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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1688 ASSEMBLEE NATIONALE — i*« ~SEANCE DU 22 MARS 4349. M. Guissou a également prétendu que <strong>la</strong>situation a été <strong>la</strong> même pour tous et qu'ily a eu <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités pour tous lescandidats. Si nous pouvons admettre qu'il< existe Là-ibas une situation particulière,que certaines difficultés empêchent que <strong>la</strong>foi soit olbservée strictement, il 6'est certainementproduit <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités à sensunique, qui ne peuvent être mises auseul compte <strong>de</strong> ces difficultés.H suffit <strong>de</strong> jeter un coup d'oeil sur letableau donnant le 'résultat <strong>de</strong>s électionspour être convaincu à ce sujet. On s'aperçoitque, pour les cercles non'Mossis, ily a peu <strong>de</strong> votants par rapport aux inscrits,ce qui résulte du fait que l'administrateur<strong>de</strong> ces cercles avait fait savoir à<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que ce n'était pas <strong>la</strong> peine<strong>de</strong> voter, que le vote n'était pas obligatoire.Par contre, en ce qui concerne lescercles Mossis, on s'aperçoit qu'il y a eubeaucoup <strong>de</strong> votants par rapport au nombred'inscrits. D'ailleurs, M. Coulibaly adonné ce matin <strong>de</strong>s chiffres précis, surlesquels il ne me paraît pas nécessaire <strong>de</strong>revenir.Pourquoi y a4-il donc eu <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>ritésà sens unique ? Parce que le gouverneurM. Mouragues patronnait <strong>la</strong> listeGuissou. Personne ici ne peut contesterqu'U y a eu <strong>de</strong>s pressions et <strong>de</strong>s interventionsadministratives, et M. Guissou luimêmea signalé qu'en 1946 le gouverneur<strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d'Ivoire a fait pression afin qu'iln'y ait qu'une seule liste.il existe (bien une circu<strong>la</strong>ire ministérielle,dont M. Coulibaly a donné lecture,mais M. le gouverneur Mouragues ne s'estpas soucié <strong>de</strong> <strong>la</strong> faire respecter pas plusque M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> France d'outremerne s'est inquiété <strong>de</strong> <strong>la</strong> faire appliquer,et pour cause!Je r&ppelile les articles <strong>de</strong> journalistesd'opinions différentes, tels M. Seligman etM. Maurice Voisin qui écrivent, l'un dansLe Réveil, l'autre dans Défense française,articles dont M. Couliibaly a déjà donnéconnaissance ce matin.En conclusion, il y a eu ineontestaiblement<strong>de</strong> grosses irrégu<strong>la</strong>rités reconnuespar tous. Le principe constitutionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong>liberté du vote n'a pas été respecté. Ily a eu <strong>de</strong>s pressions sur les électeurs etsur les candidats. H y a eu également<strong>de</strong>s vices <strong>de</strong> forme, <strong>de</strong>s frau<strong>de</strong>s électorales.En tou&e objectivité, l'Assembléene peut, dans ces conditions, vali<strong>de</strong>rMM. Henri Guissou, Ouedraogo M amadouet Nazi Boni déc<strong>la</strong>rés élus par <strong>la</strong> commissiongénérale <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong>s votes,réunie à Ouagadougou, en Haute-Volta, le1 er juillet i mComme le disait notre collègue M. Rivet,ce sont <strong>de</strong>s pays qui s'ouvrent à <strong>la</strong>démocratie. Mais <strong>la</strong> démocratie fait peurà certains, dont les manœuvres arbitraireset illégales ne vont pas dans lemême sens qu'elle., La réalité est que leur propre illégalitéleur faiît peur et, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> poussée <strong>de</strong>speuples coloniaux, ils emploient <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>sque les démocrates conséquents réprouvent.L'Assemblée va se prononcer. Ceux quivoteront pour l'invalidation prouverontleur attachement aux principes démocratiquesJUÎ sont inscrits dans <strong>la</strong> Constitution<strong>de</strong> <strong>la</strong> République française et se montrerontsoucieux <strong>de</strong> voir se constituer uneUnion française vraie et fraternelle, fondéesur l'égalité <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs.(App<strong>la</strong>udissements à Vextrême gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt, La parole est àM. MokhtarûM. Mohamed Mokhtarî. Mesdames, messieurs,j'interviens dans ce débat pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rl'annu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s élections <strong>de</strong> <strong>la</strong>Haute-Volta et, en même temps, pour protestercontre l'attitu<strong>de</strong> du Gouvernementqui, une fois <strong>de</strong> plus, a permis le truquage<strong>de</strong>s élections en Algérie.Nous nous sommes déjà élevés, à plusieursreprises, contre les procédés employéspour fausser <strong>la</strong> représentation popu<strong>la</strong>ire,celle du <strong>de</strong>uxième collège notamment.Nous avons récemment dénoncé lespressions et les menaces accompagnées <strong>de</strong>mesures arbitraires, d'arrestations, voire<strong>de</strong> fusil<strong>la</strong><strong>de</strong>s qui ont permis au Gouvernementd'envoyer à l'Assemblée algérienneun nomibre considérable <strong>de</strong> gens à <strong>la</strong>sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'administration algérienne et <strong>de</strong><strong>la</strong> grosse colonisation.Pour prévenir le retour <strong>de</strong> tels abus autantque pour assurer, d'une manière effective,<strong>la</strong> liberté et <strong>la</strong> sincérité du vote, uneproposition <strong>de</strong> loi a été déposée qui viseA Xtrt n A f Ail f n - lnn ris en considération le 8 mars à <strong>la</strong> con 1érence <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts et mis à l'ordre dujour <strong>de</strong> <strong>la</strong> seance du H mars. Or, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>du Gouvernement, cette propositiona été retirée <strong>de</strong> l'ordre du jour quelquesjours avant les élections.Nous comprenons <strong>la</strong> position du Gouvernement.Ayant tout fait pour truquer lesélections <strong>de</strong>s 4 et 11 avril 1948, il n'entendaitpas permettre <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> vote quelquesmois après. Des élections libres auraient,en effet, consacré l'écrasement <strong>de</strong>scandidats dits « Indépendants » oud' « Union franco-musulmane », et ainsiaurait été désavouée <strong>la</strong> politique menéelà-bas et l'Assemblée algérienne, l'Assembléemal élue, définitivement déconsidérée.Mais les faits sont là. Quoique très incomplets,nous tenons à les signaler àl'attention <strong>de</strong> l'Assemblée.Dans une lettre en date du 14 mars 1947,notre collègue Mme Alice Sportisse, oui setrouve en Algérie, nous informait ae cequi suit :« Les démarches que nous faisons auprès<strong>de</strong>s préfets se heurtent à l'attitu<strong>de</strong>qu'ils avaient au moment <strong>de</strong>s élections àl'Assemblée algérienne, à savoir que <strong>la</strong> loine précise pas qu'il peut y avoir <strong>de</strong>s délégués.»Elle nous <strong>de</strong>mandait en même temps,afin d'ai<strong>de</strong>r le parti communiste algériendans sa campagne en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté<strong>de</strong> vote et le contrôle <strong>de</strong>s bureaux, d'insis*ter auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>ntspour que vienne en discussion en séancepublique, avant <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong> l'Assemblée,<strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi dont notrecollègue Djemad est le rapporteur. Lemême jour, elle adressait le télégrammesuivant à notre ami Jacques Duclos, prési<strong>de</strong>ntdu groupe communiste à l'Assembléenationale :« Prière insister près conférence prési<strong>de</strong>ntspour discussion séance publique propositionloi sur délégués dans bureauxvote en Algérie adoptée par commissionsuffrage universel. Stop. Administrationalgérienne prétend interdire faute <strong>de</strong> textesprésence <strong>de</strong> ces délégués pour prochainesélections. »Le 15 mars, le parti communiste algérienadressait à M. le gouverneur généralune lettre dans <strong>la</strong>quelle il dénonçait lesillégalités à l'approche <strong>de</strong>s élections.Cette lettre expose notamment ce quisuit :« Premièrement, jeudi, dans <strong>la</strong> soirée,<strong>de</strong>s rafles <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure ont étéorganisées par <strong>la</strong> police <strong>de</strong> Blida ? armesen mains, pour soi-disant vérificationd'i<strong>de</strong>ntités.« Deuxièmement, le sous-préfet <strong>de</strong> Blida,vendredi, a dix-neuf heures, a convoquétous les gérants <strong>de</strong>s cafés maures, les recevantdans son bureau quatre par quatre.Il les a menacés <strong>de</strong> fermeture si le mardi15 mars chacun d'eux ne lui remettait pasvingt cartes d'électeurs <strong>de</strong> Blida qu'ils<strong>de</strong>vaient se procurer à n'importe quel prixparmi leur clientèle.« En outre, M. le sous-préfet leur a annoncéque le candidat <strong>de</strong> l'administrationest M. Ouargui, commerçant à Boufarik.« Troisièmement, le sous-préfet <strong>de</strong> Blidaa mobilisé tout son appareil d'exécution:caïds, gar<strong>de</strong>s champêtres, chefs <strong>de</strong> fraction,pour faire pression sur les popu<strong>la</strong>tionset empêcher les candidats démocrates<strong>de</strong> parler et <strong>de</strong> circuler librement dans<strong>la</strong> circonscription.« Quatrièmement, à Tablât, l'administrationfait interdire au candidat communistel'accès <strong>de</strong>s cafés maures et <strong>de</strong>s cars. Lapression est telle que l'hôtelier et le pro-Eriétaire du bain maure refusent <strong>de</strong> l'héergerainsi que son ami qui l'accompagne.« L'administrateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune mixte<strong>de</strong> Ténès refuse au candidat communistel'accès <strong>de</strong>s mairies <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> colonisationpour <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong> ses réunions électorales.Il se déc<strong>la</strong>re, par contre, disposéà accor<strong>de</strong>r les mêmes salles aux autrescandidats. »M. Edouard Moïsan, rapporteur. Noussommes loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta.M. Mohamed Mokhtarî. Mon cher collègue,l'Union française forme un tout et ce quiexacte-se passe en Algérie se reiprorlnitment en Haute-Volta.

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