque toujours<br />

difficile, voire impossible, pour le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> prouver que le défen<strong>de</strong>ur – c’est-<strong>à</strong>dire<br />

le producteur qui seul a connaissance <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrication du produit –<br />

ne respecte pas les critères <strong>de</strong>s art. 48 ss. L’art. 51a tient compte <strong>de</strong> cette difficulté<br />

procédurale et exige du défen<strong>de</strong>ur qu’il fournisse les éléments qui permettent <strong>de</strong><br />

déterminer si l’indication <strong>de</strong> provenance est exacte, autrement dit qu’il prouve qu’il<br />

respecte les conditions <strong>de</strong>s art. 48 ss ou ceux fixés dans les éventuelles ordonnances<br />

applicables aux branches. Si le défen<strong>de</strong>ur n’apporte pas ces éléments, le juge doit<br />

considérer que l’utilisation est illicite. L’inscription <strong>de</strong> cette disposition dans <strong>la</strong> LPM<br />

est nécessaire car <strong>la</strong> disposition simi<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> LCD (art. 13a), s’applique uniquement<br />

dans le cadre <strong>de</strong> publicités et ne couvre donc pas les litiges portant <strong>sur</strong> une<br />

indication <strong>de</strong> provenance en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute publicité. En outre, elle prévoit un<br />

renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve facultatif et non pas systématique.<br />

Le respect du secret <strong>de</strong> fabrication ou d’affaires doit toujours être garanti, même en<br />

cas d’application <strong>de</strong> l’art. 51a. Ce point est déj<strong>à</strong> réglé par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure<br />

civile67 (art. 156) et par le co<strong>de</strong> procédure pénale68 (art. 102, al. 1), <strong>de</strong> sorte qu’il est<br />

superflu d’introduire une disposition en ce sens dans <strong>la</strong> LPM.<br />

66 ATF 132 III 770 ss; voir également TF, sic! 2006, p. 677 «Fischmanufaktur Deutsche<br />

See».<br />

67 FF 2009 21<br />

68 FF 2007 6583<br />

7780


2.1.5 Qualité pour agir <strong>de</strong>s autorités<br />

Art. 56 Qualité pour agir <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s organisations<br />

<strong>de</strong> consommateurs et <strong>de</strong>s autorités<br />

Pour les raisons évoquées plus haut (voir ch. 1.4.1), le projet prévoit <strong>de</strong> conférer aux<br />

autorités un droit limité pour intenter <strong>de</strong>s actions civiles lorsque <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance inexactes sont employées. L’al. 1 précise que les autorités ne possè<strong>de</strong>nt<br />

pas un droit illimité d’agir en justice. Leur droit se limite aux prétentions (indépendamment<br />

<strong>de</strong> toute faute) en constatation d’un droit ou d’un rapport juridique (art. 52<br />

LPM) et aux actions en cessation ou en suppression d’une vio<strong>la</strong>tion ou d’une information<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> produits vio<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s droits (art. 55, al. 1, LPM). Par<br />

ailleurs, les autorités ne peuvent saisir <strong>la</strong> justice que si les signes concernés revêtent<br />

un intérêt particulier pour <strong>la</strong> Confédération ou les cantons. Selon <strong>la</strong> let. c, <strong>la</strong> Confédération<br />

doit pouvoir intervenir en particulier lorsque sont utilisés <strong>de</strong>s désignations<br />

ou <strong>de</strong>s symboles qui renvoient au territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Il s’agit en première<br />

ligne <strong>de</strong> désignations comme «Suisse», «suisse» ou «Swiss ma<strong>de</strong>», ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix et du drapeau suisses, dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où ils peuvent être employés comme<br />

indication <strong>de</strong> provenance, mais aussi <strong>de</strong> désignations comme «Helvetia» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

représentation <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Tell.<br />

La qualité pour agir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération est exercée par l’IPI, auquel incombe<br />

l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM conformément <strong>à</strong> l’art. 2, al. 1, let. b, LIPI. L’IPI assume les<br />

risques (usuels) supportés par <strong>la</strong> partie civile. Cette prérogative n’est pas incompatible<br />

avec les autres tâches qu’il exerce en tant qu’autorité d’enregistrement <strong>de</strong>s<br />

marques. A ce titre, l’IPI examine, dans le cadre <strong>de</strong>s motifs absolus d’exclusion au<br />

sens <strong>de</strong> l’art. 2, let. c, LPM, si les indications <strong>de</strong> provenance risquent d’induire en<br />

erreur; mais cet examen ne se fait que <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement (et<br />

non en considération <strong>de</strong> l’usage réel) et dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> déterminer si <strong>la</strong><br />

marque déposée mérite d’être protégée par rapport <strong>à</strong> d’autres signes. Si l’IPI inscrit<br />

au registre une marque comportant une indication <strong>de</strong> provenance géographique, en<br />

limitant ou non les produits et les services <strong>à</strong> une certaine provenance, ce<strong>la</strong> signifie<br />

qu’il considère comme licite l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque conforme a ce qu’il a enregistré.<br />

Dans l’éventualité d’un procès civil, le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque pourrait lui reprocher<br />

cette appréciation. En revanche, si <strong>la</strong> marque n’est pas employée conformément <strong>à</strong><br />

son enregistrement (notamment pour <strong>de</strong>s produits d’une autre provenance), l’IPI<br />

pourrait saisir <strong>la</strong> justice. Dans le <strong>de</strong>ux cas, l’IPI ne serait plus considéré comme<br />

l’autorité qui rend <strong>de</strong>s décisions en matière d’enregistrement, mais comme une<br />

partie civile. Le fait qu’il applique dans tous les cas, c’est-<strong>à</strong>-dire aussi bien en tant<br />

qu’autorité d’enregistrement qu’en tant que partie civile dans un procès civil, les<br />

mêmes normes et principes dans l’appréciation du risque <strong>de</strong> tromperie induit par <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> provenance est voulu et vise <strong>à</strong> favoriser une application uniforme du<br />

droit. L’IPI n’est cependant pas lié par son comportement en sa qualité <strong>de</strong> partie<br />

civile dans sa pratique en matière d’enregistrement <strong>de</strong>s marques. La simple possibilité<br />

(et non l’obligation) pour l’IPI <strong>de</strong> saisir <strong>la</strong> justice lui permet <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>à</strong> une<br />

pondération <strong>de</strong>s intérêts avant d’intenter une action. Le fait qu’il ne saisisse pas <strong>la</strong><br />

justice dans un cas particulier ne comporte aucune implication pour sa pratique<br />

d’enregistrement.<br />

La let. d règle <strong>de</strong> manière analogue <strong>la</strong> qualité pour agir <strong>de</strong>s cantons.<br />

7781


L’al. 3 précise que le droit cantonal doit déterminer quelle autorité est compétente<br />

pour agir en justice.<br />

2.1.6 Dispositions pénales<br />

Art. 61, al. 1, let. b<br />

Le projet prévoit d’insérer <strong>à</strong> <strong>la</strong> let. b <strong>de</strong> l’al. 1 <strong>la</strong> notion d’entreposage en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong> mise en circu<strong>la</strong>tion. La teneur <strong>de</strong> cette disposition met ainsi en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> cohérence<br />

matérielle entre les infractions et les vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits exclusifs énumérés <strong>à</strong><br />

l’art. 13, al. 2, LPM69. Il n’y a aucune raison objective <strong>de</strong> considérer l’entreposage<br />

comme un fait moins répréhensible que par exemple le transit. La solution proposée<br />

correspond d’ailleurs aux réglementations inscrites dans <strong>la</strong> LBI et <strong>la</strong> LDes, aux<br />

termes <strong>de</strong>squelles l’entreposage est considéré comme un acte punissable (voir art. 81<br />

en re<strong>la</strong>tion avec les art. 66 et 8, al. 2, LBI; art. 41 en re<strong>la</strong>tion avec l’art. 9, al. 1,<br />

LDes). Cette <strong>modification</strong>, permet ainsi <strong>de</strong> tendre vers une plus gran<strong>de</strong> homogénéité<br />

avec les autres <strong>loi</strong>s régissant les biens immatériels.<br />

Au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong> cette <strong>modification</strong>, il est prévu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>à</strong> quelques adaptations purement<br />

terminologiques <strong>à</strong> <strong>la</strong> nouvelle LD, lesquelles n’ont aucune inci<strong>de</strong>nce matérielle<br />

(voir ch. 2.1.7.2).<br />

Art. 62, al. 3<br />

Le projet prévoit d’abroger l’al. 3. Avant <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LBI en 2007, l’importation,<br />

l’exportation, le transit et l’entreposage <strong>de</strong> marchandises portant atteinte <strong>à</strong> une<br />

marque n’étaient pas considérés comme <strong>de</strong>s actes punissables en tant que tels. Pour<br />

le <strong>de</strong>venir, ils <strong>de</strong>vaient se faire dans un but <strong>de</strong> tromperie. Les actes énumérés <strong>à</strong><br />

l’al. 3, qui sont assimi<strong>la</strong>bles <strong>à</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> complicité, n’étaient pas considérés comme <strong>de</strong>s<br />

infractions autonomes, ce qui simplifiait les poursuites pénales dans les cas où les<br />

auteurs principaux se trouvaient <strong>à</strong> l’étranger. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LBI en 2007,<br />

l’importation, l’exportation et le transit ont été réévalués, élevés au rang d’infractions<br />

autonomes et inscrits en tant que tels <strong>à</strong> l’art. 61, al. 1, LPM. En proposant<br />

d’ajouter l’entreposage dans cette norme pénale (voir art. 61 P-LPM), il n’est plus<br />

possible <strong>de</strong> prêter assistance <strong>à</strong> l’auteur d’une vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> marque sans porter soimême<br />

atteinte <strong>à</strong> <strong>la</strong> marque. Les sanctions pour vio<strong>la</strong>tion d’une marque étant toutefois<br />

plus lour<strong>de</strong>s que celles prévues en cas <strong>de</strong> complicité d’usage frauduleux d’une<br />

marque, les infractions énumérés <strong>à</strong> l’art. 62, al. 3, ne peuvent pas être considérées<br />

comme une forme qualifiée <strong>de</strong> <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion d’une marque. Cette disposition peut<br />

donc être abrogée.<br />

Art. 64 Usage d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes<br />

Pour les motifs évoqués plus haut (voir ch. 1.4.1), le projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong> prévoit<br />

<strong>de</strong> poursuivre d’office non seulement l’usage par métier d’indications <strong>de</strong> provenance<br />

inexactes, mais aussi tout emp<strong>loi</strong> intentionnel. L’al. 1 ne prévoit donc plus<br />

l’obligation <strong>de</strong> déposer p<strong>la</strong>inte puisque cette infraction sera poursuivie d’office.<br />

Cette <strong>modification</strong> n’entraîne pas un durcissement <strong>de</strong>s peines, car il n’est pas<br />

69 Voir aussi FF 2006 1, p. 125.<br />

7782


procédé <strong>à</strong> une nouvelle appréciation du <strong>de</strong>gré objectif du comportement délictuel;<br />

elle vise uniquement <strong>à</strong> simplifier les poursuites judiciaires dans l’intérêt public. Les<br />

peines correspon<strong>de</strong>nt <strong>à</strong> celles prévues pour les cas d’utilisation abusive <strong>de</strong> signes<br />

publics, qui sont poursuivis d’office (voir commentaire <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> l’art. 28, al. 1,<br />

P-LPASP; ch. 2.2.5.9).<br />

En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3, let. c, <strong>la</strong> disposition prévoit que<br />

l’utilisation d’une raison <strong>de</strong> commerce est susceptible <strong>de</strong> créer un risque <strong>de</strong> tromperie.<br />

L’al. 2 est modifié pour reprendre <strong>la</strong> nouvelle formu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’al. 1.<br />

L’al. 3 autorise l’IPI <strong>à</strong> dénoncer une infraction auprès <strong>de</strong>s autorités cantonales <strong>de</strong><br />

poursuite pénale compétente. L’inscription, dans <strong>la</strong> LPM, du droit <strong>de</strong> dénoncer<br />

prévu par l’art. 301, al. 1, CPP procè<strong>de</strong> du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> légalité en droit administratif.<br />

Conformément <strong>à</strong> l’art. 104, al. 2, CPP, <strong>la</strong> Confédération peut par ailleurs reconnaître<br />

<strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> partie, avec tous les droits ou <strong>de</strong>s droits limités, <strong>à</strong> d’autres autorités<br />

chargées <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s intérêts publics. S’agissant <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong> d’indications<br />

<strong>de</strong> provenance inexactes, il reconnaît cette qualité <strong>à</strong> l’IPI, auquel incombe l’exécution<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM (voir art. 2, al. 2, let. b, LIPI). Le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure pénale ne spécifiant<br />

pas <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> «qualité <strong>de</strong> partie, avec tous les droits ou <strong>de</strong>s droits limités», il<br />

faut régler dans <strong>la</strong> LPM quels droits sont concrètement conférés <strong>à</strong> l’IPI. Il s’agit <strong>de</strong>s<br />

mêmes droits que le CPP confère <strong>à</strong> <strong>la</strong> partie p<strong>la</strong>ignante et, <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong>s droits les<br />

plus étendus pouvant être exercés par une partie tierce dans une procédure pénale,<br />

outre ceux appartenant au prévenu. Il s’agit en premier lieu <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> participation<br />

fondés par le droit d’être entendu conformément <strong>à</strong> l’art. 107 CPP et <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité<br />

<strong>de</strong> faire recours contre <strong>de</strong>s ordonnances <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement (art. 322, al. 2, CPP) et<br />

<strong>de</strong>s décisions (art. 382, al. 1, CPP).<br />

2.1.7 Autres points <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision<br />

2.1.7.1 Document <strong>de</strong> priorité<br />

Art. 9, al. 1<br />

Peu satisfaisante, l’obligation imposée au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> produire un document <strong>de</strong><br />

priorité doit être supprimée, d’une part, parce qu’elle ne permet pas <strong>de</strong> garantir que<br />

<strong>la</strong> priorité est effectivement tirée du premier dépôt effectué <strong>à</strong> l’étranger et non d’un<br />

dépôt postérieur également effectué <strong>à</strong> l’étranger et, d’autre part, parce qu’elle représente<br />

pour le déposant un obstacle administratif au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

d’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Elle génère en outre une charge <strong>de</strong> travail supplémentaire<br />

pour l’IPI qui doit contrôler avoir bien reçu le document <strong>de</strong> priorité.<br />

Si <strong>la</strong> remise d’un document <strong>de</strong> priorité n’est plus obligatoire, l’IPI gar<strong>de</strong> cependant<br />

<strong>la</strong> possibilité d’exiger sa remise, afin <strong>de</strong> pouvoir traiter les cas peu c<strong>la</strong>irs.<br />

7783


2.1.7.2 Adaptations terminologiques <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les douanes<br />

Art. 13, al. 2, let. d, et 2bis; 61, al. 1, let. b; 62, al. 3; 70, al. 1; 71, al. 1; 72, al. 1<br />

Les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM faisant référence aux notions d’importation, d’exportation<br />

et <strong>de</strong> transit doivent être modifiées du fait <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle<br />

LD (art. 6). De nature purement formelle, cette <strong>modification</strong> qui consiste <strong>à</strong> reprendre<br />

<strong>la</strong> terminologie <strong>de</strong>s douanes vise <strong>à</strong> uniformiser les définitions <strong>de</strong>s notions<br />

d’importation, d’exportation et <strong>de</strong> transit utilisées dans le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle<br />

avec celui <strong>de</strong>s douanes et <strong>à</strong> éviter que <strong>de</strong>s divergences terminologiques<br />

entre les <strong>de</strong>ux légis<strong>la</strong>tions ne créent une insécurité juridique pouvant <strong>la</strong>isser supposer<br />

que <strong>de</strong>s termes différents recouvrent <strong>de</strong>s concepts différents.<br />

L’art. 61, al. 1, let. b est légèrement remanié pour inclure l’entreposage figurant<br />

actuellement <strong>à</strong> l’art. 62, al. 3, qui est abrogé. Cette <strong>modification</strong> permet <strong>de</strong> supprimer<br />

un doublon susceptible <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> portée respective <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux dispositions.<br />

2.1.7.3 Division <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> l’enregistrement<br />

Art. 17a, al. 1 Division <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> l’enregistrement<br />

L’exigence <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme écrite pour requérir <strong>la</strong> division <strong>de</strong> l’enregistrement ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

marque restreint <strong>la</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre <strong>de</strong> l’IPI et ne lui permet notamment pas<br />

d’accepter une requête transmise au moyen d’un courrier électronique. Cette exigence<br />

doit donc être supprimée. L’art. 6, al. 3, <strong>de</strong> l’ordonnance du 23 décembre 1992<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques (OPM) contient déj<strong>à</strong> une règle permettant <strong>à</strong> l’IPI <strong>de</strong><br />

supprimer l’exigence <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature – et donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme écrite – lorsqu’il l’estime<br />

justifié.<br />

2.1.7.4 Communication <strong>de</strong>s décisions et <strong>de</strong>s ordonnances<br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement<br />

Art. 54 Communication <strong>de</strong>s décisions et <strong>de</strong>s ordonnances <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement<br />

L’art. 63 <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC oblige tous les pays membres <strong>de</strong> l’OMC, dont <strong>la</strong><br />

Suisse, <strong>à</strong> être prêts <strong>à</strong> fournir au secrétariat <strong>de</strong> l’OMC <strong>de</strong>s données statistiques <strong>sur</strong> les<br />

jugements rendus <strong>sur</strong> leur territoire dans le domaine du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle.<br />

L’IPI se verra conférer, selon le projet <strong>de</strong> révision légis<strong>la</strong>tive, un droit limité<br />

d’intenter <strong>de</strong>s actions civiles lorsque <strong>la</strong> Confédération est concernée par l’emp<strong>loi</strong><br />

d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes ou l’usage illicite <strong>de</strong> signes publics (voir<br />

commentaires <strong>de</strong>s art. 56 P-LPM, et <strong>de</strong> l’art. 27 P-LPASP).<br />

Pour ces raisons, l’IPI doit être informé sans dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> toutes les décisions qui ont été<br />

rendues dans le domaine <strong>de</strong>s marques, <strong>de</strong>s indications géographiques et <strong>de</strong>s signes<br />

publics. «Dès qu’elles ont été rendues» signifie que les décisions en question doivent<br />

être communiquées <strong>à</strong> l’IPI immédiatement et non pas seulement une fois qu’elles<br />

sont exécutoires.<br />

7784


L’art. 54 prévoit par conséquent une obligation légale <strong>de</strong> communiquer les décisions<br />

civiles (pour <strong>la</strong> terminologie, voir art. 236 ss et 241 ss CPC). L’ordonnance du<br />

10 novembre 2004 rég<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> communication <strong>de</strong>s décisions pénales prises par les<br />

autorités cantonales 70 régit <strong>la</strong> communication <strong>de</strong>s jugements pénaux. Conformément<br />

aux art. 3, ch. 5, et 7 <strong>de</strong> cette ordonnance, les autorités cantonales sont tenues <strong>de</strong><br />

communiquer sans dé<strong>la</strong>i <strong>à</strong> l’IPI tous les jugements rendus en application <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPAP. Cette ordonnance et l’art. 54 garantissent que l’IPI soit informé <strong>de</strong><br />

toutes les procédures civiles et pénales concernant <strong>de</strong>s marques, <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance, <strong>de</strong>s armoiries et d’autres signes publics, en particulier <strong>de</strong>s décisions<br />

d’irrecevabilité, <strong>de</strong>s décisions inci<strong>de</strong>ntes et <strong>de</strong>s décisions ordonnant <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es<br />

provisionnelles au sens du CPC et <strong>de</strong>s décisions <strong>sur</strong> l’irrecevabilité et <strong>de</strong>s ordonnances<br />

<strong>de</strong> non-entrée en matière au sens du CPP; les décisions inci<strong>de</strong>ntes et les ordonnances<br />

<strong>de</strong> procédure, par contre, ne doivent pas être obligatoirement communiquées.<br />

Toutes les conditions sont ainsi réunies pour permettre <strong>à</strong> l’IPI d’examiner dans les<br />

dé<strong>la</strong>is <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire recours contre une décision (par le biais du ministère<br />

public <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération en cas <strong>de</strong> jugements pénaux cantonaux).<br />

2.1.7.5 Procédure simplifiée <strong>de</strong> radiation pour non-usage<br />

Plusieurs participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation ont souhaité que <strong>la</strong> LPM prévoie une procédure<br />

simplifiée <strong>de</strong> radiation pour non-usage <strong>de</strong>vant l’IPI.<br />

Principe<br />

L’art. 12 LPM constitue le point <strong>de</strong> départ. Celui-ci spécifie que le titu<strong>la</strong>ire qui n’a<br />

pas utilisé <strong>la</strong> marque pour les produits ou les services enregistrés pendant une pério<strong>de</strong><br />

ininterrompue <strong>de</strong> cinq ans ne peut plus faire va<strong>loi</strong>r son droit <strong>à</strong> <strong>la</strong> marque, <strong>à</strong> moins<br />

que le défaut d’usage ne soit dû <strong>à</strong> un juste motif. Bien qu’elle reste inscrite au registre,<br />

une marque frappée du défaut d’usage n’a plus <strong>de</strong> contenu matériel et ne confère<br />

<strong>de</strong> ce fait plus <strong>de</strong> droits. Une marque qui n’est pas utilisée dans le commerce ne<br />

mérite en effet pas d’être protégée et <strong>de</strong>vrait être mise <strong>à</strong> <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s agents<br />

économiques. Or les tiers utilisant un signe simi<strong>la</strong>ire ou désireux <strong>de</strong> le faire enregistrer<br />

comme marque doivent attendre <strong>la</strong> radiation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque pour avoir <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’inexistence du titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong>.<br />

Conformément au droit en vigueur, <strong>la</strong> radiation d’une marque non utilisée doit être<br />

prononcée par un juge civil statuant <strong>sur</strong> une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> correspondante. Bien que <strong>la</strong><br />

<strong>loi</strong> ne prescrive pas explicitement l’action en radiation, celle-ci y figure implicitement<br />

(ATF 130 III 267, consid. 2.2). La <strong>loi</strong> actuelle ne prévoit pas non plus <strong>de</strong><br />

procédure <strong>de</strong> radiation <strong>de</strong>vant l’IPI. Autrement dit, il faut emprunter <strong>la</strong> longue et<br />

coûteuse voie judiciaire même dans les cas manifestes <strong>de</strong> non-usage pour obtenir <strong>la</strong><br />

radiation d’une marque et faire en sorte que celui-ci reflète <strong>à</strong> nouveau <strong>la</strong> réalité<br />

juridique (l’IPI n’était pas habilité <strong>à</strong> radier <strong>la</strong> marque au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause traitée<br />

dans l’ATF 115 II 276, il a fallu inscrire une nouvelle fois <strong>la</strong> société – entre-temps<br />

liquidée – titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque au registre du commerce pour obtenir par <strong>la</strong> voie<br />

judiciaire qu’elle fasse radier <strong>la</strong> marque. L’inscription d’une procédure simplifiée <strong>de</strong><br />

radiation <strong>de</strong>vant l’IPI vise justement <strong>à</strong> éviter ces situations.<br />

70 RS 312.3<br />

7785


Une procédure <strong>de</strong> radiation <strong>de</strong> marques frappées du défaut d’usage <strong>de</strong>vant l’autorité<br />

d’enregistrement existe par exemple en Allemagne et <strong>à</strong> l’Office d’harmonisation<br />

pour le marché intérieur, l’agence <strong>de</strong> l’UE chargée <strong>de</strong> l’enregistrement <strong>de</strong>s marques<br />

communautaires. Devant l’office allemand <strong>de</strong>s marques et <strong>de</strong>s brevets, <strong>la</strong> procédure<br />

s’arrête lorsque le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque fait opposition dans les <strong>de</strong>ux mois <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation; le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit alors recourir <strong>à</strong> <strong>la</strong> justice (par. 53 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong><br />

alleman<strong>de</strong> <strong>sur</strong> les marques) 71. Au niveau européen, le règlement (CE) no 207/2009<br />

prévoit une procédure <strong>à</strong> <strong>de</strong>ux parties avec plusieurs échanges d’écritures (art. 56 et<br />

57) dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque doit apporter <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong><br />

l’usage sérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque (règle 40 du règlement (CE) no 2868/95.<br />

La procédure <strong>de</strong> radiation proposée dans le projet se situe <strong>à</strong> mi-chemin entre ces<br />

<strong>de</strong>ux modèles. A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> ce que prévoit le droit allemand, il ne suffit pas <strong>de</strong><br />

requérir <strong>la</strong> radiation auprès <strong>de</strong> l’autorité d’enregistrement, mais il faut rendre le<br />

défaut d’usage vraisemb<strong>la</strong>ble (voir aussi art. 12, al. 3, LPM). Cette obligation permet<br />

<strong>de</strong> garantir un examen matériel <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation juridique même lorsque le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> marque ne se prononce pas dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure. L’obligation <strong>de</strong> motiver<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> contribue <strong>à</strong> prévenir les requêtes abusives. Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque,<br />

pour sa part, ne peut pas se contenter <strong>de</strong> faire opposition pour que l’autorité<br />

d’enregistrement rejette une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation dûment motivée. Il est tenu, au<br />

contraire, <strong>de</strong> démontrer l’usage sérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque ou l’existence <strong>de</strong> justes motifs<br />

pour son non-usage. A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure européenne, il ne doit pas<br />

apporter <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong> ce qu’il avance, mais il suffit qu’il ren<strong>de</strong> ses allégations vraisemb<strong>la</strong>bles,<br />

conformément <strong>à</strong> <strong>la</strong> nature sommaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure, pour éviter que<br />

l’IPI ne radie <strong>la</strong> marque. L’allègement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve en comparaison <strong>de</strong> ce<br />

que dispose l’art. 12, al. 3, <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase, LPM est justifiée par le fait<br />

que le requérant qui n’obtient pas gain <strong>de</strong> cause peut toujours porter l’affaire <strong>de</strong>vant<br />

un tribunal civil.<br />

Art. 35, let. e<br />

L’art. 35 contient une liste exhaustive <strong>de</strong>s raisons pour lesquelles l’IPI peut radier du<br />

registre une marque enregistrée. Aussi faut-il ajouter <strong>à</strong> <strong>la</strong> let. e <strong>la</strong> radiation <strong>à</strong> <strong>la</strong> suite<br />

<strong>de</strong> l’acceptation d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au sens <strong>de</strong> l’art. 35a.<br />

Art. 35a (nouveau) Deman<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’art. 12, al. 1, LPM, le titu<strong>la</strong>ire ne peut plus faire va<strong>loi</strong>r son droit <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

marque si, <strong>à</strong> compter <strong>de</strong> l’échéance du dé<strong>la</strong>i d’opposition ou, en cas d’opposition, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure, il n’a pas utilisé <strong>la</strong> marque pendant une pério<strong>de</strong> ininterrompue<br />

<strong>de</strong> cinq ans. Avant l’échéance <strong>de</strong> ce dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> carence, il n’est pas possible <strong>de</strong> motiver<br />

va<strong>la</strong>blement une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation pour non-usage. L’al. 2 prévoit donc qu’une<br />

telle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne peut pas être présentée <strong>à</strong> l’IPI avant l’expiration <strong>de</strong> ce dé<strong>la</strong>i.<br />

Pour les enregistrements internationaux (art. 44 ss LPM), le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> carence commence<br />

<strong>à</strong> courir au plus tôt une année <strong>à</strong> compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle le Bureau international<br />

<strong>de</strong> l’OMPI a communiqué l’enregistrement <strong>à</strong> l’IPI s’il s’agit d’un enregistrement<br />

selon l’Arrangement <strong>de</strong> Madrid (voir art. 5, al. 2, AM et règle 18, al. 1,<br />

71 Gesetz über <strong>de</strong>n Schutz von Marken und sonstigen Kennzeichen (<strong>loi</strong> alleman<strong>de</strong> <strong>sur</strong> les<br />

marques du 25 octobre 1994), (BGBl. I p. 3082 (1995, 156); 1996, 682); <strong>de</strong>rnière <strong>modification</strong><br />

datant du 7 juillet 2008 par l’art. 4 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> (BGBl. I p. 1191).<br />

7786


let. a)iii) du RexC); pour les enregistrements internationaux selon le Protocole <strong>de</strong><br />

Madrid, le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> carence commence <strong>à</strong> courir au plus tôt 18 mois <strong>à</strong> compter <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

date <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication (voir art. 5, al. 2, let. b, PM). Si l’IPI notifie un refus<br />

provisoire <strong>de</strong> <strong>protection</strong> durant ces douze ou dix huit mois en invoquant <strong>de</strong>s motifs<br />

absolus d’exclusion ou en raison d’une opposition, le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> carence ne commence<br />

<strong>à</strong> courir qu’au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure correspondante. Le Conseil fédéral réglera les<br />

modalités d’exécution en précisant <strong>la</strong> date <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

radiation d’un enregistrement international pourra être présentée (comme il l’a fait<br />

pour le dé<strong>la</strong>i d’opposition, voir art. 50, al. 1, OPM).<br />

Toute personne peut présenter une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation. Bien qu’il ressorte du<br />

libellé <strong>de</strong> l’art. 52 LPM que <strong>la</strong> personne intentant une action en constatation d’un<br />

droit doit établir qu’elle a un intérêt juridique <strong>à</strong> <strong>la</strong> constatation, les exigences en <strong>la</strong><br />

matière ne sont pas très strictes selon <strong>la</strong> pratique judiciaire. Selon l’ATF 125 III 193<br />

consid. 2.a), toute personne est habilitée <strong>à</strong> invoquer le défaut d’usage; il n’est pas<br />

nécessaire d’établir un intérêt particulier, l’intérêt général <strong>à</strong> ne pas être empêché <strong>à</strong><br />

former librement <strong>de</strong>s signes suite au non-usage <strong>de</strong> marques nulles étant en règle<br />

générale suffisant; ce n’est que dans <strong>de</strong>s circonstances particulières que l’intérêt <strong>à</strong><br />

faire va<strong>loi</strong>r son droit peut faire défaut. Cette raison, <strong>la</strong> nature sommaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

<strong>de</strong> radiation <strong>de</strong>vant l’IPI et le fait que le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque peut empêcher <strong>la</strong><br />

radiation <strong>de</strong> sa marque simplement en rendant vraisemb<strong>la</strong>ble l’usage <strong>de</strong> sa marque<br />

ou l’existence <strong>de</strong> motifs suffisants justifiant le non-usage font qu’il n’est pas nécessaire<br />

<strong>de</strong> démontrer un intérêt particulier.<br />

Selon l’al. 3, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation est réputée déposée dès que <strong>la</strong> taxe perçue en<br />

<strong>la</strong> matière a été payée. Pour fixer le montant <strong>de</strong> cette taxe, l’IPI <strong>de</strong>vra veiller <strong>à</strong><br />

proposer une procédure avantageuse (dans le cadre <strong>de</strong>s principes constitutionnels<br />

généraux); <strong>la</strong> taxe <strong>de</strong>vra néanmoins être suffisamment élevée pour éviter les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

abusives.<br />

Art. 35b (nouveau) Décision<br />

Avant <strong>de</strong> statuer <strong>sur</strong> une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation, l’IPI entend chaque partie <strong>sur</strong> les<br />

allégués <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie adverse (art. 31 PA). Si le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque n’avance pas<br />

ses allégués en temps utile ou ne peut être entendu, notamment parce qu’il n’existe<br />

plus (par ex. en raison d’une liquidation), l’IPI statuera en se fondant <strong>sur</strong> les allégués<br />

avancés par le requérant (art. 32 PA).<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’al. 1, let. a, le requérant doit rendre vraisemb<strong>la</strong>ble le défaut d’usage<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Cette condition correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> première partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase <strong>de</strong><br />

l’art. 12, al. 3, LPM. Il doit présenter <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> preuve appropriés (par ex. <strong>de</strong>s<br />

recherches <strong>sur</strong> l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque) qui permettent <strong>à</strong> l’IPI <strong>de</strong> conclure <strong>à</strong> <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce<br />

du non-usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Le fait que le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque inscrit au<br />

registre n’existe plus constituera indubitablement un indice pour le défaut d’usage.<br />

Si le requérant ne parvient pas <strong>à</strong> démontrer le non-usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque, il <strong>de</strong>vra en<br />

supporter les conséquences. S’il n’est pas en me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> rendre vraisemb<strong>la</strong>ble le<br />

défaut d’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque, l’IPI rejettera sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation.<br />

Le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque a <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> mettre en doute <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce du nonusage<br />

en contestant les preuves produites par le requérant. Selon <strong>la</strong> let. b, il peut<br />

cependant aussi rendre vraisemb<strong>la</strong>ble l’usage <strong>de</strong> sa marque ou l’existence <strong>de</strong> justes<br />

motifs pour le défaut d’usage. L’IPI rejettera <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation s’il estime que<br />

<strong>la</strong> marque a été utilisée pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> prévue dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> – dans ce cas, <strong>la</strong> tenta-<br />

7787


tive <strong>de</strong> rendre le non-usage vraisemb<strong>la</strong>ble aura tout simplement échoué – ou qu’il<br />

existe <strong>de</strong> justes motifs pour le défaut d’usage.<br />

Il suffit que le requérant ren<strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>ble le défaut d’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque en<br />

Suisse. Bien qu’il soit possible <strong>de</strong> faire va<strong>loi</strong>r en Suisse un usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque en<br />

Allemagne conformément <strong>à</strong> l’art. 5, al. 1, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention du 13 avril 1892 entre <strong>la</strong><br />

Suisse et l’Allemagne concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> réciproque <strong>de</strong>s brevets, <strong>de</strong>ssins,<br />

modèles et marques72, cette dérogation au principe <strong>de</strong> territorialité ne peut pas avoir<br />

pour conséquence pour le requérant qu’il doive commencer par rendre vraisemb<strong>la</strong>ble<br />

le défaut d’usage en Allemagne. La convention peut au contraire éventuellement être<br />

invoquée par le titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque pour lui permettre <strong>de</strong> démontrer l’usage <strong>de</strong> sa<br />

marque.<br />

Si le défaut d’usage est rendu vraisemb<strong>la</strong>ble pour une partie seulement <strong>de</strong>s produits<br />

et <strong>de</strong>s services désignés (al. 2), l’IPI admettra <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation pour ces<br />

produits et ces services.<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’al. 3, l’IPI <strong>de</strong>vra déci<strong>de</strong>r, en statuant <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation, si<br />

et dans quelle me<strong>sur</strong>e les frais <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie qui obtient gain <strong>de</strong> cause <strong>de</strong>vront être<br />

supportés par celle qui succombe. Il s’appuiera <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pratique qu’il a développée en<br />

<strong>la</strong> matière dans <strong>la</strong> procédure d’opposition, pour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> LPM prévoit, <strong>à</strong> son art.<br />

34, une disposition i<strong>de</strong>ntique.<br />

La décision <strong>de</strong> l’IPI peut faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal administratif<br />

fédéral (art. 33, let. e, LTAF); les décisions <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier sont sujettes au recours en<br />

matière civile dont connaît le Tribunal fédéral (art. 72, al. 2, let. b, ch. 2, LTF).<br />

Art. 35c (nouveau) Procédure<br />

Comme pour <strong>la</strong> procédure d’opposition, le Conseil fédéral réglera les modalités dans<br />

les prescriptions d’exécution. Il <strong>de</strong>vra notamment déci<strong>de</strong>r <strong>à</strong> quel moment les parties<br />

<strong>de</strong>vront avancer les allégués et fournir les preuves, ainsi que déterminer <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s<br />

allégués et <strong>de</strong>s preuves et les dé<strong>la</strong>is <strong>à</strong> impartir par l’IPI. Le Conseil fédéral <strong>de</strong>vra<br />

également régler <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre procédure d’opposition et procédure <strong>de</strong> radiation<br />

pour le cas où le défen<strong>de</strong>ur allègue le non-usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque antérieure <strong>à</strong> titre<br />

inci<strong>de</strong>nt (voir art. 32 LPM) tout en requérant <strong>la</strong> radiation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque dans le cadre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> radiation.<br />

Art. 41, al. 4, let. e (nouvelle)<br />

Conformément <strong>à</strong> l’art. 41, al. 4, let. e, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure est exclue en cas<br />

d’inobservation du dé<strong>la</strong>i pour former opposition. Dans sa pratique, l’IPI estime qu’il<br />

s’agit d’un motif absolu et exclut par conséquent toute poursuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

d’opposition en cas d’inobservation <strong>de</strong> ce dé<strong>la</strong>i. A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

d’enregistrement d’une marque, <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle ce moyen <strong>de</strong> droit est adapté, <strong>la</strong> procédure<br />

