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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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ASSEMBLEE NATIONALE 1 SEANCE DU 26 AOUT 1954 4257Si l'Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies , était restée fidèle à sonobjectif essentiel, qui est d'empêcher <strong>la</strong> guerre et d'imposer <strong>la</strong>paix, si elle ne s'était pas transformée en une sorte <strong>de</strong> théâtrepour auditions cinématographiées, elle aurait dû, à n'en pasdouter, se saisir du protblème nouveau et examiner s'il neserait pas possible d'imposer à tous les Etats le respect <strong>de</strong>sfrontières.Le mardi 10 août, je suis intervenu pour interroger très rapi<strong>de</strong>ment,en quelques minutes, le Gouvernement sur ses intentionsen ce qui concerne l'intervention <strong>de</strong> divers Etats à l'intérieur<strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie, dont <strong>la</strong> France, en vertu <strong>de</strong>straités, assure <strong>la</strong> protection.Je ne reviendrai pas sur les faits que j'ai signalés, sur les"origines <strong>de</strong> ces interventions. Je me permets cependant <strong>de</strong> vousrappeler que, le U mars 1951, s'était constitué à Londres uncomité dit « <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce », dont le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>vait effectuer<strong>de</strong>s démarches et à Tripoli et au Caire.Le 23 août 1951, a eu lieu l'extraordinaire visite <strong>de</strong> M. Bourguibaà Londres. J'ai rappelé les propos qu'il avait tenus <strong>de</strong>vant<strong>de</strong>s <strong>parlementaires</strong>, à <strong>la</strong> Chambré <strong>de</strong>s Lords et à <strong>la</strong> Chambre<strong>de</strong>s Communes, en v.ue d'assurer un contact entre les fonctionnairesbritanniques en Libye et les consuls britanniques enTunisie.Le 14 décembre .1952, s'est produit le premier accrochagedans le Sud tunisien avec un <strong>de</strong>s commandos formés, armés,entraînés en territoire libyen.Au cours <strong>de</strong> l'année 1953, <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> commandos, lesimportations d'armes et <strong>de</strong> munitions ont été nombreuses.Je crois savoir que chacun <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> nouveaux commandosétait signalé par le représentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> France à Tripoli,au rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> France en Tunisie et, probablement, auquaï d'Orsay. Il ne semble pas, d'ailleurs, cjue ces communicationsrégulières aient troublé leur sérénité.Alors, mesdames, messieurs, l'inévitable s'est produit. Laprise <strong>de</strong> Dien-Bien-Phu, après 55 jours et 55 nuits <strong>de</strong> résistance,déclencha toute une campagne <strong>de</strong> presse dans les pays arabes,contre <strong>la</strong> France. La capitu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Dien-Bien-Phu sonnait, poureux, le g<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> force française.La presse libyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue arabe — je ne parle pas <strong>de</strong> celle'<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue italienne — s'est manifestée dans <strong>de</strong>s commentairesparticulièrement violents. Je puis vous citer les articles quiont paru, le U mai, dans le journal tvipolitain Trablous elGharab, ies 5 et 17 mai dans l'hebdomadaire tripolitain Al Ahhabar,et le 10 mai dans le périodique cyrénéen, Al Bache<strong>la</strong>îr.Ces articles ont déclenché une suite <strong>de</strong> guéril<strong>la</strong>s, dont ilest inutile <strong>de</strong> vous rappeler les sang<strong>la</strong>nts épiso<strong>de</strong>s. Je vous<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> vous rappeler que chacun <strong>de</strong> ces commandos a étéformé, équipé et armé,en Tripolitaine,Il v avait d'abord une seul centre <strong>de</strong> formation à Castel Benito,à trente kilomètres au sud <strong>de</strong> Tripoli. Un autre a été créé àZavia, à trente-<strong>de</strong>ux kilomètres à l'ouest <strong>de</strong> Tripoli.On connaît mal les chefs <strong>de</strong> ces commandos. Si, les frèresSassoues sont tunisiens, un autre serait <strong>de</strong> nationalité tsipolitaine.On a constaté qu'un troisième était à <strong>la</strong> fois blond etmuet, d'où on a conclu qu'il était anglo-saxon (Sourires.) Unautre serait algérien.A quelque nationalité qu'ils appartiennent, ces chefs <strong>de</strong> commandosrecrutent leurs hommes surtout dans le Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie. Des victimes <strong>de</strong> leurs raids, le 26 mai, ont reconnuque ces « brigands », pour parler comme le quai d'Orsay,étaient <strong>de</strong>s sudistes en raison <strong>de</strong> leur accent particulier.Des recruteurs circu<strong>la</strong>ient en Tunisie et ils expédiaient individuellementen Tripolitaine celles qui, parmi les recrues, paraissaientparticulièrement aptes à figurer dans un commando. Ellesétaient entraînées et encadrées, dans <strong>la</strong> mesure où les ressourcesen gra<strong>de</strong>s, en armes èt en munitions le permettaient.Voilà le bi<strong>la</strong>n, d'ailleurs incomplet, <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> <strong>la</strong>Libye. Je vous rappelle que cet Etat est l'enfant <strong>de</strong> l'Organisation<strong>de</strong>s Nations Unies. J'ajoute que son budget est partiellementalimenté par le contribuable français.Qu'entend faire le Gouvernement pour mettre un terme à cesinterventions ï Le 10 août, M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil m'a"répondu que « les interventions étrangères étaient inadmissibleset que le Gouvernement était résolu à ne pas les tolérer pluslongtemps ».Je vous avoue ingénument — je regrette l'absence <strong>de</strong> M. leprési<strong>de</strong>nt du conseil, car je le lui aurais dit volontiers — queje ne retrouve pas dans cette formule d'une savante imprécisionet d'une pieuse modération, les caractères du style <strong>de</strong>M. Mendès-France.Précisant mon interpel<strong>la</strong>tion du 10 août, je m'adresse à vous,monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes quivoulez bien m'écouter.Allez-vous exiger ia fermeture immédiate <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux centres <strong>de</strong>formation militaire pour commandos et <strong>la</strong> cessation immédiate<strong>de</strong>s envois d'argent, d'armes et <strong>de</strong> munitions ?Allez-vous exiger <strong>de</strong> l'Etat, que vous subventionnez aux fraisdu contribuable français, <strong>de</strong>s réparations pour les <strong>de</strong>structionsopérées et pour les meurtres commis ?Allez-vous enlin porter ies garnisons traditionnelles <strong>de</strong> Ghatet <strong>de</strong> Ghadamès à <strong>de</strong>s effectifs suffisants, pour empêcher cesimportations d'armes et <strong>de</strong> munitions ramassées sur les champs<strong>de</strong> bataille ?A ce sujet, j'indique en passant qu'il ne s'agit pas seulementd'armes ramassées sur les champs <strong>de</strong> bataiile d'Afrique. J'aisignalé, dans une question écrite que j'ai posée au Gouvernement,qu'il s'était créé en Pologne et en Tchécoslovaquie<strong>de</strong>ux agences pour l'exportation <strong>de</strong>s armes démodées et <strong>de</strong>celles ramassées sur les champs <strong>de</strong> bataiile d'Europe et que<strong>de</strong>s démarches avaient été effectuées, notamment au Caire, pouxl'écoulement <strong>de</strong> ces différentes marchandises.Par conséquent, il est nécessaire <strong>de</strong> surveiller les passages,car ces armes et ces munitions sont glissées dans <strong>de</strong>s convoisplus pacifiques et d'autres sont débarquées sur les côtes <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie.Je rappelle à l'Assemblée, qu'il existe une roca<strong>de</strong> du sud,par <strong>la</strong>quelle les armes et les munitions passent du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie dans le sud <strong>de</strong> l'Algérie et dans le sud marocain. C'estcette roca<strong>de</strong> que jadis M. le gouverneur Naegelen, par uneintervention énergique, fit couper. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'elle soitcle nouveau coupée.Mais <strong>la</strong> Libye, mesdames, messieurs, n'est, pas le seul Etatqui s'arroge le droit, en raison <strong>de</strong> son ancienneté historique et<strong>de</strong> sa supériorité politique, à intervenir à l'intérieur <strong>de</strong>s frontières<strong>de</strong> Tunisie.L'Egypte intervient, elle aussi, <strong>de</strong> trois manières différentes.Il y a d'abord une propagan<strong>de</strong> exercée méthodiquement surles étudiants nord-africains inscrits à l'université <strong>de</strong> Paris. 1Au mois d'octobre 1953, j'ai signalé cette action au prési<strong>de</strong>ntGeorges Bidault et, le 9 novembre, je lui ai écrit unelettre dont je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> vous lirequelques lignes :« Je suis heureux que vous ayez bien voulu partager mamanière <strong>de</strong> voir sur les inconvénients graves, que présente <strong>la</strong>concentration à Paris <strong>de</strong>s étudiants tunisiens et marocainspour poursuivre leurs étu<strong>de</strong>s supérieures en France.« Hier encore mon attention a été attirée sur ce fait parM. le recteur <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Paris. 11 m'a notamment signaléqu'une équipe spécialement dressée et préparée entrait immédiatementen contact avec le nouvel étudiant d'Afrique duNord dès son débarquement dans <strong>la</strong> capitale.« Je puis vous affirmer qu'à Clermont-Ferrand ou à Montpellier, l'action <strong>de</strong> ces commandos et celle <strong>de</strong>s servicesétrangers serait moins facile. »secretsSur le second mo<strong>de</strong> d'intervention, j'ai <strong>de</strong>s renseignementsassez vagues. 11 m'a été affirmé qu'il existait au Caire uncentre <strong>de</strong> formation pour saboteurs et 'terroristes. Ce centreavait envoyé <strong>de</strong>s élèves brevetés opérer non seulement sur locanal <strong>de</strong> Suez contre les campements ang<strong>la</strong>is, mais égalementen Tunisie et au Maroc. Les professeurs <strong>de</strong> ce centre <strong>de</strong> formationseraient, dit-on, d'anciens nazis, voire quelques Russes.Quant au troisième mo<strong>de</strong> d'intervention, tout le mon<strong>de</strong> leconnaît: c'est <strong>la</strong> radio, La Voix <strong>de</strong>s Arabes. La <strong>de</strong>rnière émission<strong>de</strong> La Voix <strong>de</strong> s Arabes, qui date du 20 courant, a été signaléedans <strong>la</strong> presse. Elle avait pour but cle contrebattre les essais<strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration franco-tunisiens en vue d'un accord sur làsouveraineté interne.Le Gouvernement entend-il admettre qu'un pays, qui nousest uni par <strong>de</strong>s traditions à peu près sécu<strong>la</strong>ires," intervienne,lui aussi, à l'intérieur <strong>de</strong>s frontières d'un Etat dont nous<strong>de</strong>vons assurer <strong>la</strong> protection ?Je me permets <strong>de</strong> citer un épiso<strong>de</strong> qui, je crois, pourrait rassurerle Gouvernement sur ses moyens.d'action.J'ai dit que <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Dien-Bien-Phu avait déclenchéun torrent d'attaques et d'insultes dans <strong>la</strong> presse <strong>de</strong>s diverspays arabes. Un seul pays a élé correct, l'Egypte; ses journauxont gardé le silence.Pourquoi ? Je veux bien espérer qu'il s'agit là d'un souvenir<strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille amitié franco-égyptienne, peut-être aussi d'uneplus gran<strong>de</strong> fidélité à <strong>la</strong> courtoisie musulmane. Mais le faitest qu'au moment même où était annoncée <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> Dien-Bien-Phu, se trouvait au Caire une délégation <strong>de</strong> financiersqui négociait avec le gouvernement égyptien un emprunt<strong>de</strong>stiné à permettre le développement cle l'outil<strong>la</strong>ge égvptien.Y a4-il là une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> cause à effet ? Est-ce simplement unecoïnci<strong>de</strong>nce ?En tout cas, le fait démontre qu'il est possible <strong>de</strong> trouver,pour obliger un pays à respecter le droit et à cesser ses interventions,<strong>de</strong>s moyens plus efficaces qu'une note diplomatiqueet moins douloureux qu'un bombar<strong>de</strong>ment.


Je sais que <strong>la</strong> cessation <strong>de</strong>s interventions libyenne et égyptiennepour ne parler que <strong>de</strong> celles-ci — car il y en a eu d'autres,au moins jadis — ne suffit pas pour résoudre le problèmetunisien. Je suis d'accord avec le Gouvernement pour penserqu'il sera nécessaire, après avoir rétabli intégralement 1 ordre,et pour faire renaître <strong>la</strong> confiance, d'octroyer à <strong>la</strong> Tunisie cettesouveraineté interne, dont elle n'a d'ailleurs jamais joui jusqu'àmaintenant.J'insiste auprès du Gouvernement pour que cette souverainetéinterne — je veux le dire en terminant — soit réalisée nonseulement <strong>de</strong> manière à assurer le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> présencelrançaise et <strong>de</strong> l'association franco-tunisienne, mais dans lecadre et avec ies institutions d'une monarchie musulmane.Il convient que le souverain héréditaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie n'aitplus un titre <strong>de</strong> fonctionnaire turc, mais qu'il prenne celui d'unsouverain <strong>de</strong> droit musulman.Nous avons un intérêt évi<strong>de</strong>nt à grandir le prestige du beypuisque nous savons que lui et le bey <strong>de</strong> camp sont <strong>de</strong>s amis<strong>de</strong> <strong>la</strong> France et que nous pouvons compter sur leur fidélité.Mais il ne s'agit pas <strong>de</strong> transporter <strong>de</strong>main matin en Tunisieles institutions <strong>de</strong> <strong>la</strong> IV 0 République. Il faut que lesassemblées municipales, régionales ou nationales soient dutype qui convient à une monarchies <strong>de</strong> style musulman.II faut enfin, et c'est un point sur lequel je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> auGouvernement <strong>de</strong> nous donner <strong>de</strong>s garanties précises et <strong>de</strong>prendre <strong>de</strong>s engagements formels, que les citoyens françaisinstallés en Tunisie, y exerçant une profession ou une fonction,aient les mêmes droits que pourraient avoir <strong>de</strong>s citoyens tunisiensinstallés en permanence sur un territoire <strong>de</strong> l'Union françaiseet y exerçant une profession ou une fonction.J'ai été très impressionné, durant les quelques jours quej'ai passé chez moi, par les réactions qu'ont provoquées, dansles milieux mo<strong>de</strong>stes <strong>de</strong> mon pays, les divers événements <strong>de</strong>Tunisie et les intentions que l'on prêtait au Gouvernement.Je crois sincèrement — c'est mon métier d'historien qui mel'a appris et aussi mon expérience personnelle — que le peuplefrançais a, à certains moments, <strong>de</strong>s intuitions profon<strong>de</strong>s etjustes. Il sait que si <strong>de</strong>main l'Afrique du Nord, cette construction<strong>de</strong> trois départements français f<strong>la</strong>nqués <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux monarchiesalliées et amies, avec présence et col<strong>la</strong>boration françaises,à <strong>la</strong>quelle ia France a consacré tant <strong>de</strong> talents, tant <strong>de</strong> <strong>la</strong>beurset tant <strong>de</strong> vies, venait à être lézardée, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur, <strong>la</strong> sécurité,<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> France seraient menacées.L'Afrique du Nord est aussi nécessaire à <strong>la</strong> France que l'Alsaceet <strong>la</strong> Lorraine. Alger vaut Strasbourg, et si <strong>la</strong> présencefrançaise fléchit en Tunisie, <strong>de</strong>main elle fléchira au Maroc etaprès-<strong>de</strong>main en Algérie.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, monsieur le minisire, <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s engagementsforme's, sinon nous ne pourrions pas vous accor<strong>de</strong>rnotre confiance. Cette affirmation est <strong>la</strong> condition même <strong>de</strong>notre vote. (App<strong>la</strong>udissements sur divers bancs à droite.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Pineau, pour développerson interpel<strong>la</strong>tion.M. Christian Pineau. Mesdames, messieurs, le débat qui s'ouvreaujourd'hui ne présente plus guère d'aspects nouveaux,en ce qui concerne, <strong>la</strong> Tunisie.Nous avons, en effet, longuement débattu <strong>de</strong> cette questionau cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> séance consacrée A <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong>sinterpel<strong>la</strong>tions. Néanmoins, les inci<strong>de</strong>nts qui ont marqué cette<strong>de</strong>rnière séance nous obligent à revenir sur certains aspects duproblème.Je voudrais rappeler tout d'abord quelles sont les erreursqui ont été commises dans le passé en Tunisie.En premier lieu, nous n'avons pas compris, là comme enIndochine, le sens <strong>de</strong> l'évolution politique <strong>de</strong>s peuples que nousavons éduqués et <strong>de</strong>s cadres que nous avons formés. Nousavons <strong>la</strong>issé se manifester à l'égard <strong>de</strong> l'autonomie internepromise à <strong>la</strong> Tunisie <strong>la</strong> double opposition <strong>de</strong>s colons et <strong>de</strong>spetits fonctionnaires <strong>de</strong> l'administration. Ceux-ci ont vu dansl'autonomie interne une menace dirigée non seulement contreleurs emplois, mais contre ceux qu'ils entendaient réserver àleurs enfants. Nous sommes loin d'avoir fait —et ce<strong>la</strong> est vraipour toute l'Afrique du Nord — l'effort que nécessitait, au len<strong>de</strong>main<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, le développement économique du pays.Nous avons, en effet, <strong>la</strong>issé dans une misère profon<strong>de</strong> uneimportante popu<strong>la</strong>tion agricole qui avait besoin d'être secourueet encore plus équipée.Une fâcheuse exploitation du travail s'est souvent manifestée.C'est ainsi, par exemple, que les récoltes <strong>de</strong> blé achetées à uncours déterminé étaient revendues aux producteurs commesemences à un cours très supérieur, au profit d'intérêts privésfort peu respectables.' Enfin, en Tunisie comme en Indochine, nous avons souffert<strong>de</strong> ce racisme que manifestent si souvent les Français exportésdans nos territoires d'outre-mer, racisme dont nous n'avons pasconscience car il se donne peu libre cours dans nos Assembléeset dans <strong>la</strong> métropole, mais qui constitue un véritable fléau, caril a pour effet <strong>de</strong> diminuer l'autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et <strong>de</strong> sapopu<strong>la</strong>tion à l'égard <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions autochtones. (App<strong>la</strong>udissementsà gauche.)La solution adoptée par le Gouvernement français répond aupremier <strong>de</strong> ces problèmes, à savoir l'incompréhension jusqu'àprésent manifestée <strong>de</strong>vant l'évolution tunisienne. Mais en raison<strong>de</strong> son aspect psychologique, ce problème était évi<strong>de</strong>mmentia clef <strong>de</strong> tous les autres.Le résultat ne s'est d'ailleurs pas fait attendre : une détenteincontestable s'est produite en Tunisie <strong>de</strong>puis un certainnombre <strong>de</strong> semaines. Les attentats ont, sinon complètementcessé, du moins considérablement diminué. Il est réconfortant<strong>de</strong> penser, quand on a connu le climat <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie l'année<strong>de</strong>rnière à <strong>la</strong> même époque, que, dans le Sahel, le généralBoyer <strong>de</strong> Latour a pu êlre accueilli par <strong>de</strong>s acc<strong>la</strong>mations quis'adressaient à <strong>la</strong> France.Or, voici que, l'autre jour, M. Martinaud-Dép<strong>la</strong>t a fait au prési<strong>de</strong>ntdu conseil <strong>de</strong>s reproches, non sur le contenu <strong>de</strong> l'accord,mais sur <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s interlocuteurs. Il ne s'agit, bien entendu,ni <strong>de</strong> M. Tahar ben Amar, prési<strong>de</strong>nt du conseil, ni <strong>de</strong> M. AzizDjellouli, qui sont <strong>de</strong>s indépendants, mais du Néo-Destour, eten particulier <strong>de</strong> M. Bourguiba.Ii eût été peut-être bon <strong>de</strong> rappeler que les <strong>de</strong>ux premiersnommés n'auraient jamais accepté les fonctions qu'ils occupentaujourd'hui s'ils n'avaient été certains <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>borationdu Néo-Destour et <strong>de</strong> l'appui <strong>de</strong> Habib Bourguiba.Mais le reproche <strong>de</strong> M. Martinaud-Dép<strong>la</strong>t mérite d'être particulièrementrelevé, car il est le symbole d'une politique qui afait perdre à <strong>la</strong> France l'Indochine, a risqué <strong>de</strong> lui faire perdre<strong>la</strong> Tunisie et risque <strong>de</strong> lui faire perdre <strong>de</strong>main toute 1 Unionfrançaise. (App<strong>la</strong>udissements à gauche, sur certains bancs aucentre et sur quelques bancs à l'extrême droite.)Celte politique-là consiste à ne jamais traiter avec ses adversaires,mais uniquement avec les hommes qu'on a mis en p<strong>la</strong>ceaprès les avoir achetés avec <strong>de</strong>s honneurs ou <strong>de</strong> l'argent et lesavoir ainsi déconsidérés à l'égard <strong>de</strong> leur propre opinion publique.(Nouveaux app<strong>la</strong>udissements sur les mêmes bancs.)En Indochine, pendant <strong>de</strong>s années il était considéré commeimpie <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> traiter avec Ho Chi Minh. Finalement, BaoDai ne nous a apporté que <strong>de</strong>s déconvenues et il a fallu traileravec l'adversaire dans les conditions ies plus difficiles.Or, en Tunisie <strong>la</strong> situation est plus favorable. Le Néo-Destourn'est pas le Viet-Minh. 11 n'est pas communiste. La formation<strong>de</strong>s hommes qui le composent est généralement occi<strong>de</strong>ntale.(Mou-Enfin, il ne réc<strong>la</strong>me pas l'éviclion totale <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.vements divers sur certains bancs à gauche et à droite.)A droite. C'est ce qu'on verra !M. Christian Pineau. Bien sûr, il est nationaliste. Mais, meschers collègues, ne nous faisons pas d'illusions, le nationalismeest pour les peuples dits protégés une forme d'expression quenous ne pourrons plus jamais éviter. (App<strong>la</strong>udissements àgauche.)Mais surtout, le Néo-Destour représente, que vous le vouliezou non, <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge partie <strong>de</strong> l'opinion publique tunisienne...M. Jean Legendre et plusieurs membres à droite. C'est faux!(Exc<strong>la</strong>mations ù gauche.)M. Mostefa Benbhamed. C'est vrai!M. Jean Legendre. C'est faux, les élections <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong>rnièrel'ont montré.M. Christian Pineau. ...et ne pas traiter avec lui c'est renoncerà l'appui indispensable <strong>de</strong> cette opinion publique.Reste Habib Bourguiba. Admettons, si vous le voulez, <strong>la</strong>vérité <strong>de</strong> ce qu'a avancé M. Martinaud-Dép<strong>la</strong>t,-encore que je nesois jamais certain <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> rapports <strong>de</strong> police apportésà <strong>la</strong> tribune du Parlement.M. Jean Legendre. Ce sont ceux que <strong>la</strong> presse a publiés.M. Joseph Halleguen. Ce<strong>la</strong> a été publié partout.M. Christian Pineau. J'admets, pour <strong>la</strong> commodité <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion,que ces rapports soient entièrement exacts, mais ieconsidère comme un succès plus grand d'avoir ramené à <strong>la</strong>France un adversaire forcené plutôt qu'un pâle figurant.(App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur certains bancs au centre. —Exc<strong>la</strong>mations à droite.)<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique, c'est <strong>de</strong> créer l'amitié là où ellen'existe pas, et non <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser s'éteindre lorsqu'elle existeencore. (App<strong>la</strong>udissements à gauche.)En tout cas, ce qui a été fait est irréversible, et revenir enarrière nous ferait perdre définitivement <strong>la</strong> Tunisie.M. Marcel David. Sûrement!M. Christian Pineau. Je conserve d'ailleurs l'espoir que lesFrançais <strong>de</strong> Tunisie, jusqu'à présent souvent mal inspirés, comprendrontenfin, dans l'ordre rétabli et <strong>la</strong> quiétu<strong>de</strong> retrouvée,


Perdre cette foi, dénier notre droit, renoncer à cette souverainetéconsentie, c'était porter <strong>de</strong>s coups mortels à cette gran<strong>de</strong>ur,c'est-à-dire à noire indépendance.On a dit qu'au point où en était arrivée l'affaire d'Indochine,le cabinet <strong>de</strong>rnier-né ne pouvait être qu'un syndic <strong>de</strong> faillite.Mauvaise excuse pour justifier les abandons à <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong>joie générale qui accompagne toujours <strong>la</strong> fin d'hostilités. 11n'est .pas <strong>de</strong> responsabilités qui en couvrait d'autres. Traiteravec Ho Chi Minh avait été le choix arrêté en 1916. Ce choixs'avéra mauvais. 11 ne <strong>de</strong>venait pas meilleur parce que <strong>de</strong>ssottises et <strong>de</strong>s erreurs avaient été accumulées par <strong>la</strong> suite. Uy avait d'autres moyens d'arrêter <strong>la</strong> guerre.Comment se traduit l'action dite constructive exercée à propos'<strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie "! Par les mêmes procédés que <strong>la</strong> liquidation <strong>de</strong>l'Indochine. On traite avec <strong>de</strong>s individus, on leur donne lepouvoir parce qu'ils ont tué, semé <strong>la</strong> terreur. Pour faire cessertemporairement <strong>la</strong> guerre et le terrorisme, on méprise délibérément,au profit d'uoe minorité coupable <strong>de</strong> crimes abominables,<strong>la</strong> majorité d'une popu<strong>la</strong>tion paralysée par <strong>la</strong> peur et par<strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre départ.Le Parlement qui, en approuvant cette politique, a subi unefascination aux frontières <strong>de</strong> <strong>la</strong> dictature, sait-il que <strong>la</strong> Tunisiepeuplée <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> musulmans, dont 100.000 venusd'Algérie, <strong>de</strong> 300.000 chrétiens et <strong>de</strong> 200.000 juifs, ne comptaitque 2 p. 100 <strong>de</strong> partisans <strong>de</strong>s doctrines du Destour ? Estime-t-il'normal que les 98 p. 100 qui en sont adversaires se voient imposerpar le crime un régime appuyé par le Gouvernement français?Faut-il s'étonner qu'au Maroc, après <strong>de</strong> tels encouragements,ristiq<strong>la</strong>l, minorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> minorité, veuille lui aussi prendre lepouvoir par les mêmes procédés ?Il se heurte fort heureusement à sept millions <strong>de</strong> Berbèresauxquels se joignent une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s 900.000 Arabesparmi lesquels se recrutent généralement les agitateurs, sanscompter les 400.000 chrétiens et les 300.000 juifs anxieux àl'idée <strong>de</strong> se voir, eux aussi, imposer <strong>la</strong> loi du crime.Mais si nous ne nous montrons pas fermes aux côtés <strong>de</strong>nos amis, prenons gar<strong>de</strong> que d'autres se substituent à nous,qui, déjà, feraient <strong>de</strong>s ouvertures à Marrakech.Il est humain <strong>de</strong> n'entendre que les hommages <strong>de</strong> ses partisanset <strong>de</strong> les compter pour une approbation unanime. Aussine sera-t-il pas agréable à M. 1e prési<strong>de</strong>nt du conseil d'apprendrequ'en Indochine, en Tunisie, au Maroc, il n'a pas apporté<strong>la</strong> joie et l'apaisement aux peuples autochtones. Il a aggravéleur inquiétu<strong>de</strong>, fait naître souvent leur mépris contre <strong>la</strong>France i<strong>de</strong>ntifiée, malheureusement aux gouvernements qui <strong>la</strong>dirigent.Car, dans tous ces territoires où l'on est déçu ou ulcéré,il y avait <strong>de</strong>s majorités <strong>de</strong> cœur et <strong>de</strong> pensée françaises décidéesà bâtir l'avenir ïfvec nous et. avec lesquels nous avionsl'obligation et le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> le faire.On ne construit, pas avec ceux qui n'ont pas le respect <strong>de</strong><strong>la</strong> vie humaine, avec ceux qui n'ont pas le respect du travail<strong>de</strong>s autres, avec les <strong>de</strong>structeurs <strong>de</strong>s œuvres bienfaisantes <strong>de</strong><strong>la</strong> civilisation. On ne construit pas avec ceux qui tuent pouracquérir le.s biens qu'ils convoitent.De tels partenaires ne sont pas va<strong>la</strong>bles. Ils sont ceuxqui avaient été rejetés par les déc<strong>la</strong>rations du 17 juin. Lesvoilà, cependant, représentés par Bourguiba, par personnesinterposées, au gouvernement tunisien. -Les consultations, les accords que donne officiellement lechef du Destour avec <strong>la</strong> bénédiction du ministre chargé <strong>de</strong>saffaires tunisiennes et marocaines ren<strong>de</strong>nt parfaitement ridicule<strong>la</strong> comédie <strong>de</strong> <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce surveillée et mettent le chefdu Gouvernement français en contradiction avec ses discoursd'investiture.Si <strong>de</strong>puis sept ans, au lieu <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> violence, tout enprétendant <strong>la</strong> combatlre ; si au lieii d'improviser et <strong>de</strong> tendreune oreille comp<strong>la</strong>isante aux extrémistes, les gouvernementsfrançais avaient fait le compte <strong>de</strong> leurs amis, <strong>de</strong> tous les amis<strong>de</strong> <strong>la</strong> France, et consulté certaines autorités irréprochables, iln'y aurait pas <strong>de</strong> problème.Il y a en Afrique du Nord <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s communautés, l'unemusulmane, l'autre chrétienne, cette <strong>de</strong>rnière étant l'inspiratrice,l'initiatrice et <strong>la</strong> créatrice <strong>de</strong> l'autre.Toutes <strong>de</strong>ux ont convenu qu'elles étaient fixées pour toujoursau sol qu'elles avaient fécondé. Appelées à vivre côte àcôte en permanence, elles ne peuvent le faire que si leursdroits et leurs <strong>de</strong>voirs sont égaux sans que leur importancenumérique puisse être mise en cause.Le terme <strong>de</strong> l'évolution doit donc se traduire par une gestionet une direction communes du pays.Tel est le sentiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité ralliée aux règles <strong>de</strong> <strong>la</strong>civilisation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice telles qu'on les conçoitau XX- siècle.La Tunisie n'est aujourd'hui ce qu'elle est que parce qu'il JH soixante-quinze ans <strong>de</strong>s Français y sont yenus. Sur cette terre<strong>de</strong> misère et <strong>de</strong> mort, régnaient le banditisme «t <strong>la</strong> piraterie.-Une dynastie chance<strong>la</strong>nte n'affirmait sa souveraineté que là oùelle pouvait faire <strong>de</strong>s expéditions punitives.Par <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, toujours éprise <strong>de</strong> légalité, elle<strong>de</strong>vint souveraine et assurée dans sa <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong> le <strong>de</strong>meurer.Huant aux pionniers français, par leur volonté, leur persévéranceet leurs sacrifices, ils firent renaître à <strong>la</strong> vie et à <strong>la</strong> prospéritéun pays qui <strong>de</strong>puis quinze siècles n'était que ruines etbroussailles.Revendiquer maintenant le produit <strong>de</strong> leur travail et <strong>de</strong> leurssouffrances est chose aisée. Prétendre que ces revendicationssont légitimes et qu'elles sont le fait du peuple tunisien toutentier est malhonnête. (Très bien! très bien! à droite.)Elles ne sont en réalité que <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong> l'appétit <strong>de</strong> pouvoir<strong>de</strong> quelques-uns, vivant à Paris, au Caire, à Rome ou dans<strong>de</strong>s pa<strong>la</strong>ces occi<strong>de</strong>ntaux.Comment peuvent-ils connaître les véritables aspirations <strong>de</strong>ceux qui sont <strong>de</strong>meurés Tunisiens ?Autonomie, souverainefé interne, indépendance, fatal processus.Avez-vous vu où ces étapes, qu'ils n'avaient pas <strong>de</strong>mandées,ont conduit les malheureux Indochinois ?Abandonnés par les Français auxquels ils s'étaient intégrésen près <strong>de</strong> cent ans <strong>de</strong> vie commune, les voilà pour partie sou3tutelle soviétique, pour partie sous tutelle américaine.Qui <strong>de</strong>viendrait maitre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie si nous poursuivions <strong>la</strong>politique insensée qui nous est proposée 1Pour l'instant, l'union du Destour et du parti communiste,scellée en 1919, n'a pas failli.On a vu, à l'O. N. U-, comment votaient les quinze paysarabo-asiatiques. Le.s Etats-Unis récoltent ce qu'ils ont semé.Nos alliés américains ont une conception dangereuse <strong>de</strong> l'organisationdu mon<strong>de</strong>. Ils risquent <strong>de</strong> nous entraîner avec euxdans les pires déboires.Nos amis ang<strong>la</strong>is ont <strong>de</strong>s dirigeants supernationaux qui feront— c'est leur droit et leur <strong>de</strong>voir — une politique britanniquequi, bien souvent, décevra les Français.Faisons donc, <strong>de</strong> notre côté, une politique qui, tout en maintenant<strong>la</strong> France dans <strong>de</strong>s alliances conformes à son idéal, n'ensera pas moins une politique française et <strong>de</strong> l'Union française.C'est <strong>la</strong> seule qui soit susceptible <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r nos vies etcelles <strong>de</strong>s peuples qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu'à nous y ai<strong>de</strong>r. Il enest temps encore.Le redressement s'accomplira dès que nous aurons retrouvénotre dignité et manifesté notre volonté. (App<strong>la</strong>udissements àdroite et sur quelques bancs à l'extrême droite.y*M. ie prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Vassor, pour développerson interpel<strong>la</strong>tion.M. Jacques Vassor. Monsieur le ministre, mes chers collègues,le 10 août avait lieu ici un débat sur <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong>sinterpel<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> Tunisie.Par l'importance <strong>de</strong>s interventions, ce fut en réalité une discussionsur le fond, ce qui prouve <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> inquiétu<strong>de</strong> queprovoque au Parlement et dans le pays le grave problème <strong>de</strong>.l'Afrique du Nord.Depuis ce débat, M. Taliar foen Amar est venu s'entreteniravec le Gouvernement français. Mais avant <strong>de</strong> repartir, le prési<strong>de</strong>ntdu conseil tunisien est allé officiellement prendre contactavec M. Bourguiba. Une voiture fut comp<strong>la</strong>isamment mise à.sa disposition par M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur.Le prési<strong>de</strong>nt Tahar ben Amar est donc officiellement en rapportavec M. Habib Bourguiba. « Depuis toujours, nous marchons<strong>la</strong> main dans <strong>la</strong> main », n'hésitait pas à déc<strong>la</strong>rer leprési<strong>de</strong>nt du conseil tunisien.Le Gouvernement français l'admet et facilite même ces entretiens.Alors, je vous l'avoue, monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires tunisienneset marocaines, je ne comprends plus et je me crois,à regret, obligé <strong>de</strong> vous rappeler ce que vous avez dit vousmêmeà cette tribune:« Je suis convaincu, disiez-vous, que le Néo-Destour est unmouvement calqué sur les mouvements fasciste et hitlérien.Son arrivée an pouvoir voudrait dire une indépendance semb<strong>la</strong>bleà celle <strong>de</strong> ces petites féodalités d'un moyen-âge barbare,dont les chefs, repus <strong>de</strong> subventions étrangères, <strong>la</strong>issent croupirleurs peuples dans <strong>la</strong> nuit <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère et <strong>de</strong> l'ignorance- Jecrois que l'arrivée du Néo-Destour au pouvoir en Tunisie voudraitdire ce<strong>la</strong>, et ce<strong>la</strong> signifierait <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie.M. Henri Laforest. Ce n'est pas amical ce que vous dites là!M. Jacques Vassor. « Ouvrez à cette tribune, disiez-vous monsieurle ministre, le cfossier du Destour, ouvrez le dossier <strong>de</strong>M. Bourguiba. Dites-nous quel est ce mouvement et quel estcet homme, et que tous ceux qui sont <strong>de</strong> bonne foi tombentd'accord sur les. conclusions à en lirer. s


Je vais me permettre <strong>de</strong> solliciter un certain nombre <strong>de</strong> précisionsessentielles.En premier lieu, estimez-vous possible, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, <strong>de</strong> considérer l'agitation dans <strong>la</strong> Régencecomme une émanation authentique du peuple tunisien ? N'estimez-vouspas, au contraire, comme les <strong>la</strong>its semblent ledémontrer, quelle est d'abord, et peut-être exclusivement, lerésultat direct d'interventions étrangères, dont les inspirationsdiffèrent mais dont les objectifs se confon<strong>de</strong>nt ?U faudra bien que nous sachions, avant <strong>de</strong>main soir, ce quele Gouvernement veut bien en penser.J'ai déjà dit <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>dresse — c'est le moins qu'on puissedire — <strong>de</strong> nos amis américains, sur le p<strong>la</strong>n abstrait d'abor<strong>de</strong>n favorisant indistinctement les aspirations nationales du Proche-Orientpar pure idéologie anticolonialiste, ensuite sur lep<strong>la</strong>n concret <strong>de</strong>s intérêts économiques, l'attrait irrépressiblequ'exerçaient sur eux les champs <strong>de</strong> pétrole <strong>de</strong> noire Afriquedu Nord.J'ai dit combien il était inadmissible que l'Angleterre établieen Tripolitaine considère notre Tunisie comme un champ d'intrigue.II faudra bien que le Parlement sache d'où, en totalitéou en partie, viennent les fel<strong>la</strong>gha, par qui ils sont équipés etpar qui ils sont armés, dans quels centres ils sont entraînés etquelle immunité couvre leur position <strong>de</strong> repli.En ce qui concerne <strong>la</strong> Ligue arabe, vous savez évi<strong>de</strong>mmentque le 4 avril <strong>de</strong> cette année un pacte a été conclu entre lecomité <strong>de</strong> libération du Moghreb et tous les partis nord-africainsdits nationalistes. Ce pacte déc<strong>la</strong>re que l'objet du comitéest d'organiser <strong>la</strong> lutte du Maroc, <strong>de</strong> l'Algérie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisieen vue <strong>de</strong> leur indépendance.Deux jours après <strong>la</strong> signature <strong>de</strong> ce pacte, La Voix <strong>de</strong>s Arabes,cette voix du Caire qui app<strong>la</strong>udit aux attentats, les annonceparfois à l'avance, qualifie leurs exécutants <strong>de</strong> « ré<strong>de</strong>mpteurs »et les àssure <strong>de</strong> <strong>la</strong> bénédiction <strong>de</strong> Dieu, cette voix s'écriait,comme pour un nouveau départ : « Soyez héroïques et sachezmourir en martyrs, l'arabisme est avec vous. »L'arabisme n'est du reste pas le seul à être avec eux. Depuisle 2 juillet <strong>de</strong>rnier, donc au début du mois qui vit votrevoyage-éc<strong>la</strong>ir à Tunis, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, lesémissions du Caire, et du reste aussi <strong>de</strong> radio-Tétouan, sontdésormais re<strong>la</strong>yées par radio-Budapest. Personne ne s'étonneradans cette Assemblée <strong>de</strong> voir <strong>la</strong> Russie, habituée à agir par letruchement <strong>de</strong>s « minorités agissantes », faire valoir son sentimentpar le truchement <strong>de</strong> radio-Budapest comme, éventuellement,elle peut aussi faire connaître ses volontés et sesmots d'ordre d'une manière plus directe, ne serait-ce, parexemple, que par le canal du consu<strong>la</strong>t <strong>de</strong> Pologne à Alger.Quand le Néo-Dcstour tient à New-York une permanence quiest un- véritable foyer antifrançais ; quand <strong>la</strong> création d'uncomité <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce" pour nous expulser d'Afrique du Nord aété favorisée dans <strong>la</strong> capitale britannique ; quand ie comité<strong>de</strong> libération du Moghreb reçoit à <strong>la</strong> Ligue arabe, en vue<strong>de</strong> poursuivre inexorablement notre éviction, une premièresubvention <strong>de</strong> 15.000 livres égyptiennes; quand <strong>la</strong> Russie nepeut s'empêcher <strong>de</strong> trahir tout haut son action souterraine ily a vraiment autre chose à faire pour <strong>la</strong> France qu'à reconnaîtrecomme <strong>la</strong> voix authentique du peuple tunisien l'expressionsang<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> cet immense complot.Les oulémas <strong>de</strong> Fez viennent aujourd'hui nous dire qu'onleur a forcé <strong>la</strong> main dans leur manifestation contre le Sultan.Pourquoi ne serait-ce pas p<strong>la</strong>usible ? Ce ne serait pas <strong>la</strong> premièrefois.A Fez déjà, en d'autres circonstances, les délégués <strong>de</strong> quelque400 lolbas <strong>de</strong>s rné<strong>de</strong>rsas étaient venus déc<strong>la</strong>rer au tribunaldu Pacha qu'ils se p<strong>la</strong>ignaient <strong>de</strong> jeunes agitateurs quiétaient venus les sommer <strong>de</strong> sortir dans <strong>la</strong> rue avec eux.Qu'il s'agisse <strong>de</strong> proc<strong>la</strong>mations verbales ou d'attentats terroristes,toutes ces formes <strong>de</strong> complot portent un nom: ce<strong>la</strong>s'appelle <strong>de</strong> l'intimidation.11 s'agit cle savoir si l'intimidation paie ou non et si noussommes désormais incapables <strong>de</strong> nous protéger nous-mêmeslà où notre tutelle s'est si longtemps exercée.J'entends bien M. le ministre <strong>de</strong>s affaires tunisiennes etmarocaines, peut-être même M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil, répondreen me par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s problèmes internes tunisiens et marocains.Je vais en parler moi-même, mais ce que j'ai vouludire c'est qu'il est illicite et même mensonger d'en parleravant d'avoir dénoncé, défini et réglé, par les moyens appropriés,les sources du véritable terrorisme et, ce faisant, donnéau problème, par une délimitation rigoureuse, son seul, authentiqueet véritable aspect.A quoi aspire véritablement le peuple tunisien ? La masse<strong>de</strong>s Tunisiens, je dirai même leur quasi-totalité, aspire avanttoule chose à <strong>la</strong> sécurité économique: du blé, <strong>de</strong> l'huile, <strong>de</strong>svêtements, <strong>de</strong>s chaussures, ainsi que — et surtout peut-être —un bon caïd, honnête et juste.Dans ce pays surpeuplé où nous-mêmes n'avons pu éliminercomplètement — je modère mes termes — <strong>la</strong> vénalité et <strong>la</strong>concussion, êtes-vous sùr que l'autonomie interne va signifierdu jour au len<strong>de</strong>main, pour le travailleur tunisien, simplementun minimum <strong>de</strong> sécurité économique et simplement un minimumd'honnêteté et <strong>de</strong> juslice dans l'administration faite pourle servir ?Est-ce que <strong>la</strong> masse <strong>de</strong>s Tunisiens aspire vraiment à atilrechose ? Aspire-t-elle à, l'exercice <strong>de</strong>s modalités diverses du droit<strong>de</strong> vote, à tous les privilèges <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie ?Je pourrais déjà répondre qu'il y a quelque chose <strong>de</strong> curieuxà insister à vouloir donner, à tout prix et le plus vite possible,le droit <strong>de</strong> vote à <strong>de</strong>s gens qui ne le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas. On pourrame répondre qu'il y a dans cette assurance quelque pétition <strong>de</strong>principe, qu'il est trop tôt pour conclure, qu'ils aspirent à toutce<strong>la</strong> inconsciemment, que cle toute façon on ne sera en droit<strong>de</strong> juger que lorsqu'ils auront effectivement exercé tous cesprivilèges aujourd'hui en ba<strong>la</strong>nce.Mais il y a déjà eu <strong>de</strong>s essais et je pense qu'on est autoriséà tirer quelques conclusions <strong>de</strong> l'indifférence à peu près totalequ'ont manifestée les Tunisiens à l'égard <strong>de</strong>s franchises communales.11 n'y a pas lieu non plus <strong>de</strong> se féliciter <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont sesont déroulées les précé<strong>de</strong>ntes élections tunisiennes*. U est trèsjoli et noble <strong>de</strong> parler d'Etat mo<strong>de</strong>rne et <strong>de</strong> constituante, maisencore faut-il qu'il y ait un nombre suffisant d'élecleurssachant lire et écrire et surtout que. c<strong>la</strong>ns les opérations électorales,ce qu'on appelle le « nerf <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre » ne <strong>de</strong>vienne pasle nerf exclusif <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie.La question véritable est celle-ci: le peuple tunisien a-t-i<strong>la</strong>tteint, comme M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil l'a suggéré, voireassuré, le niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> maturité politique ?Par <strong>de</strong>là les points cle droit qui seront discutés, par référenceau traité <strong>de</strong> 1881 où à tel autre texte, c'est cette question quiéc<strong>la</strong>ire le problème.Elle peut, du reste, se formuler autrement: <strong>la</strong> Tunisie est-elleprésentement en état <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r cle son propre <strong>de</strong>stin ? En touteobjectivité, il ne semble pas possible <strong>de</strong> répondre par l'affirmative.M. l<strong>la</strong>di Nouira peut bien revendiquer pour lui-même et pourses propres amis « le droit <strong>de</strong> commettre leurs propres erreurs »,celte forme <strong>de</strong> défi n'est qu'une gageure verbale et n'autoriseen aucune façon à faire bon marché <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection que nousavons jusqu'ici assurée au peuple dans son ensemble.Les témoignages ne manquent pas qui savent définir impartialementle point <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> l'Etat tunisien:« Le drame <strong>de</strong> cette émancipation popu<strong>la</strong>ire », écrivaitM. Robert Montagne, « rési<strong>de</strong> dans le fait que l'éducation socialeet politique selon les normes <strong>de</strong> l'Etat mo<strong>de</strong>rne ne se trouveque très imparfaitement îéalisée ». Et l'auteur <strong>de</strong> ces lignesmettait en gar<strong>de</strong> contre ce péril K <strong>de</strong> voir les masses encoreincultes jetées prématurément dans <strong>la</strong> vie politique ».' M. Maurice Duverger, soulignant que l'analphabétisme et lefanatisme religieux <strong>de</strong>meurent « trop répandus dans lesmasses », que l'activité économique autochtone était encoreinsuffisante, que surtout le développement d'une c<strong>la</strong>ssemoyenne capable <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s cadres administratifs et politiquesva<strong>la</strong>bles reste encore trop faible, nous dit <strong>de</strong> son Côtéque « l'indépendance totale risquerait d'ouvrir une ère d'anarchieou <strong>de</strong> semi-anarchie qui affaiblirait <strong>la</strong> constel<strong>la</strong>tion politiquedans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> géographie ies a p<strong>la</strong>cés et qui les affaibliraiteux-mêmes ».Si l'on ajoute que <strong>la</strong> masse — elle l'a prouvé cent fois —n'est pas prête à supporter un régime qui va à l'encontre <strong>de</strong>ses tradilions et <strong>de</strong> ses coutumes, j'ajouterai même <strong>de</strong> sa foireligieuse, que peut-on espérer d'une autonomie interne quipostule un état psychologique, intellectuel et social vers lequelon tend mais dont on est encore loin ?Ce sont, du reste, les dirigeants du Néo-Destour eux-mêmesqui viennent nous en donner <strong>la</strong> confirmation.C'est M. Habib Bourguiba en personne qui. dans une <strong>de</strong> sesinterviewes pourtant rassurantes, du fond <strong>de</strong> ses cachots <strong>de</strong>plus en plus ambu<strong>la</strong>nts et <strong>de</strong> plus en plus touristiques, adéc<strong>la</strong>ré, lorsqu'on lui par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> <strong>la</strong> future république tunisienne :« 11 n'est pas question <strong>de</strong> république. La forme traditionnelle<strong>de</strong> l'Etat tunisien est <strong>la</strong> théocratie. »Le mot « théocratie » étant surtout nn salut poli à l'Is<strong>la</strong>m,il ne restera c<strong>la</strong>ns <strong>la</strong> réalité — comme il n'y a, du reste, dansl'esprit <strong>de</strong>s « super-nationalistes » — qu'une forme totalitairepour l'Etat tunisien. Il y aura bien une Constitution, un Destour,mais elle sera et ne pourra être qu'à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s nouveauxmaîtres que vous aurez donnés au pays.Or, ces nouveaux maîtres, dont M. Tabac ben Amar vamo<strong>de</strong>stement déjà prendre les consignes, ces interlocuteursdont votre action légitime d'un coup tout le passé <strong>de</strong> revendications,qui sont-ils, que sont ils 2


- Des démocrates ? Dans <strong>la</strong> mesure où ils le paraissent, ils nele sont aujourd'hui que par calcul. La démocratie dont ilsprennent référence n'est qu'une arme à l'usage externe, toutjuste bonne à arracher délinitivement le pouvoir <strong>de</strong> nos mains.Quand cette opération sera conclue, ils se réc<strong>la</strong>meront <strong>de</strong>l'Is<strong>la</strong>m à l'intérieur pour assurer leur néo-califat, leur néotliéocratieà eux.Ces, gens, qui sont en <strong>la</strong>it <strong>de</strong>s adversaires <strong>de</strong> l'Is<strong>la</strong>m, invo-,queront alors pour asseoir leur autorité, toute <strong>la</strong> tradition inscrite<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles dans les sourates du Coran, <strong>de</strong> ce Coranqui est non seulement, il ne faut pas l'oublier, l'ensemble <strong>de</strong>spréceptes moraux ou religieux, mais en même temps tout unsystème légis<strong>la</strong>tif et juridique et <strong>la</strong> base même du droit musulman.Adversaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie comme <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion musulmane,ils joueront cependant <strong>de</strong> l'une comme <strong>de</strong> l'autre dansle seul but d'écarter les obstacles sur leur chemin.Mais s'ils triomphent <strong>de</strong> leurs compatriotes <strong>de</strong>main, c'estparce qu'ils auront d'abord triomphé <strong>de</strong> nous.Cette inspiration totalitaire que nous leur prêtons n'est nullement,monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, une vue <strong>de</strong> notreesprit. Elle a, au contraire, déjà fait ses preuves — très concrètes— dans les métho<strong>de</strong>s qu'ils ont employées quand ils enont eu le loisir.Les hommes qui représentent aujourd'hui le Néo-Destour àDamas, à Karachi, à New-Delhi, ont été naguère arrêtés parles Français et libérés par ies Allemands. Ils se sont initiés àces métho<strong>de</strong>s totalitaires lorsque le Croissant Rouge, commeon le rappe<strong>la</strong>it récemment, mettait ia Tunisie en coupe réglée,se comportait en maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, perquisitionnait et dénonçait.N'est-ce pas une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> parti totalitaire que cette coercitionpermanente exercée par <strong>la</strong> menace et <strong>la</strong> vindicte du parti,ces grèves <strong>de</strong> commerçants imposées par le chantage, agrémentées<strong>de</strong> pil<strong>la</strong>ges et sanctionnées par l'assassinat ?Je me permets <strong>de</strong> signaler en passant que l'attentat terroriste,quelle que soit sa valeur <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong>, n'est en faitqu'une preuve <strong>de</strong> faiblesse, un moyen mineur, écrivaitM. Herly, auquel on a recours quand l'insurrection est impossibleen raison du manque d'enthousiasme <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.Il donne au l'ont <strong>la</strong> preuve contraire <strong>de</strong> ce qu'il entendaitdémontrer.Je <strong>la</strong>isserai à d'autres collègues le soin <strong>de</strong> dénoncer dans iedétail, avec textes à l'appui — Dieu sait s'il y en a — <strong>la</strong> collusiondu N.éo-Destour avec l'Allemagne. Qu'il me soit simplementpermis <strong>de</strong> rappeler que l'une <strong>de</strong> nos fonctions les plus.ç<strong>la</strong>ires en Afrique : du Nord a été <strong>la</strong> protection effective <strong>de</strong>sminorités, et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu'il adviendrait <strong>de</strong>s Chleuhs, <strong>de</strong>sChaouïas,, <strong>de</strong>s Kabyles, <strong>de</strong>s Berbères <strong>de</strong> toute sorte, <strong>de</strong>s Mozabites,<strong>de</strong>s Israélites, si les partis nationalistes pouvaient accé<strong>de</strong>rau pouvoir.Il y a malheureusement <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts. L'un <strong>de</strong>s premiers. souct du comité d'action marocaine, lorsqu'il se créa, fut <strong>de</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'annu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> notre politique berbère. Et je n'aipas à rafraichir les mémoires en ce qui concerne les exactionsracistes <strong>de</strong> 1912, ou <strong>de</strong> 1952, en Tunisie ou <strong>de</strong> Petitjean en 1954.Voilà les hommes à qui le Gouvernement français a choisi<strong>de</strong> remettre le pouvoir. Nullement représentatifs du peupletunisien, qu'ils ne sont capables <strong>de</strong> mobiliser que par <strong>la</strong>menace, poursuivant ostensiblement <strong>de</strong>s objectifs qui vont bienau <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que vous croyez seulement leur concé<strong>de</strong>r,appuyés par <strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong>s alliés invisibles qui se serventd'eux pour nous évincer, mais sauront ensuite jouer leurpropre jeu, il fal<strong>la</strong>it vraiment, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil,une bonne volonté. sortant <strong>de</strong> l'ordinaire pour leur accor<strong>de</strong>rquelque crédit.D'autres que vous s!y étaient d'abord <strong>la</strong>issé prendre. Ils ensont aujourd'hui revenus. J'en veux pour témoin cette motionvotée par <strong>la</strong> commission exécutive <strong>de</strong> <strong>la</strong> section <strong>de</strong> Tunis dusyndicat national <strong>de</strong>s instituteurs:« Les instituteurs se refusent à accepter le crime, l'assassinat,le vol comme <strong>de</strong>s moyens légitimes d'accès à l'autonomie,interne. Ceux qui, sans" partager absolument <strong>la</strong> doctrine duNéo-Destour, étaient cependant favorables à un acheminementprogressif du peuple tunisien à son autonomie interne, s'interrogentactuellement sur le crédit qu'il convient d'accor<strong>de</strong>r àcertaines déc<strong>la</strong>rations du Néo-Destour re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> situation<strong>de</strong>s Français et <strong>de</strong>s Européens vivant en Tunisie. »C'est pourtant, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, ce créditque vous avez accordé. Ce faisant, vous êtes non seulemententré dans leur jeu, mais vous avez tourné le dos à ceux qui,<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s dizaines d'années, avaient mis leur espoir et leurconfiance en nous.Vous avez cruellement déçu ies nombreux amis.que <strong>la</strong> Francepossè<strong>de</strong> sur le sol tunisien. Nous leur avons accordé notreamitié mais nous avons <strong>la</strong>issé agir nos ennemis, qui étaientaussi IP.S leursQue vont <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>main ces caïds,, ces cheiks, ces khalifes,qui secondaient efficacement l'autorité française, à partir dumoment où leur situation dépendra <strong>de</strong>s ministres néo-<strong>de</strong>stouriens?Nos amis ne comprennent pas et ne peuvent prendre notretolérance que pour <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse.Il y a pourtant autre chose en Tunisie que le Néo-Destour^Il y a aussi <strong>de</strong>s têtes sages à Tunis, disait M. le maréchal Juin,mais il ajoutait que les têtes sages se taisent, sans doute parceque nous prêtons plus volontiers* l'oreille aux autres, à ceuxqui parlent le plus fort.Il est. juste <strong>de</strong> prêter attention au tapage <strong>de</strong>s cliques minoritaires,mais il est plus juste <strong>de</strong> faire écho aux aspirations <strong>de</strong>sbonnes volontés, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>stes, <strong>de</strong> ceux qui savent qu'un changement<strong>de</strong> maître ne leur apportera rien.En fondant votre espoir sur ia pérennité <strong>de</strong>s intérêts français,sur les conventions dont vous voulez obtenir <strong>la</strong> signature,vous seriez.<strong>la</strong> victime d'une illusion majeure.Ces conventions n'auraient <strong>de</strong> valeur que si <strong>la</strong> bonne foiétait assurée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés. Comment peut-on prétendre qu'ilen sera ainsi, lorsque vos partenahes eux-mêmes prennent tesoin <strong>de</strong> vous avertir que ce que vous considérez comme définitif,eux lo considèrent seulement comme provisoire.Bourguiba, qui s'écriait en 1950 que « l'indépendance extérieuresuivrait" l'autonomie interne inexorablement », nous afait savoir, après votre voyage à Tunis, que ce n'était là« qu'une étape substantielle sur <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> l'indépendance,totale ».Ne pensez-vous pas que le premier soin <strong>de</strong> l'assemblée, ditesouveraine, réunie par les soins du Néo-Destour, serait dodénoncer tout engagement antérieur qui constituerait unobstacle sur le chemin <strong>de</strong> sa souveraineté ?Quelle attitu<strong>de</strong>, je vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, pourra prendre <strong>la</strong> France,en dépit <strong>de</strong> vos conventions, si le vote unanime d'une chambre •tunisienne prétendument élue au suffrage universel, <strong>la</strong> meten <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> supprimer son ultime contrôle ?Il semblerait qu'il n'y ait que nous à ne pas le saveir, à nopas le prévoir.Alors, quelle est <strong>la</strong> solution, cette solution constructive quevous réc<strong>la</strong>miez l'autre jour ?Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai, d'abord : <strong>la</strong> solution à quoi ? Au terrorisme ?J'ai dit qu'il fal<strong>la</strong>it d'abord donner au terrorisme son véritablesens et ses Véritables limites. Si vous estimez que le terrorismeest 1e fruit spontané du sentiment tunisien, que leNéo-Destour est le représentant qualifié du peuple tunisien etque pour mettre fin aux troubles il n'y a pas d'aulre issue que<strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r le pouvoir au Néo-Destour, je dis qu'il s'agit là d'unevue fausse du problème et que, par conséquent, <strong>la</strong> solutionque vous préconisez n'est pas va<strong>la</strong>ble.11 faut, d'abord, à tout prix, écarter <strong>de</strong> nos conversations,présentes et futures, tous ceux que se sont révélés les ennemis<strong>de</strong> <strong>la</strong> France quand nos libertés étaient menacées. Comme ilsont élé <strong>de</strong> mauvais juges, ils seraient <strong>de</strong> mauvais partenaires.Il faut juguler le terrorisme tel qu'il est et non tel qu'on sel'imagine, c'est-à-dire qu'il faut frapper non seulement lesexécutants, mais les instigateurs. Il est possible d'en atteindreun grand nombre. 11 est possible, si on le veut vraiment, do,dénoncer et <strong>de</strong> paralyser les autres.Il faut ensuite, méthodiquement, faire suivre à nos amis tunisiensl'apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie, en particulier parl'exercice <strong>de</strong>s franchises communales. C'est par ia pratique <strong>de</strong>slibertés <strong>de</strong> nos communes que <strong>la</strong> France, sortant du moyénâge,a appris à <strong>de</strong>venir républicaine. Tant que ce sta<strong>de</strong> n'àurapas' été dépassé tout autre essai <strong>de</strong> démocratisation serait unleurre et une machine <strong>de</strong> guerre entre les mains <strong>de</strong>s stratègesqui veulent notre départ. Nous savons par l'expérience d'uncertain nombre <strong>de</strong> pays à travers le mon<strong>de</strong> que l'indépendancejuridique ne signifie pas nécessairement l'indépendance réelleet que l'impérialisme n'a pas qu'un seul visage.Il faut ensuite, avant <strong>de</strong> penser à une promotion politiquedont beaucoup, dans l'immédiat, ne sauraient que faire, travaillerà une promotion sociale, suivant le sage conseil d'unancien gouverneur <strong>de</strong> l'Algérie : « Quand tout ie mon<strong>de</strong> auraété mis sur un pied d'égalité sociale, on pourra alors envisagerpour tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits politiques égaux ». Il s'agit làd'une ascension lente et raisonnée, non seulement légitime,mais nécessaire, et nous sommes bien plus qualifiés pour prési<strong>de</strong>rà cette ascension sociale que tous les féodaux et tous lesmandarins.Il faut, en particulier, pour ce faire, combler le vi<strong>de</strong> énormequi existe dans les futurs cadres tunisiens sur le p<strong>la</strong>n technique..Il n'y a pas <strong>de</strong> spécialistes en Tunisie.. Les avocats et lesmé<strong>de</strong>cins pullulent aux Quartiers Généraux du Néo-Destour,mais on cherche encore les ingénieurs, les architectes et tousles techniciens. Or, tant pour son expansion économique quepour <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s travailleuis, <strong>la</strong> Tunisie a besoin <strong>de</strong> spécialisteset c'est à nous <strong>de</strong> les lui préparer.


11 faudrait enfin, pour assurer le maximum <strong>de</strong> développementau pays et aux individus, intégrer <strong>la</strong> Tunisie dans un ensembleéconomique nord-africain. Noire Afrique du Nord est en train<strong>de</strong> prendre une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> choix dans l'économie mondiale. Aumoment où tant d'autres prennent leurs dispositions pour s'yinstaller, sachons, <strong>de</strong> grâce, prendra les nôtres pour y <strong>de</strong>meureret y accomplir notre.travail.Si nous ne pouvons pas, pour le moment, effectuer sur le p<strong>la</strong>n'économique une intégration qui serait pourtant profitable àtous, sachons au moins assurer <strong>la</strong> coordination indispensable à<strong>la</strong>quelle on a trop peu songé jusqu'à présent. Tant que vous parlerezquestions économiques, vous aurez l'oreille <strong>de</strong> nosennemis eux-mêmes dans <strong>la</strong> Régence et ailleurs.Tout ce<strong>la</strong> veut-il dire: continuation du protectorat? Je diraiplutôt qu'il s'agit d'un protectorat secon<strong>de</strong> manière avec préparationdirecte <strong>de</strong> <strong>la</strong> co-souveraineté. Il n'y a aucunement à enrougir. Si ce<strong>la</strong> ne fait pas le compte <strong>de</strong> nos ennemis, c'estregrettable, mais il suffiit que nos amis sachent s'en réjouir.C'est pour eux en même temps que pour nous que nous travaillons.It y a un élément majeur, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil,qui fait <strong>la</strong> différence entre 1881 et 1954, c'est <strong>la</strong> présence française.Du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> nos 1SO.OOO compatriotes quivivent et travaillent là-bas, <strong>la</strong> Tunisie ne peut plus être <strong>la</strong>même. Désormais les Français <strong>de</strong> ia Régence ne sont plus uniquementFrançais, comme les Tunisiens avec qui et pour quiils ont travaillé ne sont plus exclusivement Tunisiens. La coexistencefranco-tunisienne est dorénavant un fait et rien ne pourraaller contre ce<strong>la</strong>.Il y a <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts -dans l'histoire. L'Afrique berbère n'apas toujours été arabe - et musulmane. Ce<strong>la</strong> est assez prochepour que les Berbères-s'en souvienne encore très vivement.L'autorité beylicale elle-même, si je ne me trompe, rési<strong>de</strong>aujourd'hui en <strong>la</strong> personne d'un <strong>de</strong>scendant d'un fonctionnaireturc qui, lui non plus, n'était pas spécialement invité.La France a suffisamment marqué son séjour pour que désormais<strong>la</strong> permanence <strong>de</strong> ses inlérêts et <strong>de</strong> sa participation effectiveaux affaires <strong>de</strong> l'E<strong>la</strong>t ne soit pas contestée en Tunisie.Aujourd'hui, ne soyons pas dupes. Ne nous <strong>la</strong>issons passéduire par cette démagogie, qui semblerait peut-être notremeilleure alliée <strong>de</strong> l'heure présente, mais qui serait <strong>de</strong>main,par fa même logique rigoureuse, notre plus impitoyableennemie.Monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, ne soyez pas dupe vousmême.Vous vous êtes très gravement eng'agé. En prétendantque le calme revenu dans <strong>la</strong> régence est <strong>la</strong> réponse aux concessionsque vous avez promis <strong>de</strong> faire, vous avez avoué publiquementavoir cédé à l'intimidation. En lerre d'Is<strong>la</strong>m ce<strong>la</strong> veutdire: « perdre <strong>la</strong> face ». Et ce ne sont pas les acc<strong>la</strong>mationsorchestrées qtii y changeront quelque chose.Vous vous préparez actuellement à signer <strong>de</strong>s conventions quevos interlocuteurs, par avarice, ont' dénoncées. Vous avezlivré le peuple tunisien et tons nos amis à un consortium d'extrémistesplus que sensibles aux séductions <strong>de</strong> l'clranger etqui ne connaissent en fait <strong>de</strong> démocratie que ce qu'on a appelélo « suffrage universel <strong>de</strong> fan<strong>la</strong>sia ».Au moment où, en Europe, vous voulez à tout prix prendre<strong>de</strong>s garanties contre le danger allemand, voici qu'en Afrique duNord — et en quel point stratégique ! — vous cé<strong>de</strong>z le pouvoirà ceux qui ont été les alliés <strong>de</strong> l'Allemagne, qui sont <strong>de</strong>meurésnos adversaires et, qui plus est, le proc<strong>la</strong>ment ouvertement.L'union <strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong> l'Afrique est inscrite dans le développementnormal <strong>de</strong>s événements. Je crains fort que, par <strong>de</strong>spropositions qui ont l'apparence du courage, mais, en fait <strong>la</strong>signilication <strong>de</strong> <strong>la</strong> facilité, vous n'ayez singulièrement compromis<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce que déviait y tenir l'Union française, et le rôleque <strong>la</strong> France <strong>de</strong>vrait y jouer. 1App<strong>la</strong>udissements à l'eairêmedroite.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. <strong>de</strong> Monsabert. (App<strong>la</strong>udissementsà l'extrême droite.)M. Joseph <strong>de</strong> Monsabert. Mesdames, messieurs, je regretteque le prélu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> Tunisie, il y a unequinzaine <strong>de</strong> jours, n'ait pas été saisi par le Gouvernementcomme une occasion <strong>de</strong> répondre aux questions précises quilui étaient posées. J'espère qu'il en sera différemment aujourd'huiet qu'à l'issue <strong>de</strong> ce débat ie pays, nos compatriotes <strong>de</strong>Tunisie, nos amis tunisiens, Son Altesse le Bey et, <strong>de</strong> l'autrecôté, tous ceux qui ne rêvent que <strong>de</strong> pêcher en eau troublepour nous éliminer sauront c<strong>la</strong>irement sur quoi nous comptonsfaire reposer nos <strong>de</strong>stinées en Tunisie et, plus généralement, enAfrique du Nord.Dans ma <strong>de</strong>rnière intervention j'émettais <strong>de</strong>s doutes sur ceministère <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge union nationale tunisienne qui <strong>de</strong>vait é<strong>la</strong>borer,avec nos représentants, les « compléments » — suivantle mot <strong>de</strong> noire ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes— aux traités du Bardo et <strong>de</strong> La Marsa.Aujourd'hui le doute n'est plus permis. Chacun <strong>de</strong> nos inlerrlocuteurs aura peut-être <strong>la</strong> parole plus ou moins hardie, plusou moins timorée; mais le véritable interlocuteur est celui quel'on n'appelle plus — cruelle ironie du sort! — que d'un titrebien français: le seigneur <strong>de</strong> La Ferté.La <strong>de</strong>rnière visite <strong>de</strong> M. Tahar ben Amar l'a bien prouvé,,nous allons « en Bourguiba ». Que ce soit <strong>de</strong> notre gré ou non— si non, c'est d'autant plus regrettable — 1e fait ne peut êtrecontroversé.Il est inutile <strong>de</strong> nous illusionner sur le ralentissement duterrorisme non plus que sur le prétendu enthousiasme témoigné,par exemple, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> notre rési<strong>de</strong>nt généralà Sousse. On y a sans doute crié beaucoup plus « Vive Bourguiba! » que « Vive <strong>la</strong> France ! ».Or, vous aviez dit <strong>de</strong> cet homme, monsieur le prési<strong>de</strong>nt duconseil, qu'il n'était pas susceptible <strong>de</strong> rechercher une ententesincère avec <strong>la</strong> France.Il faudra donc le convaincre ou le combattre.Cependant, déjà, <strong>de</strong>rrière lui se dresse <strong>la</strong> haine bien connued'un Sa<strong>la</strong>h ben Youssef et le chantage du Caire.Malgré les déc<strong>la</strong>rations apaisantes que l'on prête au seigneur<strong>de</strong> <strong>la</strong> Ferté, le danger subsiste d'une solution considérée par leDestour comme provisoire, l'étape <strong>de</strong> Bourguiba prenant éventuellementle nom <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Sa<strong>la</strong>h Farhat.C'est c<strong>la</strong>ns ces conditions que nous allons, dans le cadre dutraité du Bardo, discuter un p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> souveraineté interne accompagné<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>stinées à assurer <strong>la</strong> présence française.On rétorquera qu'il n'existe pas en Tunisie d'autre partiorganisé que le Destour. Je ne pense pas que l'on puissecroire qu'il y a <strong>de</strong>s partis là-bas comme en France et, en définitive,ceux" qui nous faisaient confiance n'avaient pas lieudans leur idée <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong> parti.Mais lé véritable interlocuteur, celui avec qui, à travers sesminisires, nous allons traiter, ne doit-il pas être, d'après letraité du Bardo, le Bey lui-même? Et justement il faut noteren passant le soin qu'a eu l'équipe tunisienne en p<strong>la</strong>ce d'éliminerl'entourage beylical <strong>de</strong> son conseil.Quoi qu'il en soit, si l'entente se réalise nous croirons avoirconstruit un monument définitif.En sera-t-il <strong>de</strong> même <strong>de</strong> l'autre côté ?Si nous n'y prenons gar<strong>de</strong>, si notre prestige ne reste pasassuré, si nos précautions <strong>de</strong> présence ont quelques <strong>la</strong>cunes,si nous ne gardons pas étroitement le maintien <strong>de</strong> l'ordre, leDestour, parti totalitaire à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> fasciste et hitlérienne — jecite toujours notre ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes(App<strong>la</strong>udissements sur plusieurs bancs à l'extrêmedroite) —fera, soyez-en sûrs, les élections sous <strong>la</strong> menace <strong>de</strong>smitraillettes et établira sa dictature.Le Bey sera alors soumis ou renversé et les conventions passéesavec lui considérées comme nulles.Ce sera <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième étape, celle qu'escompte le Deslour, <strong>de</strong>Bourguiba en Sa<strong>la</strong>h ben Youssef, pour conquérir <strong>la</strong> souverainetécomplète et réc<strong>la</strong>mer noire départ, peut-être avec l'appuiet les conseils <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nts alliés.Et quel est pourtant aujourd'hui encore le sentiment profonddu peuple tunisien, <strong>de</strong> nos amis d'abord, qui aiment 'notreculture et qui sentent vraiment où son|t les intérêts communsà nos <strong>de</strong>ux pays, <strong>de</strong> nos clients <strong>de</strong> toits ordres qui vivent <strong>de</strong>;ces intérêts, <strong>de</strong> nos anciens militaires 'enfin qui n'ont rien à^attendre que <strong>de</strong> nous ? ;Voilà ceux que nous risquons <strong>de</strong> rejfeter, par <strong>la</strong> peur, dans,'les rangs d'une révolte dont ils seraient les premières vie-'tinres.Vous comprendrez, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, que :nous attendions <strong>de</strong> vous aujourd'hui une déc<strong>la</strong>ration solennelle, Jdissipant toute équivoque et précisant les contours <strong>de</strong>s môles'inébran<strong>la</strong>bles autour <strong>de</strong>squels doit s'asâurer <strong>la</strong> pérennité <strong>de</strong> <strong>la</strong> i1France dans <strong>la</strong> régence.Vous ne pouvez avoir <strong>la</strong> prétention <strong>de</strong> satisfaire tous les,espoirs, mais les premiers à ne pas décevoir ne sont-ils pas jceux qui assurent pour noire autorité, et notre rayonnement,,<strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> notre œuvre civilisatrice au sein <strong>de</strong> l'unionfranco-lunisienne ?Et c'est pourquoi je mets en tête <strong>de</strong> ces môles l'établissementd'une véritable communauté franco-tunisienne. Rien <strong>de</strong> durablene peut se faire sans elle.Suivant qu'elle sera intime ou lâche, que les intérêts serontconjugués ou non, que <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s uis et <strong>de</strong>s autres pourrapc faire entendre avec <strong>la</strong> même résonance, ce sera <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration<strong>de</strong>s esprits et <strong>de</strong>s cœurs ou <strong>la</strong> haine avec toutes sesconséquences.C'est pourquoi l'on peut dire que <strong>la</strong> première condition <strong>de</strong><strong>la</strong> présence française en Tunisie, c'est <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s Français,en Tunisie.