<strong>de</strong> radiation est une procédure <strong>à</strong> <strong>de</strong>ux parties dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> sécurité juridique<br />

constitue un aspect plus important. Du fait que les dé<strong>la</strong>is impartis par l’IPI dans <strong>la</strong><br />

procédure d’opposition et <strong>la</strong> future procédure <strong>de</strong> radiation peuvent être prolongés<br />

(art. 22, al. 2, PA), que l’IPI peut prendre en considération <strong>de</strong>s allégués tardifs s’ils<br />

paraissent décisifs (art. 32, al. 2, PA) et que les parties peuvent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>à</strong> être<br />

restituées si elles ont été empêchées, sans leur faute, d’agir dans le dé<strong>la</strong>i fixé (art. 24,<br />

72 RS 0.232.149.136<br />

7788


al. 1, PA), il n’est pas nécessaire d’inscrire dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> un droit supplémentaire permettant,<br />

indépendamment <strong>de</strong> toute faute, <strong>de</strong> requérir <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure.<br />

C’est pourquoi cette possibilité n’a pas été prévue pour <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> radiation.<br />

2.1.7.6 Intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes<br />

Art. 70, al. 1, et 71, al. 1<br />

Afin que les parties habilitées <strong>à</strong> intenter une action conformément <strong>à</strong> l’art. 56 puissent<br />

effectivement le faire, elles doivent pouvoir requérir l’intervention <strong>de</strong> l’Administration<br />

<strong>de</strong>s douanes et faire retenir <strong>à</strong> <strong>la</strong> douane <strong>de</strong>s produits munis illicitement d’une<br />

indication <strong>de</strong> provenance.<br />

2.1.7.7 Adaptations formelles<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

2.2 Autres <strong>loi</strong>s fédérales<br />

2.2.1 Loi fédérale du 24 mars 1995 <strong>sur</strong> le statut et<br />

les tâches <strong>de</strong> l’Institut Fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> Propriété<br />

Intellectuelle<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

L’art. 2, al. 1, let. f, LIPI prévoit que l’IPI participe <strong>à</strong> <strong>la</strong> coopération technique dans<br />

le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle. Selon le message <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> cette <strong>loi</strong>, ce<br />

<strong>de</strong>rnier peut aussi réaliser lui-même <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> coopération technique. 73 Ce n’est<br />

qu’en 2007 que l’IPI a commencé <strong>à</strong> initier seul une poignée <strong>de</strong> projets qui<br />

s’inscrivent dans son domaine <strong>de</strong> compétence. Or, <strong>la</strong> pratique a montré que, dans<br />

l’accomplissement <strong>de</strong> cette tâche, il doit être habilité, comme d’autres services<br />

fédéraux actifs dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération au développement et pour <strong>de</strong>s<br />

raisons d’efficacité, <strong>à</strong> négocier et <strong>à</strong> conclure <strong>de</strong>s traités internationaux d’une portée<br />

temporelle et matérielle limitée permettant <strong>de</strong> régler avec l’Etat partenaire les modalités<br />

<strong>de</strong> ces projets. L’IPI ne disposant pour l’heure pas d’un tel droit, <strong>la</strong> modifica-<br />

73 «Dans ce domaine, seul ou en col<strong>la</strong>boration avec d’autres organisations nationales<br />

et internationales, il pourra notamment apporter assistance et conseil; …»,<br />

voir FF 1994 III 981.<br />

7789


tion <strong>de</strong> l’art. 2, al. 3bis, LIPI vise <strong>à</strong> inscrire cette délégation <strong>de</strong> compétence dans <strong>la</strong><br />

<strong>loi</strong>.<br />

Du point <strong>de</strong> vue du champ d’application matériel, <strong>la</strong> compétence se limite <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />

projets dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle pouvant être autofinancés par<br />

l’IPI. Il n’y aura donc en règle générale pas <strong>de</strong> chevauchement avec <strong>de</strong>s compétences<br />

analogues exercées par d’autres services fédéraux comme <strong>la</strong> Direction du développement<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération, le Département fédéral <strong>de</strong>s affaires étrangères et le<br />

Secrétariat d’Etat <strong>à</strong> l’Economie du Département fédéral <strong>de</strong> l’économie. Cette disposition<br />

prévoit en outre l’obligation pour l’IPI <strong>de</strong> coordonner les traités internationaux<br />

qu’il conclut avec les autres activités <strong>de</strong> l’Administration fédérale dans le domaine<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération internationale. Elle ne s’appliquera pas aux projets <strong>de</strong> coordination<br />

que l’IPI réalise <strong>sur</strong> mandat et sous <strong>la</strong> conduite d’un autre service fédéral puisque,<br />

dans ces cas, <strong>la</strong> conclusion du traité international n’est pas <strong>de</strong> son ressort. Cette<br />

délégation <strong>de</strong> compétence n’a aucune inci<strong>de</strong>nce financière pour <strong>la</strong> Confédération<br />

étant donné que l’IPI finance l’intégralité <strong>de</strong> ces projets avec les recettes provenant<br />

<strong>de</strong>s taxes qu’il encaisse pour <strong>la</strong> délivrance et le maintien <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> <strong>protection</strong>.<br />

Les traités concernés sont <strong>de</strong>s traités <strong>de</strong> portée mineure au sens <strong>de</strong> l’art. 7a, al. 2, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 21 mars 2007 <strong>sur</strong> l’organisation du gouvernement et <strong>de</strong> l’administration<br />

(LOGA), donc <strong>de</strong> traités qui, abstraction faite <strong>de</strong> <strong>la</strong> disposition proposée, relèvent <strong>de</strong><br />

toute manière <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence du Conseil fédéral selon <strong>la</strong> délimitation <strong>de</strong>s prérogatives<br />

entre celui-ci et l’Assemblée fédérale. Le Conseil fédéral pourrait déléguer <strong>la</strong><br />

compétence <strong>de</strong> conclure ces traités internationaux <strong>à</strong> l’IPI en vertu <strong>de</strong> l’art. 48a, al. 1,<br />

LOGA. Pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> transparence au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et en particulier<br />

par rapport aux partenaires étrangers, il est préférable <strong>de</strong> régler cette délégation<br />

<strong>de</strong> compétence <strong>à</strong> dans l’article <strong>de</strong> <strong>la</strong> LIPI se référant <strong>à</strong> cette tâche <strong>de</strong> l’IPI. Par ailleurs,<br />

il n’existe aucun autre acte tel qu’une ordonnance qui permettrait <strong>de</strong> régler <strong>la</strong><br />

question au sein <strong>de</strong> l’administration et <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> transparence voulue.<br />

2.2.2 Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s obligations 74<br />

Art. 955a (nouveau) D. Réserve en faveur <strong>de</strong>s autres dispositions fédérales<br />

Cette disposition rappelle que l’inscription d’une raison <strong>de</strong> commerce au registre du<br />

commerce ne libère pas l’ayant droit <strong>de</strong> l’obligation <strong>de</strong> respecter les autres dispositions<br />

légales, notamment celles qui établissent une <strong>protection</strong> contre <strong>la</strong> tromperie<br />

dans les re<strong>la</strong>tions commerciales. Ainsi, même si une raison <strong>de</strong> commerce a été<br />

inscrite, elle ne peut pas être utilisée avec <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services s’il en résulte<br />

un risque <strong>de</strong> tromperie au sens <strong>de</strong> l’art. 47 LPM (pour les détails, voir ch. 2.1.2.1).<br />

L’art. 955a CO fixe le cadre <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> commerce, <strong>à</strong> l’intention<br />

du titu<strong>la</strong>ire. Il ne s’adresse par contre pas aux autorités du registre du commerce<br />

(voir également le commentaire <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3, let. c, P-LPM).<br />

74 RS 220<br />

7790


2.2.3 Loi du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> le droit d’auteur 75<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 75, al. 1, 76, al. 1, et 77, al. 1<br />

L’adaptation terminologique proposée dans ces dispositions correspond <strong>à</strong> celle qui<br />

est effectuée pour diverses dispositions du P-LPM (voir le commentaire au<br />

ch. 2.1.7.2).<br />

2.2.4 Loi du 9 octobre 1992 <strong>sur</strong> les topographies 76<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 5, let. b<br />

L’adaptation terminologique proposée dans cette disposition correspond <strong>à</strong> celle qui<br />

est effectuée pour diverses dispositions du P-LPM (voir le commentaire au<br />

ch. 2.1.7.2).<br />

2.2.5 Loi du 5 octobre 2001 <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>signs 77<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Art. 9, al. 1 et 1bis, 46, al. 1, 47, al. 1, et 48, al. 1<br />

L’adaptation terminologique proposée dans ces dispositions correspond <strong>à</strong> celle qui<br />

est effectuée pour diverses dispositions du P-LPM (voir le commentaire au ch.<br />

2.1.7.2).<br />

75 RS 231.1<br />

76 RS 231.2<br />

77 RS 232.12<br />

7791


2.2.6 Loi du 25 juin 1954 <strong>sur</strong> les brevets 78<br />

La présente révision partielle donne l’occasion <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer le terme «Institut» par<br />

IPI dans toute <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 8, al. 2, 86a, al. 1, 86b, al. 1, et 86c, al. 1<br />

L’adaptation terminologique proposée dans ces dispositions correspond <strong>à</strong> celle qui<br />

est effectuée pour diverses dispositions du P-LPM (voir ch. 2.1.7.2). L’art. 8, al. 3,<br />

LBI n’est par contre pas modifié. Il restreint le droit d’interdiction du transit, c’est-<strong>à</strong>dire<br />

le passage <strong>de</strong> marchandises <strong>à</strong> travers le territoire douanier qui comprend également<br />

l’entreposage dans un dépôt franc. Le brevet national confère <strong>à</strong> son titu<strong>la</strong>ire un<br />

tel droit d’interdiction uniquement lorsque ce <strong>de</strong>rnier est également en droit <strong>de</strong><br />

s’opposer <strong>à</strong> l’importation dans le pays <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination. En conséquence, si l’importation<br />

dans le pays <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination constitue une utilisation licite <strong>de</strong> son invention, le<br />

titu<strong>la</strong>ire n’est pas atteint dans ses droits. L’art. 8, al. 3, LBI empêche donc que le<br />

droit <strong>de</strong> faire interdire le transit, qui vise <strong>à</strong> lutter contre <strong>la</strong> contrefaçon, puisse être<br />

détourné <strong>de</strong> son objectif et utilisé pour interdire <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion légale <strong>de</strong> <strong>la</strong> marchandise<br />

entre Etats tiers79. Les <strong>modification</strong>s rédactionnelles <strong>de</strong>s art. 86a ss n’ont aucune inci<strong>de</strong>nce <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

portée <strong>de</strong> l’art. 8, al. 3, LBI. Il faut considérer les me<strong>sur</strong>es <strong>à</strong> <strong>la</strong> frontière prévues par<br />

ces dispositions, notamment le droit <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l’intervention <strong>de</strong>s douanes inscrit<br />

<strong>à</strong> l’art. 86b, <strong>à</strong> <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> l’art. 8, al. 3, LBI. Il doit par conséquent exister non<br />

seulement <strong>de</strong>s indices concrets d’une atteinte aux droits décou<strong>la</strong>nt d’un brevet en<br />

Suisse, mais aussi <strong>de</strong>s indices d’une atteinte aux droits dans le pays <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination.<br />

Ainsi, le titu<strong>la</strong>ire du brevet est tenu, lorsqu’il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong>s douanes en<br />

cas <strong>de</strong> transit <strong>de</strong> marchandises dont il soupçonne qu’elles portent atteinte <strong>à</strong> ses<br />

droits, d’apporter également <strong>la</strong> preuve que celles-ci portent atteinte <strong>à</strong> un brevet dans<br />

le pays <strong>de</strong>stinataire. A défaut, l’intervention <strong>de</strong>s autorités douanières n’est pas justifiée.<br />

Art. 83a (nouveau) Infractions commises dans <strong>la</strong> gestion d’une entreprise<br />

Pour les infractions dans les entreprises commises par le subordonné, le mandataire<br />

ou le représentant, l’art. 83a renvoie aux art. 6 et 7 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale du 22 mars<br />

1974 <strong>sur</strong> le droit pénal administratif (DPA). Cet article permet d’harmoniser les<br />

dispositions <strong>sur</strong> les infractions dans les établissements commerciaux, car diverses<br />

<strong>loi</strong>s <strong>sur</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle (art. 71 LDA, art. 67 LPM et art. 26 LCD) comportent<br />

une disposition simi<strong>la</strong>ire.<br />

78 RS 232.14<br />

79 <strong>Message</strong> LBI, FF 2006 1, p. 112.<br />

7792


2.2.7 Loi du 29 avril 1998 <strong>sur</strong> l’agriculture 80<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 16, al. 2bis (nouveau)<br />

L’ordonnance <strong>sur</strong> les AOP et les IGP permet déj<strong>à</strong> l’enregistrement <strong>de</strong> dénominations<br />

concernant <strong>de</strong>s aires géographiques <strong>de</strong> pays tiers. Ainsi, l’OFAG, qui est compétent<br />

pour l’enregistrement <strong>de</strong>s dénominations en vertu <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr, entre en matière<br />

<strong>sur</strong> les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’enregistrement étrangères. Comme l’accès au registre <strong>de</strong><br />

l’OFAG pour les dénominations étrangères a été confirmée dans le cadre <strong>de</strong> l’OMC,<br />

il y a lieu <strong>de</strong> préciser expressément cette possibilité dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> (art. 16, al. 2bis, P-LAgr), afin d’écarter toute ambiguité quant <strong>à</strong> cette possibilité.<br />

Art. 16, al. 5bis (nouveau)<br />

Quiconque utilise une appel<strong>la</strong>tion d’origine ou une indication géographique enregistrée<br />

pour un produit i<strong>de</strong>ntique ou comparable doit remplir les exigences du cahier<br />

<strong>de</strong>s charges. Pour cette raison, l’art. 16, al. 5bis, LAgr, prévoit que <strong>la</strong> procédure<br />

d’examen d’une marque qui contient une indication géographique i<strong>de</strong>ntique ou<br />

simi<strong>la</strong>ire81 <strong>à</strong> celle qui fait l’objet d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement doit être suspendue<br />

jusqu’<strong>à</strong> l’entrée en force <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision re<strong>la</strong>tive <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement<br />

<strong>de</strong> l’appel<strong>la</strong>tion d’origine ou <strong>de</strong> l’indication géographique. Une fois cette décision<br />

entrée en force, <strong>la</strong> suspension est levée et <strong>la</strong> marque peut être enregistrée, avec <strong>la</strong><br />

limitation adéquate si l’indication géographique a été enregistrée.<br />

2.2.8 Loi du 4 octobre 1991 <strong>sur</strong> les forêts 82<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 41a (nouveau) Désignation<br />

L’art. 41a, al. 1, crée les conditions nécessaires <strong>à</strong> l’introduction d’une appel<strong>la</strong>tion<br />

d’origine contrôlée permettant <strong>de</strong> protéger les produits <strong>de</strong> l’économie sylvicole et les<br />

produits sylvicoles transformés. L’AOC, jusqu’alors réservée aux produits agricoles<br />

pourra aussi être utilisée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> commercialisation <strong>de</strong> produits sylvicoles<br />

et <strong>de</strong> produits sylvicoles transformés (bois et produits du bois) venant <strong>de</strong> régions qui<br />

restent <strong>à</strong> préciser, et offrir ainsi <strong>de</strong> nouveaux débouchés. La présente <strong>modification</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les forêts établit <strong>la</strong> base légale permettant <strong>de</strong> protéger efficacement les<br />

dénominations re<strong>la</strong>tives aux produits traditionnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> sylviculture suisse, ce qui<br />

satisfait <strong>à</strong> <strong>la</strong> requête <strong>de</strong> <strong>la</strong> motion Favre 08.3247, «Protection AOP/IGP <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sylviculture» (voir ch. 1.2).<br />

80 RS 910.1<br />

81 Voir art. 3 LPM et <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce qui s’y rapporte.<br />

82 RS 921.0<br />

7793


L’al. 2 prévoit que l’enregistrement et <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine sont<br />

régis par <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> l’agriculture. S’appliquent notamment l’art. 16 LAgr,<br />

l’ordonnance <strong>sur</strong> les AOP et les IGP, ainsi que les me<strong>sur</strong>es administratives, les<br />

dispositions d’exécution et les dispositions pénales <strong>de</strong> <strong>la</strong> LAgr. Conformément <strong>à</strong><br />

l’art. 8, al. 2, <strong>de</strong> l’ordonnance <strong>sur</strong> les AOP et les IGP, l’office fédéral <strong>de</strong> l’environnement<br />

est entendu, en sa qualité d’autorité fédérale concernée, par l’OFAG.<br />

2.3 Révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries<br />

publiques<br />

Le projet consiste en une révision totale qui abroge <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale du 5 juin 1931<br />

pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries publiques et autres signes publics (LPAP). Par<br />

signes publics, on entend en Suisse les armoiries, les drapeaux, les signes <strong>de</strong> garantie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>de</strong> ses collectivités territoriales (les cantons et les communes,<br />

mais aussi d’autres collectivités territoriales telles les communautés <strong>de</strong> vallée ou les<br />

paroisses). La <strong>protection</strong> couvre aussi les signes publics d’Etats étrangers et ceux <strong>de</strong><br />

leurs collectivités territoriales. En raison du principe <strong>de</strong> territorialité, <strong>la</strong> LPASP sera<br />

applicable <strong>à</strong> ces signes lorsqu’ils seront employés <strong>sur</strong> le territoire suisse (s’agissant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>à</strong> l’étranger, voir ch. 1.3). A ces emblèmes s’ajoutent les désignations<br />

officielles comme «Confédération», «fédéral», «canton» ou d’autres désignations<br />

renvoyant <strong>à</strong> une autorité. La <strong>loi</strong> définit notamment le cercle <strong>de</strong>s personnes et<br />

<strong>de</strong>s autorités autorisées <strong>à</strong> utiliser les signes publics. Elle ne vise pas uniquement <strong>à</strong><br />

protéger <strong>la</strong> collectivité dans l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> ses emblèmes, mais aussi les agents économiques<br />

et les consommateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> tromperie pouvant être induite par l’usage <strong>de</strong> ces<br />

signes publics. Ainsi <strong>la</strong> concurrence doit-elle pouvoir se défendre lorsqu’un agent<br />

économique appose <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits fabriqués <strong>à</strong> l’étranger. Contrairement<br />

aux signes publics <strong>de</strong>s collectivités territoriales, leurs noms (Suisse, Berne,<br />

Saint-Moritz) ne sont pas protégés par cette <strong>loi</strong> (concernant les noms <strong>de</strong>s collectivités<br />

territoriales, voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 4 LPASP). Les armoiries familiales sont<br />

également exclues <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong>. En résumé, l’objectif poursuivi par <strong>la</strong> révision<br />

totale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> est <strong>de</strong> protéger le public <strong>de</strong> <strong>la</strong> tromperie décou<strong>la</strong>nt d’un emp<strong>loi</strong> abusif<br />

<strong>de</strong>s signes publics et <strong>de</strong> préserver <strong>la</strong> forte valeur économique et i<strong>de</strong>ntitaire <strong>de</strong> ces<br />

signes.<br />

2.3.1 Titre<br />

Le titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> tient compte du fait que le projet ne se limite pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, mais concerne plus généralement celle <strong>de</strong>s signes<br />

publics.<br />

7794


2.3.2 Chapitre 1 Signes publics suisses<br />

2.3.2.1 Section 1 Définitions<br />

Art. 1 Croix suisse<br />

La croix suisse est définie comme une croix b<strong>la</strong>nche <strong>sur</strong> un fond rouge. La croix est<br />

verticale et alésée et ses branches, égales entre elles, sont d’un sixième plus longues<br />

que <strong>la</strong>rges. Cette définition correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> croix telle que définie dans l’arrêté<br />

fédéral du 12 décembre 1889 concernant les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse<br />

(arrêté fédéral 1889). Il n’existe en effet aucune obligation <strong>de</strong> limiter l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse <strong>à</strong> <strong>la</strong> forme définie. Si les conditions d’emp<strong>loi</strong> sont remplies, les ayants<br />

droit sont libres, comme par le passé, d’utiliser <strong>la</strong> croix suisse sous une forme modifiée,<br />

par exemple en utilisant d’autres dimensions ou en l’associant <strong>à</strong> d’autres éléments<br />

graphiques. Aussi, Tourisme Suisse peut-il continuer d’utiliser <strong>la</strong> croix suisse<br />

sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> l’e<strong>de</strong>lweiss83. La croix b<strong>la</strong>nche pleine – <strong>à</strong> l’origine un symbole chrétien – sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

ban<strong>de</strong>s cousues perpendicu<strong>la</strong>irement, apparaît pour <strong>la</strong> première fois comme signe <strong>de</strong><br />

ralliement <strong>sur</strong> les vêtements <strong>de</strong>s Bernois <strong>à</strong> <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Laupen (1339). Elle orne les<br />

étendards bernois dès le XIVe siècle et le fanion fédéral au XVe siècle. Le Pacte<br />

fédéral <strong>de</strong> 1815 fixe les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération: croix b<strong>la</strong>nche verticale alésée,<br />

<strong>à</strong> branches égales <strong>sur</strong> fond rouge. D’abord apposée au centre du sceau fédéral,<br />

elle était entourée par les armoiries cantonales. Sous l’impulsion <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume-<br />

Henri Dufour, un drapeau militaire commun pour toute <strong>la</strong> Suisse est créé en 1840<br />

(croix b<strong>la</strong>nche alésée <strong>sur</strong> fond rouge) 84.<br />

L’arrêté fédéral 1889 précise (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 2) que les quatre branches<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix, égales entre elles, doivent être d’un sixième plus longues que <strong>la</strong>rges.<br />

Art. 2 Armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse<br />

L’art. 2, al. 1, définit les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération en reprenant <strong>la</strong> définition <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> croix suisse telle qu’énoncée dans l’arrêté fédéral 1889, qui peut ainsi être abrogé.<br />

Les objets protégés <strong>à</strong> l’art. 2 sont les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, comme définies<br />

dans cet arrêté fédéral. La définition est complétée par <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme <strong>de</strong>s<br />

armoiries (écusson triangu<strong>la</strong>ire). D’un point <strong>de</strong> vue matériel, l’art. 2 ne modifie rien<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> définition et <strong>à</strong> l’utilisation licite <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. A l’avenir, il<br />

sera toujours possible, pour <strong>la</strong> collectivité concernée ainsi que pour les organisations<br />

et les entreprises qui assument <strong>de</strong>s tâches publiques en tant qu’unités juridiques<br />

indépendantes85, d’utiliser les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération sous une forme modifiée,<br />

par exemple en re<strong>la</strong>tion avec d’autres éléments graphiques ou avec d’autres<br />

proportions (voir art. 8). Les CFF sont ainsi autorisés <strong>à</strong> apposer les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération <strong>sur</strong> une locomotive si celles-ci diffèrent dans leur forme ou dans leurs<br />

proportions <strong>de</strong> celles définies <strong>à</strong> l’art. 2.<br />

83 Sous cette forme, <strong>la</strong> croix est enregistrée comme marque <strong>de</strong> service (marque<br />

n o P 461 959).<br />

84 Informations tirées du Dictionnaire historique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse: http://hls-dhs-dss.ch/textes/f/<br />

F10104.php.<br />

85 Sur <strong>la</strong> notion d’«unités juridiques indépendantes», voir le rapport du Conseil fédéral du<br />

13 septembre 2006 <strong>sur</strong> le gouvernement d’entreprise, FF 2006 7799.<br />

7795


Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation ont jugé trop limitée <strong>la</strong> définition<br />

<strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération comme une croix suisse p<strong>la</strong>cée dans un écusson<br />

triangu<strong>la</strong>ire, arguant que les armoiries ne sont pas reproduites uniquement dans un<br />

écusson triangu<strong>la</strong>ire, mais souvent aussi dans ce qu’on appelle une forme espagnole<br />

dont le bord inférieur est arrondi (par ex. <strong>sur</strong> les p<strong>la</strong>ques d’immatricu<strong>la</strong>tion). L’art. 8,<br />

qui règle l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>de</strong>s signes susceptibles d’être<br />

confondus avec elles, tient compte <strong>de</strong> cette préoccupation. L’expression «susceptibles<br />

d’être confondus» comprend également les signes qui ont une autre forme que<br />

<strong>la</strong> forme triangu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’écusson (forme espagnole: bords inférieurs arrondis, semicircu<strong>la</strong>ire;<br />

forme ang<strong>la</strong>ise: souvent carré et bout en pointe; forme <strong>de</strong> losange: écusson<br />

en forme <strong>de</strong> losange se tenant <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pointe; forme ron<strong>de</strong>; écusson avec <strong>de</strong>ux<br />

entailles; b<strong>la</strong>son romand: forme en aman<strong>de</strong>; etc.). Concernant le risque <strong>de</strong> confusion,<br />

il est déterminant <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> forme utilisée est encore perçue par les agents<br />

économiques concurrents ou les consommateurs comme une armoirie (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> l’art. 8). L’art. 2 se limite <strong>à</strong> définir les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

L’al. 2 renvoie <strong>à</strong> l’annexe 1 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>, dans <strong>la</strong>quelle sont illustrées les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération définies <strong>à</strong> l’al. 1. Par souci <strong>de</strong> précision, les armoiries officielles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération sont toujours reproduites dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Comme par le passé, les dimensions<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix b<strong>la</strong>nche p<strong>la</strong>cée <strong>sur</strong> fond rouge sont définies, mais les proportions <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> croix par rapport <strong>à</strong> celles <strong>de</strong> l’écusson ne sont pas réglementées. La nouveauté est<br />

que <strong>la</strong> <strong>loi</strong> définit le ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur rouge; cette définition sert <strong>de</strong> critère pour<br />

déterminer s’il existe un risque <strong>de</strong> confusion entre un signe et les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 8 concernant le risque <strong>de</strong> confusion). Les<br />

armoiries pourront toujours être utilisées dans d’autres tonalités <strong>de</strong> rouge. L’introduction<br />

d’une telle définition répond toutefois <strong>à</strong> un besoin général et apporte également<br />

davantage <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté. Par le passé, l’absence <strong>de</strong> définition du ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur<br />

rouge a généré <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s, notamment dans <strong>la</strong> branche du graphisme, et suscité<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> renseignements. L’ancien Office central fédéral <strong>de</strong>s imprimés et du<br />

matériel (OCFIM) avait édité, comme solution provisoire, <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong><br />

couleur pour les imprimés. La définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur correspond aux indications<br />

contenues dans le gui<strong>de</strong> I<strong>de</strong>ntité visuelle <strong>de</strong> l’administration fédérale suisse, qui a été<br />

édité par le service I<strong>de</strong>ntité visuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération en 200586. Elle a été complétée<br />

par <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> couleur mo<strong>de</strong>rnes qui sont fréquemment utilisées.<br />

Art. 3 Drapeau suisse<br />

L’art. 3, al. 1, donne une définition du drapeau suisse (pavillon) qui fait entièrement<br />

défaut aujourd’hui. Le drapeau suisse tirant son origine d’un étendard militaire (voir<br />

commentaire <strong>sur</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> l’art. 1), il possè<strong>de</strong> une forme carrée. Différant <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> forme rectangu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s drapeaux <strong>de</strong>s autres Etats, cette <strong>de</strong>rnière est<br />

profondément ancrée dans <strong>la</strong> tradition popu<strong>la</strong>ire: les citoyens suisses s’i<strong>de</strong>ntifient <strong>à</strong><br />

cette forme carrée. Elle est généralement bien acceptée <strong>à</strong> l’étranger et possè<strong>de</strong> une<br />

force distinctive particulière. C’est justement en raison <strong>de</strong> sa forme carrée et <strong>de</strong> ses<br />

dimensions équilibrées que le drapeau suisse figure, après <strong>la</strong> bannière étoilée <strong>de</strong>s<br />

Etats-Unis et l’Union Jack du Royaume-Uni, parmi les drapeaux les plus connus du<br />

mon<strong>de</strong>. La définition inscrite dans le projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> n’apporte toutefois aucune <strong>modification</strong><br />

matérielle. Aussi, comme par le passé, le drapeau peut-il être modifié dans <strong>la</strong><br />

86 Le gui<strong>de</strong> est publié <strong>sur</strong> le site Internet du service I<strong>de</strong>ntité visuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération:<br />

http://www.bk.admin.ch/themen/02268/02385/in<strong>de</strong>x.html?<strong>la</strong>ng=fr.<br />

7796


publicité (par ex. <strong>la</strong> délimitation carrée peut être légèrement modifiée en adoptant<br />

une forme ondulée ou avec d’autres proportions). Le respect <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> provenance<br />

(voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 13) <strong>de</strong>meure toutefois une condition préa<strong>la</strong>ble <strong>à</strong><br />

l’emp<strong>loi</strong> du drapeau. La définition légale du drapeau suisse vient compléter les<br />

informations <strong>sur</strong> <strong>la</strong> croix suisse et <strong>sur</strong> les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération figurant aux<br />

art. 1 et 2. Cet ajout est nécessaire puisque, comme mentionné, le drapeau suisse<br />

diffère <strong>de</strong>s autres formes rectangu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> drapeaux.<br />

A l’instar <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, les dimensions exactes<br />

du drapeau suisse sont réglementées <strong>à</strong> l’annexe 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> (al. 2), ce qui implique<br />

également une définition <strong>de</strong>s proportions entre <strong>la</strong> croix suisse et le drapeau.<br />

En vertu <strong>de</strong> l’al. 3, les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 23 septembre 1953 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> navigation<br />

maritime et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 21 décembre 1948 <strong>sur</strong> l’aviation re<strong>la</strong>tives aux emblèmes<br />

suisses continuent <strong>de</strong> s’appliquer. Ces <strong>de</strong>ux <strong>loi</strong>s contiennent <strong>de</strong>s dispositions spécifiques<br />

<strong>sur</strong> l’utilisation du pavillon suisse <strong>sur</strong> les bateaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> nationalité<br />

<strong>de</strong>s aéronefs. L’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> nationalité <strong>sur</strong> l’empennage <strong>de</strong>s<br />

aéronefs <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> navigation aérienne «Swiss» continuera d’être régie par <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion spéciale, <strong>à</strong> savoir l’ordonnance du 6 septembre 1984 <strong>sur</strong> les marques<br />

distinctives <strong>de</strong>s aéronefs87. Tenant compte <strong>de</strong>s données techniques particulières, ces<br />

actes spéciaux continuent <strong>de</strong> primer, pour les domaines concernés, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> LPASP<br />

concernant l’utilisation <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et du drapeau suisse. Cette<br />

solution paraît logique puisque dans les autres cas il n’existe aucune obligation <strong>de</strong><br />

reprendre les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et le drapeau suisse dans <strong>la</strong> forme définie.<br />

Avec <strong>la</strong> réserve formulée dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 3 février 1995 <strong>sur</strong> l’armée et l’administration<br />

militaire88, l’armée est autorisée <strong>à</strong> utiliser les drapeaux militaires (drapeaux,<br />

étendards, fanions et insignes militaires) qui possè<strong>de</strong>nt une gran<strong>de</strong> valeur symbolique<br />

<strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n historique, dans leur exécution particulière conformément <strong>à</strong> l’ordonnance<br />

y re<strong>la</strong>tive et au «règlement <strong>sur</strong> les drapeaux» <strong>de</strong> l’armée suisse89. L’usage <strong>de</strong>s<br />

drapeaux militaires, étendards et fanions étant soumis <strong>à</strong> <strong>de</strong>s règles particulières qui<br />

font partie du protocole militaire ou du protocole officiel, celles-ci continueront <strong>de</strong><br />

s’appliquer. Certaines <strong>de</strong> ces règles concernent également les proportions <strong>de</strong>s drapeaux<br />

militaires pouvant différer, pour <strong>de</strong>s raisons techniques ou <strong>de</strong> tradition, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

définition donnée par <strong>la</strong> <strong>loi</strong>.<br />

Art. 4 Autres emblèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

L’al. 1 prévoit l’établissement, par le Conseil fédéral, d’une liste <strong>de</strong>s autres emblèmes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération dans une annexe <strong>de</strong> l’ordonnance d’exécution. L’objectif<br />

est d’améliorer <strong>la</strong> vue d’ensemble et <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté. A l’exception <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste envoyée <strong>à</strong><br />

l’OMPI en 1967 dans le cadre du système <strong>de</strong> notification prévu par <strong>la</strong> CUP90, il<br />

manque une vue d’ensemble <strong>de</strong>s emblèmes, ce qui n’est évi<strong>de</strong>mment pas sans<br />

conséquence <strong>sur</strong> l’exécution. La disposition proposée permet au Conseil fédéral <strong>de</strong><br />

déci<strong>de</strong>r, dans une annexe séparée ayant force obligatoire, quels signes doivent être<br />

considérés comme autres emblèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Il est <strong>à</strong> tout moment possi-<br />

87 RS 748.216.1<br />

88 RS 510.10<br />

89 Règlement 51.340, l’usage <strong>de</strong>s drapeaux, étendards et fanions.<br />

90 Les emblèmes notifiés <strong>à</strong> l’OMPI sont consultables dans <strong>la</strong> Bibliothèque numérique <strong>de</strong><br />

propriété intellectuelle <strong>de</strong> l’OMPI, rubrique «Recherche structurée Article 6 ter »:<br />

http://www.wipo.int/ipdl/fr/search/6ter/search-struct.jsp.<br />

7797


le <strong>de</strong> mettre <strong>à</strong> jour <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s signes par simple <strong>modification</strong> <strong>de</strong> l’ordonnance. De<br />

plus, chacun a <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> se faire une idée, par simple consultation <strong>de</strong> l’annexe,<br />

<strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération bénéficiant d’une <strong>protection</strong>, et notamment<br />

<strong>de</strong>s signes et poinçons <strong>de</strong> contrôle et <strong>de</strong> garantie (voir al. 2). Dans l’ensemble,<br />

l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries s’en trouvera donc simplifiée.<br />

En plus <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, du drapeau suisse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse, il<br />

existe d’autres emblèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération qui ont également besoin d’être protégés<br />

et qui entrent dès lors dans le domaine d’application du projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong>. Il s’agit <strong>de</strong><br />

signes publics exprimant symboliquement <strong>la</strong> souveraineté <strong>de</strong> l’Etat, tels que les<br />

poinçons officiels, les sceaux, les timbres officiels <strong>de</strong> valeur (timbres-postes, vignettes),<br />

les signaux officiels trigonométriques ou limnométriques et les signes <strong>de</strong><br />

démarcation. Des dispositions pénales spéciales protègent certains <strong>de</strong> ces emblèmes,<br />

comme les art. 240 <strong>à</strong> 250 CP re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> <strong>la</strong> fausse monnaie, <strong>à</strong> <strong>la</strong> falsification <strong>de</strong>s<br />

timbres officiels <strong>de</strong> valeur, <strong>de</strong>s marques officielles, <strong>de</strong>s poids et me<strong>sur</strong>es et l’art. 290<br />

CP <strong>sur</strong> les scellés officiels (bris <strong>de</strong>s scellés). Les poinçons officiels font également<br />

partie <strong>de</strong>s emblèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Par exemple, toutes les boîtes <strong>de</strong> montres<br />

en or, argent, p<strong>la</strong>tine et pal<strong>la</strong>dium fabriquées ou importées en Suisse sont obligatoirement<br />

soumises au Contrôle suisse <strong>de</strong>s métaux précieux, qui en examine <strong>la</strong> composition<br />

matérielle. Si les ouvrages sont trouvés conformes, ils sont insculpés du poinçon<br />

officiel, <strong>la</strong> «tête <strong>de</strong> saint-bernard» 91. La Convention du 15 novembre 1972 <strong>sur</strong> le<br />

contrôle et le poinçonnement <strong>de</strong>s ouvrages en métaux précieux (Convention <strong>de</strong><br />

Vienne) 92, <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> Suisse a adhéré93, prévoit trois poinçons communs pour les<br />

articles en or, en argent et en p<strong>la</strong>tine, reconnus dans tous les Etats parties. Le poinçon<br />

commun comporte en relief <strong>sur</strong> fond linéaire l’image d’une ba<strong>la</strong>nce et l’indication<br />

du titre <strong>de</strong> l’ouvrage en chiffres arabes et en millièmes, le tout dans un encadrement<br />

indiquant <strong>la</strong> nature du métal précieux. Par ailleurs, <strong>la</strong> CUP prévoit un<br />

système <strong>de</strong> notification spécifique pour les signes publics. En vertu <strong>de</strong> cette convention,<br />

seuls les emblèmes nationaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse qui ont été communiqués aux pays<br />

membres <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong> Paris sont protégés <strong>à</strong> l’étranger. En 1967, <strong>la</strong> Suisse a notifié<br />

divers emblèmes nationaux <strong>à</strong> l’OMPI, qui est l’organisation qui administre cet<br />

accord. A côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> «tête <strong>de</strong> saint-bernard», <strong>la</strong> Suisse a notifié d’autres poinçons<br />

officiels. Ceux-ci ne sont cependant plus utilisés <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière révision <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les métaux précieux. On les rencontre toutefois encore souvent <strong>sur</strong> <strong>de</strong><br />

nombreuses marchandises et objets, d’où <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> continuer <strong>à</strong> les protéger<br />

comme emblèmes (al. 2).<br />

Les noms <strong>de</strong>s collectivités territoriales ne sont par contre pas admis <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s emblèmes visée <strong>à</strong> l’art. 4. Aussi, <strong>de</strong>s noms comme «Suisse», «Berne» ou<br />

«Morat» ne sont pas protégés en vertu du projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong>. Si ces noms s’avèrent être<br />

<strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance géographique, leur <strong>protection</strong> est régie par les art.<br />

47 ss LPM. Ceux-ci bénéficient, tout comme les noms <strong>de</strong>s collectivités publiques,<br />

91 Pour davantage d’informations <strong>sur</strong> les poinçons officiels, voir le site internet du Contrôle<br />

suisse <strong>de</strong>s métaux précieux, <strong>à</strong> l’adresse suivante:<br />

http://www.ezv.admin.ch/glossar/00012/in<strong>de</strong>x.html?<strong>la</strong>ng=fr.<br />

92 RS 0.941.31<br />

93 Autres pays ayant adhéré <strong>à</strong> cette convention: le Danemark, <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, <strong>la</strong> Suè<strong>de</strong>, <strong>la</strong><br />

Norvège, le Portugal, <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne, l’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, les Pays-Bas, <strong>la</strong> République tchèque,<br />

l’Autriche, <strong>la</strong> Lettonie, <strong>la</strong> Lituanie, <strong>la</strong> Pologne, <strong>la</strong> Slovaquie, <strong>la</strong> Hongrie, Chypre, Israël et<br />

<strong>la</strong> Slovénie.<br />

7798


d’une <strong>protection</strong> <strong>de</strong> droit public prévu par l’art. 29 CC régissant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> du<br />

nom.<br />

Les logos et les marques <strong>de</strong>s services fédéraux utilisés pour <strong>de</strong>s produits, <strong>de</strong>s prestations<br />

ou <strong>de</strong>s activités qui, <strong>de</strong> façon générale, n’expriment pas <strong>la</strong> souveraineté <strong>de</strong><br />

l’Etat et qui ne sont pas perçus comme tels ne sont pas non plus considérés comme<br />

<strong>de</strong>s emblèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. C’est par exemple le cas du slogan «Love Life<br />

Stop Aids» 94 <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne nationale STOP SIDA réalisée par l’Office fédéral <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> santé publique et l’Ai<strong>de</strong> suisse contre le sida et du logo «Ecole <strong>sur</strong> le net» 95 <strong>de</strong><br />

l’Office fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle qui est utilisé pour le projet du<br />

même nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>de</strong>s cantons en col<strong>la</strong>boration avec le secteur privé.<br />

Dans ces cas <strong>de</strong> figure, ce sont les normes spéciales du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s<br />

marques et du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence qui s’appliquent pour protéger le slogan <strong>de</strong>s<br />

utilisations abusives.<br />

Art. 5 Armoiries, drapeaux et autres emblèmes <strong>de</strong>s cantons, districts,<br />

cercles et communes<br />

C’est aux cantons que revient <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong> définir les armoiries, les drapeaux et<br />

les autres emblèmes <strong>de</strong>s cantons, districts, cercles et communes. Le droit actuel part<br />

<strong>de</strong> ce même principe, mais n’est inscrit expressément dans aucun texte <strong>de</strong> <strong>loi</strong>. Les<br />

art. 1 <strong>à</strong> 4 donnant une définition <strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, il paraît<br />

logique, par souci <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> transparence, <strong>de</strong> souligner que <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong><br />

définir les signes publics cantonaux est déléguée aux cantons.<br />

Art. 6 Désignations officielles<br />

Les désignations officielles continuent <strong>de</strong> bénéficier d’une <strong>protection</strong>. La liste <strong>de</strong>s<br />

désignations figurant <strong>à</strong> l’art. 6 n’est pas exhaustive. En font par exemple partie <strong>de</strong>s<br />

désignations telles que «Confédération suisse», «www.admin.ch, «Confoe<strong>de</strong>ratio<br />

Helvetica», les sigles d’autorités courantes (DFJP, DDPS, EPFZ, etc.) ou d’autres<br />

désignations renvoyant <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité ou <strong>à</strong> ses organes. En plus <strong>de</strong>s désignations<br />

officielles au sens étroit, il convient <strong>de</strong> protéger les désignations ou les indications<br />

faisant référence <strong>à</strong> une activité étatique ou <strong>à</strong> une fonction d’Etat. Cette nouveauté<br />

concerne par exemple le terme «police», qui sera assimilé aux désignations officielles.<br />

Le but est <strong>de</strong> protéger <strong>la</strong> confiance que les citoyens p<strong>la</strong>cent dans les désignations<br />

renvoyant <strong>à</strong> une activité officielle.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation, certains participants ont argumenté<br />

que les désignations «Suisse», «suisse» ou les noms <strong>de</strong>s cantons, <strong>de</strong>s districts, <strong>de</strong>s<br />

cercles et <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong>vraient être assimilés aux désignations officielles. Or ces<br />

désignations permettent d’exprimer les liens les plus divers au territoire, au peuple<br />

ou <strong>à</strong> l’Etat et ne renvoient pas forcément <strong>à</strong> un caractère officiel ou ne permettent pas<br />

<strong>de</strong> conclure automatiquement <strong>à</strong> une autorité. Aussi, en tant que telle, <strong>la</strong> désignation<br />

«suisse» n’a pas forcément <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> «étatique», «officiel» ou «semiétatique».<br />

Ce mot, en effet, n’est pas associé exclusivement <strong>à</strong> l’Etat ou <strong>à</strong> ses organes.<br />

Des institutions purement privées telles l’Agence télégraphique suisse ou <strong>la</strong> Gar<strong>de</strong><br />

aérienne suisse <strong>de</strong> sauvetage peuvent également se qualifier <strong>de</strong> «suisse», exprimant<br />

94 Ce logo est protégé au titre <strong>de</strong> marque (marque n o 536 793).<br />

95 Ce logo est protégé au titre <strong>de</strong> marque (marque n o 501 169).<br />

7799


ainsi qu’elles sont actives <strong>sur</strong> un p<strong>la</strong>n national. Mais lorsque le mot «suisse» ou le<br />

nom d’une collectivité est utilisé en re<strong>la</strong>tion avec une autre désignation et que <strong>la</strong><br />

combinaison <strong>de</strong> ces désignations – par exemple l’Institut suisse <strong>de</strong> droit comparé,<br />

l’Institut suisse <strong>de</strong>s produits thérapeutiques ou <strong>la</strong> Caisse nationale suisse d’as<strong>sur</strong>ance<br />

en cas d’acci<strong>de</strong>nts – fait penser <strong>à</strong> une activité officielle ou semi-étatique, il s’agit<br />

alors d’une désignation officielle. C’est également vrai lorsque les circonstances<br />

concrètes permettent <strong>de</strong> conclure <strong>à</strong> une telle activité ou <strong>à</strong> une autorité. Dans ces cas<br />

<strong>de</strong> figure, c’est <strong>la</strong> <strong>protection</strong> selon l’art. 6 qui s’applique et le nom «Suisse» ou le<br />

nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité ne peut être employé pour <strong>de</strong>s activités privées. Le nom <strong>de</strong><br />

domaine «suisse.ch» ou «stadt-bern.ch» donne l’impression que le site Web est<br />

exp<strong>loi</strong>té par <strong>la</strong> Confédération ou par <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> «Berne», et l’internaute est en droit<br />

<strong>de</strong> penser qu’il trouvera <strong>sur</strong> ces sites <strong>de</strong>s informations officielles concernant <strong>la</strong><br />

collectivité en question. L’utilisation <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> commerce «Institut suisse <strong>de</strong>s<br />

p<strong>la</strong>ntes médicinales», «Swissmoney Ltd.» ou «Swiss Institute of Biotechnology»<br />

<strong>la</strong>issent supposer une activité étatique ou semi-étatique et ne sont dès lors pas admises<br />

pour une société privée. Les raisons <strong>de</strong> commerce «Swiss Travel Ltd.», «Swissôtel<br />

SA» ou «eidgenossenkunst – Dr. Dirk Hanebuth» n’entrent par contre pas dans<br />

cette catégorie.<br />

Art. 7 Signes nationaux figuratifs ou verbaux<br />

L’art. 7 définit ce qu’il faut entendre par signes nationaux figuratifs ou verbaux<br />

suisses. Ceux-ci doivent continuer <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> conférée aux signes<br />

publics par <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Ils renvoient <strong>à</strong> <strong>de</strong>s emblèmes nationaux comme <strong>la</strong> Stiftsbibliothek<br />

St. Gallen, les Tre Castelli <strong>de</strong> Bellinzone ou le Cervin, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s héros nationaux comme<br />

Guil<strong>la</strong>ume Tell ou Winkelried, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s symboles nationaux comme Helvetia, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />

mythes ou légen<strong>de</strong>s nationaux comme le serment du Grütli, <strong>à</strong> <strong>de</strong>s lieux nationaux<br />

comme le Rütli ou <strong>à</strong> <strong>de</strong>s monuments comme ceux <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Tell, <strong>de</strong> Winkelried<br />

ou <strong>de</strong> St-Jacques.<br />

2.3.2.2 Section 2 Emp<strong>loi</strong><br />

Art. 8 Armoiries<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation, <strong>la</strong> distinction entre croix suisse et<br />

armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération a été saluée <strong>à</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité. Les armoiries étant<br />

exclusivement réservées <strong>à</strong> l’Etat, <strong>la</strong> croix suisse peut être mise <strong>à</strong> <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong><br />

l’économie <strong>de</strong> façon appropriée. Le principe selon lequel les armoiries, et par conséquent<br />

les signes susceptibles d’être confondus avec elles, ne doivent être utilisés que<br />

par les collectivités concernées est considéré par <strong>la</strong> majorité comme opportun et<br />

judicieux. Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation étaient toutefois d’avis que <strong>la</strong><br />

Confédération ne <strong>de</strong>vait pas avoir le monopole absolu <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s armoiries,<br />

arguant que ce monopole risquait <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s injustices dans les cas où un signe <strong>de</strong><br />

type armoiries s’est déj<strong>à</strong> imposé comme marque dans le commerce. C’est pourquoi<br />

ils ont <strong>de</strong>mandé que les entreprises traditionnelles suisses, les associations ou les<br />

fondations, qui utilisent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies les armoiries publiques ou <strong>de</strong>s signes<br />

simi<strong>la</strong>ires, aient le droit <strong>de</strong> poursuivre cet usage, mais <strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions strictes.<br />

L’al. 4 tient compte <strong>de</strong> cette préoccupation puisque les exceptions prévues sont<br />

assorties <strong>de</strong> conditions strictes, ce qui ne remet pas en question l’un <strong>de</strong>s objectifs<br />

7800


poursuivi par <strong>la</strong> révision légis<strong>la</strong>tive, <strong>à</strong> savoir <strong>de</strong> réserver les armoiries suisses <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

collectivité concernée (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 35).<br />

Les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse, <strong>de</strong>s cantons, districts, cercles et communes<br />

expriment <strong>la</strong> souveraineté et <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité en question. C’est pourquoi<br />

l’art. 8, al. 1, réserve l’usage <strong>de</strong>s armoiries et <strong>de</strong>s signes susceptibles d’être confondus<br />

avec celles-ci <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité concernée. Font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité les organisations<br />

et les entreprises qui assument <strong>de</strong>s tâches publiques en tant qu’unités<br />

autonomes mais qui appartiennent <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité (<strong>la</strong> collectivité détient une participation<br />

importante ou majoritaire dans l’entreprise). Il s’agit par exemple <strong>de</strong> l’IPI, <strong>de</strong><br />

l’Autorité fédérale <strong>de</strong> <strong>sur</strong>veil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s marchés financiers, <strong>de</strong> Swissmedic, <strong>de</strong><br />

l’Institut suisse <strong>de</strong> droit comparé, <strong>de</strong> <strong>la</strong> CNA, <strong>de</strong> La Poste, <strong>de</strong> l’As<strong>sur</strong>ance suisse<br />

contre les risques <strong>à</strong> l’exportation, <strong>de</strong> Swisscom, <strong>de</strong>s CFF, <strong>de</strong> Skygui<strong>de</strong> et <strong>de</strong> RUAG.<br />

L’entreprise doit pouvoir utiliser les armoiries aussi longtemps qu’elle fait partie <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> collectivité. Cependant, si une entreprise <strong>de</strong> ce type est privatisée (par ex. <strong>la</strong><br />

compagnie aérienne «Swiss» dont <strong>la</strong> participation majoritaire est en mains privées),<br />

elle n’appartient plus <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité et ne doit donc plus pouvoir utiliser les armoiries<br />

<strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière.<br />

Les reproductions fidèles ou les reproductions partielles <strong>de</strong>s emblèmes, mais aussi<br />

les signes susceptibles d’être confondus avec les emblèmes sont réservés aux collectivités.<br />

Le risque <strong>de</strong> confusion est évalué <strong>à</strong> <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s critères généraux applicables<br />

dans le droit <strong>de</strong>s signes distinctifs et ne se limite pas <strong>à</strong> <strong>de</strong>s critères purement<br />

héraldiques. Il y a risque <strong>de</strong> confusion lorsque, eu égard au domaine <strong>de</strong> <strong>protection</strong><br />

conféré par <strong>la</strong> <strong>loi</strong>, <strong>de</strong>s signes i<strong>de</strong>ntiques ou semb<strong>la</strong>bles mettent en danger un signe<br />

distinctif dans sa fonction d’individualisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité ou <strong>de</strong> corporations <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> collectivité (ATF 131 III 572 consid. 3 p. 577 avec <strong>de</strong>s renvois). Pour apprécier le<br />

risque <strong>de</strong> confusion, il faut tenir compte <strong>de</strong> l’impression d’ensemble que <strong>la</strong>issent les<br />

<strong>de</strong>ux signes dans l’esprit <strong>de</strong>s consommateurs (ATF 131 III 572 consid. 3 p. 576; 121<br />

III 377 consid. 2a p. 378). Aussi ne suffit-il pas <strong>de</strong> modifier les proportions <strong>de</strong>s<br />

armoiries protégées ou d’utiliser une autre forme d’écusson pour exclure le risque <strong>de</strong><br />

confusion, ni d’utiliser une autre couleur ou combinaison <strong>de</strong> couleur si elle ne se<br />

différencie pas c<strong>la</strong>irement <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong> couleur du signe<br />

protégé.<br />

Les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et le drapeau suisse présentant le même motif –<br />

une croix b<strong>la</strong>nche verticale <strong>sur</strong> fond rouge –, il importe <strong>de</strong> faire une distinction<br />

judicieuse et logique entre ces <strong>de</strong>ux signes dans l’appréciation du risque <strong>de</strong> confusion.<br />

L’écusson se prête bien <strong>à</strong> une illustration <strong>de</strong> cette délimitation. En dépit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

teneur <strong>de</strong> l’art. 2, al. 1, <strong>la</strong> forme (triangu<strong>la</strong>ire, semi-circu<strong>la</strong>ire, ron<strong>de</strong>, écusson avec<br />

<strong>de</strong>ux entailles, b<strong>la</strong>son normand, etc.) ne joue aucun rôle. Ce qui est déterminant dans<br />

l’appréciation du risque <strong>de</strong> confusion avec les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération est <strong>de</strong><br />

savoir si <strong>la</strong> forme utilisée est encore associée <strong>à</strong> une armoirie par les <strong>de</strong>stinataires.<br />

L’interdiction formelle d’utiliser tout signe susceptible d’être confondu vise <strong>à</strong> empêcher<br />

que les utilisateurs aient recours <strong>à</strong> <strong>de</strong>s astuces pour ne modifier que très légèrement<br />

les signes protégés, mais <strong>de</strong> façon suffisante pour contourner l’imitation au<br />

point <strong>de</strong> vue héraldique. Par exemple, une croix b<strong>la</strong>nche verticale <strong>sur</strong> un écusson <strong>à</strong><br />

fond orange est un signe susceptible d’être confondu avec les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Malgré <strong>la</strong> différence entre <strong>la</strong> couleur «rouge» et «orange», l’observateur ne<br />

pourra en effet s’empêcher <strong>de</strong> faire une association mentale avec les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération. La couleur choisie ne se distingue par conséquent pas suffisamment<br />

du rouge utilisé dans les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Il en va <strong>de</strong> même pour une<br />

7801


croix b<strong>la</strong>nche verticale <strong>sur</strong> un écusson <strong>à</strong> fond noir qui pourrait être interprété par les<br />

<strong>de</strong>stinataires comme une représentation en noir et b<strong>la</strong>nc <strong>de</strong>s armoiries nationales,<br />

ainsi que pour une croix argentée <strong>sur</strong> fond rouge.<br />

Concernant les éléments caractéristiques <strong>de</strong>s armoiries d’un canton, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> ne<br />

porte pas <strong>sur</strong> le simple motif (ours, lion), mais <strong>sur</strong> les éléments essentiels et marquants<br />

<strong>de</strong>s armoiries dans leur réalisation caractéristique comme l’ours appenzel<strong>loi</strong>s<br />

<strong>de</strong>bout ou le lion thurgovien se cabrant <strong>sur</strong> ses pattes arrières en combinaison avec<br />

un écusson. Cette précision est nécessaire, car les éléments caractéristiques <strong>de</strong>s<br />

armoiries cantonales figurent également dans les drapeaux cantonaux correspondants,<br />

ce qui permet ainsi d’éviter toute contradiction avec l’art. 10.<br />

L’al. 2 prévoit une <strong>protection</strong> pour les allusions verbales aux armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

ou d’un canton. Les signes verbaux tels que «écusson suisse» ou «armoiries<br />

<strong>de</strong> Berne» tombent sous cette disposition. Se limitant aux armoiries, l’interdiction ne<br />

s’applique plus aux éléments caractéristiques <strong>de</strong>s armoiries cantonales auxquels il<br />

sera autorisé <strong>de</strong> se référer. A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s armoiries, l’utilisation <strong>de</strong>s expressions<br />

«le bâton d’évêque <strong>de</strong> Bâle», le «taureau d’Uri» ou «l’ours bernois» n’est pas considérée<br />

comme une référence directe <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité et est aujourd’hui déj<strong>à</strong> licite pour<br />

<strong>de</strong>s services.<br />

Les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et les armoiries <strong>de</strong>s cantons, districts, cercles et<br />

communes expriment <strong>la</strong> souveraineté et <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité concernée. C’est<br />

pourquoi leur emp<strong>loi</strong> sera réservé <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité concernée (pour les exceptions,<br />

voir les al. 5 et 6). Il est en conséquence logique que <strong>la</strong> collectivité ne soit pas autorisée<br />

<strong>à</strong> délivrer <strong>à</strong> <strong>de</strong>s particuliers <strong>de</strong>s licences portant <strong>sur</strong> ces signes, ni <strong>à</strong> les transférer.<br />

En délivrant une licence ou en transférant les droits, le titu<strong>la</strong>ire du signe octroie<br />

<strong>à</strong> <strong>de</strong>s tiers un droit d’utiliser le signe. L’interdiction <strong>de</strong> l’utiliser prévue par <strong>la</strong> <strong>loi</strong><br />

rend toutefois nul ce droit d’utilisation octroyé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base du droit privé.<br />

L’acquéreur du signe ou le preneur <strong>de</strong> licence ne pourra pas utiliser licitement le<br />

signe malgré le transfert <strong>de</strong>s droits ou l’octroi <strong>de</strong> <strong>la</strong> licence. C’est déj<strong>à</strong> le cas<br />

aujourd’hui du fait <strong>de</strong> l’interdiction générale pour les particuliers d’utiliser les<br />

armoiries <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits96. Par le passé, toutefois, <strong>de</strong>s sociétés privées se sont vues<br />

octroyer <strong>de</strong>s licences ou transférer <strong>de</strong>s droits <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> <strong>de</strong>s marques d’autorités<br />

fédérales ayant comme élément les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. L’al. 3 crée une<br />

base légale c<strong>la</strong>ire disposant l’interdiction générale d’octroyer une licence ou <strong>de</strong><br />

transférer les armoiries en tant que signe. Indépendamment <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, l’emp<strong>loi</strong> d’un<br />

signe public par un particulier pour une marque collective ou <strong>de</strong> garantie qui a été<br />

licitement déposée par <strong>la</strong> collectivité au sens <strong>de</strong> l’art. 8, al. 4, let. e, sera toujours<br />

permis. Le pouvoir <strong>sur</strong> <strong>la</strong> marque, et notamment <strong>sur</strong> sa gestion, ainsi que <strong>la</strong> définition<br />

uni<strong>la</strong>térale – <strong>à</strong> <strong>la</strong> différence d’un contrat <strong>de</strong> licence – <strong>de</strong>s conditions d’utilisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque dans le règlement <strong>de</strong> celle-ci reste en effet réservé <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité<br />

concernée.<br />

Les armoiries et les éléments caractéristiques <strong>de</strong>s armoiries cantonales en re<strong>la</strong>tion<br />

avec un écusson ne peuvent être utilisés que par <strong>la</strong> collectivité concernée (Confédération,<br />

canton, district, cercle ou commune) et par ses unités. En dérogation <strong>à</strong> ce<br />

principe, ces signes pourront être utilisés par d’autres personnes dans les cas expressément<br />

mentionnés <strong>à</strong> l’al. 4. Il est en effet prévu d’admettre <strong>la</strong> reproduction<br />

96 Pour les services, l’utilisation <strong>de</strong>s armoiries est licite aujourd’hui.<br />

7802


d’armoiries dans les dictionnaires et les ouvrages <strong>de</strong> référence ou <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins<br />

d’illustration dans les ouvrages scientifiques (let. a).<br />

De même, <strong>la</strong> possibilité d’employer <strong>de</strong>s armoiries comme décoration <strong>à</strong> l’occasion <strong>de</strong><br />

fêtes et <strong>de</strong> manifestations, notamment les manifestations sportives et politiques, reste<br />

inchangée (let. b).<br />

L’apposition d’armoiries <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong>s arts appliqués tels que gobelets, vitraux,<br />

monnaies commémoratives ou autres objets simi<strong>la</strong>ires que l’acheteur expose un<br />

certain temps chez lui en souvenir d’un événement ou d’une fête (par ex. fête <strong>de</strong> tir,<br />

fête <strong>de</strong> gymnastique), continuera d’être admise. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, les armoiries<br />

confèrent leur particu<strong>la</strong>rité au produit (let. c). Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> consultation, certains participants<br />

ont invoqué le fait que <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion prévue dans l’avant-projet rappe<strong>la</strong>it <strong>la</strong><br />

jurispru<strong>de</strong>nce actuelle concernant l’usage décoratif <strong>de</strong>s armoiries qui, bien trop<br />

généreuse, a entraîné nombre d’abus. La disposition a été précisée afin <strong>de</strong> tenir<br />

compte <strong>de</strong> cette préoccupation. L’exception ne s’applique plus <strong>de</strong> manière générale<br />

aux articles <strong>de</strong> souvenir, mais uniquement aux objets qui sont en lien direct avec une<br />

fête ou une manifestation au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> let. b. L’apposition <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération <strong>sur</strong> d’autres articles <strong>de</strong> souvenir n’est pas permise; mais il est possible<br />

<strong>de</strong> les remp<strong>la</strong>cer par le drapeau ou par <strong>la</strong> croix suisses. Si les articles <strong>de</strong> souvenir<br />

proviennent <strong>de</strong> l’étranger, le drapeau suisse ou <strong>la</strong> croix suisse (sans écusson) sont<br />

admis uniquement si le signe utilisé n’est pas considéré comme une indication <strong>de</strong><br />

provenance géographique. La réponse <strong>à</strong> cette question se fon<strong>de</strong>ra <strong>sur</strong> <strong>la</strong> perception<br />

<strong>de</strong>s milieux intéressés, <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance (art. 47 LPM) (voir<br />

commentaire <strong>de</strong> l’art. 10). Cette règle s’applique aussi <strong>à</strong> toutes les armoiries <strong>de</strong>s<br />

cantons, districts, cercles ou communes et les éléments caractéristiques <strong>de</strong>s armoiries<br />

cantonales en re<strong>la</strong>tion avec un écusson.<br />

La <strong>de</strong>rnière exception (let. d) s’applique <strong>à</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries comme élément du<br />

signe <strong>de</strong>s brevets suisses conformément <strong>à</strong> l’art. 11 <strong>de</strong> <strong>la</strong> LBI.<br />

Il existe une autre exception pour les marques collectives et les marques <strong>de</strong> garantie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité qui peuvent être utilisées par les particuliers en vertu du règlement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Par exemple, le canton <strong>de</strong> Vaud a fait enregistrer les marques collectives<br />

«Saucisson vaudois» (marque figurative comprenant les armoiries du canton <strong>de</strong><br />

Vaud) 97 et «Saucisse aux choux vaudoise» (marque figurative comprenant les<br />

armoiries du canton <strong>de</strong> Vaud) 98 pour les spécialités correspondantes. Selon le règlement<br />

régissant ces marques, celles-ci peuvent être utilisées par <strong>de</strong>s particuliers,<br />

autrement dit par les producteurs <strong>de</strong> ces spécialités <strong>à</strong> base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. Cette dérogation<br />

s’applique aussi aux marques «Parc national» (fig. avec les armoires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération) 99, «Parc naturel régional» (fig. avec les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération)<br />

100 et «Parc naturel périurbain» (fig. avec les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération) 101<br />

<strong>de</strong> l’Office fédéral <strong>de</strong> l’environnement qui sont enregistrées pour diverses prestations<br />

<strong>de</strong> services en re<strong>la</strong>tion avec ces parcs. Les marques <strong>de</strong> garantie en particulier<br />

sont <strong>de</strong>s marques qui ne peuvent pas être utilisées par le titu<strong>la</strong>ire lui-même, mais<br />

exclusivement par les tiers. Quiconque remplit les critères définis par le règlement<br />

97 Marque collective n o 541 468.<br />

98 Marque collective n o 541 469.<br />

99 Marque <strong>de</strong> garantie n o 524 790.<br />

100 Marque <strong>de</strong> garantie n o 524 789.<br />

101 Marque <strong>de</strong> garantie n o 524 788.<br />

7803


<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque et verse une rémunération appropriée au titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque est libre<br />

d’utiliser <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> garantie (let. e).<br />

Les cas relevant du droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage visé <strong>à</strong> l’art. 35 constituent une autre<br />

exception (let. f). Dans <strong>de</strong>s circonstances particulières, le DFJP peut autoriser, <strong>sur</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération ou <strong>de</strong>s<br />

signes susceptibles d’être confondus avec elles (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 35).<br />

Les collectivités territoriales compétentes sont habilitées <strong>à</strong> prévoir d’autres exceptions<br />

concernant l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong>s cantons, districts, cercles et communes<br />

(al. 5). Sous l’angle <strong>de</strong> l’autonomie <strong>de</strong>s communes et du droit <strong>à</strong> l’autodétermination,<br />

cette disposition permet <strong>de</strong> donner aux collectivités territoriales <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r<br />

elles-mêmes qui peut employer leurs armoiries et <strong>à</strong> quelles conditions. Par exemple,<br />

une commune pourra autoriser sa coopérative <strong>de</strong>s vignerons <strong>à</strong> apposer les armoiries<br />

locales <strong>sur</strong> un vin d’anniversaire <strong>à</strong> l’occasion d’une gran<strong>de</strong> manifestation.<br />

Art. 9 Désignations officielles<br />

Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> consultation, certains participants ont argumenté que les désignations<br />

officielles, tout comme les armoiries officielles, <strong>de</strong>vraient être réservées aux collectivités<br />

et <strong>à</strong> leurs organes, éventuellement aux entités étatiques ou semi-étatiques.<br />

Cette remarque a été prise en considération: seules, les désignations officielles au<br />

sens <strong>de</strong> l’art. 6 ne peuvent être utilisées que par <strong>la</strong> collectivité <strong>à</strong> qui elles appartiennent<br />

(al. 1).<br />

L’al. 2 prévoit que l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> ces désignations par d’autres personnes que <strong>la</strong> collectivité<br />

concernée est admis uniquement si ces personnes exercent une activité étatique<br />

ou semi-étatique. Cette disposition tient compte du fait que <strong>de</strong> nos jours <strong>de</strong> nombreuses<br />

tâches <strong>de</strong> l’Etat sont transférées <strong>à</strong> <strong>de</strong>s particuliers qui exercent par conséquent<br />

une activité étatique. Il est dès lors nécessaire que les institutions privées<br />

soient habilitées <strong>à</strong> utiliser les désignations officielles correctes dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’exercice <strong>de</strong>s activités qui leur ont été expressément transférées.<br />

Par contre, l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> désignations officielles associées <strong>à</strong> d’autres éléments verbaux<br />

ou figuratifs peut prendre une signification toute autre. En combinaison avec<br />

d’autres éléments, en effet, il est possible que les désignations ne soient pas associées<br />

<strong>à</strong> l’Etat ou <strong>à</strong> ses organes, ni mises en lien avec les autorités. L’al. 3 maintient<br />

donc <strong>la</strong> possibilité d’utiliser, <strong>à</strong> titre exceptionnel, les désignations officielles en<br />

combinaison avec d’autres éléments verbaux ou figuratifs <strong>à</strong> condition que l’emp<strong>loi</strong><br />

ne soit pas trompeur. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre aussi bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible<br />

<strong>de</strong> tromper les consommateurs que l’emp<strong>loi</strong> relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence déloyale. Par<br />

concurrence déloyale, on entend tout acte contraire <strong>à</strong> l’honnêteté attendue en matière<br />

industrielle ou commerciale. Ainsi, <strong>la</strong> Fédération suisse <strong>de</strong> gymnastique peut continuer<br />

<strong>à</strong> employer <strong>la</strong> désignation «Fête fédérale <strong>de</strong> gymnastique», tout comme<br />

l’Association fédérale <strong>de</strong> lutte <strong>la</strong> «Fête fédérale <strong>de</strong> lutte suisse et <strong>de</strong>s jeux alpestres».<br />

Dans les <strong>de</strong>ux cas, l’adjectif «fédérale» ne renvoie pas <strong>à</strong> une soi-disant re<strong>la</strong>tion<br />

officielle <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité. Un tel emp<strong>loi</strong> est donc admis, car il n’est ni inexact ni<br />

trompeur.<br />

Art. 10 Drapeaux et autres emblèmes<br />

L’art. 10 autorise l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse et du drapeau suisse non plus seulement<br />

pour les services mais aussi pour les produits. Les produits qui remplissent les<br />

7804


critères régissant l’utilisation <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance pourront donc être<br />

munis <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Cette nouveauté permet <strong>de</strong> simplifier l’interprétation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

frontière ténue entre utilisation licite <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins décoratives (par ex.<br />

croix suisse <strong>sur</strong> un t-shirt ou <strong>sur</strong> une casquette) et utilisation illicite <strong>à</strong> titre d’indication<br />

<strong>de</strong> provenance dans un but commercial, entre reproduction stylisée autorisée<br />

et reproduction interdite car susceptible <strong>de</strong> créer une confusion. La première question<br />

qu’il faudra se poser <strong>à</strong> l’avenir sera <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> croix suisse, utilisée en re<strong>la</strong>tion<br />

avec <strong>de</strong>s produits concrets, est susceptible d’être perçue comme une indication<br />

géographique. La réponse <strong>à</strong> cette question se fon<strong>de</strong>ra <strong>sur</strong> <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s milieux<br />

intéressés, <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance (art. 47 ss LPM). Dans l’affirmative,<br />

le produit ainsi désigné <strong>de</strong>vra satisfaire aux critères <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

définis dans <strong>la</strong> LPM. Ainsi, l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> un <strong>la</strong>mpion ou <strong>sur</strong> le<br />

<strong>de</strong>vant d’une casquette ou <strong>sur</strong> un t-shirt ne peut pas être considérée comme une<br />

indication <strong>de</strong> provenance, mais correspond <strong>à</strong> une utilisation décorative, autorisée<br />

pour les produits étrangers également. En revanche, une croix suisse <strong>sur</strong> un embal<strong>la</strong>ge<br />

<strong>de</strong> choco<strong>la</strong>t ou <strong>sur</strong> le cadran d’une montre est comprise comme une indication<br />

géographique. C’est pourquoi elle ne peut être apposée que <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong><br />

provenance suisse. La société Valser sera ainsi autorisée <strong>à</strong> apposer <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong><br />

une eau minérale qui prend sa source en Suisse, tout comme Swatch SA <strong>sur</strong> le<br />

cadran <strong>de</strong> ses montres, <strong>à</strong> condition qu’elles soient fabriquées en Suisse. L’usage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits (par ex. <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s casseroles) fabriqués <strong>à</strong> l’étranger ou<br />

qui ne remplissent pas les critères définis dans <strong>la</strong> LPM, ou <strong>sur</strong> leur embal<strong>la</strong>ge,<br />

<strong>de</strong>meurera par contre illégal.<br />

La même réglementation s’applique aux licences portant <strong>sur</strong> une marque comportant<br />

une croix suisse. Dans ces cas, le preneur <strong>de</strong> licence ne sera autorisé <strong>à</strong> apposer <strong>la</strong><br />

marque <strong>sur</strong> ses produits seulement si ceux-ci satisfont aux critères généraux du<br />

«Swiss ma<strong>de</strong>» selon <strong>la</strong> LPM. Ainsi, un preneur <strong>de</strong> licence privé ne serait habilité <strong>à</strong><br />

utiliser <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération «approved by armasuisse» (fig. avec <strong>la</strong> croix<br />

suisse) 102 que si ses marchandises répon<strong>de</strong>nt aux critères généraux définis aux<br />

art. 48 ss LPM régissant <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits. En vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> actuelle, il ne<br />

serait même pas possible d’octroyer une licence pour <strong>de</strong>s produits suisses, étant<br />

donné qu’il est interdit d’apposer <strong>la</strong> croix suisse <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> particuliers. Le<br />

droit <strong>sur</strong> <strong>la</strong> marque conféré par <strong>la</strong> licence ne pourrait pas être exercé en raison <strong>de</strong><br />

l’interdiction d’utilisation.<br />

L’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse ne doit pas être inexact ou trompeur, ne doit pas porter<br />

atteinte <strong>à</strong> l’ordre public ou aux bonnes mœurs, ni être contraire au droit en vigueur.<br />

Cette réserve procè<strong>de</strong> du principe général <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne foi. L’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse<br />

est donc licite seulement lorsqu’il ne déçoit pas les attentes légitimes du public visé<br />

et qu’il ne trompe pas le consommateur. Par usage trompeur, on entend une utilisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse qui, prise dans son contexte général, est objectivement propre<br />

<strong>à</strong> faire croire <strong>à</strong> quelque chose d’erroné, par exemple <strong>sur</strong> <strong>la</strong> situation commerciale ou<br />

<strong>sur</strong> <strong>de</strong> prétendus rapports avec une collectivité publique. Ainsi, l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse pour un bureau privé fournissant <strong>de</strong>s conseils et <strong>de</strong>s services pour l’obtention<br />

<strong>de</strong> visas qui se présente sous le nom <strong>de</strong> «Swiss Helping Point, Visa Assistance» est<br />

trompeur car les clients potentiels <strong>de</strong> ces services pourraient être portés <strong>à</strong> croire<br />

qu’ils sont fournis par un bureau <strong>de</strong> conseils <strong>de</strong> l’Etat. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre<br />

102 Marque n o 513 614.<br />

7805


aussi bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible <strong>de</strong> tromper les consommateurs que l’emp<strong>loi</strong> relevant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence déloyale.<br />