ASSEMBLEE NATIONALE — i SEANCE DU 26 AOUT 1954 4265Je veux à ce sujet citer ce passage d'un article <strong>de</strong> L'Informationdu 5 août 1954 :« Qui peut douter que, dans les conditions actuelles, unrecul sensible en Tunisie ou au Maroc <strong>de</strong> ce q,u'on est convenud'appeler Ja présence française n'entraîne uu affaiblissementou un effacement semb<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> cette présence en Algérie,c'est-à-dire <strong>la</strong>' dislocation en chaîne <strong>de</strong> toute notre puissanced'outre-mer et notre abaissement définitif au rang <strong>de</strong>s nationsgui ne comptent plus guère sur <strong>la</strong> terre ?« Le communisme joue ici son rôle comme partout ailleursdans le mon<strong>de</strong>. Son action se conjugue à celle du pur nationalisme».Cet article est signé <strong>de</strong> notre collègue M. Marcel-EdmondNaegelen.Je peux dire qu'enlever à ce mon<strong>de</strong> arabe l'élément d'ordre,<strong>de</strong> liberté, d'humanité qu'apporte <strong>la</strong> présence européenne,c'est ramener les luttes, les rivalités internes, les guerresciviles et l'anarchie ; c'est créer ie climat idéal pour <strong>la</strong> naissanced'un communisme arabe.U serait intolérable que nos ressortissants en Tunisie ypassent pour <strong>de</strong>s protégés ou même qu'ils fassent l'objet d'unstatut privilégié. Ce qui doit être assuré, c'est leur vie encommun avec les autochtones par <strong>la</strong> part qu'ils prendront al'administration municipale et provinciale dont ils doivent rester<strong>de</strong>s animateurs.Dans le domaine <strong>de</strong> l'économie et <strong>de</strong>s finances, ils doiventparticiper à <strong>la</strong> direction sur un pied d'égalité et <strong>la</strong> Francedoit en gar<strong>de</strong>r le contrôle étroit.La garantie, <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> éventuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, <strong>de</strong>s droits,<strong>de</strong>s intérêts, <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> tous les non Tunisiens — c'està-direnon seulement les Français, mais les étrangers dontnous <strong>de</strong>vons gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> charge — doivent faire l'objet <strong>de</strong>conventions parfaitement nettes qui doivent trouver leur sécuritédans le fonctionnement normal du tribunal administratifmixte et <strong>de</strong> ses voies <strong>de</strong> recours.Je ne voudrais pas revenir, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong>sser l'Assemblée,sur les précisions que j'ai déjà <strong>de</strong>mandées dans ma précé<strong>de</strong>nteintervention.J'espère que le Gouvernement voudra bien répondre aujourd'hui,notamment en ce qui concerne l'unité <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense,<strong>la</strong> sécurité et les re<strong>la</strong>tions internationales dont nous <strong>de</strong>vonsgar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> charge exclusive, conformément, ainsi que l'a déc<strong>la</strong>réM. le prési<strong>de</strong>nt du conseil, au traité du Bardo.M. Marcel-Edmond Naegelen. Me permettez-vous <strong>de</strong> vous interrompre,mon cher collègue ?M. Joseph <strong>de</strong> Monsabert. Bien volontiers.M. Marcel-Edmond Naegelen. Je vous remercie d'avoir bienvoulu citer, â cette tribune, un passage d'un <strong>de</strong> mes articles.Je me dois cependant <strong>de</strong> faire remarquer que les phrasesque vous avez citées ont été isolées d'un long article, si longqu'il a dû paraître en <strong>de</strong>ux livraisons du journal ét que j'aiessayé <strong>de</strong> démontrer tout au cours <strong>de</strong> cet article que <strong>la</strong> présencefrançaise, que ce soit en Tunisie, au Maroc ou en Algérie,rie pouvait être maintenue que par une <strong>la</strong>rge et généreusepolitique <strong>de</strong> réformes. (App<strong>la</strong>udissements à gauche.)M. Joseph <strong>de</strong> Monsabert. Je vous remercie, mon cher collègue,et je dois vous dire qu'en ce<strong>la</strong> je partage entièrement, jecrois l'avoir déjà dit, votre manière <strong>de</strong> voir.L'armée d'Afrique, comme <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Régence,doivent rester intangibles et nous attendons que le Gouvernementcoupe court, dès maintenant, aux limitation escomptéessur le dispositif <strong>de</strong> nos forces, sur l'emploi <strong>de</strong>s contingentstunisiens ou sur l'effectif du service d'ordre.Dans l'ordre diplomatique, il doit être bien entendu: que <strong>la</strong>France conservera seule le « droit <strong>de</strong> représentation » <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie à l'égard <strong>de</strong> l'étranger et qu'elle seule, par conséquent,pourra recevoir ou promouvoir une intervention diplomatiquequelconque à son sujet; que l'O. N. U. <strong>de</strong>vra, par conséquent,rester radicalement incompétente pour traiter éventuellement<strong>de</strong>s problèmes tunisiens, si ce n'est pas <strong>la</strong> France qui les luisoumet ou si elle n'accepte pas <strong>de</strong> les voir discuter; enfin,que les consuls <strong>de</strong>s Etats étrangers ne pourront intervenir, lecas échéant, qu'auprès du rési<strong>de</strong>nt général <strong>de</strong> France sanspossibilité <strong>de</strong> recours direct auprès <strong>de</strong>s autorités tunisiennes.A propos du maintien <strong>de</strong> l'ordre, privilège qui doit être <strong>la</strong>véritable garantie <strong>de</strong> notre présence, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> commentseront organisés le recrutement, l'encadrement, le comman<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> <strong>la</strong> police et plus généralement <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> sécurité.Supposons que nous ne disposions pas librement <strong>de</strong> cesforces aujourd'hui et imaginons ce que donnerait <strong>de</strong>main unevague <strong>de</strong> terrorisme dont le feu se répandrait d'autant plusvite que l'autorité interne serait plus accentuée. La conclusiondécoule d'elle-même.On a très justement dit à cette tribune que <strong>la</strong> sécurité d«<strong>la</strong> Tunisie exigeait notre intervention pressante auprès <strong>de</strong>sinfluences extérieures qui s'y font sentir pour le plus granddanger <strong>de</strong> notre présence. Je sais qu'une démarche vientd'être faite auprès du gouvernement égyptien. J'espère que <strong>la</strong>même mesure a été prise vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libye et, au <strong>de</strong>là d'elle,auprès <strong>de</strong> l'Angleterre.Mais rien ne serait fait si nous ne mettions hors d'état <strong>de</strong>nuire nos propres ressortissants européens qui, au nom d'unemystique étrangère, mènent à l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Régence uneaction qui constitue vis-à-vis <strong>de</strong> l'intérêt supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Franceun; véritable trahison.On comprendra qu'il ne soit pas possible <strong>de</strong> limiter cetteintervention à <strong>la</strong> question tunisienne. Celle du Maroc, pourdifférente qu'elle soit, y est trop liée.repuis dix jours les événements ont pris au Maroc unetournure qui nécessite <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du Gouvernement, avant lesvacances <strong>parlementaires</strong>, une déc<strong>la</strong>ration c<strong>la</strong>ire et précise surses intentions.Il semble que, là-bas aussi, on ait tout subordonné à <strong>la</strong>recherche d'interlocuteurs prétendus « va<strong>la</strong>bles », dans l'espoir,contraire à <strong>la</strong> sagesse <strong>de</strong> La Fontaine, <strong>de</strong> satisfaire « toutle mon<strong>de</strong> et son père ».C'est ainsi qu'en pleine crise <strong>de</strong> terrorisme on a cru <strong>de</strong>voirrecourir à <strong>de</strong>s mesures dites d'apaisement. Le résultat nes'est pas fait attendre.Les troubles sang<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> Port-Lyautey ont été fomentéspar <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l'istiq<strong>la</strong>l remis en liberté.Dans <strong>la</strong> médina <strong>de</strong> Fez, un comité révolutionnaire a pris lepouvoir pendant plusieurs jours, frappant monnaie et réquisitionnant; il s'est imposé à une popu<strong>la</strong>tion terrorisée, grâce à<strong>de</strong>s formations paramilitaires agissant sous le signe du croissantrouge, avec l'appui d'équipes féminines et <strong>de</strong> services <strong>de</strong> ravitaillement.Il a fallu l'opération « képi b<strong>la</strong>nc » avec <strong>de</strong>s légionnairespour que tout rentre dans l'ordre, que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Fez,respirant enfin, puisse rouvrir ses boutiques et que les oulémasprisonniers puissent aller à Rabat libérer leur conscience.Est-ce donc parmi l'istiq<strong>la</strong>l et ceux <strong>de</strong>s nationalistes quiont partie liée avec lui que nous chercherons <strong>de</strong>s interlocuteurssous prétexte qu'ils sont les tenants <strong>de</strong> l'ancien sultan ?Qui n.î voit que l'éternel drame <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Marocs, celui dubled et celui <strong>de</strong>s villes, s'est réveillé dès que sont apparus lessignes <strong>de</strong> notre faiblesse ? Notre force et <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> notrepolitique sont pourtant les seuls gages <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> l'empire.Le bled Es Siba, le pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissi<strong>de</strong>nce que nous voulonsramener sous l'autorité du Maghzen, ne compte en réalité quesur nous pour Je maintien d'une justice dont il a le sentimentet le besoin.Mohammed ben Youssef a été chassé par l'élément le plusnombreux. Je plus dynamique <strong>de</strong> son peuple, celui où se recrutenteu majorité nos régiments <strong>de</strong> tirailleurs et nos goums,celui à qui nous sommes re<strong>de</strong>vables <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> gloire cueilliesous nos drapeaux. (App<strong>la</strong>udissements à l'extrême droite.)Si Mohammed Mou <strong>la</strong> y ben Arafa n'a pas été élu d'une façondifférente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> son prédécesseur ni <strong>de</strong>s trois sultansqui l'ont précédé, si on a pu penser un moment qu'entre <strong>la</strong>valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante berbère et l'exaltation <strong>de</strong> l'intellectuel<strong>de</strong>s villes, entre nos fidèles amis et lovaux serviteurs, d'unepart, et les séi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'étranger à <strong>la</strong> sol<strong>de</strong> du Caire, <strong>de</strong> Tangerou <strong>de</strong> Moscou, <strong>de</strong> l'autre, nous pourrions jeter un pont en obtenant.<strong>la</strong> démission <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sultans et en <strong>la</strong>issant le choix plusou moins libre d'un autre souverain aux seuls Oulémas — cequi, entre parenthèses, est contraire à toutes les coutumes —force nous est aujourd'hui <strong>de</strong> reconnaître que notre prestigeet notre autorité autant que l'intérêt du Maroc exigent quenous ne connaissions d'autre empereur que Sa Majesté SidiMohammed ben Arafa.Le retour <strong>de</strong> l'ancien sultan ou d'un <strong>de</strong> ses fils mettrait lefeu aux poudres et déclencherait <strong>la</strong> guerre civile au Maroc.(ï'rès bien! très bien! sur certains bancs à gauche.)Le premier interlocuteur va<strong>la</strong>ble, c'est le sultan actuel. Ilfaut le proc<strong>la</strong>mer bien haut. C'est avec lui que nous <strong>de</strong>vonspoursuivre l'établissement <strong>de</strong>s réformes qui doivent lui assurer<strong>la</strong> souveraineté interne dans son empire. L'opération Bourguibaserait, au Maroc, une erreur irréparable.Va-t-on dire, là encore, qu'il n'existe que <strong>de</strong>ux partis organisés,l'istiq<strong>la</strong>l et les nationalistes qui s'en servent ? S'il n'y "ena pas d'autres à nos yeux, c'est que nous voulons ignorer* nosamis. Que faisons-nous, d'ailleurs, pour soutenir l'autorité <strong>de</strong>ceux présents et à venir qui sont les meilleurs garants <strong>de</strong> notremaintien ?Autour <strong>de</strong> Ja table <strong>de</strong>s pourparlers, il y a <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce pourtous les Marocains <strong>de</strong> bonne foi, nationalistes compris, maispas pour ceux qui obéissent aux consignes <strong>de</strong> l'étranger etn'ont d'autre but que <strong>de</strong> nous chasser du Maroc.


*4266 ASSEMBLEE NATIONALE — 1'" SEANCE DU 26 AOUT 1954U est évi<strong>de</strong>nt, par ailleurs, que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> l'assemblée<strong>de</strong>vrait être à l'image du Maroc réel, c'est-à-dire celui surlequel s'appuie encore notre autorité.De sages réformes ont été instaurées l'an <strong>de</strong>rnier sur lesp<strong>la</strong>ns municipal et régional. On sait que le terrorisme en aempêché <strong>la</strong> mise en œuvre.Comment pourrait-on aller au <strong>de</strong>là tant que l'ordre n'aurapas été rétabli conformément, d'ailleurs, aux déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong>M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil ? Il ne le sera pas dans <strong>la</strong> faiblesse.I.e rétablissement <strong>de</strong> l'ordre suppose notamment le maintien• entre les mains <strong>de</strong>s caïds et pachas <strong>de</strong> leur pouvoir réglementairesous notre contrôle.U n'y aurait qu'avantage à constituer celte assemblée consultativefranco-marocaine dont notre ministre actuel exposaitdans <strong>la</strong> revue Fédération d'avril 1954 ce que <strong>de</strong>vait en être <strong>la</strong>judicieuse composition.Mais, bien plus encore que <strong>de</strong>s mesures politiques, ce quele prolétariat que nous avons créé attend, ce sont <strong>de</strong>s mesures<strong>de</strong> justice sociale dont, en définitive, nous <strong>de</strong>vrions retirer toutle bénéfice.Au Maroc, plus encore qu'en Tunisie, en raison <strong>de</strong> son économieplus riche et plus avancée, lien ne sera bâti <strong>de</strong> soli<strong>de</strong> sansune communaulé franco-musulmane susceptible <strong>de</strong> donner àcette p<strong>la</strong>que tournante du bloc franco-africain le développementcorrespondant au rôle capital qu'elle doit jouer dans <strong>la</strong> défense<strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt.Ce problème <strong>de</strong> l'évolution nécessaire (le nos protectorats, ilfaut le voir dans son ensemble, dans le cadre <strong>de</strong> l'intimeunion <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et <strong>de</strong> l'Afrique du Nord. Cette question,vitale pour nous, conditionne étroitement notre p<strong>la</strong>ce dansl'Europe, ou plutôt dans le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal, car, à l'échelled'aujourd'hui, tant du point <strong>de</strong> vue économique que du point<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, l'Europe elle-même est trop petite. Maisle "rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> France y restera considérable si elle a réalisé lesEtats unis franco-africains.Notons en passant <strong>la</strong> vocation occi<strong>de</strong>ntale que l'Histoire aimposée aux envahisseurs du Moghreb, entés sur le vieux fondberbère. Elle a été matérialisée par <strong>la</strong> nécessité d'un calife auxlimites extrêmes du Couchant. Cette vocation, c'est à nous <strong>de</strong>lui donner sa pleine réalisation.Regardons par <strong>la</strong> pensée le triangle idéal <strong>de</strong> forces queforment, enserrant <strong>la</strong> Méditerranée, notre pays et le Moghreb.La France en est <strong>la</strong> tête et le cœur; l'Afrique du Nord en estl'assise, elle-même appuyée sur toute notre Afrique noire. Cetriangle doit former, au sein <strong>de</strong> l'Union française, une communautéà part et indissoluble. Nous pourrons alors nous présenterdans une organisation européenne ou autre.Cette vue permet <strong>de</strong> dégager les gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiquenécessaire à sa réalisation : unité <strong>de</strong> l'économie pour 1avie harmonieuse <strong>de</strong> tous; unité <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique étrangère dans<strong>la</strong> marche vers l'avenir; unité <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité qui prévient lestroubles fomentés par les forces <strong>de</strong> division internes ouexternes; unité <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, enfin, qui assure <strong>la</strong> cohésion et<strong>la</strong> force pour <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> "l'ensemble.Il y a quelques jours, on a célébré le dixième anniversairedu débarquement sur les côtes <strong>de</strong> Provence, pour <strong>la</strong> libération<strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie, <strong>de</strong> l'armée française renaissante dans son arméed'Afrique et rapportant <strong>de</strong> Tunisie, <strong>de</strong> Corse et d'Italie sesdrapeaux vainqueurs.. Cette image doit rester <strong>de</strong>vant nos yeux et déterminer notrerésolution: celle <strong>de</strong> ne pas <strong>la</strong>isser détruire notre œuvre africaine,qui s'est révélée si payante, ni son instrument et sonsymbole, l'armée d'Afrique. Y toucher dans son esprit, dans saforme même, où tous s'intègrent. Français et Africains, aur/lveau <strong>de</strong> l'homme, dans sa mobilisation, enfin, ce serait sonnerie g<strong>la</strong>s <strong>de</strong> notre œuvre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.Et puisque j'ai parlé <strong>de</strong> mobilisation africaine, qu'il me soitpermis <strong>de</strong> dire qu'elle a été en 1914, en 1939 et en 1942 l'illustration<strong>la</strong> plus tangible <strong>de</strong> ce qu'est, envers et contre tout,cette communauté franco-musulmane, matérialisée par <strong>la</strong> fusion,dans les mêmes rangs, <strong>de</strong>s Français et <strong>de</strong>s musulmansd'Afrique, fusion dont <strong>la</strong> valeur se mesurait hier encore à <strong>la</strong>rupture <strong>de</strong>s lignes ennemies sur le Garigliano. (App<strong>la</strong>udissementsà l'extrême droite, à droite, au centre et à gauche )Si j'ai cru <strong>de</strong>voir évoquer ces souvenirs, c'est que je croisfermement que c'est autour <strong>de</strong> notre armée d'Afrique que nous<strong>de</strong>vons assurer <strong>la</strong> pérennité d'une œuvre qui est justement <strong>la</strong>sienne.Elle suppose le renforcement définitif <strong>de</strong> notre dispositif militaireen Afrique du Nord.Comment s'étonner du relâchement <strong>de</strong> notre aulorité quandon sait qu'au Maroc, par exemple, l'effectif <strong>de</strong> nos forces esttombé <strong>de</strong> 68.000 hommes, en 1938, à 34.000 hommes, exactement<strong>la</strong> moitié, aujourd'hui ?M. Marcel-Edmond Naegelen. A cause <strong>de</strong> l'Indochine,M. Joseph <strong>de</strong> Monsabert. Ce renforcement, il faut le réalisernotamment en Tunisie en recréant les unités dissoutes, par <strong>la</strong>pleine utilisation du service militaire tunisien obligatoire ; auMaroc, en reformant nos régiments <strong>de</strong> tirailleurs vidés <strong>de</strong> leursubstance par <strong>la</strong> campagne d'Indochine ; en Afrique, enfin, cetteterre d'élection où, seul pays au mon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> France peut setarguer d'avoir réussi <strong>la</strong> plus belle œuvre d'assimi<strong>la</strong>tion quisoit, grâce à cet esprit d'amour prêché par <strong>de</strong>s hommes commele père <strong>de</strong> Foucauld et qui a élevé jusqu'à notre niveau unpeuple qui s'était donné <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong> sa race.La vraie politique à mener au Moghreb doit s'appuyer sur nosanciens militaires musulmans dont nous <strong>de</strong>vons faire <strong>de</strong>s êtresprivilégiés et <strong>de</strong>s propagateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréhension réciproque.(App<strong>la</strong>udissements à l'extrême droite et sur divers bancsà droite et à gauchc.)M. Marcel-Edmond Naegelen. Très bien!M. Joseph <strong>de</strong> Monsabert. Mais il faut pour ce<strong>la</strong> qu'ils restentdans l'orbite <strong>de</strong> leur ancien régiment. Un régiment indigènedoit être un foyer <strong>de</strong> rayonnement et <strong>de</strong> cordiale entente.J'ouvre ici une parenthèse pour poser une question au Gouvernement.A-t-on étendu aux militaires et anciens militaires tunisiens etmarocains les mesures financières prises il y a six ans à <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> instante <strong>de</strong> M. le gouverneur général Naegelen pournos Algériens ?Un homme, un maréchal <strong>de</strong> France, qui était un grand africain,le maréchal Franchet d'Esperey a voulu mettre cette idéedans les faits, par l'organisation <strong>de</strong>s « Amitiés africaines » dontil vou<strong>la</strong>it faire l'arche d'alliance franco-musumane.Cette œuvre est à poursuivre et à développer. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>l'œuvre, nécessaire bien entendu, <strong>de</strong>s diar el Askri, il nousfaut créer <strong>de</strong>s cités, <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges, <strong>de</strong>s industries et, par <strong>la</strong>conjonction <strong>de</strong>s élites, faire triompher, enfin l'accord <strong>de</strong>sesprits et l'entente <strong>de</strong>s cœurs. (App<strong>la</strong>udissements à l'extrêmedroite, à droite et à gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Conte. (App<strong>la</strong>udissementssur divers bancs.)M. Arthur Conte. Monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, mesdames,messieurs, les radios <strong>de</strong> plusieurs Etats étrangers ont joué,durant ces <strong>de</strong>rnières années, dans les événements <strong>de</strong> Tunisie etdu Maroc, un rôle considérable et trop souvent dédaigné, notamment<strong>la</strong> radio du Caire et <strong>la</strong> radio du gouvernement <strong>de</strong> Madrid.Jusqu'à présent, aucun effort sérieux n'a été entrepris contreleur action: leur influence est, <strong>de</strong> c? fait, <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus enplus profon<strong>de</strong> et dangereuse et il est temps <strong>de</strong> s'en préoccuper.A l'origine, on ne voulut que mépriser ces voix qui, sur unton excessif, maniaient trop brutalement et sans pu<strong>de</strong>ur unfanatisme démesuré et utilisaient les procédés les plus vils <strong>de</strong><strong>la</strong> diffamation.Sans doute pensait-on qu'elles se décourageraient rapi<strong>de</strong>mentface au roc <strong>de</strong> l'amitié franco-musulmane qui venait d'êlreadmirablement illustrée par l'émouvante fidélité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux protectoratsà <strong>la</strong> France, durant <strong>la</strong> longue épreuve <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre.Sans doute pensait-on aussi qu'il y avait, <strong>de</strong> Rabat à Bizerte,<strong>de</strong> Sfax à Tiznit, assez <strong>de</strong> routes, <strong>de</strong> ponts et <strong>de</strong> barrages construitspar nos ingénieurs, assez d'écoles et <strong>de</strong> facultés animéespar nos maîtres, assez d'hôpitaux imaginés par notre humanitépour répliquer à <strong>la</strong> haine et au mensonge sans qu'il fût besoin<strong>de</strong> parler ou <strong>de</strong> combattre.M. Pierre Montel. Très bien !M. Arthur Conte. Mais les voix excessives s'obstinèrent.Elles eurent bientôt beau jeu <strong>de</strong> passionner et d'envenimerles querelles et les malentendus survenus entre les gouvernementsprotecteurs et les peuples protégés, d'exploiter à fondtoutes les- raisons <strong>de</strong> discor<strong>de</strong> éc<strong>la</strong>tant entre les élites localesavi<strong>de</strong>s d'autonomie ét <strong>de</strong>s gouvernements qui, incapables <strong>de</strong>définir et <strong>de</strong> choisir une politique, ne pensaient qu'à reculerles échéances.M. Marcel-Edmond Naegelen. Très bien !M. Arthur Conte. En s'obstinant à ne pas accor<strong>de</strong>r les réformesnécessaires et inéluctables, en jouant <strong>la</strong> comédie <strong>de</strong> promessesque l'on fait et que l'on ne tient pas, vos prédécesseursimmédiats, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, ont profondémentdécouragé <strong>de</strong>s milliers d'amis sincères...M. Marcel-Edmond Naegelen. Très bien!M. Arthur Conte. ...et n'ont fait que les inciter à écouteravec plus <strong>de</strong> comp<strong>la</strong>isance les menteurs et les diffamateurs <strong>de</strong>sradios étrangères. (App<strong>la</strong>udissements à gauche.)Depuis quelques mois, <strong>la</strong> radio du Caire et Radio-Ceutan'hésitent même plus à appeler Tunisiens et Marocains à <strong>la</strong>révolte ouverte, exhortent au terrorisme, excitent à l'assassinat.Elles savent qu'elles s'adressent à un auditoire déjà for-


[tement énervé contre nous par un sentiment très net d'injusitiee,et agissent comme si elles ne risquaient, <strong>de</strong> notre part,aucune riposte.Le premier problème qui se pose donc à nous est <strong>de</strong> savoir,ee que nous <strong>de</strong>vons faire pour obtenir le silence <strong>de</strong> ces excitateursdont l'action en Afrique du Nord est <strong>la</strong> plus néfaste <strong>de</strong>toutes.M. Vincent Badie. Très bien !M. Arthur Conte. Que comptez-vous faire ?Vous pouvez; d'abord agir plus sérieusement et avec plusd'autorité que précé<strong>de</strong>mment par voie diplomatique. Cette' action est très possible et peut être efficace auprès d'un hommeintelligent tel que le colonel Nasser. Celui-ci, à plusieurs reprisesa' fait connaître publiquement sa volonté d'établir avec <strong>la</strong>France <strong>de</strong>s rapports cordiaux. Il est donc permis <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rquelques preuves <strong>de</strong> ses excellentes intentions,. Il faut, entout cas, lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quelle est, à notre égard, <strong>la</strong> réelle politique<strong>de</strong> l'Egypte, celle <strong>de</strong> son premier ministre publiquementannoncée ou 'celte <strong>de</strong> son speaker hystérique qui encourage etexalte les gestes <strong>de</strong>s assassins.L'équivoque ne peut pas se perpétuer. Etes-vous décidé à.Intervenir fermement auprès du gouvernement du colonelNasser en lui rappe<strong>la</strong>nt, d'ailleurs, notre ferme désir <strong>de</strong> conserveravec son pays les liens d'une amitié déjà traditionnelle ?Auprès <strong>de</strong> Madrid., l'entreprise diplomatique directe est plusdifficile. Nous avons dit pourquoi elle l'était, à plusieurs reprises,du haut <strong>de</strong> celte tribune et personne ne saurait discuter <strong>la</strong>regrettable réalité <strong>de</strong>s sentiments anti-français et anti-républicainsprofonds qui animent <strong>la</strong> presse, <strong>la</strong> radio et le gouvernementmadrilènes.Les difficultés se trouvent aussi aggravées du fait <strong>de</strong>s divisionset <strong>de</strong>s désaccords désormais officiels existant entre le chef<strong>de</strong> l'Es pagne et le chef du Maroc espagnol, celui-là étant <strong>de</strong>pins en plus jaloux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> importance prise par celui-ci.Il v a une étrange surenchère entre les <strong>de</strong>ux hommes pours'approprier le bénéfice moral et politique d'un néo-impérialismeforcené qui s'est développé d'une manière étonnantedurant ces <strong>de</strong>rnières années, a fait renaître dans les cœursfranquistes le vieux rêve <strong>de</strong> Charles-Quint <strong>de</strong> régner sur l'Afriqueet qui a d'ailleurs, comme doctrinaires, l'actuel ambassa<strong>de</strong>urespagnol à Washington, M. <strong>de</strong> Areilza et l'actuel ambassa<strong>de</strong>urespagnol au Vatican, M. Castiel<strong>la</strong>, témoins et agentsd'une ambition qui ne pense plus à- cacher ni ses définitionsni ses visages.Vous parleriez en vain, auprès <strong>de</strong> ces hommes exaltés, <strong>de</strong> l'impérieusenécessité, à <strong>la</strong>quelle nous tenons tous, <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidaritéfranco-espagnole telle que <strong>la</strong> comprenaient ie gouvernement <strong>de</strong><strong>la</strong> République et même les <strong>de</strong>rniers rois espagnols. {App<strong>la</strong>udissementsà (fttuehe.)Enfin le personnage qui dirige en fait l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiqueétrangère espagnole, qu'il faut considérer comme beaucoupplus important qu'Artajo et Lequerica, le secrétaire d'Etatà <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil Carrero B<strong>la</strong>nco, encore qu'il doivesa vie à <strong>de</strong>s Français, est un ennemi <strong>de</strong> notre pays, et c'estlui qui, sous les ps'eudonymes <strong>de</strong> Juan <strong>de</strong> La Cosa, <strong>de</strong> Macau<strong>la</strong>yet d'H-ispanicus, oriente <strong>la</strong> presse et <strong>la</strong> radio espagnoles, animel'offensive <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> contre <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne à propos<strong>de</strong> Gibraltar et contre <strong>la</strong> France à propos <strong>de</strong> l'Afrique du Nord.Préférant le refuge <strong>de</strong> son bureau à l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong>s manifestationspubliques, avant en mains <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong>s services secrets et<strong>de</strong> toute l'information, inspirateur et créateur du fameux séminaired'étu<strong>de</strong>s du mon<strong>de</strong> arabe, qui est, en fait, le bureau oùl'on étudie constamment l'évolution, <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique dans lemon<strong>de</strong> méditerranéen et auquel col<strong>la</strong>borent les ambassa<strong>de</strong>ursespagnols dans tous les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligue arabe et <strong>de</strong>s hommespassionnés, ultranationalistes intolérants comme Xavier Con<strong>de</strong>,directeur <strong>de</strong> l'institut d'étu<strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pha<strong>la</strong>nge, Navascuis,sous-secrétaire d'Etat <strong>de</strong>s affaires étrangères, et Rornojaro,vice-secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pha<strong>la</strong>nge, Carrero B<strong>la</strong>nco mettra toujoursen gar<strong>de</strong> son gouvernement contre une politique <strong>de</strong>sagesse et d'apaisement à notre égard.Ne comptez donc pas trop sur l'action <strong>de</strong> votre ambassa<strong>de</strong>.Vous penserez, peut-être, à faire infervenir les représentantsd'une puissante nation amie, qui sont bien en cour auprès duPardo, actuellement, et ont <strong>de</strong>s moyens que nous n'avons pasd'obtenir certaines audiences. Vous pouvez le faire s'il estvrai que ces amis sont réellement désireux <strong>de</strong> nous faciliter<strong>la</strong> tâche en Afrique du Nord; mais je doute que <strong>la</strong> diplomatieindirecte puisse être plus heureuse, auprès du fanatisme, que<strong>la</strong> 'diplomatie directe.Vous serez alors obligé d'envisager votre second moyend'action. Si raison ne peut êlre entendue, votre <strong>de</strong>voir est <strong>de</strong>riposter avec virilité, sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> notre propre radio, à <strong>de</strong>scampagnes qui font trop <strong>de</strong> mai à <strong>la</strong> noble et humaine causeque nous voulons servir. (App<strong>la</strong>udissements à gauche.)Si le speaker du Caire n'est pas remp<strong>la</strong>cé par plus raisonnable,pourquoi ne pas créer chez nous une voix <strong>de</strong> l'Egvptelibre qui dirait, plusieurs fois par semaine, au mon<strong>de</strong>*, àl'Afrique du Nord et à l'Egypte elle-même le régime <strong>de</strong> misèreoù un gouvernement <strong>de</strong> force maintient le pavsan égyptien ?(App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur quelques bancs à l'extrêmedroite.)Pourquoi ne pas révéler toutes les servitu<strong>de</strong>s et toutes lessouffrances, indignes d'une civilisation, maintenues dans unpays qui voudrait donner impu<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> leçon ? Pourquoine pas créer sur nos propres antennes une voix <strong>de</strong> l'Espagnelibre, une voix <strong>de</strong>s patriotes espagnols exilés (App<strong>la</strong>udissementssur les mêmes bancs), <strong>de</strong>s Basques et <strong>de</strong>s Cata<strong>la</strong>ns persécutés,une voix qui ne cacherait rien <strong>de</strong> ia servitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>l'ignorance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère où un dictateur maintient soapeuple et <strong>la</strong> zone marocaine confiée à sa protection, une voixqui dirait <strong>la</strong> vérité sur les prétendues réformes généreuses et<strong>la</strong> prétendue autonomie promise à Ceuta, Laracbe et Tetouan.Quelle est, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, votre pensée surce point ?Mais il <strong>de</strong>meure que le meilleur moven <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>rl'amitié franco-musulmane est <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratiquer, lovalement etsinccrement. La sincérité appellera <strong>la</strong> sincérité et c'est l'amitiéqui comman<strong>de</strong>ra seule l'amitié. La politique d'amitié en Tunisieet au Maroc est <strong>la</strong> seule qui puisse rendie vaines les paroles<strong>de</strong> nos diffamateurs.N'ous approuvons votre politique en Tunisie dans <strong>la</strong> mesuremême où vous vous réc<strong>la</strong>mez d'un tel principe. Il serait eneffet trop périlleux <strong>de</strong> penser agir <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranéeselon les thèses révolues du dix-neuvième siècle. L'exempledu Gommonvvealth britannique n'eneeigue-t-il pas qu'àl'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> force doit succé<strong>de</strong>r l'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité ?Il serait vain et odieux d'avoir inscrit <strong>la</strong> générosité humainedans notre Constitution et <strong>de</strong> ne pas <strong>la</strong> pratiquer dans les faitset à <strong>la</strong> face <strong>de</strong> l'Histoire.M. Lucien Coffin. Très bien !». Arthur tonte. Votro tâche, certes, est beaucoup plus difficileau Maroc. Berbères et Arabes, caïds du Sud et oulémas duNord, partisans du sultan exilé et amis du sultan en p<strong>la</strong>ce, cavaliersdu G<strong>la</strong>oui et foules mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s médinas vreprésentent <strong>de</strong>ux civilisations face à face. Le Maroc est partagéen <strong>de</strong>ux par une frontière <strong>de</strong> passions et c'est nous qui, jusqu'àprésent, en avons préservé Ja paix et l'unité.Il sera difficile <strong>de</strong> trouver une solution satisfaisante, à <strong>la</strong> fois,ipour un moyen âge qui persévère au Sud et un prolétariatindustriel qui prend conscience <strong>de</strong> ses forces et <strong>de</strong> son dvnamismedans le Nord.Le hasard <strong>de</strong>s événements et <strong>de</strong>s personnalités a aussi faitque le Maroc qui résista jadis avec le plus d'acharnement à <strong>la</strong>pacification nous voue aujourd'hui un attachement indiscutableet que les villes qui nous accueillirent avec joie paraissentmaintenant les plus sensibles à certains appels.Le problème religieux et dynastique marocain est complexe;le .problème politique l'est autant, du fait <strong>de</strong> Ja nature autocratiqueet raciste du parti <strong>de</strong> l'istiq<strong>la</strong>l.Nous ne mésestimons pas les immenses difficultés que vousrencontrez et nous ne chercherons pas, par une étu<strong>de</strong> plus précise,par <strong>de</strong>s conseils trop rigi<strong>de</strong>s, à compliquer <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong>votre ambassa<strong>de</strong>. L'essentiel, pous nous, est <strong>de</strong> sauver l'espritd'une fraternelle union franco-musulmane.Nous nous confronterons <strong>de</strong>main sur les chances européennes.Nous connaissons bien les conditions dont dépend l'existenced'une Europe: rétablissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> s.inté économique <strong>de</strong><strong>la</strong> France, rééducation politique <strong>de</strong> l'Allemagne, participationplus active <strong>de</strong> l'Angleterre. Mais l'Europe n'existera surtout passi elle ne sait pas s'appuyer sur une Afrique amie et étroitementliée à ses <strong>de</strong>stins. « L'Europe n'est que le cap <strong>de</strong> l'Asie »,disait amèrement Paul Valéry; mais elle est aussi et surtout<strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l'Afrique.S'il est vrai que nous nous trouvons au carrefour <strong>de</strong>s plusgrands choix et puisqu'il n'est pas discuté que <strong>la</strong> France, etl'Europe avec elle, se trouvent aujourd'hui à l'affleurement <strong>de</strong>smon<strong>de</strong>s, n'oublions jamais <strong>la</strong> nécessité — vitale pour tous lesFrançais et pour tous les Européens — <strong>de</strong> nous lier aux Africainspar une amitié durable, fidèle et loyale.Le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, qui conditionne le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> l'Europe,est attaché au <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> ses amitiés africaines. (App<strong>la</strong>udissementsà gauche et sur divers bancs à droite et à l'extrêmedroite.)N, le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Fonlupt-Esperaber.M, Jacques FoHlupt-Esperaber. Mesdames, messieurs, en<strong>de</strong>mandant à interpeller le Gouvernement, non seulement sursa politique tunisienne, mais sur les principes dont il entends'inspirer dans <strong>la</strong> solution <strong>de</strong>s très graves problèmes qui seposent en Afrique du Nord, je n'ai pas évi<strong>de</strong>mment entenduétablir je ne sais quelle confusion entre les questions qui se


4268 ASSEMBLEE NATIONALE — 1 SEANCE DU 26 AOUT 1954posent d'une façon bien précise dans nos protectorats et cellesqui peuvent se poser dans nos provinces d'Algérie. J'ai voulumarquer qu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s formules, e/-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s solutions techniquesse posent toujours <strong>de</strong>s problèmes humains sur lesquelsje reviendrai tout à l'heure.En ce qui concerne les protectorats, il est une erreur à<strong>la</strong>quelle il me semble qu'il faille définitivement renoncer :savoir qu'on ne résout pas les problèmes en remp<strong>la</strong>çant lesJiommes.Les changements successifs <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts, avec leurs qualitésira leurs insuflisances diverses, ne résout rien. Certes, il futun temps où le problème se posait autrement; mais le <strong>de</strong>stin,si généreux qu'il puisse être pour nous, n'a [>as multiplié lesLyautey et les Cambon et notre politique, qui a perdu beaucoup,à notamment perdu, je le crains, pour les hautes fonctionspolitiques, Je sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée.Faut-il rappeler que Paul Cambon est resté quatre ans enTunisie, que Picbon y est <strong>de</strong>meuré plus <strong>de</strong> cinq ans, queIteué Millet et Lucien "Saint y ont passé plus <strong>de</strong> sept ans et,enfin, que ce très grand fonctionnaire qu'était M. A<strong>la</strong>petite yresta près <strong>de</strong> douze années ?Lorsqu'on est présent, lorsqu'on est durable, dans <strong>la</strong> mêmemesure que les fonctionnaires qui vous sont subordonnés, ily a quelques chances, si <strong>la</strong> discipline <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction publiquesubsiste encore, que l'on soit obéi. Lorsqu'on est instable,lorsque les fonctionnaires qui vous sont subordonnés peuventspéculer impunément sur votre départ, certains <strong>de</strong> vous survivre,comment voulez-vous qu'on soit obéi ?Il rie suffit pas, d'ailleurs, que les rési<strong>de</strong>nts, les gouverneurssoient obéis; il faut qu'eux-mêmes sachent obéir, se conformerà une doctrine, à une politique; car le temps est passé <strong>de</strong>simprovisations, qui étaient admissibles .lorsqu'elles étaient lefait d'hommes longtemps attachés aux mêmes postes etconnaissant généralement mieux que leurs ministres <strong>la</strong> situationréelle du pays qu'ils administraient.Il manque à nos ministres l'autorité réelle. L'un d'eux, l'un'<strong>de</strong>s meilleurs, dans un article qui, en mars 1952, fit quelquebruit, rappe<strong>la</strong>it comment un ministre pouvait ne pas être obéi.Je me trouvais à Tunis en mars 1952. Je me souviens quefurent, à ce moment, arrêtés <strong>de</strong>s ministres sans que le ministrefrançais responsable en ait donné l'ordre et même en ait étépréa<strong>la</strong>blement informé.A <strong>la</strong> vérité, une faiblesse est trop évi<strong>de</strong>nte: jamais, <strong>de</strong>puislongtemps, ni le Gouvernement, ni le Parlement, ni même— sauf une exception récente dont je me félicite — <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s affaires étrangères n'ont su définir une politique.Souvenez-vous <strong>de</strong> ces séances du mois <strong>de</strong> juin 1952 où, dansquinze scrutins, dont douze scrutins publics, il ne s'est trouvéici aucune majorité capable d'imposer une doctrine. Or, sansdoctrine, il n'y a pas, évi<strong>de</strong>mment, <strong>de</strong> politique.Pour arrêter une politique, différentes conditions sont nécessaires.Il faut d'abord dresser le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l'activité passée,dans son actif mais aussi dans son passif; il faut établir lespossibilités matérielles et juridiques dont on dispose; il fautsavoir quels buts on veut atteindre. Il faut, enfin, choisir lesinterlocuteurs utiles.Le bi<strong>la</strong>n a souvent été <strong>la</strong>it. A <strong>la</strong> vérité, ce qui a été surtoutsouligné, c'est l'actif, ce qui, dans une comptabilité industrielle,serait considéré comme particulièrement fâcheux. Cetactif est réel et, sans vain orgueil, <strong>la</strong> France a le droit d'êtrefière <strong>de</strong> ce qu'elle a apporté en Afrique du Nord. (App<strong>la</strong>udissementsau centre.)Elle a apporté une indiscutable prospérité économique, donton peut regretter, cependant, qu'elle n'ait bénéficié qu'à lineminorité. Elle a apporté aussi un progrès démographique quin'est pas sans péril, mais qui indique que nous avons accompli,du point <strong>de</strong> vue cle <strong>la</strong> santé et cle l'hygiène publiques, un effortqui, <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce, n'aurait pas été fait sans nous.Il y a à notre actif d'autres éléments qu'on oublie quelquefois,que nos interlocuteurs nord-africains oublient encore plusvolontiers que nous. S'il y a en Afrique du Nord, dans les cfeuxprotectorats, <strong>de</strong>s souverainetés réelles, si les chefs d'Etat nesont pas seulement les maîtres d'une partie <strong>de</strong> leur pays, mais<strong>de</strong> sa totalité, c'est tirés manifestement à notre présence qu'ilsJe doivent; car il est bien permis <strong>de</strong> tlire que, sans <strong>la</strong> puissanceprotectrice, il n'y aurait pas, en Afrique du Nord, <strong>de</strong> véritablesEtats. (App<strong>la</strong>udissements au centre.)Nous avons le droit <strong>de</strong> nous souvenir <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>; et nous avonsle droit <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à nos interlocuteurs <strong>de</strong> bonne foi <strong>de</strong> s'ensouvenir, eux aussi.Un autre apport est notre fait, en Afrique du Nord. C'est ànous qu'est dû, à l'intérieur <strong>de</strong> frontières ainsi définies, auMaroc et surtout en Tunisie, l'éveil d'une conscience nationale.L'idée <strong>de</strong> nationalité est étrangère à l'Is<strong>la</strong>m traditionnel. LeMusulman a une gran<strong>de</strong> patrie : l'Is<strong>la</strong>m lui-même,M. Saïd Mohamed Cheikh. C'est exact.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Mais, dès qu'il passe d'un territoireà un autre, automatiquement il est traité comme le sujetdu souverain musulman du nouveau territoire.Nous avons appris aux Musulmans <strong>de</strong> Tunisie ce qu'est unpeuple, ce qu'est un Etat et presque une nation. Ce<strong>la</strong> aussi està notre actif, encore que, peut-être, il nous en ait parfois coûtéassez cher.En face <strong>de</strong> cet actif, il y a, hé<strong>la</strong>s! <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce, commedans tout bi<strong>la</strong>n, un passif. Il est inévitable, l'un commandantl'autre, qu'à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière il y ait <strong>de</strong>s ombres. Deux pointsdoivent retenir, à cet égard, nolreattenlion. D'abord le fait quenous avons été portés à admettre comme un dogme indiscutable— j'al<strong>la</strong>is dire: comme un dogme sacro-saint — notresupériorité en toutes choses.U y a dans <strong>la</strong> mentalité <strong>de</strong> certains, non seulement un orgueilqui, parfois, frise le ridicule, mais encore un dédain, voire unmépris.Lorsque je rencontre certaines gens dont <strong>la</strong> culture me paraîtmo<strong>de</strong>ste et que je me souviens que, du VII e au XII e siècle, surtous les terrains du savoir humain, l'Is<strong>la</strong>m, <strong>la</strong> civilisation arabea été <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong> l'humanité, je suis vraiment un peuhumilié par <strong>la</strong> sottise <strong>de</strong> quelques-uns.Reconnaissons nos mérites, reconnaissons nos supérioritéssur certains p<strong>la</strong>ns, reconnaissons que, dans ces popu<strong>la</strong>tionsnord-africaincs, et parfois ailleurs, il est, à côté d'hommes d'unevaleur indiscutable, <strong>de</strong>s individus dont <strong>la</strong> valeur est moindre.C'est entendu. Mais, mépriser ces popu<strong>la</strong>tions c'est être, à <strong>la</strong>fois, inintelligent et — ce qui me paraît plus grave encore — profondémentinjuste.Deuxième grief: à <strong>la</strong> fois parce que nous étions puissants etque nous nous croyions supérieurs, notre politique qui auraitdû être une politique <strong>de</strong> contrôle, est <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus en plusuîie ipolitique d'administration directe. Je dirai d'un mot qu'aulieu d'être, comme c'est <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et, par conséquent,dans une certaine mesure, <strong>la</strong> mission <strong>de</strong>s Français,<strong>de</strong>s éveiileurs d'hommes, <strong>de</strong>s éveilleurs d'intelligences, ceuxqui créent autour d'eux <strong>la</strong> vie chez autrui, nous avons été,au sens le plus étroit, voire le plus mesquin du mot, <strong>de</strong> purset simples administrateurs, tatillons et parfois sans gran<strong>de</strong>ur.Ce bi<strong>la</strong>n étant établi, où sans doute <strong>la</strong> lumière surpasse l'ombre.quels sont les moyens <strong>de</strong> notre action ?En ce qui concerne <strong>la</strong> Tunisie dont je parlerai tout particulièrement,les moyens <strong>de</strong> notre action sont inscrits — commed'ailleurs pour le Maroc — dans les traités qui sont le fon<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> nos droits et en fixant <strong>la</strong> mesure et les limites.Tout d'abord, ces traités reconnaissent d'une façon indiscutableet évi<strong>de</strong>nte <strong>la</strong> souveraineté locale — <strong>la</strong> souveraineté dubey dans le cas qui m'occupe.£e fait même <strong>de</strong> signer un traité avec quelqu'un est <strong>la</strong> reconnaissance<strong>de</strong> sa qualité <strong>de</strong> souverain.L'engagement que nous avons pris dans le traité du Bardo<strong>de</strong> garantir l'application <strong>de</strong>s traités existants entre <strong>la</strong> régenceet les pays européens est une <strong>de</strong>uxième reconnaissance.Aussi bien, jamais, à aucun moment, aucune <strong>de</strong> nos juridictions,qu'elle soit administrative ou judiciaire, n'a contesté<strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> cette souveraineté qui, d'ailleurs, s'arfirme parce qui constitue les attributs essentiels cle <strong>la</strong> souveraineté.Le bey <strong>de</strong> Tunis — lui ou les organes qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> lui— légifère, rend <strong>la</strong> justice, prélève l'impôt. A-t-il le g<strong>la</strong>ive 1Je n'en sais rien, je n'en suis point sûr; nous le portons àsa p<strong>la</strong>ce.Mais,' sans doute, à côté <strong>de</strong> cette souveraineté jamais contestée,nos droits existent.Us existent sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté extérieure. Jen'insiste pas, <strong>la</strong> question est trop connue.Nous avons <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> notre armée sur le territoire.Oh! sans doute, en vertu d'une c<strong>la</strong>use qu'il ne faut pas lired'une façon trop méticuleuse, car <strong>la</strong> présence était considéréecomme provisoire et <strong>de</strong> sécurité.Nous avons <strong>la</strong> représentation diplomatique. Nous avons <strong>la</strong>présence du rési<strong>de</strong>nt.Nous avons, enfin, par le traité <strong>de</strong> 1a Marsa, le droit, nonpas d'opérer nous-mêmes <strong>de</strong>s réformes, mais d'imposer au beycertaines réformes, auxquelles — les termes figurent dans letraité — il « s'engage à procé<strong>de</strong>r ».Ainsi, nous avons maintenu <strong>la</strong> souveraineté du bey, maisnous sommes <strong>de</strong>venus, dans une <strong>la</strong>rge mesure, son conseilnécessaire, voire, selon une interprétation parfois un peu poussée,son conseiller autoritaire. D où il n'y a pas lieu — n'endép<strong>la</strong>ise à un <strong>de</strong> mes très éminents contradicteurs — mémolorsqu'on a l'esprit juridique, <strong>de</strong> déduire je ne sais quellecosouveraroelé franco-tunisienne.Dans aucun texte, dans aucun document, dans aucune déc<strong>la</strong>ration,dans aucune affirmation du pouvoir politique français,jamais cette formule ne s'est trouvée, même si l'on a ipurelever, dans .certains documents, quelques ma<strong>la</strong>dresses <strong>de</strong><strong>la</strong>ngage.


Le seul qui ait employé cette expression — ou une expression' équivalente — est" S'tdi-Lainine Bey lui-même, lorsque,installé à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Moncef Bey, en mai 1913, il a évoqué« <strong>la</strong> souveraineté indivisible » <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynastiehusseiriite.Je ne me charge pas — ne fût-ce que par discrétion — <strong>de</strong>résoudre <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si son discours était <strong>de</strong> soncru ou s'il était l'œuvre <strong>de</strong> celui qui l'instal<strong>la</strong>it. En tout cas,jamais <strong>la</strong>. France n'a tenu ce <strong>la</strong>ngage. Seul, le Bey lui-mêmel'a tenu.Mesdames, messieurs, ce n'est pas là une simple querellejuridique dont je m'excuserais. Je considère que les constructionsjuridiques doivent être utiles. Vous savez bien que lejuriste, lorsqu'il se trouve <strong>de</strong>vant un certain nombre <strong>de</strong> faitsque ne relie aucune apparence <strong>de</strong> doctrine ou <strong>de</strong> théorie, n'hésitepas à créer <strong>la</strong> théorie nécessaire pour expliquer les faits.C'est d'ailleurs parfaitement normal. Encore faut-il que ce<strong>la</strong>soit nécessaire.Cette idée est venue à certains juristes, en ce qui concerne <strong>la</strong>cosouveraineté, pour <strong>de</strong>ux raisons.Il a fallu expliquer <strong>la</strong> présence en Afrique du Nord <strong>de</strong>s tribunauxfrançais qui ren<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> justice, dans certaines conditionset pour certains ressortissants.Il a fallu expliquer aussi <strong>la</strong> possibilité pour le rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>prendre certains arrêtés qui ont force <strong>de</strong> loi.Il suffit d'ouvrir le traité c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion coloniale dudoyen Giraud, qui fait autorité — ce traité a d'ailleurs étéremis à jour par un autre doyen, M. Milliot, qui a été directeur<strong>de</strong>s affaires indigènes au gouvernement général <strong>de</strong> l'Algérie;c'est dire qu'il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus stricte orthodoxie — pour constaterque nos tribunaux sont tout simplement <strong>la</strong> continuation<strong>de</strong>s juridictions consu<strong>la</strong>ires qui existaient en pays <strong>de</strong> capitu<strong>la</strong>tion'.etque si leur compétence s'est étendue à d'autres ressortissantsque les Français ou les protégés français, c'est en vertu<strong>de</strong> traités explicites avec certaines puissances étrangères.Quant à l'autorité du rési<strong>de</strong>nt, rappelons simplement que sesarrêtés ne sont applicables qu'aux seules matières qui concernentles Français et que, là aussi, il exerce, toujours d'après <strong>la</strong>même doctrine, un droit <strong>de</strong> réglementation qu'il ne tient pas<strong>de</strong> s'a qualité <strong>de</strong> dépositaire <strong>de</strong>s pouvoirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiquefrançaise, mais <strong>de</strong> l'héritage <strong>de</strong>s consuls, chefs <strong>de</strong> <strong>la</strong> nationfrançaise en pays <strong>de</strong> capitu<strong>la</strong>tion.Cette doctrine pouvait être simplement inutile. Je rappelled'ailleurs, en passant, car le fait n'est pas sans intérêt, ques'il est vrai que les tribunaux français ont été institués par uneloi française <strong>de</strong> 1883, votée par les assemblées françaises, cetteloi — ce qui est une soli<strong>de</strong> confirmation <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong>seule souveraineté du bey — a été promulguée en Tunisie pardécret bevlical.Si cette îhéorie était seulement inutile, je ne me serais paspermis <strong>de</strong> revenir sur une question où l'on m'a reproché d'apporterun scrupule juridique excessif. Mais cette théorie n'estpas seulement inutile; elle est, à mon avis, gravement dangereuse.Pourquoi ? Parce qu'elle est à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> cette prétention que.nous avons eue d'exercei en Tunisie une administration directepar <strong>la</strong>quelle nous avons étouffé ie développement progressif<strong>de</strong>s institutions locales et aussi parce qu'elle est à <strong>la</strong> base <strong>de</strong><strong>la</strong> prétention à <strong>de</strong>s droits politiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion française,prétention qui n'aurait jamais pu êlre formulée si l'on n'avaitpas é<strong>la</strong>boré cette théorie singulière d'une souveraineté divisée.Enfin — et c'est peut-être l'aspect sous lequel ce<strong>la</strong> est <strong>de</strong>venuplus dangereux — cette cosouveraineté prétendue — oh! prétendued'une façon très vague; vous vous souvenez <strong>de</strong> <strong>la</strong> lettredu 15 décembre à <strong>la</strong>quelle on donna cette interprétation — estprécisément ce qui nous a créé vis-à-vis <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions autoch-.tones les pires difficultés et qui a creusé le fossé entre elleset nous.Voilà donc nos droits.En tendant vers quelles réalisations <strong>de</strong>vons-nous agir ? End'autres termes, quel doit être le but <strong>de</strong> notre politique ?Par définition, le protectorat est une sorte <strong>de</strong> tutelle — d'autresdiront que c'est une. curatelle — qui pouvait préparer sansdoute une annexion. Je pense que certains <strong>de</strong> ceux qui ontratifié le traité du Bardo — non pas tous — en avaient quelquepeu l'espoir.En fait, ce protectorat <strong>de</strong>vait et doit actuellement conduired'une façon indiscutable à <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité dupupille qui nous a été un moment confié.A <strong>la</strong> vérité, il suffit d'interroger notre passé, ou plus mo<strong>de</strong>stement<strong>la</strong> Constitution que nous avons votée: aux territoiresd'outre-mer qui n'ont pas <strong>la</strong> souveraineté, nous avons promis<strong>de</strong> les conduire à <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> s'administrer eux-mêmes et <strong>de</strong>gérer démocratiquement leurs intérêts.Comment pourrions-nous refuser le même droit à <strong>de</strong>s Etatssouverains, qui sont simplement dans <strong>la</strong> mouvance françaisepar le jeu <strong>de</strong> traités <strong>de</strong> protectorat ?Les heures difficiles <strong>de</strong>vaient venir inévitablement. Elles viennenttoujours, et ce serait illusion <strong>de</strong> croire qu'elles peuventne pas venir. J'en appelle aux éducateurs, ou plus simplementaux pères <strong>de</strong> famille: il est toujours une heure où l'on s'aperçoitque ses fils ont grandi.C'est ce qui nous est arrivé en Tunisie et qui nous arriveen ce moment au Maroc. 1920 a vu l'apparition du Destour,1934 celle du Néo-Destour, les <strong>de</strong>ux réc<strong>la</strong>mant un régime constitutionnel,une assemblée élue à pouvoirs budgétaires. Enréalité, <strong>la</strong> différence entre les <strong>de</strong>ux mouvements est celle quiexiste entre les jeunes et les vieux, enlre <strong>de</strong>s gens dont <strong>la</strong>conception du pouvoir est plus théocratique —"c'est le casdu vieux Destour, dont le recrutement était d'ailleurs plusbourgeois — et <strong>la</strong> jeune génération qui n'a pas tout à fait lesmêmes idées ou, si vous préférez, les mêmes préjugés, qui estdavantage orientée vers une certaine <strong>la</strong>ïcité <strong>de</strong> l'Etat et qui,surtout, est plus instruite que <strong>la</strong> génération précé<strong>de</strong>nte, quireprésente l'intelligentsia au lieu <strong>de</strong> représenter simplement <strong>la</strong>fortune.Mais <strong>de</strong> quoi nous p<strong>la</strong>ignons-nous ? Cette évolution est notreœuvre.L'instruction que nous, avons apportée à ces peuples, le développementéconomique qui a créé un prolétariat ayant volonté<strong>de</strong> s'organiser et s'est, en partie, organisé sur le "terrain syndical,cet éveil <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience nationale, c'est tout ce<strong>la</strong> qui està l'origine <strong>de</strong> difficultés qui sont <strong>la</strong> conséquence même <strong>de</strong>noire action et dont il est difficile <strong>de</strong> comprendre qu'on ne s'y.soit pas attendu.A vrai dire, il est arrivé que certains aient compris. Ainsi, le2 février 1922, dans cotte enceinte, était déposé une proposition,<strong>de</strong> résolution dont je crois <strong>de</strong>voir rappeler les termes, car ilsmontrent combien sont liés les problèmes que nous tentonsaujourd'hui <strong>de</strong> résoudre.« Le Gouvernement est invité à prendre les mesures nécessairespour qu'il soit sursis à l'émission <strong>de</strong> l'emprunt tunisienjusqu'au jour où le Gouvernement français, d'accordavec le bey <strong>de</strong> Tunis, souverain régnant, accor<strong>de</strong>ra au peupletunisien une charte institutionnelle basée sur le principe <strong>de</strong><strong>la</strong> séparation <strong>de</strong>s pouvoirs, avec une assemblée délibéranteélue au suffrage universel, à compétence budgétaire étendue,et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle le gouvernement local sera responsable <strong>de</strong>sa gestion sans que cette responsabilité puisse excé<strong>de</strong>r leslimites <strong>de</strong>s questions d'intérêt purement local. »Quels étaient donc ces révolutionnaires d'extrême gauche quiapportaient ainsi cette motion singulière ? Je ne citerai quequelques noms. Dans cette liste figurent mon ami le pasteurSoulié, le colonel Girod, M. Painlevé, le colonel Picot, M. Maurice<strong>de</strong> Rotschild, M. Joseph Barthélémy, M. Bénazet, M. PaulEscudier, M. Gounouilhou et M. Maurice barrés. Singuliers révolutionnairessans doute, mais hommes qui, ayant ie sens national,avaient <strong>la</strong> vision <strong>de</strong> l'avenir et dont les yeux n'étaient,ipas uniquement fixés sur le présent !Nous sommes en train <strong>de</strong> courir pour rattrapper ces révolutionnairesqui n'ont point réussi.Le risque qui se présente à nous est le suivant : il est <strong>de</strong>sréformes qui auraient gagné à êke faites progressivement,étape par étape; pour avoir trop longtemps hésité, nous voilàobligés — et il ne peut pas en être autrement — <strong>de</strong> 'brûlerles étapes et <strong>de</strong> réaliser dans un dé<strong>la</strong>i plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réformesqui eussent pu être progressives.Encore faut-il définir les buts à atteindre. Ce<strong>la</strong> exige d'abordune affirmation. Je l'ai déjà entendu faire à cette tribune etje suis heureux que, sur ce point, nous soyons d'accord dansune certaine mesure: il n'y a que <strong>de</strong>ux interlocuteurs dans ledialogue, <strong>la</strong> France et <strong>la</strong> Tunisie. Il n'y en a pas d'autre.Ce<strong>la</strong> signifie tout d'abord que nous ne saurions reconnaîtreen aucune mesure, sous aucun prétexte, par aucune habileté,l'interférence <strong>de</strong>s prétentions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue arabe et pas davantageles prétentions <strong>de</strong> nos amis et alliés, qui sont nos amis etalliés mais qui, en aucune manière, ne peuvent déterminernotre politique. (App<strong>la</strong>udissements au centre el sur diversbancs.)J'ajoute — et là-<strong>de</strong>ssus l'accord sera moins entier, alorsqu'il <strong>de</strong>vrait, à mon avis, exister également, car c'est le bonsens même : il n'y a d'interlocuteurs que <strong>la</strong> Tunisie et <strong>la</strong>France, <strong>la</strong> France, et non pas les Français habitant <strong>la</strong> Tunisiequi ont droit à notre protection, à notre garantie, à notre appui,mais qui ne sont pas les interlocuteurs d'un Gouvernementétranger et qui ne sauraient l'être.Le but à rechercher entre nous et <strong>la</strong> Tunisie est d'abord —je pense que les Tunisiens eux-mêmes ne s'en indignerontpas tant ce<strong>la</strong> me paraît évi<strong>de</strong>nt — <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> absolue <strong>de</strong>s


Sur ces <strong>de</strong>ux points d'ailleurs, connaissant beaucoup <strong>de</strong>Tunisiens musulmans, j'ai <strong>la</strong> conviction que l'accord est facileet déjà fait.Deuxième but: le développement <strong>de</strong>s institutions politiquestunisiennes. Une certaine consultation fit du bruit, il y aquelque trente ans, consultation d'un homme pour qui j'aipolitiquement une hostilité profon<strong>de</strong> —et peut-être un peu plus— mais qui était un grand juriste. C'est Joseph Barthélémy,qui affirmait que « <strong>la</strong> réforme constitutionnelle peut êtreréalisée <strong>de</strong>main en Tunisie par accord entre <strong>la</strong> France et lebey » et que « <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> cette réforme ne contrediraiten" aucune manière le régime du protectorat. »intérêts supérieurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, dont les intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisiene sont d'ailleurs point séparables mais, au contraire, entièrementsolidaires.La sécurité et <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie, c'est à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong>défense du pays tunisien et <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dansl'ensemble <strong>de</strong> ses territoires, c'est aussi <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> l'Europeet du mon<strong>de</strong> libie. Sur ce point il n'y a ni transaction, niconcession possible. Ce<strong>la</strong> doit être dit <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon ia plusnette, <strong>la</strong> plus ferme et <strong>la</strong> plus c<strong>la</strong>ire.Que ferions-nous <strong>de</strong>main, Malte n'ayant plus qu'une valeurpurement symbolique, si nous n'étions plus en Tunisie ? C'est<strong>de</strong> Livttre qui disait: « Ils ont les verrous, mais nous avonsles clés. » Les clés, c'est Bïzerte. La réalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong>Méditerranée, c'est Bizerte et l'Afrique. Par conséquent, surCe point, il faut être net: ce<strong>la</strong> est et ce<strong>la</strong> doit être.De même en ce qui concerne <strong>la</strong> représentation diplomatique<strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie. Les grands ensembles s'imposent <strong>de</strong> Jour enjour davantage, un débat tout proche nous le démontrera.Comment <strong>la</strong> Tunisie défendrait-elle mieux ses propres intérêtsque par l'organe <strong>de</strong> <strong>la</strong> France qui parle pour un ensemble,qui ne sépare pas ses intérêts <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s Tunisiens ?Cet accord doit être rapi<strong>de</strong> car il y a bien trop longtemps quenous tournons en rond et que nous faisons naître <strong>de</strong>s espéranceset parfois formulons <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-promesses qui ne sontjamais suivies d'effet.La constitution tunisienne, ce n'est pas une constitution quisera é<strong>la</strong>borée par une assemblée tunisienne, c'est une charteque, d'accord avec nous, le bey accor<strong>de</strong>ra aux Tunisiens. Laréforme constitutionnelle doit se faire sous le régime actueldu traité du Bardo. Les réformes administratives qui serontsa conséquence doivent être faites sous le régime <strong>de</strong> <strong>la</strong> convention<strong>de</strong> <strong>la</strong> Marsa.J'ai déjà posé <strong>la</strong> question au Gouvernement. Je <strong>la</strong> lui poseà nouveau, espérant que cette fois j'aurai une réponse: Somines-nousbien d'accord sur le fait que l'accord établi le serasous le régime même du protectorat et que ce n'est que lorsqu'i<strong>la</strong>ura été conclu que nous passerons à une <strong>de</strong>uxièmepartie <strong>de</strong>s négociations possibles, qui doit aboutir à <strong>la</strong> substitutionau régime du protectorat d'un régime d'association,régime qui, dans notre <strong>la</strong>ngue juridique si incertaine, car jeconnais bien le mot mais je ne connais pas encore <strong>la</strong> chose,s'appelle, paraît-il, l'Union française ?C'est ce que disait mon éminent ami Robert Schuman dansson discours si discuté <strong>de</strong> juin 1950 à Thionville: « Nousaurons pour mission d'amener <strong>la</strong>- Tunisie vers l'indépendanceau sein <strong>de</strong> l'Union française », ce qui est évi<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> définitionet <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> l'indépendance consentie. (App<strong>la</strong>udissementsau centre )Enfin, troisième point, assurer a-ux Français <strong>de</strong> Tunisie <strong>la</strong>certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur avenir.Mesdames, messieurs, distinguer entre <strong>la</strong> France et les Français<strong>de</strong> Tunisie ce<strong>la</strong> n'est pas, ce<strong>la</strong> ne peut pas être, ni auregard <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale, ni au regard du bon sens, ni au regard<strong>de</strong> l'intérêt français, s3 désintéresser <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s intérêts<strong>de</strong>s Français tunisiens.Il m'est arrivé parfois <strong>de</strong> critiquer ces <strong>de</strong>rniers, il est possibleque ce<strong>la</strong> m'arrive encore. Mais je les connais, vous lesconnaissez aussi. J'ai <strong>de</strong>s amis nés en Tunisie — un peu plustard que moi — <strong>de</strong>s hommes qui ont <strong>de</strong>puis longtemps dépassé<strong>la</strong> soixantaine, dont les parents, déjà sous le régime beylical,avant que <strong>la</strong> France n'exerçât un protectorat, étaient présentsen Tunisie, y ont fait souche, dont les enfants et les petitsenfants vivent à Tunis ou dans le bled. II n'est pas possible,il serait illégitime et injuste que nous n'ayons pas le soucimajeur <strong>de</strong> ces hommes dont <strong>la</strong> présence sans doute a servileurs intérêts, ce qui me paraît naturel, mais a servi en mêmetemps les intérêts permanents <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nation, ce dont nousïi'avons pas le droit <strong>de</strong> ne pas tenir compte. (App<strong>la</strong>udissementsau centre.)Des conventions expresses et précises doivent garantir cesdroits.Je me souviens qu'en juin 1952, h cette tribune, je réc<strong>la</strong>maisdéjà <strong>de</strong> telles conventions. A l'heure actuelle en .effet*sauf <strong>la</strong> présence matérielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, sauf <strong>la</strong> présence aussidu rési<strong>de</strong>nt qui peut parler en leur nom — je fais abstractiondï leur pseudo-représentation parlementaire et ce<strong>la</strong> n'a rien <strong>de</strong>dép<strong>la</strong>isant pour les hommes, si ça l'est pour l'institution ellemême— en <strong>de</strong>hors donc du rési<strong>de</strong>nt et <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong>force française, il n'existe aucune garantie écrite, aucun engagementprécis sur leurs droits.Mesdames, messieurs, ce<strong>la</strong> n'est pas négligeable. J'évoquais,tout à l'heure, l'existence <strong>de</strong>s tribunaux français en Tunisie.Je ne voudrais pas, sur ce point, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Gouvernementune réponse trop précise, mais je voudrais à tout le moinsu'il enten<strong>de</strong> cette suggestion. 11 n'est point possible queemain les Français <strong>de</strong> Tunisie se trouvent soumis aux juridictionstunisiennes. Et pourquoi ? Par mépris ? Certes non ! maisparce qu'il faut tout <strong>de</strong> même se souvenir que l'Is<strong>la</strong>m est un'tout, que le Coran renferme <strong>de</strong>s règles juridiques comme ilcontient <strong>de</strong>s affirmations <strong>de</strong> caractère religieux, et qu'en Tunisiele tribunal religieux, le chara, le cadi, juçe non seulement lesquestions <strong>de</strong> statut personnel, mais aussi les successions et lesquestions <strong>de</strong> propriété immobilière, tandis que <strong>la</strong> justice dite<strong>la</strong>ïque juge en tout et pour tout les questions personnelles etmobilières — les juristes savent ce que ce<strong>la</strong> veut dire — et lesquestions pénales.Il n'est pas possible que sur ce point un effort ne soit pasfait et que nous retournions à un régime qui à cet égard meparaît médiéval.Enfin, <strong>de</strong>rnière exigence, nous <strong>de</strong>vons choisir nos interlocuteurs.Sur ce point, un mot seulement. Notre interlocuteur ?mais nous le connaissons bien : c'est avec lui que nous avonstraité, c'est lui qui est le signataire <strong>de</strong>s conventions <strong>de</strong> 1aMarsa, comme du traité du Bardo, c'est ie bey. D'accord, maisle bey n'est pas seul. Il est seul à avoir qualité pour engager<strong>la</strong> Tunisie, mais il normal qu'il ait à côté <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>s hommes<strong>de</strong> confiance avec qui nécessairement nous <strong>de</strong>vons négocier,à <strong>la</strong> condition d'avoir nous aussi confiance en eux.C'est en ne comprenant pas à temps ia nécessité d'une négociationavec <strong>de</strong>s hommes représentant le bey, qualifiés par leurformation et par <strong>la</strong> confiance du Bey pour négocier avec nous,que nous avons donné à certains éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tiontunisienne une influence grandissante et considérable que jeregrette moins que certains <strong>de</strong> mes collègues.Je me souviens cependant qu'il y a <strong>de</strong>ux ans les choix eussentpu être différents. Je ne me p<strong>la</strong>ins pas car, connaissant <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong>s hommes qui siègent c<strong>la</strong>ns le gouvernement tunisienactuel, je crois que les choix ont été bons et crue nous trouveronsen face <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>s interlocuteurs va<strong>la</strong>bles.Voilà, mesdames, messieurs, comment il me semble que doivese poser <strong>la</strong> question, quant aux institutions.Toutefois, car il faut être c<strong>la</strong>ir, il me sera permis <strong>de</strong> retenirencore un point que j'al<strong>la</strong>is oublier.11 faut que nous soyons francs et loyaux. Il ne faut pastricher. 11 ne faut surtout pas mentir et, 'ce qui est infinimentplus dangereux, dissimuler par une pseudo-habileté une partie<strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité.N'en dép<strong>la</strong>ise à certains <strong>de</strong> nos collègues, il est <strong>de</strong> toutecertitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce, que, ni en droit ni en fait, nousne pouvons réc<strong>la</strong>mer pour nos compatriotes français <strong>de</strong> Tunisie<strong>de</strong>s droits politiques. Ces droits sont liés à <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>national et c'est pour ce<strong>la</strong> que, tout à l'heure, je disais que <strong>la</strong>théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> cosouveraineté avait permis une équivoque.11 est possible cependant <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s formules d'accord.Après 1890 et pendant <strong>de</strong> nombreuses années, il y a eu unesorte <strong>de</strong> conseil consultatif à côté du rési<strong>de</strong>nt. Une formuleplus simple encore consisterait à créer une assemblée économiqueparticipant d'ailleurs à <strong>la</strong> gestion commune <strong>de</strong>s affaires,mais où seraient représentés, non pas les personnes, mais lesintérêts, les groupements, les corporations, les chambres <strong>de</strong>commerce, les chambres <strong>de</strong> métiers, <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>s mines.Enfin —- et je ne suis pas tellement sûr- que sur ce pointl'opinion tunisienne n'ait pas subi, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, unetrès forte évolution — il n'est pas impossible <strong>de</strong> faire appelà <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> ia double souveraineté.Mesdames, messieurs, ne pensez-vous pas que le Françaisprésent en Tunisie, ayant souvent, même dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionautochtone, un considérable crédit moral, pourrait être àl'assemblée tunisienne un représentant utile, s'il était en Tunisietraité comme citoyen ?Certes, les Français n'auraient sans doute pas dans lesassemblées une représentation <strong>de</strong> masse que rien d'ailleurs nejustifierait, mais nous aurions une représentation <strong>de</strong> qualitéqui serait légitime et qui, par surcroît, servirait, d'une façonje crois évi<strong>de</strong>nte, les intérêts mêmes <strong>de</strong>s éléments tunisiens.Mesdames, messieurs, à côté <strong>de</strong>s institutions, il se posenécessairement, dans toute vie politique, d'autres questions, àdire vrai plus graves encore.Le problème fondamental dans <strong>la</strong> vie collective n'est pasun problème d'organisation, c'est un problème <strong>de</strong> contacts, <strong>de</strong>


compréhension humaine et, surtout et toujours, <strong>de</strong> bonne foi,c'est-à-dire une attitu<strong>de</strong> d'esprit qui fait que, n'acceptant pasque l'on vous suppose à vous-même <strong>de</strong>s intentions déloyaleset obliques, il vous est interdit <strong>de</strong> les prêter, <strong>de</strong> votre côté,à votre interlocuteur.Pas <strong>de</strong> racisme, d'abord. Oh! je sais, on nous dira que leFrançais n'est pas raciste. Je veux bien le croire, mais jedisais un jour a un <strong>de</strong> mes amis les plus éminents, que, <strong>de</strong>même que certains <strong>de</strong> mes compatriotes qui considéreraientcomme une grave et profon<strong>de</strong> injure d'être traités d'antisémitesont l'épi<strong>de</strong>rme quelque peu antisémite, <strong>de</strong> même ilpeut arriver que certains Français, le plus souvent certainsnaturalisés, et plus souvent encore ceux qui ne sont pas auxéchelons les plus évolués ie l'échelle sociale, aient l'épi<strong>de</strong>rmeantimusulman. (Très bien! très bien! à gauche et à droite.}M. ASlred Coste-Floret et M. Mostefa Benbhareicd. Très bien !M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Il faut que nous soyons surce point très nets. Je ne parle pas <strong>de</strong>s musulmans d'Algériequi sont nos compatriotes, nos concitoyens et qui, avec nous,déterminent le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation, mais <strong>de</strong> nos amis tunisienset marocains. Je ne trouve ni dans mon passé, ni dans maformation, ni dans ma culture aucun motif <strong>de</strong> prétendre àje ne sais quelle supériorité générale sur tous ceux dont l'originen'est pas <strong>la</strong> même que <strong>la</strong> mienne. (App<strong>la</strong>udissements aucentre et à gauche.)Pas <strong>de</strong> confusion non plus entre tel individu français et <strong>la</strong>France. l T n magistrat tunisien — it y en a beaucoup d'excellents,celui-ci est parmi les meilleurs — me disait qu'il luifut reproché un jour <strong>de</strong> condamner un Français car, luidisait-on, eri condamnant un Français, vous manquez à <strong>la</strong>France !Lorsque <strong>la</strong> justice frappe, elle ne le fait pas en jugeant"d'après <strong>la</strong> couleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau, ou d'après <strong>la</strong> race, ou d'aprèsl'origine: elle frappe d'après <strong>de</strong>s principes abstraits qui sontles mêmes pour tous et qjui doivent s'appliquer au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>smer aux Français comme aux autres. (App<strong>la</strong>udissements surles mêmes bancs.)La même justice pour tous, ce<strong>la</strong> implique, et je voudrais*iue tout le inon<strong>de</strong> me comprit, que les poursuites ne soientpas à sens unique.Je ne dirai pas dans cette enceinte tout ce que je sais, maisj'entends au moins avoir dit que les auteurs <strong>de</strong> crimes doiventêtre recherchés, poursuivis et condamnés, que leurs victimessoient <strong>de</strong> nos amis ou qu'elles soient <strong>de</strong> ceux dont nous prétendonsqu'ils sont nos adversaires.Je voudrais aussi que ce que <strong>la</strong> justice fait assez naturellement,nous finissions par obtenir <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> police qu'ilsle comprennent, c'est-à-dire qu'on n'ait pas moins <strong>de</strong> zèlepour découvrir celui qui a tué... — j'al<strong>la</strong>is citer un nom —un musulman qui est considéré comme nous ayant été hostile,ou celui qui a tué un musulman qui est considéré commeayant été docile et serviable.J'ai un profond respect pour <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie, pour<strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong>s magistrats français <strong>de</strong> Tunisie dont unavocat musulman qui est très au <strong>de</strong>là du Destour me disaitun jour; « Lorsque je sors <strong>de</strong> l'audience et que j'ai perdu m uniprocès, je suis sûr que j'avais tort ». J'ai été avocat, d'autresl'ont été, je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il nous est arrivé souvent en sortant<strong>de</strong> l'audience ayant perdu un procès <strong>de</strong> penser que c'étaitle juge qui avait raison et non pas nous. On comprendrapeut-être, et un membre au moins <strong>de</strong> cette Assemblée mecomprendra certainement, que lorsque ces magistrats respectables,estimables et droits, quelle que soit leur appartenancepolitique — et d'ailleurs, dans leurs fonctions, les magistratsne sauraient être d'aucun parti — alertent Paris, lorsqu'ils indiquentcertaines défail<strong>la</strong>nces <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> police, je voudraisque ces communications, que ces avertissements graves nesoient pas jetés aux oubliettes et que <strong>de</strong>s enquêtes soientfaites pour voir c<strong>la</strong>ir.Dans tous ces problèmes, le <strong>de</strong>voir fondamental pour chacun'<strong>de</strong> nous est <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> voir c<strong>la</strong>ir. Les ehoses ne sont pasvraies ou fausses selon qu'elles sont dites par un ami ou parun adversaire. Elles sont vraies ou fausses en elles-mêmes.Par conséquent, il faut essayer <strong>de</strong> les voir telles qu'elles sontet essayer, dans <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> nos moyens humains, <strong>de</strong> les.voir sans passion.On vous a dit, monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaineset tunisiennes — et on faisait, évi<strong>de</strong>mment, le même reprocheà M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil — : vous traitez avec <strong>de</strong>s assassinset vous compromettez les intérêts français.Traiter avec <strong>de</strong>s assassins, c'est une façon <strong>de</strong> parler. Ce<strong>la</strong>vent dire, je pense, traiter alors qu'en Tunisie notammentnous sommes en présence <strong>de</strong> difficultés graves et que <strong>de</strong>sassassinats sont commis.C'est une allusion aux fel<strong>la</strong>ghas. Sur ce point, posons tout<strong>de</strong> suite le problème. Les crimes ne sont jamais excusables.La répression est nécessaire ; elle doit être égale et ferme,elle peut être dure. Et l'emploi <strong>de</strong> <strong>la</strong> force, lorsque <strong>la</strong> répressionne suffit pas — je ne parle pas <strong>de</strong>s représailles —l'emploi <strong>de</strong> <strong>la</strong> force militaire, dans certains cas qui touchent'à <strong>la</strong> <strong>de</strong>mi-émeute ou à l'émeute, me paraît indiscutablementlégitime.Encore faut-il savoir ce qu'est <strong>la</strong> vérité sur l'affaire <strong>de</strong>sfel<strong>la</strong>ghas. J'ai <strong>de</strong> nombreux amis musulmans tunisiens, commej'ai <strong>de</strong> nombreux amis français tunisiens. J'ai aussi — je m'enexcuse s'il convient — dans les milieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute administration,soit civile, soit militaire, quelques re<strong>la</strong>tions précieuses,avec <strong>de</strong>s hommes pour lesquels, d'ailleurs, j'ai du respect etmême parfois — sentiment plus rare — <strong>de</strong> l'admiration.Je n'ai pas voulu interroger les musulmans, je n'ai mêmepas voulu interroger mes amis français. J'ai interrogé les fonctionnaires,un très haut fonctionnaire civil et — il n'est pasgénéral — un haut fonctionnaire militaire.La réponse a été <strong>la</strong> même dans les <strong>de</strong>ux cas. Les fel<strong>la</strong>ghas,c'est — tout le mon<strong>de</strong> le sait, même sans avoir à chercher unrenseignement à l'extérieur — un mal endémique en Tunisie.Seulement ce mat s'est incontestablement développé et progressivementà l'attentat individuel s'est substitué l'attentatpar <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s.Les fel<strong>la</strong>ghas restent <strong>de</strong>s bandits. Il est probable qu'à eux semêlent certains éléments qui ne ie sont pas, et qui viennentparfois <strong>de</strong> l'étranger, mais les hommes que j'ai interrogés, lehaut fonctionnaire civil comme l'officier, m'ont fait 1 un etl'autre <strong>la</strong> même réponse : « Les fel<strong>la</strong>ghas ne sont pas commandéspar le Néo-Destour. »Si leur action s'est développée — mesdames, messieurs, souvenons-nous,ce<strong>la</strong> n'est pas tellement lointain — c'est pareequ'ils ont trouvé <strong>la</strong> sympathie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, non pas poureux-mêmes, mais par hostilité pour certain régime dont je doisdire ici qu'il fut souvent dur et injuste.Souvenez-vous <strong>de</strong>" l'époque où, <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus honorabledu mon<strong>de</strong>, et pour les motifs les plus respectables et tesplus sacrés, nous étions au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> légalité. Qu'a lirionsnousété si nous n'avions pas trouvé <strong>la</strong> sympathie <strong>de</strong>s autresqui étaient plus réservés? C'est celte sympathie que les fel<strong>la</strong>ghasont trouvée, et si aujourd'hui il y u déjà un certain recul <strong>de</strong>leur action, c'est précisément parce que <strong>la</strong> politique qui a étéfaite récemment a désolidarisé <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ces gens-là eta fait renaîtie son ancien mépris et sa méfiance pour eux. Dansees conditions, cette politique n'est pas une négociation avecl'assassinat, mais peut être, à ect égard, <strong>la</strong> meilleure pourempêcher que l'assassinat ne se développe.La vérité, c'est que là comme partout, et spécialement dansl'outre-mer, il faut avoir <strong>de</strong>ux jeux en mains: le jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong>répression et <strong>de</strong> <strong>la</strong> force pour ceux qui méritent qu'on leurapplique <strong>la</strong> répression et le jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréhension, <strong>de</strong> l'intelligence,du sentiment humain vis-à-vis <strong>de</strong> ceux qui peuvents'être égarés, qui ont pu être égarés, mais qui ne méritent pasune sévérité sans rémission. Nous avons été, dans cette maison,trop souvent indulgents vis-à-vis <strong>de</strong> certains pour que ee<strong>la</strong>ngage ne soit pas compris.Je n'abor<strong>de</strong>rai pas ici quant au fond <strong>la</strong> politique marocaine— j'estime vous avoir retenu assez longtemps, et je m'enexcuse — mais ce qui est vrai en Tunisie est à mon avis vraipour toute l'Afrique du Nord.Les mêmes difficultés se présentent, les mêmes questions seposent sous <strong>de</strong>s formes différentes, au Maroc comme en Tunisieet, permettez-moi <strong>de</strong> le dire, en Algérie comme en Tunisie.Les pays sont différents. Nous <strong>de</strong>vons nous refuser à touteassimi<strong>la</strong>tion entre les trois pays, mais finalement nous <strong>de</strong>vonsbien reconnaître que dans aucun <strong>de</strong> ces territoires nos métho<strong>de</strong>sont toujours été parfaitement heureuses.Pensant tout particulièrement au Maroc, je me contenterai <strong>de</strong>dire que bâtir notre politique en subissant <strong>la</strong> pression, souventindiscrète et parfois intéressée, <strong>de</strong> certains personnages surune prétendue rivalité arabo-berbère dans un pays où <strong>la</strong> quasitotalité<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, même arabophobe, est d'origine berbère;accepter à tout ie moins — peut-être faudrait-il, danscertains cas, parler <strong>de</strong> provocation — que les cavaliers <strong>de</strong>srégions <strong>de</strong> Meknès ou <strong>de</strong> Marrakech soient amenés par leurscaïds aux portes <strong>de</strong> Rabat ou <strong>de</strong> Fès dans un geste <strong>de</strong> menace;peser sur certains caïds récalcitrants pour les contraindre àsigner <strong>de</strong>s pétitions qu'ils réprouvent; <strong>la</strong>isser à <strong>la</strong> rébellion lechoix du souverain; frapper ou menacer dans leur liberté oudans leurs ressources, comme un l'a fait souvent ces <strong>de</strong>rnierstemps, <strong>de</strong>s Français qui, parce qu'ils sont Français, parce qu'ilssont fidèles à <strong>la</strong> formation qui fait notre orgueil, enten<strong>de</strong>ntconserver <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> leur jugement; ne pas faire ce qu'il est


nécessaire <strong>de</strong> faire pour atténuer l'in<strong>de</strong>scriptible misère d'unetrop gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui <strong>la</strong>it contraste avec <strong>la</strong>fortune parfois outrancière <strong>de</strong> certaines autres, tout ce<strong>la</strong> nesaurait être une politique digne <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.Ceux d'entre vous qui comme moi ont beaucoup circulé enAfrique du Nord ont dû gar<strong>de</strong>r comme moi un souvenir humiliant.Je vois dans l'extrême Sud algérois <strong>de</strong>s hommes couverts<strong>de</strong> toile <strong>de</strong> sac ou d'une vieille couverture dans <strong>la</strong>quelle onavait fait un trou et qui, sur ces guenilles, portaient <strong>la</strong> Médaillemilitaire, l'un d'eux même <strong>la</strong> Légion d'honneur.J'en ai rougi pour mon pays et j'en ri rougi pour moi-même.(.App<strong>la</strong>udissements au centre el à gauche.)Un fonctionnaire civil <strong>de</strong> rang élevé présent au Maroc m'écrivaitil y - quelques jours :« Pour définir en raccourci <strong>la</strong> cause profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s difficultés<strong>de</strong> <strong>la</strong> France au Maroc, on <strong>de</strong>vrait sans doute dire que <strong>la</strong> Francen'est pas, au Maroc, elle-même. »Voyez-vous, c'est là ce qu'il y a <strong>de</strong> plus grave.M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Fonlupt-Esperaber, je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> bien vouloir conclure.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Pour cé<strong>de</strong>r aux instances <strong>de</strong>M. le prési<strong>de</strong>nt...M. le prési<strong>de</strong>nt. Elles sont motivées par l'organisation dudébat.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. ... je n'insisterai pas sur lesproblèmes analogues qui se posent en Algérie.Je ne me rappelle pas lequel <strong>de</strong> nos collègues, tout àl'heure, par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> « l'Algérie, terre d'élection ». J'ai souri.L'allusion n'était pas méchante, mais en effet elle était trèsvraie en donnant à l'expression un sens fort différent <strong>de</strong> celuidans lequel elle était employée.A côté <strong>de</strong> ces élections qui rappellent par trop celles qui sapratiquent au <strong>de</strong>là du ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fer, il y a <strong>la</strong> tyrannie exercéesur certains fonctionnaires subalternes par certains fonctionnaires<strong>de</strong> rang plus élevé, et parfois aussi, disons-le, <strong>la</strong> tyrannieexercée par l'homme politique sur le fonctionnaire même <strong>de</strong>rang élevé.Ce<strong>la</strong>, mesdames, messieurs, nous ne pouvons pas l'admettre.Notre rôle vis-à-vis <strong>de</strong> l'Algérie est tout autre. Il est un rôle<strong>de</strong> libéralisme et <strong>de</strong> compréhension, il est aussi un rôle <strong>de</strong>générosité.Il n'est pas posssible que nous continuions à croire que nousfaisons l'Afrique française en accordant 32 milliards <strong>de</strong> subventionsà un pays qui a besoin <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> milliards etdont nous ne ferons une véritable province française quesi nous consentons cet effort.Je conclurai par une citation que je considère comme prophétique:« L'empire Nord-Ouest africain <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, auquel <strong>la</strong> prise<strong>de</strong> possession du Maroc et <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> l'Algérie *au Soudanpar l'occupation du Sahara ont mis le sceau, sera pour <strong>la</strong>France une cause <strong>de</strong> force ou <strong>de</strong> faiblesse selon qu'il serabien ou mal administré.« U a 30 millions d'habitants. Il en aura, grâce à <strong>la</strong> paix,le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrèsmatériel, riche, peuplé d'habitants rompus au maniement <strong>de</strong>nos armes, habitués à notre discipline, dont l'élite aura reçul'instruction <strong>de</strong> nos écoles.« Si nou.5 n'avons pas su nous attacher ces peuples, nonseulement nous perdrons notre empire en entier, mais l'unitéque nous lui avons donnée, et qu'il a pour <strong>la</strong> première fois<strong>de</strong>puis que le mon<strong>de</strong> existe, se retournera contre nous. U serapour nous un voisin hostile, redoutable et barbare. »Et le père <strong>de</strong> Foucault, à qui j'emprunte ces termes, concluait— ce sera aussi ma conclusion;« Un peuple a, envers ses colonies » et je voudrais que tousle puissent comprendre « les <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong>s parents envers leursenfants: les rendre par l'éducatioon et l'instruction égaux ousupérieurs à ce qu'ils sont eux-mêmes. Dieu veuille que nouscomprenions enfin le sens <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>voir. » (App<strong>la</strong>udissementssur divers bancs, au centre et à gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. le ministre <strong>de</strong>s affairesmarocaines et tunisiennes.H. Christian Fouchet, ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes. Mes chers collègues, les interpel<strong>la</strong>teurs qui viennent<strong>de</strong> prendre <strong>la</strong> parole ont posé au Gouvernement sur <strong>de</strong>spoints précis, <strong>de</strong>s questions précises, auxquelles je me réserve<strong>de</strong> répondre <strong>de</strong>main, s'ils me le permettent, avec plus <strong>de</strong> précisionque je ne saurais le faire aujourd'hui. Je répondrai aussi,à ce moment-là, aux orateurs qui doivent encore intervenir dansce débat.Mais je voudrais dès aujourd'hui faire le point <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiquedu Gouvernement à l'égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie et faire en mêmetemps un rapi<strong>de</strong> exposé sur <strong>la</strong> situation marocaine.Dès <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, <strong>la</strong> nécessité est apparue d'orientervers <strong>de</strong>s voies nouvelles <strong>la</strong> politique suivie jusqu'alors enTunisie. Il n'était pas possible dès ce moment d'ignorer lepuissant mouvement d'émancipation qui agitait, en Afriquecomme en Asie, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s peuples soumis à <strong>la</strong> tutelle<strong>de</strong>s puissances dites coloniales.Ce mouvement avait été accéléré par les conditions mêmesdans lesquelles s'était déroulé le conllit mondial et par ia résonancequ'avaient eue chez ces peuples les principes proc<strong>la</strong>méspar les alliés dans <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique.Les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> charte l <strong>de</strong>s Nations unies auxquellesnous avions souscrit portaient elles-mêmes <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> cetesprit nouveau favorable aux aspirations <strong>de</strong>s peuples non autonomes.Successivement nous allions voir accé<strong>de</strong>r à l'autonomieet à l'indépendance plusieurs états soumis jusqu'alors au statutcolonial et dont l'émancipation <strong>de</strong>vait bientôt prendre valeurd'exemple.11 aurait été dangereux pour nous <strong>de</strong> ne pas prendre conscience<strong>de</strong> ces aspirations nouvelles. Il n'aurait pas non plusété conforme à nos traditions libérales <strong>de</strong> nous refuser à leurdonner satisfaction dans <strong>la</strong> mesure où elles paraissaient légitimeset où elles ne portaient pas atteinte à nos intérêtsessentiels.Aussi le préambule <strong>de</strong> notre Constitution votée en 1946 proc<strong>la</strong>me-t-ilque « fidèle à sa mission traditionnelle <strong>la</strong> Franceentend conduire les peuples dont elle a <strong>la</strong> charge à <strong>la</strong> liberté<strong>de</strong> s'administrer eux-mêmes et <strong>de</strong> gérer démocratiquementleurs propres affaires. »C'était déjà l'engagement solennel d'acheminer les'peuplesdépendants vers le régime d'autonomie interne.En Tunisie, nous pouvions d'autant moins nous refuser àcette évolution que, grâce à notre présence déjà ancienne dansce pays, une nombreuse élite s'y était constituée. Formée dansnos écoles, influencée par nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> penser, elle aspiraità participer plus <strong>la</strong>rgement à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s affaires publiques.M. Halleguen disait tout à l'heure qu'il ne pensait pas que lepeuple tunisien d ésirât se mêler <strong>de</strong> ses propres affaires. Jelui rappelle une phrase du maréchal Lyautey qui, en 1920,disait: « Ce serait absolument une illusion <strong>de</strong> croire que lesNord-Africains acceptent l'ignorance <strong>de</strong>s affaires publiques dans<strong>la</strong>quelle ils sont tenus. Ils "en souffrent et ils en causent. »M. Jean Félix-Tchicaya. C'était en 1920!M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Pxaison<strong>de</strong> plus.M. Joseph Halleguen. Monsieur le ministre, me permettez-vousdo vous interrompre ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Volontiers.M. Joseph Halleguen. J'ai simplement dit que lorsqu'on adonné au peuple tunisien l'occasion <strong>de</strong> prouver son affectionpour les métho<strong>de</strong>s démocratiques par l'octroi <strong>de</strong> franchisescommunales, il avait prouvé à l'égard <strong>de</strong> ces franchises uneparfaite indifférence.M. Mostefa Benbhamed. Vous savez aussi bien que moi pourquoi.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. C'estdans ces conditions que tous les gouvernements précé<strong>de</strong>nts sesont engagés dans une politique <strong>de</strong> réformes qui tendait àaccroître progressivement <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s Tunisiens dansli fonctionne ment <strong>de</strong>s institutions, dans le cadre <strong>de</strong>s pouvoirsque donnait à <strong>la</strong> France <strong>la</strong> convention <strong>de</strong> La Marsa.En ce qui concerne l'initiative <strong>de</strong>s réformes, les mêmes gouvernementsont cherché à or ie a ter les institutions tunisieniidsdans un sens plus démocratique, tout en introduisant danscelles-ci <strong>de</strong>s dispositions assurant <strong>la</strong> garantie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> <strong>la</strong>France et <strong>de</strong>s Français.Je m'excuse d'être un peu austère dans l'exposé rapi<strong>de</strong> queje fais <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> réformes poursuivie par<strong>la</strong> France <strong>de</strong>puis 1945, mais je le crois ulile pour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté dudossier et l'exposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique française en Tunisie.Lorsque le général Mast fut nommé rési<strong>de</strong>nt général en 1943, .l'administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> Régence, si elle ne cessait d'être exercéeau nom du Bey, n'en était pas moins très <strong>la</strong>rgement, pour nepas dire totalement, entre les mains <strong>de</strong>s hauts fonctionnairesfrançais. Ceux-ci géraient <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong>s services administratifs;les secteurs ministériels qui étaient p<strong>la</strong>cés sous l'autorité <strong>de</strong>sministres tunisiens comprenaient seulement <strong>la</strong> justice — àl'exception <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice française — les affaires caïdales etmunicipales ainsi que les hatoous.


Quant aux institutions représentatives, elles n'existaient avantguerre en Tunisie qu'à l'état d'ébauche. Le Grand Conseil, crééen 1922, ne disposant d'ailleurs que d'attributions financières,était constitué essentiellement par <strong>de</strong>s représentants français —ceux-ci en majorité — et tunisiens.Une <strong>de</strong>uxième étape ne fut effectivement réalisée qu'en août1947, alors que M. Mons était <strong>de</strong>venu rési<strong>de</strong>nt général à Tunis.Elle porta à <strong>la</strong> fois sur Je gouvernement et sur l'administrationen donnant <strong>de</strong>s responsabilités plus <strong>la</strong>rges aux Tunisiens par<strong>la</strong> création <strong>de</strong>s ministères <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique, du travail, <strong>de</strong>l'agriculture et du commerce, et le conseil <strong>de</strong>s ministres secomposa désormais <strong>de</strong> six ministres tunisiens et <strong>de</strong> sept hautsfonctionnaires français, y compris le rési<strong>de</strong>nt.Malgré ces réformes <strong>de</strong> 1957, on ne peut cependant affirmer— et les événements n'ont cessé <strong>de</strong> le montrer — que lemouvement nationaliste ait cessé <strong>de</strong> se développer. En fait, undivorce <strong>de</strong> plus en plus net s'est créé entre le gouvernementet l'administration, d'une part, les milieux tunisiens évolués,d'autre part, et l'opposition n'a cessé <strong>de</strong> gagner du terrain.le fonctionnement du Grand Conseil se heurtait lui-même à<strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> plus en .plus gran<strong>de</strong>s. En avril 1950, sonAltesse le Bev s'adressa au Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République poursouligner l'impatience du peuple tunisien <strong>de</strong> voir réaliser <strong>de</strong>sréformes substantielles et nécessaires dans les institutions <strong>de</strong><strong>la</strong> Régence.Pour répondre au vœu <strong>de</strong> son Altesse le Bey et <strong>de</strong> 1 élitepolitique tunisienne, le gouverneront français s'st alors décidéa définir plus nettement les objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique en Tunisieet à accentuer l'évolution déjà en cours.Le 13 juin, dans son discours d'arrivée dans <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> <strong>la</strong>Régence, M. Périllier proc<strong>la</strong>ma solennellement Ja volonté dugouvernement français d'acheminer <strong>la</strong> Tunisie vers son autonomieinterne. . .Après <strong>la</strong> constitution d'un nouveau gouvernement tunisien ausein duquel figurait le secrétaire général du Néo-Destour, uncommuniqué commun du rési<strong>de</strong>nt général et du gouvernementtunisien fut publié, précisant que <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong> ce gouvernementserait <strong>de</strong> négocier, au nom <strong>de</strong> son Altesse le Bey, les modificationsinstitutionnelles qui par étapes successives doivent conduire<strong>la</strong> Tunisie vers l'autonomie interne.Aussitôt les premières mesures étaient prises dans ce sens.Le 7 septembre 1950, un décret beylical supprima les c «nseillersfrançais p<strong>la</strong>cés auprès <strong>de</strong>s ministres tunisiens. Le S février1951* <strong>la</strong> structure du gouvernement tunisien fut <strong>de</strong> nouveauprofondément remaniée en vue d'accroître les responsabilitésrie l'élément tunisien et <strong>de</strong> restreindre le contrôle français.Le conseil <strong>de</strong>s ministres comprit désormais un nombre égal<strong>de</strong> membres français et <strong>de</strong> membres tunisiens. Sa piési<strong>de</strong>ncefut confiée au premier ministre. Le rési<strong>de</strong>nt général s en retiradéfinitivement. Le visa du secrétaire général sur ies arrêtésministériels fut supprimé et remp<strong>la</strong>cé par une formule d'assentimentrési<strong>de</strong>ntiel.En ce qui concerne l'accès à <strong>la</strong> fonction publique, <strong>de</strong>s contingentsfurent prévus pour le recrutement <strong>de</strong>s fonctionnairesfrançais, un quart, un tiers ou <strong>la</strong> moitié suivant les catégoriesd'emplois.A 'peine ce train <strong>de</strong> réformes avait-il été mis en p<strong>la</strong>ce quenos partenaires tunisiens <strong>de</strong>mandèrent que, conformément auxpromesses d'autonomie interne qui leur avaient été faites, l'onpassât à une é<strong>la</strong>pe nouvelle plus substantielle, et dont lemémoire <strong>de</strong> M. Chenik du 31 octobre 1951 fixant les trois pointsessentiels: d'abord <strong>la</strong> constitution d'un gouvernement tunisienhomogène ; ensuite <strong>la</strong> création d'une assemblée tunisienneélue, également homogène; enfin <strong>la</strong> « tunisification » <strong>de</strong> <strong>la</strong>fonction publique.On sait dans quelles conditions, à <strong>la</strong> «uite <strong>de</strong> <strong>la</strong> lettre du15 décembre 1951, les conversations engagées avec M. Clienikéchouèrent sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s Français auxnouvelles institutions tunisiennes.En insistant pour obtenir l'accord du gouvernement tunisienau principe d'une telle participation, le Gouvernementfrançais s'exposa alors au reproche <strong>de</strong> vouloir consacrer leprincipe <strong>de</strong> cosouveraineté formellement rejeté par les nationalistestunisiens et <strong>de</strong> vouloir revenir sur les promesses antérieuresd'autonomie interne.Il n'est pas nécessaire <strong>de</strong> rappeler les conséquences <strong>de</strong> cetéchec, <strong>la</strong> vague <strong>de</strong> terrorisme qui <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> longs mois aensang<strong>la</strong>nté <strong>la</strong> Régence et a gravement menacé l'amitié francotunisienne.Après ia constitution du gouvernement BaccoucJie, en 1952,un nouveau projet <strong>de</strong> réformes fut é<strong>la</strong>boré par le Gouvernementfrançais. En en présentant les gran<strong>de</strong>s lignés au Parlement,le 19 juin le Gouvernement confirmait une fois <strong>de</strong> plus,par <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> M. Robert Schuman, sa volonté <strong>de</strong> voir <strong>la</strong>Tunisie s'acheminer vers l'autonomie interne. Ce p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> réformesétait présenté comme une nouvelle étape.Cependant, dès qu'ils furent connus à. Tunis, les textes <strong>de</strong>ce projet suscitèrent <strong>la</strong> plus vive opposition <strong>de</strong> l'opinion nationaliste,et dans sa lettre du 9 septembre 1952, adressée à M. lePrési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Ja République, Son Altesse le Bey se déc<strong>la</strong>ra horsd'état d'y souscrire.Seul le* sceau <strong>de</strong>s décrets concernant <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong>s municipalitéset <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> caïdat fut ol)tenue en décembre 1952,non sans peine et après une démarche exceptionnellementpressante du Gouvernement français.L'hiver <strong>de</strong>rnier, dans ia pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> détente qui a suivi sonarrivés en Tunisie, M. Voizard s'est efforcé à son tour <strong>de</strong>mettre sur pied un nouveau programme <strong>de</strong> réformes institutionnelles.Les réformes qui ont vu le jour le 4 mars <strong>de</strong>rniermarquaient à coup sûr <strong>de</strong>s progrès substantiels vers 1a réalisation<strong>de</strong> l'autonomie interne.La parité était rompue au sein du. gouvernement tunisien, quise composait désormais <strong>de</strong> huit membres tunisiens et <strong>de</strong>quatre membres français. L'assentiment du rési<strong>de</strong>nt généralsur les arrêtés ministériels était supprimé et les attributionsdu secrétaire général étaient à nouveau réduites au profit <strong>de</strong>celles du premier ministre.Une assemblée tunisienne élue au suffrage universel étaitcréée, à <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong>vaient s'adjoindre, seulement en matièrebudgétaire, les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong>' délégation représentative <strong>de</strong>sFrançais <strong>de</strong> Tunisie, institution rési<strong>de</strong>ntielle, et les membres<strong>de</strong>s chambres économiques.Bien qu'elles eussent été acceptées par Son Altesse le Bey sces nouvelles réformes se heurtèrent aussitôt à l'oppositionquasi unanime <strong>de</strong>s milieux nationalistes.L'agitation ayant repris, le ministère M'Zali dut démissionnersans qu'un nouveau gouvernement pût être constitué, l'administration<strong>de</strong>vant être confiée à un cabinet <strong>de</strong> fonctionnaires.Quant aux élections yuévues à l'assemblée tunisienne, l'onne pouvait songer à les entreprendre dans le climat <strong>de</strong> troublesqui s'était alors instauré dans <strong>la</strong> Régence.A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> juillet, mes chers collègues, le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> réformes s'avérait donc particulièrement décevant etinquiétant.Malgré les efforts entreplis par les gouvernements successifs,il fal<strong>la</strong>it bien reconnaître que l'on aboutissait à un échec dansJa mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouvelles institutions régulières dans <strong>la</strong>Régence. Alors que l'agitation ne cessait <strong>de</strong>" croître, aucungouvernement tunisien ne pouvait être formé. La constitutiond'assemblées représentatives, dont <strong>la</strong> Tunisie est privée <strong>de</strong>puisia disparition du grand conseil en décembre 1951, paraissaitajournée à une échéance plus éloignée que jamais.Enfin, les conseils municipaux et les conseils <strong>de</strong> caïdat élusau printemps cie 1953 ne pouvaient fonctionner dans <strong>de</strong>s conditionsnormales.A quelles raisons faut-il imputer ces échecs successifs ?Avant tout au caractère fragmentaire <strong>de</strong>s réformes entrepriseset au fait que, surtout au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années,elles ont toujours paru dépassées par les événements.Du jour où l'on avait choisi <strong>de</strong> s'orienter vers un régimed'autonomie interne et où <strong>de</strong>s promesses solennelles avaientété faites en ce sens, il était fatal que nous nous heurtions,sur le choix et le rythme <strong>de</strong>s étapes, à <strong>de</strong>s impatiences <strong>de</strong> <strong>la</strong>port d'un mouvement nationaliste qui n'a cessé d'aller eu serenforçant.De là le ma<strong>la</strong>ise qui n'a cesse <strong>de</strong> régner en Tunisie au cours<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, même dans <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> où l'ordrepublic n'était pas menacé.Les hésitations et ies timidités <strong>de</strong> notre part ont été considéréescomme <strong>de</strong>s reculs ou <strong>de</strong>s déroba<strong>de</strong>s par rapport aux engagementsque nous avions pris. C'est cette apparence d'une politiquedite en <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> scie, maintes fois dénoncée, qui a étédans une <strong>la</strong>rge mesure à l'origine <strong>de</strong>s troubles qui ont ensang<strong>la</strong>nteJa Régence en 1952 et qui ont si gravement compromisle climat politique <strong>de</strong> ce pays.De plus, l'autonomie interne que nous avions promise nousnous sommes abstenus <strong>de</strong> <strong>la</strong> définir. De ià, <strong>de</strong> dangereuseséquivoques. Tandis que nous nous efforcions, nous fondantsur les droits que nous tirons <strong>de</strong> <strong>la</strong> convention <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marsa,cîe donner une nouvelle structure aux institutions tunisiennesavec <strong>la</strong> préoccupation <strong>de</strong> garantir par cette voie institutionnelleles intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fiance et <strong>de</strong>s Français <strong>de</strong> Tunisie, lesnationalistes tunisiens manifestaient <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> hâtepour obtenir <strong>de</strong>s institutions proprement tunisiennes. Il v avaitJa une source dè conflits pratiquement insolubles.Iî convient enfin <strong>de</strong> souligner que <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> réformessuivie jusqu'à présent n'était pas sans présenter <strong>de</strong> graves dangerspour <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et <strong>de</strong>s droitsces français en Tunisie.Cette politique <strong>de</strong> concessions successives avait pour effetû amenuiser toujours davantage le contrôle exercé par les


autorités françaises sur l'administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> Régence et <strong>de</strong>renforcer en même temps les prérogatives <strong>de</strong>s autorités tunisiennes.De véritables transferts <strong>de</strong> pouvoirs s'opéraient sans contrepartieet sans que <strong>de</strong>s garanties nouvelles nous fussent consentiespour <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> nos intérêts.. Si l'évolution avait dû se poursuivre dans ce sens, il en seraitrésulté à bref dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> graves menaces pour certains intérêtsessentiels, menaces auxquelles il aurait été <strong>de</strong> plus en plusdifficile <strong>de</strong> parer.L'urgence se faisait donc sentir, tant pour ramener le calmeen Tunisie que pour assurer une protection efficace et durable<strong>de</strong>s intérêts français, <strong>de</strong> rechercher un règlement d'ensembledu problème tunisien.Ce règlement, le Gouvernement, au terme <strong>de</strong> l'examenapprofondi qu'il a fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation et <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rges consultationsauxquelles il a procédé, a abouti à <strong>la</strong> conclusion qu'iln'était réalisable que dans le cadre <strong>de</strong>s rapports d'Etats entre<strong>la</strong> France et <strong>la</strong> Tunisie et sous forme d'un faisceau <strong>de</strong> conventionsétroitement solidaires les unes <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong>stinées, touten assurant l'autonomie interne <strong>de</strong> l'Etat tunisien, à fixer c<strong>la</strong>irementles droits et obligations réciproques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays etles garanties reconnues à <strong>la</strong> France et aux Français habitant<strong>la</strong> Tunisie.C'est dans ce sens, vous le savez, que le 31 juillet, à Carti<strong>la</strong>ge,M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil a défini, <strong>de</strong>vant Son Altessele Bev, en <strong>la</strong> soumettant à son agrément, <strong>la</strong> politique que sepropose <strong>de</strong> suivre le Gouvernement en Tunisie.Le choc psychologique provoqué par <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration françaisedu 31 juillet'a engendré <strong>de</strong>s répercussions immédiates sur lep<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation politique et dans le domaine <strong>de</strong> l'ordrepublic.Le terrorisme — M. Christian Pineau le rappe<strong>la</strong>it tout àl'heure — a connu une régression sensible.Dans les villes, aucun attentat individuel n'a été enregistré<strong>de</strong>puis l'assassinat, le 3 août, à Sousse, <strong>de</strong> M. Beech, ingénieurfrançais <strong>de</strong>s travaux publics.Dans les campagnes, il subsiste une certaine agitation quitend d'ailleurs à s'atténuer. Nos troupes sont encore entréesen contact, à plusieurs reprises au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnièressemaines, avec <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fel<strong>la</strong>ghas, notamment dans <strong>la</strong>région <strong>de</strong> Gafsa.Quelques actes <strong>de</strong> terrorisme assez sporadiques ont encoreeu lieu : attentais individuels, sabotage d'une voie ferrée, incendied'une ferme.L'amélioration du climat en Tunisie s'est manifestée particulièrementlors <strong>de</strong> <strong>la</strong> tournée effectuée par le rési<strong>de</strong>nt généralles 13 et 14 août dans le Sahel, <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Sfax et celle <strong>de</strong> Sidibou-Zid,c'est-à-dire toutes les régions qui avaient élé les plustouchées par l'agitation.L'accueil réservé par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion au général <strong>de</strong> Latoura été extrêmement chaleureux. Dans le Sahel notamment, lerési<strong>de</strong>nt général a été l'objet <strong>de</strong> vives manifestations <strong>de</strong> sympathie., En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> détente ainsi enregistrée, le rési<strong>de</strong>nt généra<strong>la</strong> déjà prononcé <strong>la</strong> levée <strong>de</strong> toutes ies mesures d'éloignementqui avaient dû être prises lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> troubles, àl'exception <strong>de</strong> cinq décisions d'éloignement frappant <strong>de</strong>s individusparticulièrement dangereux.D'autre part, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> libération conditionnelle et<strong>de</strong>s mesures cle grâce collective concernant <strong>de</strong>s délits peu importantsou <strong>de</strong>s condamnations déjà purgées dans une <strong>la</strong>rgemesure sont actuellement à l'étu<strong>de</strong>.Cependant, conformément aux propositions françaises, unnouveau gouvernement tunisien, chargé à <strong>la</strong> fois d'assurer <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong>s affaires publiques et <strong>de</strong> conduire les négociationsavec <strong>la</strong> France, a été rapi<strong>de</strong>ment constitué.Le 2 août, Son Alfesse le Bey a confié <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong> formerle gouvernement à M. Tahar Ben Amar, nationaliste indépendant,prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre tunisienne d'agriculture.Celui-ci s'est efforcé <strong>de</strong> constituer un gouvernement d'union,conformément au vœu exprimé par le Gouvernement français,qni souhaitait que les diverses tendances <strong>de</strong> l'opinion tunisiennefussent représentées c<strong>la</strong>ns <strong>la</strong> nouvelle formation ministérielle.Investi le S août par le Bey, le gouvernement comprend cir.qindépendants, quatre représentants du Néo-Destour et un socialisteS. F. I. O.Ce gouvernement a été formé dans le cadre <strong>de</strong>s réformes du4 mars 1954. Il comprend trois ministres d'Etat sans portefeuille,qui seront plus spécialement chargés, avec le prési<strong>de</strong>nt duconseil, <strong>de</strong> négocier les futures conventions avec ie Gouvernementfrançais.Il a été assuré <strong>de</strong> l'appui <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s organisations politiqueset professionnelles tunisiennes. Seul le Vieux-De^toura marqué <strong>de</strong>s réserves à l'égard du nouveau gouvernement, enrappe<strong>la</strong>nt son opposition à tous pourparlers avec <strong>la</strong> France quin'auraient pas pour objectif l'indépendance totale <strong>de</strong> 1a Tunisie,Sur l'invitation du Gouvernement français, MM. Tahir BenAmar et Masmoudi se sont rendus à Paris les 17 et 18 août.Au cours <strong>de</strong>s conversations très cordiales qui ont eu lieu,les conditions générales dans lesquelles se dérouleront les prochainesnégociations francoduni-iennes ont été étudiées.Le communiqué commun publié à l'issue <strong>de</strong>s entretiens mentionneofficiellement l'accord <strong>de</strong> Son Altesse le Bey et du.gouvernementtunisien aux propositions faites le 31 juillet supa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Carthage par M. le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France et indiqueque les négociations s'ouvriront au début <strong>de</strong> septembie àTunis, pour se poursuivre à Paris.Quelque hâte que nous ayons d'atteindre le but que nousnous sommes fixés, nous ne" <strong>de</strong>vons pas d'ailleurs nous dissimulerque ces négociations ne pourront être menées à bienen quelques semaines. Le programme que nous avons à rempklrest vaste.Le domaine que couvrira chacune <strong>de</strong>s conventions que nousprévoyons est encore mal défini. Ces conventions ne peuvents'improviser et chacune d'elles eSige une étu<strong>de</strong> approfondiequi reste à faire.Au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s travaux préliminaires où nous sommes, je nepuis soumeltre à l'Assemblée, à titre indicatif, qu'une énumérationprovisoire <strong>de</strong>s conventions que nous envisageons, énumérationqui sera sujette à revision selon les nécessités queferont apparaître les étu<strong>de</strong>s auxquelles vont procé<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>uxgouvernements avec <strong>de</strong>s experts qualifiés.Une convention <strong>de</strong>vra définir et garantir les droits et intérêts<strong>de</strong>s Français en Tunisie et <strong>de</strong>s Tunisiens en France, tant en cequi concerne leur établissement, leur accès aux professions,leurs droits <strong>de</strong> propriété, <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> leurs droits dans tousles domaines qu'en ce qui concerne leur statut personnel enmatière <strong>de</strong> juridiction, d'enseignement, d'exercice <strong>de</strong>s cultes et<strong>de</strong> représentation.Une convention judiciaire réglera le fonctionnement <strong>de</strong>s tribunauxfrançais, ainsi que celui <strong>de</strong>s juridictions mixtes.Une convention culturelle assurera à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Françaisc<strong>la</strong>ns <strong>la</strong> vie du pays et son enseignement dans les établissementfrançais ou tunisiens. Elle fixera en même temps leSmodalités <strong>de</strong> coopération <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dans tous fes domainesculturels et scientifiques.Les conventions économiques et monétaires matérialiserontles re<strong>la</strong>tions existant déjà entre <strong>la</strong> France et <strong>la</strong> Tunisie enmatière financière, douanière, monétaire et dans le domaine ducommerce extérieur. Elles préciseront les modalités <strong>de</strong> participation<strong>de</strong> <strong>la</strong> France au développement économique <strong>de</strong> <strong>la</strong> régencepar ses investissements tant publics que privés.Une convention fixera le statut <strong>de</strong>s Français fonctionnaires<strong>de</strong> <strong>la</strong> régence en garantissant les droits acquis <strong>de</strong> ceux qui sontactuellement en service et les droits <strong>de</strong>s retraités. Elle prévoiraégalement les modalités selon lesquelles, dans l'avenir,les Français pourront être appelés à servir dans les administrationstunisiennes. Elle prévoira aussi toutes les formes <strong>de</strong>col<strong>la</strong>boration administrative et technique qui pourront être établiestant dans le domaine public que dans le domaine privéentre les <strong>de</strong>ux pays.D'autres conventions <strong>de</strong>vront préciser les conditions danslesquelles, compte tenu cle l'octroi cle l'autonomie interne, <strong>la</strong>France continuera à assumer, comme par le passé, les responsabilitésmilitaires et diplomatiques en Tunisie.Enfin, une convention générale sera négociée qui, couvrantl'edifice que nous voulons construire, liera entre elles lesdiverses conventions particulières qui auront été conclues etp<strong>la</strong>cera — nous le souhaitons — les nouvelles re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong>France et <strong>la</strong> Tunisie dans un cadre qui dépasse l'une et l'autre,en donnant à ces re<strong>la</strong>tions une valeur d'exemple.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Me permettez-vous cle vousinterrompre, monsieur le ministre ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Je vousen prie.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Monsieur le ministre, je vousai posé il y a quelques instants, en l'absence <strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, une question que j'avais déjà posée au cours<strong>de</strong> <strong>la</strong> séance du 10 août, M. Mendès-France étant alors à sonbanc.Permettez-moi <strong>de</strong> reprendre cette question, que je posaisdans les termes suivants :cf Tout ce<strong>la</strong> requiert, et c'est pour moi le point essentiel,que <strong>la</strong> réforme constitutionnelle... » — dont, jusqu'à présent,monsieur le ministre, vous n'avez pas parlé, vous n'avez parléque <strong>de</strong>s conventions partielles — « ... soit réalisée tant que subsistele régime du protectorat, c'est-à-dire par le Bey, seulsouverain, disposant seul du pouvoir constituant et a'gissantavec notre accord formel.


« Il s'agit, en réalité, d'une charte que le souverain doitdonner et" non pas d'une constitution qui serait établie parune assemblée.« Le Gouvernement est-il d'accord sur ce point ? C'est <strong>la</strong>première question que j'entends vous poser, monsieur le prési<strong>de</strong>ntdu conseil. Perise-t-il, comme je le pense, que <strong>la</strong> constitutionà venir doit être l'œuvre du Bey et non celle <strong>de</strong> l'assembléefuture, qui sera légis<strong>la</strong>tive et non constituante ? »Aujourd'hui, monsieur le ministre, j'ai complété cette questionen vous <strong>de</strong>mandant :Est-il bien entendu que nous négocions actuellement sousle régime <strong>de</strong>s traités du Bardo et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marsa ? Est-il exact —ce que je souhaite, quant à moi, bien que celle évolution nesoit pas souhaitée par tous les membres <strong>de</strong> l'Assemblée, d'autresdéputés préférant conserver le régime du protectorat —est-il exact que ce n'es! que lorsque ces accords auront étépassés que nous essaierons <strong>de</strong> substituer au régime du protectoratce régime, que je souhaite, <strong>de</strong> l'association que nousappelons dans nos' espérances, sinon dans notre <strong>la</strong>ngage d'aujourd'hui,l'Union française ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Moncher collègue, je vous ai dit en commençant que je répondraispoint par' point aux questions posées par vous et par noscollègues.Vous faites allusion au traité du Bardo. La France l'a signé;elle en connaît les dispositions et n'entend pas y revenir.M. Jacques Fonlupt-Esppraber. Nous négocierons donc sur cerégime-là et non sur un régime nouveau ?M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. NousSommes d'accord. M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil a d'ailleurs très[.fiiciellement, au pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Carti<strong>la</strong>ge, déc<strong>la</strong>ré à Son Altesse 1eBey qu'il lui <strong>de</strong>mandait son accord, qu'il a donné par <strong>la</strong>réponse du prési<strong>de</strong>nt Tnhar ben Amar, il y a quelques jours,à <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> négociation que nous proposions.Il va <strong>de</strong> soi que nous ne pourrons pas menet simultanément<strong>la</strong> négociation <strong>de</strong> toutes ces conventions. Nous <strong>de</strong>vrons déterminer,prochainement, guidés par le seul souci d'aboutir auplus vite à <strong>de</strong>s résultats concrets, quelles sont celles par lesquellesil convient <strong>de</strong> commencer. Il a été entendu que, lors(le <strong>la</strong> séance inaugurale qui se tiendra à l'unis dans le courantdu mois prochain, les <strong>de</strong>ux gouvernements déci<strong>de</strong>ront d'uncommun accord sur quoi porteront leurs premiers travaux.Certes, on pourra clés l'abord objecter qu'un engagementinternational risque cle ne pas être mieux respecté qu'unedisposition <strong>de</strong>. droit interne tunisien et que les accords signésrisquent d'être constamment remis en cause. Mais les accordstrouveront leur force c<strong>la</strong>ns leur solennité d'engagements librementconsentis, et donc incontestables aux yeux <strong>de</strong> l'opinioninternationale, et surtout c<strong>la</strong>ns leur caractère* synalJagmatique.En effet, les avantages reconnus à <strong>la</strong> France auront pourcontrepartie les obligations souscrites par elle, en particulierdans le Jonmine.<strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> économique et financière dont dépend<strong>la</strong> vie même <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie.Mes chers collègues, j'ai trop longuement retenu votre attentionpar un exposé ari<strong>de</strong> mais que j'ai cru nécessaire et quej'ai volontairement fait aussi objectif et aussi apolitique quepossible.Mais je voudrais, en terminant, vous proposer tes gran<strong>de</strong>slignes directrices qui me paraissent <strong>de</strong>voir être adoptées pourl'avenir.Certaines personnalités qui approuvent <strong>la</strong> politique du Gouvernement— dont aucune n'a parlé jusqu'à présent dans cette.Assemblée, sauf M. Fonlupt-Esperaber et M. Pineau, et je su:strès sensible à leur approbation — disent : le problème tunisienest régie.Il faut que je le.s détrompe: Non, le Gouvernement n'a pasréglé le problème tunisien.M. Jacques Fotilupt-Esperaber. Il est en voie <strong>de</strong> règlement.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Ceque ce Gouvernement est fier d'avoir réalisé, c'est <strong>de</strong> s'èlredonné <strong>la</strong> possibilité d'agir, d'avoir rendu à <strong>la</strong> France, en Afriquedu Nord, ce mouvement, celte efficacité constructrice dontLyautey avait donné le saisissant exemple, ce mouvement etcelte efficacité qui, seuls, justifient <strong>la</strong> présence d'un peuple hors<strong>de</strong> ses frontières démographiques et linguistiques. (App<strong>la</strong>udissementssur divers bancs à l'extrême droite et à gauche.)C'est dans cet esprit que nous abordons les négocialions.Pour les rendre possibles, nous avons dû surmonter notre nationalisme.Dans leur déroulement, nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rons à nos interlocuteurs<strong>de</strong> surmonter le leur.Nous les y ai<strong>de</strong>rons en travail<strong>la</strong>nt, en discutant, en codifiantnon pas en fonction <strong>de</strong>s situations d'aujourd'hui, mais en fonction<strong>de</strong> celles <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, en tenant compte du grandissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion tunisienne et <strong>de</strong> ses ambitions, mais en tenantcompte aussi du nouvel essor démographique français et <strong>de</strong> cerenouveau d'activité que le peuple <strong>de</strong> France prépare et qu'enten<strong>de</strong>ncourager le Gouvernement.Nous savons <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> bonnes règles et <strong>de</strong> bons traités.Nos juristes étudieront avec soin les c<strong>la</strong>uses cle nos accords encherchant surtout à éviter les querelles insolubles. Mais noussavons aussi que ces textes ne sont que <strong>de</strong>s cadres que déviaremplir l'activité humaine.En un mot, à vous tous, qui êtes les premiers et naturelsconseillers du Gouvernement, je ne viens pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d'ai<strong>de</strong>rle Gouvernement à déliiur les barrières que nous <strong>de</strong>vrons défendre— nous ne ies connaissons que trop — mais <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r àouvrir les voies nouvelles <strong>de</strong> l'action Nous n'en ouvrironsjamais assez. (App<strong>la</strong>udissements sur plusieurs bancs à l'extrêmedroite.)Je voudrais maintenant, mes chers collègues, parler plus brièvement,mais avec précision, <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation au Maroc.Lorsque, le 10 août, j'ai exposé brièvement à l'Assembléequelle était <strong>la</strong> situation, nous étions au début d'une pério<strong>de</strong>dont tout <strong>la</strong>issait prévoir qu'elle serait marquée par <strong>de</strong>s troublesgraves, qui avaient d'ailleurs déjà commencé.Les partisans <strong>de</strong> l'ancien sultan, notamment le parti <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>lvou<strong>la</strong>ient faire <strong>de</strong>s anniversaires lunaire et grégorien — 9 et20 août — <strong>de</strong> <strong>la</strong> déposition <strong>de</strong> Sidi Mohammed ben Youssef unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil public, ponctuée <strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> masse et<strong>de</strong> manifestations spectacu<strong>la</strong>ires dans les principales villes d'iMaroc. On pouvait s'attendre en même temps à une recru<strong>de</strong>scence<strong>de</strong>s attentats te;rorisles individuels.Sous peine <strong>de</strong> paraître cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> violence, le Gouvernementne pouvait, en présence <strong>de</strong> cette situation, qu'ajourner l'actionpolitique qu'il était d'ores et déjà déterminé à entreprendrepour réduire les causes profon<strong>de</strong>s cle <strong>la</strong> crise marocaine. Il luifal<strong>la</strong>it se borner, en attendant que le calme fût rétabli, à prendreles mesures qu'exigeait .<strong>la</strong> situation pour le .maintien <strong>de</strong>l'ordre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité'. C'est à quoi il s'est attaché.En fait, les sombres prévisions cle ceux qui annonçaient lepire ne se sont pas réalisées, les troubles les plus graves etceux qui firent le plus cle victimes avaient déjà eu lieu lorsquej'ai parlé, le 10 août, à cetle tribune.Les mesures prises à Casab<strong>la</strong>nca, Oudjda, Rabat, Marrakech,Meknès, Agadir et dans les villes du Maroc se sont, <strong>de</strong>puislors, révélées efficaces c-t ont permis d'éviter tout désordrequi aurait pu avoir une extrême gravité.A Port-Lvautey, Petitjean, Fès, <strong>de</strong> vastes opérations <strong>de</strong>contrôle ont été effectuées les 10, 13 et 15 août respectivement.Elles ne provoquèrent aucun inci<strong>de</strong>nt et ne firent aucune victime,contrairement à ce qu'ont annoncé tendancieusement certainespublications étrangères.Conduites avec <strong>de</strong>s forces considérables do l'armée et cle <strong>la</strong>police, elles permirent <strong>de</strong> découvrir les principaux responsables<strong>de</strong>s émeutes et, en ce qui concerne les <strong>de</strong>ux premièresvilles, les auteurs <strong>de</strong>s massacres d'Israélites et d'Européens.Le calme tend à revenir dans tout le Maroc, mais les extrémistesn'en poursuivent pas moins <strong>de</strong>s attentats terroristesindividuels qui, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'échec <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong>masse, sont <strong>de</strong>venus plus nombreux ces jours <strong>de</strong>rniers. Depuisle l or août, cinq Européens et onze Marocains ont été victimesd'attentats.Dans les campagnes, l'ordre n'a été troublé à aucun moment.C'est par <strong>de</strong>s incendies cle récoltes et <strong>de</strong> forêts ainsi que par<strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions cle pieds <strong>de</strong> vigne — qui sont restés d'ailleurstrès localisés — que les terroristes essayèrent d'intimi<strong>de</strong>r lespopu<strong>la</strong>tions rtnales et les colons.Il a fallu faire preuve cle beaucoup <strong>de</strong> sang-froid et d'autorité— je tiens, à cet égard, à rendre hommage au rési<strong>de</strong>ntgénéral et aux autorités françaises et marocaines responsables— pour éviter que le nombre <strong>de</strong>s victimes fût plus élevé durantcette pério<strong>de</strong> cruciale au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ies extrémistes tentaientpar tous le moyens dé semer ia terreur et <strong>de</strong> battre enbrèche l'autorité.Sur un autre p<strong>la</strong>n, les meneurs ne sont pas parvenus à leursfins. L'ordre <strong>de</strong> grève générale <strong>la</strong>ncé pour une durée illimitéeà partir <strong>de</strong>s premiers jours d'août a," en effet, abouti à unéchec. Une grève partielle a eu Feu à Casab<strong>la</strong>nca pendant unesemaine, mais à aucun moment les ouvriers marocains n ontdonné l'impression <strong>de</strong> rtponcuc au met d'irire.Les services publics n'ont subi aucune perturbation et si letrafic du port <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca a été gêné pendant quelques jours,il a été très vite rétabli.Par confie, les petits commerçants, à Casab<strong>la</strong>nca surtout,suivirent le mot d'ordre <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong>s boutiqivs, mais beaucoupplus par crainte parce qu'ils s'exposaient aiuci aux coups


4276 ASSEMBLEE NATIONALE — 1 SEANCE DU 26 AOUT 1954<strong>de</strong>s terroristes que par conviction et non sans qu'un grandnombre d'entre eux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt aux autorités <strong>de</strong> les protéger<strong>de</strong> façon à leur permette a'ouvrir.L'action menée contre les terroristes s'est amplifiée au coursdu m r 'is d'août et a été particulièrement efficace. C'est ainsiqu'à Marrakech une cellule terroriste entière a été arrêtée.Parmi les membres <strong>de</strong> cette cellule figure l'assassin <strong>de</strong> M. Thivent,déiégué aux affaires urbaines à Marrakech, et <strong>de</strong> M. Manier,commissaire du gouvernement auprès du tribunal dupacha.Mais dans l'ensemble, le Gouvernement a aujourd'hui le droit<strong>de</strong> dire que le calme est revenu au Maroc, essentiellementgrâce à <strong>la</strong> confiante coopération <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong>sses <strong>de</strong>spressions auxquelles elles ont été soumises par les extrémistes<strong>de</strong>puis un mois.Le moment est donc venu d'entreprendre maintenant auMaroc une action politique construclive et, d'ores et déjà, enprésence <strong>de</strong> l'apaisement intervenu ces joins <strong>de</strong>rniers et afind'encourager un plus complet retour au calme, le Gouvernementa donné instructions à M. Lacoste <strong>de</strong> prévoir les plus<strong>la</strong>rges mesures <strong>de</strong> clémence compatibles avec le maintien <strong>de</strong>l'ordre public.Le Gouvernement a. d'autre part, décidé <strong>de</strong> mettre en œuvreun vaste programme d'action qui doit permettre au peuple marocain<strong>de</strong> s'acheminer, dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté marocaine,vers une gestion démocratique <strong>de</strong> ses propres affaires.Naturellement, <strong>la</strong> mise au point <strong>de</strong> ce programme ne <strong>de</strong>vraintervenir qu'avec le concours <strong>de</strong> ceux qui seront appelés à enbénéficier.M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil dira, <strong>de</strong>main, dans quelles conditionsle Gouvernement a chargé notre rési<strong>de</strong>nt général <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>rà cette consultation, comment nous mettrons le minimum<strong>de</strong> temps à régler les problèmes que nous a légués le passé,comment nous entendons p<strong>la</strong>cer les rapports entre <strong>la</strong> Franceet le Maroc sous le signe d'une marche puissante et décidéevers l'avenir. (App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur divers bancsà droile et à l'extrême droite.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La suite du début est renvoyée à <strong>la</strong> prochaineséance.— 8 —ORDRE BU JOURM. le prési<strong>de</strong>nt. Ce soir, à vingt cl une heures...-Sur divers bancs. Vingt et une heures et <strong>de</strong>mie!M. le prési<strong>de</strong>nt. ...A vingt et une heures et <strong>de</strong>mie, <strong>de</strong>uxièmeséance publique :Suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions :1 J De M. Jacques Bardoux sur les mesures qu'a prises leGouvernement pour faire cesser l'intervention <strong>de</strong>s Etats étrangerset notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lybie, dans <strong>la</strong> formation, l'équipementet l'armement <strong>de</strong>s commandos <strong>de</strong> combattants ou <strong>de</strong>séquipes <strong>de</strong> tueurs qui opèrent sur les territoires <strong>de</strong> Tunisie etdu Maroc dont <strong>la</strong> France assure, en vertu <strong>de</strong>s traités, <strong>la</strong> protection;2° De M. Pineau sur les mesures politiques, économiques • etsociales que le Gouvernement envisage pour obtenir unedétente réelle au Maroc et sur les directives données à cet effetau rési<strong>de</strong>nt général;3° De M. Quiliei sur <strong>la</strong> politique du Gouvernement en Tunisie ;4° De M. Aumeran sur <strong>la</strong> continuation et l'aggravation d'unepolitique d'abandon et <strong>de</strong> fait accompli n'ayant engagé etn'engageant que <strong>de</strong>s gouvernements et non le pays, qui ensubit les terribles conséquences sans que ses représentants aientclé préa<strong>la</strong>blement consultés;5° De M. Fonlupt-Esporaber sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernemententend suivre dans les affaires tunisiennes et, d'unefaçon plus générale, sur les principes dont il entend s'inspirerpour <strong>la</strong> solution <strong>de</strong>s problèmes qui se posent cil Afrique duNord :6° De M. Vassor sur les conditions envisagées par le Gouvernementpour assurer <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s intérêts français enTunisie ;1" De M. HaUeguen sur: 1° <strong>la</strong> représentation que le Gouvernementse fait du problème tunisien dans son ensemble et,en particulier, <strong>de</strong> l'origine véritable <strong>de</strong> l'activité terroriste dans<strong>la</strong> régence ; 2° le choix qu'il a cru bon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s interlocuteursdu Gouvernement français et, en particulier, sur <strong>la</strong> question<strong>de</strong> savoir auxquelles <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations contradictoires duNéo-Destour il fait référence lorsqu'il choisit d'abandonner, enfait, à ses dirigeants <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s affaires intérieures tunisiennes;3° <strong>la</strong> notion du protectorat à <strong>la</strong>que-lie il se réfère;8° De M. <strong>de</strong> Monsabert sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernemententend suivre pour assurer, dans le cadre <strong>de</strong>s réformes annoncéesen Tunisie et <strong>de</strong> leurs modalités d'application, <strong>la</strong> pérennité<strong>de</strong> <strong>la</strong> présence et <strong>de</strong> <strong>la</strong> primauté françaises en Afrique du Nor<strong>de</strong>t l'harmonieux développement <strong>de</strong>s communautés franco-tunisienneet marocaine indispensables à <strong>la</strong> création du bloc francoafricain,seule garantie <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dans le mon<strong>de</strong>;9° De M. Closlermann sur l'évolution <strong>de</strong>s événements enAfrique du Nord, notamment au Maroc, et. <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> réglerd'urgence le problème dynastique, clef <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique et <strong>de</strong> <strong>la</strong>présence française.Discussion <strong>de</strong>sinterpel<strong>la</strong>tions:1° De M. Dronne sur les événements qui se déroulent dansles Etablissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et sur les mesures que leGouvernement envisage <strong>de</strong> prendre pour faire face à <strong>la</strong> situation;2 1 De M. Silvandre sur les récents événements survenus dansles Etablissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et les métho<strong>de</strong>s que compteemployer le Gouvernement pour pat venir à une solution rapi<strong>de</strong>,conforme aux principes démocratiques et à <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>nos intérêts culturels et économiques;3° De M. P,aingeard sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernemententend suivre pour mettre fin aux agressions répétées dont sontl'objet les Etablissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>.La séance est levée.(La séance est levée à dix-neuf heures cinq minutes.)Le Chef du service <strong>de</strong> <strong>la</strong> sténographie<strong>de</strong> l'Assemblée nationale,MARCEL M. LAurui.Ni.