Dans l’appréciation <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse et du drapeau suisse, il faut également<br />

tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réserve <strong>de</strong>s bonnes mœurs applicable en droit privé. Bien<br />

qu’il soit peu aisé <strong>de</strong> donner une définition générale juridiquement contraignante <strong>de</strong>s<br />

bonnes mœurs et que celles-ci soient en constante évolution, leur invocation permet,<br />

dans les cas d’abus graves, <strong>de</strong> faire appel <strong>à</strong> <strong>de</strong>s principes éthiques et moraux communément<br />

admis. Par exemple, l’utilisation d’un signe est contraire aux bonnes<br />

mœurs lorsqu’elle porte atteinte aux normes générales <strong>de</strong> bienséance (morale prédominante)<br />

ou aux principes et critères éthiques <strong>de</strong> l’ordre juridique. L’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse est ainsi considéré comme contraire aux bonnes mœurs lorsqu’il est<br />

propre <strong>à</strong> porter atteinte au sens moral <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges pans <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ou lorsqu’il<br />

manque <strong>de</strong> respect <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, il faut trouver un juste<br />

milieu entre <strong>la</strong> liberté d’expression, <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> l’art et le respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité.<br />

Il est en effet impensable <strong>de</strong> voir dans toute représentation critique ou provocatrice<br />

du drapeau suisse une atteinte aux bonnes mœurs. Il ne faut pas criminaliser une<br />

protestation contre un Etat mais tenir compte aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportionnalité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

critique et du principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté d’expression. Par contre, il y a lieu <strong>de</strong> considérer<br />

comme une atteinte aux bonnes mœurs les cas <strong>de</strong> représentations obscènes ou c<strong>la</strong>irement<br />

racistes, même si elles ne sont pas répréhensibles <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n pénal103. La notion d’atteinte <strong>à</strong> l’ordre public revêt une fonction simi<strong>la</strong>ire. Sont considérés<br />

comme atteinte <strong>à</strong> l’ordre publique <strong>la</strong> représentation ou l’utilisation <strong>de</strong> drapeaux et<br />

autres emblèmes lorsque cet emp<strong>loi</strong> est contraire aux principes fondamentaux juridiques<br />

et sociaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse (ordre constitutionnel). L’usage <strong>de</strong> drapeaux et autres<br />

emblèmes est également contraire <strong>à</strong> l’ordre public lorsqu’il est susceptible <strong>de</strong> compromettre<br />

les intérêts nationaux suisses, <strong>de</strong> ternir <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse et <strong>de</strong><br />

perturber les re<strong>la</strong>tions diplomatiques avec un autre Etat, ce qui serait le cas s’ils<br />

étaient utilisés en re<strong>la</strong>tion avec <strong>de</strong>s organisations illicites.<br />

Finalement, l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse ne doit pas être contraire au droit en vigueur.<br />

A cet égard, il faut tenir compte notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> fédérale du 25 mars 1954<br />

concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’emblème et du nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge (<strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

Croix-Rouge). Cette <strong>de</strong>rnière dispose que <strong>la</strong> Croix-Rouge, ou tout signe pouvant être<br />

confondu avec celle-ci, ne peut ni être enregistrée ni être utilisée comme marque.<br />

Dans certaines circonstances, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse – qui pourra être<br />

confondue avec <strong>la</strong> Croix-Rouge – <strong>de</strong>vra être interdite (voir commentaire, ch. 2.3.7).<br />

Il faut en outre respecter <strong>de</strong> nombreuses prescriptions légales visant avant tout <strong>à</strong><br />

protéger les consommateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> tromperie (par ex. <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires). Ainsi, l’utilisation d’une affiche par le Parti <strong>de</strong>s Suisses Nationalistes<br />

dans le canton d’Argovie lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne pour l’élection au conseil national <strong>de</strong><br />

2003 a été jugée contraire au droit en vigueur car elle avait déj<strong>à</strong> été utilisée par les<br />

nationaux-socialistes suisses en 1933. Sur l’affiche «Nous nettoyons» figurait une<br />

croix suisse repoussant <strong>de</strong>s bonzes, <strong>de</strong>s communistes et <strong>de</strong>s juifs. A l’époque, le<br />

tribunal <strong>de</strong> district d’Aarau avait condamné trois membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction du parti <strong>à</strong><br />

<strong>de</strong>s amen<strong>de</strong>s al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 300 <strong>à</strong> 500 francs pour discrimination raciale104. 103 Art. 197 et 262 bis CP.<br />

104 Décision du Bezirksamt d’Aarau du 1 er juillet 2005 dans <strong>la</strong> procédure ST.2003.4839.<br />

7806


Art. 11 Signes nationaux figuratifs ou verbaux<br />

L’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s signes nationaux figuratifs ou verbaux tels que définis <strong>à</strong> l’art. 7 est<br />

autorisé, <strong>à</strong> moins qu’il soit inexact ou trompeur, contraire <strong>à</strong> l’ordre public, aux<br />

bonnes mœurs ou au droit. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre aussi bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible<br />

<strong>de</strong> tromper les consommateurs que l’emp<strong>loi</strong> relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence<br />

déloyale. Par concurrence déloyale, on entend tout acte contraire <strong>à</strong> l’honnêteté<br />

attendue en matière industrielle ou commerciale.<br />

Art. 12 Signes publics suisses susceptibles d’être confondus avec<br />

<strong>de</strong>s signes publics étrangers<br />

Reprenant l’art. 12 LPAP, cette disposition exprime <strong>la</strong> réserve prévue <strong>à</strong> l’art. 6ter, al. 8, CUP. En vertu <strong>de</strong> cette disposition, les ressortissants <strong>de</strong> chaque pays qui sont<br />

autorisés <strong>à</strong> faire usage <strong>de</strong>s emblèmes d’Etat <strong>de</strong> leur pays pourront les utiliser, même<br />

si ceux-ci présentent <strong>de</strong>s simi<strong>la</strong>rités avec ceux d’un autre pays. Un signe public<br />

suisse peut dès lors être utilisé par l’utilisateur autorisé <strong>à</strong> le faire même lorsqu’il<br />

existe un risque <strong>de</strong> confusion avec un signe public étranger. Par exemple, un producteur<br />

appenzel<strong>loi</strong>s est autorisé <strong>à</strong> utiliser le drapeau d’Appenzell Rho<strong>de</strong>s-Intérieures<br />

(ours noir <strong>de</strong>bout <strong>sur</strong> fond b<strong>la</strong>nc) pour les produits fabriqués dans son canton indépendamment<br />

du fait que le drapeau <strong>de</strong> l’Etat fédéré <strong>de</strong> Berlin se compose, outre <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux rayures rouges <strong>sur</strong> le bord supérieur et d’une <strong>sur</strong> le bord inférieur, d’un ours<br />

noir <strong>de</strong>bout <strong>sur</strong> fond b<strong>la</strong>nc. La simi<strong>la</strong>rité <strong>de</strong>s éléments principaux <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux signes est<br />

toutefois très forte, et ils pourraient parfaitement être confondus. En vertu <strong>de</strong><br />

l’art. 6ter CUP, l’ours berlinois est également protégé en Suisse en tant qu’emblème<br />

<strong>de</strong> l’Etat fédéré <strong>de</strong> Berlin. L’art. 12 permet <strong>de</strong> garantir qu’un producteur appenzel<strong>loi</strong>s<br />

puisse légitimement utiliser l’ours appenzel<strong>loi</strong>s en dépit du risque <strong>de</strong> confusion<br />

avec l’ours berlinois.<br />

Art. 13 Emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> signes en tant qu’indications <strong>de</strong> provenance<br />

Les signes visés aux art. 8, 10 et 11 P-LPASP ou tout signe susceptible d’être<br />

confondu avec eux, qui sont considérés par les milieux intéressés comme une référence<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services, sont <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

aux sens <strong>de</strong>s art. 47 ss LPM. Peu importe <strong>la</strong> manière dont est éveillée cette<br />

attente. Il faut considérer, dans le cas concret, l’impression générale produite par le<br />

signe <strong>sur</strong> les milieux intéressés pour déterminer s’il éveille ou non une attente quant<br />

<strong>à</strong> une provenance et s’il s’agit donc, <strong>de</strong> ce fait, d’une indication <strong>de</strong> provenance au<br />

sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM. La perception <strong>de</strong>s milieux intéressés varie toujours en fonction <strong>de</strong>s<br />

produits désignés. A l’instar <strong>de</strong> ce qui vaut pour les marques, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si<br />

les pavillons, les drapeaux et <strong>la</strong> croix suisse au sens <strong>de</strong> l’art. 10 sont compris par les<br />

milieux intéressés comme un renvoi <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits et<br />

<strong>de</strong>s services est examinée <strong>de</strong> façon abstraite et indépendamment <strong>de</strong> leur emp<strong>loi</strong> dans<br />

le cas concret. Il n’est par conséquent pas possible d’éliminer le risque <strong>de</strong> confusion<br />

en apportant un simple correctif <strong>sur</strong> <strong>la</strong> marchandise ou l’embal<strong>la</strong>ge. Ainsi, l’emp<strong>loi</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse dans le logo «Sigg Switzer<strong>la</strong>nd» est inexact et donc trompeur<br />

même si le lieu effectif <strong>de</strong> fabrication est indiqué <strong>sur</strong> l’embal<strong>la</strong>ge («ma<strong>de</strong> in<br />

China»). La soi-disant rectification – «ma<strong>de</strong> in China» – ne suffit pas <strong>à</strong> corriger<br />

l’attente du public (provenance suisse du produit) éveillée par l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse, ni <strong>à</strong> écarter le risque <strong>de</strong> confusion. Bien au contraire: ce type <strong>de</strong> rectification<br />

contribue <strong>à</strong> diluer <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse comme indication géographique. C’est<br />

7807


également vrai pour <strong>de</strong>s indications comme «<strong>de</strong> type suisse», «<strong>de</strong> style suisse»,<br />

«selon une recette suisse», qui ne sont pas en me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> supprimer les attentes par<br />

rapport <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance (voir art. 47, al. 3bis, P-LPM). Elles ne sont donc pas autorisées<br />

pour les produits qui ne remplissent pas les critères <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance<br />

suisse. Les particuliers sont autorisés, <strong>à</strong> titre exceptionnel, <strong>à</strong> utiliser les armoiries<br />

conformément <strong>à</strong> l’art. 8 (voir exceptions visées <strong>à</strong> l’art. 8, al. 4, et plus particulièrement<br />

<strong>à</strong> l’art. 35). Dans ces cas, les mêmes critères <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique<br />

que ceux régissant l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s drapeaux et emblèmes prévu <strong>à</strong> l’art. 10<br />

s’appliquent. L’avant-projet proposait que les armoiries ne puissent être utilisées par<br />

<strong>la</strong> collectivité concernée que pour les produits <strong>de</strong> provenance entièrement suisse,<br />

mais cette différence par rapport <strong>à</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse aurait entraîné un<br />

émiettement du droit puisque les critères appliqués auraient été fonction du signe<br />

utilisé. Or, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> transparence, il faut que les mêmes critères soient<br />

applicables <strong>à</strong> toutes les indications <strong>de</strong> provenance. En effet, du point <strong>de</strong> vue du<br />

public visé, il n’existe pas vraiment <strong>de</strong> différence entre un couteau muni <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse et un couteau muni <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. Dans les <strong>de</strong>ux cas, il<br />

s’imagine avoir <strong>à</strong> faire <strong>à</strong> un produit <strong>de</strong> provenance suisse, indépendamment du fait<br />

que les armoiries soient utilisées par <strong>la</strong> collectivité ou, exceptionnellement, par <strong>de</strong>s<br />

particuliers. Même dans le cas où une entreprise traditionnelle est autorisée <strong>à</strong> utiliser<br />

les armoiries en vertu du droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage défini <strong>à</strong> l’art. 35, les armoiries<br />

doivent être soumises aux mêmes règles <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance que<br />

celles qui régissent l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Ainsi, une entreprise traditionnelle<br />

qui est autorisée <strong>à</strong> apposer les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération <strong>sur</strong> un couteau ne peut<br />

utiliser les armoiries <strong>sur</strong> d’autres produits tels <strong>de</strong>s bagages que si les produits remplissent<br />

les mêmes critères <strong>de</strong> provenance que le couteau. En effet, qui n’est autorisé<br />

<strong>à</strong> utiliser <strong>la</strong> croix suisse ne peut être autorisé <strong>à</strong> employer les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Enfin, <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Tell <strong>sur</strong> une bouteille <strong>de</strong> bière est considérée<br />

comme une indication <strong>de</strong> provenance au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM, ce qui signifie que <strong>la</strong><br />

représentation ne peut être utilisée qu’en re<strong>la</strong>tion avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> bière. Il faudra juger cas<br />

par cas et du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s milieux intéressés si le signe national figuratif ou<br />

verbal éveille certaines associations liées <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits<br />

ou <strong>de</strong>s services désignés. L’apposition du monument <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Tell <strong>sur</strong> un t-shirt<br />

ou <strong>sur</strong> une carte postale ne suscite par exemple pas <strong>de</strong> telles attentes.<br />

2.3.2.3 Section 3 Interdiction d’enregistrement<br />

Art. 14<br />

La réglementation actuelle interdit l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse comme élément<br />

d’une marque <strong>de</strong> produit par <strong>de</strong>s particuliers. L’interdiction d’enregistrement<br />

ne s’applique en revanche pas aux marques <strong>de</strong> services selon <strong>la</strong> volonté expresse du<br />

légis<strong>la</strong>teur (voir art. 75, ch. 3, LPM en re<strong>la</strong>tion avec art. 1 LPAP). Dans le cadre <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM intervenue au début <strong>de</strong>s années 90, le légis<strong>la</strong>teur a<br />

maintenu cette distinction, qui a <strong>de</strong>s motifs historiques, pour <strong>de</strong>s raisons politiques.<br />

Cette dérogation en faveur <strong>de</strong>s services et cette inégalité <strong>de</strong> traitement par rapport<br />

aux marques <strong>de</strong> produits n’a toutefois plus <strong>de</strong> raisons d’être. C’est pourquoi il sera<br />

possible <strong>de</strong> faire enregistrer <strong>la</strong> croix suisse comme élément d’une marque <strong>de</strong> produit<br />

dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où le produit désigné est <strong>de</strong> provenance suisse (l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

7808


suisse ne doit pas être trompeur). L’art. 14 exclut uniquement <strong>de</strong> l’enregistrement<br />

comme marque ou <strong>de</strong>sign les signes (armoiries et éléments caractéristiques <strong>de</strong>s<br />

armoiries cantonales, ainsi que les éléments verbaux faisant référence <strong>à</strong> ces armoiries)<br />

qui sont strictement réservés <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité. Cependant l’emp<strong>loi</strong> d’un signe en<br />

vertu <strong>de</strong>s art. 8 <strong>à</strong> 13 n’implique pas que celui-ci puisse être enregistré sans autre <strong>à</strong><br />

titre <strong>de</strong> marque. L’admissibilité <strong>de</strong>s signes <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque se fon<strong>de</strong><br />

<strong>sur</strong> l’examen <strong>de</strong>s motifs absolus d’exclusion définis dans <strong>la</strong> LPM105. Il est donc tout<br />

<strong>à</strong> fait possible qu’un signe muni <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse puisse être utilisé sans être admis<br />

<strong>à</strong> l’enregistrement comme marque. Citons l’exemple d’un <strong>la</strong>mpion fabriqué en<br />

Chine. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, l’apposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse est permise parce que<br />

celle-ci ne peut pas être perçue comme un renvoi <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique. Par<br />

contre, lorsque <strong>la</strong> représentation d’un <strong>la</strong>mpion est déposée comme marque figurative<br />

pour <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires, le signe ne peut être enregistré comme marque que si<br />

<strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s produits se limite aux produits <strong>de</strong> provenance suisse. En tant que marque<br />

figurative pour <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires, le <strong>la</strong>mpion est en effet perçu par le public<br />

comme une indication <strong>de</strong> provenance. Les signes propres <strong>à</strong> induire en erreur n’étant<br />

pas admis <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque, <strong>la</strong> marque figurative est réservée aux<br />

produits <strong>de</strong> provenance suisse.<br />

L’al. 2 fait référence aux exceptions énumérées <strong>à</strong> l’art. 8, al. 4 et 5, qui autorisent<br />

l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s armoiries par <strong>de</strong>s particuliers dans certains cas. Ces emp<strong>loi</strong>s autorisés<br />

ne signifient pas pour autant que les armoiries pourront être déposées en tant que<br />

marques ou <strong>de</strong>signs par ces particuliers. Cette disposition est applicable en particulier<br />

aussi aux signes dont les cantons, les districts et les communes ont autorisés<br />

l’emp<strong>loi</strong>. Cette autorisation ne signifie pas que le signe peut être déposé en tant que<br />

marque et donc être monopolisé.<br />

En revanche, les signes pour lesquels le DFJP a accordé un droit <strong>de</strong> poursuivre<br />

l’usage au sens <strong>de</strong> l’art. 35 sont expressément exclus <strong>de</strong> l’interdiction d’enregistrement<br />

(al. 3). Cette solution permet aux entreprises traditionnelles suisses, aux associations<br />

et aux fondations ayant intégré <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies les armoiries ou <strong>de</strong>s<br />

signes simi<strong>la</strong>ires dans leur logo et pour lesquelles le DFJP a prévu un droit <strong>de</strong> poursuivre<br />

l’usage d’enregistrer le signe <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque. La marque leur donne <strong>de</strong>s<br />

moyens efficaces <strong>de</strong> défendre le droit, octroyé <strong>à</strong> titre officiel, <strong>de</strong> poursuivre l’usage<br />

du signe. Par exemple, <strong>la</strong> société Victorinox pourrait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le droit <strong>de</strong> poursuivre<br />

l’usage et – en cas d’acceptation – continuer <strong>à</strong> utiliser son logo <strong>de</strong> type armoirie<br />

pour certaines marchandises <strong>de</strong> provenance suisse et le faire inscrire au registre <strong>de</strong>s<br />

marques suisses. Cette me<strong>sur</strong>e as<strong>sur</strong>e une optimisation déterminante <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> ces signes <strong>à</strong> l’étranger, car certains Etats n’enregistrent les marques<br />

portant les armoiries d’un autre Etat que si celles-ci sont enregistrées comme<br />

marque dans leur pays d’origine.<br />

105 Art. 2 LPM.<br />

7809


2.3.3 Chapitre 2 Signes publics étrangers<br />

2.3.3.1 Section 1 Emp<strong>loi</strong> et autorisation<br />

Art. 15 Emp<strong>loi</strong><br />

L’art. 15 règle l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s signes publics étrangers. Font l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> les<br />

armoiries, les drapeaux, les pavillons et les emblèmes <strong>de</strong>s Etats et <strong>de</strong>s Etats fédérés<br />

d’un Etat fédéral. Comme pour les emblèmes nationaux, leur emp<strong>loi</strong> est réservé <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

collectivité concernée. Font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité les organisations et les entreprises<br />

qui assument <strong>de</strong>s tâches publiques en tant qu’unités juridiques indépendantes<br />

mais qui appartiennent <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité (<strong>la</strong> collectivité détient une participation<br />

importante ou majoritaire dans l’entreprise). Une exception importante limite ce<br />

principe: dans certains cas, une autorisation d’utiliser les signes publics peut être<br />

délivrée (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 16). Il appartient en effet <strong>à</strong> un Etat étranger <strong>de</strong><br />

déci<strong>de</strong>r lui-même s’il autorise d’autres personnes que <strong>la</strong> collectivité concernée <strong>à</strong><br />

employer ses signes publics. Le principe <strong>de</strong> réciprocité n’est donc pas appliqué. Le<br />

droit suisse entend protéger les emblèmes étrangers en Suisse indépendamment du<br />

fait qu’un Etat étranger accor<strong>de</strong> ou non sa <strong>protection</strong> aux emblèmes fédéraux et<br />

cantonaux. La raison en est que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s Etats est membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUP qui<br />

réglemente, <strong>à</strong> son art. 6ter, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s emblèmes d’Etat. La réciprocité est donc<br />

garantie pour tous les pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUP. Pour les Etats qui ne sont pas membres<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> CUP, mais qui ont adhéré <strong>à</strong> l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC, celui-ci prévoit <strong>à</strong> son<br />

art. 2 que les dispositions <strong>de</strong>s art. 1 <strong>à</strong> 12 CUP s’appliquent; <strong>la</strong> réciprocité est donc<br />

garantie pour ces Etats également. Le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> réciprocité étant as<strong>sur</strong>é <strong>à</strong> quelques<br />

exceptions près, il est renoncé <strong>à</strong> subordonner explicitement <strong>la</strong> <strong>protection</strong> en<br />

Suisse <strong>à</strong> <strong>la</strong> réciprocité.<br />

Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation ont critiqué le fait qu’il n’est pas autorisé<br />

d’utiliser les pavillons et drapeaux étrangers, alors que c’est en principe le cas pour<br />

les pavillons et drapeaux suisses. Cette critique n’est pas défendable puisque <strong>la</strong><br />

Suisse est liée par le droit international (art. 6ter CUP) en ce qui concerne l’emp<strong>loi</strong><br />

<strong>de</strong>s drapeaux et pavillons étrangers et qu’il est dès lors obligatoire <strong>de</strong> maintenir<br />

l’interdiction d’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s drapeaux et pavillons étrangers. Il est cependant possible<br />

<strong>de</strong> <strong>sur</strong>monter cette interdiction en obtenant l’autorisation correspondante (voir<br />

art. 16).<br />

Les signes prêtant <strong>à</strong> confusion continuent <strong>de</strong> faire partie du champ d’application <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Ainsi, tous les signes susceptibles d’être confondus, que ce soit du point <strong>de</strong><br />

vue héraldique ou non, avec <strong>de</strong>s armoiries étrangères, bénéficient <strong>de</strong> <strong>la</strong> même <strong>protection</strong><br />

que les emblèmes suisses. La Suisse souhaitant améliorer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> ses<br />

emblèmes d’Etat <strong>à</strong> l’étranger, notamment les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>la</strong><br />

croix suisse, par <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es appropriées, il serait contradictoire <strong>de</strong> ne plus accor<strong>de</strong>r<br />

aux emblèmes étrangers <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPAP et <strong>de</strong> <strong>la</strong> restreindre aux imitations<br />

au sens héraldique au sens <strong>de</strong> l’art. 6ter CUP, ce qui est moins <strong>la</strong>rge. Cette <strong>protection</strong><br />

plus étendue vise <strong>à</strong> prévenir les astuces <strong>de</strong>s utilisateurs qui se contenteraient <strong>de</strong><br />

modifier très légèrement les signes protégés, mais <strong>de</strong> façon suffisante pour contourner<br />

l’imitation au point <strong>de</strong> vue héraldique.<br />

Matériellement, l’al. 2 correspond <strong>à</strong> l’art. 11 LPAP. L’usage licite en soi <strong>de</strong>s signes<br />

étrangers par l’Etat concerné est soumis <strong>à</strong> <strong>la</strong> condition générale que l’utilisation ne<br />

soit ni <strong>de</strong> nature trompeuse, ni contraire <strong>à</strong> l’ordre public, aux bonnes mœurs et au<br />

droit en vigueur. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre aussi bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible <strong>de</strong><br />

7810


tromper les consommateurs que l’emp<strong>loi</strong> relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence déloyale. Par<br />

concurrence déloyale, on entend tout acte contraire aux usages honnêtes en matière<br />

industrielle ou commerciale. L’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s signes publics étrangers doit respecter le<br />

cadre juridique suisse.<br />

Les objets protégés <strong>à</strong> l’al. 1 sont les emblèmes d’un Etat étranger, mais pas les<br />

signes d’autres collectivités, notamment les armoiries, drapeaux et emblèmes <strong>de</strong><br />

communes étrangères. La prise en compte <strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong>s communes <strong>à</strong> l’al. 1<br />

créerait une confusion susceptible <strong>de</strong> rendre difficile l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Les<br />

emblèmes pourront donc continuer d’être utilisés librement dans les limites <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réserve générale (al. 3). Leur emp<strong>loi</strong> ne doit donc être ni inexact ou trompeur, ni<br />

contraire <strong>à</strong> l’ordre public, aux bonnes mœurs et au droit en vigueur. Le but <strong>de</strong> cette<br />

réserve générale est <strong>de</strong> protéger en premier lieu le public suisse. Pour être trompeur,<br />

l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> l’armoirie d’une commune étrangère suppose que celle-ci soit connue en<br />

tant que telle ou reconnaissable par le public. Les signes inconnus ou non reconnaissables<br />

en tant qu’armoires d’une commune peuvent être utilisés librement.<br />

Si les emblèmes étrangers utilisés en re<strong>la</strong>tion avec certains produits ou services sont<br />

perçus par les milieux intéressés comme une référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique,<br />

ils sont considérés comme indication <strong>de</strong> provenance. Dans ce cas <strong>de</strong> figure, les<br />

critères <strong>de</strong> provenance inscrits aux art. 48, al. 5, et 49, al. 4, P-LPM sont applicables<br />

et doivent être impérativement respectés (al. 4). Les signes publics étrangers sont<br />

donc traités <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière que les signes publics suisses. Cette égalité <strong>de</strong><br />

traitement découle <strong>de</strong>s accords internationaux, notamment <strong>de</strong> l’accord <strong>sur</strong> les<br />

ADPIC. L’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s signes publics étrangers comme indication <strong>de</strong> provenance est<br />

admis <strong>à</strong> condition qu’il ne soit pas trompeur. La notion <strong>de</strong> tromperie couvre aussi<br />

bien l’emp<strong>loi</strong> susceptible <strong>de</strong> tromper les consommateurs que celui relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

concurrence déloyale.<br />

Art. 16 Autorisation<br />

Il appartient <strong>à</strong> l’Etat étranger qui est le titu<strong>la</strong>ire du signe public ou auquel celui-ci<br />

renvoie <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r qui d’autre que lui est habilité <strong>à</strong> l’utiliser. L’art. 16 restreint par<br />

conséquent l’interdiction générale d’utilisation formulée <strong>à</strong> l’art. 15 en disposant<br />

qu’elle ne s’applique pas aux personnes qui ont été expressément autorisées <strong>à</strong> employer<br />

le signe étranger. La disposition correspond <strong>à</strong> l’art. 10, al. 2, LPAP. L’autorisation<br />

doit toutefois correspondre <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> revendiquée: il ne suffit pas au<br />

déposant d’une marque <strong>de</strong> présenter une autorisation générale <strong>à</strong> employer le signe<br />

étranger. L’autorisation doit spécifier que le signe peut être employé en tant que<br />

marque. Dans le cas <strong>de</strong>s autorisations étrangères, l’autorisation d’utiliser le signe <strong>à</strong><br />

titre <strong>de</strong> marque est souvent expressément exclue afin d’éviter une position <strong>de</strong> monopole<br />

injustifiée du déposant. La réserve générale en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle l’emp<strong>loi</strong> ne<br />

doit être ni trompeur, ni déloyal s’applique dans ce cas également.<br />

L’al. 2 énumère <strong>de</strong> façon non exhaustive ce qui est considéré comme une autorisation.<br />

Ainsi, une attestation <strong>de</strong> l’enregistrement du signe par l’autorité étrangère est<br />

suffisante pour enregistrer le signe en Suisse <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque.<br />

7811


2.3.3.2 Section 2 Interdiction d’enregistrement<br />

Art. 17<br />

L’art. 17 interdit l’enregistrement <strong>de</strong>s signes publics étrangers <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque,<br />

<strong>de</strong>sign, raison <strong>de</strong> commerce, nom <strong>de</strong> coopérative, d’association ou <strong>de</strong> fondation, ou<br />

comme élément <strong>de</strong> ceux-ci si leur emp<strong>loi</strong> n’est pas licite. Cette interdiction ne<br />

s’applique pas en présence d’une exception au sens <strong>de</strong> l’art. 16. Il faut toutefois que<br />

l’autorisation correspon<strong>de</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> revendiquée (voir commentaire <strong>de</strong><br />

l’art. 16).<br />

2.3.4 Chapitre 3<br />

Liste électronique <strong>de</strong>s signes publics protégés<br />

Art. 18<br />

L’art. 18 prévoit que l’IPI, qui est l’autorité d’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération en<br />

matière <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries et autres signes publics, tienne une liste électronique<br />

<strong>de</strong>s signes publics suisses et étrangers. Cette me<strong>sur</strong>e permet <strong>de</strong> garantir que<br />

tous les signes publics sont recensés, ce qui facilite par ailleurs l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

présente <strong>loi</strong> par l’IPI. Ce <strong>de</strong>rnier sera ainsi en me<strong>sur</strong>e, dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

d’examen <strong>de</strong>s marques par exemple, <strong>de</strong> différencier <strong>de</strong> manière fiable les emblèmes<br />

familiaux ou fantaisistes <strong>de</strong>s emblèmes publics. Lors <strong>de</strong> fusions <strong>de</strong> communes, il<br />

sera beaucoup plus aisé <strong>de</strong> déterminer quelle armoirie doit être abrogée, et <strong>la</strong>quelle<br />

est appliquée <strong>à</strong> <strong>la</strong> nouvelle commune. L’IPI aura également <strong>la</strong> possibilité d’établir<br />

une liste <strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong>s cantons. Outre les armoiries <strong>de</strong>s districts et <strong>de</strong>s<br />

communes, les divers sceaux <strong>de</strong>s cantons bénéficient aussi d’une <strong>protection</strong>. Les<br />

notaires du canton <strong>de</strong> Berne, par exemple, possè<strong>de</strong>nt un sceau professionnel composé<br />

<strong>de</strong> l’armoirie cantonale qui est encadrée par le texte «N. N. Notar <strong>de</strong>s Kantons<br />

Bern» et <strong>de</strong>s numéros du registre du notaire et du sceau106. Il manque enfin, <strong>à</strong><br />

l’heure actuelle, un aperçu <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> Suisse, ce<br />

qui a parfois rendu complexe l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPAP. La nouvelle liste électronique<br />

n’aura pas force obligatoire; elle a pour objectif premier <strong>de</strong> donner une information<br />

générale et <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> transparence. Cette base <strong>de</strong> données permettra <strong>à</strong> quiconque,<br />

par simple consultation, <strong>de</strong> se faire une idée <strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong>s cantons.<br />

Si un signe figure dans <strong>la</strong> liste électronique, une personne pourra en déduire qu’il<br />

s’agit d’un signe public, jusqu’<strong>à</strong> preuve du contraire. La <strong>protection</strong> d’un signe public<br />

qui ne serait pas recensé dans cette liste <strong>de</strong>vra par contre être prouvée en se fondant<br />

<strong>sur</strong> les dispositions cantonales applicables.<br />

Les armoiries et emblèmes étrangers pour lesquels <strong>la</strong> <strong>protection</strong> est revendiquée<br />

conformément <strong>à</strong> l’art. 6ter CUP doivent être notifiés <strong>à</strong> l’OMPI dans le cadre d’une<br />

procédure formelle. Cette <strong>de</strong>rnière envoie par <strong>la</strong> suite <strong>à</strong> tous les pays membres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

CUP une communication <strong>à</strong> ce sujet. En Suisse, les signes protégés sont régulièrement<br />

publiés dans <strong>la</strong> Feuille fédérale (concernant l’organe <strong>de</strong> publication, voir les<br />

explications concernant les <strong>modification</strong>s <strong>de</strong> l’art. 4, al. 1 et 3, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les Nations<br />

Unies, ch. 2.3.7). Il est cependant peu aisé, pour les tiers, <strong>de</strong> connaître les<br />

106 Art. 12 <strong>de</strong> l’ordonnance <strong>sur</strong> le notoriat du canton <strong>de</strong> Berne,169.112 du Recueil systématique<br />

<strong>de</strong>s <strong>loi</strong>s bernoises.<br />

7812


signes étrangers bénéficiant d’une <strong>protection</strong> en Suisse. La liste électronique proposée<br />

fournira un aperçu <strong>de</strong> tous les signes publiés en Suisse, accessible librement,<br />

apportant ainsi <strong>la</strong> transparence voulue.<br />

2.3.5 Chapitre 4 Voies <strong>de</strong> droit<br />

2.3.5.1 Section 1 Droit civil<br />

Art. 19 Renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve<br />

L’art. 19, qui introduit le renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve, est calqué <strong>sur</strong><br />

l’art. 51a du P-LPM (ch. 2.1.4). Selon l’art. 8 CC, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit prouver les<br />

faits qu’il allègue pour en déduire son droit. Il est aisé <strong>de</strong> fournir cette preuve lorsque<br />

l’inexactitu<strong>de</strong> découle <strong>de</strong>s prestations du défen<strong>de</strong>ur, mais <strong>la</strong> situation est toute<br />

autre lorsque le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit prouver que le défen<strong>de</strong>ur n’est pas autorisé <strong>à</strong> utiliser<br />

un signe public. Ce<strong>la</strong> est particulièrement vrai pour l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> signes étrangers,<br />

lorsque le défen<strong>de</strong>ur a <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité concernée une<br />

autorisation d’utiliser le signe. A l’avenir, le défen<strong>de</strong>ur sera tenu <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s<br />

documents attestant qu’il est autorisé <strong>à</strong> utiliser le signe public en question. S’il n’est<br />

pas en me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> le faire, il pourra se référer <strong>à</strong> <strong>de</strong>s cas simi<strong>la</strong>ires dans lesquels<br />

l’emp<strong>loi</strong> est toléré dans l’Etat correspondant. Pour déterminer si l’emp<strong>loi</strong> du signe<br />

étranger est également licite en Suisse, le tribunal <strong>de</strong>vra se reporter au droit étranger.<br />

Si celui-ci ne se prononce pas <strong>à</strong> ce propos et que l’emp<strong>loi</strong> du signe étranger est<br />

toléré dans l’Etat concerné, l’utilisation peut être considérée, <strong>à</strong> titre exceptionnel,<br />

comme licite.<br />

Dans le cadre du renversement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve, il est essentiel <strong>de</strong> garantir les<br />

secrets <strong>de</strong> fabrication ou d’affaires. Le tribunal possédant déj<strong>à</strong> une base pour prendre<br />

les me<strong>sur</strong>es nécessaires (voir art. 156 CPC et 102, al. 1, CPP), il est superflu <strong>de</strong><br />

prévoir une disposition spéciale.<br />

Art. 20 Action en exécution d’une prestation et qualité pour agir<br />

La croix suisse, les pavillons et les drapeaux sont souvent utilisés comme <strong>de</strong>s<br />

moyens pour désigner <strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s services. La<br />

croix suisse est utilisée par exemple <strong>sur</strong> l’embal<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> produits <strong>la</strong>itiers (Emmi), <strong>de</strong><br />

biscuits (Kambly), <strong>de</strong> produits agricoles (produits Suisse Garantie) ou en rapport<br />

avec <strong>de</strong>s services d’as<strong>sur</strong>ances (Swiss Life). Le projet <strong>de</strong> révision prévoit que tous<br />

les agents du marché qui subissent ou risquent <strong>de</strong> subir une atteinte dans leurs intérêts<br />

économiques en raison <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong> illicite <strong>de</strong> signes publics auront qualité pour<br />

agir. Il peut s’agir d’agents économiques concurrents, mais aussi <strong>de</strong> consommateurs;<br />

tous auront <strong>la</strong> possibilité d’introduire une action contre l’utilisation abusive <strong>de</strong>s<br />

signes publics. L’art. 20 précise l’action en exécution d’une prestation et <strong>la</strong> qualité<br />

pour agir. Cette disposition s’inspire <strong>la</strong>rgement du droit <strong>de</strong>s brevets, <strong>de</strong>s marques,<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>signs et du droit d’auteur (art. 66, let. a et b, 72, al. 1, et 73 LBI, art. 55 LPM,<br />

art. 35 LDes et art. 62 LDA) en y apportant une amélioration <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n linguistique.<br />

L’al. 1, let. a et b, réglemente les prétentions en prévention ou en cessation. L’action<br />

est admise en cas <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tion ou <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tion du signe public. L’obligation<br />

d’informer au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> let. c permet d’exiger <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>resse qu’elle<br />

indique <strong>la</strong> provenance et <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong>s objets se trouvant en sa possession <strong>sur</strong><br />

7813


lesquels un signe public a été illicitement apposé. Il est également possible <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s informations <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>stinataires et <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong>s objets qui ont été<br />

remis <strong>à</strong> <strong>de</strong>s acheteurs commerciaux. Le but <strong>de</strong> cette obligation est <strong>de</strong> trouver, grâce<br />

aux informations recueillies, <strong>la</strong> source <strong>de</strong> <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion. L’obligation d’informer<br />

couvre toute <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> vente. La let. d constitue le fon<strong>de</strong>ment<br />

pour une action en constatation du caractère illicite d’une vio<strong>la</strong>tion lorsque le trouble<br />

créé subsiste.<br />

L’al. 2 énonce une réserve générale en faveur <strong>de</strong>s actions qui ten<strong>de</strong>nt au paiement <strong>de</strong><br />

dommages-intérêts, <strong>à</strong> <strong>la</strong> réparation du tort moral et <strong>à</strong> <strong>la</strong> remise du gain en vertu du<br />

droit <strong>de</strong>s obligations. La LPASP ne réglemente pas les conditions régissant cette<br />

action, mais se contente <strong>de</strong> se référer aux dispositions correspondantes prévues dans<br />

le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s obligations (art. 41, 49 et 423 CO). La liste n’est pas exhaustive. Des<br />

prétentions décou<strong>la</strong>nt d’actions en responsabilité peuvent également résulter <strong>de</strong><br />

l’enrichissement illégitime (art. 62 CO) ou <strong>de</strong> dispositions <strong>sur</strong> <strong>la</strong> responsabilité dans<br />

d’autres <strong>loi</strong>s.<br />

Art. 21 Qualité pour agir <strong>de</strong>s associations et <strong>de</strong>s organisations<br />

<strong>de</strong> consommateurs<br />

Les associations professionnelles et économiques sont habilitées <strong>à</strong> intenter une<br />

action si elles sont autorisées <strong>à</strong> défendre les intérêts économiques <strong>de</strong> leurs membres..<br />

La qualité pour agir octroyée aux organisations <strong>de</strong>s consommateurs permet <strong>de</strong> garantir<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs. Ont qualité pour intenter une action les organisations<br />

qui se consacrent statutairement <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs; ce but<br />

doit être essentiel pour l’organisation.<br />

Art. 22 Qualité pour agir <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité concernée<br />

Comme pour l’emp<strong>loi</strong> d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes (voir ch. 2.1.5), <strong>la</strong><br />

collectivité concernée doit avoir une qualité, limitée, pour agir par <strong>la</strong> voie civile dans<br />

le cas d’un emp<strong>loi</strong> illicite <strong>de</strong>s signes publics. L’al. 1 énonce ce principe et renvoie <strong>à</strong><br />

l’art. 20 pour toutes les prétentions que les autorités peuvent faire va<strong>loi</strong>r. Il s’agit <strong>de</strong><br />

prétentions (indépendamment <strong>de</strong> toute faute) en constatation d’un droit ou <strong>de</strong> rapports<br />

<strong>de</strong> droits, et d’actions en cessation ou en suppression d’une vio<strong>la</strong>tion ou d’une<br />

information <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> produits vio<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. A <strong>la</strong> requête <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie qui<br />

a obtenu gain <strong>de</strong> cause, le juge peut ordonner <strong>la</strong> publication du jugement.<br />

Si les signes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération ou <strong>de</strong>s signes publics nationaux sont utilisés illicitement,<br />

c’est l’IPI qui a qualité pour agir (al. 2). Il est en effet compétent pour<br />

l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente <strong>loi</strong> en vertu <strong>de</strong> l’art. 2, al. 1, let. b, LIPI. Pour les détails <strong>à</strong><br />

ce sujet – notamment en ce qui concerne le lien entre <strong>la</strong> qualité pour agir <strong>de</strong> l’IPI et<br />

ses tâches en tant qu’autorité décisionnelle dans l’enregistrement <strong>de</strong> marques, où il<br />

examine également si un signe doit être refusé <strong>à</strong> l’enregistrement parce qu’il est<br />

contraire au droit en vigueur (art. 2, let. d, LPM), voir le commentaire <strong>de</strong> l’art. 56<br />

P-LPM (ch. 2.1.5).<br />

En vertu <strong>de</strong> l’al. 3, ce sont les cantons qui déterminent quels services peuvent exercer<br />

<strong>la</strong> qualité pour agir lorsque <strong>de</strong>s armoiries, drapeaux, emblèmes ou désignations<br />

officielles qui concernent le p<strong>la</strong>n cantonal ou communal sont utilisés illicitement.<br />

7814


Art. 23 Confiscation dans <strong>la</strong> procédure civile<br />

L’art. 23, al. 1, permet <strong>de</strong> retirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion les objets <strong>sur</strong> lesquels sont apposés<br />

illicitement <strong>de</strong>s signes publics. Il prévoit non seulement <strong>la</strong> confiscation <strong>de</strong>s objets,<br />

mais aussi celle <strong>de</strong>s étiquettes, <strong>de</strong>s embal<strong>la</strong>ges, <strong>de</strong>s moyens publicitaires, <strong>de</strong>s catalogues<br />

et d’autres objets. Le tribunal peut ordonner une me<strong>sur</strong>e radicale, <strong>à</strong> savoir <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s objets. La <strong>de</strong>struction représente un moyen <strong>de</strong> dissuasion, d’une part,<br />

et un instrument juridique permettant <strong>la</strong> mise en œuvre rigoureuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s signes publics, d’autre part. Le tribunal est également explicitement autorisé <strong>à</strong><br />

confisquer <strong>de</strong>s instruments, <strong>de</strong> l’outil<strong>la</strong>ge et <strong>de</strong>s autres moyens <strong>de</strong>stinés principalement<br />

<strong>à</strong> fabriquer <strong>de</strong>s objets illicites. La réglementation proposée fait écho aux dispositions<br />

<strong>de</strong>s diverses <strong>loi</strong>s régissant <strong>la</strong> propriété intellectuelle.<br />

L’al. 2 confère au tribunal une <strong>la</strong>rge marge d’appréciation dans sa décision concernant<br />

le sort <strong>de</strong>s objets confisqués. En fin <strong>de</strong> compte, les me<strong>sur</strong>es ordonnées par le<br />

tribunal seront fonction du cas concret, l’objectif étant <strong>de</strong> transformer les produits et<br />

les objets saisis pour qu’ils puissent être utilisés sans signes publics protégés. La<br />

<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>meurera en règle générale une me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier recours.<br />

Art. 24 Instance cantonale unique<br />

Un grand nombre <strong>de</strong> participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation ont proposé <strong>de</strong> prévoir une instance<br />

cantonale unique chargée <strong>de</strong> connaître les litiges civils. L’art. 24 tient pleinement<br />

compte <strong>de</strong> ce souhait. Le droit fédéral prescrit déj<strong>à</strong> aux cantons <strong>de</strong> désigner une<br />

instance unique chargée <strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s actions relevant du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

propriété intellectuelle (voir art. 58, al. 3, LPM; art. 37 LDes; art. 64, al. 3, LDA;<br />

art. 42 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> du 20 mars 1975 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s obtentions végétales) et, pour<br />

les litiges en matière <strong>de</strong> brevets, il prévoit même une instance fédérale unique (voir<br />

message du 7 décembre 2007 concernant <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> le Tribunal fédéral <strong>de</strong>s<br />

vets107). Comme dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s autres actes légis<strong>la</strong>tifs régissant <strong>la</strong> propriété<br />

intellectuelle, il est pertinent <strong>de</strong> prévoir une instance cantonale unique dans <strong>la</strong><br />

LPASP, parce que <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière exige une concentration <strong>de</strong>s connaissances<br />

juridiques et techniques au sein d’un seul tribunal cantonal. Le CPC sera<br />

complété en conséquence (voir <strong>à</strong> ce sujet ch. 2.3.7). Suivant <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce constante<br />

du Tribunal fédéral, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> confusion doit être interprétée <strong>de</strong><br />

manière uniforme pour l’ensemble du droit <strong>de</strong>s signes distinctifs (ATF 4A 101/2007<br />

du 28 août.2007, sic! 1/2008 p. 52 ss). Selon cet arrêt, les principes <strong>sur</strong> lesquels se<br />

fon<strong>de</strong> l’appréciation du risque <strong>de</strong> confusion sont également applicables aux emblèmes.<br />

Art. 25 Me<strong>sur</strong>es provisionnelles<br />

L’art. 16 LPAP prévoit <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es provisionnelles. L’intervention rapi<strong>de</strong> d’un juge<br />

pouvant s’avérer nécessaire en particulier dans le domaine <strong>de</strong>s biens immatériels: les<br />

différentes <strong>loi</strong>s spéciales du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle contiennent toutes <strong>de</strong>s<br />

prescriptions <strong>sur</strong> les me<strong>sur</strong>es provisionnelles (art. 65 LDA; art. 59 LPM; art. 38<br />

LDes, art. 77 LBI). La formu<strong>la</strong>tion du présent article est donc analogue <strong>à</strong> celle <strong>de</strong><br />

ces dispositions. Il est par ailleurs renvoyé aux dispositions du CPC (art. 262 ss).<br />

107 FF 2008 373<br />

7815


Art. 26 Publication du jugement<br />

La publication du jugement prévue <strong>à</strong> l’art. 26 figure également dans les autres <strong>loi</strong>s<br />

régissant <strong>la</strong> propriété immatérielle (art. 66 LDA; art. 60 LPM; art. 37 LDes; art. 70<br />

LBI). Le projet comprend donc une disposition qui fait écho <strong>à</strong> ces <strong>loi</strong>s. A <strong>la</strong> requête<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> partie qui a obtenu gain <strong>de</strong> cause, le juge peut ordonner <strong>la</strong> publication du<br />

jugement aux frais <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie adverse. Il détermine le mo<strong>de</strong> et l’étendue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

publication. La publication du jugement permet d’informer les milieux intéressés et<br />

augmente, <strong>de</strong> ce fait, <strong>la</strong> sécurité juridique. Elle exerce aussi une fonction <strong>de</strong> prévention,<br />

notamment dans les cas <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tions systématiques ou lorsque l’on craint<br />

d’autres atteintes en raison du comportement ou du désaccord <strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vio<strong>la</strong>tion. Finalement, <strong>la</strong> publication <strong>de</strong>s jugements permet <strong>de</strong> sensibiliser le public,<br />

dans un but <strong>de</strong> prévention générale. Cet aspect est particulièrement important pour<br />

les signes publics, puisqu’il reflète <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité <strong>de</strong> combattre les<br />

atteintes <strong>à</strong> ces signes.<br />

Art. 27 Communication <strong>de</strong>s décisions et <strong>de</strong>s ordonnances <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement<br />

Voir le commentaire concernant l’art. 54 P-LPM, ch. 2.1.7.4.<br />

2.3.5.2 Section 2 Droit pénal<br />

Art. 28 Emp<strong>loi</strong> illicite <strong>de</strong>s signes publics<br />

L’utilisation illicite <strong>de</strong>s signes publics constituera, comme aujourd’hui, un délit<br />

poursuivi d’office (art. 28, al. 1) par les autorités cantonales. La liste non exhaustive<br />

<strong>de</strong>s actes punissables exprime <strong>la</strong> volonté du légis<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> renforcer et d’optimiser <strong>la</strong><br />

<strong>protection</strong> <strong>de</strong>s signes publics. La compétence <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération est explicitement<br />

inscrite dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong>; il incombera <strong>à</strong> l’IPI <strong>de</strong> dénoncer une infraction pour le compte <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Confédération (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 31, al. 2, P-LPASP et <strong>de</strong> l’art. 64, al. 3,<br />

P-LPM, ch. 2.1.6). Indépendamment <strong>de</strong> cette compétence, toute personne pourra<br />

dénoncer pénalement une infraction aux autorités cantonales compétentes. Comme<br />

dans les autres <strong>loi</strong>s régissant le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle, les délits commis<br />

par négligence <strong>de</strong>meurent impunis: d’une part, une telle sanction irait trop <strong>loi</strong>n et,<br />

d’autre part, il serait peu aisé d’apporter une preuve dans le cadre d’une procédure<br />

pénale.<br />

L’art. 28, al. 2, permet d’harmoniser les peines sanctionnant les infractions par<br />

métier et celles prévues dans les autres <strong>loi</strong>s régissant le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle.<br />

Si l’auteur <strong>de</strong> l’infraction agit par métier, il est puni d’une peine privative <strong>de</strong><br />

liberté <strong>de</strong> cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire. Le montant <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière<br />

est déterminé en fonction du nouveau système <strong>de</strong> jour-amen<strong>de</strong> défini dans les dispositions<br />

générales du co<strong>de</strong> pénal. La peine maximale est fixée <strong>à</strong> 360 jours-amen<strong>de</strong>, ce<br />

qui équivaut <strong>à</strong> CHF 1 080 000, le montant maximum d’un jour-amen<strong>de</strong> étant <strong>de</strong><br />

CHF 3000 conformément <strong>à</strong> l’art. 34, al. 2, CP. Ces me<strong>sur</strong>es visent <strong>à</strong> augmenter <strong>de</strong><br />

manière appropriée <strong>la</strong> sanction en cas d’infraction par métier et <strong>à</strong> exercer un effet<br />

plus dissuasif <strong>sur</strong> les auteurs. La révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> donne par ailleurs l’occasion<br />

d’adapter les dispositions pénales <strong>à</strong> <strong>la</strong> nouvelle terminologie utilisée dans les dispositions<br />

générales du co<strong>de</strong> pénal. Ainsi, les diverses expressions désignant <strong>la</strong> privation<br />

<strong>de</strong> liberté (emprisonnement ou réclusion) sont remp<strong>la</strong>cées par <strong>la</strong> notion <strong>de</strong><br />

7816


«peine privative <strong>de</strong> liberté» et il est renoncé aux arrêts en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine pécuniaire.<br />

En vertu <strong>de</strong> l’al. 3, l’art. 64 P-LPM concernant <strong>la</strong> punissabilité <strong>de</strong> l’emp<strong>loi</strong><br />

d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes est réservé. Les signes réglementés par <strong>la</strong><br />

LPASP pouvant être considérés comme <strong>de</strong>s références <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance géographique<br />

<strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services – et donc être traités comme <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong><br />

provenance au sens <strong>de</strong>s art. 47 ss LPM (art. 13 et 15, al. 4) –, <strong>la</strong> question du rapport<br />

entre les dispositions pénales <strong>de</strong> l’art. 28 et celles <strong>de</strong> l’art. 64 P-LPM se pose. Il faut<br />

distinguer plusieurs cas <strong>de</strong> figure:<br />

– Lorsqu’un signe public dont l’emp<strong>loi</strong> est réservé <strong>à</strong> une collectivité (par ex.<br />

les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération) est utilisé par une personne non autorisée<br />

comme une indication <strong>de</strong> provenance exacte (autrement dit pour <strong>de</strong>s produits<br />

ou <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> provenance suisse), l’infraction visée <strong>à</strong> l’art. 64 P-LPM<br />

n’est pas réalisée, et c’est l’art. 28 qui s’applique.<br />

– Lorsqu’un signe public (par ex. <strong>la</strong> croix suisse) est utilisé comme indication<br />

<strong>de</strong> provenance inexacte (autrement dit pour <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services qui<br />

ne remplissent pas les conditions énoncées aux art. 48 ss P-LPM), cet emp<strong>loi</strong><br />

remplit en même temps les états <strong>de</strong> fait décrits aux art. 64 P-LPM et 28<br />

(concours idéal). Lorsque l’atteinte <strong>à</strong> <strong>la</strong> LPASP se limite <strong>à</strong> <strong>la</strong> tromperie <strong>sur</strong><br />

<strong>la</strong> provenance géographique <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services désignés – <strong>à</strong> savoir<br />

le signe n’éveille pas en même temps l’apparence trompeuse que le fournisseur<br />

est <strong>la</strong> Confédération ou l’une <strong>de</strong> ses entreprises –, le concours est imparfait.<br />

Les <strong>de</strong>ux dispositions protégeant les mêmes <strong>de</strong>stinataires <strong>de</strong>s signes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> même tromperie, l’auteur <strong>de</strong> l’infraction ne sera puni que pour un seul<br />

délit selon le principe du concours alternatif (le cadre pénal est d’ailleurs<br />

i<strong>de</strong>ntique pour les <strong>de</strong>ux dispositions).<br />

– Lorsqu’un signe public dont l’emp<strong>loi</strong> est réservé <strong>à</strong> une collectivité (par ex.<br />

les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération) est utilisé par une personne non autorisée<br />

comme indication <strong>de</strong> provenance inexacte, il s’agit d’un concours parfait:<br />

d’une part, l’emp<strong>loi</strong> du signe enfreint le droit exclusif <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité<br />

d’utiliser ses armoiries; d’autre part, les consommateurs sont trompés <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

provenance géographique <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services désignés, et peut-être<br />

même <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nature «officielle» <strong>de</strong> l’activité exercée par le prestataire. Dans<br />

ce cas <strong>de</strong> figure, c’est l’art. 49, al. 1, CP qui s’applique en vertu duquel le<br />

juge condamne l’auteur <strong>à</strong> <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> l’infraction <strong>la</strong> plus grave et l’augmente<br />

dans une juste proportion. Elle ne peut toutefois excé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié<br />

le maximum <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine prévue pour cette infraction.<br />

Art. 29 Infractions commises dans une entreprise<br />

Pour les infractions commises dans les entreprises par le subordonné, le mandataire<br />

ou le représentant, l’art. 29 fait référence aux art. 6 et 7 DPA. Cet article permet<br />

d’harmoniser les dispositions <strong>sur</strong> les infractions dans les établissements commerciaux,<br />

car diverses <strong>loi</strong>s <strong>sur</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle (art. 71 LDA, art. 67 LPM et<br />

art. 26 LCD) comportent une disposition simi<strong>la</strong>ire. Il est prévu d’inscrire une disposition<br />

simi<strong>la</strong>ire dans <strong>la</strong> LBI (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 83a P-LBI; ch. 2.2.6).<br />

7817


Art. 30 Confiscation<br />

Comme le prévoit l’art. 16, al. 2, LPAP, <strong>la</strong> confiscation d’objets peut être ordonnée<br />

en cas <strong>de</strong> non-lieu ou d’acquittement.<br />

Il est tout <strong>à</strong> fait imaginable qu’une personne inculpée soit acquittée parce qu’il n’y a<br />

pas d’intention délictueuse ou <strong>de</strong> faute, mais que les faits constituent une vio<strong>la</strong>tion<br />

d’un signe public. Il est également possible d’ordonner <strong>la</strong> confiscation si les objets<br />

ne présentent aucun risque pour <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s personnes ou s’ils ne portent pas<br />

atteinte aux bonnes mœurs ou <strong>à</strong> l’ordre public.<br />

Dissuasive, <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction est en même temps un moyen efficace d’as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s signes publics. Cette disposition s’inspire du droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>signs, en y apportant<br />

une amélioration <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n linguistique.<br />

Art. 31 Poursuite pénale<br />

L’al. 1 correspond au principe inscrit <strong>à</strong> l’art. 123 Cst. selon lequel <strong>la</strong> procédure<br />

pénale relève <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s cantons. Cette disposition énonce donc expressément<br />

un principe déj<strong>à</strong> en vigueur.<br />

A l’instar <strong>de</strong> ce qui est prévu pour l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance inexactes,<br />

l’al. 2 autorise expressément l’IPI <strong>à</strong> dénoncer une infraction auprès <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong><br />

poursuite pénale cantonales compétentes et <strong>à</strong> faire va<strong>loi</strong>r <strong>de</strong>s droits d’une partie<br />

p<strong>la</strong>ignante dans <strong>la</strong> procédure (voir le commentaire <strong>de</strong> l’art. 64, al. 3, P-LPM,<br />

ch. 2.1.6).<br />

2.3.6 Chapitre 5<br />

Intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes<br />

Art. 32<br />

Le projet prévoit l’intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes dans un but<br />

d’harmonisation avec les autres actes légis<strong>la</strong>tifs régissant <strong>la</strong> propriété intellectuelle.<br />

L’art. 32 renvoie aux dispositions <strong>sur</strong> l’intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes<br />

figurant dans <strong>la</strong> LPM. Ces dispositions ont été complétées dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision<br />

du 22 juin 2007 et sont entrées en vigueur le 1er juillet 2008. On pourra se<br />

référer aux commentaires <strong>de</strong>s dispositions du projet <strong>de</strong> révision figurant dans le<br />

message concernant <strong>la</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les brevets et l’arrêté fédéral portant<br />

approbation du traité <strong>sur</strong> le droit <strong>de</strong>s brevets et du règlement d’exécution108. L’Administration <strong>de</strong>s douanes sera ainsi autorisée <strong>à</strong> attirer l’attention <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité<br />

concernée <strong>sur</strong> l’introduction <strong>sur</strong> le territoire douanier suisse <strong>de</strong> marchandises ou<br />

d’objets <strong>sur</strong> lesquels <strong>de</strong>s signes publics sont illicitement apposés. La position juridique<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité qui lutte contre l’usage illicite <strong>de</strong> ses emblèmes se voit ainsi<br />

consolidée et <strong>la</strong> rétention <strong>de</strong> produits vio<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété immatérielle est<br />

facilitée. Il ne faut pas oublier, toutefois, qu’il s’agit d’une disposition potestative et<br />

que les autorités douanières ne sont pas tenues <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>à</strong> <strong>de</strong>s recherches systématiques<br />

d’envois suspects, ni d’effectuer un véritable contrôle. Si l’Administration<br />

108 FF 2006 1, voir ch. 1.4.2, 2.4.4.3 et 2.4.2.<br />

7818


<strong>de</strong>s douanes découvre que <strong>de</strong>s marchandises suspectes ont introduites <strong>sur</strong> le territoire<br />

douanier suisse ou en sortent, les <strong>de</strong>ux possibilités se présentent:<br />

1) Il existe une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’intervention (voir aussi art. 72 LPM). L’Administration<br />

<strong>de</strong>s douanes informe le requérant <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétention <strong>de</strong>s marchandises. Elle<br />

les retient durant dix jours ouvrables pour <strong>la</strong>isser au requérant le temps<br />

d’obtenir <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es provisionnelles. Si ce dé<strong>la</strong>i s’avère insuffisant, il peut<br />

être prolongé <strong>de</strong> dix jours. S’il n’est pas possible d’obtenir <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es provisionnelles<br />

dans ce dé<strong>la</strong>i, les marchandises sont remises en circu<strong>la</strong>tion.<br />

2) Il n’existe pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’intervention (voir aussi art. 70 LPM). L’Administration<br />

<strong>de</strong>s douanes est habilitée <strong>à</strong> informer <strong>la</strong> collectivité concernée par le<br />

signe public employé (par ex. l’IPI). Elle retient les marchandises pendant<br />

trois jours ouvrables afin que l’ayant droit puisse requérir l’intervention <strong>de</strong>s<br />

douanes. Si aucune requête n’est présentée, les marchandises sont remises en<br />

circu<strong>la</strong>tion. Si une requête est déposée, <strong>la</strong> procédure est celle décrite sous le<br />

point 1).<br />

Les autorités douanières sont par exemple autorisées <strong>à</strong> retenir <strong>à</strong> <strong>la</strong> douane le transit<br />

<strong>de</strong> coucous étrangers s’ils sont munis <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération. L’IPI est<br />

également informé <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétention <strong>de</strong> l’envoi afin qu’il puisse requérir les me<strong>sur</strong>es<br />

provisionnelles nécessaires auprès du tribunal compétent. L’intervention <strong>de</strong> l’Administration<br />

<strong>de</strong>s douanes est un moyen très efficace <strong>de</strong> retirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion les<br />

marchandises illicitement munies <strong>de</strong> signes publics, avant qu’elles ne parviennent<br />

<strong>sur</strong> le marché. Les me<strong>sur</strong>es <strong>à</strong> <strong>la</strong> frontière, et notamment le blocage <strong>de</strong>s marchandises<br />

en transit qui a lieu d’office, revalorisent c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s signes publics.<br />

En vertu <strong>de</strong> l’al. 2, tous les acteurs du marché qui subissent ou risquent <strong>de</strong> subir une<br />

atteinte dans leurs intérêts économiques et qui ont qualité pour agir par <strong>la</strong> voie civile<br />

peuvent requérir l’intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes. Ils doivent pouvoir<br />

défendre leurs intérêts dès <strong>la</strong> frontière. En cas d’utilisation abusive <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération ou <strong>de</strong> signes publics <strong>à</strong> signification nationale, l’IPI sera pourvu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

qualité pour agir conformément <strong>à</strong> l’art. 22, al. 2 (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 22, al. 2,<br />

et en particulier celui <strong>de</strong> l’art. 56 P-LPM; ch. 2.1.5). En vertu <strong>de</strong> cette qualité pour<br />

agir, l’IPI est aussi expressément autorisé <strong>à</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, pour le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération,<br />

l’intervention <strong>de</strong> l’Administration <strong>de</strong>s douanes. Il est ainsi habilité <strong>à</strong> introduire<br />

<strong>à</strong> temps les me<strong>sur</strong>es indispensables pour préserver les droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

<strong>sur</strong> les signes publics ou <strong>sur</strong> ceux qui sont susceptibles d’être confondus avec<br />

eux et <strong>de</strong> lutter, dès <strong>la</strong> frontière, contre les abus. Il sera donc possible <strong>de</strong> punir les<br />

abus <strong>de</strong> façon plus rigoureuse et efficace en retenant les produits <strong>à</strong> <strong>la</strong> douane et en<br />

introduisant, en parallèle, une procédure pénale. L’introduction <strong>de</strong> sanctions juridiques<br />

effectives permet d’accroître <strong>la</strong> dissuasion.<br />

7819


2.3.7 Chapitre 6 Dispositions finales<br />

Art. 34 Abrogation et <strong>modification</strong> du droit en vigueur<br />

Loi fédérale du 5 juin 1931 pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries et autres signes<br />

publics109 S’agissant d’une révision totale, <strong>la</strong> LPAP peut être abrogée.<br />

Arrêté fédéral du 12 décembre 1889 concernant les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />

suisse110 La définition <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération suisse énoncée dans cet arrêté fédéral<br />

est reprise <strong>à</strong> l’art. 3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. Dès lors, l’arrêté fédéral susmentionné peut être<br />

abrogé.<br />

Loi fédérale du 25 mars 1954 concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’emblème et du nom<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge111 En raison du lien traditionnel entre <strong>la</strong> Suisse et le Comité international <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-<br />

Rouge (CICR) et du fait que le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge est constitué <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse aux couleurs inversées, il existe une parenté étroite entre les <strong>de</strong>ux signes. En<br />

tant que symbole <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> humanitaire, le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge bénéficie d’une<br />

<strong>protection</strong> absolue. Pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> crédibilité du signe en cas <strong>de</strong><br />

conflit armé, il est important qu’il bénéficie d’une telle <strong>protection</strong> et qu’il <strong>de</strong>meure<br />

réservé aux ayants droit. C’est pourquoi l’usage <strong>de</strong> toute imitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-<br />

Rouge ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Croix-Rouge» est interdite aux personnes non autorisées.<br />

Cette <strong>protection</strong> absolue découle non seulement d’un engagement international<br />

mais aussi d’une <strong>loi</strong> fédérale. L’engagement international est en effet inscrit dans les<br />

Conventions <strong>de</strong> Genève et ses protocoles additionnels. Sur le p<strong>la</strong>n national, c’est <strong>la</strong><br />

<strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge qui régit l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix rouge <strong>sur</strong> fond b<strong>la</strong>nc et <strong>de</strong><br />

l’expression «Croix-Rouge», dont l’usage abusif est punissable. Une partie <strong>de</strong>s<br />

dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite <strong>loi</strong> est aussi applicable aux signes du croissant rouge, du lion<br />

rouge et du soleil rouge (le signe se compose d’un lion rouge avec un soleil rouge<br />

<strong>sur</strong> fond b<strong>la</strong>nc), et du cristal rouge (le signe se compose d’un carré au tracé rouge<br />

<strong>de</strong>bout <strong>sur</strong> <strong>la</strong> pointe <strong>sur</strong> fond b<strong>la</strong>nc). La <strong>loi</strong> interdit toute utilisation ainsi que tout<br />

enregistrement <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> commerce, <strong>de</strong> marque ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign <strong>de</strong> signes<br />

susceptibles d’être confondus avec le nom et/ou l’emblème <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge.<br />

Ainsi, en vertu tant du droit en vigueur que <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle réglementation, <strong>la</strong> croix<br />

suisse peut être utilisée dans <strong>la</strong> publicité ayant trait <strong>à</strong> <strong>de</strong>s activités médicales ou liées<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine. La <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge restreint toutefois cette utilisation autorisée<br />

par <strong>la</strong> LPASP. Dans certains cas, l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse dans une publicité pour<br />

<strong>de</strong>s services ou <strong>de</strong>s produits médicaux est susceptible <strong>de</strong> créer une confusion avec <strong>la</strong><br />

Croix-Rouge. L’emp<strong>loi</strong> peut dès lors être frappé d’interdiction en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong><br />

<strong>la</strong> Croix-Rouge. Les Conventions <strong>de</strong> Genève fixent les règles d’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse, dont <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion nationale doit tenir compte. Une révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> qui<br />

prévoirait une utilisation plus libre <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse que celle définie dans les<br />

conventions ne serait pas admissible du point <strong>de</strong> vue du droit international. Les<br />

Conventions <strong>de</strong> Genève et <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge viennent limiter par conséquent<br />

109 RO 48 1<br />

110 RO 11 334<br />

111 RS 232.22<br />

7820


l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Compte tenu du principe reconnu <strong>de</strong> <strong>la</strong> primauté du<br />

droit international <strong>sur</strong> le droit national, il importe d’aménager <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion nationale<br />

en conformité avec les conventions.<br />

Dans cette optique, une solution s’impose au problème <strong>de</strong> délimitation entre les <strong>de</strong>ux<br />

signes. Une adaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge ou <strong>de</strong>s Conventions <strong>de</strong> Genève<br />

n’est pas réaliste. Les Conventions <strong>de</strong> Genève ne protègent pas en premier lieu les<br />

intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> ses emblèmes, mais le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge contre<br />

son utilisation abusive. C’est pourquoi une adaptation, et par conséquent une <strong>modification</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge conférée par les Conventions <strong>de</strong> Genève,<br />

qui serait dictée par <strong>de</strong>s intérêts économiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse n’est pas envisageable.<br />

Aucun autre pays membre <strong>de</strong>s Conventions <strong>de</strong> Genève n’approuverait une <strong>modification</strong><br />

motivée par <strong>de</strong>s intérêts particuliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse. La LPASP pourrait par exemple<br />

exclure l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pour certaines catégories <strong>de</strong> produits et services;<br />

mais ce<strong>la</strong> soulève d’autres questions <strong>de</strong> délimitation. Comment déterminer ces<br />

catégories et pour quels produits et services l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>de</strong>vraitelle<br />

être exclue? L’évaluation au cas par cas par le tribunal compétent, fondée <strong>sur</strong><br />

une interprétation conforme au droit international <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP, paraît <strong>la</strong> solution <strong>la</strong><br />

plus opportune, car pour estimer l’éventualité du risque <strong>de</strong> confusion, il importe <strong>de</strong><br />

connaître toutes les circonstances (impression générale, produits et services pour<br />

lesquels <strong>la</strong> <strong>protection</strong> est revendiquée, éléments complémentaires, etc.).<br />

Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

L’art. 7 réunit les al. 1 et 2 en une seule disposition; <strong>la</strong> terminologie est adaptée <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

réglementation <strong>de</strong> l’art. 14, al. 1, LPASP. Par rapport <strong>à</strong> <strong>la</strong> réglementation actuelle, il<br />

n’y a aucun changement d’ordre matériel. La <strong>modification</strong> vise <strong>à</strong> unifier <strong>la</strong> terminologie<br />

utilisée dans tous les actes légis<strong>la</strong>tifs qui ont pour objet <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> signes<br />

distinctifs particuliers.<br />

La <strong>modification</strong> proposée <strong>de</strong> l’art. 8, al. 1, permet d’harmoniser <strong>la</strong> terminologie<br />

conformément <strong>à</strong> l’art. 333, al. 2 <strong>à</strong> 6, CP, dans sa teneur du 13 décembre 2002. Les<br />

sanctions pénales sont harmonisées avec celles prévues dans <strong>la</strong> LPASP. Les cas peu<br />

graves ou les délits par négligence continueront d’être punis d’une amen<strong>de</strong>.<br />

Loi fédérale du 15 décembre 1961 concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s noms et<br />

emblèmes <strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies et d’autres organisations<br />

intergouvernementales112 Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

L’expression «ou <strong>de</strong> tous autres signes qui en constituent <strong>de</strong>s imitations» figurant<br />

aux art. 1, al. 2, 2, al. 2, 3, al. 2, et 7, al. 1, sera remp<strong>la</strong>cée par <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion<br />

«signes susceptibles d’être confondus avec les signes visés <strong>à</strong> l’al. 1». La <strong>modification</strong><br />

vise <strong>à</strong> harmoniser <strong>la</strong> terminologie utilisée dans tous les actes légis<strong>la</strong>tifs qui ont<br />

pour objet <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> signes distinctifs particuliers. Il n’en résulte aucun changement<br />

matériel puisque le terme d’«imitation» utilisé jusqu’<strong>à</strong> présent est p<strong>la</strong>cé <strong>sur</strong><br />

le même p<strong>la</strong>n que «risque <strong>de</strong> confusion». Le message <strong>re<strong>la</strong>tif</strong> <strong>à</strong> un projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les<br />

112 RS 232.23<br />

7821


Nations Unies113 relève que l’art. 7 est repris <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> concernant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong><br />

l’emblème et du nom <strong>de</strong> l’Organisation mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé (qui a précédé <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong><br />

les Nations Unies); celle-ci faisait référence au risque <strong>de</strong> confusion. L’insécurité<br />

juridique générée dans le passé lors <strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong> l’admissibilité <strong>de</strong> signes <strong>à</strong> titre<br />

<strong>de</strong> marque est écartée grâce <strong>à</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> transparence proposée dans le projet.<br />

Celui-ci prévoit qu’il sera possible <strong>de</strong> rejeter <strong>la</strong> marque parce qu’un <strong>de</strong> ses éléments<br />

est considéré comme une imitation d’un emblème protégé en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les<br />

Nations Unies. Il s’agit du seul moyen efficace <strong>de</strong> protéger ces emblèmes <strong>de</strong>s signes<br />

susceptibles d’être confondus avec eux.<br />

Avec les <strong>modification</strong>s <strong>de</strong> l’art. 4, al. 1 et 3, l’IPI se voit attribuer <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong><br />

déterminer l’organe <strong>de</strong> publication. La solution proposée lui permet <strong>de</strong> tenir compte<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers développements technologiques dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication et<br />

<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> l’économie qui en découlent. Il en résulte <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> publier par<br />

<strong>la</strong> voie électronique. La réglementation s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans <strong>la</strong><br />

volonté <strong>de</strong> l’OMPI <strong>de</strong> n’envoyer aux Etats membres les signes protégés en vertu <strong>de</strong><br />

l’art. 6ter CUP que sous forme électronique (voir document OMPI SCT/19/5 du<br />

22 avril 2008). Elle est également en lien étroit avec <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s signes publics<br />

protégés qu’il s’agit <strong>de</strong> créer conformément <strong>à</strong> l’art. 18.<br />

La <strong>modification</strong> proposée <strong>de</strong> l’art. 7, al. 1, permet d’harmoniser <strong>la</strong> terminologie <strong>à</strong><br />

l’art. 333, al. 2 <strong>à</strong> 6, CP, dans sa teneur du 13 décembre 2002. Les sanctions pénales<br />

sont harmonisées avec celles prévues dans <strong>la</strong> LPASP. Les cas peu graves ou les<br />

délits par négligence continueront d’être punis d’une amen<strong>de</strong>.<br />

Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile du 19 décembre 2008114 Le CPC prescrit aux cantons <strong>de</strong> désigner une instance unique chargée <strong>de</strong> statuer <strong>sur</strong><br />

les litiges relevant du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle (voir art. 58, al. 3, LPM;<br />

art. 37 LDes; art. 64, al. 3, LDA; art.42 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s obtentions<br />

végétales). Comme le droit régissant <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s emblèmes n’a pas pour objet<br />

leur <strong>protection</strong> en tant que bien immatériel et qu’il prévoit même les conditions<br />

auxquelles ils peuvent en être exclus (ATF 4A 101/2007 du 28.8.2007, sic! 1/2008<br />

p. 52 ss), il faut compléter l’art. 5 CPC pour éviter l’ouverture d’une procédure<br />

arbitrale au sens du CPC et garantir qu’une seule instance statue <strong>sur</strong> les litiges<br />

concernant les emblèmes. Cette <strong>modification</strong> vise en outre <strong>à</strong> étendre <strong>la</strong> compétence<br />

<strong>de</strong> l’instance cantonale unique aux litiges décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

Croix-Rouge et <strong>de</strong> celle <strong>sur</strong> les Nations Unis, lesquelles sont, matériellement, très<br />

proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP. En effet, <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, ces <strong>de</strong>ux <strong>loi</strong>s ont pour<br />

objet <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> signes distinctifs précis (signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge et signe <strong>de</strong>s<br />