2 e LEGISLATURESESSION DE 1954 — COMPTE RENDU IN EXTENSO — 121 e SEANCE2 e Séance du jeudi 26 août 1954.1. — Procès-verbal (p. 4277).SOMMAIHEI. — Tunisie et Maroc. — Suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion d'interpel<strong>la</strong>tions(p. 4277).MM. Clostermann, interpel<strong>la</strong>teur, Fouchet, ministre <strong>de</strong>s affairesmarocaines et tunisiennes; HaUeguen, Bouvier O'Cottereau, <strong>de</strong>Benouville, Silvandre; Quilici et Cadi Abd-el-Ka<strong>de</strong>r, interpel<strong>la</strong>teurs.M. Grousseaud.Renvoi <strong>de</strong> <strong>la</strong> suite du débat.3. — Rappel d'inscription d'affaires sous réserve qu'il n'y ait pasdébat (p. 4289i.4. — Avis conformes du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République (p. 4290),6. — Retrait d'un projet <strong>de</strong> loi (p. 4290).6. — Renvois pour avis (p 4290). *7. — Dépôt <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> loi (p. 4290).8. — Dépôt <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> loi (p. 4291).9. —Dépôt <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> résolution (p. 4291).10. — Dépôt <strong>de</strong> rapports (p. 4291).II. — Dépôt d'avis (p. 4292).12. — Dépôt d'avis transmis par le Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République (p. 4292),13. — Ordre du jour (p. 4292).PRESIDENCE DE M. RAYMOND-LAURENT,vice-prési<strong>de</strong>nt.La séance est ouverte à vingt et une heures et <strong>de</strong>mie.PROCES-VERBALM. le prési<strong>de</strong>nt. Le procès-verbal <strong>de</strong> <strong>la</strong> première séance <strong>de</strong>ce jour a été affiché et distribué.11 n'y a pas d'observation ?...Le procès-verbal est adopté. «t.— 2 —>TUNISIE ET MAROCSuite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion d'interpel<strong>la</strong>tions.M. le prési<strong>de</strong>nt. L'ordre du jour appelle <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion<strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> situation en Tunisie et auMaroc.Voici les temps <strong>de</strong> parole encore disponibles-dans ce débat:Gouvernement, 60 minutes;Groupe socialiste, 54 minutes;Groupe communiste, 24 minutesjGroupe du mouvement républicain popu<strong>la</strong>ire, 5 minutes;Groupe républicain radical e{ radicai socialiste, 60 minutesjGroupe <strong>de</strong>s républicains sociaux, 31 minutes;Groupe <strong>de</strong>s républicains indépendants, 30 minutes;Groupe indépendant d'action républicaine et sociale, 2 minutes;Groupe indépendant paysan, 21 minutes;Groupe <strong>de</strong> l'union démocratique et socialiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résistanceet <strong>de</strong>s indépendants <strong>de</strong> gauche, 19 minutes;Groupe <strong>de</strong>s indépendants d'outre-mer, 12 minutes;Groupe <strong>de</strong>s républicains progressistes, 3 minutes;Isolés, 5 minutes.Le groupe paysan a épuisé son temps <strong>de</strong> parole.Cet après-midi, l'Assemblée a commencé l'audition <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>teurset a entendu M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaineset tunisiennes.La parole est à M. Clostermann pour développer son interpel<strong>la</strong>tion.M. Pierre Clostermann. Mes chers collègues, c'est en monnom personnel que je vais essayer, ce soir, <strong>de</strong> vous apporterquelques éc<strong>la</strong>ircissements ou, tout au moins, d'exposerquelques-uns <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation au Maroc. Je doismême au respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>smembres <strong>de</strong> mon groupe ne partagent pas complètement mesidées sur ce point.M. Joseph Halleguen. Dieu merci!M. Pierre Clostermann. Mes opinions ne sont peut-être pastrès orthodoxes. Souvent mêmes elles sont contraires à' l'opiniongénéra'e qui, malheureusement, comme on commenced'ailleurs à le savoir, est entretenue par <strong>de</strong>s intérêts privéset aussi par un certain nombre <strong>de</strong> fonctionnaires françaisactuellement en position au Maroc, ceux-là mêmes, d'ailleurs,dont M. Paul Reynaud disait dans sa déc<strong>la</strong>ration d'investiture,l'année <strong>de</strong>rnière: « Les rési<strong>de</strong>nts généraux n'obéissent plusau Gouvernement, mais surtout ils sont" eux-mêmes désobéispar leurs subordonnés. Cette situation est, je vous le dis,parfaitement intolérable et elle doit cesser. Si vous m'en donnezle mandat, elle cessera ».Celte situation, d'ailleurs, n'a pas changé.L'aventure marocaine a commencé le 20 août 1953 avec <strong>la</strong>déposition <strong>de</strong> Sa Majesté Sidi Mohamed ben Youssef V.M. Ro<strong>la</strong>nd <strong>de</strong> Moustier. Elle a commencé plus tôt.M. Pierre Clostermann. Ce jour-là, les fonctionnaires <strong>de</strong> l'administrationpolitique française au Maroc et quelques groupesfinanciers puissants ont réussi à tromper le Gouvernement <strong>de</strong><strong>la</strong> République française alors en fonction et obtenu in extremis<strong>la</strong> déposition <strong>de</strong> Sidi Mohamed ben Youssef.L'on dira un jour, peut-être — et le plus tard sera sans doutele mieux, car ce<strong>la</strong> ne sera pas à l'honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> France — commentl'on fabrique <strong>de</strong>s manifestations spontanées.Celui qui vous parle, mesdames, messieurs, a été, heure parheure, minute par minute même, le témoin <strong>de</strong>s événements,ayant été délégué l'an <strong>de</strong>rnier, pour les suivre, par le premiermagistrat <strong>de</strong> France.


J'ai vu comment, à Tamara, avec <strong>de</strong>s camions <strong>de</strong> l'armée française,l'on distribuait <strong>de</strong>s selles berbères aux habitants <strong>de</strong>sdouars avoisinants « pour pouvoir faire <strong>la</strong> photographie et préparerles manifestations spontanées », comme le disait assezsimplement, avec un accent du terroir qui ne manquait pas <strong>de</strong>charme, un adjudant qui participait à cette distribution.J'ai fait le tour <strong>de</strong> lîabat. Pendant trois jours j'ai pris toutesles routes, tous les petits chemins. 11 n'y avait pas un seulcavalier berbère dans un rayon <strong>de</strong> soixante kilomètres <strong>de</strong> Rabat.Le haut fonctionnaire français qui a téléphoné au ministre<strong>de</strong>s affaires étrangères le 20 août 1953, à neuf heures du matin,a commis une forfaiture en déc<strong>la</strong>rant: Les Berbères dévalentsur <strong>la</strong> ville, les cavaliers arrivent, il faut que j'ouvre le feu.L'opération s'est faite. Il est <strong>de</strong>s opérations sur lesquelles, jele sais, il est extrêmement difficile <strong>de</strong> revenir. Cependant on ale droit <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s post mortem, <strong>de</strong> chercher à étudier <strong>de</strong>ssituations et d'en tirer <strong>de</strong>s leçons pour l'avenir.Le dossier détaillé <strong>de</strong> <strong>la</strong> déposition <strong>de</strong> Sidi Mohamed ben•Youssef peut attendre. L'histoire a d'ailleurs besoin d'un certainrecul. Mais le déroulement <strong>de</strong>s événements au Maroc ne peutpas attendre. Nous risquons — je le dis à mon grand regret carj'aime profondément le Maroc où j'ai <strong>de</strong>s amis marocains pourlesquels j'ai <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> affection et le plus grand respect— nous risquons <strong>de</strong> creuser entre eux et nous un fossé infranchissable.Il est au moins un bénéfice que vous m'accor<strong>de</strong>rez, c'est celuidu patriotisme et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne foi. Des faits que je vais vousciter, j'ai été le témoin. Je ne voudrais pas en citer un seulque je n'aurais pas pu contrôler. Comme Thomas, je ne croisque ce que je vois, que ce que je touche.Il se peut que j'interprète mal les faits; il appartient au Gouvernement<strong>de</strong> le dire. J'ai toutefois à remplir un <strong>de</strong>voir d'honnêteté,avec certains risques. Je reçois en effet chaque jour <strong>de</strong>nombreuses lettres <strong>de</strong> menaces et je tiens à dire d'ailleurs aupassage que si <strong>de</strong>main je suis victime d'un attentat, et si je suistué, ce ne sera pas par l'acte d'un Marocain.A Marrakech on a tué Moinier que les Marocains adoraient etqui adorait les Marocains. Quel est le Marocain qui aurait faitce<strong>la</strong> ?On a attribué ce meurtre aux terroristes.Il semble maintenant, aux <strong>de</strong>rnières nouvelles, que pour l'anniversairedu 20 août 1953, l'administration cherche à rééditerson coup <strong>de</strong> l'an <strong>de</strong>rnier.On lit <strong>de</strong> nouveau dans <strong>la</strong> presse marocaine: « Cent camionstransportent <strong>de</strong> Fez à Rabat <strong>de</strong>s contingents <strong>de</strong>s tribus. »C'est La Vigie marocaine qui donne cette information.Cent camions ? De qui ? Payés par qui ? Dans quelles conditions?On a parlé <strong>de</strong> 3.000 à 4.000 Berbères venus ainsi à Rabat.On précise que les chefs <strong>de</strong> ces contingents venaient prêterserment <strong>de</strong> fidélité ou assurer leur fidélité à Sa Majesté BenArafa, le nouveau sultan.Ce que l'on oublie <strong>de</strong> dire, c'est que les camions sont venusavec quarante hommes et trois jours après sont repartis avecdix hommes car entre temps les autres étaient partis.On oublie aussi <strong>de</strong> dire que toutes les troupes marocaines,tous les tirailleurs marocains ont été désarmés et consignés enleurs quartiers. C'est là un fait qu'on ne peut pas nier.Je suis passé, il y a trois jours, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>scasernes. Je jn'entretiens couramment avec <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong>tirailleurs marocains qui me ren<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> fréquentes visites...M. Christian Fouehet, minisire <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes. Me permettez-vous <strong>de</strong> vous interrompre, mon chercollègue ?M. Pierre Clostermann. Volontiers.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Moncher collègue, vous savez foute l'amitié et <strong>la</strong> camara<strong>de</strong>rie quej'ai pour vous.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas mettre en cause ici le loyalismeà l'égard du Gouvernement <strong>de</strong> hauts fonctionnaires qui ontsa confiance.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas exagérer et <strong>de</strong> prendre gar<strong>de</strong> àvos déc<strong>la</strong>rations.M. Pierre Clostermann. Je ne mets nullement en cause leloyalisme du rési<strong>de</strong>nt avec qui j'ai, vous le savez, <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionsd'amitié et pour qui j'éprouve un grand respect, mais je metsen doute définitivement, comme le Gouvernement l'a fait àmaintes reprises, Je loyalisme <strong>de</strong> certains fonctionnaires françaisenvers les intérêts généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Ces fonctionnairesclierciient à interpréter les intérêls <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, alorsque nous, membres du Parlement français, qui en âoinmes lesdépositaires, qui en sommes les garants...Plusieurs voix à droiie. Pas vous!». Armand <strong>de</strong> Baudry d'Asson. Pas vous, qu'on ne voitjamais ici.M. Pierre Clostermann. Mon cher collègue, permettez-moi <strong>de</strong>vous dire, avec beaucoup d'amabilité,...M. Armand <strong>de</strong> Baudry d'Asson. Je ne sais pas où vous défen<strong>de</strong>zles intérêts français; en tout cas, ce n'est pas au Parlement.M. Pierre Clostermann. ... qu'aux obligations <strong>parlementaires</strong>s'opposent parfois <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> santé. C'est pour <strong>de</strong> tellesraisons que j'ai dû être absent.En effet, pendant <strong>la</strong> guerre, j'eus malheureusement les poumonstrès atteints, ce qui m'a obligé à me retirer pendant uncertain temps sous un climat un peu plus clément. N'étant pasmilliardaire, je ne peux pas passer ma vie sur <strong>la</strong> côte d'Azur.J'ai profité <strong>de</strong> cette circonstance pour servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> meilleurefaçon et <strong>de</strong> toute ma conscience <strong>la</strong> France et les intérêts françaisen gardant contact avec <strong>de</strong>s Marocains qui sont nos amiset seront <strong>de</strong>main nos col<strong>la</strong>borateurs les plus précieux. (App<strong>la</strong>udissementssur plusieurs bancs à l'extrême droite el à gauche.)On cherche à recréer artificiellement l'antagonisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> villeet <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne.C'est là un <strong>de</strong> ces mythes qui . finissent par se créer onne sait comment, mais qui <strong>de</strong>viennent vérités absolues d'évangileà force d'être répétés, sans que les faits qui les ontfait naître aient jamais été contrôlés.On parle du problème berbère, du problème <strong>de</strong>s villes!Oublie-t-on que Casab<strong>la</strong>nca est <strong>la</strong> plus importante <strong>de</strong>s villesberbères ? Dans cette ville, sur huit cent mille Marocains,quatre cent mille à cinq cent mille sont berbères. L'oublie-t-on ?Aux Carrières centrales, <strong>de</strong>ux habitants sur trois sont berbèreset il existe une rotation permanente entre les tribus, entreles popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Les Berbèressont cfevenus, d'ailleurs, d'excellents commerçants ; certainstravaillent dans <strong>la</strong> quincaillerie, d'ans <strong>de</strong> petites affaires commerciales.D'autres préfèrent rester à fa montagne.Leur prolifération due à <strong>la</strong> France qui a amené l'hygiène,aux mé<strong>de</strong>cins du toied, fait que leurs terrains <strong>de</strong> pâturagesne nourrissent plus l'excès <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ils partent vers lesvilles.D'autre part, il y a <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l'Is<strong>la</strong>m. Enfin n'oublionspas que <strong>la</strong> raison même <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> France au Maroc,<strong>la</strong> raison même du protectorat, c'était cette lutte entre <strong>la</strong>ville et <strong>la</strong> montagne.C'est là l'origine du traité <strong>de</strong> Fez. Le soin a été confié à <strong>la</strong>Francs <strong>de</strong> remettre <strong>de</strong> l'ordlre au Maroc. Après y avoir réussi,grâce à Lyautev, aujourd'hui on va tenter <strong>de</strong> recréer artificiellementune scission entre les Berbères, gens <strong>de</strong>s montagnes,et les gens <strong>de</strong>s villes.Je les ai parcourues, ces montagnes, au cours <strong>de</strong> ces trois<strong>de</strong>rniers mois. Je sais ce que pensent leurs habitants. Je saisce que pensent les plus hauts fonctionnaires français en p<strong>la</strong>ce,du Maroc politique, et leurs pensées ne correspon<strong>de</strong>nt pas précisément— je vous l'assure — à l'opinion qui est expriméeaujourd'hui pas les trois quarts <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse. 11 est difficilementadmissible que l'on cherche à creer artificiellement, dlesmanifestations qui dénaturent complètement le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong>volonté du peuple marocain.Nous n'avons pas. nous, Français, à jouer un rôle <strong>de</strong> partisan,nous avons à jouer un rôle d'arbitre. C'est là notremission.D'ailleurs, il ne faut pas oublier que lorsque Sidi MohammedV a été déposé, le communiqué officiel du Gouvernementindiquait que le sultan avait été éloigné pour le protéger <strong>de</strong>ses sujets. Grâce au ciel, ce communiqué est génialementrédigé, car il ouvre pour l'avenir bien <strong>de</strong>s portes à <strong>la</strong> discussion.M. le prési<strong>de</strong>nt cPu conseil, et vous, monsieur le ministre,avez attaqué <strong>de</strong> front, avec courage, le problème <strong>de</strong> Tunisie.Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire que, <strong>de</strong>main, aux actions <strong>de</strong> grâces <strong>de</strong>bien <strong>de</strong>s Français ne se mêleront pas les pierres dont on vous<strong>la</strong>pi<strong>de</strong>ra, car Je courage n'est pas toujours, sur le p<strong>la</strong>n politique,très /payant. Mais un jour, dans vingt ans, on comprendral'Histoire rendra justice à ce que vous avez fait en Tunisie.M. Ro<strong>la</strong>nd <strong>de</strong> Moustier. Avant vingt ans, je l'espère.H. Pierre Clostermann. Le calme est revenu, et le calme est,malgré tout, une ambiance plus propice à <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s thèsesfrançaises lors <strong>de</strong>s négociations qui vont s'ouvrir.Au Maroc, il en est <strong>de</strong> même. L'émeute n'a été que <strong>la</strong> conséquence<strong>de</strong> l'inaction et <strong>de</strong> ces fameux mensonges qui nous ontfait tant <strong>de</strong> mal.Exiger le calme, le calme absolu pour parler, c'est entrer dansun cercle vicieux, car il n'y a plus <strong>de</strong> moyens d'expressionau Maroc. Il n'y a plus <strong>de</strong> presse libre; les lea<strong>de</strong>rs politiquesont tous été emprisonnés. On a essayé d'en libérer quelquesunset immédiatement les agents provocateurs intéressés ontcréé <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts.Parlons <strong>de</strong> l'inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Port-Lyauley. J'en ai été le témoin.et


ASSEMBLEE NATIONALE — 2* SEANCE DU 26 AOUT 1954 4279On a libéré — c'était une mesure <strong>de</strong> courage et <strong>de</strong> hautepolitique — quatorze lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>l. Istiq<strong>la</strong>l veut dire« parti <strong>de</strong> l'indépendance ». La plupart, d'ailleurs, <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>l'Istki<strong>la</strong>l ne sont pas les monstres que l'on suppose; beaucoupd'entre eux sont <strong>de</strong> bons bourgeois pru<strong>de</strong>nts, qui se comp<strong>la</strong>isaientbeaucoup plus à <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> Condorcet et <strong>de</strong> Montesquieuqu'à l'appel à l'incendi.e et au terrorisme, croyez-moi.Ils avaient, d'ailleurs, une influence plutôt calmante, lénifiantesur <strong>la</strong> jeunesse marocaine, car il va<strong>la</strong>it mieux que lesjeunes Marocains écoutent jusqu'aux longues heures <strong>de</strong> l'aube,eu buvant le thé, tel lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>l ou chef <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>l'Istiq<strong>la</strong>l discutant <strong>de</strong> Benjamin Franklin ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>rationd'indépendance plutôt qu'ils se promènent avec <strong>de</strong>s coïts ou<strong>de</strong>s mitraillettes.. M. Joseph Halleguen. Monsieur Clostermann, voulez-vous mepermettre <strong>de</strong> vous interrompre ?M. Pierre Clostermann. Je vous en prie, mon cher collègue.M. Joseph Halleguen. Je suis tout à fait touché du tableauidyllique que vous venez <strong>de</strong> nous présenter. Il est cependantun certain nombre <strong>de</strong> points que je ne comprends pas très bienet que je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai <strong>de</strong> m'expliquer.D'abord, si je me souviens bien, l'opposition entre Beribèreset Arabes ne date pas du 20 août 1953. En effet, déjà, avant <strong>la</strong>guerre, vers 1935, lorsque fut créé le comité d'action marocaine,...M. Pierre Clostermann. Le daliir qui le créa date <strong>de</strong> 1933.M. Joseph Halleguen. ... le premier acte <strong>de</strong> cet organisme fut<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que le protectorat français renonçât à sa politiqueberbère. Ainsi, dès 1935 — et le fait est probablement bien plusancien — régnait une certaine opposition entre Arabes et Berbères.Vous avez dit ensuite, monsieur Clostermann, que l'affairemarocaine avait commencé le 20 août 1953.M. Pierre Clostermann. Nullement.M. Joseph Halleguen. Vous l'avez dit à peu près textuellementau début <strong>de</strong> votre discours.M. Pierre Clostermann. J'ai dit que les événements marocainss'étaient précipités à partir du 20 août 1953.M. Joseph Halleguen. Cependant, avant le 20 août 1953, existaient<strong>de</strong> petites difficultés qui tenaient, en particulier, à <strong>la</strong>personne au sultan Mohamed ben Ynussef.Enfin, vous venez <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> certaines manifestations spontanées.Mais je crois avoir entendu parler également <strong>de</strong> certainesautres manifestations, par exemple <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> Port-Lyautey, dont vous avez été le témoin.Kl. Pierre Clostermann. J'agis précisément en parler.M. Joseph Halleguen. Sid!§'"doute pourrez-vous nous dire siles jeunes gens gavés d'alcool et dopés <strong>de</strong> stupéfiants qui, cejour-là, ont éventré <strong>de</strong>s femmes à Port-Lyautev, agissaient <strong>de</strong>leur propre initiative ou si quelques-uns <strong>de</strong> ces bons bourgeoisdont vous venez <strong>de</strong> parler les avaient très idylliquement préparésà exécuter ce travail.M. Pierre Clostermann. Je commençais, quand vous m'avezinterrompu, à parler <strong>de</strong> l'affaire <strong>de</strong> Port-Lyautey.Je disais qu'avaient été libérés — c'était un acte <strong>de</strong> courage— quatorze lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>l, qui ont pris l'engagementsolennel <strong>de</strong> faire respecter le calme, dans <strong>la</strong> mesure, d'ailleurs,où il est possible <strong>de</strong> contrôler une foule.C'était un engagement assez impru<strong>de</strong>nt. Cependant, pendantune semaine, Port-Lyautev — vous le savez, monsieur le ministre— a été <strong>la</strong> ville'<strong>la</strong> plus calme du Maroc. Mais il y avait cefameux problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> fermeture <strong>de</strong>s boutiques!" Tout lemon<strong>de</strong> sait que ies boutiques marocaines ont <strong>de</strong>ux portes, une<strong>de</strong>vant, une autre <strong>de</strong>rrière. La porte donnant sur <strong>la</strong> rue estfermée et le commerçant continue à recevoir ses clients par <strong>la</strong>porte <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière.Pour <strong>de</strong>s raisons que je veux croire parfaitement pures lesautorités locales ont décidé <strong>de</strong> faire ouvrir <strong>de</strong> force les boutiques,quoique personne ne se p<strong>la</strong>ignait.Des troupes supplétives ont été envoyées sur p<strong>la</strong>ce. La policefrançaise, l'armée française sont respectées; mais les forcessupplétives le sont beaucoup moins. Celles-ci ont fait sauter lespremières portes à coups <strong>de</strong> fusil. En l'espace <strong>de</strong> quelquesminutes, c'était l'émeute.On ne peut pas contrôler une foule, qu'elle soit française,hindoue ou britannique encore que, dans ce <strong>de</strong>rnier cas, cesoit différent. Rappelez-vous, cependant, les événements survenusen pays <strong>de</strong> Galles, en 1929, et les troubles <strong>de</strong> Cardifï.On ne peut plus contrôler une foule même à une échelleenfantine. Souvenez-vous <strong>de</strong> ce qui s'est passé lors du monômedu bacca<strong>la</strong>uréat à Paris à <strong>la</strong> suite duquel trois agents ont dûêtre hospitalisés au Val-<strong>de</strong>-Grâce et au cours duquel un autobusa été brûlé. Victor Hugo a dit <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule qu'elle était unmonstre.Il s'est produit <strong>de</strong>s événements très graves qui auraient puêtre évités si l'on n'avait pas insisté pour l'ouverture <strong>de</strong>s boutiques.Immédiatement tous les éléments interlopes son intervenuset les agitateurs professionnels ont tout <strong>de</strong> suite profité<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation.Ce furent alors <strong>de</strong>s événements <strong>la</strong>mentables: l'école <strong>de</strong> puériculture,l'hôpital furent incendiés. Ce fut ignoble; ce<strong>la</strong> achoqué, d'ailleurs, tous les Marocains.Voilà <strong>la</strong> vérité sur l'affaire <strong>de</strong> Port-Lyautey. Cette re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>sfaits correspond sans doute aux informations du Gouvernement,car si celui-ci a <strong>de</strong>s informations différentes, elles sont probablementtendancieuses.Des Européens ont été assassines: on aurait dû les évacuer<strong>de</strong>s médinas.M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Voulez-vous me permettre<strong>de</strong> vous interrompre, mon cher collègue ?M. Pierre Clostermann. Je vous en prie.M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Vous nous avez déc<strong>la</strong>réavoir été le témoin <strong>de</strong>s événements qui se sont déroulés auMaroc antérieurement au 20 août 1953, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> dénosition<strong>de</strong> l'ancien sultan, et <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts récents <strong>de</strong> Port-Lyautey.Vous avez apporté <strong>de</strong>s précisions telles qu'elles doivent êtreprises au sérieux par cette Assemblée.Je serais heureux si vous vouliez me faire l'honneur <strong>de</strong>m'ecouter quand j'interviendrai à mon tour; car j'étais auMaroc lors <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> 1951 et en 1952, au moment <strong>de</strong>sinci<strong>de</strong>nts du syndicat. Le 20 août 1953, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépositiondû sultan, j'étais sur les routes du Maroc...'M. Pierre Clostermann. Y avez-vous vu les cavaliers berbères ?M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Je vous répondrai.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> simplement pour l'instant d'être assezaimable pour entendre <strong>la</strong> contradiction que j'apporterai à vostémoignages, car, moi aussi, j'ai été un témoin et je ne suispas du tout d'accord sur ce que vous déc<strong>la</strong>rez.M. Pierre Clostermann. C'est d'ailleurs parfaitement normal.M. Edouard Corniglion-Molinier. Chacun sa vérité!M. le prési<strong>de</strong>nt. M. Clostermann a aimablement consenti àêtre interrompu. Mais je ne puis <strong>la</strong>isser s'engager ici un dialogue.M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong>M. Clostermann sont trop graves.M. le prési<strong>de</strong>nt. Il s'agit d'une interpel<strong>la</strong>tion adressée parM. Clostermann au Gouvernement et non pas d'une controverse<strong>de</strong> collègue à collègue.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Très bien!M. Pierre Clostermann. Je continue mon exposé.Un an s'est écoulé <strong>de</strong>puis le 20 août 1953. Où en sommesnousaujourd'hui ?Les grands griefs que l'on faisait à Sidi Mohamed V étaientau nombre <strong>de</strong> trois. Le premier <strong>de</strong> ces griefs était: il se refuseà condamner l'Istiq<strong>la</strong>l; le second: c'est un ennemi <strong>de</strong> <strong>la</strong>France; le troisième: il se refuse à signer les réformes.Je vous avo'ue, mes chers collègues, que j'attends avec impatience,<strong>de</strong>puis un an, <strong>la</strong> condamnation dé l'Istiq<strong>la</strong>l par BenArafa, et j'attends également les fameuses réformes.En effet, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux choses l'une: ou l'ancien sultan refusait<strong>de</strong> signer les réformes et elles auraient dû paraître dansles cinq jours qui suivirent sa déposition; ou il n'y en avaitpas d'établies — car les journaux ont indiqué ensuite qu'ellesétaient mises à l'étu<strong>de</strong> — c'est donc qu'un texte incomplet avaitété soumis au suitan, et alors <strong>la</strong> position française n'était pasd'une honnêteté intellectuelle absolue.Quant à l'autre grief: « c'é<strong>la</strong>it un ennemi <strong>de</strong> <strong>la</strong> France»,reste à savoir ce que l'on entend par le mot « ennemi ». EnelTet, on a dit bien <strong>de</strong>s choses sur l'ancien sultan. Appelle-t-onennemi un interlocuteur difficile ?C'est vrai. Sidi Mohamed V était un interlocuteur difficile. Enface d'un pareil interlocuteur, mieux vaut p<strong>la</strong>cer un hommequi le domine intellectuellement, surtout intellectuellement,car c'esi le point important au Maroc. L'a-t-on fait ?L'on perd au poker et l'on tire sur celui qui vient <strong>de</strong> vousbattre : c'est une formule pratiquée dans certains pavs. Cen'est généralement pas dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> France."Toujours est-il que ni les réformes ni <strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong>l'Istiq<strong>la</strong>l ne sont intervenues.On a prétendu que le sultan avait été déposé à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>du peuple marocain.On compte aujourd'hui plus <strong>de</strong> cent mille signatures <strong>de</strong> notables,d'hommes <strong>de</strong> vrleur, au bas <strong>de</strong> pétitions qui affirment leurfidélité au sultan déposé. Nous Français qui <strong>de</strong>vons être arïri-


très <strong>de</strong> cette situation, nous <strong>de</strong>vons étudier ces pétitions. Songezque le propre iman <strong>de</strong> <strong>la</strong> mosquée impériale a signé unetelle pétition. L'histoire du pistolet sur <strong>la</strong> nuque, on peut s'enservir comme alibi pendant un certain temps, mais s'il estune vertu qu'on ne peut nier aux Marocains c'est leur très grandcourage : ils l'ont prouve en se battant magnifiquement à noscôtés en maintes occasions.Les Oulémas <strong>de</strong> Fez, <strong>de</strong> Salé, <strong>de</strong> Rabat, Jes Chorfas, malgréles risques et les pressions exercées sur eux, ont signé cettepétition ce qui, entre parenthèses, a amené .cette réactionextraordinaire: le Horm <strong>de</strong> Mou<strong>la</strong>y Idriss a été violé.L'asile invio<strong>la</strong>ble a été violé. I.yautey" lui-même avait refusé,par respect <strong>de</strong>s traditions musulmanes, d'y pénétrer, alorsque les marocains l'avaiemt invité à le visiter.Tous les Roguis pourchassés par les sultans ou tous les sultanspourchassés par les Roguis, lorsqu'ils y prenaient ashey trouvaient ai<strong>de</strong> et sauf conduit. C'est <strong>la</strong> première fois dansl'histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition musulmane qu'on a <strong>la</strong>issé commettreune telle vio<strong>la</strong>tion, au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte orthodoxie coranique,car, ne l'oublions pas,.l'une <strong>de</strong>s raisons pour lesquelles SidiMohamed V a été déposé était qu'il n'était pas d'une parfaiteorthodoxie musulmane. Malgré toutes les pressions les Oulémasont refusé <strong>de</strong> revenir sur cette pétition. Peut-être y en aura-t-:iun ou <strong>de</strong>ux qui finiront par cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> force. J'en doute, maigretout.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Voulez-vous me permettre <strong>de</strong> vousinterrompre ?M. Pierre Clostermann. Volontiers!M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Vous dites que tous les Oulémas ontsigné ia pétition.M. Pierre Clostermann. Tous, j'en ai <strong>la</strong> liste.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Combien sont-ils ?M. Pierre Clostermann. Nous pouvons les compter.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je croyais qu'ils étaient quarante surtrois cents à avoir signé cette pétition.M. Pierre Clostermann. Nullement, car il y a les Oulémas,mais aussi les Chorfas...M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Les Oulémas dont vous parlez n'oitpas tous signé <strong>la</strong> pétition.Vous savez les sentiments d'amitié et d'admiration que j'aipour vous. Mais je ne peux pas vous entendre faire le procès<strong>de</strong> mon pays dans cette enceinte sans vous répondre que vousvenez <strong>de</strong> vous tromper. (App<strong>la</strong>udissements sur <strong>de</strong> nombreuxbancs à l'extrême droite et à droite.)Je suis certain, vous connaissant bien, monsieur Clostermann,que vous vous trompez <strong>de</strong> bonne foi, mais vous vous trompez.M. Saïd Mohamed Cheikh, Vous aussi.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Et je profite <strong>de</strong> ce que vous m'avezpermis <strong>de</strong> vous interrompre, pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à M. leministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes s il est exactqu'il existe au ministère <strong>de</strong>s affaires étrangères un dossieraccab<strong>la</strong>ntcondamnant les rapports du sultan déposé avec iesoccupants <strong>de</strong> 1940.Si le fait est exact...M. Jacques Fonlupt-Esperaber. Il est compagnon <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération,comme vous.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. ... il appartient au Gouvernement<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'Ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération <strong>de</strong> créer un jury d'honneurpour examiner ce dossier.Nous ne pouvons pas admettre, si le fait n'est pas exact, queces rumeurs circulent. Nous ne pouvons pas tolérer non plusque <strong>la</strong> France soit mise en accusation dans l'enceinte <strong>de</strong> l'Assembléenationale. (App<strong>la</strong>udissements sur <strong>de</strong> nombreux bancsà l'extrême droite et à droite et sur quelques bancs à gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole. Je vais <strong>la</strong> lui donner, maisauparavant, je prie instamment M. Clostermann <strong>de</strong> ne plus se<strong>la</strong>isser interrompre, d'autant plus que son temps <strong>de</strong> parole vabientôt être épuisé.La parole est à M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines ettunisiennes.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Monsieurle prési<strong>de</strong>nt, je ne peux que regretter le tour que prendle débat ce soir. Il semble qu'il dégénère en interpel<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>collègue à collègue.C'est le Gouvernement qui est interpellé. Je constate d'ailleursque mon ami M. Clostermann interpelle en ce moment le gouvernementprécé<strong>de</strong>nt. Le .Gouvernement actuel, qui est solidaire<strong>de</strong> <strong>la</strong> continuité gouvernementale, ne peut que fairetoutes les réserves nécessaires sur les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> M. Clostermann.Il les écoute comme il a écouté cet après-midi celles <strong>de</strong>sautres interpel<strong>la</strong>teurs et il lui répondra à ia fin <strong>de</strong> ce débat.M. Jean Silvandre. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole pour un rappel aurèglement.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Silvandre, pour un rappe<strong>la</strong>u règlement.M. Jean Silvandre. Je suis surpris <strong>de</strong> constater que, commele disait un jour notre collègue, M. Naegelen, il y a <strong>de</strong>'ux catégoriesd'orateurs.M. le prési<strong>de</strong>nt. Nullement. A quel article du règlement vousréferez-vous ?M. Jean Silvandre. Je me suis vu appliquer le règlement. J'aiéprouvé ce harcèlement, si je puis dire, <strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>nt etme suis incliné avec déférence. Cependant, je dois faire remarquerque d'autres orateurs — je n'ai rien contre l'ancien ministre<strong>de</strong> l'intérieur — ont pu <strong>la</strong>rgement user <strong>de</strong> leur temps <strong>de</strong>parole.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. C'est exact.M. Jean Silvandre. Il y a donc bien <strong>de</strong>ux catégories d'orateurs.(App<strong>la</strong>udissements"à gauche el sur divers bancsjM. le prési<strong>de</strong>nt. Désormais j'appliquerai le règlement avecune certaine rigueur.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. J'aurais voulu que M. le ministre,qui a déc<strong>la</strong>ré qu'il répondra à M. Clostermann, me donnât aussil'assurance d'une réponse sur le point que j'ai évoqué.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Vousn'êtes pas interpel<strong>la</strong>teur.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je vous interpelle 1M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur <strong>de</strong> Benouville, c'est à M. Jeministre qu'il appartient <strong>de</strong> juger s'il doit vous répondre.Monsieur Clostermann, étant donné que votre temps <strong>de</strong> paroleest limité, je vous invite, dans votre propre intérêt, à neplus vous <strong>la</strong>isser interrompre. 11 est loisible à ceux <strong>de</strong> noscollègues qui veulent intervenir sur un point <strong>de</strong> votre interpel<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> se faire inscrire, <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s orateurs n'étant pasclose.M. Pierre <strong>de</strong> Benouville. Je le répète, un rapport existe auministère <strong>de</strong>s affaires étrangères sur l'activité <strong>de</strong> l'anciensultan.M. Pierre Clostermann. Mon cher collègue, je pose également<strong>la</strong> même question au Gouvernement. Car je tiens à vous direque, si un dossier <strong>de</strong> cette nature existait, si <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong>ce que vous avancez était apportée, je changerais totalementet immédiatement d'opinion — et, avec moi, un très grandnombre <strong>de</strong> Marocains — à l'égard <strong>de</strong> Sidi Mohamed benYoussef, j'en donne ma parole d'honneur.Monsieur le ministre, j'attends dfkfc avec beaucoup d'impatienceet d'intérêt votre réponse à ce propos.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. MonsieurClostermann, je vous répondrai <strong>de</strong>main, mais je regrettedès maintenant que vous n'avez pas fait ce discours l'année<strong>de</strong>rnière !M. Pierre Clostermann. L'année <strong>de</strong>rnière, après les événementsgraves qui se sont déroulés, il fal<strong>la</strong>it un certain recul,il fal<strong>la</strong>it certaines preuves. Or, les Français habitant au Maroc<strong>de</strong>puis fort longtemps ne s'étaient pas eux-mêmes, à l'époque,rendu parfaitement compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation, comme ils commencentà le faire maintenant. C'est ainsi que <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>commerce <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca et le patronat français en sont venusà changer d'opinion sur <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> l'opération du20 août 1953.Monsieur <strong>de</strong> Benouville, vous m'avez posé une question surles ulemas.M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Clostermann, je vous en prie, *•adressez-vous à l'Assemblée et au Gouvernement en particulier.M. Pierre Clostermann. Les journaux ont parlé <strong>de</strong>s quaranteulemas <strong>de</strong> Fès. Il y a ceux <strong>de</strong> Fès, mais il y a aussi ceux<strong>de</strong> Rabat et <strong>de</strong> Salé." Il n'y en a pas trois cents. Actuellement,ils sont cent trente-quatre, sur lesquels une douzaine environdoivent être immobilisés, soit par <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, soit par legrand âge.Les trois secrétaires du pa<strong>la</strong>is impérial ont signé <strong>la</strong> pétitionen cause, ainsi que tous les a<strong>de</strong>ls <strong>de</strong> toutes les mosquées <strong>de</strong>Rabat et <strong>de</strong> Fès. Ils sont sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> cette pétition dontvous connaissez, monsieur le ministre, l'original. Le prési<strong>de</strong>ntet les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, lesconseillers municipaux marocains <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, Bouchard, lepropre pacha <strong>de</strong> Casab<strong>la</strong>nca, qui a été nommé par Ben Arafa,ont signé.


ASSEMBLEE NATIONALE — 2" SEANCE DU 20 AOUT 1954 4281Amroq, le caïd <strong>de</strong> Khemfra, qui a signé, n'est-ce pas unberbèreL'annéé <strong>de</strong>rnière, on disait que 250 caïds avaient signé linepétition contre Sidi Mohamed Ben Youssef. On n'en a jamaisdonné <strong>la</strong> liste, sinon indirectement, sous forme <strong>de</strong> promotionsdans l'ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Légion d'honneur ! Cette promotion venaitellerécompenser le dévouement à <strong>la</strong> cause française ou étaitellele prix du silence ?A l'occasion <strong>de</strong> l'Aïd El Kébir, cette année, lors du serment<strong>de</strong> fidélité à Ben Arafa, on recueil<strong>la</strong>it cinquante-cinq signatures.Trois jours après, <strong>de</strong>mandant le renouvellement <strong>de</strong> ce serment,on n'en obtenait plus que vingt et une.On parle <strong>de</strong>s berbères. Comment se fait-il que tous les grandsratissages, toutes les opérations <strong>de</strong> police les plus importantesse soient faites en pays berbère, à Tiflet, Khemisset ? Pourquoiles ratissages chez les Beni-Snassem ? Pourquoi cette agitationà Marrakech, dans le Tad<strong>la</strong> ?Il y a le caïd Baho, certes, mais tout le mon<strong>de</strong> sait aussiparfaitement qu'il veut être pacha <strong>de</strong> Fès. II ne s'en cachepas et l'a dit à plusieurs <strong>de</strong> ses amis. Il est naturellementprêt à jouer cette carte.Pourquoi a-t-on relevé les caïds <strong>de</strong>s Marliissi, <strong>de</strong>s Artyoussi ?Ce sont pourtant <strong>de</strong>s membres pur sang <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s tribusberbères. Lassen est en rési<strong>de</strong>nce surveillée, ainsi que Lavadi,grands chefs berbères entre tous.A propos <strong>de</strong> ratissages, il serait bon que le Gouvernementfrançais démentit au moins certains articles, comme celuiparu dans le Times du 23 août 1954.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Il l'afait cet après-midi, par ma bouche.M. Pierre Clostermann. Maintenant qu'il est démenti, il nefaut plus que se reproduisent <strong>de</strong>s événements <strong>de</strong> ce genre.C'est un journaliste écossais et <strong>de</strong>ux journalistes américainsqui sont venus chez moi, certain soir, m'en entretenir. Ilsétaient encore troublés <strong>de</strong> ce qu'ils avaient vu. N'oubliez pasque le colonel Périaud, chef <strong>de</strong>s services spéciaux chargés <strong>de</strong>sopérations <strong>de</strong> ratissage, a appris son métier chez les S. O. L. !Ce<strong>la</strong> explique bien <strong>de</strong>s choses.Qui profite <strong>de</strong> cette situation ? Le parti communiste marocain,qui compte <strong>de</strong> 350 à 380 membres marocains actifs. Selon<strong>la</strong> tactique que nous avons bien connue dans <strong>la</strong> résistance,ils « noyautent » les organisations nationalistes, les dirigent et,toujours au moment voulu, leur homme est là pour mettrele feu à <strong>la</strong> mèche.Rappelez-vous l'attentat <strong>de</strong> Port-Liautey et le déraillementdu train. On a arrêté, dans les 48 heures, une vingtaine <strong>de</strong>pauvres bougres qu'on a copieusement rossés, selon <strong>la</strong> bonnerègle, et qu'on a <strong>la</strong>issés pendant huit mois en prison. Maisle tribunal militaire a été obligé <strong>de</strong> reconnaître leur innocenceet <strong>de</strong> les faire relâcher, car l'attentat avait été commis par<strong>de</strong>s spécialistes. D'où venaient-ils ? Relisez le compte rendu<strong>de</strong>s débats qui se sont déroulés <strong>de</strong>vant ce tribunal, monsieurle ministre, et les conclusions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux experts français envoyéslà-bas.Il n'y a pas que les Marocains à incriminer en pareil cas.Il y a aussi tous les Espagnols qui ont été expulsés par Franco,tous les Portugais mis à <strong>la</strong> porte par Sa<strong>la</strong>zar, tous les Italiensqui ont fui Mussolini et qui se sont fixés là-bas. Et il estsouvent plus facile pour un étranger que pour un citoyenfrançais d'obtenir un permis <strong>de</strong> travail au Maroc. Ce n'est "pasune critique, c'est une constatation que je fais pratiquementquotidiennement, étant le prési<strong>de</strong>nt d'un syndicat industrieltrès important du Maroc.M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parolepour un rappel au règlement.M. le prési<strong>de</strong>nt. Je vous fais observer, monsieur BouvierO'Cottereau, que vous êtes inscrit comme orateur dans ledébat et que vous pourrez donc intervenir par <strong>la</strong> suite.D'aulre part, j'attire l'attention <strong>de</strong> M. Clostermann sur le"fait qu'il a déjà, compte tenu <strong>de</strong>s interruptions, <strong>la</strong>rgementdépassé le temps <strong>de</strong> parole dévolu à son groupe...M. Pierre <strong>de</strong> Cénouville. II n'y a pas <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> parolepour une interpel<strong>la</strong>tion.M. le prési<strong>de</strong>nt. ... et je l'invite à abréger son intervention,à conclure ie plus rapi<strong>de</strong>ment possible, afin que d'autresmembres <strong>de</strong> son groupe aient <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> s'exprimer.M. Jean-Marie Bouvier O'Cottereau. Monsieur le prési<strong>de</strong>nt,c'est précisément ce que je vou<strong>la</strong>is vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> dire ànotre collègue.M, le prési<strong>de</strong>nt. Je savais que je traduisais votre nensée.(Sourires.)M. Pierre Cf®stermann. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au Gouvernement français— j'ai prévenu récemment M. le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France,et l'on a vu que mes informations étaient bonnes puisque, lesurlen<strong>de</strong>main, 1a presse en donnait <strong>la</strong> confirmation — s'il va<strong>la</strong>isser Franco accor<strong>de</strong>r, dans quelques jours, l'autonomieinterne à <strong>la</strong> zone espagnole, dont le souverain reconnu esttoujours Ben Youssef, et nous mettre dans l'obligation d©répondre, <strong>de</strong>vant l'O. N. U. et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Ligue arabe déchaînée— maintenant qu'elle est débarrassée <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> Suez et<strong>de</strong> l'Iran — <strong>de</strong> <strong>la</strong> détention du souverain d'un territoire étranger.Le problème risque d'être extrêmement gênant pour nous.Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au prési<strong>de</strong>nt du conseil d'étendre sa c<strong>la</strong>irvoyancejusqu'au Maroc.Il faut tenir compte <strong>de</strong> l'opinion d'un Marocain dont <strong>la</strong>francophilie est actuellement indiscutable, ainsi que sa bonnefoi et sa loyaufé. Or voici <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> cet ami <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, du18 août 1954. Vous allez <strong>la</strong> recevoir si vous ne l'avez déjà.Son auteur est un pacha en fonctions, chef <strong>de</strong> bataillon <strong>de</strong>l'armée française, disciple du maréchal Leclerc, chevalier <strong>de</strong><strong>la</strong> Légion d'honneur, Croix <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>s T. O. E., <strong>de</strong>ux palmesau titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre 1939-1945, une palme T. O. E. Ecoutez:« J'ai eu l'honneur, comme nombre <strong>de</strong> mes camara<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>servir sur- les champs d3 bataille <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> l'amitié francomarocaine.« Cette amitié désintéressée, scellée dans le sang au cours<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux guerres, n'est pas l'apanage exclusif d'une fraction,mais celui du peuple marocain tout entier qui, pendant <strong>de</strong>sannées douloureuses pour <strong>la</strong> France, a fait preuve d'un loyalismesans reproche sous l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> son souverain.« Fidèle à <strong>la</strong> France, je lui dois, dans ces temps troublés,<strong>la</strong> vérité :« Ce ne serait pas servir ia cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie et sincère amitiéfranco-marocaine que <strong>de</strong> <strong>la</strong> travestir. C'est pourquoi aujourd'huij'estime qu'il m'est un <strong>de</strong>voir sacré <strong>de</strong> loyauté etd'honneur <strong>de</strong> rompre ie silence que je me suis imposé.« Le peuple marocain... n'a jamais été aussi attaché à <strong>la</strong>personne <strong>de</strong> son souverain légitime...« Le collège <strong>de</strong>s oulémas, théologiens <strong>de</strong> l'Is<strong>la</strong>m, vient, avecforce et compétence, <strong>de</strong> confirmer, selon les principes immuables<strong>de</strong> notre religion, le sentiment presque unanime <strong>de</strong> <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l'empire chérifien. Cette opinion s'affirmeraitchaque jour davantage si <strong>la</strong> crainte n'habitait certains chefstraditionnels.« Soldat qui ne sait pas far<strong>de</strong>r <strong>la</strong> vérité, je vous ai dit avecfranchise et sincérité <strong>la</strong> pensée intime <strong>de</strong> mes compatriotes.« Les Marocains savent combien <strong>la</strong> France a donné à <strong>la</strong>cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, ils savent combien son apport est granddans <strong>la</strong> civilisation. Us ont confiance en elle, car jamais, aucours <strong>de</strong>s siècles, elle n'a <strong>la</strong>issé l'injustice et <strong>la</strong> haine s'érigeren principes.« Dans l'épreuve que traverse l'amitié franco-marocaine, ilsfont confiance à <strong>la</strong> France, à son Gouvernement et à vous,monsieur l'ambassa<strong>de</strong>ur, pour que l'amour si cher au grandmaréchal Lvautev dissipe à jamais les malentendus qui ontassombri les re<strong>la</strong>tions entre nos <strong>de</strong>ux peuples.« Vous comprendrez, monsieur l'ambassa<strong>de</strong>ur, que l'aggravation<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation, <strong>la</strong> tension qui règne partout au" Marocm'aient amené à sortir <strong>de</strong> ma réserve.« En agissant autrement, j'aurais été indigne <strong>de</strong> mon passé,<strong>de</strong> ma famille et <strong>de</strong> mon attachement à <strong>la</strong> France. »Ce pacha, je le répète, est en fonctions actuellement: Est-ilun ennemi <strong>de</strong> <strong>la</strong> Franee ?C'est encore un officier, un jeune capitaine marocain —quatorze citations au litre <strong>de</strong> sa Croix <strong>de</strong> guerre, otfieier <strong>de</strong><strong>la</strong> Légion d'honneur — qui disait <strong>de</strong>vant moi à M. l'ambassa<strong>de</strong>urLacoste: « Monsieur l'ambassa<strong>de</strong>ur, j'ai pleuré <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes<strong>de</strong> sang le jour où vous avez touché à mon sultan et c'estpourquoi j'ai <strong>de</strong>mandé à partir pour l'Indochine, car j'aimetrop <strong>la</strong> France ».Mes ehers collègues, pourrez-vous croire que cette lettre queje vais, lire, qui date à peine <strong>de</strong> trois mois, est celle d un« aigre et féroce ennemi <strong>de</strong> <strong>la</strong> France ». La voici:« En tant que souverain marocain, nous nous <strong>de</strong>vions <strong>de</strong>faire du Maroc un pays évolué, capable <strong>de</strong> gérer sainementses propres alfaires. Dans notre esprit, une telle évolution,loin <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir l'amitié franco-marocaine, ne pouvait, bienau contraire, que <strong>la</strong> consoli<strong>de</strong>r et l'affermir.« Mais l'incompréhension et l'intrigue prévalurent là où<strong>de</strong>vaient l'emporter ia sagesse et <strong>la</strong> modération et c'est ainsique, faisant fi du long chemin parcouru ensemble, <strong>de</strong>s sacrificesmutuellement consentis, on a voulu faire avaliser par lepeuple français une décision comme celle du 20 août 1953.« Or, ce peuple <strong>de</strong> France, votre excellence... — c'est unelettre adressée au pacha Bekkaï — ... le connaît aussi bienque nous, car tous <strong>de</strong>ux, et à <strong>de</strong>s titres divers, nous avonscombattu pour lui. à un moment où le sort <strong>de</strong>s armes a faitadopter à beaucoup <strong>de</strong> personnes une expectative réservée,pour le moins que l'on puisse dire.


4282 ASSEMBLEE NATIONALE — 2 e SEANCE DU 26 AOUT 1954« Mais, pour qui connaît les permanences françaises, il n'estpas permis <strong>de</strong> douter. Tôt eu tard, ia France nous rendrajustice, car <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ce pays ne s'est édifiée que sur<strong>la</strong> justice et l'honneur.« Si. dans votre exil volontaire, <strong>la</strong> paternelle affection <strong>de</strong>votre souverain peut êlre pour vous un réconfort, nous vousrions d'y croire, excellence, ainsi qu'en l'infaillible justiceu Tout-Puissant. »Sont-ce là les sentiments d'un ennemi juré <strong>de</strong> <strong>la</strong> France,aigri par <strong>la</strong> décision du 20 août 1953 ? C'est une lettre qui estvieille <strong>de</strong> trois mois.Monsieur le ministre, vous êtes courageux.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Merci !M. Pierre Glostermann. Je le sais, nous avons été camara<strong>de</strong>sà <strong>de</strong>s époques très difficiles. Je vous prie <strong>de</strong> me faire au moinsl'honneur <strong>de</strong> croire que c'est avec <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong> bonne foi-..M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Personnen'en doute, monsieur Clostermann.M. Pierre Clostermann. ... que je formule ces quelquesremarques.La seule solution viable, qui répon<strong>de</strong> aux vœux <strong>de</strong>s Marocains,se résume en quelques mots.U faut d'abord pourvoir à <strong>la</strong> vacance du trône. Renvoyezdans ses foyers ce souverain qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que ce<strong>la</strong>, qui'neveut plus coopérer. A-t-il condamné l'istiqal ? C'était là legrand grief invoqué contre Ben Youssef!Pourquoi n'a-t-il pas <strong>la</strong>ncé cette condamnation publiqueattendue ? J'espère que vous pourrez me répondre, monsieur leministre.Il convient'<strong>de</strong> ramener en France l'ancien sultan, que l'ona considéré comme un ennemi alors qu'il n'était qu'un interlocuteurdifficile. Allez-vous le traiter plus mal que les assassins<strong>de</strong> Madagascar qui, pratiquement, vont et viennent en libertéën Cor-e ?Discutez avec lui <strong>de</strong> l'avenir du Maroc. En France, <strong>de</strong> sonpatriotisme, <strong>de</strong> son profond respect pour notre pays, vousobtiendrez, non seulement son abdication — car il n'a pasabdiqué et <strong>la</strong> France ne l'a pas déchu — mais encore sa cautionpublique et sa bénédiction <strong>de</strong> vrai gui<strong>de</strong> du peuple marocain,afin que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion suive le nouveau sultan que le Gouvernementchoisirait d'accord avec lui.• M. Guy Jarrosson. Ce n'est pas le Gouvernement qui choisitle sultan !M. Pierre Clostermann. Je le sais parfaitement, et il convient<strong>de</strong> respecter les formes. Mais le sultan peut, d'accord avec leGouvernement français, faire un choix que les Ulémas confirmeraientensuite.M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Clostermann, je vous invite <strong>de</strong>nouveau à conclure. Vous avez dépassé très <strong>la</strong>rgement le temps<strong>de</strong> parole <strong>de</strong> votre groupe.M. Pierre Clostermann. Monsieur le prési<strong>de</strong>nt, je ne parlepas au nom <strong>de</strong> mon groupe, puisque celui-ci me désavoue.(Rires.)M. le prési<strong>de</strong>nt. A plus forte raison <strong>de</strong>vez-vous respecter ledé<strong>la</strong>i qui vous est imparti.Si vous ne parliez qu'à titre strictement personnel, vous nedisposeriez d'aucun temps <strong>de</strong> parole. C'est grâce à votre groupeque vous pouvez être à <strong>la</strong> tribune et vous usez donc du temps<strong>de</strong> parole qui lui est consenti.Je fais appel à votre esprit <strong>de</strong> discipline. Le débat a été organisé.Depuis quarante minutes, vous avez eu tout le tempsd'exprimer votre pensée. Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> très cordialement,très amicalement <strong>de</strong> conclure.Faites ce sacrifice, je vous en remercie d'avance-M. Pierre Clostermann. Je trouve singulier que le prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> séance puisse déc<strong>la</strong>rer publiquement quun député élupar le peuple français n'aurait pas droit à <strong>la</strong> parole dans cetteenceinte parce qu'il ne ferait pas partie d'un groupe. C'est unebien curieuse conception <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s prérogatives d'unparlementaire français.M. le prési<strong>de</strong>nt. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. J'ai simplementrappelé ce que prescrit le règlement dans un débatorganisé.M. Michel Mercier. C'est uniquement un manque d'habitu<strong>de</strong>.(Rires.)M. Pierre Clostermann. Pendant ces négociations, un conseil<strong>de</strong> régence, comprenant entre autres le doyen <strong>de</strong>s ulémas, ledoyen <strong>de</strong>s khalifas du sultan, le khalifa <strong>de</strong> Tétouan — pourcouper l'herbe sous le pied aux Espagnols — le mendoub <strong>de</strong>Tanger, ainsi que quelques hautes personnalités marocainesque vous choisirez, pourra assurer l'intérim. Des commissionsmixtes franco-marocaines, étudieront les réformes et permettrontd'abroger progressivement ies mesures d'exception -prises<strong>de</strong>puis 1950.U faudra libérer les détenus politiques, qui seront <strong>la</strong> cautiondu calme et pourront, dans l'harmonie retrouvée, expliquer etcommenter à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion le déroulement <strong>de</strong>s négociations.Alors, vous sauvegar<strong>de</strong>rez les intérêts français, lesquels,croyez-le bien, ne pourront jamais être défendus par <strong>de</strong>s chars.Si vous voulez défendre les intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> France uniquementpar <strong>la</strong> force, il n'y a qu'une solution, comme le disait, il y a.quelques jours, à Casab<strong>la</strong>nca, au cours d'une réception, "unofficier général actuellement en poste au Maroc: Faisons commeles Sud-Africains, tuons-les tous ! (Protestations SUT <strong>de</strong> nombreuxbancs.)C'était un peu outré, j'en suis d'accord, mais, enfin, quandmême, il y a un moyen terme, monsieur le ministre. Je vous<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> relire le testament politique <strong>de</strong> Lyautey que toutle inon<strong>de</strong> cite et arrange à sa manière en eii retranchant eten en tronquant certains passages.Il s'agit <strong>de</strong> cette fameuse circu<strong>la</strong>ire du 18 novembre 1920:« Voilà le moment <strong>de</strong> donner un certain coup <strong>de</strong> barre, écrivaitLyautey, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique indigène et <strong>de</strong> <strong>la</strong>participation <strong>de</strong> l'élément musulman aux affaires publiques.« U faut regar<strong>de</strong>r bien en face <strong>la</strong> situation du mon<strong>de</strong> engénéral » — Lyautey écrivait ces lignes en 1920; elles me serviront<strong>de</strong> conclusion, monsieur Je prési<strong>de</strong>nt — « et spécialement<strong>la</strong> situation du mon<strong>de</strong> musulman, et ne pas se <strong>la</strong>isseï<strong>de</strong>vancer par les événements.« Ce n'est pas impunément qu'ont été <strong>la</strong>ncées à travers lemon<strong>de</strong> les formules du droit <strong>de</strong>s peuples à disposer d'euxmêmeset les idées d'émancipation et d'évolution dans le sensrévolutionnaire.« Il faut bien se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> croire que les Marocains échappenton échapperont longtemps à ce mouvement général. Si, pendant<strong>de</strong>s siècles, <strong>la</strong> xénophobie du Maghreb, son esprit d'indépendancejalouse ont établi une cloison étanche entre lui et le restedu mon<strong>de</strong> et l'ont maintenu figé dans <strong>la</strong> forme théocratiqueimmuable, ces temps ont passé."« D'abord, le seul fait <strong>de</strong> notre arrivée dans le pays et, ànotre suite, d'une immigration européenne croissante, <strong>de</strong> nosjournaux, <strong>de</strong> nos habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> libre discussion et d'indépendanceà l'égard <strong>de</strong> toute autorité aurait suffi pour secouer profoiftlémentle pays et lui faire prendre conscience d'une foule<strong>de</strong> choses qu'il ignorait jusque-là. Mais, <strong>la</strong> guerre survenant amultiplié les points <strong>de</strong> contact. Des milliers <strong>de</strong> Marocains sontallés en France, en Europe, et non seulement s'y sont battuscôte à côte avec nos troupes, mais y ont servi dans les ateliers,ont séjourné dans les villes, ont appris le français, lu, écoutéet sont revenus imprégnés d'idées nouvelles.« Or, toutes ces influences tombent sur un peuple qui est<strong>de</strong> beaucoup le plus intelligent <strong>de</strong> toute l'Afrique du Nord etle pins apte à réagir.« Ce n'est ni Je passif fel<strong>la</strong>h d'Egypte, ni le .Tunisien peuénergique, ni l'Algérien chez qui domine 1 élément arabe, plie<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles sous <strong>de</strong>s dominations variées, morcelé,dépourvu <strong>de</strong> groupements naturels <strong>de</strong> résistance.« Ici, nous avons réellement trouvé un Etat et un peuple.Il passait, il est vrai, par une crise d'anarchie, mais crise re<strong>la</strong>tivementrécente et plus gouvernementale que sociale.« Si le Makhzen n'était plus qu'une faça<strong>de</strong>, du moins tenaitelleà peu près <strong>de</strong>bout et il suffisait <strong>de</strong> remonter à peu d'annéespour retrouver un gouvernement effectif, faisant dans temon<strong>de</strong> figure d'Etat, avec <strong>de</strong> grands ministres, <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>ursavant fiayé avec les hommes d'Etat européens et dontplusieurs survivaient encore et survivent toujours. • )>L'un d'eux, d'ailleurs, survit encore, c'est le Mokri.« Mais, au-<strong>de</strong>ssus du Makhzen, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s institutionsétaient encore <strong>de</strong>bout, diverses selon les régions, mais repré-*sentant vraiment <strong>de</strong>s réalités.« De cet exposé succinct... » (Rires et exc<strong>la</strong>mations.)C'est <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> Lyautey que je suis en train <strong>de</strong> lire." « De cet exposé succinct, écrit Lyautey, il résulte que noussommes loin d'avoir affaire à <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions primitives, barbareset passives, qu'il n'y en a pas dans l'Afrique du Nordayant plus <strong>de</strong> réceptivité aux nouveautés. U n'y en a pas où lesbêtises et les fausses manœuvres se payeraient plus vite et.plus cher ».Monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes,<strong>de</strong> même que M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil que vous représentez,souvenez-vous <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières paroles <strong>de</strong> Lyautey: les bêtiseslà-bas se payent vite et très cher. (App<strong>la</strong>udissements sur quelquesbancs à gauche.) *M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Quilici.M. François Quilici. Monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaineset tunisiennes, on présente le Gouvernement auquel vous


appartenez, tantôt comme le liquidateur d'un passif qui n'estpas le sien, tantôt comme le continuateur surpris que lespères ne veuillent pas reconnaître leurs lils entre ses bras.A dire vrai, vous êtes un peu les <strong>de</strong>ux. Je ne cherche pasft provoquer vos confi<strong>de</strong>nces, monsieur le ministre, mais j'ail'impression, après Genève, après lunis, après Bruxelles etLondres, que M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil, quand il est arrivé auGouvernement, était muni <strong>de</strong> <strong>la</strong> panoplie complète' <strong>de</strong>s solutionsbrevetées pour tous nos problèmes nationaux.' La Tunisie n'a pas eu <strong>de</strong> chance. Elle était c<strong>la</strong>ssée dans lepassif à liqui<strong>de</strong>r d'urgence sans considération <strong>de</strong> prix.Vous, monsieur le ministre, qui avez été un si luci<strong>de</strong> critique<strong>de</strong> <strong>la</strong> politique nord-africaine <strong>de</strong>s anciens gouvernements,pouvez-vous avoir <strong>la</strong> moindre illusion sur le fait quel'inspiration <strong>de</strong> votre solution est i<strong>de</strong>ntique et que <strong>la</strong> seuledifférence, c'est <strong>la</strong> ca<strong>de</strong>nce que vous avez mise à <strong>la</strong> liquidation<strong>de</strong> notre protectorat ?Vos prédécesseurs, eux, ne lâchaient que pas à pas, s'efforçaient<strong>de</strong> sauver l'essentiel <strong>de</strong> notre position dans <strong>la</strong> liégence,sans grands résultats pour <strong>la</strong> paix publique, je vous l'accor<strong>de</strong>.Mais vous, les jeunes, avec votre énergie, peut-être auriezvousmieux réussi. Il aurait pu êlre tentant pour vous — carvous n'êtes pas par <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s hommes capables <strong>de</strong> capituler<strong>de</strong>vant quelques dizaines <strong>de</strong> tueurs à gages et un millier<strong>de</strong> coupeurs <strong>de</strong> routes — <strong>de</strong> tenter l'expérience.Or, avec énergie et non sans l'apparat <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s journées,M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil a tout lâché à sa première date disponible.Voici donc notre protectorat jeté bas et. à Tunis, le pouvoirc'est-à-dire le pavs, remis aux plus constants ennemis <strong>de</strong> <strong>la</strong>France.Le plus étonnant dans cette affaire, c'est que vous ne paraissezpas avoir négocié ce double abandon.Nous avons eu vent <strong>de</strong> quelques contacts par personne interposée.discrets, avec un nouveau châte<strong>la</strong>in.Pourtant, nous cherchons <strong>la</strong> contrepartie, car si nous voyonsce que Bourguiba reçoit, nous n'apercevons à notre bénéficeque son- consentement à négocier les conventions précaires etrévocables que vous allez substituer au protectorat.Mais vous recherchiez un choc psychologique et vous necélez par votre admiration pour <strong>la</strong> politique britannique.Or, nos intérêts stratégiques en Afrique du Nord n: sont pasmoindres que ceux cle l'Angleterre dans le Proche-Orient. Lesnôtres sont mêmes supérieurs car il s'y attache d'autres intérêtsvitaux. L'Angleterre, pourtant, s'accroche à Chypre désespérément,malgré <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion grecque <strong>de</strong> celle,île cle rentrer dans <strong>la</strong> communauté hellène. Ce<strong>la</strong> ne vous a pointservi d'exemple.Au même moment, l'Angleterre s'apprête à quitter Suezparce que, en 1936 elle avait signé un traité déjà uni<strong>la</strong>téralement,dénoncé par l'Egypte, traité qui expire en 1956, c'est-à-direune convention "comme celle que vous envisagez avec<strong>la</strong> régence. Ce<strong>la</strong> ne vous a donc pas servi <strong>de</strong> leçon ?Si vous doutiez par hasard, monsieur le ministre, <strong>de</strong> <strong>la</strong>portée du don consenti par vous le 31 juillet, je vous citeraisl'avis d'un témoin que vous ne sauriez récuser puisque cletoutes ses forces il a poussé à votre roue. M. <strong>de</strong> Montéty écrivait<strong>de</strong>rnièrement dans Le Mon<strong>de</strong>: « Nous ne <strong>de</strong>vons pas nousdissimuler que les Tunisiens ten<strong>de</strong>nt à une <strong>la</strong>rge indépendanceet que l'autonomie interne dont ils jouiront <strong>de</strong>main leurïera accomplir un immense bond vers cette fin, qu'ils pourront,atteindre à petit pas et à loisir. »Nous pouvons compter sur le Néo-Destour, n'est-il pas vrai,pour qu'ils aillent à pas <strong>de</strong> géant!Depuis Cambon, le protectorat- était fondé sur l'idée d'association.Vous n'avez rien inventé. Cette idée s'était concrétiséed'abord par une simple administration mixte, puis par l'association<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux souverainetés et elle tendait enfin à l'association<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux peuples, non sans vicissitu<strong>de</strong>s, je le reconnais.Mais, ou cette association finissait par s'établir, ou c'étaitl'éviction progressive cle <strong>la</strong>. France.Ce combat méritait tout <strong>de</strong> même d'être mené. Vous avezpréféré l'abandon, en faisant <strong>de</strong>s Français qui y vivent <strong>de</strong>sétrangers, La proc<strong>la</strong>mation solennelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté <strong>de</strong><strong>la</strong> Tunisie les écarte <strong>de</strong>s affaires et cle <strong>la</strong> fonction publiques et'<strong>la</strong> garantie <strong>de</strong> leur activité et <strong>de</strong> leurs biens ne leur <strong>la</strong>isseque <strong>de</strong>s préoccupations lucratives.Vous les réformateurs, vous les hommes <strong>de</strong> progrès, vousrestaurez <strong>la</strong> pire <strong>de</strong>s psvchologies coloniales qui était justementen voie <strong>de</strong> s'éteindre.La Tunisie a ses élites, bril<strong>la</strong>ntes, certes, mais elle est faitesurtout <strong>de</strong> ses masses misérables. De vos propres mains, vousy opérez une révolution politique qui pousse à notre expulsion.C'était une révolution économique et sociale, je le dirai sanscesse, qu'il fal<strong>la</strong>it faire, et j'avais souhaité que <strong>la</strong> France en eûtle bénéfice!Le régime foncier cle <strong>la</strong> régence est archaïque. Comme lepaysan <strong>de</strong> Chine et d'Indochine, le fel<strong>la</strong>h tunisien travaillepour l'usurier. Notre contrôle le garantissait au moins contre lemandarin. 11 retombe entre ses mains. Mais, au XX e siècle,l'Is<strong>la</strong>m est moins résigné qu'autrefois.Craignons un jour, en Afrique, le même dénouement qu'enAsie !Vous n'avez môme pas tenté <strong>de</strong> vous attaquer à ce grandproblème humain. C'était pourtant échapper au cercle infernal<strong>de</strong>s discussions sur le concept <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté, à ces querelles<strong>de</strong> théologiens où vous vous êtes <strong>la</strong>issés enfermer par lesbourgeois nantis du Néo-Destour. C'est à eux, monsieur leministre, que vous avez remis le gouvernement, que vous avezconfié les masses.Je ne voudrais pas vous gêner, mais enfin, il y a <strong>de</strong>ux ans,vous en étiez préoccupé comme moi <strong>de</strong> ces masses.Alors qu'à l'époque les compagnons cle Bourguiba n'osaientpas encore invoquer les crimes du terrorisme comme un titreau pouvoir, vous disiez:« Je suis convaincu, quant à moi, que le Néo-Destour est unmouvement calqué sur les mouvements fasciste et hitlérien.Son arrivée au pouvoir voudrait peut-être dire l'indépendance<strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie » — vous l'aviez donc prévu — « mais uneindépendance semb<strong>la</strong>ble à celle <strong>de</strong> ces petites féodalités d'unMoyen-Age barbare. »« Je crois, poursuiviez-vous, que l'arrivée du Néo-Destour aupouvoir en Tunisie voudrait dire ce<strong>la</strong>. »Et vous concluiez: « Mais je crois également que ce<strong>la</strong> signifieraitseulement <strong>la</strong> mort cle <strong>la</strong> démocratie. »Monsieur le ministre, c'est entendu, <strong>la</strong> Constitution nous faitobligation <strong>de</strong> conduire les peuples dont nous avons <strong>la</strong> charge,que nous ne pouvons donc pas abandonner, à gérer démocratiquementleurs propres affaires. « Démocratiquement », c'estlà ia condition. Qu'en avez-vous fait ?. Déjà, le peuple tunisien, menacé jusqu'à présent par <strong>la</strong> terreur,est pris en main. Le général <strong>de</strong> La Tour a été follementacc<strong>la</strong>mé dans les villes et les vil<strong>la</strong>ges du Sahel, et le Gouvernementen était assez fier.C'était le sou<strong>la</strong>gement qui s'exprimait et peut-être plus <strong>de</strong>fidélité qu'on ne pense. Mais, pour accueillir et haranguer lerési<strong>de</strong>nt général, c'était le chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule néo-<strong>de</strong>stouriennequi s'imposait.Dans <strong>la</strong> meilleure hypothèse, ie Néo-Destour <strong>de</strong>viendra, avecl'usage du pouvoir, semb<strong>la</strong>ble au parti wafd. Or, c'est le wafdqui a chassé d'Egypte l'Angleterre, vous le savez.Vous avez souvent reproché, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil,tout le premier, à vos prédécesseurs, comme <strong>de</strong>s mensonges,"ce qui, parfois, n'était que <strong>de</strong>s erreurs d'appréciation etd information.Eh bien ! vous avez commis cet après-midi, monsieur leministre, M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil avait commis <strong>de</strong>rnièrement,disons une erreur. 11 nous a affirmé et vous nous avezdit cet après-midi que le ministère <strong>de</strong> M. Taliar ben Amar —vous nous avez même donné les étiquettes <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>sministres — était représentatif <strong>de</strong> plusieurs tendances.Eh bien! c'est faux, monsieur le ministre. Sur les neufnouveaux ministres tunisiens, un seul peut être considérécomme un indépendant, encore qu'il ait sollicité l'assentiment<strong>de</strong> Bourguiba avant d'accepter un portefeuille, et ce n'estqu un ancien fonctionnaire. Lorsque je dis que c'est un ancienfonctionnaire, ce<strong>la</strong> n'est pas péjoratif, je veux montrer par làle personnage, sa docilité.Il est donc allé chercher son investiture chez Bourguiba.Il s'agit <strong>de</strong> M. Naceur ben Saïd.Tous les autres, quoi qu'on en dise, et M. Tahar ben Amar<strong>de</strong> surcroît, qui, en 1921, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du Destour— il n'y avait pas encore <strong>de</strong> Néo-Destour — était l'un <strong>de</strong>scompagnons les plus assidus, les plus fidèles du chîilc Talbi,sont cle longue date affiliés soit directement au Néo-Destour,soit au front national tunisien, animé par ce parti.Monsieur le ministre, si vous en doutez, je tiens mes renseignementsà votre disposition.Je ne veux pas importuner l'Assemblée par <strong>de</strong> longuesindications sur <strong>de</strong>s personnages qui, somme toute, sont peutêtreutiles à Bourguiba...M. Saïd Mohamed Cheikh. Ou amis <strong>de</strong> <strong>la</strong> France!M. François Quilici. ... mais je vous garantis le sérieux <strong>de</strong>mes renseignements.En vérité, il faudrait savoir qui détermine et concoit <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> <strong>la</strong> France en Tunisie. *Et j'en viens enfin à <strong>de</strong>s ingérences étrangères d'un ordreparticulier, à <strong>de</strong>s immixtions sous pavillon idéologique.Le comité international du congrès <strong>de</strong>s peuples dépendantsest présidé par un membre <strong>de</strong> <strong>la</strong>" Chambre <strong>de</strong>s Communes etcomprend notamment 63 députés britanniques.