Nations Unis). Le risque <strong>de</strong> confusion doit donc être apprécié <strong>à</strong> <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s<br />

mêmes principes applicables aux armoiries, emblèmes et autres signes publics. La<br />

notion <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> confusion <strong>de</strong>vant être interprétée <strong>de</strong> manière uniforme pour<br />

l’ensemble du droit <strong>de</strong>s signes distinctifs, l’art. 5, let. i prévoit <strong>de</strong> soumettre les<br />

litiges décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s trois <strong>loi</strong>s susmentionnées au jugement <strong>de</strong> l’instance unique<br />

désignée par les cantons.<br />

113 FF 1961 I 1341<br />

114 RS …; FF 2009 21<br />

7822


Loi fédérale du 23 septembre 1953 <strong>sur</strong> <strong>la</strong> navigation maritime sous pavillon<br />

suisse115 Le préambule fait encore référence aux dispositions <strong>de</strong> l’ancienne Constitution. Il est<br />

donc adapté pour insérer <strong>la</strong> référence aux dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution du 18 avril<br />

1999.<br />

Art. 3, al. 2<br />

La forme et les proportions du pavillon maritime suisse ne sont pas modifiées. Seule<br />

<strong>la</strong> couleur est précisée puisque <strong>la</strong> tonalité du rouge est définie.<br />

Art. 35 Droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage<br />

L’art. 35, al. 1, permet d’éviter les cas <strong>de</strong> rigueur pouvant découler <strong>de</strong> l’interdiction<br />

d’utiliser les armoiries. Les armoiries dont l’usage était licite (par ex. dans <strong>la</strong> publicité<br />

ou dans les prospectus pour produits suisses) mais qui ne le sont plus en vertu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nouvelle réglementation pourront continuer d’être utilisées pendant une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans après l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. L’avant-projet prévoyait une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> transition <strong>de</strong> cinq ans qui a été jugée trop longue dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> consultation.<br />

Cette durée a été réduite <strong>à</strong> <strong>de</strong>ux ans, pour tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure<br />

légis<strong>la</strong>tive et du fait que les personnes concernées par cette exception pourront<br />

examiner l’opportunité d’accomplir les démarches nécessaires pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>la</strong><br />

poursuite <strong>de</strong> l’usage, prévues <strong>à</strong> l’al. 2, dès que le Conseil fédéral aura adopté le<br />

message. Passé ce dé<strong>la</strong>i, l’usage autorisé jusqu’<strong>à</strong> présent <strong>de</strong>viendra illicite et pourra<br />

être puni en conséquence (voir art. 28).<br />

L’al. 2 prévoit que le DFJP peut autoriser, lorsque <strong>de</strong>s circonstances particulières le<br />

justifient et <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Certains participants <strong>à</strong> <strong>la</strong> consultation craignaient le monopole <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération <strong>sur</strong> les armoiries suisses. Ils étaient d’avis qu’il était nécessaire <strong>de</strong><br />

prévoir <strong>de</strong>s exceptions pour les entreprises traditionnelles suisses (par ex. les sociétés<br />

Victorinox SA et le Touring Club Suisse) ou les associations (Club alpin suisse<br />

et l’association Swiss Snowsports) qui utilisent <strong>de</strong>puis longtemps les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Confédération ou <strong>de</strong>s signes simi<strong>la</strong>ires soit pour <strong>de</strong>s services, ce qui est licite, soit<br />

pour <strong>de</strong>s produits, ce qui est illicite, dont le logo s’est imposé auprès du public.<br />

L’al. 2 tient compte <strong>de</strong> manière équilibrée <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération et <strong>de</strong> ceux<br />

<strong>de</strong>s entreprises traditionnelles suisses. Les entreprises qui souhaitent poursuivre<br />

l’usage <strong>de</strong>s armoiries et <strong>de</strong> signes susceptibles d’être confondues avec elles dans <strong>la</strong><br />

même me<strong>sur</strong>e que jusque-l<strong>à</strong> doivent déposer une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> auprès du DFJP. Le DFJP<br />

est habilité <strong>à</strong> autoriser <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération <strong>à</strong><br />

certaines conditions, énoncées dans <strong>la</strong> <strong>loi</strong> (voir al. 3). La <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, accompagnée <strong>de</strong>s<br />

preuves <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> circonstances spéciales, doit être déposée au plus tard <strong>de</strong>ux<br />

ans après l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP (le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

durée autorisée pour <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage définie <strong>à</strong> l’al. 1). Une fois ce dé<strong>la</strong>i passé,<br />

il ne sera plus possible <strong>de</strong> faire va<strong>loi</strong>r <strong>de</strong>s circonstances particulières, et le signe<br />

concerné ne pourra plus être utilisé.<br />

Des circonstances particulières au sens <strong>de</strong> l’al. 3 existent lorsque <strong>de</strong>ux conditions<br />

sont remplies <strong>de</strong> manière cumu<strong>la</strong>tive. Il faut prouver, d’une part, que les armoiries<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération ou les signes susceptibles d’être confondus avec elles ont été<br />

115 RS 747.30<br />

7823


utilisés <strong>de</strong> façon ininterrompue et incontestée par l’entreprise concernée <strong>de</strong>puis<br />

30 ans pour <strong>de</strong>s produits ou services. Cette condition s’inspire <strong>de</strong>s conditions liées <strong>à</strong><br />

l’acquisition extraordinaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété foncière (art. 662 CC). L’entreprise doit<br />

prouver, d’autre part, qu’elle a un intérêt légitime <strong>à</strong> <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage. Il faut<br />

donc exposer les motifs pour lesquels l’abandon causerait un préjudice excessif. Si<br />

les conditions fixées sont remplies, une entreprise traditionnelle suisse, une association<br />

ou une fondation pourra poursuivre l’usage <strong>de</strong>s armoiries publiques dans son<br />

logo, sans limite <strong>de</strong> temps. Ainsi, une entreprise telle que Victorinox pourrait continuer<br />

<strong>à</strong> utiliser son logo simi<strong>la</strong>ire aux armoiries pour tout son assortiment présent et<br />

futur, <strong>à</strong> condition qu’il s’agisse <strong>de</strong> produits suisses. Le droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage<br />

pour <strong>de</strong>s produits n’est cependant pas accordé pour les services, et inversement. Si le<br />

droit <strong>de</strong> poursuivre l’usage est accordé pour <strong>de</strong>s services, il ne vaut pas pour <strong>de</strong>s<br />

produits. Ce principe s’applique également au dépôt <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque du signe<br />

utilisé jusqu’<strong>à</strong> présent, qui n’est possible que pour <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services. La<br />

poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est délibérément soumise <strong>à</strong> <strong>de</strong>s conditions strictes,<br />

afin <strong>de</strong> ne pas remettre en question l’un <strong>de</strong>s objectifs poursuivi par <strong>la</strong> révision légis<strong>la</strong>tive,<br />

<strong>à</strong> savoir <strong>de</strong> réserver les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération <strong>à</strong> <strong>la</strong> collectivité<br />

concernée.<br />

Avec l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP, il ne sera plus possible pour les particuliers<br />

<strong>de</strong> faire enregistrer et d’inscrire au registre <strong>de</strong>s marques une marque <strong>de</strong> services<br />

contenant une armoirie. Dans le sens d’une <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s droits acquis, l’al. 4<br />

confère donc un droit, illimité dans le temps, <strong>de</strong> poursuivre l’usage <strong>à</strong> <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong><br />

services enregistrées <strong>de</strong> bonne foi ou enregistrées avant le 18 novembre 2009. Afin<br />

que le titu<strong>la</strong>ire d’une marque puisse poursuivre l’usage <strong>de</strong> sa marque <strong>de</strong> service<br />

enregistrée licitement sous l’ancien droit ou déposée avant le 18 novembre 2009, il<br />

doit déposer une requête dans le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans prévu pour <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage<br />

<strong>à</strong> compter <strong>de</strong> l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP.<br />

La marque confère <strong>à</strong> son titu<strong>la</strong>ire le droit exclusif d’utiliser celle-ci en re<strong>la</strong>tion avec<br />

les produits ou les services enregistrés et <strong>de</strong> disposer librement <strong>de</strong> son droit (art. 13<br />

LPM; voir par ex. ATF 128 III 146 consid. 2.bb). Elle ne lui donne par contre aucun<br />

droit <strong>de</strong> pouvoir utiliser le signe. Le titu<strong>la</strong>ire est en tous les cas tenu <strong>de</strong> respecter <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion en vigueur (par ex. prescriptions <strong>sur</strong> les <strong>de</strong>nrées alimentaires et <strong>sur</strong> les<br />

produits thérapeutiques). Il ne peut se soustraire <strong>à</strong> cette obligation en invoquant<br />

l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. L’enregistrement ne générant aucun droit acquis, le<br />

titu<strong>la</strong>ire du signe s’expose au risque que <strong>la</strong> <strong>loi</strong> change ultérieurement et qu’il ne<br />

puisse plus utiliser <strong>la</strong> marque.<br />

Pour les armoiries <strong>de</strong>s cantons, districts et communes, l’autorité cantonale compétente<br />

peut, <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> motivée, autoriser <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage. Tenant compte <strong>de</strong><br />

l’autonomie <strong>de</strong>s communes et du droit <strong>à</strong> l’autodétermination <strong>de</strong>s cantons, cette<br />

disposition permet aux cantons <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r d’eux-mêmes <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage. Le<br />

droit cantonal règle les conditions qui sont liées <strong>à</strong> <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s<br />

emblèmes cantonaux (al. 5).<br />

En vertu <strong>de</strong> l’al. 6, <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s armoiries ou d’un signe susceptible<br />

d’être confondu avec elles ne doit pas tromper <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance géographique d’un<br />

produit ou d’un service ni <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nationalité <strong>de</strong> l’utilisateur, <strong>de</strong> l’entreprise, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

société, <strong>de</strong> l’association, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation ou <strong>sur</strong> <strong>la</strong> situation commerciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne<br />

qui emp<strong>loi</strong>e le signe, notamment <strong>sur</strong> <strong>de</strong> prétendus rapports avec <strong>la</strong> Confédération<br />

ou un canton. Par conséquent, le signe ne peut être utilisé que pour les produits<br />

et les services qui satisfont aux critères <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance suisse au sens <strong>de</strong>s<br />

7824


art. 47 <strong>à</strong> 50 LPM. Le signe dont l’usage peut être poursuivi ne peut être apposé que<br />

<strong>sur</strong> les produits qui sont véritablement fabriqués en Suisse. Il ne doit pas non plus<br />

éveiller l’apparence que l’entreprise serait une autorité ou que celle-ci exerce une<br />

activité officielle.<br />

Art. 36 Signes distinctifs déposés mais non enregistrés<br />

Cette disposition concerne les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’enregistrement <strong>de</strong> marques et <strong>de</strong> <strong>de</strong>signs<br />

qui sont exclus <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> selon le droit actuel, mais pas selon le nouveau droit.<br />

Par exemple, si avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle <strong>loi</strong>, une marque contenant<br />

comme élément <strong>la</strong> croix suisse est déposée pour <strong>de</strong>s produits, elle ne serait pas<br />

admise en vertu du droit en vigueur. En revanche, si le déposant <strong>de</strong> cette marque est<br />

d’accord pour que <strong>la</strong> date <strong>de</strong> dépôt retenue soit celle du jour <strong>de</strong> l’entrée en vigueur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle <strong>loi</strong>, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> peut être examinée <strong>à</strong> <strong>la</strong> lumière du nouveau droit. La<br />

croix suisse étant admise comme élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> produit selon le nouveau<br />

droit, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourra être approuvée et <strong>la</strong> marque enregistrée. Pour toutes les<br />

marques déposées avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP, c’est le jour <strong>de</strong> l’entrée en<br />

vigueur qui est réputé date <strong>de</strong> dépôt. L’IPI acceptera <strong>de</strong> telles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>à</strong> partir du<br />

jour où le Conseil fédéral aura fixé <strong>la</strong> date d’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP.<br />

3 Conséquences<br />

3.1 Conséquences pour <strong>la</strong> Confédération<br />

Les <strong>modification</strong>s proposées doivent être exécutées principalement par l’IPI,<br />

l’autorité fédérale compétente en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle. Il<br />

sera donc chargé d’établir et <strong>de</strong> tenir le nouveau registre <strong>de</strong>s indications géographiques<br />

pour les produits <strong>à</strong> l’exception <strong>de</strong>s produits agricoles, <strong>de</strong>s produits agricoles<br />

transformés, <strong>de</strong>s vins, <strong>de</strong>s produits sylvicoles et <strong>de</strong>s produits sylvicoles transformés.<br />

La procédure d’examen et d’enregistrement <strong>de</strong>s nouvelles marques géographiques et<br />

<strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> radiation d’une marque pour défaut d’usage relèveront aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

compétence <strong>de</strong> l’IPI. C’est également <strong>à</strong> ce <strong>de</strong>rnier qu’incomberont les autres me<strong>sur</strong>es<br />

visant <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse» et <strong>de</strong>s signes publics <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Confédération, en particulier les dénonciations pénales et l’introduction d’actions<br />

civiles. L’IPI couvrira les dépenses occasionnées par ces tâches supplémentaires en<br />

percevant les taxes <strong>de</strong> registre correspondantes et, subsidiairement, par d’autres<br />

sources <strong>de</strong> revenu. Comme il jouit d’une autonomie financière (voir art. 1 LIPI), le<br />

projet n’a pas <strong>de</strong> conséquences <strong>sur</strong> le budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

Les nouvelles me<strong>sur</strong>es d’intervention <strong>de</strong>s douanes en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> propriété intellectuelle <strong>à</strong> <strong>la</strong> frontière généreront un certain <strong>sur</strong>croît <strong>de</strong> travail pour<br />

l’Administration <strong>de</strong>s douanes qui nécessitera <strong>la</strong> création <strong>de</strong> huit <strong>à</strong> dix postes. Cet<br />

accroissement, déj<strong>à</strong> prévu dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> LBI116 et <strong>de</strong>s autres actes<br />

légis<strong>la</strong>tifs du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle (LPM, LDes, LDA et LTo) adaptés<br />

en conséquence, permettra aussi <strong>de</strong> faire face au <strong>sur</strong>croît <strong>de</strong> travail <strong>à</strong> <strong>la</strong> douane<br />

susceptible <strong>de</strong> découler <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision «Swissness». Les me<strong>sur</strong>es d’intervention que<br />

116 Voir message LBI, FF 2006 1, p. 129. Les postes supplémentaires sont pris en considération<br />

dans le budget 2008 et dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification 2009 <strong>à</strong> 2011.<br />

7825


l’Administration <strong>de</strong>s douanes <strong>de</strong>vra prendre n’ont donc pas non plus <strong>de</strong> conséquences<br />

<strong>sur</strong> le personnel, les finances et l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération.<br />

3.2 Conséquences pour les cantons et les communes<br />

Le projet <strong>de</strong> révision n’occasionne pas <strong>de</strong> coûts supplémentaires pour les cantons.<br />

Les poursuites pénales pour emp<strong>loi</strong> d’indications <strong>de</strong> provenance inexactes leur<br />

incombent déj<strong>à</strong>, et leur tâche s’en trouvera facilitée grâce <strong>à</strong> une réglementation plus<br />

précise. Durant les <strong>de</strong>ux premières années suivant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPASP,<br />

les entreprises souhaitant poursuivre l’usage <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong>s cantons, districts,<br />

cercles et communes (qui seront en principe réservées aux collectivités concernées)<br />

auront <strong>la</strong> possibilité d’en faire <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 35, al. 5,<br />

P-LPASP).<br />

3.3 Conséquences économiques<br />

3.3.1 Nécessité et <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’Etat<br />

Dans le mon<strong>de</strong> entier, les consommateurs sont prêts <strong>à</strong> dépenser beaucoup plus pour<br />

un produit lorsqu’il porte <strong>la</strong> désignation «Swiss ma<strong>de</strong>» ou <strong>la</strong> croix suisse. Les<br />

consommateurs suisses dépensent en moyenne 4,50 francs <strong>de</strong> plus par kilo pour <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille lorsqu’ils peuvent partir du principe que celle-ci provient <strong>de</strong><br />

Suisse. Et 75 % <strong>de</strong>s Suisses sont prêts <strong>à</strong> débourser 30 % <strong>de</strong> plus pour acheter <strong>de</strong>s<br />

pommes suisses plutôt que <strong>de</strong>s pommes provenant <strong>de</strong> l’étranger 117. En effet, <strong>la</strong><br />

désignation «Suisse» est pour eux non seulement synonyme <strong>de</strong> haute qualité, mais<br />

elle est aussi associée <strong>à</strong> d’autres valeurs positives telles que <strong>la</strong> fiabilité, <strong>la</strong> confiance,<br />

<strong>la</strong> stabilité, <strong>la</strong> beauté <strong>de</strong>s paysages, <strong>la</strong> propreté ou <strong>la</strong> sécurité 118. Ce sont donc <strong>la</strong><br />

réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et les qualités positives associées aux produits<br />

117 Voir Conradin Bolliger/Sophie Réviron, Consumer Willingness to Pay for Swiss Chicken<br />

Meat: An In-store Survey to Link Stated and Revealed Buying Behaviour, Paper presented<br />

at 12th European Association of Agricultural Economists (EAAE) Congress, 26 <strong>à</strong> 30 août<br />

2008, Gand, Belgique. Des étu<strong>de</strong>s <strong>à</strong> propos <strong>de</strong> pommes et <strong>de</strong> fraises ont livré <strong>de</strong>s résultats<br />

semb<strong>la</strong>bles, voir Conradin Bolliger, Produktherkunft Schweiz: Schweizer In<strong>la</strong>ndkonsumenten<br />

und ihre Assoziationen mit und Präferenzen für heimische Agrarerzeugnisse,<br />

Tagungsband <strong>de</strong>r 18. Jahrestagung <strong>de</strong>r Österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie,<br />

2008, et Gruppe Agrar-, Lebensmittel- und Umweltökonomie am Institut für Umweltentscheidungen,<br />

Les consommateurs choisissent leurs fruits, in: Info Agrar Wirtschaft (bulletin<br />

du Gruppe Agrar-, Lebensmittel- und Umweltökonomie <strong>de</strong>s Inter<strong>de</strong>partementalen<br />

Instituts für Umweltentscheidungen ETH), 2008, n o 3, p. 3.<br />

118 Voir <strong>à</strong> ce propos les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> Simon Anholt, auteur du «Nation Brand In<strong>de</strong>x» et<br />

conseiller du gouvernement britannique: «La réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse en matière <strong>de</strong> prospérité,<br />

<strong>de</strong> discrétion, d’efficience, d’honnêteté, <strong>de</strong> neutralité et <strong>de</strong> fiabilité est l’une <strong>de</strong>s<br />

images <strong>de</strong> marque les plus fortes et les plus positives au mon<strong>de</strong>. La valeur qu’elle apporte<br />

aux exportateurs suisses, au tourisme suisse et <strong>à</strong> presque chaque re<strong>la</strong>tion active entre <strong>la</strong><br />

Suisse et le reste du mon<strong>de</strong> est inestimable.» (traduction libre), in: Peter Leuenberger,<br />

Swissness Worldwi<strong>de</strong>, Apunto, Revue <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s Employés Suisse, 2009, n o 1,<br />

p. 11.<br />

7826


et services suisses119 qui font que les produits associés <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse se ven<strong>de</strong>nt<br />

mieux120. Etablir une réputation est un travail difficile et <strong>de</strong> longue haleine. Or, elle peut très<br />

vite perdre <strong>de</strong> sa valeur, par exemple en raison <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>urs. Si on ne peut plus se<br />

fier au fait qu’un produit portant <strong>la</strong> désignation «Suisse» soit effectivement <strong>de</strong><br />

provenance suisse, <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>s consommateurs <strong>à</strong> dépenser plus pour <strong>de</strong>s<br />

produits ou <strong>de</strong>s services portant le <strong>la</strong>bel «Suisse» et, par ricochets, <strong>la</strong> plus-value<br />

économique réalisable grâce <strong>à</strong> ce <strong>la</strong>bel, décroitra rapi<strong>de</strong>ment.<br />

En termes économiques, <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>la</strong> croix suisse121 représentent<br />

<strong>de</strong>s biens immatériels publics. En effet, leur emp<strong>loi</strong> par une personne physique ou<br />

morale n’exclut en principe pas leur usage par une autre personne en re<strong>la</strong>tion avec<br />

un produit simi<strong>la</strong>ire ou un autre produit. L’avantage tiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse»<br />

par une entreprise qui produit en Suisse n’est en rien diminué par le fait qu’une autre<br />

entreprise utilise <strong>la</strong> même désignation. Par contre, l’emp<strong>loi</strong> abusif par un agent<br />

économique est susceptible <strong>de</strong> diminuer l’avantage général pour tous les ayants<br />

droit: il ternit <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» 122 et lui fait donc perdre <strong>de</strong> sa<br />

valeur, ce qui a <strong>de</strong>s retombées négatives pour tous les utilisateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation.<br />

Pour les producteurs et les prestataires <strong>de</strong> services, l’investissement <strong>de</strong> ressources<br />

importantes dans <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> sécurité rattachées <strong>à</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> leur bien n’est<br />

donc intéressante que si le danger représenté par les frau<strong>de</strong>urs et le risque <strong>de</strong> voir <strong>la</strong><br />

valeur <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance être minée sont endigués <strong>de</strong> manière durable.<br />

S’ils ne peuvent plus se fier <strong>à</strong> une indication, les consommateurs auront <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine <strong>à</strong><br />

évaluer <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s services avant <strong>de</strong> les acheter et <strong>à</strong> distinguer leur<br />

qualité <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s produits concurrents. Lorsque <strong>la</strong> réputation du <strong>la</strong>bel «Suisse»<br />

comme indication fiable <strong>de</strong> produits et <strong>de</strong> services <strong>de</strong> haute qualité diminue et est<br />

mis en cause, l’asymétrie <strong>de</strong> l’information entre producteurs et consommateurs<br />

occasionne <strong>de</strong>s coûts supplémentaires pour ces <strong>de</strong>rniers: ils <strong>de</strong>vront en effet investir<br />

119 Voir Stephan Feige/Benita Brockdorff/Karsten Sausen/Peter Fischer/Urs Jaermann/Sven<br />

Reinecke, Swissness Worldwi<strong>de</strong> – Internationale Studie zur Wahrnehmung <strong>de</strong>r Marke<br />

Schweiz. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al., 2008, pp. 14 ss. Pour un résumé actuel<br />

voir Stephan Feige/Sven Reinecke/Felix Addor, Das Kreuz mit <strong>de</strong>m Kreuz. Marketing mit<br />

<strong>de</strong>r Schweizer Herkunft, IO New Management, 2009, n o 3, pp. 18 <strong>à</strong> 23.<br />

120 Voir par ex. l’information concernant <strong>la</strong> menace <strong>de</strong> délocalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />

plânant <strong>sur</strong> l’entreprise Stu<strong>de</strong>r <strong>à</strong> Regensdorf, spécialisée dans <strong>la</strong> technique audio:<br />

«l’opinion généralement exprimée est que les équipements Stu<strong>de</strong>r, qui sont spécialement<br />

adaptés aux souhaits <strong>de</strong>s clients, ne sont simplement pas comparables aux produits fabriqués<br />

en série en Chine par Soundcraft. Il ne reste plus rien du <strong>la</strong>bel ’Swiss Ma<strong>de</strong>’, qui ne<br />

peut être estimé <strong>à</strong> sa juste valeur pour Stu<strong>de</strong>r, a dit Ineichen», in: Tagesanzeiger Online<br />

du 15 octobre 2009. Le conseiller national Otto Ineichen s’exprime dans une autre interview:<br />

«En discutant avec différents acheteurs <strong>de</strong>s produits Stu<strong>de</strong>r, j’ai constaté que le facteur<br />

«ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd» joue un rôle déterminant dans <strong>la</strong> décision d’achat. J’estime<br />

que jusqu’<strong>à</strong> 80 % <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>r sont dues <strong>à</strong> ce facteur Swissness», in: NZZ<br />

du 15 octobre 2009, p. 17 (traduction libre).<br />

121 Même si, par <strong>la</strong> suite, on parle généralement <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix<br />

suisse, ces propos valent généralement pour les indications géographiques et les<br />

emblèmes en général, donc par ex. pour les «bro<strong>de</strong>ries saint-gal<strong>loi</strong>ses», le «saucisson<br />

vaudois», le «fromage d’alpage tessinois», les «montres genevoises» ou le «pain <strong>de</strong> seigle<br />

va<strong>la</strong>isan».<br />

122 Le <strong>la</strong>bel «Suisse» représente un facteur <strong>de</strong> valeur significatif. Dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall, 85 % <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> fabricants d’articles <strong>de</strong> marques<br />

sondés étaient d’avis que l’association d’un produit ou d’un service avec <strong>la</strong> Suisse représente<br />

un avantage. Voir Torsten Tomczak/Joachim Kernstock/Nicole Schubiger, Internationalisierung<br />

Schweizer Marken, Thexis, Saint-Gall, 2002, p. 34.<br />

7827


eaucoup <strong>de</strong> temps, d’énergie et d’argent pour trouver ce qu’ils cherchent s’ils<br />

veulent être certains d’obtenir <strong>la</strong> qualité souhaitée.<br />

La nature même <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance en tant que biens publics réc<strong>la</strong>me une<br />

intervention <strong>de</strong> l’Etat si l’on veut éviter les effets négatifs décrits ci-<strong>de</strong>ssus. Les<br />

règles proposées dans le projet visent <strong>à</strong> contrer <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> réputation et <strong>de</strong> confiance<br />

et <strong>à</strong> diminuer le dommage économique qui s’ensuit en incitant <strong>à</strong> investir davantage<br />

dans <strong>la</strong> qualité et l’authenticité <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s services suisses et <strong>à</strong> maintenir et<br />

renforcer <strong>la</strong> Suisse comme lieu <strong>de</strong> production.<br />

C’est <strong>à</strong> <strong>de</strong>ssein qu’il n’existe pas <strong>de</strong> procédure administrative pour délivrer une<br />

autorisation d’utiliser <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>la</strong> croix suisse et qu’il n’est pas<br />

non plus prévu d’en créer une. Cette absence <strong>de</strong> procédure empêche cependant <strong>de</strong><br />

déterminer avec précision le nombre d’entreprises qui utilisent aujourd’hui (légalement<br />

ou illégalement) ces indications <strong>de</strong> provenance et le nombre d’entreprises<br />

désireuses <strong>de</strong> le faire <strong>à</strong> l’avenir. Il existe toutefois <strong>de</strong>s indicateurs. Un sondage<br />

réalisé en 2005 auprès <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’Union suisse <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> marque (Promarca)<br />

a montré que plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s 30 entreprises ayant répondu utilisait <strong>la</strong><br />

marque «Suisse» <strong>à</strong> côté <strong>de</strong> leur propre marque (co-branding) et que 40 % entendaient<br />

davantage y recourir au cours <strong>de</strong>s cinq prochaines années123. De plus, d’autres<br />

indices révèlent que le nombre d’entreprises qui misent délibérément <strong>sur</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»<br />

est en augmentation. On observe par exemple que les gran<strong>de</strong>s entreprises ne<br />

sont pas les seules <strong>à</strong> rapatrier <strong>de</strong> plus en plus souvent leur production124. Le fait que<br />

les dépôts <strong>de</strong> nouvelles marques contenant l’indication «Swiss» aient plus que<br />

quadruplé entre 1995 et 2008 montre cet intérêt croissant. Le nombre <strong>de</strong> cas<br />

d’atteintes <strong>à</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>à</strong> <strong>la</strong> croix suisse traités chaque année par<br />

l’IPI se situe dans le même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur. Ayant plus que doublé <strong>de</strong>puis 2003, il<br />

constitue un bon indicateur <strong>de</strong> l’augmentation du nombre <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>urs. 125<br />

3.3.2 Me<strong>sur</strong>es et leurs effets<br />

La croix suisse est <strong>de</strong> <strong>loi</strong>n le signe distinctif jouissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> notoriété<br />

pour un produit fabriqué en Suisse 126. D’un point <strong>de</strong> vue économique, <strong>la</strong> LPASP est<br />

un élément fondamental du projet, car elle permet d’utiliser <strong>la</strong> croix suisse aux<br />

123 Voir Marco Casanova, Die Marke Schweiz – Gefangen in <strong>de</strong>r Mythosfalle zwischen Heidi<br />

und Willhelm Tell: Aktuelle Herausfor<strong>de</strong>rung im Zusammehang mit <strong>de</strong>r Verwendung <strong>de</strong>r<br />

Marke Schweiz als Co-Branding-Partner, in: Arndt Florack/Martin Scarabis/Ernst<br />

Primosch (éd.), Psychologie <strong>de</strong>r Markenführung, Vahlen, Munich 2007, pp. 541 <strong>à</strong> 550.<br />

124 Voir par ex. Steffen Kinkel, Warum Firmen die Produktion in die Heimat zurückver<strong>la</strong>gern,<br />

IO New Management, 2009, n o 3, pp. 8 <strong>à</strong> 12.<br />

125 En chiffres absolus, le nombre <strong>de</strong> marques verbales en vigueur contenant <strong>la</strong> mention<br />

«Suisse», «Swiss», etc. est passé <strong>de</strong> 635 <strong>à</strong> plus <strong>de</strong> 1253 en cinq ans (du 31 août 1994 au<br />

31 août 1999). Le 31 août 2008, le nombre <strong>de</strong> ces marques était <strong>de</strong> 3098; un an plus tard,<br />

on en dénombre 5463. On constate donc une augmentation <strong>de</strong> huit fois et <strong>de</strong>mie en<br />

l’espace <strong>de</strong> quinze ans (recherche effectuée le 8 octobre 2009 dans le registre suisse <strong>de</strong>s<br />

marques <strong>sur</strong> Swissreg).<br />

126 Dans une étu<strong>de</strong> conduite dans 66 pays, trois personnes <strong>sur</strong> quatre ont indiqué que <strong>la</strong> croix<br />

suisse ou le drapeau national était le signe leur permettant <strong>de</strong> reconnaître un produit ou un<br />

service suisse en tant que tel. Au <strong>de</strong>uxième rang, on trouve les désignations «Swiss<br />

ma<strong>de</strong>» et «Ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd». Ensuite, <strong>de</strong>s motifs tels que le Cervin ou l’e<strong>de</strong>lweiss<br />

sont aussi associés <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse. Voir Stephan Feige et al., Swissness Worldwi<strong>de</strong>. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al., 2008, p. 56.<br />

7828


mêmes conditions que l’indication <strong>de</strong> provenance «Swiss». Selon <strong>la</strong> LPASP, <strong>la</strong> croix<br />

suisse pourra être employée comme une indication <strong>de</strong> provenance non seulement<br />

pour <strong>de</strong>s services, mais aussi pour tous les produits suisses, et même être protégée<br />

comme élément d’une marque.<br />

Cette nouveauté a une importance particulière pour les producteurs qui utilisent – en<br />

vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation en vigueur – <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> côté <strong>de</strong> leur propre<br />

marque (co-branding). La LPASP ôtera l’épée <strong>de</strong> Damoclès qui pend au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />

leur tête et offrira aux entreprises qui remplissent les conditions d’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse une plus gran<strong>de</strong> sécurité juridique.<br />

Le P-LPASP prévoit <strong>de</strong> réserver en principe les armoiries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération aux<br />

autorités étatiques. Afin <strong>de</strong> ne pas pénaliser les titu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> marques comme le<br />

Touring Club Suisse ou le Club Alpin Suisse, qui utilisent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies les<br />

armoiries nationales ou <strong>de</strong>s signes simi<strong>la</strong>ires dans leur logo, le projet prévoit cependant<br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> poursuivre l’usage <strong>sur</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Ce droit ne s’applique toutefois<br />

qu’aux produits qui sont effectivement <strong>de</strong> provenance suisse.<br />

La <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM aura pour sa part un double impact économique: premièrement,<br />

l’accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité juridique grâce <strong>à</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> critères<br />

d’utilisation <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong> provenance et, <strong>de</strong>uxièmement, <strong>la</strong> simplification <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mise en œuvre du droit <strong>à</strong> l’étranger grâce <strong>à</strong> divers moyens.<br />

La <strong>loi</strong> révisée contient (contrairement <strong>à</strong> <strong>la</strong> LPM127) <strong>de</strong>s informations détaillées <strong>sur</strong><br />

les étapes <strong>de</strong> production ou les matières premières pouvant être prises en compte<br />

pour <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance. Elle délimite donc c<strong>la</strong>irement le cadre légal dans<br />

lequel les entreprises intéressées sont autorisées <strong>à</strong> employer <strong>la</strong> désignation «Suisse»<br />

et <strong>la</strong> croix suisse. Le but est <strong>de</strong> préserver <strong>à</strong> long terme <strong>la</strong> plus-value liée <strong>à</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»,<br />

c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>la</strong> part du chiffre d’affaires générée par l’utilisation <strong>de</strong> l’indication<br />

<strong>de</strong> provenance «Suisse», <strong>de</strong> protéger les consommateurs <strong>de</strong>s abus et enfin <strong>de</strong><br />

sanctionner les utilisations abusives.<br />

La nouvelle réglementation accor<strong>de</strong> une p<strong>la</strong>ce appropriée <strong>à</strong> <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s<br />

milieux intéressés128 et offre aux juges une marge d’appréciation pour une évaluation<br />

cas par cas. Les entreprises qui ne peuvent pas ou ne veulent pas remplir tous<br />

les critères régissant l’utilisation pourront désigner un produit au moyen <strong>de</strong> termes<br />

comme «Swiss Design» ou «Swiss Engineering», au lieu <strong>de</strong> «Swiss», lorsque seuls<br />

le <strong>de</strong>sign ou l’ingénierie ont lieu en Suisse (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3ter, P-LPM; ch. 2.1.2.1). De plus, chaque secteur industriel ou branche conserve <strong>la</strong><br />

possibilité <strong>de</strong> trouver une solution <strong>sur</strong> me<strong>sur</strong>e concrétisant les critères d’utilisation<br />

d’une indication <strong>de</strong> provenance suisse en présentant au Conseil fédéral un projet<br />

d’ordonnance spéciale applicable au secteur ou <strong>à</strong> <strong>la</strong> branche en question. Le seul<br />

secteur <strong>à</strong> disposer d’une telle ordonnance <strong>à</strong> ce jour est le secteur horloger (voir<br />

commentaire <strong>de</strong> l’art. 50 P-LPM; ch. 2.1.2.4).<br />

Une autre nouveauté contribuant <strong>à</strong> l’accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité juridique et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

transparence – et qui réduit donc les coûts – est <strong>la</strong> possibilité d’enregistrer les indica-<br />

127 Voir explications au ch. 1.1.<br />

128 Voir par ex. l’exception selon <strong>la</strong>quelle un produit peut être <strong>la</strong>bellisé «Swiss» même sans<br />

que les critères correspondants soient remplis si le producteur prouve que l’indication <strong>de</strong><br />

provenance utilisée correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s milieux intéressés (voir commentaire<br />

<strong>de</strong> l’art. 48d, let. b, P-LPM; ch. 2.1.2.2) ou encore les exceptions pour les indications<br />

géographiques protégées enregistrées (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48d, let. a, P-LPM;<br />

ch. 2.1.2.2).<br />

7829


tions géographiques pour les produits non agricoles dans le nouveau registre <strong>de</strong>s<br />

indications géographiques. La possibilité d’enregistrer, <strong>à</strong> certaines conditions, les<br />

indications géographiques <strong>à</strong> titre <strong>de</strong> marque géographique et d’obtenir ainsi un titre<br />

<strong>de</strong> <strong>protection</strong> susceptible d’être enregistré et appliqué au niveau international y<br />

contribue également.<br />

Ces <strong>de</strong>ux me<strong>sur</strong>es (le registre <strong>de</strong>s indications géographiques et <strong>la</strong> marque géographique)<br />

facilitent <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s indications géographiques et <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse» en<br />

particulier, aussi bien en Suisse qu’<strong>à</strong> l’étranger. En raison du principe <strong>de</strong> territorialité,<br />

les normes suisses ne peuvent pas être appliquées <strong>à</strong> l’étranger. Concrètement, les<br />

chances <strong>de</strong> succès <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es visant <strong>à</strong> faire respecter les droits conférés par les<br />

indications <strong>de</strong> provenance sont fonction <strong>de</strong>s accords internationaux que <strong>la</strong> Suisse a<br />

négociés avec le pays concerné, mais aussi <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications<br />

<strong>de</strong> provenance fixées dans le droit <strong>de</strong>s pays en question, tout comme <strong>de</strong>s<br />

moyens mis en œuvre par les autorités compétentes qui appliquent les <strong>loi</strong>s pour<br />

défendre cette <strong>protection</strong> et les dispositions <strong>de</strong> droit international en <strong>la</strong> matière. La<br />

défense <strong>à</strong> l’étranger dépend donc <strong>de</strong> manière non négligeable <strong>de</strong>s signaux positifs<br />

donnés par une réglementation suisse c<strong>la</strong>ire et une politique d’application rigoureuse<br />