La confédération internationale <strong>de</strong>s syndicats libres est animéepar l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux centrales syndicalistes <strong>de</strong>s Etats-Unis, <strong>la</strong>puissante American Fédération ôf Labour. A cette confédération,l'union générale <strong>de</strong>s travailleurs tunisiens a adhéré enjuillet 1951.Depuis lors, il n'est pas d'événement politique en Tunisie,il n'est pas <strong>de</strong> congrès syndical ou politique qui n'ait provoqué<strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux organisations <strong>de</strong>s manifestationscomminatoires à l'égard du Gouvernement français.Le 0 juin 1954 — et c'est là où je vou<strong>la</strong>is en venir — lejournal 'As Sabah publiait les propositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> confédérationinternationale <strong>de</strong>s syndicats libres en vue <strong>de</strong> résoudre le problèmefranco-tunisien.Je ne puis, hé<strong>la</strong>s, lire à l'Assemblée en entier ce documentqui est fort détaillé et je le regrette, car elle y aurait reconnuau passage <strong>la</strong> texture inême <strong>de</strong>s initiatives et du programmedu Gouvernement.Mais <strong>de</strong> ce que je citerai, elle pourra mesurer les difficultésque nos négociateurs rencontreront, face à leurs interlocuteursdu Néo-Destour qu'ils ont mis en p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> position légaleque Bourguiba souhaitait pour eux et qui disposent <strong>de</strong> telsappuis, <strong>de</strong> telles comp<strong>la</strong>isances internationales.Elle verra les risques que le Gouvernement a pris sur lui <strong>de</strong>faire courir au pays.Voici <strong>la</strong> proposition n° 3:« Conclusion, dit le document, d'un protocole <strong>de</strong> base qui<strong>de</strong>vra :« a) Reconnaître sans équivoque <strong>la</strong> souveraineté tunisienne...»J'arrête là ma citation: il suffit <strong>de</strong> se reporter au manifestelu par le prési<strong>de</strong>nt du conseil le 31 juillet à Son Altesse leBev <strong>de</strong> Tunis.Le paragraphe b) est un <strong>de</strong>s points les plus intéressants etles plus redoutables. Le Gouvernement a accepté <strong>de</strong> revenirau seul traité du Bardo, origine du protectorat. Mais c'est exactementlà que vou<strong>la</strong>it le mener le Néo-Destour qui toujours adénoncé ce traité connus imposé par <strong>la</strong> force et parce que cetraité fait <strong>de</strong> nous un occupant provisoire. Il stipule, en effet,que l'occupation militaire cessera quand il aura été reconnuque l'administraliou locale est en état <strong>de</strong> garantir le maintien<strong>de</strong> l'ordre.Voilà <strong>la</strong> base étroite sur <strong>la</strong>quelle vous allez négocier, monsieurle ministre, parce que, d'un geste, votre prési<strong>de</strong>nt ducouseil a cru <strong>de</strong>voir ba<strong>la</strong>yer l'apport contractuel ou tacite <strong>de</strong>soixante-dix années <strong>de</strong> coexistence franco-tunisienne. Et vousne tenez pas encore votre papier.Déjà, un important dignitaire <strong>de</strong>stourien, compagnon <strong>de</strong> BenYoussef au Caire, M. Bouhafa, a proc<strong>la</strong>mé à <strong>la</strong> radio que <strong>la</strong>France <strong>de</strong>vrait retirer ses troupes <strong>de</strong> Tunisie.Et voici <strong>la</strong> proposition dè <strong>la</strong> confédération internationale <strong>de</strong>ssvndicats libres. Vous y verrez toutes les embûches et touteslès exigences que vous retrouverez au cours <strong>de</strong> vos conversations:u Préciser minutieusement <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dansles domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>fense, <strong>de</strong>s affaires étrangères et surtoutce qui concerne le maintien 6ur le territoire tunisien et dansles points stratégiques <strong>de</strong> forces armées françaises pour <strong>la</strong>défense du mon<strong>de</strong> libre en attendant <strong>la</strong> formation d'une arméetunisienne capable <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer ces forces armées ». La formationd'une armée tunisienne!La confédération ajoute: « La présence <strong>de</strong> ces forces arméesfrançaises ne doit pas intervenir dans les questions intérieures<strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie, questions qui relèvent <strong>de</strong>s attributions <strong>de</strong>s autoritéstunisiennes. »Nous voici donc renvoyés aux dispositions <strong>de</strong> caractère provisoiredu traité du Bardo. Mais <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> caractère permanent,fon<strong>de</strong>ment du protectorat tombe. Ne disposant plus <strong>de</strong><strong>la</strong> police et ne pouvant utiliser l'armée à une fin intérieure, ilnous est interdit d'assumer l'obligation que nous fait ce traité<strong>de</strong> protéger le Bey et sa dynastie contre tout danger, y comprisun danger intérieur.Le protectorat mourra donc malgré vos dénégations, monsieurle ministre. Depuis <strong>de</strong>s semaines, vous niez ce<strong>la</strong>, mais c'estpourtant dans <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> votre négociation.Pour apercevoir les conséquences redoutables, et pour <strong>la</strong>France et pour le souverain <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconnaissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté tunisienne, il suffisait cet après-midid'entendre M. Fonlupt-Esperaber, par exemple, et vous-même,monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes.Notre collègue, qui est <strong>de</strong> ceux qui, en toute bonne foi idéaliste,ont poussé à <strong>la</strong> mise en terre du protectorat, se montreterriblement anxieux, et pour cause, d'éviter à tout prix l'électiond'une assemblée constituante tunisienne qui, pourtant,serait l'expression même <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle souveraineté tunisienne.Il est amené à réc<strong>la</strong>mer une charte oclroyce pour <strong>la</strong> Tunisiece qui n'a jamais passé pour un procédé démocratique.M. Jacques Fonlupt-Esperaber. C'est le seul qui soit juridiquementpossible.M. François Quilici. Je veux bien!Quant à vous, monsieur le ministre, vous vous évertuez àprouver que vos conventions nous garantiront mieux que notreprotectorat.Devant <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires étrangères, vous vousétonniez môme que <strong>la</strong> France n'ait rien en propre en Tunisie.;Mais nous étions beaucoup mieux garantis dans ie passé, parce;que <strong>la</strong> question ne se posait pas. Et je m'étonne que vous ayez 1<strong>de</strong> ces étonnements, car dans nos archives vous avez sûrement<strong>la</strong> p<strong>la</strong>idoirie prononcée en 1923 par M. Geouffre <strong>de</strong> La Pra<strong>de</strong>lle<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, à <strong>la</strong> suite du refus <strong>de</strong> l'Angleterre,<strong>de</strong> nous <strong>la</strong>isser naturaliser les anglo-maltais <strong>de</strong> <strong>la</strong> Régence. 1Le jurisconsulte du quai d'Orsay a fait ressortir <strong>la</strong> notiond'un jus soli français en Tunisie "et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne s'estfinalement inclinée. Ce jus soli, issu du protectorat, est à monsens irremp<strong>la</strong>çable par le biais d'une convention opposable à<strong>de</strong>s tiers.Or, dans <strong>la</strong> Tunisie souveraine, les Français, selon le mot 1<strong>de</strong> Bourguiba et <strong>de</strong> votre propre aveu, seront <strong>de</strong>s étrangers:privilégiés et protégés. Mais du moment où le pays sera remis!à l'autorité tunisienne sous <strong>la</strong> garantie d'un contrôle intérieur;français, pensez-vous que les autres puissances attendront pourexiger, au bénéfice <strong>de</strong> leurs ressortissants, les mêmes privilègeset <strong>la</strong> même protection ?Il a fallu <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière guerre et sa défaite pour amener l'Italieà renoncer à ses avantages capitu<strong>la</strong>ires. Pense-t-on qu'elle,pourra, qu'elle voudra seulement résister à l'appel <strong>de</strong> ses ressortissantset ne profitera pas <strong>de</strong> l'occasion pour ressaisir sesavantages ? Or, en raison <strong>de</strong> leur nombre, tout près <strong>de</strong> ba<strong>la</strong>ncerle nombre <strong>de</strong>s Français — et vous le savez, monsieurle ministre — <strong>la</strong> naturalisation massive, dès qu'elle fut possible,d'Italiens dans <strong>la</strong> Régence, a été une mesure <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>nationale.Notre voisine ne sera pas <strong>la</strong> seule à revendiquer. Ecoutezune proposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> confédération internationale <strong>de</strong>s syndicatslibres.« Préciser les moyens <strong>de</strong> défendre les droits économiqueset sociaux <strong>de</strong>s minorités étrangères dans le cadre du respect<strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté tunisienne et du respect <strong>de</strong>s droits individuelset collectifs <strong>de</strong> tous les cohabitants. »Les Tunisiens n'ont pas voulu, non pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> cosouveraineté— elle est morte, et <strong>de</strong>puis longtemps — mais <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>borationau sein d'une assemblée mixte. Maintenant, ils aurontleur assemblée. Sans grand risque d'erreur, on peut affirmerque vous allez restaurer en Tunisie un régime <strong>de</strong> capitu<strong>la</strong>tionsqui pèsera plus lourd sur elle que l'acte d'Algésiras surle Maroc.L'ingérence étrangère — et là, je vous pose une questionprécisé, monsieur le minisire — est-ce que, sous prétexte <strong>de</strong>souveraine équité, vous allez l'accepter dans votre dispositifinstitutionnel ?Comme vous, <strong>la</strong> confédération <strong>de</strong>s svndicats libres a prévu,le 6 juin, <strong>la</strong> création d'un tribunal administratif et d'une courarbitrale. Le prési<strong>de</strong>nt du conseil a reçu <strong>de</strong> nombreuses délégations<strong>parlementaires</strong> et il m'a été répété que l'un <strong>de</strong> noscollègues l'avait interrogé sur <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> cette cour.Le prési<strong>de</strong>nt du conseil avait précisé: trois magistrats françaiset trois tunisiens, plus un prési<strong>de</strong>nt. Mais, quand on luiavait <strong>de</strong>mandé quelle serait <strong>la</strong> nationalité du prési<strong>de</strong>nt, il s'étaitdérobé.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, monsieur le ministre, si <strong>la</strong> réponse à cettequestion n'est pas incluse dans cette proposition, que je vaisvous lire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> confédération internationale <strong>de</strong>s svndicatsliDres :« Instituer une commission composée <strong>de</strong> magistrats françaiset tunisiens et présidée par un magistrat nommé par <strong>la</strong> Courinternationale <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye. »D'évi<strong>de</strong>nce il ne peut s'agir que d'un magistrat d'une tiercenationalité. Allez-vous admettre un étranger pour arbitrer lesconflits entre l'Etat tunisien que vous venez non pas <strong>de</strong> restaurermais <strong>de</strong> créer et <strong>la</strong> France ? Je n'insiste pas davantagesur ce point.Ces propositions ont paru le 6 juin; le gouvernement a étéconstitué le 17. Le 2 juillet l'Union générale <strong>de</strong>s travailleurstunisiens tenait son cinquième congrès à Tunis. M. FennerBroakwav, député travailliste et prési<strong>de</strong>nt du comité internationaldu congrès <strong>de</strong>s peuples dépendants y prononçait un discours.11 disait avec une remarquable précision: « Je veuxproposer au nouveau prési<strong>de</strong>nt du conseil français d'entreprendreimmédiatement après le problème indochinois <strong>de</strong>s négociationsavec les véritables représentants du peuple tunisien,c'est-à-dire M. Habib Bourguiba et ses amis politiques ».


C'était, je le répète, le 2 juillet. .L'encre <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature <strong>de</strong><strong>la</strong> France n'était pas sèche au bas <strong>de</strong> l'armistice <strong>de</strong> Genèveque ie 31 juillet M. Mendès-France était à Tunis pour <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mationdécisive que nous savons.En réalité, monsieur le ministre, ce n'est pas vous, certes,qui participez d'une idéologie, mais votre prési<strong>de</strong>nt du conseil.C'est un homme intransigeant sur ses idées. Il a un goût certain<strong>de</strong> <strong>la</strong> scène historique et c'est tout ce<strong>la</strong> qui dicte son action.Il ne doute jamais ni <strong>de</strong> ses convictions ni <strong>de</strong> son savoir-faireet il entend que, puisqu'il est au pouvoir, ses idées doiventl'être.Ce<strong>la</strong> est respectable et honore un homme. Mais, aux postesoù vous êtes les uns et les autres, c'est d'hommes d'Etat quenous avons besoin. (App<strong>la</strong>udissements sur certains bancs adroite.)M. le prési<strong>de</strong>nt- La parole est à M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r, <strong>de</strong>rnierinterpel<strong>la</strong>teur.M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Avant d'apporter dans le débat tout lepoids <strong>de</strong> l'opinion musulmane nord-africaine, permettez-moi,mons'eur le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France, <strong>de</strong> vous adresser, ains:qu'à votre belle équipe <strong>de</strong> ministres, toute <strong>la</strong> gratitu<strong>de</strong>, toute<strong>la</strong> reconnaissance, toute l'espérance <strong>de</strong> millions et <strong>de</strong> millions<strong>de</strong> musulmans sensibles aux solutions constructives, apaisantes,courageuses, qui sauvegar<strong>de</strong>nt à 1a fois ies intérêts die <strong>la</strong>France et le désir d'émancipation <strong>de</strong>s peuples nord-africains.Contrairement aux gouvernements qui ont précédé le vôtreet qui vous ont légué l'âpre fruit <strong>de</strong>s pires ma<strong>la</strong>dresses et<strong>de</strong>s pires erreurs, tels que le ratissage, l'emploi ataxique <strong>de</strong><strong>la</strong> force et <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix sur le Croissant, vous vousêtes dégagé du cadre <strong>de</strong>s slogans éculés et <strong>de</strong>s conceptions àcourte vue; vous vous êtes ipenché, malgré <strong>la</strong> conjoncture internationale,sur cette belle fll'le <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, l'Afrique du Nord.Le sultan d'un vieux conte oriental avait une fille, bellecomme le jour. 11 l'aimait, mais régnant sur <strong>de</strong>s peuples sansnombie, il était si chargé <strong>de</strong> soucis qu'il oubliait à tout instantl'existence <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite princesse. Chaque fois qu'il rentrait<strong>de</strong> vovage, il fal<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> pauvrette vienne lui dired'une voix mouillée <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes: « Je suis votre fille, ô comman<strong>de</strong>ur<strong>de</strong>s croyants, me reconnaissez-vous ? » Il <strong>la</strong> berçaitalors sur son cœur en murmurant joyeusement « C'est vrai,tu es ma fille et <strong>la</strong> fleur <strong>de</strong> ma vie ». Mais c'était toujours arecommencer.Or, sans rien prendre au tragique, on doit convenir quecette mé<strong>la</strong>ncolique histoire est un peu celle <strong>de</strong> l'Afrique duNord. La France, c'est bien certain, n'a pas <strong>de</strong> fille plus aimableni plus fidèle que l'Afrique du Nord. De Charleroi en 1914 àDieu Bien Phu il y a quelques semaines, le sang commun quia été versé à <strong>la</strong>rges flots est <strong>la</strong> réponse <strong>la</strong> plus magnanime àtous les détracteurs, à tous les pessimistes. (App<strong>la</strong>udissements.)Mais l'Afrique du Nord a besoin <strong>de</strong> rappeler <strong>de</strong> temps entemps à <strong>la</strong> France qu'elle existe et elle est, avant tout, Fohjet<strong>de</strong> cette intervention.Mes c.hers collègues, lorsque je dis l'Afrique du Nord c'est,dans mon esprit, et dire le contraire est une affirmation contrenature, qu'il n'y a pas <strong>de</strong> problème tunisien seul, qu'il n'ya pas <strong>de</strong> problème marocain seul, qu'il n'y a pas <strong>de</strong> problèmealgérien seul, pas plus qu'il n'y a <strong>de</strong> problème breton,provençal ou alsacien. Il n'y a qu'un seul peuple qui, d'Agadirà Gabès, attend du seul peuple français et <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule Francerépublicaine et démocratique une seule politique <strong>de</strong> compréhension,<strong>de</strong> confiante amitié, <strong>de</strong> justice et <strong>de</strong> paix.Lorsque les prémices d'une telle politique seront définitivementétablies, l'application régionale avec ses multiplesvariantes n'en sera que plus facile et plus nette car, jusqu'àce jour, mes chers collègues, nous n'avons pas eu <strong>de</strong> politiquemusulmane digne <strong>de</strong> ce nom, nous n'avons eu qu'unepolitique à <strong>la</strong> petite semaine, aux contours extrêmement vagueset d'une imprécision telle qu'elle justifiait par avance tousles abus d'outre-mer.La IV" 3 République manque totalement <strong>de</strong> spécialistes <strong>de</strong>squestions musulmanes qui firent <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes, ellemanque <strong>de</strong> sens musulman, elle manque <strong>de</strong> ces grands diplomates,<strong>de</strong> ces grands ambassa<strong>de</strong>urs, <strong>de</strong> ces grands cerveauxqui portèrent haut le prestige <strong>de</strong> <strong>la</strong> France en pays musulman.Notre politique musulmane s'est trouvée réduite aux coups<strong>de</strong> force, aux atermoiements, aux volte-faces dont les résultatsdésastreux restent une <strong>de</strong>s pages les plus sombres <strong>de</strong>l'histoire nord-africaine.En donnant carte b<strong>la</strong>nche aux administrations locales, ensubissant le chantage <strong>de</strong> ceux pour qui l'intérêt privé primel'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, le quai d'Orsay a été à l'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong>situation actuelle.11 a <strong>la</strong>issé se créer <strong>de</strong> par-<strong>de</strong>là les mers, <strong>de</strong> véritables Etatsdans l'Etat, <strong>de</strong> véritables proconsu<strong>la</strong>ts qui n'hésitaient pas àdésobéir au pouvoir central et n'exécutaient pas les directivesdonnées par lui.La déca<strong>de</strong>nce romaine a commencé au jour où les proconsuls<strong>de</strong> l'empire ne tinrent plus compte <strong>de</strong>s avis du sénat <strong>de</strong> Rome.11 n'est que d'analyser les faits, soit en Tunisie, soit au Mîaroc,soit même en Algérie pour me'.tre en relief les fautes commises,ies erreurs incompréhensibles et qui s'écartent <strong>de</strong> <strong>la</strong>ligne <strong>de</strong> conduite d'une nation qui encore hier était <strong>la</strong> premièrepuissance musulmane.En Tunisie, <strong>la</strong> négociation avait commencé l'été 1950 avec leministère Chenik. Tout al<strong>la</strong>it bien jusqu'au 15 mai 1951, lorsquele Bey, fort <strong>de</strong>s traités dits <strong>de</strong> protectorat qui le reconnaissaient'maître absolu du pouvoir exécutif, décidait <strong>de</strong> restaurerce pouvoir exécutif sur les bases d'une représentation<strong>de</strong> son peuple dans <strong>de</strong>s corps élus dont les attributions seraientprécisées.Cette velléité <strong>de</strong> démocratisation du pouvoir par un monarquemusulman eut. le don curieux et combien paradoxal d'irriterles représentants d'un gouvernement républicain et essentiellementdémocrate.Le mémorandum beylical du 31 octobre fut jugé irrecevable,et sans négociations, sans prise <strong>de</strong> contact,-ce fut <strong>la</strong> fameusenote du 15 décembre brutale, cassante, ma<strong>la</strong>droite, et par<strong>la</strong>quelle le quai d'Orsay, perdant son sang-froid, rompait avecle Bey et lui dictait ses volontés.Les ministres étaient arrêtés. Deux d'entre eux MM. Sa<strong>la</strong>hBen Youssef et Badia, qui se trouvaient à Paris, étaient lelen<strong>de</strong>main poursuivis par <strong>la</strong> police comme s'il s'agissait <strong>de</strong>bandits redoutables, et ils ne durent leur salut qu'en gagnantprécipitamment l'étranger où ils vivent aujourd'hui en proscrits.Ce manque <strong>de</strong> tact déchaîna l'action du peuple tunisien. Cefut l'appel à l'O. N. U., ce fut le terrorisme où d'innocentesvictimes tombèrent <strong>de</strong> part et d'autre, ce furent les fel<strong>la</strong>ghas.Enfin M. Mendès-France vint. L'autonomie interne <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie étaient reconnue loyalement et sans arrière-pensée. Desnégociations reprennent sous le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréhension et<strong>de</strong> l'amitié avec M. Tahar Ben Ammar. La <strong>de</strong>rnière tournée dugénéral <strong>de</strong> La Tour démontre amplement que le peuple tunisienreprend confiance et apprécie ce grand pas fait dans <strong>la</strong> voie<strong>de</strong> <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> ses aspirations nationales.Monsieur le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France, allez <strong>de</strong> l'avant. Nevous <strong>la</strong>issez point intimi<strong>de</strong>r par ceux qui découragèrentM. Robert Schuman. Soyez <strong>la</strong>rge, soyez net, sovez français,c'est-à-dire humain. Ouvrez les prisons, fermez lès camps <strong>de</strong>concentration, arrêtez les condamnations, proc<strong>la</strong>mez l'amnistie,ren<strong>de</strong>z sans retard au peuple le lea<strong>de</strong>r Bourguiba et les ministresBen Youssef et Badia.Vous aurez rendu <strong>la</strong> confiance aux Tunisiens, qui n'ontjamais marchandé leur sang pour défendre <strong>la</strong> France et quien 1939, à <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, firent une réception chaleureuseet enthousiaste au prési<strong>de</strong>nt Da<strong>la</strong>dier, démontrant ainsi, aux puissances ennemies leur profond attachement à <strong>la</strong> France.Au Maroc <strong>la</strong> situation est pénible, • conséquence <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxlour<strong>de</strong>s erreurs uniques dans les annales <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique françaiseen pays d'Is<strong>la</strong>m.En premier lieu, c'est <strong>la</strong> brutale déposition du sultan SidiMohammed ben Youssef par un jour <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> fête religieusemusulmane. Mussolini avait choisi le vendredi saint pour attaquer<strong>la</strong> petite Albanie. Mais où est Mussolini ?Arraché à son peuple qu'il adorait et qui l'adorait, SidiMohammed ben Youssef fut conduit entre <strong>de</strong>ux policiers,comme un vulgaire malfaiteur, d'abord en Corse puis à Madagascar,sans respect pour sa personne ni pour le peuple marocain.Ce geste a été ressenti comme un soufflet par tout le mon<strong>de</strong>musulman, car il porte atteinte non seulement à <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong>Sidi Mohammed ben Youssef, mais aux principes fondamentaux<strong>de</strong> <strong>la</strong> religion musulmane.II vient d'être aggravé par l'arrestation <strong>de</strong>s Oulémas <strong>de</strong> Fez,arrestation organisée par <strong>la</strong> Bési<strong>de</strong>nce générale et le généralDuval, et non par ben Arafa, comme on veut le faire croire.Jamais, au grand jamais, <strong>la</strong> poignée <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s noirs ne sefût aventurée dans les ruelles <strong>de</strong> Fez si <strong>de</strong>ux mille légionnairesn'avaient pas été là pour <strong>la</strong> soutenir.Le horm <strong>de</strong> Mou<strong>la</strong>y Idriss fut violé. Des Oulémas, <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong>s vieil<strong>la</strong>rds <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> soixante-dix ans, furent matraqués,emmenés manu militari vers ce qu'on appelle en terme <strong>de</strong>police, une <strong>de</strong>stination inconnue, c'est-à-dîre vers les lieux oùl'on sait mater les récalcitrants.Je ne sais, mesdames, messieurs, si vous appréciez ces procédésque l'on vous présente soit par <strong>la</strong> presse, soit par communiquésofficiels, sous un jour anodin et édulcoré.


Aucun chrétien, aucun israélite n'a toléré jusqu'à ce jour,même sous l'oppression alleman<strong>de</strong>, que fussent piétinés lessanctuaires, religieux. Et pourtant le fait s'est produit il y aquelques jours à peine à Fez.Un peuple comme le peuple français, qui a défendu son patrimoinereligieux les armes à <strong>la</strong> main contre n'importe quelprofanateur, se doit <strong>de</strong> ne pas tolérer les sacrilèges commisau Maroc. Un Etat, fût-il <strong>la</strong>ïque, qui a signé dès traités garantissant<strong>la</strong> religion <strong>de</strong>s autochtones, se doit <strong>de</strong> respecter sasignature.Sacrifié à <strong>de</strong>s intérêts privés fonciers et bancaires, soumis àune politique d'autorité, à un régime policier qui s'appuie surles caïds et quelques chefs <strong>de</strong>s Zaouias, le peuple marocaingar<strong>de</strong> toujours <strong>la</strong> foi invincible <strong>de</strong> ceux qui espèient, <strong>de</strong> ceuxqui savent que les causes justes finissent toujours par triompher<strong>de</strong> l'oppression ia plus dure.Je ne m'étendrai pas sur cette « comédie aux cent actesdivers » que l'on appelle le berbérisme ou <strong>la</strong> politique berbère.Je suis moi-même berbère et mieux p<strong>la</strong>cé que quiconqueici pour dire que <strong>la</strong> politique puérile qui consiste à distinguer,en Afrique du Nord, Berbères et Arabes, est une vue simplisie<strong>de</strong> l'esprit...M. René Mayer. Très bien !M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. ...qui ne trouve aucune réalisation dans<strong>la</strong> pratique.Ce seiait faire fi du ciment soli<strong>de</strong> qu'est l'Is<strong>la</strong>m, <strong>de</strong> ce puissantfacteur d'unité el <strong>de</strong> solidarité, <strong>de</strong> ce farouche malékismedont sont imprégnés les Berbères, les fameux Berbères Almoravi<strong>de</strong>set Almoha<strong>de</strong>s qui firent ia gran<strong>de</strong>ur du Maroc et qui sontles meilleurs propagateurs <strong>de</strong> l'Is<strong>la</strong>m et <strong>de</strong> sa <strong>la</strong>ngue sacrée, <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue arabe.Oublier ces données principales, c'est aller au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>spires déboires.Ce sont les Berbères qui se soulèvent contre le daïr <strong>de</strong>1930. Ce sont eux qui, <strong>de</strong>s bidonvilles, <strong>de</strong>s villes marocainesou <strong>de</strong>s tribus lointaines, défen<strong>de</strong>nt âprement le sultan SidiMohamed ben Youssef.Je n'en voudrais pour preuve que les vastes opérations <strong>de</strong>police avec occupation militaire qui dépassent le cadre <strong>de</strong>svilles pour s'étendre en pays Berbère. Contrairement à <strong>la</strong> thè^eofficielle qui fait <strong>de</strong>s Berbères les soutiens inébran<strong>la</strong>bles <strong>de</strong><strong>la</strong> politique française au Maroc, <strong>la</strong> situation, au moins en cequi concerne le Moyen-At<strong>la</strong>s, semble êlre <strong>de</strong>venue en certainsendroits aussi délicate que dans les villes. La tribu <strong>de</strong>s Zemmous,celle <strong>de</strong> Ted<strong>de</strong>rs, sont l'objet' <strong>de</strong> ratissages. Depuis <strong>de</strong>uxmois ce ne sont qu'attentats et incendies.L'opposition traditionnelle entre les Arabes et les Berbères,entre ia ville et <strong>la</strong> montagne, est en gran<strong>de</strong> parlie factice. LesBerbères ne sont pas aussi satisfait;, <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation actuelle auMaroc que pourraient le <strong>la</strong>isser croire les manifestations spectacu<strong>la</strong>ires<strong>de</strong> leurs caïds au pa<strong>la</strong>is impérial <strong>de</strong> Babat. caïds fonctionnairessoumis aux directives <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rési<strong>de</strong>nce.Ces manifestations spectacu<strong>la</strong>ires et « spontanées » ne trompentplus personne. Les camions militaires emplis <strong>de</strong> manifestantsberbères à 1.500 F le manifestant, plus le thé, plus unpain <strong>de</strong> sucre, plus un mouton pour dix, les cavalca<strong>de</strong>s bruyantes<strong>de</strong>vant le pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Rabat, ne leurrent plus personne, pasplus que ies quelques figurants dans Carmen ne se donnent l'illusiond'une troupe nombreuse.Le calme apparent que le rési<strong>de</strong>nt Lacoste apporte dans saserviette, les serments <strong>de</strong> fidélité, le loyalisme <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>,le « tout va bien au Maroc », <strong>la</strong> bonne santé morale d'un paysen ébullition, ne sont que <strong>de</strong>s trompe-l'œil, <strong>de</strong>s ersatz <strong>de</strong>bureau, <strong>de</strong>s conceptions enfantines <strong>de</strong> contrôleurs civils fidèlesaux co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> routine, un ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fumée que <strong>la</strong>. Rési<strong>de</strong>nceaux abois met entre <strong>la</strong> France et <strong>la</strong> situation réelle au Maroc.• Ouvrez les yeux, mes chers collègues, avant qu'il soit troptard. Ne voyez pas en mon intervention une quelconque critiquestérile. Français mulsulman, je me dois <strong>de</strong> dire aux représentantsdu peuple français toute <strong>la</strong> vérité afin qu'ils aient,avant <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'avenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> France en pays musulman,toutes les données nécessaires.Il n'est point besoin <strong>de</strong> lunettes spéciales pour saisir le relief<strong>de</strong> ce qui se passe au Maroc. Le calme apparent, <strong>la</strong> trêve actuelleagrémentée <strong>de</strong>-ci <strong>de</strong>-là <strong>de</strong> quelques remous, sont dus au débatd'aujourd'hui qui sera <strong>la</strong> clef <strong>de</strong> voûte <strong>de</strong> tout l'avenir du Marocet qui est le point <strong>de</strong> mire <strong>de</strong> tout Je peuple marocain, quigar<strong>de</strong> confiance dans les décisions <strong>de</strong> notre Assemblée.Quand je dis calme apparent, je pèse bien mes mots, car <strong>la</strong>situation s'envenime <strong>de</strong> jour en jour, sous une forme souterrainequi gagne le Maroc dans ses couches les plus profon<strong>de</strong>s.Tous les rapports officiels ne peuvent vous cacher, mes cherscollègues, l'immense portée <strong>de</strong>s consignes <strong>de</strong> calme en toutecirconstance <strong>la</strong>ncées par les mouvements nationaux et strictementobservées, artifice dont est victime M. le rési<strong>de</strong>nt Lacosteet ses services naïfs.'A Casab<strong>la</strong>nca et dans toutes les villes du Maroc, le jour <strong>de</strong>l'Aïd-el-Kébir, personne n'a bougé, malgré les agents provocateurs<strong>de</strong> ce père Noèl malfaisant qu'est El Keltani, qui dans sahotte ne porte que maléfices et duperies.Cependant les ordres <strong>de</strong> grèves étaient respectés partout.-Dans une proportion <strong>de</strong> 80 à 100 p. 100, les ouvriers, ce facteurpuissant <strong>de</strong> toute nation, cessèrent le travail et paralysèrentl'économie marocaine. Toutes les consignes données par lespartis nationaux ont été exécutées dans <strong>la</strong> même proportion.La résistance par le vi<strong>de</strong>, <strong>la</strong> grève <strong>de</strong> souris, comme on l'aappelée, a dérouté les calculs vieillots et périmés. Le mouvement<strong>de</strong> masse, un mouvement irrésistible, s'organise <strong>de</strong> jouren jour et s'adapte avec une souplesse remarquable à l'évolution<strong>de</strong>s événements, ce qui met en porte-à-faux <strong>la</strong> Rési<strong>de</strong>nceet <strong>la</strong> déroute complètement.M. le rési<strong>de</strong>nt René Lacoste est en ce moment aux abois.Il en serait <strong>de</strong> même <strong>de</strong> tous ses remp<strong>la</strong>çants. Lorsque le brasa failli, on doit couper <strong>la</strong> tête, dit-on. Mais en politique marocaine,ii faut d'abord couper le bras, c'est-à-dire débarrasserimmédiatement le Maroc <strong>de</strong> cette administration vétusté etdangereuse qui a pris racine- et qui dicte ses volontés.C'est vous dire, mes chers collègues, qu'il faut faire <strong>la</strong> partentre <strong>la</strong> réalité que l'on s'évertue à vous cacher par <strong>de</strong>s artificesadministratifs ardu-connus et le véritable intérêt <strong>de</strong> Ja France.Beaucoup d'intérêts, trop d'intérêts même, nationaux et internationaux,privés ou non privés, gravitent autour du Maroc.Américains, Ang<strong>la</strong>is et autres grignotent au jour Je jour leprestige français.De l'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, nul ne se soucie. Ce n'est pas aurési<strong>de</strong>nt, ballotté au gré <strong>de</strong>s vents et prisonnier <strong>de</strong>s contrôleurscivils, ce n'est pas à l'administration marocaine, à <strong>la</strong>quelle on a<strong>la</strong>issé Ja bri<strong>de</strong> sur le cou et qui se vautre dans une paresseintellecluele au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> tout, ce n'est pas aux gros exploitantsd'immenses terres, maîtres <strong>de</strong> Ja presse marocaine et <strong>de</strong>l'opinion — si opinion ii y a — c'est à vous seuls, mes cherscollègues, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r s'il faut perpétuer, là-tbas au Maroc, etamplifier toutes les erreurs commises et qui continuent à secommettre.C'est à vous <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r, par un programme net, par uneaction rapi<strong>de</strong>, s'il faut recommencer l'histoire <strong>de</strong> l'Indochineou s'il faut faire du Maroc un Etat ami respectant tous lesintérêts <strong>de</strong>s Français et <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.Seul le retour du sultan Mohamed ben Youssef, unique responsablereligieux et juridique du Maroc, peut amener <strong>la</strong>délenle et <strong>la</strong> paix. (Protestations à droite.)Aucun autre élément, aucune antre conception politique;aucun p<strong>la</strong>n n'ont <strong>de</strong> valeur, hormis cette condition nécessaire,et suffisante.Ne comptez sur aucun calme, ne comptez sur aucune évolution.ne comptez sur aucun avenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, ni par <strong>la</strong> forcearmée ni par aucun autre moyen, si cette condition sine quanon n'est pas d'emblée remplie.Ce qu'un coup <strong>de</strong> force a instauré doit être défait par une.sage mesure. Tout l'avenir est là. Il faut revenir sur le passé,et ici je m'adresse à M. le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France pour luidii.e combien nous, qui avons app<strong>la</strong>udi à son avènement, combiennon-, qui avons approuvé son altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant les problèmesindocliinois et tunisien, nous nous trouvons aujourd'huichoqués par sa faiblesse <strong>de</strong>vant le problème marocain.Combien l'homme qui s'est présenté mo<strong>de</strong>stement à Bruxellesse serait senti plus à l'aise, plus fort, s'il avait, eu <strong>de</strong>rrière luitoute <strong>la</strong> force, toute <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong>s pays africains!Combien cette troisième force, composée <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et doson « Conunonwealth », aurait pesé lour<strong>de</strong>ment dans l'équilibremondial, entre l'U. R. S. S. et les Anglo-Saxons !C'est pourquoi nous ne comprenons pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> notreéminent prési<strong>de</strong>nt du conseil ce <strong>la</strong>isser-faire au Maroc, tesdémonstrations militaires, ces erreurs qui perpétuent l'attentatet <strong>la</strong> répression.Prévenir et supprimer les désordres, réaliser <strong>de</strong>s réformesimportantes, essayer d'accord avec le sultan actuel <strong>de</strong>'rétablir<strong>la</strong> concor<strong>de</strong> et d'apaiser les esprits, c'est mettre <strong>la</strong> charrue<strong>de</strong>vant -les bœufs.Non, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, nous ne pouvons passouscrire à ces déc<strong>la</strong>rations du A août <strong>de</strong>rnier, reprises parvotre représentant, M. Lacoste, à Mazagran. Vous ne pouveztraiter avec Ben Arafa, qui n'est qu'une création <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiquedu Gouvernement français et non Je sultan du peuple marocain.(Protestations à droite.)Vous ne pouvez pas donner le bras à un mannequin <strong>de</strong>•peluche en essayant <strong>de</strong> vous convaincre qu'il s'agit <strong>de</strong> votrefuture épouse. (Fîtes protestations à droite, à l'extrême droiteet au centre.)M. Pierre <strong>de</strong> Bénouvilfe. Rappel à l'ordre !Sur <strong>de</strong> nombreux bancs à droite et à l'extrême droite, Censure!M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Je traduis mon sentiment.


M. le «rési<strong>de</strong>nt. Monsieur Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r, vos paroles sontinadmissibles. Je veux croire qu'elles ont dépassé votrepensée.M. Pierre <strong>de</strong> Benouviile. Retirez vos paroles ! Censure !H. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Vous, taisez-vous, au lieu <strong>de</strong> vousagiter !Il n'y a qu'un sultan, c'est Sidi Mohammed ben Youssef! [Nouvellesprotestations.)M. Pierre <strong>de</strong> Benouviile. II insulte un souverain ami <strong>de</strong> <strong>la</strong>France.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Monsieurle prési<strong>de</strong>nt, je tiens à protester contre les termesemployés par notre collègue à celte tribune à l'égard du sultanrégnant à Rabat.M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Je maintiens mon pr ipos et ne retireabsolument rien.Sur <strong>de</strong> nombreux bancs à droite et à l'extrême droite. Censure! Censure 1M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r, je vais vous rappelerà l'ordre.M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Vous ne pouvez vous appuyer sur lesBerbères, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, je vous ai expliquépourquoi.Seul le rappel d« Sidi Mohammed ben Youssef donnera <strong>la</strong> solutionrecherchée. (Nouvelles protestations. — Bruit.)Sur divers bancs à droite et à l'extrême droite. Rappel àl'ordre !M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. La question dynastique est tout dans'*celte affaire marocaine. Tout le reste n'est que corol<strong>la</strong>ire.Monsieur le prési<strong>de</strong>nt Mendès-France, iéglez cette questionà l'ang<strong>la</strong>ise.M. Pierre <strong>de</strong> Bénouvilte. Nous réglons nos problèmes à <strong>la</strong>française.M. Gadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r. Nehru et le docteur Nkroumah ont étéRamenés <strong>de</strong> prison pour prendre le pouvoir aux In<strong>de</strong>s et à <strong>la</strong>Gold Coast. Le retour du docteur Nkroumah n'a rien enlevé aucharme et au prestige <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Elisabeth et à <strong>la</strong> puissanceang<strong>la</strong>ise. Le retour <strong>de</strong> Sidi Mohammed ben Youssef n'enlèverarien, toute proportion gardée, à votre charme et à <strong>la</strong> puissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> France. (App<strong>la</strong>udissements sur quelques bancs à gauche.)H. le prési<strong>de</strong>nt. Tous les interpel<strong>la</strong>teurs se sont fait entendre.Dans <strong>la</strong> discussion générale <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong> paroleest à M. Grousseaud.M. Jean Grousseaud. Mesdames, messieurs, monsieur leministre, il y a différentes manières d'entrer dans l'Histoire.Certains choisirent <strong>de</strong> donner à <strong>la</strong> France un empire mondial,tels Ferry, Faidherbe, Brazza, Galiieni ou Lyautey. D'autresIncarnèrent, comme Clemenceau, <strong>la</strong> résistance victorieuse.M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil a opté pour <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> démissionnationale. (Mouvements divers.)M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Je vousrépondrai <strong>de</strong>main.M. Jean Grousseaud. S'il avait <strong>de</strong>s craintes <strong>de</strong> sombrer dansl'oubli, lot <strong>de</strong> certains hommes politiques qu'on décore dunom d'homme d'Etat, le voilà rassuré.La démonstration était déjà faite que le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation<strong>de</strong>venait sa gloire personnelle: il fal<strong>la</strong>it encore nous persua<strong>de</strong>rque nos seuls partenaires possibles, ce sont les assassins. M. leprési<strong>de</strong>nt du conseil y est parvenu. (Protestations sur plusieursbancs à gauche.)M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. MonsieurGrousseaud, je proteste contre les termes que vousemployez à cette tribune!M. Jean Grousseaud. Protestez, monsieur le ministre. Ils sontVrais quand même. (Nouvelles protestations sur les mêmesfrancs. — Bruit.)Confondant <strong>la</strong> précipitation et l'action, il sait se hâter sanslenteur. Brû<strong>la</strong>nt le temps, prenant seulement <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> venirsans voir, il lève victorieusement toutes les oppositions.Quel magicien ! Si tout ce<strong>la</strong> n'était qu'illusion, on lui pardonneraitvolontiers, mais il ne s'agit pas seulement d'un dangereuxmirage purement spectacu<strong>la</strong>ire, il est un joueur d'autantplus redoutable que sa mise est notre <strong>de</strong>stin.Il me suffira d'examiner Faction du Gouvernement en Tunisieet au Maroc pour démontrer <strong>la</strong> nocivité <strong>de</strong> cette politique, dontle terme ne peut être que <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> France en Afrique.du Nord, malgré les affirmations contraires du Gouvernement.D'abord, permettez-moi <strong>de</strong> faire justice d'une comparaisonintolérable et inadmissible <strong>de</strong> l'Indochine et <strong>de</strong> l'Afrique. Voussavez parfaitement que <strong>la</strong> géographie s'inscrit en faux contrevos affirmations, qui ne paraissent <strong>de</strong>stinées qu'à ceux <strong>de</strong> nosconcitoyens qui ne <strong>la</strong> connaissent pas. U y a <strong>de</strong>s contrevéritésà l'usage <strong>de</strong>s naïfs.La régence a d'abord retenu votre attention. L'ancien rési<strong>de</strong>ntgénéral, M. Voizard, poursuivait sans résultat <strong>la</strong> chimère<strong>de</strong>s concessions. Vous y avez brusquement substitué <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion.L'économie <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations du Gouvernement peut être ainsirésumée: autonomie interne reconnue, droit <strong>de</strong>s Français <strong>de</strong>vivre et <strong>de</strong> travailler.Nous sommes prêts, avez-vous dit, à transférer à <strong>de</strong>s personneset à <strong>de</strong>s institutions tunisiennes l'exercice interne <strong>de</strong> <strong>la</strong>souveraineté. Et les Français, en échange <strong>de</strong> leurs services passéset présents, du rôle qu'ils jouent et doivent jouer dansl'avenir, ont acquis le droit <strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong> travailler en Tunisie,droit dont personne ne songe à les priver.Alors que vous aviez critiqué les gouvernements précé<strong>de</strong>nts,il vous a plu <strong>de</strong> rappeler les promesses faites par eux, et notammentpar M. Robert Schuman. Vous préten<strong>de</strong>z en sommeréaliser leurs intentions.11 n'est pas dans mon propos <strong>de</strong> défendre ces gouvernements,mais il semble que <strong>la</strong> contrepartie <strong>de</strong>mandée n'existe plusactuellement.L'acceptation <strong>de</strong> l'autonomie interne a comme conséquenceincontestable l'abrogation rie <strong>la</strong> convention <strong>de</strong> <strong>la</strong>- Marsa <strong>la</strong> plusimportante, celle qui avait élé conclue grâce à Paul Cambon.Vise-t-elle également l'article 7 du traité du Bardo, concernantles droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> République française au sujet <strong>de</strong> l'organisationfinancière du pays ? Probablement. Elle porte donc une gravenovation à nos rapports avec <strong>la</strong> Tunisie.Mais le traité du Bardo lui-même subsiste-t-il ? Nous conservonsle droit <strong>de</strong> représentation extérieure. Aurons-nous 1 longtemps<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> maintenir dos troupes ?Nous n'avons qu'une assurance formelle, celle <strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>ntdu co.nseil, qui déc<strong>la</strong>rait l'autre jour à celte tribune : « J'aiaffirmé en même temps, et en termes, je crois pouvoir le dire,non équivoques, que l'union militaire et diplomatique <strong>de</strong> <strong>la</strong>Tunisie avec <strong>la</strong> France ne pouvait pas être rompue ».Ce<strong>la</strong> est bel et bon. Mais le gouvernement <strong>de</strong> Tunis Jie nous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra-t-il pas, si l'ordre intérieur est assuré, <strong>de</strong> retirer nostroupes conformément à l'article 2 du traité du Bardo ? « Cetteoccupation, stipule-t-il, cessera lorsque les autorités militairesfrançaises et tunisiennes aurc'it reconnu d'un commun accordque l'administration locale est ea étal <strong>de</strong> maintenir l'ordre ».M. Frédéric <strong>de</strong> Villeneuve. Toute <strong>la</strong> question est là.M. Jean Grousseaud. Voilà le danger. A ce moment, il ne nousrestera plus qu'tin droit <strong>de</strong> figuration diplomatique bien précaire.Lew liens qui unissent nos <strong>de</strong>ux pays seront rompus.Il s'agit donc du départ <strong>de</strong> <strong>la</strong> France en <strong>de</strong>ux étapes. Voilà ceque, en réalité, vous négociez. Voilà le but pour lequel il vousfal<strong>la</strong>it absolument trouver <strong>de</strong>s interlocuteurs « va<strong>la</strong>bles »,comme vous diles.Du point <strong>de</strong> vue juridique, d'ailleurs, <strong>la</strong> lettre et l'esprit dutraité sont transgressés.La formule <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>s pouvoirs accordés par <strong>la</strong> Franceà <strong>de</strong>s institutions et à <strong>de</strong>s personnes lui est profondément contraire,et vous le savez. Même si, pour <strong>de</strong>s raisons qui lui sontpropres, l'actuel bey <strong>de</strong> Tunis se déc<strong>la</strong>re satisfait, il n'en resteas moins qu'il nous est impossible <strong>de</strong> déléguer à d'autres qu'auey <strong>de</strong>s droits que nous avons reçus <strong>de</strong> lui.Ainsi, il apparaît que le discours <strong>de</strong> Tunis n'a, hé<strong>la</strong>s! pascomporté assez <strong>de</strong> réflexion préa<strong>la</strong>ble. 11 sent l'improvisaliUi <strong>de</strong>sformules au mépris <strong>de</strong>s textes.Vous prétendiez à cette tribune que les violences ne vousforceraient pas à cé<strong>de</strong>r Sur ce qu'il faut maintenir. Mais vousne maintenez rien. Si vous faites bon marché <strong>de</strong> <strong>la</strong> positieti <strong>de</strong><strong>la</strong> France, vous êtes plein d'une absolue désinvolture à l'égard<strong>de</strong>s Français.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. Vousmanquez <strong>de</strong> mesure, mon cher collègue.M. Jean Grousseaud. Je n'en manque pas plus que vous,monsieur ie ministre.H. François Quilici. Vous manquez <strong>de</strong> mémoire, monsieur leminisire.M. Jean Grousseaud. Il y a, à côté du protectorat résultant<strong>de</strong>s conventions <strong>de</strong> 1881 et 1883, nos compatriotes qui sontactuellement au nombre dé 200.000. Ils auront le droit <strong>de</strong> vivreet <strong>de</strong> travailler ainsi que leurs enfants.Mais dans <strong>de</strong> nombreux pays, nos concitoyens peuvent vivreet travailler.Ah! J'entends bien, ils jouiront d'un statut spécial On leurdonnera <strong>de</strong>s garanties.


La Porte, autrefois, avait accordé ce régime aux Français, maisnous n'avions pas constitué l'empire ottoma'n.En l'espèce, dans ce pays où les races sont à ce point confon-'dues, il paraît impossible <strong>de</strong> parler d'autochtones arabes. Nosfrères représentent une mtoorité, certes, mais une minoritésans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> Régence n'aurait pas atteint le <strong>de</strong>gré d'évolutionoù elle est parvenue, minorité constituée <strong>de</strong> familles quiont là-bas leurs maisons et leurs tombeaux.Leur sentiment est aussi qu'ils sont Tunisiens et Français. Ilsconsidèrent qu'ils ne <strong>de</strong>meurent plus sur une terre étrangère,car cette terre, ils en ont tracé les sillons. Ils y ont vécucomme leurs pères. Peu à peu, ils ont construit un mcn<strong>de</strong> nouveau,créé <strong>de</strong>s paysages, ensemencé <strong>de</strong>s champs incultes, p<strong>la</strong>nté<strong>de</strong>s forêts. Cette œuvre est bien à eux. Ils l'ont réalisée à leurimage, c'est-à-dire à <strong>la</strong> nôtre. Et M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil leurfait aujourd'hui <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong> et <strong>la</strong> plus imméritée <strong>de</strong>sinjures.Vous ne leur avez <strong>de</strong>mandé ni conseil ni avis. Vous les avezignorés. Par <strong>la</strong> voix autorisée <strong>de</strong> leurs représentants, ils ont faitentendre les appels les plus émouvants, non pas seulement poureux-mêmes, mais pour <strong>la</strong> présence française. Aucun écho.Peut-être écouterez-vous les <strong>de</strong>rnières objurgations d'un mort.Le colonel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Paillonne écrivait il y a quelques semaines:« La recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s attentats concrétise l'échec d'une politique.Elle confirme également cette vérité qu'en certains casil ne faut pas payer d aviAice et que <strong>la</strong> bienveil<strong>la</strong>nce est souventinterprétée comme une expression <strong>de</strong> faiblesse. »Certains avancent l'idée que les chefs du Néo-Destour, s'estimantdépassés par leurs troupes terroristes, <strong>de</strong>viendraient beaucoupplus compréhensifs et se montreraient conciliants dansleurs tractations avec le Gouvernement français. Rien n'est plusfaux.Les lea<strong>de</strong>rs néo-<strong>de</strong>stouriens se mettraient aujourd'hui en position<strong>de</strong> vaAjqueurs dans toute conversation.Ils ne feraient aucune concession, bien au contraire. Ils s'attacheraientà brûler les étapes et à instituer leur dictature enéliminant non seulement les Français, mais même les Musulmansmodérés.Le moment est crucial, et il ne comporte pas d'autre alternativeque <strong>la</strong> suivante: premièrement, rétablir rapi<strong>de</strong>ment et totalementl'ordre en employant les moyens voulus; <strong>de</strong>uxièmement,faire savoir très nettement que <strong>la</strong> "France n'entrera jamais enpourparler avec les instigateurs <strong>de</strong>s désordres et <strong>de</strong>s meurtres.Ce<strong>la</strong> n'est peut-être pas suffisant pour convaincre M. le prési<strong>de</strong>ntdu Conseil. Mais en vous inclinant à votre tour, après lerési<strong>de</strong>nt général <strong>de</strong> Tunisie, <strong>de</strong>vant le colonel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Paillonne,•vous répondrez peut-être qu'il avait une vue erronée <strong>de</strong>s butsdu Néo-Destour.Alors voici vos interlocuteurs, ceux en qui M. le prési<strong>de</strong>nt duconseil a mis toute sa confiance. Bourguiba, après votre discours<strong>de</strong> Tunis et avant qu'on lui donne les <strong>de</strong>rniers conseils à l'usagedu public français, a déc<strong>la</strong>ré:« Ces propositions constituent une étape substantielle et décisivedans <strong>la</strong> voie qui mène à <strong>la</strong> restauration <strong>de</strong> <strong>la</strong> souverainetécomplète <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie. L'indépendance reste l'idéal du peupletunisien. »Vous connaissiez l'étroite liaison existant entre <strong>la</strong> ligue arabeet Bourguiba. M. le ministre Martinaud-Dép<strong>la</strong>t a fait état <strong>de</strong>documents qui montrent l'individu tel qu'il est. Il me suffira <strong>de</strong>citer à mon tour <strong>de</strong>ux discours du chef du Néo-Destour.Le 19 août 1950, à <strong>la</strong> Marsa, ne déc<strong>la</strong>rait-il pas: « Pour untemps encore les affaires étrangères resteront aux Français. Maisnous finirons par avoir nos représentants diplomatiques àl'étranger. »Le 27 août 1950, à Madia : « Le ministre Chenik poursuivra lesnégociations pour mener le pays à l'autonomie interne inexorablement.»Il n'est pas besoin <strong>de</strong> rappeler les nombreuses manifestationsoratoires <strong>de</strong> Bourguiba qui vous sont bien connues.Mais voilà, vous admettez qu'il soit l'inspirateur du Néo-Destouret vous traitez avec lui. 11 est vrai que vous éprouvez lebesoin <strong>de</strong> faire savoir que vous n'êtes nullement solidaire <strong>de</strong>ses opinions. Mais vous le mettez sur le pavois.Il n'en reste pas moins que, grâce à vous, le Néo-Destour estau pouvoir triomphant. Vous aurez chèrement payé l'arrêt <strong>de</strong>sassassinats.Vous croyez donc à <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation avec <strong>de</strong> telspartenaires, avec Bourguiba, meneur du jeu, alors que toutdémontre que ce qui est pour vous une fin en soi ne signifiepour le Néo-Destour qu'un but.Voilà le tragique malentendu, ou voilà <strong>la</strong> vérité sur <strong>la</strong>quelleavec hypocrisie on veut jeter le voile. L'aboutissement <strong>de</strong> votrepolitique est c<strong>la</strong>ir. Nos compatriotes bafoués, nos amis abandonnés,nos ennemis victorieux, et le prési<strong>de</strong>nt du conseil satisfait.Il y avait cependant d'autres possibilités»Bien entendu, nous condamnons toute tentative qui auraitpour but <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> prépondérance d'une race sur l'autreet nous renonçons à l'idée d'assimi<strong>la</strong>tion.Tenant compte <strong>de</strong>s progrès incontestables accomplis par lesTunisiens, qu'ils soient Arabes, Berbères, Turcs ou Israélites, ilfal<strong>la</strong>it promouvoir une politique d'association, seul conceptpossible dans un pays comme <strong>la</strong> Régence où l'unité ethniquen'existe pas.Tout abandon <strong>de</strong> notre part <strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> souverainetédéléguée par les traités du Bardo et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marsa <strong>de</strong>vrait êtreen ce sens compensé : 1° par l'acceptation <strong>de</strong> Ja Tunisie <strong>de</strong>faire partie <strong>de</strong> l'Union française; 2° par une union financière,économique et douanière ; 3° par l'octroi <strong>de</strong> Ja double nationalitélégitimant l'accès <strong>de</strong>s Français au gouvernement tunisien,dans toutes les assemblées, soit d'ordre légis<strong>la</strong>tif,municipal ou économique, par moitié, pour un <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> tempsà déterminer, et ensuite dans une proportion qui implique <strong>la</strong>reconnaissance <strong>de</strong> l'œuvre accomplie par eux.Ce p<strong>la</strong>n aurait pu être mis à exécution avec le concours duBey et, d'autre part, le concours non pas seulement <strong>de</strong>s Tunisiensamis <strong>de</strong> <strong>la</strong> France — et il y en a beaucoup — mais <strong>de</strong>tous ceux qui ne conçoivent l'avenir que dans une union intime<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux nations.Evi<strong>de</strong>mment, il excluait tous pourparlers avec le Néo-Destourtant que cet organisme n'aurait pas reconnu nos droits et ceux<strong>de</strong> nos ressortissants. Il commandait aussi une fermeté absolue'vis-à-vis du terrorisme.Il n'eut pas été difficile, en employant les moyens voulus,d'y mettre lin.Hé<strong>la</strong>s! on a préféré, au lieu <strong>de</strong> punir le crime, honorer lecriminel.IJne telle altitu<strong>de</strong> a forcément <strong>de</strong>s répercussions dans <strong>de</strong>sifgions aussi sensibles que l'Afrique du Nord. On y a vu unepreuve <strong>de</strong> faiblesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. C'est en ce sens qu'on a pudire avec raison à cette tribune, malgré les dénégations impuissantesdu Gouvernement <strong>de</strong>vant les faits, qu'il y avait uneétroite corré<strong>la</strong>tion entre le discours <strong>de</strong> Tunis et le sang verséà Fez et à Petitjean.M. Pierre Clostermann. C'est absolument faux.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes. C'estabsolument inexact.M. Jean Grousseaud. Certes, vous paraissez, tout au moinsdans l'immédiat, beaucoup plus pru<strong>de</strong>nt au Maroc qu'en Tunisie.Vous convenez qu'il faut d'abord faire cesser l'agitation avant<strong>de</strong> passer aux réformes.M. Maurice Rabier. C'est vous qui créez l'agitation par vosparoles impru<strong>de</strong>ntes, qui font du mal à <strong>la</strong> France.M. Jean Grousseaud. Nous sommes en ce point d'accord, etnous souhaitons que vous nous en donniez à nouveau <strong>la</strong> solennelleassurance.Nous vous suivons aussi dans l'énumération <strong>de</strong>s changementsindispensables: réformes municipale, économique et sociale.M. le ministre <strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes adéc<strong>la</strong>ré :« La seule politique qui permette <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r l'œuvrefrançaise au Maroc est une politique qui ne nous aliène ni lemon<strong>de</strong> berbère ni le mon<strong>de</strong> arabe, ni le bled ni les villes, niles féodaux ni les prolétaires, ni les conservateurs ni <strong>la</strong> jeunesseprogressiste ».Ce programme apparaît comme singulièrement compliqué.P<strong>la</strong>ire à tout le mon<strong>de</strong> est bien difficile.Monsieur Je ministre, vous vous en apercevrez rapi<strong>de</strong>mentlorsque vous connaîtrez plus à fond <strong>la</strong> situation au Maroc, etvous verrez alors qu'à l'instar du meunier <strong>de</strong> <strong>la</strong> fal<strong>de</strong>, en p<strong>la</strong>isantà ceux-ci on dép<strong>la</strong>ît forcément à ceux-là.Le tout est <strong>de</strong> savoir faire un choix, et un bon. Quelle politiqueentend-on suivre et que veut-on obtenir ?Tout le mon<strong>de</strong> s'accor<strong>de</strong> à estimer <strong>de</strong>s réformes nécessaires,mais personne n'est d'accord sur ce qu'elles doivent être.On peut continuer le système actuel du protectorat. On peutenvisager l'indépendance du Maroc. On peut enfin tenter d'instituerun régime d'association interne compatible avec lestraités. 11 est évi<strong>de</strong>nt que les trois hypothèses comman<strong>de</strong>ntune conduite différente.La formule du protectorat telle qu'elle a été pratiquée ces<strong>de</strong>rnières années suppose une popu<strong>la</strong>tion peu évoluée, incapable<strong>de</strong> se diriger en se fiant à <strong>la</strong> tutelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation protectrice.Il nous apparaît que tel n'est pas le cas du Maroc, où lespopu<strong>la</strong>tions arabes et berbères ont fait <strong>de</strong>s progrès constants.Nous ne pensons pas qu'il serait sage <strong>de</strong> régir les Marocains<strong>de</strong> 19&4 avec les moyens employés vingt ans auparavant.