<strong>à</strong> l’étranger.<br />

Les me<strong>sur</strong>es réglementaires ne donnent pas un mauvis signal <strong>à</strong> l’étranger (elles ne<br />

peuvent notamment pas être vues comme <strong>de</strong>s intentions <strong>protection</strong>nistes). Les indications<br />

<strong>de</strong> provenance suisses sont soumises aux critères <strong>de</strong>s art. 48 et 49 P-LPM<br />

tandis que les indications <strong>de</strong> provenance étrangères sont régies par <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

l’Etat concerné <strong>à</strong> condition que les consommateurs en Suisse ne soient pas trompés.<br />

Ainsi, chaque Etat définit, dans le cadre <strong>de</strong> ses engagements internationaux, <strong>la</strong><br />

rigueur <strong>de</strong>s critères applicables <strong>à</strong> ses indications en fonction <strong>de</strong> l’importance et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

valeur qu’il leur attribue.<br />

3.3.3 Conséquences pour différents groupes <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

Producteurs suisses <strong>de</strong> produits naturels et <strong>de</strong> produits naturels transformés<br />

Pour les produits naturels (en particulier dans le secteur agricole), le projet n’a<br />

qu’un impact mineur car les nouvelles dispositions ont pu être reprises pour<br />

l’essentiel <strong>de</strong> l’ordonnance du 23 novembre 2005 <strong>sur</strong> l’étiquetage et <strong>la</strong> publicité <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées alimentaires (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48a P-LPM; ch. 2.1.2.2). L’exigence<br />

selon <strong>la</strong>quelle le lieu <strong>de</strong> provenance d’un produit naturel doit être le lieu où <strong>la</strong><br />

croissance du produit s’est déroulée intégralement a été délibérément écartée car il<br />

est apparu, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation, que ce<strong>la</strong> ne correspondait pas <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

réalité économique.<br />

Pour les produits naturels transformés (en particulier l’industrie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires),<br />

le pourcentage d’au moins 80 % du poids <strong>de</strong>s matières premières utilisées<br />

constitue un critère important (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48b P-LPM; ch. 2.1.2.2).<br />

A <strong>la</strong> différence d’une valeur fixe, ce critère permet d’éviter que <strong>la</strong> promotion d’un<br />

produit <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Swiss» se fasse au gré <strong>de</strong>s fluctuations du prix du<br />

marché <strong>de</strong>s matières premières. Pour que les producteurs puissent appliquer ces<br />

prescriptions en matière <strong>de</strong> poids, les produits naturels qui ne peuvent pas être<br />

produits en Suisse (le cacao, les grains <strong>de</strong> café, mais aussi les fruits cultivés dans les<br />

pays du Sud, certaines graisses végétales, le pétrole, etc.) et les matières premières<br />

7830


qui sont temporairement indisponibles (par ex. en raison d’une mauvaise récolte due<br />

<strong>à</strong> <strong>de</strong>s intempéries) pourront être exclus du calcul <strong>de</strong>s 80 %. Les matières premières<br />

qui ne sont pas disponibles en quantité suffisante en Suisse pourront également en<br />

être exclues si leur disponibilité insuffisante a été établie dans une ordonnance <strong>de</strong><br />

branche arrêtée par le Conseil fédéral. Il faut s’attendre <strong>à</strong> ce que le prix <strong>de</strong> certaines<br />

matières premières indigènes augmente en raison d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue. Cette<br />

pression incitera l’agriculture <strong>à</strong> étendre <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face cultivable, ce qui fera <strong>à</strong> nouveau<br />

baisser les prix <strong>à</strong> moyen terme129. Dans le secteur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires, il n’est pas impossible que, pour certains<br />

produits dont <strong>la</strong> promotion se fait aujourd’hui <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse»,<br />

davantage d’efforts doivent être consentis pour que cette indication <strong>de</strong> provenance<br />

puisse continuer <strong>à</strong> être employée. Les effets concrets du projet restent incertains, car<br />

même <strong>la</strong> branche se contredit dans ses estimations. Force est pourtant <strong>de</strong> constater<br />

que selon les règles en vigueur, certains produits <strong>de</strong>vraient déj<strong>à</strong> renoncer <strong>à</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Swiss» si on les appliquait <strong>de</strong> manière stricte130. Se démarquer au moyen d’une indication <strong>de</strong> provenance suisse est un facteur déterminant<br />

dans le secteur agricole, mais aussi dans celui <strong>de</strong>s produits naturels transformés,<br />

pour rester compétitif <strong>sur</strong> <strong>la</strong> scène internationale et pour faire face <strong>à</strong> une<br />

concurrence régionale et mondiale qui ne manquera pas <strong>de</strong> s’exacerber si un accord<br />

agricole est signé avec l’UE ou si les négociations en cours <strong>à</strong> l’OMC conduisent <strong>à</strong><br />

une nouvelle libéralisation du commerce agricole.<br />

Même si les produits naturels et les produits naturels transformés représentent un<br />

important secteur d’activité pour une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion suisse, ils n’entrent que<br />

pour une faible part dans le produit intérieur brut131. Les conséquences économiques<br />

décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s nouvelles me<strong>sur</strong>es réglementaires concerneront donc principalement<br />

les produits industriels et les services.<br />

Producteurs suisses <strong>de</strong> produits industriels<br />

Les producteurs <strong>de</strong> produits industriels désireux <strong>de</strong> promouvoir leur marchandise<br />

avec <strong>la</strong> désignation «Suisse» <strong>de</strong>vront veiller <strong>à</strong> ce qu’au moins 60 % <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong><br />

fabrication soient réalisés en Suisse. Selon <strong>la</strong> nouvelle réglementation, les coûts pour<br />

<strong>la</strong> recherche et le développement seront pris en considération en plus <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong><br />

production. Ce changement tient compte du fait que <strong>la</strong> Suisse est un important lieu<br />

d’innovation132. Comme pour les produits naturels transformés, les produits industriels<br />

dont les matières premières ne sont pas produites en Suisse (par ex. les métaux,<br />

les métaux précieux, le pétrole, le coton, etc.) sont exclus <strong>de</strong> ce calcul.<br />

129 Voir aussi Hanspeter Schnei<strong>de</strong>r, Wir wür<strong>de</strong>n auch 80 % schaffen, in: Alimenta, Fachzeitschrift<br />

für die Lebensmittelwirtschaft, 2009, n o 10, pp. 24 ss.<br />

130 Voir par ex. <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s produits qui n’ont <strong>de</strong> suisse que leur désignation, établie par <strong>la</strong><br />

Fondation pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs, disponible <strong>à</strong> l’adresse suivante:<br />

http://www.konsumentenschutz.ch/files/pdfs/downloads/09_08_produktlisteswissness_<br />

august_.pdf.<br />

131 En 2007, l’agriculture et <strong>la</strong> sylviculture, <strong>la</strong> chasse, <strong>la</strong> pêche et <strong>la</strong> pisciculture, l’industrie<br />

agro-alimentaire et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées d’agrément ainsi que le travail du bois et <strong>la</strong> fabrication<br />

d’articles en bois (NOGA 1 <strong>à</strong> 5, 15, 16, 20) représentaient environ 3,6 % du produit intérieur<br />

brut suisse (voir OFS, Comptes nationaux).<br />

132 Selon le European Innovation Scoreboard 2008 <strong>de</strong> l’UE, <strong>la</strong> Suisse se p<strong>la</strong>ce en tête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

liste <strong>de</strong>s pays les plus innovateurs d’Europe, suivie <strong>de</strong>s pays scandinaves, voir<br />

ProInnoEurope, Innometrics (éd.), European Innovation Scoreboard 2008, 2009.<br />

7831


Grâce <strong>à</strong> l’inclusion <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement, l’augmentation <strong>de</strong><br />

dix points par rapport au pourcentage actuel ne posera pas <strong>de</strong> problème aux entreprises<br />

dont les produits requièrent d’importants travaux <strong>de</strong> recherche133. Cette <strong>modification</strong><br />

pourrait même leur permettre d’é<strong>la</strong>rgir leur éventail <strong>de</strong> produits munis <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

désignation «Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse. Les entreprises estimant que cette augmentation<br />

entraînera <strong>de</strong>s coûts trop importants pour elles, malgré les diverses exception<br />

prévues, pourront se rabattre <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s désignations telles que «Swiss <strong>de</strong>sign» ou<br />

«Swiss engineering», dès lors que cette étape <strong>de</strong> <strong>la</strong> production se déroule intégralement<br />

au lieu indiqué (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 47, al. 3ter, P-LPM; ch. 2.1.2.1).<br />

Le projet apporte enfin un autre avantage économique considérable en permettant –<br />

ce qui est nouveau pour les produits suisses – l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> côté <strong>de</strong><br />

leur propre marque (co-branding), <strong>de</strong> manière analogue <strong>à</strong> ce qui se fait pour les<br />

services.<br />

Producteurs étrangers<br />

Les producteurs pourront utiliser <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>la</strong> croix suisse lorsqu’ils<br />

remplissent les critères correspondants, que les sociétés soient étrangères ou suisses.<br />

Cette possibilité peut constituer un attrait considérable pour ces entreprises, qui<br />

pourraient transférer ou gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> recherche en Suisse.<br />

Prestataires <strong>de</strong> services<br />

Pour les prestataires <strong>de</strong> services, <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> leurs produits est déterminée par<br />

le siège <strong>de</strong> l’entreprise prestataire. De plus, le centre effectif <strong>de</strong> l’administration<br />

<strong>de</strong>vra aussi se trouver en Suisse. La nouvelle réglementation vise <strong>à</strong> éviter que <strong>de</strong>s<br />

«sociétés boîtes aux lettres» tirent également profit <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value conférée par <strong>la</strong><br />

«Suissitu<strong>de</strong>». Cet objectif s’explique par <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> défendre <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> provenance suisses.<br />

Le secteur <strong>de</strong>s services gagne régulièrement en importance134. C’est justement ici<br />

que l’on a pu constater récemment combien <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» est<br />

fragile (par ex. immobilisation au sol <strong>de</strong>s avions <strong>de</strong> Swissair, effets <strong>sur</strong> le secteur<br />

bancaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise financière et <strong>de</strong>s nouveaux standards <strong>de</strong> l’OCDE <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong><br />

l’assistance administrative en matière fiscale) et combien il est important <strong>de</strong> rétablir<br />

le plus rapi<strong>de</strong>ment possible notre excellent niveau <strong>de</strong> qualité en vue <strong>de</strong> redorer non<br />

seulement, pour l’activité <strong>de</strong> services ou pour <strong>la</strong> branche touchée, une réputation<br />

133 La chimie et l’industrie pharmaceutique, l’industrie <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie et <strong>de</strong>s machines et<br />

l’industrie alimentaire comptent parmi les branches les plus actives au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche. Ces secteurs (NOGA 15 <strong>à</strong> 16, 23 <strong>à</strong> 25, 27 <strong>à</strong> 34, 72 <strong>à</strong> 73) représentent quelque<br />

20 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> valeur en Suisse (voir OFS, indicateurs science et technologie,<br />

Comptes nationaux).<br />

134 Voir par ex. OFS, Indicateurs du marché du travail 2008, OFS, Neuchâtel, 2008, p. 12:<br />

«Entre 2002 et 2007, le marché du travail poursuit son processus <strong>de</strong> tertiarisation [c’est-<strong>à</strong>dire<br />

<strong>la</strong> tendance vers le secteur <strong>de</strong>s services]. En effet, le secteur <strong>de</strong>s services constitue le<br />

moteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance économique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> création d’emp<strong>loi</strong>. ».<br />

7832


entachée, mais aussi le <strong>la</strong>bel «Suisse» et <strong>de</strong> regagner <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong>s consommateurs<br />

135.<br />

Petites et moyennes entreprises (PME)<br />

Les PME fournissent environ <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s emp<strong>loi</strong>s en Suisse136. Dans un contexte<br />

toujours plus international, les réseaux <strong>de</strong> distribution hors <strong>de</strong> Suisse prennent <strong>de</strong><br />

plus en plus d’importance137. Dans ce contexte concurrentiel, il peut être d’autant<br />

plus important pour les PME, qui sont souvent <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> niche, <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r<br />

ou d’étendre un avantage compétitif fondé <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> qualité particuliers<br />

ou <strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance suisse. L’indication <strong>de</strong> provenance suisse a un impact dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier et celui-ci est d’une gran<strong>de</strong> importance économique. Ainsi, l’utilisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «bro<strong>de</strong>rie saint-gal<strong>loi</strong>se» et le bénéfice tiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong><br />

celle-ci sont, pour beaucoup d’entreprises textiles en Suisse orientale, une condition<br />

indispensable <strong>à</strong> leur <strong>sur</strong>vie <strong>sur</strong> le marché international <strong>de</strong>s textiles.<br />

Pour les PME notamment, il est important <strong>de</strong> pouvoir jauger, outre les avantages<br />

qu’apportent l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse, les éventuelles<br />

dépenses auxquelles elles <strong>de</strong>vront faire face. Comme l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse ne nécessitera aucune autorisation officielle ou<br />

une procédure <strong>de</strong> licence, les coûts pour les entreprises souhaitant établir si leurs<br />

produits ou leurs services remplissent les nouveaux critères d’emp<strong>loi</strong> ne <strong>de</strong>vraient<br />

pas varier <strong>de</strong> ce qu’elles dépensent aujourd’hui pour répondre <strong>à</strong> cette question. Il se<br />

peut qu’initialement l’éc<strong>la</strong>ircissement d’un processus <strong>de</strong> fabrication complexe<br />

génère un <strong>sur</strong>croît exceptionnel <strong>de</strong> coûts. En effet, l’instauration <strong>de</strong> nouvelles règles<br />

régissant l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pourrait inciter<br />

certaines entreprises <strong>à</strong> reconsidérer et <strong>à</strong> redéfinir leur image <strong>de</strong> marque138. Pour le<br />

reste, on peut se reporter aux paragraphes ci-<strong>de</strong>ssus exposant les conséquences du<br />

projet pour les producteurs <strong>de</strong> produits naturels transformés ou <strong>de</strong> produits industriels139.<br />

135 Le retour <strong>à</strong> un haut niveau <strong>de</strong> compétitivité réussi <strong>à</strong> court terme par <strong>la</strong> Suisse se traduit par<br />

son accession au premier rang dans l’édition actuelle du Global Competitiveness Report<br />

du World Economic Forums; voir Schwab K<strong>la</strong>us, The Global Competitiveness Report<br />

2009 <strong>à</strong> 2010. World Economic Forum, Geneva, 2009). A moyen et long terme, <strong>la</strong> préservation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque «Suisse» joue également un rôle important: «Jon<br />

Cox, an analyst at Kepler Capital Markets, said promoting the Swiss brand would set the<br />

country up well for a recovery. ’The whole trend towards premium products will go on<br />

even if it is a trend towards less conspicuous consumption,’ he said.», in: New York<br />

Times, 25/26 juillet 2009.<br />

136 Franz Jaeger et al., KMU-Landschaft im Wan<strong>de</strong>l. Eine Studie anhand <strong>de</strong>r Betriebszählungen<br />

1998, 2001 und 2005, OFS, Neuchâtel, 2008.<br />

137 Selon une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque nationale suisse, près <strong>de</strong> 70 % <strong>de</strong>s PME suisses interrogées<br />

connaissent une croissance plus forte ou sensiblement plus forte <strong>sur</strong> le marché <strong>de</strong>s<br />

exportations que <strong>sur</strong> le marché intérieur, voir Thomas Kübler, Exportorientierte<br />

KMU – Herausfor<strong>de</strong>rungen beim Aufbau neuer Märkte, in: Bulletin trimestriel<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> BNS, 2008, n o 1, pp. 44 <strong>à</strong> 51.<br />

138 Sur mandat du Forum PME <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération, <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong> commerce du canton <strong>de</strong><br />

Vaud a dressé une liste en 2008 <strong>de</strong>s compositions <strong>de</strong> neuf produits (huit produits industriels<br />

et un produit naturel tranformé) susceptibles <strong>de</strong> se voir délivrer un certificat<br />

d’origine suisse selon les règles douanières. Parmi ces neufs produits, quatre pourraient<br />

vraisemb<strong>la</strong>blement être désignés <strong>à</strong> juste titre par une indication <strong>de</strong> provenance suisse<br />

selon le droit <strong>de</strong>s marques et <strong>de</strong>s armoiries en vigueur (<strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s indications ressortant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> liste dressée par <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> commerce). Les <strong>modification</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> les<br />

marques et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries ne changeraient rien <strong>à</strong> cette situation.<br />

139 Pour un aperçu <strong>de</strong>s coûts et <strong>de</strong>s avantages, voir ch. 3.3.4.<br />

7833


Afin <strong>de</strong> contenir au maximum les coûts induits par le changement pour les PME,<br />

l’IPI prépare, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> son mandat d’information, <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es d’appoint pour<br />

les PME comprenant diverses opérations grand public qui seront déployées dès le<br />

<strong>de</strong>uxième semestre 2010 140. Les particuliers et les entreprises peuvent obtenir gratuitement<br />

<strong>de</strong>s renseignements <strong>à</strong> ce sujet en s’adressant directement <strong>à</strong> l’IPI. 141<br />

Consommateurs<br />

Lorsque les consommateurs optent pour <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> provenance<br />

suisse, ils sont en règle générale prêts <strong>à</strong> payer un prix plus élevé142. Il est donc<br />

également dans leur intérêt, voire principalement dans leur intérêt, que les informations<br />

<strong>sur</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits et leurs qualités, décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

désignation «Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse, soient fiables et si possible harmonisées143.<br />

3.3.4 Conséquences pour l’économie dans son ensemble<br />

Accroissement <strong>de</strong> l’attractivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse comme lieu <strong>de</strong> production<br />

La présence d’entreprises suisses <strong>à</strong> l’étranger est en hausse. En 2006, plus <strong>de</strong> 2,1<br />

millions <strong>de</strong> personnes travail<strong>la</strong>ient dans les filiales étrangères d’entreprises suisses144.<br />

Les me<strong>sur</strong>es proposées visant <strong>à</strong> préserver <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse» les<br />

inciteront <strong>à</strong> multiplier <strong>à</strong> nouveau leurs investissements en Suisse145. Il est donc<br />

possible que le projet conduise certaines entreprises qui ont jusqu’ici peu recours <strong>à</strong><br />

<strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» 146, <strong>à</strong> transférer ou <strong>à</strong> rapatrier une part <strong>de</strong> production suffisante en<br />

Suisse afin <strong>de</strong> pouvoir bénéficier <strong>de</strong>s avantages commerciaux décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’indication<br />

<strong>de</strong> provenance «Suisse».<br />

140 Voir https://www.ige.ch/fr/institut/institut/projets-cooperations/projet-pme-pi.html.<br />

141 Par téléphone: 031 377 77 77; par courriel: info@ipi.ch ou kmu@ipi.ch; par courrier<br />

postal: Institut fédéral <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle, Centre <strong>de</strong> contact, Stauffacherstrasse<br />

65/59g, 3003 Berne.<br />

142 Ainsi, les résultats <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enquêtes <strong>de</strong> l’EPFZ re<strong>la</strong>tives au comportement <strong>de</strong>s consommateurs<br />

montrent par ex. qu’en matière d’achat <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille et <strong>de</strong> pommes que<br />

«près <strong>de</strong> 85 % <strong>de</strong>s consommateurs préfèrent <strong>à</strong> prix égal, acheter un produit suisse», voir<br />

Conradin Bolliger, Produktherkunft Schweiz: Schweizer In<strong>la</strong>ndkonsumenten und ihre<br />

Assoziationen mit und Präferenzen für heimische Agrarerzeugnisse. Tagungsband <strong>de</strong>r<br />

18. Jahrestagung <strong>de</strong>r Österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, 2008.<br />

143 Le sondage représentatif réalisé en 2003 <strong>sur</strong> mandat <strong>de</strong> l’OFAG a établi que <strong>la</strong> majorité<br />

<strong>de</strong>s personnes interrogées attend d’un «produit portant une indication <strong>de</strong> provenance<br />

suisse qu’il provienne effectivement <strong>à</strong> 100 % <strong>de</strong> Suisse», OFAG, Rapport agricole 2003,<br />

Berne 2003, p. 146. Dans un sondage semb<strong>la</strong>ble datant <strong>de</strong> 2007, 80 % <strong>de</strong>s personnes<br />

interrogées s’atten<strong>de</strong>nt <strong>à</strong> ce que <strong>la</strong> nourriture produite en Suisse le soit avec <strong>de</strong>s conditions<br />

plus sévères qu’<strong>à</strong> l’étranger, OFAG, Herkunft von Landwirtschaftprodukten 2007,<br />

Berne, 2007. Dans le même sondage, plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s personnes interrogées ont répondu<br />

qu’elles étaient prêtes <strong>à</strong> payer jusqu’<strong>à</strong> plus du double pour <strong>de</strong>s pommes, du <strong>la</strong>it, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vian<strong>de</strong> ou <strong>de</strong>s œufs, lorsque ces produits étaient produits en Suisse (question 4).<br />

144 Voir Banque nationale suisse, Evolution <strong>de</strong>s investissements directs en 2006,<br />

Zurich, 2008.<br />

145 Voir par ex. Steffen Kinkel, Warum Firmen die Produktion in die Heimat zurückver<strong>la</strong>gern,<br />

IO New Management, 2009, n o 3, pp. 8 <strong>à</strong> 12.<br />

146 Par ex. dans <strong>la</strong> branche <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pharmaceutique, dans l’industrie <strong>de</strong>s<br />

machines et <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction d’instal<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> même que dans <strong>la</strong> branche informatique<br />

et en partie dans le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>. Voir Stephan Feige et al., Swissness Worldwi<strong>de</strong>.<br />

Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al., 2008, pp. 36 ss.<br />

7834


Cet élément sera d’autant plus décisif pour les sociétés suisses qui ont l’intention <strong>de</strong><br />

transférer leur production <strong>à</strong> l’étranger mais qui tirent déj<strong>à</strong> un avantage indéniable <strong>de</strong><br />

l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse (voir ill.). La révision<br />

les incitera en effet <strong>à</strong> maintenir une part essentielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> production ou le siège <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

société en Suisse ou encore <strong>à</strong> utiliser davantage <strong>de</strong> matières premières suisses plutôt<br />

qu’étrangères 147. Les me<strong>sur</strong>es prévues sont donc profitables <strong>à</strong> <strong>la</strong> production<br />

intérieure suisse.<br />

Illustration: forces et faiblesses <strong>de</strong>s produits suisses en comparaison<br />

internationale 148<br />

Zuverlässigkeit<br />

1. Schweiz (ø 4.15)<br />

2. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 4.11)<br />

3. Japan (ø 3.69)<br />

4. USA (ø 3.05)<br />

5. China (ø 2.05)<br />

Tradition Int. Spitzenqualität Exklusivität<br />

1. Schweiz (ø 3.94) 1. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 4.22) 1. Schweiz (ø 4.08)<br />

2. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 3.85) 2. Schweiz (ø 4.19) 2. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 3.46)<br />

3. Japan (ø 3.19) 3. Japan (ø 4.01) 3. Japan (ø 2.95)<br />

4. USA (ø 2.52) 4. USA (ø 3.29) 4. USA (ø 2.75)<br />

5. China (ø 2.25) 5. China (ø 2.23) 5. China (ø 1.90)<br />

5 = stimme voll zu<br />

1 = stimme gar nicht zu<br />

Int. Respekt<br />

1. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 4.15)<br />

2. Schweiz (ø 4.09)<br />

3. Japan (ø 3.95)<br />

4. USA (ø 3.35)<br />

5. China (ø 2.32)<br />

Im Trend<br />

Preisgünstig<br />

Innovativ<br />

1. Japan (ø 4.05) 1. China (ø 4.16) 1. Japan (ø 4.28)<br />

2. USA (ø 3.80) 2. Japan (ø 3.48) 2. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 3.79)<br />

3. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 3.26) 3. USA (ø 3.33) 3. USA (ø 3.54)<br />

4. Schweiz (ø 3.05) 4. Deutsch<strong>la</strong>nd (ø 2.91) 4. Schweiz (ø 3.37)<br />

5. China (ø 2.79) 5. Schweiz (ø 2.33) 5. China (ø 2.60)<br />

5 = stimme voll zu<br />

1 = stimme gar nicht zu<br />

Aperçu <strong>de</strong>s coûts et <strong>de</strong>s avantages attendus<br />

Les coûts et les avantages décou<strong>la</strong>nt du projet légis<strong>la</strong>tif ne peuvent être quantifiés<br />

qu’en partie.<br />

La conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value conférée par <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse»,<br />

tant <strong>sur</strong> le marché suisse que <strong>sur</strong> les marchés d’exportation, compte au nombre <strong>de</strong>s<br />

premiers avantages chiffrables du projet <strong>de</strong> révision. Selon une étu<strong>de</strong> internationale<br />

réalisée en 2008, les consommateurs sont prêts <strong>à</strong> payer environ 20 % <strong>de</strong> plus pour<br />

<strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation portant le <strong>la</strong>bel «Suisse» 149, par exemple <strong>de</strong>s montres,<br />

<strong>de</strong>s bijoux ou du fromage. Si on prend l’exemple <strong>de</strong> l’industrie horlogère, qui a<br />

exporté pour 17 milliards <strong>de</strong> francs en 2008, ce<strong>la</strong> équivaudrait <strong>à</strong> une plus-value <strong>de</strong> 3<br />

<strong>à</strong> 3,5 milliards <strong>de</strong> francs pour l’année 2008. Pour <strong>la</strong> même année <strong>de</strong> référence, on<br />

arrive pour l’industrie <strong>de</strong>s bijoux, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base du même calcul en partant<br />

d’exportations <strong>à</strong> hauteur <strong>de</strong> 4,8 milliards <strong>de</strong> francs, <strong>à</strong> une plus-value <strong>de</strong> 960 millions<br />

<strong>de</strong> francs induite par l’indication <strong>de</strong> provenance suisse et, pour l’industrie du choco-<br />

147 Dans le questionnaire PME annuel <strong>de</strong> l’OFS, 48 % <strong>de</strong>s PME ont répondu qu’elles pouvaient<br />

imaginer une délocalisation partielle ou totale <strong>à</strong> l’étranger pour les raisons les plus<br />

diverses. Voir Franz Jaeger et al.: «KMU-Landschaft im Wan<strong>de</strong>l. Eine Studie anhand <strong>de</strong>r<br />

Betriebszählungen 1998, 2001 und 2005», OFS, Neuchâtel, 2008.<br />

148 Source: Stephan Feige et al., Swissness Worldwi<strong>de</strong>. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et<br />

al., 2008, p. 32, ill. 18.<br />

149 Voir Stephan Feige et al., Swissness Worldwi<strong>de</strong>. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al.,<br />

2008, p. 57. Selon cette étu<strong>de</strong>, dans les trois secteurs <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> consommation cités dans<br />

ce paragraphe, <strong>la</strong> signification du pays d’origine et le lien avec <strong>la</strong> Suisse sont très importants<br />

(voir ill. 25, p. 39).<br />

7835


<strong>la</strong>t, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base d’un volume d’exportations <strong>de</strong> près d’un milliard <strong>de</strong> francs, <strong>à</strong> une<br />

plus-value <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 200 millions <strong>de</strong> francs150. Rien que pour ces trois branches, qui<br />

bénéficient, selon l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall précitée, d’une plus-value <strong>de</strong><br />

20 % décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse», on arrive <strong>à</strong> un total<br />

d’environ 4,5 milliards <strong>de</strong> francs pour l’année 2008.<br />

Il est possible <strong>de</strong> se livrer <strong>à</strong> un calcul simi<strong>la</strong>ire avec les données <strong>de</strong> l’Association<br />

suisse <strong>de</strong>s AOC-IGP. Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> différentes étu<strong>de</strong>s, celle-ci part aussi du principe<br />

que les produits suisses qui sont enregistrés en tant qu’AOC ou IGP génèrent actuellement<br />

une plus-value liée <strong>à</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» <strong>de</strong> presque 20 % <strong>sur</strong> le marché intérieur<br />

et <strong>à</strong> l’étranger. Sur un chiffre d’affaires <strong>de</strong> près d’un milliard <strong>de</strong> francs, <strong>la</strong> plus-value<br />

équivaut <strong>à</strong> 200 millions. 151<br />

D’autres branches également, que l’on associe (pour le moment) moins <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse,<br />

pourraient également réaliser une plus-value si elles offraient <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s<br />

services présentant <strong>de</strong>s caractéristiques que les consommateurs attribuent aux produits<br />

et aux services suisses. Par exemple, pour l’industrie suisse <strong>de</strong>s machines,<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall estime que cette plus-value pourrait représenter<br />

1 <strong>à</strong> 2 % du chiffre d’affaires152, autrement dit 1,2 milliard <strong>de</strong> francs (soit 1,5 % <strong>de</strong>s<br />

80 milliards <strong>de</strong> francs d’exportations <strong>de</strong> machines enregistrées en 2008 selon<br />

Swissmem). Si l’on ajoute ce montant aux 4,5 milliards précités, <strong>la</strong> plus-value générée<br />

par <strong>la</strong> «marque Suisse» pour les quatre branches mentionnées représente environ<br />

1 % du produit intérieur brut. Le projet a pour objectif <strong>de</strong> maintenir cette plus-value<br />

<strong>sur</strong> le long terme pour chacune <strong>de</strong>s ces branches. 153<br />

Le projet légis<strong>la</strong>tif est conçu <strong>de</strong> sorte <strong>à</strong> limiter au maximum les coûts pour<br />

l’économie, <strong>sur</strong>tout au niveau <strong>de</strong>s charges administratives. C’est donc <strong>à</strong> <strong>de</strong>ssein que<br />

l’on n’a pas retenu les modèles administratifs centralisés proposés par certains, par<br />

exemple celui d’une «marque <strong>de</strong> garantie Suisse» administrée par <strong>la</strong> Confédération<br />

ou par une fondation154. Ce modèle aurait eu pour inconvénient, <strong>à</strong> l’instar d’autres<br />

<strong>la</strong>bels utilisés couramment dans le marketing, <strong>de</strong> nécessiter une procédure adminis-<br />

150 Voir <strong>la</strong> statistique du commerce extérieur suisse <strong>de</strong> l’Administration fédérale <strong>de</strong>s douanes<br />

pour ce qui est <strong>de</strong>s volumes d’exportation (base <strong>de</strong> données Swiss-Impex).<br />

151 En cas <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation du <strong>la</strong>bel suisse <strong>à</strong> moyen terme, l’Association<br />

suisse <strong>de</strong>s AOC-IGP estime non seulement que <strong>la</strong> plus-value générée par <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»<br />

diminuerait <strong>de</strong> moitié (elle ne s’éleverait donc plus qu’<strong>à</strong> 100 millions <strong>de</strong> francs), mais que<br />

le chiffre d’affaires <strong>à</strong> l’exportation se contracterait <strong>de</strong> moitié (–200 millions) et celui <strong>sur</strong><br />

le territoire suisse <strong>de</strong> 20 % (–120 millions). Ces baisses occasionneraient <strong>de</strong>s coûts<br />

annuels (sans compter ceux imputables aux étapes <strong>de</strong> commercialisation en aval) pour les<br />

producteurs <strong>de</strong> biens AOC-IGP <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 420 millions <strong>de</strong> francs. Ces coûts peuvent être<br />

évités grâce au projet. L’Association suisse <strong>de</strong>s AOP-IGP évalue inversément que les critères<br />

proposés dans le cadre du projet, qui sont plus stricts, contribueraient <strong>à</strong> faire progresser<br />

les ventes <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 20 %, ce qui équivaudrait <strong>à</strong> une augmentation du chiffre<br />

d’affaires <strong>de</strong> quelque 200 millions <strong>de</strong> francs.<br />

152 Voir Stephan Feige et al., Swissness Worldwi<strong>de</strong>. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Saint-Gall et al.,<br />

2008, p. 57.<br />

153 Même si certains sont d’avis qu’en temps <strong>de</strong> récession <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» pourrait générer<br />

une plus-value encore plus forte (voir par ex. Dominique von Matt, chef <strong>de</strong> l’agence <strong>de</strong><br />

publicité Jung von Matt/Limmat: «The Swiss reputation for reliability, quality and precision<br />

have even more value now than before the recession» (La Suisse est synonyme <strong>de</strong><br />

fiabilité, <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong> précision; <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> cette réputation est encore plus gran<strong>de</strong><br />

aujourd’hui qu’avant <strong>la</strong> récession» (traduction libre), in: «Ma<strong>de</strong> in Switzer<strong>la</strong>nd» brand<br />

retains its appeal», swissinfo.ch, 12 juin 2009), les chances <strong>de</strong> voir <strong>la</strong> plus-value dépasser<br />

<strong>la</strong> barre <strong>de</strong>s 20 % susceptible d’être atteinte dans certaines branches sont plutôt minces.<br />

154 Voir ch. 3.3.5.<br />

7836


trative lour<strong>de</strong> et coûteuse pour l’octroi <strong>de</strong> licences. La nouvelle réglementation ne<br />

modifie donc en rien <strong>la</strong> situation actuelle: le <strong>la</strong>bel «Swiss» pourra être employé sans<br />

attestation ni autorisation administrative ou autre.<br />

Il se peut toutefois que <strong>de</strong>s efforts supplémentaires doivent être consentis pour<br />

certains produits afin <strong>de</strong> les rendre conformes aux nouveaux critères (voir ch. 3.3.3).<br />

A défaut, les producteurs ont <strong>la</strong> possibilité d’opter pour d’autres désignations comme<br />

«Swiss <strong>de</strong>sign», «Swiss engineering» ou «Fabriqué en Suisse». La menace d’une<br />

perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value engendrée par <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque Suisse pourra ainsi<br />

être écartée.<br />

Aperçu <strong>de</strong>s retombées économiques positives et négatives escomptées<br />

Avec le projet<br />

Retombées négatives probables Retombées positives probables<br />

Eventuels coûts supplémentaires occasionnés<br />

par l’examen ou <strong>la</strong> redéfinition <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong><br />

marque en raison <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> nouveaux<br />

critères régissant l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse.<br />

Perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value générée par <strong>la</strong> réputation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse» pour les produits<br />

qui ne remplissent pas les nouveaux critères<br />

(ces inconvénients sont diminués par <strong>la</strong><br />

possibilité <strong>de</strong> produire <strong>à</strong> l’échelle globale, et<br />

donc <strong>à</strong> moindre coût, et sans <strong>de</strong>voir supporter<br />

les charges imposés par les critères régissant<br />

l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque Suisse»).<br />

Coûts supplémentaires pour faire en sorte que<br />

les produits non conformes <strong>à</strong> <strong>la</strong> nouvelle<br />

réglementation régissant l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse satisfassent<br />

aux nouveaux critères plus stricts (par ex.<br />

changement <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> production, changement<br />

<strong>de</strong> certains fournisseurs <strong>de</strong> matières<br />

premières et/ou d’autres fournisseurs).<br />

Préservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque<br />

Suisse» et donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value générée par<br />

<strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» pour toutes les entreprises<br />

produisant, se fournissant en matières premières<br />

ou fournissant <strong>de</strong>s services en Suisse.<br />

Maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité internationale,<br />

en particulier pour les PME et les entreprises<br />

<strong>de</strong> niche qui peuvent utiliser <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» et <strong>la</strong> croix suisse.<br />

Maintien et création d’emp<strong>loi</strong>s dans les<br />

métiers traditionnels ou régionaux, dans <strong>la</strong><br />

production <strong>de</strong> produits naturels (agriculture)<br />

et dans <strong>la</strong> recherche et le développement.<br />

Simplification <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> poursuivre les<br />

atteintes <strong>à</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

croix suisse <strong>à</strong> l’étranger, notamment grâce au<br />

registre <strong>de</strong>s indications géographiques, et<br />

possibilité <strong>de</strong> faire enregistrer une marque<br />

géographique en Suisse et <strong>de</strong> faire enregistrer<br />

ce titre <strong>de</strong> <strong>protection</strong> au niveau international<br />

par l’association <strong>de</strong> <strong>la</strong> branche, ce qui en<br />

facilite l’application.<br />

Possibilité <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> référence <strong>à</strong> <strong>la</strong> Suisse <strong>à</strong><br />

<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> production réalisées entièrement<br />

en Suisse, par exemple par l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong><br />

termes comme «Swiss <strong>de</strong>sign» ou «Swiss<br />

engineering».<br />

Possibilité d’apposer <strong>la</strong> croix suisse <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins<br />

commerciales <strong>sur</strong> les produits qui satisfont<br />

aux critères d’emp<strong>loi</strong> définis dans le projet.<br />

7837


7838<br />

Sans le projet<br />

Retombées négatives probables Retombées positives probables<br />

Impossibilité d’utiliser légalement <strong>la</strong> croix<br />

suisse <strong>sur</strong> les produits <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins commerciales,<br />

même si ceux-ci ont été entièrement<br />

fabriqués en Suisse.<br />

Insatisfaction croissante <strong>de</strong>s milieux concernés<br />

en raison d’une sensibilisation accrue <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

problématique d’où le risque d’une application<br />

plus rigoureuse <strong>de</strong> l’interdiction d’utiliser <strong>la</strong><br />

croix suisse <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins commerciales.<br />

Risque d’érosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> «marque<br />

Suisse» en raison <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>urs.<br />

Risque d’érosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus-value <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>»<br />

pour les entreprises qui se réc<strong>la</strong>ment<br />

du lieu <strong>de</strong> production suisse. Perte <strong>de</strong> compétitivité<br />

et risque <strong>de</strong> délocalisation et <strong>de</strong> suppression<br />

d’emp<strong>loi</strong>s.<br />

Maintien <strong>de</strong>s difficultés <strong>à</strong> obtenir et <strong>à</strong> mettre<br />

en œuvre <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong><br />

provenance «Suisse» <strong>à</strong> l’égard <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>urs <strong>à</strong><br />

l’étranger.<br />

Impact négatif l’étranger: <strong>la</strong> Suisse est incapable<br />

<strong>de</strong> préserver durablement <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong><br />

son propre nom.<br />

Pas <strong>de</strong> charges éventuelles liées <strong>à</strong> l’examen et<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> redéfinition <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> marque.<br />

La plus-value générée par <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

«marque Suisse» peut être obtenue par toute<br />

entreprise réalisant 50 % <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production<br />

ou l’étape essentielle <strong>de</strong> production en<br />

Suisse (= réglementation en vigueur).<br />

Conséquences <strong>sur</strong> <strong>la</strong> concurrence<br />

Les me<strong>sur</strong>es prévues pour renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

suisses et <strong>de</strong>s signes publics ne constituent pas une restriction illicite en termes <strong>de</strong><br />

concurrence. La compétitivité entre les produits n’est donc en rien entravée et les<br />

marchés <strong>de</strong>meurent aussi ouverts qu’aujourd’hui. Plusieurs producteurs peuvent<br />

continuer <strong>à</strong> vendre <strong>de</strong>s produits simi<strong>la</strong>ires sous <strong>de</strong>s désignations (marques) différentes,<br />

mais en employant <strong>la</strong> même indication <strong>de</strong> provenance géographique. De plus,<br />

renforcer <strong>la</strong> <strong>protection</strong> d’une indication <strong>de</strong> provenance n’empêche aucunement les<br />

fabricants qui ne remplissent pas les conditions régissant son emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> fabriquer<br />

leurs produits et d’offrir leurs services: <strong>la</strong> nouvelle réglementation leur interdit<br />

seulement <strong>de</strong> les promouvoir au moyen d’une indication <strong>de</strong> provenance inexacte.<br />

L’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle marque géographique au sens <strong>de</strong>s art. 27a ss P-LPM<br />

n’entraîne pas non plus <strong>de</strong> conséquences illicites en termes <strong>de</strong> concurrence. Elle<br />

permet uniquement aux associations suisses <strong>de</strong> producteurs habilitées <strong>de</strong> mieux<br />

protéger et défendre, <strong>à</strong> l’étranger notamment, les AOC et les IGP, <strong>de</strong> même que les<br />

indications <strong>de</strong> provenance «Suisse» définies dans une ordonnance <strong>de</strong> branche. Sur le<br />

long terme, ce nouvel outil <strong>de</strong> <strong>protection</strong> nationale améliorera <strong>la</strong> compétitivité <strong>sur</strong> le<br />

marché mondial <strong>de</strong>s entreprises produisant en Suisse. Pour le reste, <strong>la</strong> nouvelle<br />

réglementation n’a pas <strong>de</strong> conséquences <strong>sur</strong> <strong>la</strong> concurrence.


3.3.5 Réglementations possibles<br />

Le statu quo n’est pas envisageable. La situation actuelle est insatisfaisante en raison<br />

du fossé entre le droit et <strong>la</strong> réalité. Les critères en vigueur, peu précis, sont en outre<br />

insuffisants, voire dépassés, compte tenu <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> production.<br />

De plus, <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en vigueur favorise les frau<strong>de</strong>s et conduit <strong>à</strong> une dilution insidieuse<br />

<strong>de</strong> l’indication «Suisse» avec, pour conséquence, une perte en termes d’image<br />

pour les «véritables» produits et services suisses155. Il est essentiel (notamment eu<br />

égard au cycle <strong>de</strong> négociations <strong>de</strong> l’OMC) <strong>de</strong> garantir le haut niveau <strong>de</strong> <strong>protection</strong><br />

<strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance préconisé par <strong>la</strong> Suisse <strong>sur</strong> <strong>la</strong> scène internationale<br />

pour toutes les catégories <strong>de</strong> produits.<br />

La codification <strong>de</strong> <strong>la</strong> maigre légis<strong>la</strong>tion cantonale actuelle <strong>sur</strong> les produits industriels a<br />

également fait l’objet d’un examen. Toutefois, les critères <strong>re<strong>la</strong>tif</strong>s <strong>à</strong> ces produits156 ne<br />

peuvent pas être repris tels quels dans une réglementation adéquate et adaptée aux<br />

circonstances pour les produits impliquant une forte activité <strong>de</strong> recherche, ni d’ailleurs<br />

pour les <strong>de</strong>nrées alimentaires, vu qu’un critère <strong>de</strong> valeur y est étranger et ne peut être<br />

appliqué par les autorités cantonales d’exécution. Cette solution a été écartée.<br />

La possibilité <strong>de</strong> créer une marque <strong>de</strong> garantie «Suisse» générale a aussi été examinée.<br />

Une telle réglementation impliquerait que toutes les branches économiques se<br />

mettent d’accord <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères communs, qui seraient alors intégrés dans le règlement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. Elle entraînerait <strong>de</strong> <strong>sur</strong>croît <strong>de</strong>s charges administratives supplémentaires<br />

pour les utilisateurs <strong>de</strong> cette marque engendrées par l’examen et <strong>la</strong> délivrance<br />

d’autorisation individuelle d’utilisation et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> licence. Cette solution<br />

ferait double emp<strong>loi</strong> avec <strong>la</strong> possibilité donnée <strong>à</strong> l’art. 50 LPM d’é<strong>la</strong>borer <strong>de</strong>s ordonnances<br />

<strong>de</strong> branche. Or cette possibilité permet au Conseil fédéral <strong>de</strong> garantir et<br />

<strong>de</strong> faciliter l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> critères communs. De plus, l’administration et <strong>la</strong> défense<br />

judiciaire d’une marque <strong>de</strong> garantie «Suisse» <strong>à</strong> l’échelon mondial par <strong>la</strong> Confédération<br />

ou une fondation <strong>à</strong> créer spécialement <strong>à</strong> cette fin exposeraient inutilement le<br />

budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération <strong>à</strong> <strong>de</strong>s risques procéduraux – en raison <strong>de</strong>s frais d’enregistrement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> marque, <strong>de</strong>s frais d’avocat et <strong>de</strong> procédure – et le chargeraient <strong>de</strong><br />

façon disproportionnée.<br />

3.3.6 Aspects pratiques <strong>de</strong> l’exécution<br />

Les me<strong>sur</strong>es prévues permettent <strong>de</strong> préciser les critères <strong>de</strong> provenance. La transparence<br />

qui en découle crée davantage <strong>de</strong> sécurité juridique et rend plus aisée<br />

l’exécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pour les<br />

autorités cantonales chargées d’appliquer <strong>la</strong> <strong>loi</strong>. L’unique structure administrative <strong>à</strong><br />

instaurer (nouveau registre <strong>de</strong>s indications géographiques) et l’intervention accrue<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération en cas d’abus seront assumées par l’IPI et ne représentent aucune<br />

charge supplémentaire pour <strong>la</strong> Confédération en raison <strong>de</strong> l’autonomie financière<br />

<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.<br />

155 Voir l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Swiss Branding Experts qui montre que les entreprises suisses sont<br />

aujourd’hui prêtes <strong>à</strong> faire <strong>de</strong>s compromis en matière <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong> fiabilité (Thomas<br />

Schürpf, Weckruf für die Marke Schweiz, in: NZZ Online, 24 avril 2009).<br />

156 Par ex.: fou<strong>la</strong>rds, porte-plumes.<br />

7839


Pour les entreprises, <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> dépôt d’une marque (qui peut déj<strong>à</strong> être effectuée<br />

<strong>de</strong> manière entièrement électronique) <strong>de</strong>meure inchangée. La charge <strong>de</strong> travail<br />

liée aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s et aux enregistrements dans le nouveau registre <strong>de</strong>s indications<br />

géographiques sera semb<strong>la</strong>ble <strong>à</strong> celle pour le registre <strong>de</strong>s AOC-IGP tenu par<br />

l’OFAG. Grâce aux nouvelles dispositions pénales et civiles et aux nouvelles possibilités<br />

d’action <strong>de</strong> l’IPI, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s marques renvoyant <strong>à</strong> <strong>la</strong> «Suissitu<strong>de</strong>» sera<br />

facilitée pour les titu<strong>la</strong>ires <strong>sur</strong> le marché indigène et <strong>à</strong> l’étranger, ce qui aura un effet<br />

positif <strong>sur</strong> <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse, au vu <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong>s vio<strong>la</strong>tions observées<br />

ces <strong>de</strong>rnières années, en particulier <strong>à</strong> l’étranger.<br />

Pour certains produits, il existe déj<strong>à</strong> un contrôle officiel <strong>de</strong> leurs caractéristiques et<br />

donc, entre autres, <strong>de</strong> leur provenance. C’est par exemple le cas <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires,<br />

qui sont examinées par les autorités d’exécution cantonales (chimistes cantonaux).<br />

La nouvelle réglementation ne crée pas <strong>de</strong> tâche supplémentaire pour ces<br />

autorités d’exécution, elle ne fait que modifier une tâche déj<strong>à</strong> existante. En effet, les<br />

autorités d’exécution examineront <strong>la</strong> provenance ou <strong>la</strong> tromperie du consommateur,<br />

non plus au regard <strong>de</strong> divers actes légis<strong>la</strong>tifs fédéraux, mais essentiellement <strong>sur</strong> <strong>la</strong><br />

base <strong>de</strong>s critères énoncés <strong>à</strong> l’art. 48 P-LPM. Un renvoi correspondant sera intégré<br />

par le Conseil fédéral dans le droit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées alimentaires.<br />

4 Liens avec le programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>ture<br />

et le p<strong>la</strong>n financier<br />

Le projet <strong>de</strong> révision légis<strong>la</strong>tive est annoncé dans le message du 23 janvier 2008 <strong>sur</strong><br />

le programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>ture 2007 <strong>à</strong> 2011 157 et dans l’arrêté fédéral du 18 septembre<br />

2008 <strong>sur</strong> le programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>ture 2007 <strong>à</strong> 2011 158.<br />

5 Aspects juridiques<br />

5.1 Constitutionnalité et conformité aux <strong>loi</strong>s<br />

Le projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM et <strong>la</strong> nouvelle <strong>loi</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s armoiries<br />

se fon<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong> l’art. 122 Cst.<br />

Les critères déterminant <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s produits sont compatibles avec <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<br />

re<strong>la</strong>tive aux <strong>de</strong>nrées alimentaires (voir le commentaire au ch. 1.4.1). Le projet<br />

est également parfaitement compatible avec <strong>la</strong> révision partielle <strong>de</strong> <strong>loi</strong> fédérale du<br />

6 octobre 1995 <strong>sur</strong> les entraves techniques au commerce (LETC), puisque les nouvelles<br />

exigences en matière d’indications <strong>de</strong> provenance ne sont pas considérées<br />

comme <strong>de</strong>s obstacles au commerce. Même si elles pouvaient l’être, elles seraient<br />

justifiées par <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle et commerciale,<br />

ainsi que <strong>de</strong> loyauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion commerciale et <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs,<br />

dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où elles respectent le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportionnalité (voir<br />

ch. 1.6).<br />

Si un producteur souhaite apposer <strong>sur</strong> son produit, outre les déc<strong>la</strong>rations obligatoires<br />

requises par les prescriptions techniques, <strong>la</strong> désignation «Suisse» ou <strong>la</strong> croix suisse –<br />

157 FF 2008 671 706<br />

158 FF 2008 7746<br />

7840


non obligatoires! – <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins promotionnelles, il continuera d’être soumis aux critères<br />

régissant l’utilisation <strong>de</strong> ces indications <strong>de</strong> provenance. Il <strong>de</strong>vra se conformer <strong>à</strong><br />

ces critères même s’il met en valeur une déc<strong>la</strong>ration requise par les prescriptions<br />

techniques ou s’il l’utilise <strong>à</strong> <strong>de</strong>s fins publicitaires ou comme <strong>la</strong>bel pour faire ressortir<br />

<strong>la</strong> provenance du produit, sinon le consommateur serait manifestement induit en<br />

erreur. Ainsi, si le principe Cassis <strong>de</strong> Dijon, repris uni<strong>la</strong>téralement par <strong>la</strong> Suisse dans<br />

le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision partielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> LETC, autorise <strong>la</strong> mise <strong>sur</strong> le marché d’un<br />

produit fabriqué en Suisse conformément <strong>à</strong> <strong>de</strong>s prescriptions techniques étrangères,<br />

son application ne constitue ni un obstacle, ni une autorisation <strong>à</strong> l’utilisation <strong>de</strong><br />

l’indication <strong>de</strong> provenance «Suisse». Il est en effet admissible <strong>de</strong> limiter le principe<br />

Cassis <strong>de</strong> Dijon si <strong>de</strong>s intérêts supérieurs l’exigent; ce qui est le cas du respect <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle en vigueur dans le pays importateur 159.<br />

5.2 Compatibilité avec les obligations internationales<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse<br />

5.2.1 Traités multi<strong>la</strong>téraux<br />

Les conventions internationales pertinentes <strong>de</strong>vant être prises en considération dans<br />

le cadre du projet <strong>de</strong> révision sont: <strong>la</strong> CUP, l’accord <strong>sur</strong> les ADPIC et <strong>la</strong> première<br />

Convention <strong>de</strong> Genève.<br />

La CUP interdit l’usage d’indications <strong>de</strong> provenance trompeuses (art. 10bis). Elle<br />

interdit également l’utilisation et l’enregistrement en tant que marques <strong>de</strong>s armoiries<br />

d’Etat et <strong>de</strong> leurs imitations au sens héraldique, <strong>à</strong> moins que les pouvoirs compétents<br />

n’aient accordé leur autorisation (art. 6ter). L’accord <strong>sur</strong> les ADPIC prévoit l’application du principe du traitement national<br />

(art. 3) et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation <strong>la</strong> plus favorisée (art. 4). Par ailleurs, il interdit<br />

l’utilisation d’indications géographiques fausses ou propres <strong>à</strong> induire en erreur<br />

(art. 22 et 23). Enfin, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> dont jouissaient les indications géographiques<br />

immédiatement avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong> l’accord (janvier 1996 pour <strong>la</strong> Suisse)<br />

ne doit pas diminuer.<br />

La première Convention <strong>de</strong> Genève interdit l’emp<strong>loi</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse pour désigner<br />

<strong>de</strong>s produits notamment lorsqu’il en résulte un risque <strong>de</strong> confusion avec l’emblème<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rouge (art. 53).<br />

5.2.2 Compatibilité avec le droit communautaire<br />

A <strong>la</strong> lumière du droit communautaire, les critères établis aux art. 48a ss P-LPM pour<br />

<strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation Suisse sont un moyen nécessaire pour protéger les<br />

indications <strong>de</strong> provenance (qui font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle) et préserver le<br />

principe <strong>de</strong> loyauté dans les échanges commerciaux, aussi bien pour les consommateurs<br />

que pour <strong>la</strong> concurrence entre entreprises, malgré les éventuelles restrictions <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s marchandises. Le projet inscrit aux art. 48a ss <strong>de</strong>s critères simi<strong>la</strong>ires<br />

<strong>à</strong> ceux retenus dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s douanes communautaire qui est appliqué par <strong>de</strong><br />

nombreux Etats membres. La notion <strong>de</strong> transformation, appliquée aux produits<br />

159 Voir notes 37 et 160 («American Bud» et «Exportur»).<br />

7841


naturels transformés (art. 48b, al. 4), correspond <strong>à</strong> celle <strong>de</strong> «<strong>de</strong>rnière transformation<br />

ou d’ouvraison substantielle». Le critère retenu dans le projet pour les produits<br />

industriels revêt l’avantage <strong>de</strong> donner une précision supplémentaire puisqu’il définit<br />

déj<strong>à</strong> expressément que le lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance est le lieu où s’est déroulée l’activité<br />

ayant donné au produit ses caractéristiques essentielles (art. 48c, al. 4). Un critère<br />

fondé <strong>sur</strong> le pourcentage est régulièrement appliqué <strong>à</strong> l’étranger, comme le pourcentage<br />

<strong>de</strong>s coûts examiné par <strong>de</strong>s tribunaux français (voir ch. 1.6). Répondant <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

même logique (pour les produits naturels transformés), le critère du pourcentage du<br />

poids doit être considéré <strong>de</strong> façon simi<strong>la</strong>ire, d’autant qu’il est plus adapté aux produits<br />

naturels transformés.<br />

De l’avis du Conseil fédéral, les critères retenus aux art. 48 ss respectent le principe<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> proportionnalité et sont par conséquent compatibles avec le droit communautaire.<br />

En particulier, le critère <strong>de</strong>s 60 % proposé <strong>à</strong> l’art. 48c, al. 1 est certes plus<br />

élevé que l’actuel critère jurispru<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>s 50 %, mais l’assiette <strong>de</strong> calcul est plus<br />

<strong>la</strong>rge. En effet, en plus <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> fabrication proprement dit, les coûts <strong>de</strong> recherche<br />

et <strong>de</strong> développement peuvent être pris en compte. Pour les produits naturels<br />

transformés, le critère <strong>de</strong>s 80 % du poids est le pendant du critère <strong>de</strong>s 60 % <strong>de</strong>s coûts<br />

<strong>de</strong> production. En effet, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation, le critère <strong>de</strong>s coûts a<br />

été critiqué en re<strong>la</strong>tion avec les produits naturels transformés et les participants ont<br />

p<strong>la</strong>idé pour un critère plus adéquat, <strong>à</strong> savoir le critère du poids (voir ch. 1.4.3.3). Ce<br />

critère du poids est plus adapté aux caractéristiques <strong>de</strong>s produits naturels transformés.<br />

Ainsi, pour chaque catégorie <strong>de</strong> produits, le projet retient désormais le critère le<br />

plus pertinent, c’est-<strong>à</strong>-dire celui qui se base <strong>sur</strong> l’élément essentiel déterminant <strong>la</strong><br />

provenance du produit. En d’autres termes, le critère déterminant est retenu en<br />

répondant <strong>à</strong> <strong>la</strong> question «qu’est-ce qui fait le produit?». Le taux retenu <strong>de</strong> 80 %<br />

repose <strong>sur</strong> le fait que <strong>la</strong> matière première ne représente qu’une partie <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong><br />

production, qui comprennent également tout le travail effectué <strong>sur</strong> <strong>la</strong> matière première.<br />

Si seule <strong>la</strong> matière première est prise en considération, il faut augmenter le<br />

taux qui lui est applicable afin que l’exigence prévue soit équivalente <strong>à</strong> celle applicable<br />

aux coûts. Pour cette raison déj<strong>à</strong>, le taux retenu doit être supérieur <strong>à</strong> 60 %. Le<br />

taux retenu, fixé <strong>à</strong> 80 %, est considéré comme approprié parce qu’il est proche <strong>de</strong>s<br />

attentes <strong>de</strong>s consommateurs160 et constitue un compromis adéquat entre <strong>de</strong>s exigences<br />

plus élevées (par ex., dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> consultation, 100 %<br />

<strong>de</strong>mandé par l’Association AOC-IGP ou 90 % <strong>de</strong>mandé par FPC, Prométerre, USS,<br />

BIO-SUISSE) qui ne tiendraient guère compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité économique et un taux<br />

plus bas proche du taux <strong>de</strong> 60 % retenu pour les produits industriels. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

serait trop faible et ne permettrait pas <strong>de</strong> garantir qu’une part suffisante <strong>de</strong> matières<br />

premières suisses compose le produit.<br />

En outre, pour les produits naturels transformés et pour les produits industriels, <strong>la</strong><br />

possibilité d’exclure les produits naturels qui ne peuvent pas être produits en Suisse,<br />

ceux qui ne sont pas disponibles temporairement ou, <strong>à</strong> certaines conditions, <strong>la</strong> matière<br />

première qui n’est pas disponible en quantité suffisante, confirme que <strong>la</strong> solution<br />

retenue respecte le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportionnalité. Enfin, l’art. 48d, let. b, qui donne<br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>à</strong> un producteur qui ne réalise pas les conditions <strong>de</strong>s art. 48a ss <strong>de</strong><br />

démontrer que l’indication <strong>de</strong> provenance qu’il utilise correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> compréhension<br />

<strong>de</strong>s milieux intéressés (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48d, let. b), correspond <strong>à</strong><br />

l’objectif général qui est d’éviter qu’une indication <strong>de</strong> provenance soit utilisée <strong>de</strong><br />

160 Voir ch. 2.1.2.2, note <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page n o 56.<br />

7842


façon inexacte ou trompeuse pour les consommateurs ou, plus généralement, pour<br />

les milieux intéressés.<br />

Pour les indications <strong>de</strong> provenance étrangères, l’application du droit du pays<br />

d’origine (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 48, al. 5) est conforme <strong>à</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce<br />

communautaire161, <strong>de</strong> même que <strong>la</strong> réserve <strong>de</strong> l’éventuelle tromperie <strong>de</strong>s consommateurs<br />

suisses. En effet, <strong>la</strong> CJCE a expliqué que c’est en principe au regard <strong>de</strong>s<br />

conditions et <strong>de</strong>s conceptions du pays <strong>de</strong> <strong>protection</strong> que s’apprécie l’existence d’une<br />

tromperie <strong>de</strong>s acheteurs nationaux.<br />

5.2.3 Accord <strong>de</strong> libre échange entre <strong>la</strong> Confédération<br />

suisse et <strong>la</strong> CEE <strong>de</strong> 1972 (ALE)<br />

Aux termes <strong>de</strong> l’art. 13, paragraphe 1, <strong>de</strong> l’accord ALE, aucune nouvelle restriction<br />

quantitative <strong>à</strong> l’importation ni me<strong>sur</strong>e d’effet équivalent ne doivent être introduites<br />

dans le trafic <strong>de</strong> marchandises entre <strong>la</strong> Communauté et <strong>la</strong> Suisse. En vertu <strong>de</strong><br />

l’art. 20 ALE, <strong>de</strong>s restrictions <strong>à</strong> l’importation peuvent être justifiées <strong>à</strong> certaines<br />

conditions, notamment pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle et<br />

commerciale.<br />

Les art. 13 et 20 ALE figurent parmi les dispositions centrales <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> libreéchange.<br />

Selon <strong>la</strong> CJCE, dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e où l’accord comporte, en ce qui concerne<br />

les échanges entre les parties contractantes, <strong>de</strong>s règles i<strong>de</strong>ntiques <strong>à</strong> celles <strong>de</strong>s articles<br />

du traité, il n’existe «(…) pas <strong>de</strong> raison pour interpréter ces règles [en référence aux<br />

dispositions <strong>de</strong> l’ancien accord <strong>de</strong> libre-échange Norvège-CE i<strong>de</strong>ntiques aux art. 28<br />

et 30 du traité CE] différemment que les articles du traité» 162.<br />

A l’instar <strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong> l’art. 28 du traité CE, <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation<br />

«Suisse» et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix suisse, et notamment les exigences prévus aux art. 48b et 48c<br />

P-LPM, pourraient être qualifiées d’entrave au commerce ou <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es d’effet<br />

équivalent, car l’utilisation facultative d’un <strong>la</strong>bel <strong>de</strong> qualité incite ou est susceptible<br />

d’inciter <strong>à</strong> l’achat <strong>de</strong> produits <strong>sur</strong> lesquels est apposé le <strong>la</strong>bel ou qui peuvent être<br />

utilisés pour obtenir le <strong>la</strong>bel en question. En l’espèce, <strong>la</strong> désignation protégée au<br />

sens <strong>de</strong> l’art. 20 ALE est justifiée par <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété industrielle<br />

et commerciale et – conformément <strong>à</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> CJCE – <strong>de</strong> loyauté<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion commerciale et <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s consommateurs. De ce point <strong>de</strong><br />

vue, les me<strong>sur</strong>es prévues sont nécessaires et proportionnées en vue <strong>de</strong> préserver <strong>la</strong><br />

réputation élevée <strong>de</strong>s produits <strong>sur</strong> lesquels est apposée <strong>la</strong> désignation «Suisse». On<br />

peut renvoyer mutatis mutandis aux commentaires <strong>de</strong>s art. 28 et 30 du traité CE<br />

(voir ch. 1.6). Le Conseil fédéral est d’avis que les me<strong>sur</strong>es prévues doivent dès lors<br />

être considérées comme compatibles avec l’ALE, même en supposant une application<br />

analogue du droit communautaire.<br />

Des réflexions simi<strong>la</strong>ires <strong>à</strong> celles faites dans les commentaires aux art. 13, al. 1, et<br />

20, ALE sont va<strong>la</strong>bles pour <strong>la</strong> Convention AELE, conformément <strong>à</strong> <strong>la</strong> version consolidée<br />

selon l’accord <strong>de</strong> Vaduz du 21 juin 2001, qui prévoit <strong>à</strong> son art. 7 une interdiction<br />

<strong>de</strong>s restrictions quantitatives <strong>à</strong> l’importation et <strong>à</strong> l’exportation et <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es<br />

161 Arrêt CJCE du 10 novembre 1992, aff. C-3/91, Exportur («Confiserie du Tech»),<br />

Rec. p. I-5529.<br />

162 ALE N-CE, arrêt CJCE du 25.5.1993, aff. C-228/91, Commission / Italie, Rec. p. I-2701,<br />

point 48.<br />

7843


d’effet équivalent et énonce <strong>à</strong> son art. 13 une exception en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété<br />

industrielle et commerciale. Ces explications valent également pour chaque accord<br />

économique <strong>de</strong> libre-échange conclu avec <strong>de</strong>s pays tiers dans le cadre <strong>de</strong> l’AELE.<br />

5.2.4 Accord horloger <strong>de</strong> 1967 et accord complémentaire<br />

<strong>de</strong> 1972<br />

L’accord horloger <strong>de</strong> 1967 fait partie intégrante <strong>de</strong>s accords conclus dans le cadre du<br />

Kennedy Round. Il prévoit une réduction <strong>de</strong> 30 % en trois étapes <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />

douane <strong>sur</strong> les produits horlogers et oblige <strong>la</strong> Suisse <strong>à</strong> renoncer <strong>à</strong> toute restriction <strong>de</strong><br />

droit public en matière d’importation et d’exportation <strong>de</strong> produits horlogers. De leur<br />

côté, <strong>la</strong> CEE et les Etats membres renoncent <strong>à</strong> toute me<strong>sur</strong>e non tarifaire. L’accord<br />

complémentaire du 20 juillet 1972, conclu parallèlement <strong>à</strong> l’ALE <strong>de</strong> 1972, parachève<br />

le processus <strong>de</strong> libéralisation et réglemente <strong>la</strong> définition du nom «Suisse» pour les<br />

montres. Il prévoit que le mouvement doit comporter <strong>de</strong>s pièces suisses pour au<br />

moins 50 % <strong>de</strong> leur valeur et institue une procédure <strong>de</strong> certification (voir art. 2 <strong>de</strong><br />

l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>» pour les montres) pour les entreprises <strong>de</strong> <strong>la</strong> CEE et <strong>de</strong><br />

tout Etat ayant passé avec <strong>la</strong> Suisse un traité en ce sens. La certification ne rend pas<br />

«suisses» les pièces en provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> CEE, mais elle permet <strong>de</strong> calculer<br />

l’exigence du 50 % <strong>de</strong> valeur suisse <strong>de</strong> façon plus <strong>la</strong>rge (en incluant le coût <strong>de</strong><br />

l’assemb<strong>la</strong>ge) et il <strong>de</strong>vient donc possible d’inclure d’avantage <strong>de</strong> pièces «communautaires»<br />

dans <strong>la</strong> montre, qui reste une montre «suisse».<br />

Les art. 48 ss P-LPM sont compatibles avec l’accord horloger <strong>de</strong> 1967. Même si on<br />

considère que ces dispositions, qui renforcent <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance<br />

et donc celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> désignation «Suisse», sont <strong>de</strong> nature <strong>à</strong> affecter les échanges<br />

<strong>de</strong> produits horlogers entre <strong>la</strong> Suisse et l’UE, une telle restriction au commerce serait<br />

justifiée en application <strong>de</strong> l’art. 20 ALE (voir les explications générales données au<br />

ch. 5.2.3).<br />

La question <strong>de</strong> <strong>la</strong> compatibilité <strong>de</strong> l’art. 48c – et plus précisément <strong>de</strong> l’exigence <strong>de</strong>s<br />

60 % <strong>de</strong>s coûts inscrite <strong>à</strong> l’al. 1 – avec l’accord complémentaire <strong>de</strong> 1972 doit être<br />

examinée sous <strong>de</strong>ux angles différents car elle doit être remplie aussi bien pour le<br />

mouvement que pour <strong>la</strong> montre (produit final).<br />

Concernant les mouvements, l’art. 48c ne restreint pas <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> l’accord complémentaire<br />

<strong>de</strong> 1972, et il est donc compatible avec ce <strong>de</strong>rnier. Il ne serait pas exact<br />

<strong>de</strong> considérer que le critère <strong>de</strong>s 60 % du prix <strong>de</strong> revient selon l’art. 48c, al. 1 n’est<br />

pas compatible avec le critère <strong>de</strong>s 50 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s pièces constitutives selon<br />

l’accord complémentaire, simplement parce que le pourcentage du premier est plus<br />

élevé que celui du second. Les <strong>de</strong>ux critères reposent <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s assiettes différentes.<br />

Un producteur <strong>de</strong> mouvements est tenu <strong>de</strong> respecter aussi bien <strong>la</strong> disposition du<br />

P-LPM que l’accord complémentaire (ou l’art. 2 <strong>de</strong> l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>»<br />

pour les montres auquel il renvoie). Selon l’art. 48c, al. 1, les 60 % du prix <strong>de</strong><br />

revient d’un mouvement doivent être réalisés en Suisse (peuvent notamment être<br />

pris en compte, selon l’art. 48c <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s pièces constitutives, les coûts<br />

d’assemb<strong>la</strong>ge, <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> développement). Le producteur reste néanmoins<br />

tenu <strong>de</strong> respecter l’accord complémentaire et, selon ce <strong>de</strong>rnier, le mouvement doit<br />

être <strong>de</strong> fabrication suisse pour 50 % au moins <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> toutes les pièces constitutives<br />

(les coûts <strong>de</strong> l’assemb<strong>la</strong>ge pouvant être englobés dans le calcul). On consta-<br />

7844


te qu’en respectant les exigences <strong>de</strong> l’accord complémentaire, le producteur respecte<br />

<strong>de</strong> facto les critères <strong>de</strong> l’art. 48c.<br />

L’accord complémentaire <strong>de</strong> 1972 – qui vise <strong>à</strong> établir un système <strong>de</strong> certification du<br />

mouvement – mentionne uniquement le critère <strong>de</strong>s 50 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s pièces<br />

constitutives du mouvement et le coût <strong>de</strong> l’assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> celui-ci; il ne contient par<br />

contre pas <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> montre (produit final). En définissant <strong>à</strong> l’art. 48c <strong>de</strong><br />

façon générale <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong> tous les produits (<strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> du critère <strong>de</strong>s 60 % <strong>de</strong>s<br />

coûts), et donc également celle du produit «montre», le légis<strong>la</strong>teur suisse règle une<br />

question ne faisant pas l’objet <strong>de</strong> l’accord complémentaire <strong>de</strong> 1972. L’art. 48c est<br />

donc compatible avec ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Une fois le projet <strong>de</strong> <strong>modification</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> LPM adopté, l’ordonnance «Swiss ma<strong>de</strong>»<br />

pour les montres <strong>de</strong>vra être adaptée – en ce qui concerne <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> montre –<br />

afin <strong>de</strong> respecter l’exigence minimale <strong>de</strong>s 60 % <strong>de</strong>s coûts fixée <strong>à</strong> l’art. 48c. Dans <strong>la</strong><br />

me<strong>sur</strong>e où l’adaptation effectuée ne touche pas <strong>la</strong> règle re<strong>la</strong>tive au mouvement et<br />

qu’elle n’entre par conséquent pas dans le champ d’application <strong>de</strong> l’accord complémentaire<br />

<strong>de</strong> 1972, il ne sera pas nécessaire <strong>de</strong> renégocier cet accord.<br />

5.3 Forme <strong>de</strong> l’acte <strong>à</strong> adopter<br />

Le projet «Swissness» modifie <strong>de</strong>s dispositions importantes fixant <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong><br />

droit édictées sous <strong>la</strong> forme d’une <strong>loi</strong> (art. 164, al. 1, Cst.). La compétence <strong>de</strong><br />

l’Assemblée fédérale découle <strong>de</strong> l’art. 163, al. 1, Cst.<br />

5.4 Délégation <strong>de</strong> compétences légis<strong>la</strong>tives<br />

Concernant <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> provenance, l’art. 50 P-LPM prévoit une<br />

délégation <strong>de</strong> compétences légis<strong>la</strong>tives au Conseil fédéral. Le projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> fixe, pour<br />

chaque catégorie <strong>de</strong> produits (produits naturels, produits naturels transformés et<br />

produits industriels), les critères qui doivent être respectés. Ainsi, le cadre dans<br />

lequel le Conseil fédéral peut préciser ces critères est défini <strong>de</strong> façon précise. Le<br />

Conseil fédéral peut rédiger <strong>de</strong>ux types d’ordonnances. Premièrement, <strong>de</strong>s ordonnances<br />

spécifiques aux branches économiques si celles-ci lui proposent <strong>de</strong>s critères<br />

communs ou une direction <strong>à</strong> suivre en se fondant <strong>sur</strong> l’art. 50, al. 2. Deuxièmement,<br />

une ordonnance générale s’appliquant <strong>à</strong> toutes les branches économiques n’ayant<br />

pas pris l’initiative <strong>de</strong> concrétiser les critères légaux. Cette ordonnance peut concerner<br />

<strong>de</strong>s problèmes plus généraux, comme les modalités <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production<br />

(art. 48c, al. 1) ou réglementer <strong>la</strong> prise en compte d’une matière première<br />

(art. 48b, al. 2 et 3) pour tous les produits. Dans ce cas, l’ordonnance ne définit<br />

pas toutes les conditions d’utilisation d’une indication <strong>de</strong> provenance précise pour<br />

un produit spécifique mais plutôt les conditions particulières liées <strong>à</strong> une matière<br />

première.<br />

L’art. 50a P-LPM, al. 1 prévoit une délégation <strong>de</strong> compétences légis<strong>la</strong>tives au<br />

Conseil fédéral pour l’établissement d’un nouveau registre pour les indications<br />

géographiques. A l’instar <strong>de</strong> l’art. 16 LAgr pour le registre <strong>de</strong>s appel<strong>la</strong>tions d’origine<br />

et <strong>de</strong>s indications géographiques pour les produits agricoles et les produits<br />

agricoles transformés, l’art. 50a fixe <strong>de</strong> façon suffisamment concrète ce qui doit être<br />

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églé par le Conseil fédéral par voie d’ordonnance (voir commentaire <strong>de</strong> l’art. 50a;<br />

ch. 2.1.3).<br />

L’art. 33 P-LPASP prévoit une délégation générale <strong>de</strong> compétences légis<strong>la</strong>tives au<br />

Conseil fédéral. Cette délégation vise <strong>à</strong> délester le texte <strong>de</strong> dispositions dont les<br />

détails iraient bien au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> du niveau <strong>de</strong> précision d’une <strong>loi</strong>. Le projet <strong>de</strong> <strong>loi</strong> fixe un<br />

cadre suffisamment précis dans lequel le Conseil fédéral peut régler les modalités<br />

par voie d’ordonnance. Il lui appartiendra notamment <strong>de</strong> définir dans une annexe <strong>à</strong><br />

l’ordonnance les signes mentionnés <strong>à</strong> l’art. 4 (voir <strong>la</strong> délégation <strong>de</strong> compétences<br />

inscrite <strong>à</strong> l’art. 4, al. 1, P-LPASP).<br />

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