Doit-on alors traiter avec l'Istiq<strong>la</strong>l et faire apparaître quel'indépendance serait accordée au terme d'une longue évolution? Ce serait faire abstraction d'une œuvre qui est celle <strong>de</strong>squatre cent mille Français résidant au Maroc.Nous sommes les créateurs du Maroc mo<strong>de</strong>rne, et nous nepouvons pas admettre d'être frustrés <strong>de</strong> ce qui, incontestablement,est nôtre. Toute transformation qui tendrait à faire croireque <strong>la</strong> métropole envisage c<strong>la</strong>ns l'avenir un Maroc arabe librene saurait être une mesure d'apaisement, mais au contraire ungeste infiniment dangereux.Pourquoi ne pas s'orienter vers une formule d'association ?Rappelons-nous d'abord que nous nous trouvons en présence,non pas d'un pays peuplé uniquement d'Arabes, mais où ceuxcisont' venus s'installer dans les p<strong>la</strong>ines en conquérants etdans lequel ils sont minoritaires.Depuis longtemps <strong>la</strong> politique française, au lieu <strong>de</strong> tendreà une centralisation, concept occi<strong>de</strong>ntal, aurait dû, au contraire,régionaliser le Maroc et tenir le plus grand compte <strong>de</strong>s caractèresethniques si différents.<strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions qui le composent.Pour n'avoir pas su prévoir ni soigner, on en est arrivé àune opération chirurgicale dont les suites étaient inévitables.Pendant dix années on a <strong>la</strong>issé à <strong>la</strong> tête du pays un hommedont les regards ne se dirigeaient plus par <strong>de</strong>là <strong>la</strong> Méditerranéevers Paris, mais qui avait pris au sérieux certainesparoles impru<strong>de</strong>ntes prononcées en 1942 par le prési<strong>de</strong>nt Roosevett.La situation est tragique parce que beaucoup <strong>de</strong> gens sontcompromis dans un nationalisme qui pour certains a un fon<strong>de</strong>mentreligieux, mais qui pour d'autres n'a comme ba=e qu'unespécu<strong>la</strong>tion sur <strong>la</strong> force respective <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et d'un autreEtat.Nous avons supprimé <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> <strong>la</strong> rébellion, les bras <strong>de</strong>meurent.Que faut-il l'aire ?Constatons d'abord que les tribus berbères sont absolumentcalmes et en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute espèce d'agitation politique.Où se trouvent nos adversaires ? Dans les villes peupléesd'Arabes, singulièrement à Casab<strong>la</strong>nca. Entraînent-ils <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionavec eux ? J'ai parcouru les médinas <strong>de</strong> Fez, cle Rabat,<strong>de</strong> Marrakech sans percevoir aucun sentiment d'hostilité. Lecalme le plus complet v régnait. Le terrorisme est l'œuvred'une .infime minorité. Par là même, l'Istiq<strong>la</strong>l démontre safaiblesse. Le mouvement est incapable <strong>de</strong> rcnconter l'adhésiondu nombre. Il espère régner par <strong>la</strong> peur.Comment lutter avec efficacité ?ll' y à d'abord! non pas tant <strong>de</strong>s. mesures policières que <strong>de</strong>smesures sociales et économiques. 11 faut démontrer aux humbles-que nous sommes capables <strong>de</strong> les faire, vivre. Pour yparvenir, il semble indispensable <strong>de</strong> disperser le prolétariat <strong>de</strong>Casab<strong>la</strong>nca en lui donnant du travail ailleurs. (Exc<strong>la</strong>mations àl'èxlrême gauchc, à gauche et sur certains bancs, an centre.)Casab<strong>la</strong>nca est une merveilleuse réalisation d'urbanisme, maisc'est une tragique erreur sociale. (Interruptions sur les mêmesbancs.)Je m'explique.: Le prestige <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville géante attire tous ceux qui veulent fairefortune et qui y vivent misérablement parce qu'ils ont trop <strong>de</strong>fierté pour revenir chez eux et avouer leur échec.11 faut que tous les originaires <strong>de</strong> l'Anti-At<strong>la</strong>s, du Sous, yretournent et y trouvent, grâce à nous, <strong>de</strong> quoi y vivre et y bienVivre.Nous <strong>de</strong>vons combattre <strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> adverse en utilisant seimoyens. Une faible partie cle <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion est seule capable <strong>de</strong>lire' l'arabe. Jusqu'à présent, les journaux cle <strong>la</strong>ngue arabiédités avec l'autorisation <strong>de</strong> l'ex-sultan étaient tous contre nous.Publions à notre tour <strong>de</strong>s journaux et ayons surtout <strong>de</strong>s hommescapables <strong>de</strong> les commenter.Demandons enfin aux Arabes d'être eux-mêmes les gardiens'<strong>de</strong> l'ordre. Ou l'attentat a lieu dans les villes mo<strong>de</strong>rnes et alorsil est aisé d'établir une surveil<strong>la</strong>nce suffisante, ou il a lieu dansles médinas et alors il est impossible que le ou les tueursn'aient pas été vus en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong>l'intense activité qui y règne et les dimensions réduites <strong>de</strong>sruelles.Souvenons-nous <strong>de</strong>s troubles en Algérie il y a quelquesannées. Le slogan était: « Les Français à <strong>la</strong> mer ! » Nous <strong>de</strong>vonsaffirmer que nos ressortissants au Maroc forment un groupeethnique marocain et qu'ils ne sauraient être traités comme <strong>de</strong>sétrangers mais, par voie cle réciprocité, il faudrait prévoir queles Marocains seraient admis à diriger le pays avec nous. Làaussi le système <strong>de</strong> <strong>la</strong> double nationalité est <strong>de</strong> nature à réaliserune égalité interne.A notre ser.s, il convient d'instaurer dans l'emuire fortunéun régime d'association, ce qui ne signifie pas <strong>la</strong> seule union <strong>de</strong>sArabes et <strong>de</strong>s Français mais ce qui" sous-entend une synthèsebeaucoup plus <strong>la</strong>rge où, naturellement, figureront d'une part<strong>la</strong> masse berbère qui doit obtenir une importante représen<strong>la</strong>tion,d'autre part les Israélites, dont les qualités d'adaptation sontparticulièrement remarquables.Rien n'empêche <strong>de</strong> réaliser ce<strong>la</strong>. Nous détenons par le traité<strong>de</strong> Fez Ja possibilité <strong>de</strong> transformer comme nous l'entendons ierégime intérieur du Maroc à <strong>la</strong> double condition <strong>de</strong> ne rien fairecontre l'Is<strong>la</strong>m et cle ne pas porter atteinte à l'intégrité <strong>de</strong>l'empire chérifien.Cette œuvre peut donc être entreprise. Nul doute qu'elle n'obtiennel'assentiment <strong>de</strong>s Français du Maroc dont <strong>la</strong> situation setrouverait renforcée. Nul cloute aussi qu'elle n'emporte l'adhésion<strong>de</strong> tous ceux qui ne veulent pas SJ sentir protégés, c'est-àdirenon égaux en droit.La France, a le ferme propos <strong>de</strong> ne pas quitter l'Afrique duNord. Elle ne peut pas y <strong>de</strong>meurer en tuteur ni en martre. Laseule politique possible est celle do l'association fondée surl'égalité.Il nous reste à vous prier instamment <strong>de</strong> suivre une telleorientation. Le Maroc n'est pas l'Istiq<strong>la</strong>l. Non seulement nous yavons un grand nombre cle Français, mais à côté <strong>de</strong> nous nosamis sont nombreux et puissants.Qu'il me soit permis <strong>de</strong> les saluer tous en <strong>la</strong> personne <strong>de</strong>l'un d'entre eux, l'homme qui, <strong>de</strong>puis quarante ans, personnifiel'amitié franco-marocaine, le compagnon <strong>de</strong> Lvautey, lefidèle <strong>de</strong>s mauvais jours cle 1915-1918 et do 1939-1915,* sonexcellence El G<strong>la</strong>oui, naclia <strong>de</strong> Mairakech. 11 est, lui aussi, lecréateur du Maroc mo<strong>de</strong>rne.Si, _ comme le dit ie général Bcthonart, « l'éloignernent clel'ancien sultan a créé cle <strong>la</strong>rges possibilités pour assainir <strong>la</strong>situation au Maroc », proc<strong>la</strong>mons nettement qu'il n'y a pas<strong>de</strong> question du trône marocain et, en accord avec nos amisberbères, arabes et israélites, édifions lo Maroc futur.Hier, nous avons fondé l'Etat marocain, nous lui avonsdonné une conscience par nos écoles et notre enseignement.Aujourd'hui, nous maintiendrons cet incrovable accomplissement.Demain, en association avec les Marocains, nous continueronsen commun, fraternellement, d'édifier un Maroc auquel nousavons donné notre esprit et notre cœur. Sans cet avenir pour <strong>la</strong>Tunisie el le Maroc, il n'y a pas d'Algérie française possible.Tout, là-bas, se tient. Songez-y pendant qu'iren est tempsencore. Mesurez votre effroyable responsabilité. Le sort <strong>de</strong> troismillions <strong>de</strong> Français est entre vos mains.Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> nos paroles, <strong>de</strong> nos discussions, <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie,il y a <strong>la</strong> France, que vous allez peut-être encore une foismutiler.Attention! Redites, monsieur le ministre, à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ce soir absent, qu'il no faut pas que <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>svivants se joigne'à celle <strong>de</strong>s morts pour lui crier: « On ne passepas! Pas ce<strong>la</strong> et pas vous! » (App<strong>la</strong>udissements à droite et surquelques bancs à l'extrême droite. — Exc<strong>la</strong>mations à gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La suite du dc


_ 4 _AVIS CONFORMES DU CONSEIL DE LA REPUBLIQUEM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt duConseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, un avis conforme sur le projet <strong>de</strong> loitendant à autoriser le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République à ratifier •le modus vicendi. commercial, signé à Caracas, le 11 mars 1953,entre <strong>la</strong> République française et les Etats-Unis du Venezue<strong>la</strong>.Acte est donné <strong>de</strong> cet avis conforme.Le texte adopté par l'Assemblée nationale dans sa séance du25 juin 1955. étant <strong>de</strong>venu définitif, sera transmis au Gouvernementaux fins <strong>de</strong> promulgation.J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République, un avis conforme sur le projet <strong>de</strong> loi autorisantle Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République à ratifier le traiié <strong>de</strong> commercesigné à San Salvador, le 23 mars 1953, entre <strong>la</strong> Républiquefrançaise et le Salvador.Acte est donné <strong>de</strong> cet avis conforme.Le texte adopté par l'Assemblée nationale dans sa séance du25 juin 1955, étant <strong>de</strong>venu délinitif, sera transmis au Gouvernementaux lins <strong>de</strong> promulgation.J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République, un avis conforme sur le projet <strong>de</strong> loi autorisantle Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République à ratifier ie traité <strong>de</strong> commerce,signé à San José, le 3(1 avril 1953, entre <strong>la</strong> République françaiseet <strong>la</strong> République do Costa Rica.Acte est donné <strong>de</strong> cet avis conforme.Le texte adopté par l'Assemblée nationale dans sa séance du25 juin 195i, étant <strong>de</strong>venu définitif, sera transmis au Gouvernementaux fins <strong>de</strong> promulgation.J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République, un avis conforme sur le projet <strong>de</strong> loi réglementantl'exercice <strong>de</strong> <strong>la</strong> pèche maritime dans les départements <strong>de</strong><strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupe, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Martinique, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guyane et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réunion.Acte est donné <strong>de</strong> cet avis conforme.Le texte adoplé par l'Assemblée nationale dans sa séance du25 juin 1954, étant <strong>de</strong>venu définitif, sera transmis au Gouver-. uement aux fins <strong>de</strong> promulgation.J'ai reçu, Iransmis par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong>République, un avis conforme sur le projet <strong>de</strong> loi modifiantcertaines dispositions du décret n° 46-2709 du 27 novembre 1946portant organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale dans les mines.Acte est donné <strong>de</strong> cet avis conforme.T.e texte adopté par l'Assemblée nationale dans sa séance duIl août 1955, étant <strong>de</strong>venu définitif, sera transmis au Gouvernementaux fins <strong>de</strong> promulgation.— 5 —RETRAIT D'UN PROJET DE LOIM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil ledécret suivant:« Le prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong>s ministres,« Sur le rapport du ministre <strong>de</strong>s finances et <strong>de</strong>s affaires économiqueset du p<strong>la</strong>n et du secrétaire d'Etat au budget;« Le conseil <strong>de</strong>s ministres entendu,« Décrète:«Article unique. — Est retiré le projet <strong>de</strong> loi -fAssemblée nationale,secon<strong>de</strong> légis<strong>la</strong>ture n° 6775) re<strong>la</strong>tif au développement <strong>de</strong>scrédits affectés aux dépenses du budget annexe <strong>de</strong>s prestationsfamiliales agricoles p iur l'exercice 1954.« Fait à Pari?, le 27 juillet 1954.« Par le prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong>s ministres:« Le ministre <strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s affaires économiqueset du p<strong>la</strong>n,« EDGAR FAURE.« MESDÈS-FItANCB.« Le secrétaire d'F.tat au budget,« HCNKI ULYCK. »Acte est donné <strong>de</strong> ce. retrait.Le décret sera déposé aux archives.— 6 —RENVOIS POUR AVISM. le prési<strong>de</strong>nt. La commission <strong>de</strong> l'agriculture <strong>de</strong>man<strong>de</strong> àdonner son avis sur:1° La proposition <strong>de</strong> loi n° 9044 <strong>de</strong> M. Bégouin tendant àexonérer <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> mutation les ventes <strong>de</strong> terrains agricoleslorsque ceux-ci sont cédés à un exploitant limitrophe, dontl'examen au fond a été renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s finances;2° I.a proposition <strong>de</strong> loi n° 8212 <strong>de</strong> M. Meck et plusieurs <strong>de</strong>ses collègues tendant à l'organisation <strong>de</strong> l'assurance vieillesse,dont l'examen au fond a "été renvoyé à <strong>la</strong> commission duti avait et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale.Conformément à l'article 27 du règlement, l'Assemblée voudrasans doute prononcer ces renvois pour avis. (Assentiment.)— 7 —DEPOT DE PROJETS DE LOIM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Franced'outre-mer un projet <strong>de</strong> loi tendant à rendre applicables auxEtablissements français <strong>de</strong> i'Océanie certaines modificationsapportées au co<strong>de</strong> pénal par les textes en vigueur dans <strong>la</strong>métropole.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9190, distribué et,s'il n'y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s territoiresd'outre-mer. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le minisire <strong>de</strong> <strong>la</strong> France d'outre-mer un projet<strong>de</strong> loi tendant à rendre applicables à <strong>la</strong> Nouvelle-Calédonie etdépendances certaines modifications apportées au co<strong>de</strong> pénalpar les textes en vigueur dans <strong>la</strong> métropole.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9191, distribué et,s'il n'y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s territoiresd'outre-mer. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice,un projet <strong>de</strong> loi modifiant l'article 14 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 16 juillet1959 sur les publications <strong>de</strong>stinées à <strong>la</strong> jeunesse.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n u 9192, distribué et,s'il n'y a pas d'opposilion, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong>p:esse. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s affaires économiqueset du p<strong>la</strong>n un projet <strong>de</strong> loi tendant à <strong>la</strong> ratification dudécret n° 54-527 du 17 mai 1955, exonérant <strong>de</strong>s impôts sur lesrevenus, par réciprocité, les entreprises colombiennes <strong>de</strong> transportaérien.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9215, distribué et,s'il n'y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>sfinances. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice,un projet <strong>de</strong> loi complétant le co<strong>de</strong> pénal par un article 186 bis.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n» 9216, distribué et,s'il n'y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong>justice et <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le secrétaire d'Etat à <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseilun projet <strong>de</strong> loi modifiant l'article 19 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 46-2294 du10 octobre 195G re<strong>la</strong>tive au statut général <strong>de</strong>s fonctionnaires.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9217, distribué et,s'il n'y a pas d'opposilion, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> l'intérieur.(Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s affaires économiqueset du p<strong>la</strong>n, un projet <strong>de</strong> loi tendant à <strong>la</strong> ratification dudécret n° 54-810 du 13 août 1954, portant modification du tarif<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane d'importation, suspension ou rétablissement<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane d'importation applicables à certainsproduits.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9218, distribué et,s'il n'y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>saffaires économiques. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice,un projet <strong>de</strong> loi modifiant certaines dispositions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong>fixation <strong>de</strong>s audiences, à <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s magistrats dansles chambres <strong>de</strong>s cours d'appel et <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong> premièreii-»tance, et à <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong>vant les justices <strong>de</strong> paix.Le projet <strong>de</strong> loi sera imprimé sous le n° 9219, distribué et,s'i, n y a pas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> justiceet <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion. (Assentiment.).


- 9 —DEPOT DE PROPOSITIONS DE LOIM. <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. Mé<strong>de</strong>cin une proposition <strong>de</strong>loi tendant à modifier l'article 1463 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôtsen vue <strong>de</strong> supprimer l'imposition au droit proportionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong>patente pour les emp<strong>la</strong>cements occupés dans les garages publicspar les membres <strong>de</strong> certaines professions imposables.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n" 9193, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s finances. {Assentiment.)j'ai reçu <strong>de</strong> M. Cogniot et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues une proposition<strong>de</strong> loi tendant à compléter les dispositions <strong>de</strong>s loisIV 16-1031 du 18 mai 1916 et n» 18-903 du 2 juin 1918, en vued'étendre aux chercheurs du centre national <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherchescientifique le bénéfice <strong>de</strong>s lois précitées quant aux comitésadministratifs paritaires et au conseil supérieur <strong>de</strong> l'éducationnationale.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9193, distribuéeet, s'il n'j a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> l'éducation nationale. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> MM. Lefranc et Bricout une proposition <strong>de</strong> loi fendantà l'abrogation <strong>de</strong> l'article 31 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 51-361 du 2 avril1951, autorisant <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong> cartouches <strong>de</strong> chasse par leservice <strong>de</strong>s poudres.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9196, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> ia défense nationale. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Naegelen et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues, uneproposition <strong>de</strong> loi modifiant les conditions dans lesquelles lestravailleurs indépendants âgés doivent participer aux caissesd'allocations familiales.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9199, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commissiondu travail et cle <strong>la</strong> sécurité sociale. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Pra<strong>de</strong>au et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues, uneproposition do loi tendant à modifier <strong>la</strong> loi du 10 août 1871re<strong>la</strong>tive aux conseils généraux.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9200, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commissiondu suffrage universel, dies lois constitutionnelles, du règlementet <strong>de</strong>s pétitions. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Pierre Montel une proposition <strong>de</strong> loi tendantà reviser les pensions <strong>de</strong>s militaires et marins non officiers,retraités avant ie t«. janvier 1&«8 et celles <strong>de</strong> leurs ayants cause,sur <strong>la</strong> hase <strong>de</strong>s sol<strong>de</strong>s <strong>de</strong>-<strong>la</strong> gendarmerie et cle <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>républicaine.La proposition cle loi sera imprimée sous le n° 9203, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s pensions. (Assentiment.)J'ai reçu d'e M. Pierre Montel une proposition <strong>de</strong> loi tendant"à aménager les tarifs cle sol<strong>de</strong> <strong>de</strong>s militaires et marins <strong>de</strong> carrière<strong>de</strong>s gra<strong>de</strong>s cle sous-lieutenant et <strong>de</strong> lieutenant pour tenircompte <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9201, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale. (Assentiment.)J'ai reçu cle M. Paquet une proposition <strong>de</strong> loi tendant à instituer<strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> participation aux fruits dans toutes lesentreprises, en faveur <strong>de</strong> tous les éléments constituant cesentreprises.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9203, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commissiondu travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Lefranc une proposition <strong>de</strong> loi tendant à l'application<strong>de</strong> <strong>la</strong> règle du non cumul <strong>de</strong>s peines en matière uecontravention par modification <strong>de</strong> l'article 351 du co<strong>de</strong> d'instructioncriminelle.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9207, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong>justice ef<strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Delcos une proposition <strong>de</strong> loi tendant à accor<strong>de</strong>raux fonctionnaires et agents <strong>de</strong> l'Etat mis à <strong>la</strong> retraite autitre <strong>de</strong> l'article 21 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 8 août 1917 une bonification <strong>de</strong>services égale à <strong>la</strong> prorogation d'activité qu'ils étaient en droitd'espérer en vertu <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> l'article 10 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du15 février 1946.La proposition <strong>de</strong> loi sera imprimée sous le n° 9222, distribuéeet, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>spensions. (Assentiment.)DEPOT DE PROPOSITIONS DE RESOLUTIONM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. Dcfferre et plusieurs <strong>de</strong> ses collèguesune proposition <strong>de</strong> résolution tendant à inviter le Gouvernement<strong>de</strong> définir et organiser <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong>l'Union française.La proposition cle résolution sera imprimée sous le n° 9189,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s territoires d'outre-mer. (Assentiment.jJ'ai reçu <strong>de</strong> M. Mé<strong>de</strong>cin une proposition <strong>de</strong> résolution tendantk inviter le Gouvernement à attribuer l'échelon <strong>de</strong> sol<strong>de</strong> maximumaux commandants aptes vingt-six ans <strong>de</strong> service.La proposition <strong>de</strong> résolution sera imprimée sous le n° 9194,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s pensions. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M- Meck une proposition <strong>de</strong> résolution re<strong>la</strong>tiveaux conditions d'impression <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en autorisation clepoursuites formulées contre un membre <strong>de</strong> l'Assemblée nationale.La proposition <strong>de</strong> résolution sera imprimée sous le n° 9198,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commissiondu suffrage universel, <strong>de</strong>s lois constitutionnelles, du règlementet <strong>de</strong>s pétitions. (Assentiment.)J'ai reçu cle M. Charret une proposition <strong>de</strong> résolution tendantà inviter le Gouvernement à accor<strong>de</strong>r aux fonctionnaires atteints<strong>de</strong> tuberculose en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, les mêmes avantages <strong>de</strong>congé à plein traitement que ceux ayant contracté leur ma<strong>la</strong>diedans l'exercice <strong>de</strong> leur fonction.La proposition cle résolution sera imprimée sous le n° 92Ô1,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> l'intérieur. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Deixonne et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues une propositioncle résolution tendant à inviter le Gouvernement àaccor<strong>de</strong>r aux jeunes sapeurs-pompiers appelés sous les drapeauxune permission exceptionnelle.La proposition <strong>de</strong> résolution sera imprimée sous le n° 9202,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commissioncle l'intérieur. (Assentiment.)J'ai reçu <strong>de</strong> M. Tourné et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues une proposition<strong>de</strong> résolution tendant à inviter 1e Gouvernement àétendre aux caves coopératives <strong>de</strong> vinification le bénéfice <strong>de</strong> <strong>la</strong>baisse <strong>de</strong> 15 p. 100 sur le matériel agricole.La proposition <strong>de</strong> résolution sera imprimée sous le n° 9208,distribuée et, s'il n'y a pas d'oppo-ition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s boissons. (Assentiment.)J'ai reçu cle M. Liurette une proposition <strong>de</strong> résolution tendantà inviter le Gouvernement à définir une politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopéralionoutre-mer et à proposer <strong>de</strong>s textes légis<strong>la</strong>tifs afin d'en fixerles règles adaptées à ces territoires.La proposition <strong>de</strong> résolution sera imprimée sous le n° 9212,distribuée et, s'il n'y a pas d'opposition, renvoyée à <strong>la</strong> commission<strong>de</strong>s territoires d'outre-mer. (Assentiment.)— 10 —DEPOT DE RAPPORTSM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. Mouchet un rapport, fait aunom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s pensions, sur les propositions <strong>de</strong>loi: 1° <strong>de</strong> M. Deîachenal tendant à modifier l'article 21 <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi n° 53-1310 du 31 décembre 1953 sur les pensions <strong>de</strong>s veuvescle guerre; 2° <strong>de</strong> M. Devemy et plusieurs <strong>de</strong> ses collèguestendant à accor<strong>de</strong>r aux veuves <strong>de</strong> guerre remariées, séparées<strong>de</strong> fait <strong>de</strong> leur second mari, le bénéfice <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>l'article 21 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 53-1310 du 31 décembre 1953. leurpermettant <strong>de</strong> recouvrer, dans certaines conditions, l'intégralité<strong>de</strong> leur droit à pension. (N os 8343-8191.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9188 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> Mme Poinso-Chapuis un rapport, fait au nom <strong>de</strong><strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires économiques, sur: 1° <strong>la</strong> proposition<strong>de</strong> loi <strong>de</strong> M. Catrice et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues, sur l'instjtulion<strong>de</strong> commissions économiques régionales, correspondantesdu Conseil économique; 2 J <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>M. Catrice et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues, tendant â inviter leGouvernement à instituer <strong>de</strong>s comités économiques régionaux,(N° 8 3799-8869.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9197 et distribué


J'ai reçu <strong>de</strong> M. Marcel Ribère un rapport supplémentaire,fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> l'intérieur, sur: 1° le projet<strong>de</strong> loi créant une caisse <strong>de</strong> retraite en <strong>la</strong>veur <strong>de</strong>s officierspublics et ministériels d'Algérie; 2" <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi <strong>de</strong>M. I<strong>la</strong>umesser portant création d'une caisse <strong>de</strong> retraites pourles officiêrs ministériels d'Algérie. !;\ os 3706-2723-625 1.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9209 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Marcel Ribère un rapport, fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission <strong>de</strong> l'intérieur, sur le projet <strong>de</strong> loi tendant à autoriserl'octroi <strong>de</strong> priorités sur certains marchés aux ancienscombattants et victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre. (N° 9115.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9210 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Marcel Ribère un rapport, fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission <strong>de</strong> l'intérieur, sur <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> M. Mé<strong>de</strong>cinfendant à vali<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s nominations en qualité d'administrateurscivils. .N» 8628.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9211 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Lefrane un rapport, fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion, sur l'avis donné parle Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République sur <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi tendantà remettre en vigueur, en ce qui concerne les baux â loyerportant sur un fonds <strong>de</strong> commerce, le décret du l' 1 ' juillet 1939ayant pour objet <strong>de</strong> permettre aux commerçants, industrielset artisans d'introduire une action en révision du prix <strong>de</strong> leurloyer lorsque, par le jeu d'une c<strong>la</strong>use d'échelle mobile, il setrouve modifié <strong>de</strong> plus d'un quart.Le rapport sera imprimé sous le n° 92(3 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Lefrane un rapport, fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission<strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion, sur le projet <strong>de</strong> loimodifiant <strong>la</strong> loi' du 17 novembre 10i 1 îeiative au service <strong>de</strong>scomptes courants et chèques postaux et <strong>la</strong> loi n° -59-1093 du2 août 1949 re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> publicité <strong>de</strong>s protêts- ;N J 4328.)Le rapport sera imprimé sous le n° 9214 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Marcel Ribère un rapport, fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission <strong>de</strong> l'intérieur, sur le projet <strong>de</strong> loi tendant à iaconstatation <strong>de</strong> <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong> l'acte dit « loi du 17 mai 1941 »autorisant <strong>la</strong> mise en exploitation d'un gisement <strong>de</strong> sel enAlgérie (n° 1282).Le rapport sera imprimé sous le n° 9223 et distribué.— 11 —DEPOT D'AVISM. <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu <strong>de</strong> M. Pierre-Olivier Lapie un avis,présenté au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> production industrielle,sur le projet <strong>de</strong> loi tendant à autoriser le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Républiqueà ratifier: 1» le traité instituant <strong>la</strong> Communauté européenne<strong>de</strong> défense et les actes annexes; 2 J <strong>la</strong> convention surles re<strong>la</strong>tions entre les trois puissances et <strong>la</strong> république fédéraled'Allemagne et les conventions rattachées signées à Bonn le26 mai 1952, ainsi que les lettres échangées les 26 et 27 mai1952; 3° le protocole additionnel au traité <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique-Nor<strong>de</strong>t re<strong>la</strong>tif aux engagements d'assistance <strong>de</strong>; parties au traité<strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique-nord envers les Etats membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communautéeuropéenne <strong>de</strong> défense; 4° le traité entre le Royaume-Uni et les Etats membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté européenne <strong>de</strong>défense, (dispositions re<strong>la</strong>tives au traité instituant <strong>la</strong> Communautéeuropéenne <strong>de</strong> défense). (N 03 5i0i-8G20-S68S-S912-9150-9171-9182.)L'avis sera imprimé sous le n 3 9187 et distribué.J'ai reçu <strong>de</strong> M. Apithy, un avis, présenté au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission <strong>de</strong>s territoires d'outre-mer, sur le projet <strong>de</strong> loi•tendant à autoriser le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République à ratifier:1° le traité instituant <strong>la</strong> Communauté européenne <strong>de</strong> défenseet les actes annexes; 2° <strong>la</strong> convention sur les re<strong>la</strong>tions entreles trois puissances et <strong>la</strong> République fédérale d'Allemagne etles conventions rattachées, signées à Bonn le 26 mai 1952,ainsi que ies lettres échangées les 26 et 27 mai 1952 ; 3° leprotocole additionnel au traité <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique-Nord et re<strong>la</strong>tifaux engagements d'assistance <strong>de</strong>s parties au traité <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique-Nor<strong>de</strong>nvers les Etats membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté européenne<strong>de</strong> défense; 4° le traité entre le Royaume-Uni et lesEtats membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté européenne <strong>de</strong> défense (dispositionsre<strong>la</strong>tives au traité instituant <strong>la</strong> Communauté européenne<strong>de</strong> défense (n" 5504 , 8620, 8688, 8912 , 9140 , 9171, 9182).L'avis sera imprimé sous ie n Q 9206 et distribué.— 12 —DEPOT D'AVIS TRANSMIS PAR LE CONSEIL DE LA REPUBLIQUEM. le prési<strong>de</strong>nt. J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt duConseil <strong>de</strong> ; <strong>la</strong> République, un avis voté à <strong>la</strong> majorité absoluesur le projet <strong>de</strong> loi portant statut <strong>de</strong>s autoroutes.L'avis sera imprimé sous le n® 9221, distribué et, s'il n'y apas d'opposition, renvoyé à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong>communication et du tourisme. (Assentiment )J'ai reçu, transmis par M. le prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Répu


ASSEMBLEE NATIONALE — 2" SEANCE DU 26 AOUT 1954 4293telle acquisition par l'entreprise commerciale serait considéréecomme faisant partie <strong>de</strong>s investissements prévus par le décretdu 9 août 1953 re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s employeurs à <strong>la</strong>construction.7. — Question <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Léotard à M. le prési<strong>de</strong>nt du conseilf(n* 12024 du 9 juin 1954) . (La prési<strong>de</strong>nce a été informée duretrait <strong>de</strong> celte question par son auteur.)8. — M. Bncout expose à M. le ministre <strong>de</strong> l'agriculture que.ces <strong>de</strong>rnières semaines, <strong>de</strong> nombreux ruchers ont été dévastésà <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s traitements insecticictes. Un préjudice considérablea été causé aux apiculteurs par l'application <strong>de</strong> l'arrêtédu 26 septembre 1953 rendant obligatoire ces traitements insectici<strong>de</strong>s.Les dégâts ne sont pas encore connus entièrement, maisils atteignent dans certains cas <strong>de</strong>s proportions catastrophiquesour <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stes apiculteurs. Dans le seul département <strong>de</strong>f Aisne, les dégâts se chiffrent déjà par millions. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>quelles mesures il compte prendre: 1" pour envisager l'in<strong>de</strong>mnisation<strong>de</strong> ces apiculteurs (par <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>s ca<strong>la</strong>mités agricolesou par tout autre moyen); 2° pour éviter, à l'avenir,le renouvellement dé tels méfaits; 3° pour encourager <strong>la</strong>recherche, l'étu<strong>de</strong> et <strong>la</strong> vulgarisation <strong>de</strong> produits moins nocifspour les abeilles.9. — M. Pierre Garet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du logementet <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstruction dans quelles conditions il entend faireface au règlement <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités dues aux sinistrés mobilierset, notamment, ce qu'il entend! déci<strong>de</strong>r pour mettre fin auxretards inadmissibles supportés par les sinistrés, âgés <strong>de</strong> plus<strong>de</strong> soixante-cinq ans, qui se trouvent encore privés, plus <strong>de</strong>dix années après leur sinistre, <strong>de</strong> tout ou partie <strong>de</strong> ce dontils ont besoin pour vivre.10. — M. Jean Cayeux <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme, s'il compte donner iprochainementsatisfaction à <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> résolution, adoptéesans dlébat par l'Assemblée nationale, et tendant à accor<strong>de</strong>raux groupements <strong>de</strong> jeunesse en dép<strong>la</strong>cement collectif uneréduction <strong>de</strong> 50 .p. 100 sur le réseau <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société nationale<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer français. Il lui rappelle les engagementspris par M. le ministre <strong>de</strong> l'éducation nationale du précé<strong>de</strong>ntgouvernement, qui avait annoncé une solution favorable <strong>de</strong>cette affaire avant les vacances universitaires.Suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions:De M. Jacques Bardoux sur les mesures qu'a prises le Gouvernementpour faire cesser l'intervention <strong>de</strong>s Etats étrangersel notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libye, dans <strong>la</strong> formation, l'équipement etl'armement <strong>de</strong>s commandos <strong>de</strong> combattants ou <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>tueurs qui opèrent sur les territoires <strong>de</strong> Tunisie et du Marocdont <strong>la</strong> France assure, en vertu <strong>de</strong>s traités, ia protection;De M. Pineau sur les mesures politiques, économiques etsociales que le Gouvernement envisage pour obtenir une détenteréelle au Maroc et sur les directives données à cet effet au rési<strong>de</strong>ntgénéral;De M. Quilici sur <strong>la</strong> politique du Gouvernement en Tunisie ;De M. Aumeran sur <strong>la</strong> continuation et l'aggravation d'unepolitique d'abandon et <strong>de</strong> fait accompli n'ayant engagé et n'engageantque <strong>de</strong>s gouvernements et non le pays, qui en subitles terribles conséquences sans que ses représentants aient étépréa<strong>la</strong>blement consultés ;De M. Fonlupt-Esperaber sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernemententend suivre dans les affaires tunisiennes et, d'une façonplus générale, sur les principes dont il entend s'inspirer pour iasolution <strong>de</strong>s problèmes qui se. posent en Afrique du Nord ;De M. Vassor sur les conditions envisagées par le Gouvernementpour assurer <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s intérêls français enTunisie ;De M. Halleguen- sur: 1° <strong>la</strong> représentation que le Gouvernementse fait du problème tunisien dans son ensemble et,-en particulier,<strong>de</strong> l'origine véritable <strong>de</strong> l'activité terroriste dans <strong>la</strong>régence; 2° le choix qu'il a cru bon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s interlocuteursdu Gouvernement français et, en particulier, sur <strong>la</strong> question<strong>de</strong> savoir auxquelles <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations contradictoires du Néo-Destour il fait référence lorsqu'il choisit d'abandonner, en fait,à ses dirigeants <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s affaires intérieures tunisiennes;3° <strong>la</strong> notion du protectorat à <strong>la</strong>quelle il se réfère ;De M. <strong>de</strong> Monsaibert sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernemententend suivre pour assurer, dans le cadre <strong>de</strong>s réformes annoncéesen Tunisie et <strong>de</strong> leurs modalités d'application, <strong>la</strong> pérennité<strong>de</strong> <strong>la</strong> présence et <strong>de</strong> <strong>la</strong> primauté française en Afrique duNord et l'harmonieux développement <strong>de</strong>s communautés francotunisienneset marocaines indispensables à <strong>la</strong> création du blocfranco-africain, seule garantie <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> France dans lemon<strong>de</strong> ;De M. Clostermann sur l'évolution <strong>de</strong>s événements en Afriquedu Nord, notamment au Maroc, et <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> régler d'urgencele problème dynastique, clef <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique et <strong>de</strong>- <strong>la</strong>présence française :De M. Conte sur les mesures qu'envisage <strong>de</strong> prendre le Gouvernementpour protéger l'amitié franco-musulmane contre le»entreprises répétées du gouvernement <strong>de</strong> Madrid;De M. Cadi Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r sur <strong>la</strong> politique musulmane du Gouvernementen Afrique du Nord et principalement en Tunisie etau Maroc.Discussion <strong>de</strong>s interpel<strong>la</strong>tions:De M. Dronne sur les événements qui se déroulent dans lesétablissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et sur les mesures que leGouvernement envisage <strong>de</strong> prendre pour faire face à <strong>la</strong> situation;De M. Silvandre sur les récents événements .survenus dansles établissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et les métho<strong>de</strong>s que compteemployer le Gouvernement pour parvenir à une solution rapi<strong>de</strong>,conforme aux principes démocratiques et à <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>nos intérêts culturels et économiques;De M. Raingeard sur <strong>la</strong> politique que le Gouvernement entendsuivre pour mettre fin aux agressions répétées dont s'ont l'objetles établissements français <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>.A vingt et une heures, <strong>de</strong>uxième séance publique :Suite <strong>de</strong>s discussions inscrites à l'ordre du jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> premièreséance.La séance est levée.'La séance est levée à vingt-troisnutes.)heures cinquante-cinq mi-Le Chef du service <strong>de</strong> <strong>la</strong> sténographié<strong>de</strong> l'Assemblée nationale,MARCEL M. LAURENTErratumau comple rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 e séancedu 6 août 1954.Page 3966, l re colonne, 6, Dépôt <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> loi. 3 e ligne,au lieu <strong>de</strong> : « ... livre IV du co<strong>de</strong> du travail, par <strong>la</strong> simplification<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure... », lire: .« ... livre IV du co<strong>de</strong> du travail poursimplifier <strong>la</strong> procédure... ».(Proposition n» 9091.)Erratumau compte rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2" séancedu 12 août 1954.Page 4157, 2 colonne, 12, Dépôt d'avis, I er alinéa, 2* ligne,au lieu <strong>de</strong>: « au nom cle <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille », lire:« au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> l'agriculture ».(Avis n° 9156.)Erratumau comple rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 e séancedu 13 août 1951.DISPOSITIONS DIVERSES D'ORDRE FISCAL (L. 1560).Page 4196, 2° colonne, article 3 ter, 4 e<strong>la</strong> limite <strong>de</strong> 1 p.-1.000... •». 'ligne, lire: « ... dansPage 4197, l rf colonne, article 11 A,« ..., en commandite par actions, ... u.et 2» ligne, lire:OPPOSITION au vote sans débat <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi <strong>de</strong>M. Minjoz et plusieurs <strong>de</strong> ses collègues tendant à modifier,par <strong>la</strong> création du référé administratif, le décret n° 53-934 du30 septembre 1953 portant réforme du contentieux administratif(n° 8621-8923), formulée par M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil.Je déc<strong>la</strong>re faire opposition au vote sans débat, le Gouvernementayant <strong>de</strong>s observations à présenter.


QUESTIONSREMISES A LA PRESIDENCE DE L'ASSEMBLEE NATIONALELE 26 AOUT 1951{Application <strong>de</strong>s articles i»4 el 97 du règlement.)Art. 94. — » »« Les questions doivent être très sommairement rédigées et necontenir aucune imputation d'ordre personnel a l'égard <strong>de</strong> tiersnommément*désignés. *« Art. 97. — Les questions écrites sont publiées A ta mite ducompte rendu in extenso; dans le mois qui suit celte publication,les réixmses <strong>de</strong>s ministres doivent également y être publiées.« Les ministres ont toutefois <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer par écrit quel'intérêt public leur interdit <strong>de</strong> répondre ou, â titre exceptionnel,qu'ils réc<strong>la</strong>ment un dé<strong>la</strong>i supplémentaire pour rassembler les étéments <strong>de</strong> leur réponse; ce dé<strong>la</strong>i supplémentaire ne peut excé<strong>de</strong>run mois. »GJT7ESTI03ST6ORALESPRESIDENCE DU CONSEtL(Affaires étrangères.)13460. — 26 août 1955. — M. René Mayer <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, si son Gouvernementa prolesté auprès du gouvernement égyptien après le discoursqu'a adressé, à <strong>de</strong>s boys-scouts algériens, le chel du gouvernementégyptien et dans lequel, selon <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong> presse,Il aurait déc<strong>la</strong>ré « l'Egypte et l'Algérie ne iorment qu'un seul pays ».FINANCES, AFFAIRES ECONOMIQUES ET PLAN13461. — 26 août 1954. — M. Marcel David rappelle à M. le ministre<strong>de</strong>s finances que le décret n» 53-981 du 30 septembre 1953, re<strong>la</strong>tif aucrédit agricole mutuel, pris en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> simplification et l'unification<strong>de</strong>s règles (l'attribution, <strong>de</strong> réalisation et <strong>de</strong> remboursement<strong>de</strong>s prêts à long terme aux collectivités publiques rurales, a eu poureffet d'abroger le régime particulier institué par <strong>la</strong> loi du 2 août 1923pour l'électrification <strong>de</strong>s campagnes. Les prêts du crédit agricole<strong>de</strong>stinés à faciliter l'établissement <strong>de</strong> réseaux ruraux d'électrificationsont désormais accordés par l'intermédiaire <strong>de</strong>s caisses régionales<strong>de</strong> crédit agricole mutuel Plusieurs <strong>de</strong> ces caisses imposentaux communes bénéficiaires <strong>de</strong> prêts <strong>la</strong> souscription <strong>de</strong> parts socialessur <strong>de</strong>s bases variables mais dont certaines atteignent 5 pourmille du montant total du prêt. Il en résuite pour les collectivitésune dépense supplémentaire d'autant plus gênante qu'elle n'a pasété prévue au financement initial et une inégalité certaine, puisqueces dispositions n'ont pas <strong>de</strong> caractère général et semblent s'appliquerplus particulièrement dans <strong>de</strong>s régions pauvres. Cette prétentionparait au <strong>de</strong>meurant abusive puisque, en l'occurence, lescaisses reversent simplement aux collectivités intéressées <strong>de</strong>s somme;provenant <strong>de</strong>s ressources du fonds <strong>de</strong> construction, d'équipementrural et d'expansion économique. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ces mesuresdoivent être respectées et, dans l'affirmative: a) en vertu <strong>de</strong>quels textes; b) si les syndicats <strong>de</strong> communes, maîtres <strong>de</strong> l'œuvre,doivent souscrire tes parts sociales, objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,une fois pour toutes ou intégralement sur tous les emprunts contractéspar le syndicat; c) si ces dispositions s'appliquent immédiatementou dans un dé<strong>la</strong>i permettant que soient prises les mesures pourles respecter.TRAVAUX PUBLICS, TRANSPORTS ET TOURISME13462. — 2C août 1951. — M. Mignct <strong>de</strong>man<strong>de</strong> i M. le ministre <strong>de</strong>stravaux publics, <strong>de</strong>s transports ot du tourisme: 1° pour quels motifscontrairement à l'alinéa 1 er ae l'ancien article 10 du décret du20 août 1939, l'article 23 du décret du 10 juillet 1931 portant règlementgénéral sur <strong>la</strong> police <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion routière n'exige plus<strong>de</strong>s conducteurs qui abor<strong>de</strong>nt un carrefour ceux obligations quisont cependant primordiales: celle d'annoncer obligatoirement leurapproche et celle <strong>de</strong> serrer sur leur droite, <strong>la</strong> première <strong>de</strong> ces prescriptions,même en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s agglomérations, n'étant prévuequ' « en cas <strong>de</strong> nécessité »; 2° si l'article 25 du décret du 10 juillet1954, remp<strong>la</strong>çant l'alinéa 2 <strong>de</strong> l'article 10 du décret du 20 août1939, confirmé bien le droit <strong>de</strong> priorité accordé à tout conducteurvenant <strong>de</strong> droite dans les mômes conditions que précé<strong>de</strong>mment,bien que te libellé <strong>de</strong> l'article ne soit plus exactement le môme?;3° comment il concilie le droit réservé par l'article 27 au ministrepour les routes nationales et au préfet pour les Toutes départementaleset communales <strong>de</strong> fixer un droit <strong>de</strong> priorité particulier à l'intérieur<strong>de</strong>s agglomérations avec les dispositions <strong>de</strong> l'article 98 <strong>de</strong><strong>la</strong> loi du 5 avril 1884 qui, incontestablement, donne au maire lepouvoir <strong>de</strong> police <strong>de</strong> ces routes « en ce qui touche à <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tionsur lesdites voies »; 4 D si, du fait que les nouvelles mesures réduisentconsidérablement les règles <strong>de</strong> sécurité, il ne redoute pas uneaugmentation du nombre <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts et une élévation consécutive<strong>de</strong>s primes d'assurances.• ' • • » • »QUESTIONSËCBITB9PRESIDENCE DU CONSEIL(Affaires étrangères.)13463. — 26 août 1954. — M. Pierre Cot <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, s'il s'estime lié par les;engagements pris par ses prédécesseurs à propos du règlement <strong>de</strong>làSarre, et en particulier: 1° si le Gouvernement s'engage à ne 1pas faire ratiffer les accords <strong>de</strong> Bonn et <strong>de</strong> Paris, avant d'avoir;obtenu et soumis au Parlement un accord, avec le gouvernement<strong>de</strong> <strong>la</strong> République fédérale alleman<strong>de</strong>, sur <strong>la</strong> Sarre ; 2» si le Gouver-;nement considère comme définitives et s'engage à ne pas <strong>la</strong>isser,modifier, sans accord préa<strong>la</strong>ble du Parlement, les conventions franco-'sarroises, récemment approuvées par le Parlement; 3° au cas où leGouvernement aurait l'intention et se réserverait le droit d'engagerune négociation pour obtenir <strong>la</strong> modification <strong>de</strong> ces conventions,:s'il est décidé à soumettre les conventions nouvelles avant que soientapprouvés par le Parlement et ratifiés par le Gouvernement lesaccordj <strong>de</strong> Bonn et <strong>de</strong> Paris.13464. — 26 août 1954. — M. Jean-Paul David <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le.prési<strong>de</strong>nt du conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, s'il ne seraitpas possible, dans le cadre d'une politique <strong>de</strong> plein emploi et <strong>de</strong> :défense du prestige national, <strong>de</strong> faire une obligation à l'ensemble'<strong>de</strong> ses services à l'étranger d'employer du personnel exclusivementfrançais, pour tous les services qui ne sont pas strictement diplomatiques,le personnel <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers étant, lui, bien évi<strong>de</strong>mment,.;français.13466. — 26 août 1954. — M. <strong>de</strong> Léetard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères: 1» quel est le nombre:<strong>de</strong>s ressortissants tunisiens et marocains actuellement en rési<strong>de</strong>ncesurveillée par suite <strong>de</strong> mesures administratives; 2® quelles sont lesmesures <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce prises à leur égard; 3° à quellesactivités d'ordre politique ils sont •< normalement » autorisés à selivrer; 4° si ces mesures administratives sont prises pour facilite?leurs contacts ou pour éventuellement les prévenir et les limiter.13466. — 26 août 195't. — M. <strong>de</strong> Léotard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères: 1° s'il est exactque les propos suivants aient figuré dans ie Journal officiel du2 avril 1952, à <strong>la</strong> page 1686: « Je suis convaincu, quant à moi, que.le néo-<strong>de</strong>stour est un mouvement calqué sur les mouvements fascisteet hitlérien. Son arrivée au pouvoir voudrait peut-être direl'indépendance <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie, mais une indépendance semb<strong>la</strong>ble àcelle <strong>de</strong> ces petites féodalités d'un moyen Age barbare qui existentencore en Orient et dont les chefs, repus <strong>de</strong> subventions étrangères,<strong>la</strong>issent croupir leur peuple dans <strong>la</strong> nuit <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère et <strong>de</strong> l'ignorance...Je crois que l'arrivée du néo-<strong>de</strong>stour au pouvoir en Tunisie'voudrait dire ce<strong>la</strong>. Mais je crois également que ce<strong>la</strong> signifieraitsûrement <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie. »; 2° s'il est exact que l'auteur<strong>de</strong> ces propos occupe actuellement un poste re<strong>la</strong>tivement élevé dansles conseils du Gouvernement.13467. — 26 août 1955. — M. Marcel Naegelen expose à M. le pré«si<strong>de</strong>nt du conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, que certaines informations<strong>de</strong> Berlin et <strong>de</strong> Bonn annoncent que le député chrétiendémocrateau Bun<strong>de</strong>s<strong>la</strong>g Schrnidt-Witlmaclc, qui vient <strong>de</strong> passer enzone orientale d'Allemagne, « avait été récemment mis en possession<strong>de</strong> documents très confi<strong>de</strong>ntiels sur les projets intéressantl'armée européenne et les services <strong>de</strong> renseignements ». Selonl'agence Associated Press, « M. Scbmidt-Wittmaclc était au courant<strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns secrets sur le réarmement <strong>de</strong> l'Allemagne ».L'agence ajoute qu'en sa qualité <strong>de</strong> membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong><strong>la</strong> défense nationale, M. Schmidt-AVittmack pouvait d'ailleurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rd'autres renseignements confi<strong>de</strong>ntiels non divulgués au sein <strong>de</strong>ia commission ». 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si, en <strong>de</strong>hors du projet <strong>de</strong> traité<strong>de</strong> communauté européenne <strong>de</strong> défense, <strong>de</strong>s protocoles additionnelsà ce traité, et <strong>de</strong>s lettres échangées à son propos avec le gouvernement<strong>de</strong> Bonn, il existe <strong>de</strong>s « documents très confi<strong>de</strong>ntiels surles projets intéressant l'armée européenne », <strong>de</strong>s « p<strong>la</strong>ns secretssur le réarmement <strong>de</strong> l'Allemagne », dont M. Schmidt-Wittm-ackaurait pu avoir connaissance tandis que les commissions compétentes<strong>de</strong> notre Parlement les auraient ignorés.13468. — 26 août 1954. — M. <strong>de</strong> Saivre expose à M. le prési<strong>de</strong>ntdu conseil, ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, qu'une dépêcbe duCaire, parue dans le numéro <strong>de</strong> Paris-Presse daté du 25 août, faitétat d'une déc<strong>la</strong>ration du chef du gouvernement égyptien, qui,«'adressant à <strong>de</strong>s boys-scouts algériens, a dit: « L'Egypte et l'Alfe votre pays, vous <strong>de</strong>vez considérer l'Egypte comme une sœurérie ne forment qu'un seul pays. Responsables <strong>de</strong> l'indépendance<strong>de</strong> l'Algérie ». Venant après les appels aux meurtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio duCaire, ce propos intolérable a indigné les popu<strong>la</strong>tions algériennes.Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelles représailles diplomatiques il compte mettreen oeuvre pour mettre fin à l'indigne campagne d'un pays avec,lequel nous entretenons <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions diplomatiques normales.


AFFAIRES MAROCAINES ET TUNISIENNES13469. — 26 août 1954. — M. Isorni <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>saffaires marocaines et tunisiennes dans quel dé<strong>la</strong>i seront pris lesdécrets prévus à l'article 40 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 6 août 1953 priant amnistieet à quoi il faut imputer le retard apporté-à <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> cesdécrets., titu<strong>la</strong>ires d'une pension <strong>de</strong> 95 p. 100 ou <strong>de</strong> 100 p. 100 pour plusieursinfirmités dont <strong>la</strong> plus grave entraîne une invalidité au moinsI égale à 85 p. 100. U lui expose le cas d'un bénéficiaire <strong>de</strong> l'articleL 16 ou L 18, grand invali<strong>de</strong> réformé à 90 p. 100 (1° bronchitediffuse avec ru<strong>de</strong>sse et submalité du sommet gauche 75 p. 100;2° adénites cernâtes tuberculeuses fîstu<strong>la</strong>risées 45 + 5 p. 100), <strong>la</strong>secon<strong>de</strong> infirmité n'étant qu'une aggravation <strong>de</strong> <strong>la</strong> première. 11 lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> si le texte susvisé s'applique à l'intéressé.13470. — 2G août 1951. — M. <strong>de</strong> Léotard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes quels sont, actuellement, envue <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s conventions à intervenir entre le Gouvernementfrançais et le ministère tunisien, les délégués appelés àdéfinir et, à défendre les droits <strong>de</strong>s Français <strong>de</strong> Tunisie.10471. — 26 août 1951. — M. <strong>de</strong> Léotard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. lo ministre<strong>de</strong>s affaires marocaines et tunisiennes quelle est, à l'heure actuelle,au regard <strong>de</strong>s lois, décrets, arrêtés et textes en vigueur, <strong>la</strong> situation:•i» du Destour; 2° du Néo-Destour; S° <strong>de</strong> l'Istiq<strong>la</strong>l.AGRICULTURE13472. — 26 août 1954. — M. Jean-Paul David expose i M. le ministreîle l'agriculture fe cas d'un assuré social agricole, régulièrementimmatriculé et ayant touché <strong>de</strong>s prestations ma<strong>la</strong>die eu 1952, déoédéle il juillet 1953, et dont ta veuve se voit refuser ie capital décéssous le prétexte que les cotisations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux trimestres 1953 ont étéversées en retard par l'employeur, ce <strong>de</strong>rnier étant le père <strong>de</strong> rassuré.Une réc<strong>la</strong>mation adressée à fa direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse mutuelle.agricole <strong>de</strong> l'Ile-<strong>de</strong>-France, rue <strong>de</strong> Ciiaronne, est restée sans réponse.Un re:ours <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> recours gracieux du mêmeorganisme a donné lieu à rejet pour les mêmes motifs (cotisationspayées en retard, donc après l'ouverture du risque ; le déc-édé travail<strong>la</strong>ntchez son père et par suite, application <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>ire ministérielle38 ASM/25 du 9 mai 1950, et non du décret du 20 avril 1950).La veuve restant sans <strong>la</strong> moindre ressource, avec un enfant en basâge, ne peut continuer <strong>la</strong> procédure et courir le risque <strong>de</strong> se voiréventuellement réc<strong>la</strong>mer <strong>de</strong>s frais c ïrustratoires », ainsi qu'il estprévu pour <strong>la</strong> première instance. H lui dtman<strong>de</strong> : 1° s'il trouve normalque <strong>la</strong> faute d'un employeur (payement en retard) puisse êtreinvoquée à l'encontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> veuve puisqu'il appartient à <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>poursuivre légalement le recouvrement <strong>de</strong>s cotisations; 2° si le <strong>la</strong>it<strong>de</strong> travailler chez son père entraîne une suspicion légitime quant àl'oclroi du capital décès, <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> l'immatricu<strong>la</strong>tion n'ayantjamais été contestée, pas plus que <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>rié, puisque <strong>de</strong>sprestations ma<strong>la</strong>dies avaient été versées en 1952, et d'autre part, iedécédé travail<strong>la</strong>nt bien réellement chez son père, ce qui était <strong>de</strong>notoriété publique et peut êlre attesté par le maire. 11 lui fait remarquerque dans <strong>de</strong>s cas i<strong>de</strong>ntiques, et même <strong>la</strong> faute étant pfus grave(non immatricu<strong>la</strong>tion par exemple), les organismes <strong>de</strong> sécurité sociatordinaires paient non seulement te capital décès, mais même lesacci<strong>de</strong>nts du travail, quitte à récupérer sur l'employeur13473. — 26 août 1951. — M. Deliaune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>.l'agriculture pour quelles raisons <strong>de</strong>s licences .d'importation ont étéaccordées pour imuorter du vin d'Espagne (rouge 11°) alors que40 p. 100 <strong>de</strong> <strong>la</strong> récolte nationale reste actuellement bloquée^13474. — 26 août 1954. — M. Frédéric-Dupont expose à M. <strong>la</strong>ministre rte l'agriculture qu'à l'occasion d'une même opération <strong>de</strong>remembrement, trois pourvois émanant <strong>de</strong> requérants différents etportant les n° s 11146, 13436 et 17251 avaient été formés <strong>de</strong>vant feconseil d'Etat contre celle-ci; que l'auteur du pourvoi n° 17251ayant <strong>de</strong>mandé que <strong>la</strong> décision intervenue lui soit notifiée à l'effetd'être à même <strong>de</strong> former le recours en rectification d'erreur matérielleprévu par l'article 78 <strong>de</strong> l'ordonnance du 31 juillet 1945, sesservices lui ont d'abord adressé une copie prétendue <strong>de</strong> <strong>la</strong> décisionsusvisée ne comportant pas l'article 2 <strong>de</strong> celle-ci, ni les indications,ni <strong>la</strong> formule exécutoire prescrites par les articles 41 du décretn® 45-1709 du 31 juillet 1915, 69 et 70 <strong>de</strong> l'ordonnance <strong>de</strong> <strong>la</strong> même: date ; qu'à <strong>la</strong> suite d'une réc<strong>la</strong>mation <strong>de</strong> l'intéressée h <strong>la</strong> Haute:Assemblée, ses services ont alors notifié aux auteurs <strong>de</strong>s pourvoisn» 3 1U46 et 13436 les décisions complètes intervenues, mais <strong>la</strong>nouvelle décision notifiée en même temps à Fauteur du pourvoin» 17251 ne comporte pas davantage que fa précé<strong>de</strong>nte fes indicationsobligatoires prévues à l'article 69 <strong>de</strong> l'ordonnance du 31 juillet4945, ni <strong>la</strong> formule exécutoire instituée par l'article 70 du mêmetexte, <strong>de</strong> sorte que l'intéressée est pratiquement empêchée enfait d'exercer un droit qui lui est expressément reconnu par <strong>la</strong> loi.Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : 1° les motifs pour lesquels ses services ont notifiéintégralement aux intéressés les décisions intervenues sur les pourvoisn®» 11146 et 13436, et particulièrement celle intervenue sur lepourvoi n» 17251; 2° les mesures qu'il compte prendre pour mettre.un terme à cette situation.ANCHEN8 COMBATTANTS ET VICTIMES DE LA GUERRE13475. — 26 août 1954. — M. Charret expose à M. le ministre d«3anciens combattants et victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre qu'en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong>circu<strong>la</strong>ire d'application <strong>de</strong> l'article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 31 décembre•4953, l'allocation applicable à partir du 1 er mai 1951 est attribuée•aux grands invali<strong>de</strong>s non bénéficiaires <strong>de</strong>s articles L 16 ou L 13BUDGET13476. — 26 août 1954. — M. Jacques Bardoux <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. lesecrétaire d'Etat au budget si, lorsque le propriétaire d'un immeublese trouve soudainement obligé <strong>de</strong> faire effectuer, pour en conserverl'usage, une réparation urgente et coûteuse, par exempte écroulementd'un mur <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>, chute d'une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> toiture, i<strong>la</strong> le droit, si cet immeuble n'est pas loué, mais occupé par lui, <strong>de</strong>déduire le montant <strong>de</strong> fa réparation urgente et impérieusementnécessaire du montant total <strong>de</strong>s revenus déc<strong>la</strong>rés à l'impôt annuel.13477. — 20 août 1954. — M. Ghristiaens expose à M- le secrétaired'Etat au budget le cas d'une société à responsabilité limitée, dontun propriétaire <strong>de</strong> parts d'intérêt décè<strong>de</strong>. Parmi l'actif <strong>de</strong> cettesociété, il existe <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> rente 3 1/2 p. 100 1952 amortissable,<strong>la</strong>dite rente exonérée <strong>de</strong> tous droits <strong>de</strong> mutation par décès. 11 lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il faut comprendre dans l'actif <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociélé <strong>la</strong> valeur<strong>de</strong> celte rente (en principe exonérée) pour déterminer l'estimation<strong>de</strong> chaque part d'intérêt au jour du décès, soumise aux droits <strong>de</strong>mutation.13478. — 20 août 1954. — M. Couinaud expose à M. le secrétaired'Etat au budget qu'en vertu <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> l'article 35(alinéa I e1 ') <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi n» 45-404 du 10 avril 1951, divers allégementsfiscaux ont été consentis en faveur <strong>de</strong>s sinistrés. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>si le bénéfice <strong>de</strong>s dispositions précé<strong>de</strong>ntes n.'est applicable qu'auxsinistrés d'origine ou si, au contraire, il peut être accordé auxacquéreurs <strong>de</strong> dommages immobiliers dans l'hypothèse où ces dommagess-ont acquis avec le terrain où a eu lieu le sinistre et dansle cas précis où l'acquéreur s'engage, conformément à l'article 33<strong>de</strong> <strong>la</strong> foi du 28 octobre 1946, à reconstruire ies locaux d'habitation,soit pour son habitation personnelle, soit pour celle <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>scendantsou ascendants.13479. — 2G août 1954. — M. Jean-Paul David expose à M. <strong>la</strong>secrétaire d'Etat au budget le cas d'un ménage ayant un enfant àcharge, marié sous ie régime <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparatson <strong>de</strong> biens, vivantensemble quoiqu'on mauvaise intelligence, dans lequel <strong>la</strong> femme,disposant <strong>de</strong> revenus personnels (revenus professionnels et produits<strong>de</strong> valeurs mobilières) et entendant les <strong>la</strong>isser ignorer h son mari,a refusé <strong>de</strong> lui fournir, en ce qui <strong>la</strong> concerne, le5 éléments nécessairesen vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration unique <strong>de</strong>s revenus du ménage quele chef <strong>de</strong> famille est tenu do faire pour l'établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>surtaxe progressive, et a fait une déc<strong>la</strong>ration séparée qui a étéacceptée, bien qu'elle ne se trouvât dans aucun <strong>de</strong>s cas prévus parl'article G du C. G. I. Le mari a fait connaître à l'inspecteur <strong>de</strong>scontributions directes l'impossibilité où il était <strong>de</strong> comprendre danssa déc<strong>la</strong>ration les revenus <strong>de</strong> sa femme, se déefarant prêt à accepterles rehaussements nécessaires lorsque les renseignements<strong>de</strong>mandés par l'article 177 du C. G. I. lui auront été fournis. Lemontant <strong>de</strong> <strong>la</strong> surtaxe progressive imposée au mari a été calculésans tenir compte <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme à raison <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxparts (époux sépa=r^ ayant un enfant à charge) au lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxparts et <strong>de</strong>mie (ménage ayant un enfant à charge). Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>:1» si l'administration "est "fondée à accepter ainsi <strong>de</strong>ux déc<strong>la</strong>rationsséparées dans <strong>de</strong>s conditions non prévues par <strong>la</strong> loi — ce qui, enl'espèce, est défavorable au Trésor — et, dans le cas contraire,s'il estime que <strong>de</strong>s renseignements peuvent être fournis au marisur les revenus <strong>de</strong> sa femme, sans contrevenir à l'obligation ausecret à l'égard <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière; 2» le cas échéant, commentcette difficulté pourrait être tranchée.13430. — 26 août 195i. — M. Defferte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget s'il n'est pas possible d'exclure du champ d'applicationdu décret n° 53-807 du 22 septembre 1953 portant application<strong>de</strong> l'article 17 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d'aménagements fiscaux n' 53-633 du25 juillet 1953, les commerçants non "sé<strong>de</strong>ntaires régulièrement domiciliésdésignés par l'appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> marchands par l'article 1 er <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi du 16 juillet 1912.13481. — 26 août 1954. — M. Deîachenal <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget si un cultivateur qui reçoit chez lui quelques filsd'agriculteurs pendant une quinzaine <strong>de</strong> jours est tenu <strong>de</strong> faire unedéc<strong>la</strong>ration et à payer une <strong>la</strong>xe, les parents <strong>de</strong>s enfants fournissant<strong>la</strong> literie.13482. — 26 août 1954. — M. Genton expose h M. le secrétaired'Etat au budget que, dans les quelques jours eu semaines précédantimmédiatement le vote <strong>de</strong>s dispositions d'amnistie fiscalecontenues dans l'article 8 <strong>de</strong> fa loi du 21 mai 1951, <strong>de</strong> nombreusesadministrations fiscales ont accéléré considérablement l'envoi d'avis<strong>de</strong> redressement dans le but <strong>de</strong> priver le plus grand nombre possible


<strong>de</strong> contribuables du bénéfice <strong>de</strong> ces dispositions amnistiantes. Il lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui confirmer qu'il n'a pas, en conséquence, l'intention<strong>de</strong> refuser effectivement le bénéfice <strong>de</strong> cette amnistie aux contribuablesqui se sont ainsi vu notifier dans les quelques jours qui ontimmédiatement précédé le vole <strong>de</strong> cet'le loi <strong>de</strong>s redressements ne'présentant pas toutes les garanties d'objectivité nécessaires.13483- — 20 août 1954. — Mme Francine Lefebvre expose à M. lesecrétaire d'Etat au budget que <strong>de</strong>s entreprises commerciales vendant<strong>de</strong>s articles divers (produits <strong>de</strong> beauté, appareils ménagers, etc..)possè<strong>de</strong>nt une instal<strong>la</strong>tion dans d'autres établissements, notamment<strong>de</strong>s grands magasins, moyennant le payement à ceux-ci d'un loyerou d'une re<strong>de</strong>vance (en général calculée sur le chiffre d.es ventes iet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelle est <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s susdites entreprises en ce quiconcerne l'imposition à <strong>la</strong> patente pour ce lieu <strong>de</strong> vente dansd'autres établissements.13484. — 26 août 1054. — M. Nenon expose à M. le secrétaire d'Etatau budget qu'aux termes du décret du 8 juin 1951 et <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>iredu 24 août 1951 du ministère du budget, il est accordé uneprime d'instal<strong>la</strong>tion aux ménages <strong>de</strong> fonctionnaires mutés dans lesdépartements d'outre-mer. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : 1° si le décret et lesinstructions précités sont applicables aux fonctionnaires <strong>de</strong> l'enseignementprimaire ? 2° dans l'affirmative si <strong>la</strong>. mention « pour raison<strong>de</strong> service » portée sur les décisions <strong>de</strong> mutations prises par lesrec-teurs ou vice-recteurs, doit-elle être considérée comme prise pardélégation du ministre; 3° quelle est <strong>la</strong> date à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle doitêtre décomptée <strong>la</strong> durée du séjour donnant droit à <strong>la</strong> prime pourune institutrice ayant été intégrée en Martinique en octobre 1950 ?13485. — 26 août 1954'. — M. Marcel Noël <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget dans quelles conditions est accordée l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>l'Eat aux enfants, p<strong>la</strong>cés en colonies <strong>de</strong> vacances, <strong>de</strong> fonctionnairesretraités.13486. — 26 août 1954. — M. <strong>de</strong> Saivre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget si les réserves <strong>de</strong>s sociétés incorporées au capita<strong>la</strong>ntérieurement à <strong>la</strong> réforme fiscale sont, en cas <strong>de</strong> remboursementen cours <strong>de</strong> société, et môme s'il n'y a pas liquidation <strong>de</strong> celle-ciexonérées <strong>de</strong> l'impôt sur le revenu <strong>de</strong>s capitaux mobiliers et, partant,<strong>de</strong> <strong>la</strong> surtaxe progressive sous <strong>la</strong> seule condition que tousbénéfices et réserves autres que <strong>la</strong> réserve légale aient été préa<strong>la</strong>blementrépartis.13487. — 26 août 1954. — M. Sousteile expose à M. le secrétaired'Etat au budget le cas d'un propriétaire <strong>de</strong> poste, Agé <strong>de</strong> 75 ans,non imposable ù <strong>la</strong> surtaxe progressive, et -percevant une retraitepalronale extrêmement modique, qui se voit refuser l'exonération<strong>de</strong>s 50 p. 100 <strong>de</strong> <strong>la</strong> taxe radiophonique prévus par l'article 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi n» 53-1335 du 31 décembre 1953, sous prétexte que sa retraiten'est ni une pension, ni une rente, ni une allocation <strong>de</strong> vieillesse:et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il n'est pas possible d'interpréter <strong>de</strong> façon moins restrictivele texte susvisé, en particulier lorsque les retraites considéréessont d'un montant égal ou inférieur aux allocations verséespar <strong>la</strong> sécurité sociale.13488. — 26 août 1954. — M. Wasmer expose à M. le secrétaired'Etat au budget que d'après ses instructions, l'augmentation à•16,85 p. 100 du taux <strong>de</strong> <strong>la</strong> taxe à <strong>la</strong> production ne doit en principeavoir aucune répercussion sur le prix <strong>de</strong> vente <strong>de</strong>s marchandises,<strong>de</strong> telle -sorte que le producteur <strong>de</strong>vrait prendre à-sa charge le surplusd'impôt résultant <strong>de</strong> l'augmentation du taux. Or cette solutionapparaît inadmissible lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> marchandises n'ayant pasd'autre usage que <strong>la</strong> production industrielle et pour lesquelles l'utilisateura incontestablement droit à déduction du montant <strong>de</strong> <strong>la</strong>taxe. Aucune difficulté n'aurait apparu à cet égard si le dégrèvementdu matériel industriel avait été effectué directement chez le'producteur, comme pour le pain, le <strong>la</strong>it et bien d'autres produits, cequi aurait évité <strong>de</strong>s complications inextricables. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quellesolution est envisagée par le service <strong>de</strong>s prix pour ce cas particulier.13489. — 26 août 1955. — M. Wasmer expose 'a M. le secrétaired'Etat au budget: 1° qu'une société en nom collectif existe entre<strong>de</strong>ux sociétés anonymes dont chacune possè<strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> soncapital; 2° que les exercices <strong>de</strong>s trois sociétés coïnci<strong>de</strong>nt quant àleurs dates d'ouverture et <strong>de</strong> clôture; 3° que <strong>la</strong> société en nom collectifa subi, au cours <strong>de</strong>s cinq exercices annuels clos <strong>de</strong> 1958 à 1952,<strong>de</strong>s déficits (fiscaux) <strong>de</strong> 1 million, 3 millions, 2 millions, 1 million et2 millions <strong>de</strong> francs, puis réalisé, pour l'exercice clos en 1953, unbénéfice (fiscal) <strong>de</strong> 10 millions <strong>de</strong> francs. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelle est<strong>la</strong> répercussion <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> société en nom collectif sur lesbases <strong>de</strong> taxation, à l'impôt sur les sociétés, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux participantes.13490. — 26. août 1955'. — M. Wasmer <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget: 1° <strong>la</strong> définition exacte <strong>de</strong> l'expression « p<strong>la</strong>ns et<strong>de</strong>ssins industriels » qui figure sous les articles 1 (2 e ) et 6 (5 e ) <strong>de</strong><strong>la</strong> loi n» 54-404 du 10 avril 1954 et si, par application du principed'interprétation stricte qui domine le droit fiscal, les p<strong>la</strong>ns et <strong>de</strong>ssinsre<strong>la</strong>tifs à <strong>de</strong>s travaux immobiliers, notamment; ne sont pasvisés par <strong>la</strong>dite expression; 2° <strong>la</strong> définition exacte <strong>de</strong> l'expression« marchés d'étu<strong>de</strong>s » employée dans les mêmes textes.13491. — 26 août 1955. — M. Wasmer expose à M. le secrétairtd'Etat au budget: l-> qu'une société fait procé<strong>de</strong>r, à l'étranger, parun bureau spécialisé, à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s techniques en vue d'instal<strong>la</strong>tionsdiverses ressortissant i l'entreprise <strong>de</strong> travaux immobiliers qui constituentson activité; 2» que les étu<strong>de</strong>s et les documents graphiquesy annexés sont le produit d'un travail purement intellectuel et, parconséquent, d'un service rendu à l'étranger. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> confirmalion<strong>de</strong> l'interprétation suivant <strong>la</strong>quelle l'importation <strong>de</strong> ces élu<strong>de</strong>speut êlre faite en franchise <strong>de</strong> tous droits et taxes.13492. — 26 août 1954 — M. Wasmer <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat au budget si un ingénieur-conseil qui, en considération <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature et <strong>de</strong>s conditions d'exercice <strong>de</strong> son activité habituelle, n'estpas assujetti aux taxes sur le chiffre d'affaires, doit soumettre àcelles-ci les sommes perçues par lui en rémunération d'éludés et <strong>de</strong>projet» dressés, non par son propre cabinet, mais par celui d'un confrèrequ'il a rétribué pour ce travail.13493. — 26 août 1954. — M. Wasmer expose à M. le-secrétaired'Etat au budget que sous le nouveau régime <strong>de</strong> <strong>la</strong> T. V. A., les investissementsen véhicules automobiles ne sont pas exonérés <strong>de</strong> l'impôt.Toutefois, il doit sernble-t-il en être autrement pour les dépensesafférentes à ces véhicules, qui paraissent rentrer, en général, dansle cadre <strong>de</strong>s déductions pour frais <strong>de</strong> fabrication (transport <strong>de</strong>smatières premières), frais <strong>de</strong> chantier (pour les entrepreneurs), frais<strong>de</strong> vente (pour les livraisons <strong>de</strong> marchandises). Ainsi sembleraientdéductibles les achats <strong>de</strong> pneumatiques, les pièces <strong>de</strong> rechange, lesfactures d'entrelien et <strong>de</strong> réparation, etc. La solution <strong>de</strong> l'administrationest <strong>de</strong>mandée à ce sujet avec prière <strong>de</strong> bien vouloir fournirses arguments au cas où <strong>la</strong> déduction ne serait pas admise. Il faudraitaussi en ce cas donner <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> l'administration au sujet<strong>de</strong>s dépenses d'entretien <strong>de</strong>s véhicules automobiles pour usage intérieur,qui profitent <strong>de</strong> <strong>la</strong> déduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> T. V. A, et fournir les directivespour établir les venti<strong>la</strong>tions.DEFENSE NATIONALE ET FORCES ARMEES13494. — 26 août 1954. — M. Adrien André expose à M. le ministra<strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale et <strong>de</strong>s forces armées que : 1° par décret-loidu 14 juin 1938 (i. 0. du 15 juin 1938), <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s fabrications,d'armement avait créé un cadre civil d'agents administratifs <strong>de</strong>stinésà assurer, conjointement avec le cadre militaire <strong>de</strong>s adjointsadministratifs, <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s divers services administratifs internes<strong>de</strong>s établissements constructeurs. Le préambule dudit décret-loidonne toutes indications utiles concernant les motifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> créationdudit cadre et son utilisation. Un statut lui a été donné par décretsimple du 15 décembre 1939 ; 2° Par décret du 20 janvier 1950 (J. 0.du 25 janvier 1950, statut commun guerre-air-marine), il a été crééau ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> secrétaires administratifset <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> commis et agents administratifs. Les premierssont c<strong>la</strong>ssés dans <strong>la</strong> catégorie li prévue à l'article 24 <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi du 19 octobre 1916 sur <strong>la</strong> fonction publique, les seconds sontc<strong>la</strong>ssés dans <strong>la</strong> catégorie C prévue par le même article. A <strong>la</strong> guerre,les dispositions nouvelles ont effet du 1 er janvier 1949 et le décretdu 15 décembre 1939 fixant le statut primitif <strong>de</strong>s agents administratifsa été abrogé ; 3° par application <strong>de</strong>s articles 17 et Ci <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi du 20 septembre 1948 sur ies pensions, les agents administratifsretraités avant 1949 ont été assimilés soit a <strong>de</strong>s commis <strong>de</strong>c<strong>la</strong>sse exceptionnelle, soit à <strong>de</strong>s agents administratifs 3 e échelon,suivant qu'ils réunissaient 4 ou 6 ans d'ancienneté en cette qualitéou en qualité <strong>de</strong> commis principal (décret du 10 février 1951,J. 0. du 17 février 1951) ; 4° il résulte <strong>de</strong> ces textes que <strong>la</strong> structuredu nouveau corps <strong>de</strong>s agents administratifs, malgré une appel<strong>la</strong>tioni<strong>de</strong>ntique, n'est plus en concordance avec <strong>la</strong> structure du cadreancien créé par décret-loi du 14 juin 1938. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: quellesdispositions il compte adopter pour donner aux agents administratifsdu cadre initial créé par décrct-loi du 14 juin 1938 et retraitésavant 1949, une assimi<strong>la</strong>tion correspondant aux emplois pour lesquelsils ont été créés et qui s'i<strong>de</strong>ntifient avec les emplois <strong>de</strong>scorps nouveaux <strong>de</strong> secrétaires administratifs, assimi<strong>la</strong>tion qui correspond,en outre, aux indications données par l'Assemblée nationalelors du vote <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 20 septembre 1958 et' les exemplesdonnés par le rapporteur en vue d'une application correcte <strong>de</strong>sarticles 17 et 61 <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite loi (J. 0. du 7 août 1948, Assemblée nationale,page 5474).13495. — 26 août 1055. — M. De'.hez, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre d«<strong>la</strong> défense nationale et <strong>de</strong>s forces armées si un jeune chirurgien <strong>de</strong>ntiste,diplômé en juillet 1953 et encore sursitaire pour <strong>de</strong>ux annéesà ce moment-là, a le droit d'attendre -que ces <strong>de</strong>ux années soientécoulées pour accomplir son service militaire et, par voie <strong>de</strong> consé^quence, s'il peut s'installer pour exercer à son compte sa professionpendant ce <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> temps ?13496. — 26 août 1954. — M. Minjoz <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre da<strong>la</strong> défense nationale et <strong>de</strong>s forces armées à quelle échelle <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>doit être p<strong>la</strong>cé un adjudant-chef ayant son brevet <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> section<strong>de</strong>puis 1936 avec une note supérieure à 15, évadé d'Allemagne,ayant <strong>de</strong>mandé, h son arrivée en France en 1952, à faire partie ducadre <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> troupe afin <strong>de</strong> ne pas être mis encongé d'armistice, et ayant fait partie <strong>de</strong>s F. F. f. comme sous-officier'du rang. L'intéressé est c<strong>la</strong>ssé à l'échelle 2 du fait qu'aumoment <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>, il avait quarante-


<strong>de</strong>ux ans et ne pouvait changer d'arme au même titre que ses collègues<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans plus jeunes. 11 est titu<strong>la</strong>ire: <strong>de</strong> <strong>la</strong> médaille militaire,<strong>de</strong> <strong>la</strong> médaille <strong>de</strong>s évadés, du certificat national F. F. t., <strong>de</strong><strong>la</strong> carte , du combattant, récompenses obtenues au titre <strong>de</strong> l'arméeet non au titre du cadre <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong>s troupes.13487. — 20 août 1954. — M. <strong>de</strong> Saivre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> <strong>la</strong> défense nationale et <strong>de</strong>s forces armées pour quelles raisons<strong>la</strong> visite d'une forteresse historique, occupée en été par une colonie<strong>de</strong> vacances, est interdite aux touristes.13438. — 26 août 1954. — M. Pelleray expose à M. le secrétaired'Etat aux forces armées (air) que, <strong>de</strong> niai 1951 à novembre 1953,les appareils Thundcrjet F 84 ont eu, selon <strong>de</strong>s chiffres officiels,86 acci<strong>de</strong>nts graves sur lesquels a enquêté le service technique <strong>de</strong>l'armée <strong>de</strong> l'air, et que, <strong>de</strong>puis janvier 1954, 15 autres acci<strong>de</strong>ntssont survenus à <strong>de</strong>s appareils du même type (12 s'é<strong>la</strong>nt écrasésau sol, 3 ayant dû effectuer un atterrissage « sur le ventre » parsuite d'une panne <strong>de</strong> réacteur). Il fui signale que ies Angfo-Saxonsont décidé d'éliminer les F 84 <strong>de</strong> leur matériel d'entraînement, etlui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il ne juge , pas désirable que . soient retiré.-? <strong>de</strong> nosbases militaires <strong>de</strong>s modèles d'avions à réaction qui ont causé <strong>la</strong>mort d'un nombre considérable <strong>de</strong> jeunes pilotes.EDUCATION NATIONALE13499. — 26 août 1954. — M. Bil<strong>la</strong>t expose à M. le ministre <strong>de</strong>l'éducation nationale que, si l'industrie privée et les entreprisesnationalisées, les familles bénéficient, quel que soit l'indice dusa<strong>la</strong>ire ou traitement ou le lieu <strong>de</strong> séjour, d'une in<strong>de</strong>mnité pourles enfants en vacances, qu'ils soient en colonies <strong>de</strong> vacances,"maisons d'enfants ou en séjour familial. Par contre, un fonctionnairedépendant du ministère <strong>de</strong> l'éducation 'nationale ne peut bénéficier<strong>de</strong> cette in<strong>de</strong>mnité que s'il remplit les conditions suivantes:1° son traitement ne doit pas dépasser l'indice 300; 2° le ou lesenfants doivent être dans une colonie <strong>de</strong> vacances. If lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s'il n'envisage pas <strong>de</strong> faire bénéficier les fonctionnaires <strong>de</strong> sonministère, du régime appliqué en <strong>la</strong> matière aux secteurs privé etnationalisé.13500. — 20 août 1954. — M. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. leministre <strong>de</strong> l'éducation nationale, si, en raison <strong>de</strong>s erreurs constatéespar l'effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> comptabilité mécanique appliquée à <strong>la</strong> notation<strong>de</strong>s copies <strong>de</strong>s candidats au bacca<strong>la</strong>uréat, <strong>la</strong> stricte justice"n'exigerait pas que tous les candidats refusés soient admis à sereprésenter à <strong>la</strong> session <strong>de</strong> septembre.13501. — 26 août 1954. — M. Isorni <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>l'éducation nationale combien <strong>de</strong> recours gracieux lui ont étéadressés par <strong>de</strong>s fonctionnaires épurés en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 0 août1953, combien ont été accueillis et combien ont été rejelés.13502. — 26 août 1954. — Mlle Marzin <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> l'éducation nationale quelle suite * ét


serait pas possible <strong>de</strong> faire bénéficier les fabricants <strong>de</strong> caisses d'uneai<strong>de</strong> à l'exportation, qui leur permettrait, «mon <strong>de</strong> reconquérir leursituation privilégiée,' du moins <strong>de</strong> lutter à armes égales avec iesfabricants étrangers.13514. — 36 août 1951. — M. <strong>de</strong> Léotard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a M. le ministre<strong>de</strong>s UtiancM, <strong>de</strong>s affaires économiques et du pian, quels sont tespostes <strong>de</strong> représentant <strong>de</strong> l'Etat actuellement encore détenus par<strong>de</strong>s ministres en exercice (août 1951) et s'il est r.oimal que semb<strong>la</strong>blescumuls <strong>de</strong> responsabilités et <strong>de</strong> rémunérations puissentexister.13515. — 26 août 1954. — M. Pierre Métayer attire rallenlion <strong>de</strong>M. te ministre <strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s affaires économiques et du piansur les répercussions que peut avoir, pour certaines communes, iamise en vigueur au 1 er juillet <strong>de</strong>rnier du nouveau régime iisc.i<strong>la</strong>pplicable aux entrepreneurs <strong>de</strong> travaux immobiliers. Dans une"ville qui, en 1951, voit se réaliser sur son territoire d'importantsprogrammes <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> logements et <strong>de</strong> constructions sco<strong>la</strong>ires,les prévisions budgétaires tenaient compte du payement <strong>de</strong> <strong>la</strong>taxe locale par les entrepreneurs, lesquels avaient" consenti àouvrir sur p<strong>la</strong>ce un bureau, lorsqu'il ne s'agissait pas <strong>de</strong> travauxpublics, afin <strong>de</strong> <strong>la</strong> faire bénéficier <strong>de</strong> cette taxe. Les versementsconstaté; jusqu'à juin permettaient do vérifier l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s prévisions,mais '<strong>la</strong> mise en vigueur du nouveau régime et <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>recettes provisoire, atteignant plusieurs millions, qui en sera Piconséquence, risquent <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> trésorerie, d'autantplus que les communes tout au moins en Seine-et-Oise, n'ont pasencore perçu à ce jour l'attribution leur revenant, au titre <strong>de</strong> lyw,6ur le fonds <strong>de</strong> péréquation <strong>de</strong> <strong>la</strong> taxe locale. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>:1» comment sera compensée cette perte <strong>de</strong> recettes, ainsi que lestipule l'article 21 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 10 avril 1954; 2° quand sera effectivementversée cette compensation, le décret prévu par te texteprécité n'étant, à <strong>la</strong> connaissance du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, pas encore paru;3° Dans le cas particulier cité plus haut, à quel service <strong>de</strong>s contributionsindirectes (bureau <strong>de</strong>sservant <strong>la</strong> ville intéressée, ou bureaudu siège <strong>de</strong> l'entreprise) <strong>de</strong>vra Être adressée <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration prévuepar l'alinéa 3 <strong>de</strong> l'article 4 du déc-et n° 51-687 du 26 juin 1951, arinque fa perte <strong>de</strong> recettes eoit ibien reconnue à <strong>la</strong> commune qui percevaiteffectivement <strong>la</strong> taxe.13516. — 26 août 1951. — M. Marcel Noël expose a M. le ministre<strong>de</strong>s finances, <strong>de</strong>s affaires économiques et du p<strong>la</strong>n que les modalités<strong>de</strong> prise en compte du temps passé comme détaché en usine,ont fait l'objet d'une loi du 17 août 1915. Toutefois, <strong>de</strong>s difficultésd'interprétation peuvent se présenter en ce qui concerne les militairesp<strong>la</strong>cés dans <strong>la</strong> réserve. Pans ces conditions, il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>comment sont décomptés pour <strong>la</strong> pension, tant en ce qui concerne<strong>la</strong> constitution du droit que <strong>la</strong> liquidation, les services militaires,tes campagnes simples... d'un fonctionnaire titu<strong>la</strong>risé en 1921 dontl'état signalé tique et <strong>de</strong>s services militaires porte les mentionssuivantes: « incorporé au 138» régiment d'infanterie à compter du1 er octobre 1912, arrivé au corps le 2 octobre 1912, c<strong>la</strong>ssé servicesauxiliaires le 2 novembre 1914, détaché en usine, article 6, <strong>de</strong>•Montluçon à compter du 2 novembre 1915, rayé du contrôle leditjour, démobilisé le 11 août 1919 »... « intérieur sous les ordres dugénéral commandant, <strong>de</strong> <strong>la</strong> région, campagnes simples du 2 août 1914au l w octobre 1915 ». Par ailleurs <strong>la</strong> mention suivante est porté àl'encre rouge: « p<strong>la</strong>cé dans <strong>la</strong> réserve le 1 er octobre 1911; le tempspassé détaché en usine après <strong>la</strong> date <strong>de</strong> passage dans <strong>la</strong> réservene compte ni comme service ni comme campagne (art. 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loid'i 1 7août 1915) ». 11 y a lieu <strong>de</strong> préciser qïie l'intéressé assureavoir pendant cette pério<strong>de</strong> exclusivement perçu <strong>la</strong> sol<strong>de</strong> militaire.INDUSTRIE ET COMMERCE13317. — 2G août 1954. — M. Cassagne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> l'industrie et du commerce: 1° si un fonds <strong>de</strong> commeice donnéen location-gérance aux conditions du décret du 30 septembre 1953peut, sous réserve <strong>de</strong> l'accord du propriétaire du fonds, être l'objetd'une sous-location-gérance par le iocataire gérant principal, ce <strong>de</strong>rniersatisfaisant aux conditions <strong>de</strong> l'article 4 dudit décret; 2° si unepersonne physique ayant été pendant plus <strong>de</strong> sept années associégérantd'une société en nom collectif peut donner en locationgéranceun fonds <strong>de</strong> commerce lui appartenant personnellement etdu ressort <strong>de</strong> l'activité commerciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> société en nom collectif;S® si une personne ayant recueilli un fonds <strong>de</strong> commerce dans unesuccession ouverte avant <strong>la</strong> parution du décret du 30 septembre 4953,n'ayant jamais exploité personnellement ce fonds mais l'ayant,jusqu'à présent, donne en location-gérance, peut se prévaloir <strong>de</strong>l'article 6 dudit décret, si son auteur avait eu pendant plus <strong>de</strong> septannées une activité commerciale ou professionnelle du ressort duditfonds.13518. — 26 août 1951. — M. Guy Desson <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> l'industrie et du commerce: 1° quelle suite <strong>la</strong> direction générale<strong>de</strong> <strong>la</strong> R. T. F. a donnée au vote du Parlement concernant <strong>la</strong> diminutiondu nombre dos journalistes « pigistes permanents »; 2° s'ilpeut lui affirmer qu'aucun esprit partisan n'a présidé à l'établissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s licenciés; 3° s'il est exact que l'administration<strong>la</strong>it application à ces journalistes licenciés <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 46-195 du15 février 1946 pour ie payement <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> licenciement,ce qui paraît être en contradiction avec l'avis du conseil d'Etat endate du 12 septembre 1950 qui spécifie que les journalistes employéspar <strong>la</strong> R. T. F. sont ressortissants <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s litiges viséeà l'article 29 du litre II du livre I« du co<strong>de</strong> du travail; 4° s'il compte(tonner <strong>de</strong>s instructions au directeur général <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioditïusimitclcviîionfrançaise pour que les in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> licencieinriH duessoient mandatées en une seule fois.13519. — 26 août 1951. — M. Joseph Dumas expose à M. le ministre<strong>de</strong> l'industrie et du commerce que d'après les informations qui luiont été fournies par les représentants <strong>de</strong> l'industrie <strong>de</strong>s peintures,vernis, encres d'imprimerie et produits assimilés, une mesure dolibération <strong>de</strong>s échanges \isant les produits <strong>de</strong> ces industries, nonassorties <strong>de</strong> dispositions compensatrices, ferait encourir aux industriesen cause <strong>de</strong>s risques très graves en raison du coût (levé <strong>de</strong>smatières premières auxquelles "elles doivent faire appel. 11 lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il ne lui semble pas opportun <strong>de</strong> prendre dès maintenant<strong>de</strong>s mesures appropriées pour ramener le cours <strong>de</strong> ces matièrespremières au niveau <strong>de</strong>s cours étrangers.13520. — 26 août 1951. — M. Regaudie <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> l'industrie et du commsrce quelles sont: les conditions d'importation<strong>de</strong>s automobiles étrangères <strong>de</strong>stinées à <strong>la</strong> vente en France;2» les mesures <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> prises en faveur <strong>de</strong> l'industrie française<strong>de</strong> l'automobile <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> concurrence étrangère et si, du fait<strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence étrangère, il n'y a pas, d'ores et déjà, une diminution<strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> certaines firmes automobiles françaises.13521. — 2.6 août 1951. — M. Regaudie <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> l'industrie et du commerce quelles mesures il compte prendrel'égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Lavalette dont l'Etat possè<strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>sactions; ce qu'il entend faire <strong>de</strong>sdiles actions et, au cas où unecession en serait effectuée,• quelles précautions seront prises pourassurer à nos industries nationales <strong>la</strong> fourniture <strong>de</strong>s appareils construitspar <strong>la</strong> société Lavalette.INTERIEUR13522. — 26 août 195i. — M. Jean-Paul David <strong>de</strong>man<strong>de</strong> i M. iaministre <strong>de</strong> l'intérieur A quelle date il sera procédé à <strong>la</strong> répartition<strong>de</strong>s crédits prévus au chapitre 65-52 et ayant trait à l'équipement <strong>de</strong>scollecLivités pour l'habitat urbain.13523. — 26 août 195i. — M. <strong>de</strong> Eénouville <strong>de</strong>mar.<strong>de</strong> A M. <strong>la</strong>ministre <strong>de</strong> l'intérieur: 1° s'il est exact qu'à <strong>la</strong> fin du mois <strong>de</strong>juillet <strong>de</strong>rnier, une vingtaine <strong>de</strong> communistes français, employésdans les services du secrétariat <strong>de</strong> <strong>la</strong> fédération syndicale mondialeà Vienne et dont les passeports étaient arrivés à expiration se sontprésentés à l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France; 2° s'il est exact que cesemployés d'un organisme privé aient pénétré en Autriche, il y a<strong>de</strong> ce<strong>la</strong> trois ans, sans visa aulrichien, avec un <strong>la</strong>issez-passer soViétiquedélivré à Prague, et qu'ils nient refusé <strong>de</strong> se déc<strong>la</strong>rer a <strong>la</strong>police autrichienne comme <strong>de</strong> se faire immatriculer au consu<strong>la</strong>t doFrance et <strong>de</strong> se présenter à <strong>la</strong> gendarmerie française pour régu<strong>la</strong>riserleur situation militaire ainsi que <strong>la</strong> loi l'exige; 3° s'il estexact que ces vingt communistes qui n'étaient en règle ni avec <strong>la</strong>légisation française, ni avec <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion autrichienne, ont uçu<strong>de</strong> nouveaux passeports va<strong>la</strong>bles trois ans.13524. — 26 août 1951 — M. Maurellet expose à M. le ministre<strong>de</strong> l'iniérieur qu'une sténodactylographe, actuellement en fonctiondans une commune et ayant plirs <strong>de</strong> trois ans d'ancienneté dans legra<strong>de</strong>, s'est présentée au concours ouvert


13526. — 26 août 1954. — M. Gernez <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong><strong>la</strong> justice si un ancien avoué, âgé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60 ans, remplissantles conditions <strong>de</strong> durée d'exercice d'avoué et <strong>de</strong> capacité, peutencore poser sa candidature aux Jonctions <strong>de</strong> juge <strong>de</strong> paix. Saqualité d'ancien combattant <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre 1914-1918 avec citation etune blessure ne peut-elte lui valoir une exception dans le cas oùl'âge limite normal serait <strong>de</strong> 60 ans ?13534. — 26 août 1954. — M. Frédéric-Dupont expose à M. leministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale les raisons pour lesquellesles retraités <strong>de</strong>s assurances sociales nés avant le 1 er avril1886, régis par le décret du 28 octobre 1935, sont tnès défavoriséspar rapport aux retraités nés après le 15 avril 1686 et qui ayantfait les mêmes versements en nombre et en valeur touchent uneretraite <strong>de</strong> 40 p. 100 supérieure, il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> les dispositions qu'ilcompte prendre pour réparer cette injustice.POSTES, TELEGRAPHES ET TELEPHONES13527. — 2G août 1954. — M. Dorey <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaired'Etat aux postes, télégraphes et téléphones: 1° en combien <strong>de</strong>paliers s'est effectuée <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong> i'auxiliariat dans sondépartement, en application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 3 avril 1950 ; 2» quels ontété fes décrets successifs pris en vue <strong>de</strong> mettre fin à I'auxiliariat;3» quel était, avant <strong>la</strong> parution <strong>de</strong> ces décrets, le nombre d'auxiliairesdu service général, <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution, <strong>de</strong>s services techniques;pour ces mômes catégories quel était le nombre d'auxiliairesnon titu<strong>la</strong>risés après l'application <strong>de</strong> ces décrets ; 5° ces décretsont-ils eu pour souci, dans leur portée, <strong>de</strong> donner à tous lesauxiliaires <strong>la</strong> possibilité d'accé<strong>de</strong>r au cadre normal <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>ire;6° si ces décrets ont été pris dans cette intention, n'y a-t-il paslieu <strong>de</strong> s'étonner qu'un crible sévère ait fonctionné pour les agentsdu cadre complémentaire du service général âgés <strong>de</strong> p'us <strong>de</strong> cinquanteans, candidats par liste d'aptitu<strong>de</strong>; 7° pour celte catégorie<strong>de</strong> candidats quels ont été les critères retenus pour éliminer <strong>de</strong>sagents ayant donné toute <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong> leur dévouement pendantplus <strong>de</strong> vingt ans; 8» pour les agents titu<strong>la</strong>risables par listes d'aptitu<strong>de</strong>s,combien y eut-il successivement <strong>de</strong> candidatures et combienlurent retenues; 9° ee qu'il compte faire pour donner à ces agentsune chance égale k celle <strong>de</strong> leurs plus jeunes collègues; 10° undépart pour <strong>la</strong> retraite d'un agent noté pendant 25 ans au choixne constitue-t-il pas une raison suffisante pour retenir par prioritéun candidat sur une liste d'aptitu<strong>de</strong>, comme ce<strong>la</strong> parait fogique,ies intéressés n'étant nullement responsables du retard apporté dans<strong>la</strong> parution <strong>de</strong>s décrets d'application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 3 avril 19507SANTE PUBLIQUE ET POPULATION13518. — 26 août 1954. — M. Jean Cayeux rappelle à M. le ministre<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que <strong>la</strong> loi n» 54-592 du11 juin 1954 accordant une allocation mensuelle aux bénéficiaires<strong>de</strong> l'assistance médicale gratuite a prévu, aux termes dë l'un <strong>de</strong>ees articles que le règlement d'administration publique qui doit enpermettre l'application sera obligatoirement publié dans le mois <strong>de</strong><strong>la</strong> promulgation. Il constate qu'a ce jour ce décret n'a pas encoreété publié et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> les mesures qu'il compte prendre pourque <strong>la</strong> loi soit effectivement respectée.13528. — 26 août 1954. — M. Marcel Noël <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion si une commission départementalepeut considérer comme personnes tenues d'assister un•vieil<strong>la</strong>rd en (hospice: ses neveux, nièces, sœurs et petits-fils. Dansl'affirmative en vertu <strong>de</strong> quel texte.TRAVAIL ET SECURITE SOCIALE13530. — 26 août 1954. — M. Arbeltîer <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre dutravail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale eu vertu <strong>de</strong> quels textes l'inspectiondu travail <strong>de</strong> Seine-et-Marne peut obliger les vanniers — artisans ouindustriels <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée du Pelit-Morin — relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> mutualitéagricole, à s'inscrire à un service interprofessionnel <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine dutravail.13531. — 26 août 1954. — M. Barthélémy <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministredu travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale si un ouvrier, membie un comitéd'entreprise et délégué du personnel d'une usine, père <strong>de</strong> six enfants,en congé <strong>de</strong> longue'ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> durée indéterminée, peut êlre licenciépour cette <strong>de</strong>rnière raison par seule décision <strong>de</strong> l'employeur.13532. — 26 août 1954. — M. Pierre Besseî signale à M. le ministre


4300ces <strong>de</strong>ux activités <strong>de</strong> transports ne figurent pas dans le champd'application <strong>de</strong> l'article premier <strong>de</strong> <strong>la</strong> convention collective nationale<strong>de</strong>s transports routiers et <strong>de</strong>s activités auxiliaires <strong>de</strong> transports.Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il compte faire appliquer au personnel <strong>de</strong>s transportsen commun urbains <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Reims <strong>la</strong> convention collectivenationale <strong>de</strong>s tramways, du 23 juin 19-18.13542. — 26 août 1954. — M. Marcel Noël expose & M. le ministre<strong>de</strong>s travaux publics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme, que <strong>la</strong> loi du26 septembre 1951 avait prévu <strong>de</strong>s bonifications d'ancienneté et <strong>de</strong>stitu<strong>la</strong>risations exceptionnelles ,pour les fonctionnaires anciens résistants,et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : 1° le nombre, par catégorie, <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sconcernant les bonifications déposées par les agents <strong>de</strong> travaux,les éclusieTS, les .conducteurs <strong>de</strong> chantiers et les conducteurs <strong>de</strong>svoies navigables <strong>de</strong> son ministère; 2 J le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>titu<strong>la</strong>risations déposées par les mêmes catégories d'agents ; 3° lenombre (par catégorie) <strong>de</strong>s décisions d'attribution <strong>de</strong> bonificationsactuellement acquises ; 4» le nombre (toujours par catégorie) <strong>de</strong>stitu<strong>la</strong>risations exceptionnelles actuellement acquises; 5® les mesuresqu'il compte prendre pour améliorer éventuellement <strong>la</strong> ca<strong>de</strong>nced'application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi.13543. — 26 août 1954. — M. Marcel Noël <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministra<strong>de</strong>s travaux publics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme, dans quels dé<strong>la</strong>issera mis en application le décret n» 54-138 du 28 janvier 1954 accordant<strong>de</strong>s bonifications d'ancienneté aux fonctionnaires combattants.<strong>de</strong> 1939-1943.REPONSES DES MINISTRESAUX QUESTIONS ECRITESPRESIDENCE DU CONSEIL(Affaires étrangères.)10338. — M. Bouxom <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil, ministre<strong>de</strong>s affaires étrangères, ce qu'il compte faire pour améliorer, d'unefaçon réelle, <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s auxiliaires <strong>de</strong> son département, employésau service du chiffre, à Paris et dans les divers postes à l'étranger.En effet, ces agents, qui assurent une tâche difficile et lour<strong>de</strong> <strong>de</strong>responsabilités, se trouvent, actuellement, dans l'impossibilité d'améliorerïeur situation en raison <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> concours, <strong>de</strong>puis 1946,et les circonstances présentes ne leur permettent guère d'espérerprochainement un concours. (Question du 31 décembre 1953.)Réponse. — Comme tous les départements ministériels, le ministère<strong>de</strong>s affaires étrangères a dû appliquer les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loin» 47-1680 du 3 septembre 1947 qui, pour réaliser <strong>de</strong>s compressions'budgétaires, a ordonné le dégagement <strong>de</strong>s cadres d'un certain nombre<strong>de</strong> fonctionnaires titu<strong>la</strong>ires. Une <strong>de</strong> ses conséquences a été <strong>de</strong> diminuerl'effectif du cadre <strong>de</strong>s chiffeurs, qui est tombé <strong>de</strong> soixantequatorzeà quarante-huit agents. Les travaux <strong>de</strong> chiffrement ayantentre tempes considérablement augmenté <strong>de</strong> volume, il a fallu compenserles départs <strong>de</strong> ces titu<strong>la</strong>ires en les remp<strong>la</strong>çant par <strong>de</strong>s agent3auxi'<strong>la</strong>ires, soit à l'administration centrale, soit dans les postes àl'étranger. Les problèmes posés par <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> ces auxiliairessont d'ailleurs différents suivant qu'il s'agit du service du chiffreproprement dit ou <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s télé-imprimeurs-chiffeurs. 1° Servicedu chiffre proprement dit: à l'administration centrale, tous lesauxiliaires, à l'exception <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux d'entre eux, ont pu être titu<strong>la</strong>risésdans les c-adres d'adjoints administratifs et d'employés <strong>de</strong> bureau.Des <strong>de</strong>ux qui ont conservé <strong>la</strong> qualité d'auxiliaire, ('un est un ancienemployé d'un <strong>de</strong> nos postes à 1 étranger qui a <strong>de</strong>mandé à être affectéà Paris pour préparer le concours <strong>de</strong> l'école nationale d'administration,l'autre doit être prochainement affecté à un poste à l'étranger.Ces <strong>de</strong>ux auxiliaires perçoivent, en plus du traitement fixé pour tousles employés auxiliaires <strong>de</strong> l'Etat, les mêmes in<strong>de</strong>mnités que leschiflreurs titu<strong>la</strong>ires, sauf <strong>la</strong> prime <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment, que l'article 1 erdu décret du 6 janvier 1950 ne permet d'accor<strong>de</strong>r qu'auxfonctionnaires titu<strong>la</strong>ires. A l'étranger, seuls huit emplois <strong>de</strong> chiflreursont été confiés à <strong>de</strong>s auxiliaires dont <strong>la</strong> rémunération est évi<strong>de</strong>mmentinférieure à celle dont bénéficieraient <strong>de</strong>s agents titu<strong>la</strong>iresp<strong>la</strong>cés dans le même emploi, mais qui leur donne les moyens <strong>de</strong>vivre décemment: leurs émoluments mensuels s'échelonnent, suivantle pays, entre 44.500 francs et 125.865 francs. Par ailleurs, il ya lieu <strong>de</strong> remarquer qu'aucun agent titu<strong>la</strong>ire ou auxiliaire' du ministère<strong>de</strong>s affaires étrangères en service à l'étranger ne peut bénéficier<strong>de</strong> prestations <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale française, mais que, par contre,les auxiliaires ont <strong>la</strong> faculté, dans <strong>de</strong>" nombreux pays, <strong>de</strong> s'affilierau régime local d'assurances sociales. Il convient <strong>de</strong> signaler enfinque l'application <strong>de</strong>s dispositions du décret n» 52-1317 du 12 décembre1952 va incessamment permettre à un certain nombre d'auxiliaires<strong>de</strong> nos postes à l'étranger d'être titu<strong>la</strong>risés dans les nouveauxcorps d'adjoints et d'agents <strong>de</strong> chancellerie: ces mesures auront poureffet <strong>de</strong> limiter encore le nombre <strong>de</strong>s chiflreurs auxiliaires en serviceà l'étranger et <strong>de</strong> permettre aux agents méritants <strong>de</strong> profiter<strong>de</strong> régimes plus favorables accordés aux fonctionnaires <strong>de</strong> l'Etat.2»-En ce qui concerne les iélé-imprimeurs-chiffreurs, le fonctionnement<strong>de</strong>s quelques appareils actuellement en service est assuré parune majorité d'auxiliaires. Ce n'est que lorsque le réseau d'appareilssera définitivement constitué que les besoins en personnel pourront.êlre appréciés et que <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risation pourront êtreienvisagées. En tout état <strong>de</strong> cause, <strong>la</strong> situation du cadre <strong>de</strong>s chiffreurstest suivie <strong>de</strong> très près et, dès que les possibilités budgétaires <strong>la</strong>]permettront, une augmentation <strong>de</strong> ses effectifs sera <strong>de</strong>mandée afia'<strong>de</strong> permettre le recrutement d'éléments jeûnes, recrutement qu'ilest impossible d'envisager tant que durera <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> compression<strong>de</strong> personnel actuellement appliquée au ministière <strong>de</strong>s affaires!étrangères.12433. — M. Boutbien <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le prési<strong>de</strong>nt du conseil, ministre,<strong>de</strong>s affaires étrangères, qu'elles sont, à ce jour, les sanctions pénales.'applicables en cas <strong>de</strong> conflit ne présentant pas un caractère inter- !national aux personnes prévenues d'avoir commis ou d'avoir ordonné<strong>de</strong>commettre l'une ou l'autre <strong>de</strong>s quatre infractions graves énoncéesà l'article 3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> première convention <strong>de</strong> Genève <strong>de</strong> 1949»(Question du 25 mai 1954.)Réponse. — Les atteintes portées à <strong>la</strong> vie et à l'intégrité corporelle,notamment le meurtre sous toutes ses formes, les muti<strong>la</strong>tions, lesttraitements cruels, tortures et supplices, constituent <strong>de</strong>s infraction^<strong>de</strong> droit commun prévues et réprimées par le chapitre premier duttitre <strong>de</strong>uxième du livre nouveau du co<strong>de</strong> pénal. Dans le cas <strong>de</strong>« prise d'otages », les éléments constitutifs du crime d'arrestation:illégale et <strong>de</strong> séquestration arbitraire seraient réunis et les sanctionsprévues par les articles 341 et &44 du co<strong>de</strong> pénal seraient applicables.En ce qui concerne les « atteintes à <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong>s personnes », lesarticles 29 et suivants <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1881 sur <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong>presse prévoient et répriment l'injure et <strong>la</strong> diffamation. Par contre,aucune disposition pénale ne sanctionne les « traitements humiliant»et dégradants ». 11 serait d'ailleurs très délicat <strong>de</strong> les définir dans lecadre d'une loi pénale en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s cas possib!es. :Mais <strong>de</strong>s sanctions disciplinaires pourraient être prises à rencontre<strong>de</strong>s militaires ou fonctionnaires qui se rendraient coupables <strong>de</strong> tel»faits. 'Enfin, pour ce qui est <strong>de</strong>s condamnations prononcées et <strong>de</strong>sexécutionseffectuées sans l'intervention d'une juridiction régulièrementconstituée, les éléments constitutifs


U«|• » • — •• I • — • •"• " ' "' ' '•*" •— - 1 1" ' '1 " "'13341. — M. Faraud atlire l'attention <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong> l'agriculturesur ie <strong>la</strong>it que <strong>de</strong> nombreux dossiers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'allocationvieillesse.aux. personnes non sa<strong>la</strong>riées <strong>de</strong> l'agriculture, ^<strong>de</strong>man<strong>de</strong>santicipées pour incapacité <strong>de</strong> travail, acceptés par <strong>la</strong> commissiondépartementale sont rejetés ensuite par <strong>la</strong> commission centrale. Cerejet oblige l'intéressé à <strong>la</strong> ire appel <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> commission régionale,ce qui nécessite un dép<strong>la</strong>cement et retar<strong>de</strong> l'attribution <strong>de</strong>l'allocaiion. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelles mesures il comple prendre poursimplifier et décentraliser ces formalités administratives. (Question-du 3 août 1951.)Réponse. — La caisse nationale d'allocation vieillesse agricole, auxfermes ds l'article 25 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 10 juillet l'J52, est chargée <strong>de</strong> <strong>la</strong>liquidation et du payement <strong>de</strong> l'allocation; elle, fait appel, à cet effet,aux caisses départemen<strong>la</strong>les et pluridéparlementales d'assurancesvuc (lesociales agricoles qui lui font <strong>de</strong>s propositionsbr liquidation;il est normal que <strong>la</strong> caisse nationale, a qui appartient <strong>la</strong>décision, vérifie les propositions <strong>de</strong>s organismes départementaux.- La procédure ainsi fixée dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi permet d'éviter lesdivergences <strong>de</strong> vue sur l'état d'inaptitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> réaliser aussi parfaitementque possible l'unité d'appréciation.DEFEKSE NATIONALE ET FORCES ARMEES12953 — M. tëoeher signale à M. ie secré<strong>la</strong>ïre d'Etat aux forcesarmées (air) que, <strong>de</strong>.Maryse Bastié à André Tesson, en (tassant parConstantin Rozanofï, nos" meilleurs pilotes ont été tués au coursd'exhibitions spectacu<strong>la</strong>ires, mais qui ne correspon<strong>de</strong>nt pas, <strong>la</strong> plupartdu temps, aux normes d'utilisation du matériel ainsi sacrifié.11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelles mesures ii compte prendre pour interdire<strong>de</strong>s exercices catastrophiques pour nos puoies comme pour nos prototypeset qui ne servent pas te prestige <strong>de</strong> notre aviation. ;Questiondu .'39 juin 1951.)Réponse. — ïoulcs les autorisations précé<strong>de</strong>mmeent accordées pour<strong>la</strong>_ participation aux inanités ta lions aéronautique* publiques <strong>de</strong>savions prototypes ou <strong>de</strong> pré-série en cxpérirocntaUoii dans les centresd'essais ou chez ies constructeurs ont élé recrées par une récentedécision. Aucune autorisation <strong>de</strong> ce genre ne sera plus délivrée désormais,tant pour les meetings nationaux que pour les manifestationsorganisées par <strong>de</strong>s aéroctubs ou <strong>de</strong>s associa lions. En outre, seule Sapatrouille cle France spécialement désignée à cet effet, chaque année,pourra exécuter une présentation acrobatique. Par suite, tout piloten'appartenant pas à celte formation qui présenterait une ligure <strong>de</strong>-voltiKG au cours d'une manifestation publique fera l'objet d'une sanction."BUDGET10969. — fiJ. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le secrétaire d'Etat aubudget: 1° quelles limites existent entre le risque agricole et les- risques <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie privée et si les mutuelles agricoles peuvent assurerles seconds ;. 2° quelle est, dans l'affirmative, <strong>la</strong> position fiscale <strong>de</strong>ces mutuelles, ainsi que <strong>la</strong> position vis-à-vis du fisc et vis-à-vis <strong>de</strong><strong>la</strong> sécurité sociale, <strong>de</strong> leurs agents et sous-agents. (Question du10 lévrier 1951.)Réponse. — I. — Depuis l'entrée en vigueur <strong>de</strong> l'article 20 <strong>de</strong> <strong>la</strong>' loi n° 53-633 du 25 juillet 1953, les personnes physiques ou moracsexerçant exclusivement ou principalement une profession agricole"ou connexe à l'agriculture, les membres <strong>de</strong> leur famille vivant avecelfes sur l'exploitation ainsi que leur personnel peuvent s'assurer r.uprês<strong>de</strong> sociétés ou caisses mutuelles agricoles pour tous les risquesqu'elles encourent sans qu'il • y oit lieu <strong>de</strong> distinguer suivant qU3ces risques se rattachent 'ou non à l'exercice d'une profession agricole.Peuvent, en outre, être pris en charge par ces organismes lesrisques spécifiquement agricoles encourus pur une personne n'exerçantpas principalement <strong>la</strong> profession agricole. 2. — Eu vertu <strong>de</strong>1 article 1015 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôts, les sociétés ou caissesmutuelles d'assurances asri.'oles constituées conformément a <strong>la</strong> loidu 4 juillet 1900 sont exemptées <strong>de</strong> fous droits <strong>de</strong> timbre et' d'enregistrementautres que le droit <strong>de</strong> timbre <strong>de</strong>s quittances. Cette imrnu-' nité s'applique, notamment, n Ta taxe unique sur fes contrats d'assurancesailérenle aux risques qu'elles prennent en charge. D'autrepart, elles ne sont passibles en principe <strong>de</strong> l'impôt sur les sociétésque dans les conditions prévues aux articles 200-5 et 219 bis duCo<strong>de</strong> générât <strong>de</strong>s impôts, c'est-à-dire au taux <strong>de</strong> <strong>la</strong> taxe proportionnelleet i raison <strong>de</strong> leurs revenus fonciers et agricoles ainsi que <strong>de</strong>leurs revenus mobiliers qui n'ont pas été déjà assujettis au précompte<strong>de</strong> <strong>la</strong> taxe proportionnelle ou ne sont pas exonérés <strong>de</strong> celte taxe.En outre, elles sont exonérées <strong>de</strong> <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong>s patentes dansles conditions prévues à l'article 1451-10° du même co<strong>de</strong> et dispensées,en l'état aeluel <strong>de</strong>s textes, du versement forfaitaire <strong>de</strong>5 p. -00 à raison <strong>de</strong>s sommes payées par elles à litre <strong>de</strong> traitementset sa<strong>la</strong>ires. Les agents et sous-agents <strong>de</strong> ces organismespeuvent bénéficier <strong>de</strong>s avantages institués par l'article 20 <strong>de</strong> là loiprécitée du 25 juillet 1953 en faveur <strong>de</strong>s personnes exerçant uneprofession agricole ou connexe à l'agriculture pour tes assurances<strong>de</strong>s risques qu'ils encourent. Quant à leurs rémunérations, elles sontsoumises au régime fiscal <strong>de</strong> droit commun. Enfin, l'examen <strong>de</strong> leursituation au reuard <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale échappe à <strong>la</strong> compétencedu département <strong>de</strong>s finances et relève du département du travail et.<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale ainsi que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> 1'agrieulluro,12337. — M. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. te secrétaire d'Etat aubudget: 1» comment doit s'entendre l'article. 231 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>simpùts à l'égard <strong>de</strong>s commerçants qui reven<strong>de</strong>nt en l'état <strong>de</strong>s marchandisesauxquelles ils apposent leur marque; 2° quel sens l'administration,dans son instruction S B du 3 mars 1952, entend donnerau mot « plus-value ». el suivant quelles règles peut être dégagéecelte plus-value. (Question du 21 juin 195.1.)Réponse. — En principe, <strong>la</strong> simple apposition, d'un nom ou d'unemarque ne confère pas fi celui qui y procè<strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> producteur.Toutefois si elles ont pour but d'assurer <strong>la</strong> « présentation commerciale•> postérieurement à <strong>la</strong>pério<strong>de</strong> comprise dans ces déc<strong>la</strong>rations. 11 s'ensuit que le complément<strong>de</strong> rémunération alloué au gérant visé dans ia question àraison- du bénéfice social correspondant à <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> l'évaluation<strong>de</strong>s stocks et qui, nécessairement, n'a "élé mis à <strong>la</strong> dispositiondu bénéficiaire qu'après l'expiration <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> susviséedoit être soumis à l'impôt dans les conditions <strong>de</strong> droit commun,sous réserve, le cas échéant, <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>l'article 103 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôts re<strong>la</strong>tives à l'étalement, pourl'assiette <strong>de</strong> <strong>la</strong> surtaxe progressive, <strong>de</strong>s revenus exceptionnels oudifférés.130S0. — M. <strong>de</strong> MontgoSfïer expose à M. le secrétaire d'Etat aubudget que <strong>de</strong>s succédions confondues <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux époux, il dépendune propriété agrico'e que leuis enfants' ont l'intention <strong>de</strong> partagerpour l'attribution à un seul d'entre eux, à charge d'une soi il le pour<strong>la</strong>quelle l'attributaire bénéficie <strong>de</strong> l'exonération fiscale édictée parl'article 710 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôls. Dans l'année qui suivrace partage, l'attributaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété agricole se propose <strong>de</strong> faireentre ses propres enfants, le partage anticipé <strong>de</strong> ses biens, v comprisdans ce partage, <strong>la</strong> propriété agricole pour <strong>la</strong>quelle il a" bénéficié<strong>de</strong> l'exonération <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> soulte. Aux termes <strong>de</strong> ce partageanticipé celle propriété sera attribuée à l'un <strong>de</strong> ses enfants;<strong>de</strong> ce fait, le donateur ne remplira plus les conditions d'exploitationpersonnelle, pendant cinq ans.'Cependant l'article 710 du co<strong>de</strong> généra!<strong>de</strong>s impôts étant ainsi conçu sous le <strong>de</strong>uxième alinéa: « Toutefoissi dans un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> cinq ans, l'attributaire vient à cesserpersonnellement <strong>la</strong> culture ou à décé<strong>de</strong>r sans que ses héritiers <strong>la</strong>continuent, ou si... les droits <strong>de</strong> mutation et, le cas échéant, <strong>la</strong>taxe exceptionnelle sur <strong>la</strong> première mu<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong>viennent exigibles ».11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si on peut considérer que le partage anticipé doitêlre assimilé à un partage <strong>de</strong> succession et que le vœu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi esljrempli, si l'enfant attributaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété prend dans l'acte <strong>de</strong>


donation-jpartaae l'engagement <strong>de</strong> continuer l'exploitation pendantcinq ans au lieu et p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> son père donateur. (Question du 9 juillet1951.)Réponse. — La donation, à titre <strong>de</strong> partage anticipé, par l'attributaire<strong>de</strong> l'exploitation agricole à ses propres entants — opérationqui, sous réserve d'un examen <strong>de</strong>s circonstances particulières <strong>de</strong>l'affaire, peut, elle-même, profiter éventuellement <strong>de</strong> l'exonération<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> soulte prévue par l'article 710 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>simpôts — est susceptible <strong>de</strong> faire perdre au donateur le bénéfice<strong>de</strong> <strong>la</strong> franchise d'impôt qui lui a été accordée en vertu <strong>de</strong> ce texteà l'occasion du partage <strong>de</strong>s successions confondues <strong>de</strong> ses parents,si, dans le 'dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> cinq ans, à compter dudit partage, elle entraiTie<strong>la</strong> cessation par l'intéressé <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture <strong>de</strong> l'exploitation dont it6'agit (rapp. réponse à <strong>la</strong> question écrite n® 9012, posée le 8 octobreHO-'t, par M. Mailhc, député, J. 0-, Débats <strong>parlementaires</strong>,A. N., du 29 décembre 1953, p. 0921).13114. — M. Burlot expose à M. le secrétaire d'Etat au budget lecas suivant: un mari, sa femme et sa belle-mère achètent conjointementet indivisément entre eux un appartement, le inaii pour iamoitié, <strong>la</strong> femme pour un quait el <strong>la</strong> belle-mère pour le <strong>de</strong>rnierquart; qu'ils déc<strong>la</strong>rent dans l'acte que celle acquisition est faitedans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 10 avril 1951, article 35, les locaux étant,à <strong>la</strong> date du transfert <strong>de</strong> propriété, occupés par <strong>la</strong> belle-mère Atitre d'habitation principale, étant bien précisé que le mari et <strong>la</strong>femme n'ont pas pour l'instant l'intention d'habiter cet appartement,et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si <strong>la</strong> mutation doit bénéficier en son entier <strong>de</strong>sdispositions <strong>de</strong> l'artic'e 35 du 10 avril 1951, ou simplement pour lesjparts acquises par <strong>la</strong> mère el <strong>la</strong> fille. (Question du 20 juillet 1951.)Réponse. — La mutation envisagée est susceptible <strong>de</strong> bénéficierpour <strong>la</strong> totalité du prix <strong>de</strong>s allégements <strong>de</strong> droits prévus parl'article 35 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n® 51--01 du 10 avril 1951, il <strong>la</strong> condition quel'appartement qui en fait l'objet reste affecté à l'habitation principale<strong>de</strong> l'ascendante.13115. — M. Chrïsliaens expose à M. le secrétaire d'Etat au budget:1° que ia loi n» 51-101 du 10 avril 19ji (art. 35) institue un régimefiscal privilégié pour les ventes <strong>de</strong> logements d'immeubles bâtisou <strong>de</strong> droils indivis immobiliers <strong>de</strong>stinés à donner une habitationprincipale à l'acquéreur ou à son conjo'nt. ses ascendants ou <strong>de</strong>scendants,à <strong>la</strong> condition qu'à <strong>la</strong> dale du transfert <strong>de</strong> propriété ceslogements soient déjà effectivement occupés par l'acquéreur, sonconjoint, ses ascendants ou <strong>de</strong>scendants, ou soient libres (


<strong>de</strong> contrat individuel. Tel n'est pas le cas en ce qui concerne lespersonnels ouvriers et hospitaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine quisont dotés d'un statut leur assurant <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> l'emploi et <strong>de</strong>traitements calqués sur ceux <strong>de</strong>s catégories homologues <strong>de</strong>s administrations<strong>de</strong> l'Etat. Dans ces conditions, il n'y a pas lieu d'appliquerl'ordonnance du 13 août 1915 aux personnels dont il s'agit.FINANCES, AFFAIRES ECONOMIQUES ET PLAN.12879. — M. Marcel Ribère <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 5 M. le ministre <strong>de</strong>s finances,«les affaires économiques et du p<strong>la</strong>n, s'il compte prendre <strong>de</strong>s mesurespour que fe payement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pension <strong>de</strong> veuve <strong>de</strong> guerre puisse,a <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>" l'intéressce, ctre effectué à son compte chèque postât.(Question du 10 juin 1954.)Réponse. — Les titu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> pensions <strong>de</strong> toute nature inscritesau Grand Livre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte publique peuvent, conformément aux dispositionsprévues par l'arrêté interministériel n° 3 du 7 octobre 1920pris en application <strong>de</strong> l'article G <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 5 septembre 1919, obtenirle payement <strong>de</strong> leurs arrérages par virement à un compte chèquepostal. Les intéressés <strong>de</strong>vaient," après en avoir effectué <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>et avoir éventuellement provoqué l'assignation <strong>de</strong> leur pension sur<strong>la</strong> caisse du trésorier payeur général du département <strong>de</strong> leur rési<strong>de</strong>nce,adresser à ce comptable supérieur, à chaque échéance, avecle coupon échu revêtu <strong>de</strong> !a mention « à payer par virement », uncertificat <strong>de</strong> vie établi au plus tôt <strong>la</strong> veille dé l'échéance. A <strong>la</strong> suite<strong>de</strong> l'intervention du décret n» 53-911 du 26 septembre 1953 portantsimplification <strong>de</strong> formantes administratives, et afin <strong>de</strong> favoriserl'utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> payement <strong>de</strong>s pensions par virement,il.a été décidé que <strong>la</strong> justification" <strong>de</strong> l'existence du pensionné danscette hypothèse résulterait <strong>de</strong> l'envoi par ce <strong>de</strong>rnier du coupon <strong>de</strong>sarrérages échus, détaché du carnet <strong>de</strong> quittances et revêtu <strong>de</strong> <strong>la</strong>mention « à payer par virement » suivie <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature du pensionné.possibilités d'expansion <strong>de</strong>s mines et <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> leurs prix dorevient. Quelques déca<strong>la</strong>ges sont cependant constatés dans les livraisonsà l'agriculture française: ils sont <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> trois semaineset non pas <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois. Ces '.'éca<strong>la</strong>ges sont imputablesau fait que, pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s congés payés en juillet et enaoût,..<strong>la</strong> production <strong>de</strong>s mines se trouve obligatoirement limitée.11 n'en reste pas moins que sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s prévisions actuelles, i<strong>la</strong>ura élé, à fin août, mis à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> France 227.000 tonnesenviron <strong>de</strong> K 20 (dont environ 15.000 tomes pour i'outre-mer etl'industrie), ce chiffre é<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40.000 tonnes supérieur auchiffre <strong>de</strong>s livraisons <strong>de</strong> l'année précé<strong>de</strong>nte. On peut ainsi conclure:1° les livraisons <strong>de</strong> potasse à 1 agriculture française sont en augmentationimportante d'une campagne à f'autre (28 p. 100) ; 2° surl'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne en cours, les besoins français .serontintégralement servis; 3° les retards momentanés dus à <strong>la</strong> simultanéitéd'une grosse <strong>de</strong>man<strong>de</strong> eslivale et <strong>de</strong>s congés payés nedépassent pas trois semaines; 4° lés ventes à l'exportation ont ététrès sensiblement réduites aux dépens <strong>de</strong> marchés intéressants et.stabfes (30.000 tonnes déjà sur nos possibilités).INTERIEUR1234S. — M. Girard expose à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur qu'ildétient le.s caries électorales délivrées à certains électeurs et électricesdu Moule (-Gua<strong>de</strong>loupe), à l'occasion <strong>de</strong>s élections municipalesdu 20 avril 1953, par <strong>la</strong> municipalité sortante qu'il présidait, etles cartes électorales délivrées aux mêmes électeurs et élec'.rices,à l'occasion <strong>de</strong>s élections municipales du 5 juillet dans <strong>la</strong> mèmicommune, par les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> délégation administrative spécial^instituée par 1e décret arbitraire du 2 mai 1953; que les <strong>de</strong>rnière»cartes indiquent <strong>de</strong>s numéros d'inscription sur <strong>la</strong> liste électoral*»rlilférents <strong>de</strong> ceux indiqués sur les premières, qu'ainsi, notammentà titre d'exemple, voici pour trois électeurs ce que révèle <strong>la</strong> confrontation<strong>de</strong>s cartes électorales:INDUSTRIE ET COMMERCE13204. — M. Penoy appetfe l'attention <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong> l'industrieet du commerce sur <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle setrouvent les agriculteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> l'Est, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong>pénurie qui existe actuettement sur le marché <strong>de</strong>s potasses. Depuisbientôt un an, les livraisons <strong>de</strong> potasse sous toutes ses formes,cliforure <strong>de</strong> potassium ou sylvinile, sont très difficiles à obtenir.Pour <strong>la</strong> campagne 1954 et 1955, <strong>la</strong> Société <strong>de</strong>s potasses, par crainte<strong>de</strong> ne pouvoir répondre à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, a décidé « d'endiguer » lescomman<strong>de</strong>s en proposant à chaque acheteur une « mise en mains »au prorata <strong>de</strong> ses références <strong>de</strong>s exercices précé<strong>de</strong>nts. Mais, <strong>de</strong> plusen plus, <strong>de</strong>s retards <strong>de</strong> un à <strong>de</strong>ux mois sont prévus dans <strong>la</strong> date<strong>de</strong>s livraisons <strong>de</strong> telle sorte que le maigre contingent alloué auxagriculteurs pour l'automne prochain ne sera en réalité livré qu'enoctobre ou novembre, alors nue les semailles seront déjà faites. Ilne tait aucun doute que ta pénurie <strong>de</strong> potasse provient certainement<strong>de</strong> l'augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation, mais il est non moins certainqu'elle provient surtout du maintien <strong>de</strong> l'exportation poursatisfaire aux contrats <strong>de</strong> vente à l'étranger. 11 <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : 1° quelleest l'importance <strong>de</strong> ces exportations par rapport à ia consommation<strong>de</strong> l'agriculture française ; 2» quelles mesures seront prises pourpallier cette pénurie et permettre <strong>de</strong> répondre aux besoins <strong>de</strong>sagriculteurs français. (Question du 21 juillet 1951.)Réponse. — Les mines domaniales do potasse d'Alsace doiventfaire face <strong>de</strong>puis seize mois à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue, tant en Francequ'à l'exportation. Les livraisons à l'agriculture française sont enaugmentation continuelle.CAMPAGNE fil 1951-1932T K 20.CAMPAGNE 19îi2-19K3T K 20.CAMPAGNE l!»3-193iT K 20.396.780 370.588 476.071(1) Les campagnes s'enten<strong>de</strong>nt du l« r mai au 30 avril.Depuis le début <strong>de</strong> l'exercice 1954-1955, il a été mis à <strong>la</strong> disposition<strong>de</strong> <strong>la</strong> France 149.000 tonnes K 20 sur les mois <strong>de</strong> mai et juin,soit une augmentation <strong>de</strong> 17.000 ' tonnes par rapport à <strong>la</strong> mêmepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'exercice 1953-1951. Au début <strong>de</strong> 1953, les stocks dansles magasins <strong>de</strong>s mines ont, à certain moment, atteint 180.000 tonnes<strong>de</strong> potasse pure. L'importance <strong>de</strong> ces stocks provenait d'une diminutiontrès sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'agriculture métropolitainequi s'est manifestée en 1952-1953. Malgré les crèves <strong>de</strong> l'été 1953et malgré l'accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis plus d'un an, il aélé néanmoins possible <strong>de</strong> satisfaire tous ies besoins <strong>de</strong> fa campagne1953-1954. Mais, <strong>de</strong> ce fait, les stocks étaient très faibles au1 er mai 1954. La Société commerciale <strong>de</strong>s potasses d'Alsace, plutôtque d'enregistrer inconsidérément <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s pour n'importequels tonnages sans avoir ie moyen <strong>de</strong> les livrer à bonne date, apréféré limiter chaque mois les inscriptions <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s au tonnagedont <strong>la</strong> livraison était envisagée comme possible sur le moisconsidéré. Depuis le 1 er mai 1954~, les exportations sérieusementcomprimées n'ont été que <strong>de</strong> 87.000 tonnes, c'est-à-dire moins <strong>de</strong>60 p. 100 <strong>de</strong>s livraisons à <strong>la</strong> France. 11 ne peut être question <strong>de</strong> les •réduire encore, ce qui aurait pour conséquence <strong>de</strong> perdre définitivementà long terme certains marchés et compromettrait lesNUMÉROSNUMÉROSd'inscriptiond'inscriptionNOMS EX PRÉNOMS sur les cartes délivrées sur les caries délivrée®pour le scrutinponr le scrutindu 28 avril 19«3 du S juillet 1933.Pontorson l'Albertine-Marie),veuve Bellon-Saint-Louis... 5106 4432Galles (Arcaoe-Théodose) 3883 2236Gra<strong>de</strong>! iRené-Sclio<strong>la</strong>stique)... 1059 2108Qu'ainsi il est prouvé: a) que <strong>la</strong> liste électorale <strong>de</strong> <strong>la</strong> commun»du Moule, close .le 31 mars 1953,. a été falsifiée par les membres <strong>de</strong><strong>la</strong> délégation spéciale, ce qui est le crime <strong>de</strong> faux en écriture publique;6) qu'en vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s articles 25 du décret organique du2 février .1852 et 8 du décret réglementaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> môme date, cen'est pas <strong>la</strong> liste électorale close le 31 mars 1953 qui a élé utiliséepour le scrutin du 5 juillet 1953, ce qui est une inobservation volontaire<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi et un délit <strong>de</strong> Irau<strong>de</strong> électorale, sans préjudice ducrime d'usage <strong>de</strong> faux; qu'il y a lieu <strong>de</strong> préciser les responsabilitésrespectivement encourues par l'administration municipale et préfectoralec<strong>la</strong>ns ces graves, faits délicluels et criminels. 11 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>:1« quelle réponse "le préfet <strong>de</strong> l'a Gua<strong>de</strong>loupe a faite à <strong>la</strong> lettren° 395 S. en date du 20 mai 1953, du prési<strong>de</strong>nt da <strong>la</strong> délégation spéciale;2» pourquoi le préfet <strong>de</strong> ta Gua<strong>de</strong>loupe a adressé au prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> <strong>la</strong> délégation spéciale <strong>de</strong> nouvelles cartes électorales et combien;3° si <strong>la</strong> copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste électorale du Moule, close le 31 mars 1953,a bien éfé déposée au secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfecture, conformémentau <strong>de</strong>uxième alinéa <strong>de</strong> l'article 7 du décret réglementairedu 2 février 1852, et si ce document est toujours détenu par <strong>la</strong> préfecture;4° si en application <strong>de</strong> l'article 8 du décret n° 50-1581 du29 décembre 1950, le tableau <strong>de</strong>s changements apportés à <strong>la</strong> listeélectorale après sa clôture a été adressé au préfet par qui <strong>de</strong> droitdix .jours avant les scrutins du 26 avril et du 5 juillet 1953 et si ces<strong>de</strong>ux documents sont encore détenus par <strong>la</strong> préfecture: 5° ce. quele préfet a fait pour vérifier si le scrutin du 5 juillet 1953 se faisaitbien conformément à <strong>la</strong> loi sur <strong>la</strong> liste électorale close le 31 mars1953; 6° si, le 7 mai 1953, soit dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> son instal<strong>la</strong>tion,<strong>la</strong> délégation spéciale s'est bien fait remettre par le chef du bureau<strong>de</strong> l'é<strong>la</strong>t-civi', contre reçu signé, <strong>de</strong>ux listes électorales-mères duMoule: a) liste <strong>de</strong> l'année 1952 paginée <strong>de</strong> 1 à 78 rouge et 1 à 78bleu; b) liste <strong>de</strong> l'année 1953 paginée <strong>de</strong> 1 à 77 rouge et 1 à 76bleu. (Question du 11 mai 1954.)Rénonse. — La question posée par l'honorab'e parlementaire exige<strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> certains éléments complémentaires d'information, qui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra un certain dé<strong>la</strong>i. Une réponse définitive sera adresséedès que fe ministère do l'intérieur sera en possession <strong>de</strong> ces renseignementscomplémentaires qu'il recueille actuellement.12SS3. — M. Girard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur- 1° si,en application du <strong>de</strong>uxième alinéa <strong>de</strong> l'article 11 du décret régiemen <strong>la</strong> ire du 2 février f852, un maire ne peut pas, par arrêté, définir« aux abords d'un bureau <strong>de</strong> vote », un périmètre c<strong>la</strong>ns lequel iaforce publique, n'aurait pas fe droit <strong>de</strong> stationner sans l'autorisationdu prési<strong>de</strong>nt dùdit bureau; 2° si le préfet ne commettrait pas unabus <strong>de</strong> pouvoir en cassant un tel arrêté. (Question du 1 er juin 1954).Réponse. — 1" Aux termes <strong>de</strong> l'article 11 du décret réglementairedu 2 février 1852: « Le prési<strong>de</strong>nt du collège ou do <strong>la</strong> section a seul<strong>la</strong> police <strong>de</strong> l'assemblée, huile force armée ne peut, sans autorisa-


tion, êlre pincée dans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s séances, ni aux abords du lienoù se tient l'assemblée. Les autorités civiles et les commandantsmilitaires sont tenus <strong>de</strong> déférer à ses réquisitions ». De ce texte,il résulte que: <strong>la</strong> police <strong>de</strong> <strong>la</strong> sailc <strong>de</strong>s séances, voire même <strong>de</strong> sesabords immédiats, est exercée par le prési<strong>de</strong>nt du bureau <strong>de</strong> vo'eet par lui seul; il peut disposer <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> police ou <strong>de</strong> gendarmeriequand les circonstances l'exigent, et notamment lorsque <strong>de</strong>sinci<strong>de</strong>nts ou <strong>de</strong>s manifestations sont susceptibles d'altérer <strong>la</strong> sincéritédu scrutin; lorsque le prési<strong>de</strong>nt exerce ses pouvoirs <strong>de</strong> polie..},il n'agit pas en tant que maire; ses décisions doivent intervenirsous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> réquisitions telles qu'elles ont été prévues par ielégis<strong>la</strong>teur et non sous <strong>la</strong> forme d'arrêtés qui sont le fait du seulmagistrat municipal; 2» il appartient à <strong>la</strong> juridiction administrative,à l'occasion <strong>de</strong> chaque cas d'espèce, d'apprécier <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> l'arrêtdu préfet, si elle est saisie d'un recours en excès <strong>de</strong> pouvoir.12524. — M. Girard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ii M. <strong>la</strong> ministre ria l'intérieur;I® les raisons pour lesquelles le 20 avril 1053, en cours <strong>de</strong> scrutinet avant <strong>la</strong> clôture <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> vote, le préfet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupea enjoint, par télégramme, les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> bureau <strong>de</strong> vole<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville du Moule <strong>de</strong> lui communiquer le nombre <strong>de</strong> votants,alors qu'une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> semb<strong>la</strong>ble n'a pas été faite aux prési<strong>de</strong>nts<strong>de</strong>s bureaux <strong>de</strong> vote <strong>de</strong>s autres communes; 2° s'il est <strong>de</strong> règle queies préfets s'inquiètent ainsi du nombre <strong>de</strong>s votants en cours <strong>de</strong>scrutin. (Question du 1 er juin 1055.)Réponse. — 1° il entre dans les attribution? dos préfets, au tilre<strong>de</strong> leur mission légale d'information générale, <strong>de</strong> se renseigner et<strong>de</strong> renseigner fe Gouvernement sur lè déroulement <strong>de</strong>s différentsscrutins. 11 va do soi qu'en cours <strong>de</strong> scrutin <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong>cette nature ne peuvent être recueillies que par sondage; 2» il estfréquent que ies préfets recueillent <strong>de</strong>s indications fur <strong>la</strong> physionomied'un scrutin et notamment sur le taux d« l'abstentionnisme,en attendant que <strong>la</strong> centralisation <strong>de</strong>s résultats fournisse à ce sujet<strong>de</strong>s données statistiques exactes.12525. — M. Girard rappelle à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur que leconseil <strong>de</strong> préfecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupe, réuni en bureau électoralle 29 avril 1953 sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l'arrêté préfectoral n» 53010 du23 avril 1953 « prescrivant le dépouillement d'une urne saisie etl'étab'issement du procès-verbal <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> recensement général<strong>de</strong>s voles <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville du Moule le 20 avril 1953 », a rendu <strong>la</strong>décision suivante : « Vu les documents et les éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause,constate qu'il n'y o pas lieu a proc<strong>la</strong>mation »; que le décret du2 mai 1353 instituant au Moule une délégation spéciale à un considérantunique que voici: « Considérant qu'à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>ntssurvenus lors <strong>de</strong>s spérations électorales auxquelles il a été procédéle 20 avril 1953 pour l'élection du conseil municipal, du Moule (Gua<strong>de</strong>loupe),te conseil <strong>de</strong> préfecture a eslimé par décision du 29 avril 1953qu'il n'y avait pas lieu à proc<strong>la</strong>mation <strong>de</strong>s résultats »; que l'addition<strong>de</strong>s'mots « <strong>de</strong>s résultats » et <strong>la</strong> substitution du verbe « estimer •au verbe « constater » réalisent une véritable falsification <strong>de</strong> l'espritet <strong>de</strong> <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision du conseil <strong>de</strong> préfecture, <strong>la</strong>quelle n estpas un jugement mais une constatation objectivé que les documentsélectoraux détenus et les éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause interdisent <strong>de</strong> fairece que prescrit l'arrêté préfectoral du 20 avril 1953. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>:1® si les verbes « estimer » et « constater » sont synonymes; 2° sile Gouvernement, en prenant le décret du 2 mai 1953, avait connaissance:n) du libellé exact <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision du conseil <strong>de</strong> préfecture;b) du fait que le prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong> préfecture et le préfetdétenaient chacun un exemp<strong>la</strong>ire du procès-verbal <strong>de</strong>s o.péralions <strong>de</strong>recensement général <strong>de</strong>s votes du Moule portant proc<strong>la</strong>mation d'unconseil municipal, dressé par le premier bureau centralisateur duMoule. (Question du l« r juin 1955.)Réponse. — C'est compte tenu <strong>de</strong>s divers éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause,et notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision du conseil <strong>de</strong> préfecture du 29 avril 1953,que le Gouvernement a, par décret du 2 mai 1953, institué unedélégation spéciale au Moule. Kn l'absence <strong>de</strong> proc<strong>la</strong>mation, il luiappartenait en effet <strong>de</strong> pourvoir fi l'administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> communeen instituant une délégation spéciale conformément i l'article 44<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 5 avril lr$4.13030. — M. Bal<strong>la</strong>nger expose à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur que,<strong>de</strong>puis 1916, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> l'Etang-<strong>la</strong>-Vilie(Seine-el-Oise) néglige <strong>de</strong> réunir cet organisme, bien que le budgetmunicipal comporte chaque année une subvention <strong>de</strong>stinée à <strong>la</strong>caisse <strong>de</strong>s écoles; et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> queîs sont les textes légis<strong>la</strong>tifsqui permettraient à un maire, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>s écoles, <strong>de</strong>se refuser à <strong>la</strong> convocation <strong>de</strong> l'assemblée générale statutaire.(Question du 8 juillet 1954.)Réponse. — Il n'existe aucun texte légis<strong>la</strong>tif qui permette à unmaire, prési<strong>de</strong>nt du conseil d'admini-tralion <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>s écoles,<strong>de</strong> refuser <strong>de</strong> convoquer les assemblées générales statutaires.13160. — M. Barrés <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur s'ilentend remédier à <strong>la</strong> disparité <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement entre les sténodactyloset les commis <strong>de</strong> préfecture, titu<strong>la</strong>risés en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 3 avril1950, les premiers ayant bénéficié, pour leur avancement dans leurnouveau cadre, <strong>de</strong>s" années <strong>de</strong> service accomplies antérieurementalors que les seconds ont été intégrés h l'échelon correspondantau traitement égal ou immédiatement supérieur à celui qu'ils percevraienten qualité d'auxiliaires ou d'agents du cadre complémentaire.(Question du 20 juillet 1951.)Réponse. — Les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 3 avril 1950 et le décretdu 29 septembre lf50 pris pour son application, prévoient que lesemployés auxiliaires, les agents <strong>de</strong>s cadres complémentaires et lesemployés <strong>de</strong> bureau sur contrat, intégrés dans le cadre « G »(commis et sténodactylographes), seront rec<strong>la</strong>'ssés dans leur nouvelemploi à l'échelon <strong>de</strong> début <strong>de</strong> l'échelle <strong>de</strong> ' traitements en vieueurà <strong>la</strong> dale <strong>de</strong> leur nomination. Ces mêmes dispositions précisenttoutefois que les intéressés pourront bénéficier, le cas échéant, àcelle, même date, pour leur avancement: 1» <strong>de</strong>s services militairesobligatoires et assimilés donnant lieu à rappel ainsi que <strong>de</strong>s majorationsd'ancienneté prévues en faveur <strong>de</strong>s déportés et internés <strong>de</strong> <strong>la</strong>résistance ; 2» <strong>de</strong>s services civils au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 10 ans, va<strong>la</strong>blesou vatidabtes pour <strong>la</strong> retraite, accomplis dans les administrations,offices, services et établissements permanenls <strong>de</strong> l'Etat. Les textesprécités pré oient en outre que les bénéficiaires d'une mesured'intégration au tilre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> l'auxiliariat pourront, lorsque<strong>la</strong> rémunération afférente à leur nouvel emploi sera inférieure àcelle qui leur était attribuée dans leur précé<strong>de</strong>nt emploi, bénéficierd'une in<strong>de</strong>mnité différentielle dans les conditions prévues par lesdécrets <strong>de</strong>s 4 août 1917 et 12 septembre 1946. Ces dispositions étaientapplicables A tous les agents en fonctions dans les administrationscentrales <strong>de</strong>s ministères et aux personnels <strong>de</strong>s services extérieursen dépendant. En ce qui concerne les fonctionnaires <strong>de</strong> préfecture,it leur a donc été fait application <strong>de</strong>s textes généraux intervenusen Ja matière. Toutefois, dans le, cadre <strong>de</strong>s règles fixées par cestextes, en égard à certaines situations particulières, ces dispositionsont été appliquées avec le maximum <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nce. Dans cescondilions et après un nouvel examen <strong>de</strong> cette question, il n'estpas possible d'envisager, sans enfreindre les règles générales poséesen <strong>la</strong> matière, <strong>de</strong> nouveaux aménagements aux rec<strong>la</strong>ssements auxquelsont procédé mes services.13162. — M. Césaire, non satisfait <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse du 8 juillet 1951 àsa question n» J23&5, attire à nouveau l'attention do M. le ministratie l'intérieur sur les difficultés actuellement faites aux personnelscommunaux <strong>de</strong>s départements d'outre-mer qui, nu bout <strong>de</strong> cinq ansso'lifiient le bénéfice d'un congé -administrant à passer dans <strong>la</strong>métropole; lui signale que <strong>la</strong> question ne Aise pas seulement certainscas d'espèce, mais qu'elle pose supplérnentairement et essentiellementune question <strong>de</strong> principe, savoir celle du droit au congé administratif<strong>de</strong> ces fonctionnaires, question à <strong>la</strong>quelle il est "possible<strong>de</strong> répondre en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute enquête; prend acte do ce que <strong>la</strong>réponse ministérielle compoitc une reconnaissance implicite <strong>de</strong> cedroit, et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une réoonse explicite qui ne manquerait pas<strong>de</strong> c<strong>la</strong>rifier <strong>la</strong> tilualion <strong>de</strong>s "personnels en cause, en mettant unterme aux refus qui leur sont opposés et que les dispositions <strong>de</strong><strong>la</strong> loi du 28 avril 1952 ren<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce arbitraires. (Questiondu 20 juillet 1951.)Réponse. — L'enqucte administrative k <strong>la</strong>quelle il est actuellementprocédé a précisément pour objet <strong>de</strong> déterminer les conditions d'applicationaux personnels communaux <strong>de</strong>s départements d'outre-mer <strong>de</strong>sdispositions prévues en matière <strong>de</strong> congé par <strong>la</strong> loi du 28 avril 1952.Les dérogations prévues en faveur <strong>de</strong>s' agents en fonction avant <strong>la</strong>date <strong>de</strong> promulgation <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi susvisée se réfèrent A <strong>de</strong>s situationsjuridiques variables selon les départements et comportant parfoisune certaine diversité <strong>de</strong> régime entre les communes d'un mêmedépartement. C'est pourquoi U est apparu nécessaire <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r hune élu<strong>de</strong> approfondie <strong>de</strong>s divers éléments <strong>de</strong> principe et <strong>de</strong> fait<strong>de</strong> <strong>la</strong> question avant <strong>de</strong> pouvoir donner une réponse explicite àl'honorable parlementaire»JUSTICE12531. — M. Isorr.i expo=e ?i M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice le casd'une personne en liberté provisoire, ayant fait l objet d'une condamnationprononcée par <strong>la</strong> Ifaute Cour qui a pris maintenant le caractèred'une condamnation par contumace, et qui attend vainement<strong>de</strong> pouvoir êlre jugée. 11 semble qu'il y ait là un véritable déni <strong>de</strong>justice. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: 1® ce qui s'oppose à ce que <strong>la</strong> Haute Cour,qui vient d'être désignée par le Parlement, statue sur l'affaire dontelle est saisie; 2» pourquoi <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> cassation se refuse à désignerles membres du parquet, comme <strong>la</strong> toi en vigueur lui en fait uneobligation; 3® s'il estime possible que <strong>la</strong> plus liante juridiction chargéedo dire le droit n'applique pas <strong>la</strong> loi, lorsque celle loi s'appliquedirectement à e.'te :1® comment peut fonctionner <strong>la</strong> Haute Cour tantque le projet <strong>de</strong> loi qu'il a déposé sur <strong>la</strong> désignation <strong>de</strong>s membresdu parquet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute Cour n'a pas été adopté ou, ce qui paraîtplus vraisemb<strong>la</strong>ble, s'il est repoussé par <strong>la</strong> commission saisie;5° quelles mesures il compte prendre pour qu'une justice normale soitassurée en France, en 1951. en faveur <strong>de</strong> ceux qui ont été condamnéspar contumace par <strong>la</strong> Haute Cour. (Question du 1 er juin 1951.)Réponse. — Le ministère pubuc n'a jamais cessé d'être représentéprès <strong>la</strong> Haute Cour <strong>de</strong> justice. Son service est assuré par <strong>de</strong>ux avocatsgénéraux qui ont qualité pour faire tous les actes qui se dévaleraientnécessaires. La Haute Cour <strong>de</strong> justice peut donc se réuniren l'état et cette réunion ne dépend que d'elle-même. Dans cesconditions, <strong>la</strong> désignation d'autres membres du parquet <strong>de</strong> cettehaute juridiction ne présente aucun caractère d'urgence. Il peut yêtre sursis, sans aucun préjudice pour les justiciables, en attente<strong>de</strong> <strong>la</strong> suite' qui sera donnée au projet <strong>de</strong> loi déposé 1e. 16 mars 1934à l'Assemblée nationale sous le n® .S038, tendant à modifier l'article 4<strong>de</strong> l'ordonnance du 18 novembre 1944 instituant une Haute Cour <strong>de</strong>justice.13001. — M. Girard expose ?i M. Se ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice que lerecensement <strong>de</strong> 1910 a révélé, pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune<strong>de</strong> l'ort-Louis un chiffre si manifestement erroné (2.911 habitantscontre 7.177 au recensement précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> 1930, que le préfet a


autorisé, le 8 janvier 1948, un recensement rectificatif, lequel adénombré 5.703 habitants; que malgré toutes les démarches faitesauprès <strong>de</strong>s services du ministère <strong>de</strong> l'intérieur, les chiffres <strong>de</strong> cerecensement rectificatif n'ont jamais été avalisés; qu'ainsi, <strong>de</strong>puishuit années, un préjudice considérable, notamment financier, estcausé à <strong>la</strong> commune intéressée; que, sans attendre les résultats >iurecensement <strong>de</strong> 1954, en cours, qui doit mettre fin à une situationinéquitablecneut prolongée, M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur envisage,par décret, <strong>de</strong> transférer le siège du chef-lieu du canton, <strong>de</strong> <strong>la</strong>commune <strong>de</strong> Port-Louis à celte d'Anse-Bertrand; que fa mutationenvisagée n'a aucune urgence avouable puisque ta situation qui luisert <strong>de</strong> prétexte date <strong>de</strong> 1946, que, dès l'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> division duterritoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupe en cantons, Port-Louis a toujours éléle siège du chef-lieu <strong>de</strong> canton parce que celte commune est leSiège <strong>de</strong> l'activité industrielle et économique régionale. Il lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>: 1" quelles sont les raisons d'ordre judiciaire imposant ietransfert du chef-lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Port-Louis à celle d'Anss-Bertrand; 2» s'il lui apparaît équitable <strong>de</strong> pénaliser <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> Port-Louis en éloignant <strong>la</strong> justice, pour tenir compte d'un critère<strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion officiellement reconnu erroné et à <strong>la</strong> veille d'êtrerectifié par un recensement en cours. (Question du 6 juillet 1954.)Réponse. — 1» Aucune raison d'ordre judiciaire n'impose le transfertdu chef-lieu du canlon <strong>de</strong> Port-Louis à <strong>la</strong> commune d'Anse-Bertrand; 2° le chef-lieu <strong>de</strong> ce canton administratif n'est pas lesiège <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> paix dont dépen<strong>de</strong>nt les <strong>de</strong>ux communes <strong>de</strong>l'Anse-Bertrand et <strong>de</strong> Port-Louis. Le décret du 25 août 1947 a établiau Moule celle juridiction qui doit <strong>de</strong>meurer dans celte localité,quel que soit le chef-lieu du canton formé par les <strong>de</strong>ux communesprécitées.13164. — M. Isorni <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice lenombre <strong>de</strong> grâces amnistiantes accordées, en verlu <strong>de</strong> l'article 11<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 6 août 1953, à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> question, et le nombre<strong>de</strong> rejets <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> grâces amnistiantes adressées en vertudu même article et à <strong>la</strong> même date. (Question du 20 juillet 1954.)Réponse. — 1° A <strong>la</strong> date du 20 juillet 1954, 101 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sd'amnistie ont reçu une solution favorable en application <strong>de</strong> l'article11 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 6 août 1953; 2» il n'existe pas <strong>de</strong> statistiques surle nombre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s re je fées.13168. — M. Regaudie expose il M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice quecertains services <strong>de</strong>s ponts et chaussées, s'appuyant sur <strong>de</strong>s instructions<strong>de</strong> leur administration, enten<strong>de</strong>nt faire recevoir par le« tribunal <strong>de</strong> simple police », le serment <strong>de</strong>s « conducteurs <strong>de</strong> chantiers» <strong>de</strong>s ponts et chaussées appelés à constater les infractionsà <strong>la</strong> police du rou<strong>la</strong>ge et <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong>s voies publiques,et ce, en application du décret-loi du 28 décembre 1926. CertainsJuges <strong>de</strong> paix ont fait connaître qu'à leur sens le tribunal <strong>de</strong> simplepolice ne leur paraissait pas- compétent pour recevoir le serment<strong>de</strong>s agents susvisés. il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: 1» si le tribunal <strong>de</strong> simplepolice est bien compétent pour recevoir le serment <strong>de</strong>s « conducteurs<strong>de</strong> chantiers » <strong>de</strong>s ponts et chaussées; 2° dans <strong>la</strong> négative,quelle est <strong>la</strong> juridiction compétente pour le recevoir; 3° quelle était,dans le passé, <strong>la</strong> juridiction compétente pour recevoir le serment<strong>de</strong>s « chets cantonniers » (ancienne appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s « conducteurs<strong>de</strong> chantiers »), d'une part avant, et d'autre part après l'entrée envigueur du décret-loi du 28 décembre 1926, et notamment son article2 qui leur a donné pouvoir <strong>de</strong> dresser <strong>de</strong>s procès-verbaux;4° d'une manière générale, <strong>de</strong>vant quelles juridictions doiventprêter serment les diverses catégories <strong>de</strong> fonctionnaires <strong>de</strong>s pontset chaussées, et en vertu <strong>de</strong> quels textes. (Question du 20 juillet1954.)Réponse. — Le ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice se concerte avec le ministère<strong>de</strong>s travaux publics sur certains points <strong>de</strong> <strong>la</strong> question posée.13169 — M. Regaudie expose à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice quele tribunal <strong>de</strong> paix est une juridiction composée d'un unique magistrat;qu'il est cependant d'un usage <strong>de</strong>venu à peu près constant,dans les justices <strong>de</strong> paix près <strong>de</strong>squelles ont-été délégués <strong>de</strong>ssuppléants rétribués <strong>de</strong> juge <strong>de</strong> paix, que ces magistrats suppléantssiègent, à toutes audiences, publiques ou non, voire en costumed'audience, auprès <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> paix tituîaires tenant l'audience;que le Justiciable non averti peut ainsi croire qu'il a, en face <strong>de</strong>lui, un tribunal composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux juges et non d'un seul. U lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> si cette manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r est régulière et, dans l'affirmative,par quets textes efte est autorisée. (Question du 20 juillet1954.)Réponse. — Aucun texte ne s'oppose à <strong>la</strong> pratique signalée parl'honorable parlementaire.13302. — M. Gourdon expose à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice quele décret <strong>de</strong> mai 1953 a refondu les frais <strong>de</strong> tournée <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong>paix. Désormais, pour avoir droit à une unité d'in<strong>de</strong>mnité, il fautêtre absent pendant fa durée totaîe <strong>de</strong> l'unité. Cependant, parsuite <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s trains, il arrive qu'un juge <strong>de</strong> paix soit hors<strong>de</strong> chez lui en tournée <strong>de</strong> huit heures du matin à vingt heures dusoir. Dans ce cas, certains parquets accor<strong>de</strong>nt seulement 416 F.Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si, dans le cas précité, fe juge <strong>de</strong> paix a droit àune seufe unité d'in<strong>de</strong>mnité ou à <strong>de</strong>ux. (Question du 28 juillet 1954.)Réponse. — Dans le cas précité le juge <strong>de</strong> paix a droit, en application<strong>de</strong> l'article 13 du décret du 21 mai 1953, à une unité dutaux <strong>de</strong> base <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> tournée.13303. — M. Gourdon expose à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice que lesjuges <strong>de</strong> paix ont le droit <strong>de</strong> fixer leur rési<strong>de</strong>nce dans une communequelconque <strong>de</strong> leur canton. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si les frais <strong>de</strong> tournéeauxquels ils ont droit doivent être calculés à partir du chef-lieu administratifdu canton, ou bien <strong>de</strong> leur rési<strong>de</strong>nce réelle.- (Question du23 juillet 1954.)Réponse. — La chancellerie estime, en ce qui <strong>la</strong> concerne, que lesfrais <strong>de</strong> tournée <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> paix doivent êlre calculés à partir duchef-lieu du canton.13363. — M. Capttevitle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice siun déUitant <strong>de</strong> boissons, sinistré par faits <strong>de</strong> guerre, qui a obtenul'autorisation <strong>de</strong> transférer sa licence dans une commune voisineconsidérée « agglomération nouvelle » par suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> création d'unecité provisoire dans un camp militaire évacué par l'armée américaine,et ce, en raison- <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> loger les sinistrés dans leurville d'origine, peut prétendre ramener <strong>la</strong> licence dans l'immeubleremembré. Bien qu'il y a eu trans<strong>la</strong>tion dans une autre commune,mais dans une cité provisoire, créée pour <strong>de</strong>s sinistrés qui sont restésélecteurs et qui ont conservé leurs occupations dans leur ville d'origine,peut-on considérer qu'il y eut: « réinstal<strong>la</strong>lion provisoire » dudébit <strong>de</strong> boissons et <strong>la</strong> loi du 18 avril 1951 peut-elle trouver dans cecas son application (h réouverture étant <strong>de</strong>mandée pour être effectuéedans l'immeuble remembré). Dans <strong>la</strong> négative, <strong>la</strong> loi du 16 avril1951 pourrait-elle être étendue, à savoir: « tous débits <strong>de</strong> boissonsdétruits par événements <strong>de</strong> guerre et transférés dans un rayon <strong>de</strong>25 kilomètres dans une agglomération nouvelle, pourront être rouvertsou transférés sur l'emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l'immeuble primitif ou dfesubstitution, dans les six mois qui suivent <strong>la</strong> réédification définitive<strong>de</strong> l'immeuble quel que soit son emp<strong>la</strong>cement ». (Question du 4 août1954.)Réponse. — Afin <strong>de</strong> permettre à <strong>la</strong> chancellerie <strong>de</strong> répondre à <strong>la</strong>question posée en toute connaissance <strong>de</strong> cause, le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceauxa l'honneur <strong>de</strong> prier l'honorable parlementaire <strong>de</strong> bien vouloir luifaire connaître le cas d'espèce auquel il se réfère.LOGEMENT ET RECONSTRUCTION12838. — M. Edouard Depreux <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du logementet <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstruction s'il envisage <strong>de</strong>, prendre <strong>de</strong>s mesuresen faveur <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Alutrad. (Question du25 juin 1954.)Réponse. — Les services du M. L. R. restent en contact permanent,tant avec le syndic qu'avec les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s coopératives et<strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s constructeurs, pour leur conseiller les meilleuresdispositions à prendre et, notamment, pour les inciter àgrouper les travaux restant à exécuter en vue d'obtenir <strong>de</strong>s conditions<strong>de</strong> prix-avantageuses. 11 est envisagé, en outre, <strong>de</strong> fairebénéficier fes anciens souscripteurs <strong>de</strong>s facilités maxima <strong>de</strong> financementoffertes par fa légis<strong>la</strong>tion et les étabfissements prêteurs. Parcelte double action, <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s souscripteurspourra être préservée et <strong>la</strong> perle qu'ils ont éprouvée pourraêtre compensée dans une <strong>la</strong>rae mesure.POSTES, TELEGRAPHES ET TELEPHONES13081. — M. Barthélémy expose â M. le secrétaire d'Etat auxpostes, télégraphes et téléphones que les facteurs <strong>de</strong>s postes, télégrapheset téléphones <strong>de</strong> Toulouse ayant effectue une grève <strong>de</strong>plusieurs jours, dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> légitimité les moins contestables,pour prolester contre une surcharge <strong>de</strong> distribution du courrierque vou<strong>la</strong>it leur imposer l'administration, et pour faire aboulir<strong>de</strong>s revendications d'ordre professionnef, un responsable <strong>de</strong> ce mouvementa été sanctionné et suspendu <strong>de</strong> ses fonctions. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>quelles mesures il compte prendre pour faire annufer ces sanctionsqui contredisent l'esprit et <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> notre Constitution et dustatut <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction publique. (Question du 8 juillet 1954.)Réponse. — L'agent en cause après avoir bénéficié <strong>de</strong> toutes lesgaranties statutaires a, sur <strong>la</strong> proposition du conseil central <strong>de</strong> discipline,élé frappé <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement d'office hors <strong>de</strong> <strong>la</strong>rési<strong>de</strong>nce, non pour <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> grève, mais pour <strong>de</strong>s manquementsà <strong>la</strong> discipline.SANTE PUBLIQUE ET POPULATION12223 M. René Schmitt <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santépublique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion si le temps passé en « congé <strong>de</strong> captivité» peut entrer en considération comme service militaire dans ledécompte <strong>de</strong>s services va<strong>la</strong>bles pour abaisser <strong>la</strong> limite d'ôae d'unouvrier qui a 42 ans et qui serait alors susceptible d'être .titu<strong>la</strong>risédans son emploi. (Question du 6 mai 1954 )Réponse. — Le temps passé en congé <strong>de</strong> captivité ne peut êlreconsidéré comme service militaire. Il he peut par ailleurs être prisen considération comme service civil car il ne correspond pas àune pério<strong>de</strong> pendant <strong>la</strong>quelle un agent a été empêché d'entrer dans<strong>la</strong> fonction publique ei d'y obtenir, le cas échéant, sa titu<strong>la</strong>risation.13054. — M. René Pleven <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santépublique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion à quelle date seront publiés les règlementsd'administration publique prévus par les articles 14 et 15 <strong>de</strong><strong>la</strong> loi n» 54-439 du 15 avril 1954 sur le traitement <strong>de</strong>s alcooliques.dangereux pour autrui. (Question du 7 juillet 1954.)


Réponse. — Il n'est pas passible au ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publiqueet <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> prendre un engagement précis sur <strong>la</strong> dateà <strong>la</strong>quelle seront publiés les règlements d'administration publiqueprévus par les articles 14 et 15 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 54-439 du 15 avril 1954sur le traitement <strong>de</strong>s alcooliques dangereux pour autrui. En effet,<strong>la</strong> mise au point <strong>de</strong> ces textes, qui sont en cours d'é<strong>la</strong>boration,s'avère extrêmement délicate en raison <strong>de</strong>s nombreux problèmesd'ordre juridique ou administratif que soulèvera l'application <strong>de</strong> <strong>la</strong>}oi du 15 avril.13055. - M. Pierre Villon <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santépublique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion: 1» le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s concernantles bonifications déposées par les agents <strong>de</strong> son ministère;2° le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s titu<strong>la</strong>risations déposées par lesAgents <strong>de</strong> son ministère; 3" le nombre do décisions d'attribution <strong>de</strong>(bonifications actuellement acquises; 4» le nombre <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risationsexceptionnelles actuellement acquises; 5® les mesures qu'il compteprendre pour améliorer, éventuellement, <strong>la</strong> ca<strong>de</strong>nce d'application <strong>de</strong>Ja loi. (Question du 7 juillet 1954.)Réponse. — 1» Nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s concernant les bonificationsdéposées par les agents du ministère: 126; 2® nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risations déposées par les agents du ministère: 6; 3» nombre<strong>de</strong> décisions d'attribution <strong>de</strong> bonifications actuellement acquises: 22;4» nombre do titu<strong>la</strong>risations exceptionnelles actuellement acquises: 2;5® le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se propose <strong>de</strong>provoquer <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong>s commissions administratives paritaires comjiétentesen vue <strong>de</strong> leur soumettre les extraits individuels du procèsverbal<strong>de</strong> <strong>la</strong> commission centrale prévue à l'article 3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loin® 51-1121 du 26 septembre 1951 qui transmis avec avis favorable,«ont actuellement en sa possesssion.13082. — M. Tourné expose à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique•t <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que l'incorporation anticipée <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième tranchedu contingent <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse 1951: 1° n'a pas permis aux famillesnécessiteuses d'effectuer <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'allocation militaire en tempsYoulu; '2® a privé un très grand nombre <strong>de</strong> foyers, d'ouvriers, <strong>de</strong>paysans, d'artisans, du seul et vrai soutien <strong>de</strong> famille en pleineprison <strong>de</strong> grands travaux. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelles dispositions ilcompte prendre: ) le relèvement du taux <strong>de</strong>s allocationsmilitaires est actuellement à l'étu<strong>de</strong> en liaison avec le ministère<strong>de</strong>s finances et <strong>de</strong>s affaires économiques e.t un texte serasans doute publié très prochainement.13177. — M. Bernard <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> ta santé publiqueet <strong>de</strong> ta popu<strong>la</strong>tion s'il est fait une obligation absolue aux parentsd'accepter les piqûres et vaccins préventifs faits par les soins <strong>de</strong>sJwrvices <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce médicale dans les écoles publiques. (Questiondu 20 jmUet 1054.)Réponse. — La question posée par M. Bernard se rapporte vraisemb<strong>la</strong>blementaux séances <strong>de</strong> vaccination collective organisées par lesservices départementaux <strong>de</strong> vaccination. Selon les disponibilités, cesséances peuvent se tenir dans <strong>de</strong>s locaux variés: dispensaires,mairies et très fréquemment écoles. Les vaccinations pratiquées aucours <strong>de</strong> ces séances sont celles dont l'obligation légale a été prescrite,à savoir <strong>la</strong> vaccination anti-variolique (loi du 15 février 1902)et <strong>la</strong> vaccination anlidipMérique-antit£tanique (lois <strong>de</strong>s 25 juin 1938et 21 novembre 1940). Sous peine d'encourir les sanctions prévuespar les lois, les assujettis doivent être présentés aux séances <strong>de</strong> vacpinationoù ils ont été convoqués. Sinon ils doivent justifier avoirété vaccinés par leur mé<strong>de</strong>cin particulier, ou présenter un certificat<strong>de</strong> contre-indication médicale à <strong>la</strong> vaccination.13338. — M. Christ iaens expose i M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publiqueet <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qu'aux termes <strong>de</strong> l'article 38 <strong>de</strong> l'ordonnancedu 24 septembre 1915 modifie'e par l'article 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 19 avril 1951,les décisions du conseil régional <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, organedisciplinaire <strong>de</strong> l'ordre, sont notifiées au mé<strong>de</strong>cin qui en a été,l'objet, au directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, au procureur <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,ou conseil national <strong>de</strong> l'ordre et au ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique.-Or, certains mé<strong>de</strong>cins frappés <strong>de</strong> suspension ou même rayés dutableau continuent d'exercer <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine et à signer <strong>de</strong>s feuilles<strong>de</strong> sécurilé sociale. 11 <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si une autorité quelconque est chargée<strong>de</strong> notifier les décisions du conseil régional aux caisses <strong>de</strong> sécuritésociale et aux divers services hospitaliers. (Question du 30 juillet1951.)Réponse. — n arrive en effet fréquemment, et ce en toute légalité,que <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins frappés par un coareil régional <strong>de</strong> l'ordred'une peine <strong>de</strong> suspension ou dé radiation du tableau continuent* un certain temps encore à exercer, et à signer par conséquent lesfeuilles <strong>de</strong> sécurité sociale <strong>de</strong> leurs ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, car les décisions <strong>de</strong>sconseils régionaux sont susceptibles d'appel <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> section disciplinairedu conseil national <strong>de</strong> l'ordre et l'appel a un effet suspensif,sauf en matière d'inscription au tableau (article 44 <strong>de</strong> l'ordonnancedu 24 septembre 1945 modifiée par <strong>la</strong> loi du 19 avril 1951, article 411du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé). Les mé<strong>de</strong>cins frappés <strong>de</strong>s peines précitées etqui ont fait appel peuvent donc continuer à exercer jusqu'à intervention<strong>de</strong> <strong>la</strong> décision du conseil national. La procédure d'oppositiond'autre part (article 39 <strong>de</strong> l'ordonnance du 24 septembre 1945,article 426 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé), dans le cas <strong>de</strong> décisions renduespar défaut, est également susceptible, avait recours éventuel à <strong>la</strong>procédure d'appel, <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r l'application <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine prononcée.L'ordonnance du 21 septembre 1915 en cause n'a pas enjoint à <strong>la</strong>juridiction professionnelle <strong>de</strong> noliller également ses décisions <strong>de</strong>suspension et <strong>de</strong> radiation aux organismes <strong>de</strong> sécurité sociale etaux services hospitaliers. Cette notification est cependant assuréedans <strong>la</strong> pratique par le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, lorsque <strong>la</strong> décisionest <strong>de</strong>venue définitive, c'est-à-dire lorsque les dé<strong>la</strong>is d'opposilionou d'appel sont écoulés, ou lorsque, en cas d'opposition le conseilrégional en cause a <strong>de</strong> nouveau statué et. lorsque, en cas d'appel,le conseil national s'est prononcé. Le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publiqueet <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité socialeintéressés se proposent d'ailleurs <strong>de</strong> remédier à cette <strong>la</strong>cune <strong>de</strong> <strong>la</strong>légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> notification <strong>de</strong>s décisions disciplinaires <strong>de</strong>l'ordre, en envisageant <strong>de</strong> modifier on conséquence les articles correspondants<strong>de</strong> l'ordonnance du 21 septembre 4915 réglementantl'exercice <strong>de</strong>s professions médicales et <strong>de</strong> t'ordonnance du 19 octobre1915 sur l'organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale.TRAVAIL ET SECURITE SOCIALE12573. — M. André Denis expose à M. le ministre du travail et <strong>de</strong>ta sécurité sociale que l'article 2 <strong>de</strong> l'ordonnance du 19 octobre 1945prévoit l'affiliation â <strong>la</strong> sécurité sociale <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s personnesne pouvant revendiquer l'indépendance professionnelle; qu'aucuneexception n'est prévue à celte règle qui n'est même pas compatibleavec l'absence <strong>de</strong> lien <strong>de</strong> subordination juridique; qu'un certainflottement semble poutant se manifester dans certaines caisses encc qui concerne l'affiliation <strong>de</strong>s infirmes travail<strong>la</strong>nt dans les « ateliersprotégés ». II lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> les mesures qu'il compte prendrepour rappeler aux caisses <strong>la</strong> portée <strong>de</strong>s dispositions légales en cequi concerne l'immatricu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ces travailleurs comme assurésobligatoires. (Question du 2 juin 1954.)Réponse. — Les dispositions <strong>de</strong> l'article 2 <strong>de</strong> l'ordonnancen» 45-2454 du 19 octobre 1945 ont <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce une porlée généraletrès étendue; elles visent, en effet, toutes les personnes sa<strong>la</strong>riéesou travail<strong>la</strong>nt à quelque tilre et en quelque lieu que ce soitpour le compte d'un ou <strong>de</strong> plusieurs employeurs et quels que soientle montant et <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> rémunération, <strong>la</strong> forme, <strong>la</strong> nature ou<strong>la</strong> validité du contrat <strong>de</strong>s intéressés. En dépit, toutefois, <strong>de</strong> leurporlée étendue, elles ne sauraient s'appliquer qu'à <strong>de</strong>s travailleursse trouvant, en fait, vis-à-vis d'une tierce personne, dans le rapportd'employé à employeur. Dans <strong>la</strong> pratique donc c'est l'examen <strong>de</strong>chaque "cas particulier qui doit permettre <strong>de</strong> déterminer si les infirmesvisés par l'honorable parlementaire se trouvent réellement dansun tel rapport.13250. — M. Mouchet rappelle à M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publi.«jue et <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que, dans le règlement intérieur <strong>de</strong>s hôpitauxil est dit: que les actes sont constatés conformément à l'artiele80 du co<strong>de</strong> civil, et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelles sont les formalités quidoivent être accomplies pour les hépitaux et celles qui incombentflux mairies. Comment, le cas échéant, doivent êlre rédigés les actes<strong>de</strong> décès et par qui sont signés ces actes- (Question du 25 juillet4951.)Réponse. — Lorsqu'un décès survient dans un établissementpublic hospitalier, il doit être fait application <strong>de</strong>s dispositions contenuesdans l'article 80 du co<strong>de</strong> civil. Le directeur <strong>de</strong> l'hôpital adressedans les vingt-quatre heures suivant le décès, à l'officier <strong>de</strong> l'étatcivil <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, siège <strong>de</strong> l'établissement, une déc<strong>la</strong>ration;toute» pièces d'i<strong>de</strong>ntité qui ont pu être trouvées sur le ma<strong>la</strong><strong>de</strong> sontprésentées h cet officier qui dresse, dans les conditions habituelles,l'acte <strong>de</strong> décès. Cet acte est signé par le directeur <strong>de</strong> l'hôpital àtitre <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rant. En outre, pour se conformer à l'article 80 susvisé,les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> décès sont consignées sur un registre coté et|>araptié tenu par le directeur <strong>de</strong> l'établissement hospitalier.1X722. — M. Besset signale à M. le miniaire du travail et <strong>de</strong> Msécurité sociale qu'un ouvrier mineur atteint <strong>de</strong> silicose professionnelle,incapable <strong>de</strong> travailler, n'a pu obtenir réparation immédiateni avance sur réparation, du fait que <strong>la</strong> durée pendant <strong>la</strong>quelle ilfut exposé au risque n'aurait été que <strong>de</strong> quatre ans et trois moisseulement. Cependant, un collège <strong>de</strong> trois mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> <strong>la</strong> circonscriptionminière, désigné par décision ministérielle, aurait pu dire« s'il s'gait d'une silicose nettement caractérisée. », auquel casl'intéressé aurait pu recevoir réparation et immédiatement uneavance à valoir- sur les arrérages <strong>de</strong> sa pension, mais les troisexperts ne sont toujours pas désignés. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: 1® les raisonsqui s'opposent, dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementationactuelles, à un examen plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cas d'ouvriers victimes<strong>de</strong> <strong>la</strong> silicose, et quelles mesures il compte prendre pourréduire ces trop longues attentes; 2® quand paraîtra l'arrêté ministérielrendant applicable l'arrête' du 23 novembre 1953 sur <strong>la</strong> compositionet le fonctionnement <strong>de</strong>s collèges <strong>de</strong> trois mé<strong>de</strong>cins prévus,d'abord par le décret du 17 novembre 1947, modifié ensuite par le<strong>de</strong>rnier alinéa <strong>de</strong> l'article 9 du décret n» 52-1168 du 18 octobre 1952.ÇQuestion du 11 juin 1954.),


Réponse. — Les retards constatés dans l'examen <strong>de</strong>s cas d ouvriersvictimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> silicose étaient imputables pour <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge, part àl'absence <strong>de</strong>s collèges <strong>de</strong> trois mé<strong>de</strong>cins confirmés par le décretdu 23 novembre 1953. La mise en .p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>sdits collèges n'a pu êtreimmédiate par suite <strong>de</strong>s problèmes d'incompatibilité entre les fonctions«te membre <strong>de</strong> ces collèges et les Jonctions actuelles ou emplois" <strong>de</strong>s candidats. Néanmoins, un arrêté du 28 juillet 19»i a désigné lesmembres titu<strong>la</strong>ires et suppléants <strong>de</strong>s collèges <strong>de</strong> trois mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong>Clermant-Ferrand, Lille (1"' collège), Limoges, Nantes, Nancy, Pariset Toulouse,


sitions sont prises pour permettre le fonctionnement effectif <strong>de</strong>sditscollèges dans les moindres dé<strong>la</strong>is, 2° l'article 13 susvisé <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du30 octobre 1916 permet i <strong>la</strong> caisse régionale d'imposer à toutcmploveur qui ne prend pas les mesures <strong>de</strong> prévention édictées, enapplication dudit article, une cotisation supplémentaire au titre <strong>de</strong>sacci<strong>de</strong>nts du travail. Le montant <strong>de</strong> cette cotisation supplémentairepeut atteindre 25 p. 100 du taux applicable à l'entreprise.13180. — M. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre tlu travail et<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociaie s'il serait possible <strong>de</strong> faire entrer en ligne <strong>de</strong>compte pour le calcul <strong>de</strong>s années nécessaires à l'obtention <strong>de</strong> <strong>la</strong>retraite <strong>de</strong>s vieux travailleurs les années où le travail sa<strong>la</strong>rié a étéaccompli dans les départements extra-métropolitains. (Question du20 juillet 1954.)Réponse. — Seuls ouvrent droit à l'allocation aux vieux travailleurssa<strong>la</strong>riés les emplois susceptibles d'avoir provoqué l'assujettissementobligatoire du requérant aux assurances sociales. En conséquence,les "emplois occupés hors du territoire métropolitain ou <strong>de</strong>sanciennes colonies qui ont été c<strong>la</strong>ssées comme départements françaispar <strong>la</strong> loi n» 10-451 du 19 mars 1916 (c'est-à-dire <strong>la</strong> Gua<strong>de</strong>loupe,<strong>la</strong> Guyane, <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Réunion) et dans lesquelles leréaime <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale a é'.é organisé, ne peuvent être prisen" considération pour <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong>s droits au bénéfice <strong>de</strong>l'allocation pour le motif qu'ils se trouvent en <strong>de</strong>hors du champd'application <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion sur. les assurances sociales. Cette in'erprétationqui ressort du texte même <strong>de</strong> l'article 2, paragraphe 1 er ,<strong>de</strong> ['.ordonnance du 2 février 1S45 est, en outre, conforme à <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> cassation qui eri <strong>de</strong> nombreux arrêts etnotamment dans un arrêt rendu toutes chambres réunies en date duJ1 juin 1917 a déc<strong>la</strong>ré .que « <strong>de</strong> même que les emplois occupés horsdu territoire métropolitain échappent en principe, à <strong>la</strong> !égis<strong>la</strong>tion\surles -assurances sociales parce que n'existent pas hors <strong>de</strong> ce territoireles . organes .chargés <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>s assurances sociales ouappelés à y opérer sur eux leur contrôle, <strong>de</strong> même, ces emplois nepeuvent être pris en considération pour l'attribution <strong>de</strong> l'allocationaux vieux travailleurs sa<strong>la</strong>riés ». Il convient d'observer enfin que,les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>riat postérieures au 31 décembre 1911 n'étantprises en considération que si elles ont fait l'objet du versement <strong>de</strong><strong>la</strong> double contribution <strong>de</strong>s assurances sociales, les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travai<strong>la</strong>ccomplies dans les territoires où ne s'applique pas <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> sécurité sociale se trouvent exclus ipso Juc'.o.r13181. — M. Jean Meunier expose à M. le ministre du travail et<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuriié sociale que l'article 1 er <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 31 décembre 1919modifiant l'ordonnance du 19 octobre 1945 re<strong>la</strong>tive aux assurancessociales permet à une caisse primaire <strong>de</strong> prolonger le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> troisans prévu pour le payement <strong>de</strong>s prestations en nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> longueina<strong>la</strong>die« lorsque <strong>la</strong> continuation <strong>de</strong>s soins est susceptible <strong>de</strong> permettrele maintien du sujet dans un état <strong>de</strong> santé compatible avecune activité professionnelle ». fl lui <strong>de</strong>mandé si les termes duditarticle excluent du bénéfice éventuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> prolongation les ayantsdroit <strong>de</strong> l'assuré lorsqu'ils sont d'âge sco<strong>la</strong>ire. ;Question du 20 juillet1951.)Réponse. — Le conseil d'Etat, consulté sur le point <strong>de</strong> savoir siles dispositions <strong>de</strong> l'article 1 er <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 31 décembre 1949 modifiantl'article 37 <strong>de</strong> l'ordonnance du 19 octobre 1955 sont applicablesd'une manière générale aux ayants droit <strong>de</strong> l'assuré a esiimé, dansun avis en date du 23 mai 1950, « qu'il était conforme à l'intentiondu légis<strong>la</strong>teur d'admettre que l'ayant droit qui a obtenu les prestations<strong>de</strong> longue-ma<strong>la</strong>die et qui, au terme <strong>de</strong>s trois ar.s, a pu selivrer à une "activité professionnelle peut bénéficier <strong>de</strong>s dispositionsconcernant l'attribution <strong>de</strong>s prestations en nature <strong>de</strong> l'assurancema<strong>la</strong>die ». Toutefois, on ne saurait considérer comme « activité professionnelle », par exemple l'activité sco<strong>la</strong>ire pour un enfant or.l'activité ménagère pour <strong>la</strong> conjointe d'un assuré. En effet, il nes'agit pas là <strong>de</strong> l'exercice d'une profession. Les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi du 31 décembre 1919 ne peuvent donc s'appliquer aux ayantsdroit d'âge sco<strong>la</strong>ire.13211. — M. Berihet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité sociale s'il est possible qu'une caisse autonome, instituéepar <strong>la</strong> loi du 17 janvier 1916 sur les allocations <strong>de</strong>s personnes nonsa<strong>la</strong>riées, soit obligée, par les instructions <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse nationale <strong>de</strong>compensation <strong>de</strong> <strong>la</strong> même catégorie, d'effectuer les acomptes verséspar ses ressortissants débiteurs, à valoir sur le total dès sommesréc<strong>la</strong>mées par mise en <strong>de</strong>meure réglementaire, simultanément auxrntiçnUnns successives imposées par <strong>la</strong> loi et aux majorations <strong>de</strong>retard afférentes à chacune <strong>de</strong> ces cotisations au lieu d'imputer parpriorité ces acomptes au payement <strong>de</strong> toutes les cotisations réc<strong>la</strong>mées,et, seulement après liquidation <strong>de</strong> celles-ci, aux majorations <strong>de</strong>retard. [Question du 21 juillet 1951.)Réponse. — En l'absence <strong>de</strong> réglementation spéciale en <strong>la</strong> matiere,il convient, conformément à l'article 1256 du co<strong>de</strong> civil et lorsque<strong>la</strong> quittance ne porte aucune imputation, d'imputer le payement sur<strong>la</strong> <strong>de</strong>tte que le débiteur a le iplus d'intérêt d'acquitter entre cellesqui sont pareillement échues. En l'espèce, il apparaît que lesacomptes versés <strong>de</strong>vraient être affectés en premier lieu, à l'extinction<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>tte principale. Cette manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r est <strong>la</strong> plusfavorable au débiteur puisque les pénalités <strong>de</strong> retard cessent <strong>de</strong>s'accroître.^13214. — M. Gail<strong>la</strong>rd expose à M. le ministre tSu travail et <strong>de</strong> >asécurité sociale que vu <strong>la</strong> réglementation en vigueur article 153, paragraphe1 er du décret du 8 juin 1946, modifié par le décret du 21 avril1918, vu <strong>la</strong> loi du 22 août 1916, article 24, concernant l'assujettissement<strong>de</strong>s travailleurs au payement <strong>de</strong>s cotisations d'allocations familiales,it résulte que les travailleurs indépendants peuvent bénéficier d'uneréduction ou d'une exonération <strong>de</strong> payement <strong>de</strong> cotisations aux allocationsfamilia es, s'ils n'ont pu consacrer à leur activité le tempsmoyen requis et s'ils n'en ont pas retiré <strong>de</strong>s moyens d'existencenormaux et suffisants ; dans lequel cas ils ne sont d'ailleurs pas tenus<strong>de</strong> cotiser. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si simi<strong>la</strong>irement, tant à l'égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale que <strong>de</strong>s allocations familiales s'il y a lieu à réduction ouexonération, ou suspension <strong>de</strong> sanctions, vis-à-vis <strong>de</strong>s industriels etcommerçants dont l'insuffisance <strong>de</strong> revenus est prononcée par fesforfaits fiscaux et les impositions <strong>de</strong> même que vis-à-vis <strong>de</strong> ceux dontl'état <strong>de</strong> failli ! e virtuelle eu différée — c'est-à-dire non ouvertementdéc<strong>la</strong>rée, afin <strong>de</strong> réserver l'avenir, par exempie — a rendu matériellementimpossible le versement <strong>de</strong> toute prestation, et dans <strong>la</strong> négative,comment expliquer <strong>la</strong> faveur réservée aux uns et refusée a ixautres. (Question du 21 juillet 1.54.)Réponse. — 1» En ce qui concerne <strong>la</strong> cotisation personnelle d'allocationsfamiliales <strong>de</strong>s employeurs et travailleurs indépendants, il es»précisé qu'aux termes <strong>de</strong> l'article 153 modifié du règlement d'administrationpublique du 8 juin 1946, toute personne physique est re<strong>de</strong>vable<strong>de</strong> cette cotisation dès l'instant qu'elle exerce, même à titreaccessoire, une activité professionnelle non sa<strong>la</strong>riée définie par référenceà l'article 1 er du règlement d'administration publique du 10 décembre1946, c'est-à-dire une activité à <strong>la</strong>quelle elle consacre letemps moyen qu'elle requiert et qui'lui procure <strong>de</strong>s moyens normauxd'existence. Pratiquement, sous réserve <strong>de</strong> l'appréciation souveraine<strong>de</strong>s tribunaux, est considérée comme telle toute activité professionnellequi procure un revenu supérieur au tiers du sa<strong>la</strong>ire servant <strong>de</strong>base au calcul <strong>de</strong>s allocations familiales. Ces dispositions généralessont applicables aux employeurs comme aux travailleurs indépendants.Par contre, les travailleurs indépendants peuvent seuls bénéficierdu taux réduit <strong>de</strong> cotisations, prévu également par l'article 153susvisé, lorsque leurs ressources globales (professionnelles et extraprofessionnelles)sont, à <strong>la</strong> date d'échéance <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotisation, inférieuresau sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> base précité. Us sont alors re<strong>de</strong>vables <strong>de</strong> <strong>la</strong>moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotisation forfaitaire minimale (arrêté du 29 septembre1949). Cette disposition a pour but <strong>de</strong> ménager <strong>la</strong> situation digne d'intérêtdans <strong>la</strong>quelle peuvent se trouver notamment les artisansmo<strong>de</strong>stes ou âgés. La dispense <strong>de</strong> cotisation instituée par l'article 24<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 22 aoflt 1916 en fonction <strong>de</strong> conditions tenant à l'âge,au nombre d'enfants élevés et au montant du revenu professionnel,ne s'applique qu'aux travailleurs indépendants que <strong>la</strong> loi a expressémentvisés. L'extension <strong>de</strong> cette dispense aux employeurs, si elle étaitenvisagée, ne pourrait donc se faire que par voie légis<strong>la</strong>tive ; 2" lescotisations <strong>de</strong> sécurité sociale et d'allocations familiales dues par lesemployeurs, au tilre do l'emploi <strong>de</strong> personnel sa<strong>la</strong>rié ou assimilé, sont,aux termes <strong>de</strong> l'article 31 et 31 bis <strong>de</strong> l'ordonnance du 4 octobre1915, calculées sur l'ensemble <strong>de</strong>s rémunérations versées audit personnel,dans <strong>la</strong> limite d'un p<strong>la</strong>fond. On comprendrait mal que <strong>de</strong>semployeurs qui versent <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires, en rémunération du travailfourni au profit <strong>de</strong> l'entreprise, puissent être exonérés du versement<strong>de</strong>s charges sociales qui représentent un accessoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> rémunérationproprement dite.13215. — M. Grousseaud rappelle à M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité sociaie que les retraités vieux travailleurs ont droit à uneréduction <strong>de</strong> 30 p. 100 sur <strong>la</strong> Société nationale <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> ferfrançais, mais cette réduction pour un voyage annuel ne s'étend pasau conjoint. Il s'ensuit que l'avantage a:cordé est ainsi illusoire etque le vieux travailleur renonce au voyage. H lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si c'estbien là ce qu'a voulu le légis<strong>la</strong>teur et, dans <strong>la</strong> négative, si le conjointne doit pas bénéficier, lui aussi, d'un billet à tarif réduit. (Questiondu 21 juillet 1951.)Réponse. — La loi n» 50-891 du 1" août 1950, re<strong>la</strong>tive aux facilités<strong>de</strong> transport sur les réseaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société nationale <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> ferfrançais accordées à certaines catégories <strong>de</strong> pensionnés et retraitésréserve le bénéJice <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction tarifaire <strong>de</strong> 30 p. 100 aux seulstitu<strong>la</strong>ires d'un avantage vieillesse au titre d'un régime <strong>de</strong> sécuritésociale. Les conjo'nts <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>meurent encore exclus dubénéfice <strong>de</strong> <strong>la</strong>aile loi. Une telle situation n'avait pas échappé aux services<strong>de</strong> mon cépartement qui ont saisi <strong>de</strong> cette question M. leministre <strong>de</strong>s finances et <strong>de</strong>s affaires économiques, toute extensionnécessitant l'octroi <strong>de</strong> crédits supplémentaires.\ 13238. — M. André Liautey <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du travail ét<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale si un contrôleur au service d'une caisse <strong>de</strong> vieillessedu commerce el <strong>de</strong> l'industrie (toi du 17 janvier 1948) est considèreou non comme appartenant au personnel <strong>de</strong>s cadres. (Questiondu 22 juillet 1951.)Réponse. — II est confirmé que les caisses d'allocations vieillesse ducommerce et <strong>de</strong> l'industrie entrent dans le champ d'application <strong>de</strong> <strong>la</strong>convention collective do retraites et <strong>de</strong> prévoyance <strong>de</strong>s cadres du11 mars 1957. La reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> cadres aux contrôleursagréés dépendant <strong>de</strong> ces organismes est fonction d'une part,<strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> caisse et, d'autre part, dos conditions danslesquelles le contrôleur exerce son activité./13288. — M. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du travail et<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociaie comment se concilie le droit <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong>sma<strong>la</strong><strong>de</strong>s sur les ordonnances médicales à eux délivrées avec <strong>la</strong> prétentionjustifiée <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> sécurité sociale <strong>de</strong> les conserver pourle contrôle <strong>de</strong>s vignettes y apposées. (Question du 27 juillet 1954.)Réponse. — Les ordonnances sont <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s etceux-ci peuvent en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>la</strong> restitution à leur caisse. Toutefois,les caisses primaires <strong>de</strong> sécurité sociale étant tenues <strong>de</strong> conserver


par <strong>de</strong>vers elle les pièces comptables leur permettant <strong>de</strong> justifier <strong>de</strong>sprestations versées, sont fondées à réetamer à l'assuré, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>restitution <strong>de</strong> l'ordonnance, une facture délivrée par le pharmacien.Le fait <strong>de</strong> rendre à l'assuré une ordonnance sur <strong>la</strong>quelle sont collées<strong>de</strong>s vignettes pouvait inciter celui-ci à s'en servir à nouveau pourobtenir frauduleusement le versement <strong>de</strong> prestations: en vue d'éviterles frau<strong>de</strong>s possibles, toutes instructions ont été données aux caissesprimaires <strong>de</strong> sécurité sociale, par lettre-circu<strong>la</strong>ire du 2 mars 1953,pour qu'en cas <strong>de</strong> restitution <strong>de</strong> l'ordonnance à l'assuré, les vignettessoient rendues inutilisables, par un procédé quelconque, par exempleen les oblitérant avec un cache L13289. — M, Gau <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale si l'arrêté du 10 mai 1948 et, nu<strong>la</strong>mment, fes dispositions<strong>de</strong> son article 5 re<strong>la</strong>tives aux taux minima <strong>de</strong>s commissions à alloueraux gérants non sa<strong>la</strong>riés <strong>de</strong>s maisons d'alimentation <strong>de</strong> détail et <strong>de</strong>scoopératives <strong>de</strong> consommation à succursales multiples, étaient applicablesà une personne ayant, aux termes <strong>de</strong> son contrat verbal,<strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> gérant non sa<strong>la</strong>rié et dont l'activité s'exerce, non dansune boutique mais au moyeu d'une camionnette fournie par l'employeuravec <strong>la</strong>quelle l'intéressé va <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ge en vil<strong>la</strong>ge pour vendreles*produits d'alimentation également lournis par le chef d'entreprise.(Question du 27 juillet 1954.)Réponse. — La loi n» 320 du 3 juillet 1944 précisant <strong>la</strong> .situation auregard <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion du travail <strong>de</strong>s gérants non sa<strong>la</strong>riés <strong>de</strong>s maisonsd'alimentation <strong>de</strong> détail et l'arrêté du 10 mai 1918 fixant lesconditions auxquelles doivent satisfaire les contrats individuelspassés entre les maisons d'alimentation <strong>de</strong> détait ou les coopératives<strong>de</strong> consommation et leurs gérants <strong>de</strong> succursales non sa<strong>la</strong>riés ne contiennentaucune précision sur <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s locaux où s'exerce l'activité<strong>de</strong>s travailleurs qu'ils visent. Dans ces conditions et sousréserve <strong>de</strong> l'appréciation souveraine <strong>de</strong>s tribunaux, dès l'instant où,à ne considérer 'que <strong>la</strong> nature juridique '<strong>de</strong> son contrat, il n'est pascontestable que l'intéressé est visé pur les textes ci-<strong>de</strong>ssus rappelés,peu importe que l'activité du gérant soit exercée dans un local fixeou mobile; cette condition <strong>de</strong> travail est tout accessoire et ne saurait,semble-t-il, avoir une influence quelconque sur l'application <strong>de</strong>stextes dont il 6'agit.TRAVAUX PUBLICS, TRANSPORTS ET TOURISME15946. — M. Cermo<strong>la</strong>cce expose à M. le ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong>constructions et réparations navales, notamment dans les ports auHavre et ceux du département <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône, où <strong>de</strong> nombreuxlicenciements ont été opérés parmi le personnel; il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>:1° quel est le volume <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s bénéficiant <strong>de</strong> <strong>la</strong> foid'ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> construction et réparation navale actuellement en cours;2» quels sont les chantiers bénéficiant <strong>de</strong> ces comman<strong>de</strong>s; 3° si lescrédits affectés à <strong>la</strong> réparation navale sont épuisés; 4° quelles mesurespeuvent être prises pour que les grands travaux prévus lors<strong>de</strong>s visites quadriennales soient effectués par priorité dans les chantiersfrançais. (Question du 29 juin 1954.)Réponse. — 1° Volume <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s bénéficiant <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d'ai<strong>de</strong>actuellement eu cours: a) navires en acier: comman<strong>de</strong>s notifiées:59 navires totalisant 5S1.270 tonneaux, dont en cours d'exécution: 28navires totalisant 273.270 tonneaux; b) bateaux en bois: comman<strong>de</strong>sen cours d'exécution: 59 bateaux totalisant 3.540 tonneaux; c) iln'est pas possible <strong>de</strong> chiffrer le volume <strong>de</strong> « réparations » aulrementque par les dépenses correspondantes qui ne peuvent être exactementconnues qu'après l'achèvement <strong>de</strong>s travaux; à ce jour, les travauxbénéficiant <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d'ai<strong>de</strong> représentent un montant d'environ 1 milliard50 millions; 2° chantiers bénéficiant <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s visées auparagraphe ci-<strong>de</strong>ssus: a) navires en acier: Société anonyme <strong>de</strong>s atelierset chantiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire; Société anonyme <strong>de</strong>s chantiers et ateliers<strong>de</strong> Saint-Nazaire Penhoël ; Société <strong>de</strong>s ateliers et chanliers <strong>de</strong>France; Sociélé <strong>de</strong>s ateliers et chantiers <strong>de</strong> Bretagne; Société <strong>de</strong>sateliers et chanliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine maritime; Société <strong>de</strong>s forges et chantiers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée: Chantiers et ateliers <strong>de</strong> Provence; Sociétéanonyme <strong>de</strong>s anciens chantiers Dubigeon; Société anonyme <strong>de</strong>s chantiersnavals <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ciotat; 6) bateaux en bois: Craipeau (Auguste),Saint-Malo; Gaury (Simon), <strong>la</strong> Rochelle; Chauffeteau, les Sablesd'Olonne;Krebs, Concarneau; Cornouaille, Tréboul; Herbert etIleraud, E tel ; Le Ilir et Pérou, Camaret; Gourmelon, Camaret; Unionet travail, les Sables-d'Olonne; Mécanique <strong>de</strong> Normandie, Cherbourg;Barbanchon et Douoet, Cherbourg; Dupret, Cujean-Meslras; Tertu,le Fret; Union ouvrière et maritime, Hennebont; Keraudren, Camaret;Donnart, Concarneau; Le Goanvic, Concarneau; L'Espoir sab<strong>la</strong>is,les Sables-d'Olonne; Le Ny, Concarneau; Le Fur et Ferec, Camaret;Peron (Albert), Douarnenez; C. Auroux, Arcaahon; c) réparationsnavires en acier: chantiers: Sociélé provençale <strong>de</strong> construction navale;Chantiers et ateliers <strong>de</strong> Saint-Nazaire Penhoët; Chantiers etateliers <strong>de</strong> Provence; Ateliers Terrin; Ateliers et forges <strong>de</strong> l'Ouest;3» crédits affectés à <strong>la</strong> réparation navale: il n'y a pas <strong>de</strong> crédits distinctsaffectés aux constructions neuves et d'autres affectés auxréparations. Les autorisations <strong>de</strong> programme et les crédits <strong>de</strong> payementattribués à <strong>la</strong> loi d'ai<strong>de</strong> pour l'exercice 1954 ne sont pas encoreépuisés; 4° réparations et visites quadriennales: les armements françaisfont en principe exécuter en France les réparations importantes<strong>de</strong> leurs navires. Sauf pour <strong>de</strong>s raisons d'ordre commercial précises,l'exécution <strong>de</strong> ces travaux à l'étranger n'est généralement pas <strong>de</strong>mandéeà <strong>la</strong> marine marchan<strong>de</strong>. Les crédits loi d'ai<strong>de</strong> ne sont passystématiquement nécessaires pour maintenir en France ce genre <strong>de</strong>travaux. Par contre, erlce aux subventions loi d'ai<strong>de</strong>, un nombrecroissant <strong>de</strong> navires étrangers peuvent enfin venir se faire, répareren France, notamment i Marseille. Dans fe cas <strong>de</strong> gros travaux misen adjudication entre divers chanliers européens, <strong>la</strong> loi d'ai<strong>de</strong> permetquelquefois le succès du chantier français (cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> grosse réparation<strong>de</strong> l'Equateur adjugée à un chantier <strong>de</strong> <strong>la</strong> région du Havre).13105. — M. Deixonne signale à M. le ministre <strong>de</strong>s travaux publics,<strong>de</strong>s transports et du tourisme que, postérieurement au 21 avril 1934,nn chemin <strong>de</strong> fer d'intérêt local a été supprimé; qu'en remp<strong>la</strong>cement<strong>de</strong> cette ligne il a été créé un service routier dont le contrat, quivenait à échéance le 31 décembre 1947, a été renouvelé par tacitereconduction jusqu'au 31 décembre 1952; et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si, à cette <strong>de</strong>rnièredate, le département intéressé avait le droit <strong>de</strong> choisir librementle ou les exploitants du service nouveau en s'inspirant dudécret du 12 janvier 1939 dont l'article 4G, <strong>de</strong>rnier alinéa, est ainsilibellé: « Les déparlements peuvent choisir librement les exploitants<strong>de</strong>s services nouveaux dont <strong>la</strong> création, postérieure au 21 avril 193i,avait élé régulièrement autorisée conformément aux lois et règlementsen vigueur. (Question du G juillet 1954.)Réponse. — La réponse est affirmative dès lors que <strong>la</strong> création <strong>de</strong>sservices nouveaux a été régulièrement autorisée.13083. — M. Pierre Villon expose à M. le ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, ries transports et du tourisme que <strong>la</strong> loi du 20 septembre 1951avait prévu <strong>de</strong>s bonificalions d'ancienneté et <strong>de</strong>s titu<strong>la</strong>risations excepfionneflespour les fonctionnaires résistants. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>: 1° 'enombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s concernant les bonifications déposées par lesagents <strong>de</strong> son ministère; 2° le nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risationdéposées par les agents <strong>de</strong> son ministère; 3° lo nombre <strong>de</strong> décisionsd'attribution <strong>de</strong> bonifications actuellement acquises; 4° lenombre <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risations exceptionnelles actuellement acquises;5» les mesures qu'il compte prendre pour améliorer, éventuellement,<strong>la</strong> ca<strong>de</strong>nce d'application <strong>de</strong> cette loi. [Question ou 8 juillet 1054.)Réponse. — 1° Nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bonifications déposées:1.183; 2° nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risations déposées: 223;3° nombre <strong>de</strong> décisions d'attribution <strong>de</strong> bonifications actuellementacquises: 6G; 4 3 nombre <strong>de</strong> titu<strong>la</strong>risations exceptionnelles actuellementacquises: 2. Les autres <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ayant' fait l'objet d'unavis favorable ont. pour <strong>la</strong> plupart, été soumises à l'examen <strong>de</strong>scommissions administratives compétentes et sont en cours <strong>de</strong> règlement.Le travail d'ensemble concernant l'octroi <strong>de</strong>s bonificalionsd'ancienneté est dés maintenant entrepris et sera réalisé avec <strong>la</strong>plus gran<strong>de</strong> diligence dès que l'administration connaîtra <strong>la</strong> suiteréservée aux dossiers qui sont encore en instance auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission spéciale siégeant au ministère <strong>de</strong>s anciens combattantset <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre.13218. — M. Paquet <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>s travaux publics,<strong>de</strong>s transports et du tourisme dans quelles conditions les véhiculeslents peuvent traverser une route à gran<strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, et si unchar <strong>de</strong> 6 rn. 60 <strong>de</strong> long (brancards compris) atlelé d'un seul cheva<strong>la</strong>vait le droit <strong>de</strong> traverser une telle route, <strong>la</strong>rge <strong>de</strong> 7 mètres, bienqu'il ait vu à 100 mètres un motocycliste ? Si l'on s'en tientaux termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision judiciaire qui lui a refusé ce droit, ilest impossible aux véhicules lents <strong>de</strong> couper une <strong>de</strong> ces routes oïlles voilures se succè<strong>de</strong>nt sans arrêt. II lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en conséquence,s'il compte prévoir, dans le nouveau co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> roule, un articlespécial pour ces véhicules lents afin que, les routes étant indiscutablementà tous, ils puissent circuler, eux aussi, en prenant<strong>de</strong>s précautions à préciser par ce co<strong>de</strong> et dans <strong>de</strong>s conditions à fixerque les autres usagers seront, à leur tour, dans l'obligation <strong>de</strong>respecter. (Question du 21 juillet 1951.)Réponse. — Le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route (décret du 10 juillet 1951 publiéau Journal olfieiel du 14 jui'let) n'interdit à aucun véhicule quelqu'il soit <strong>de</strong> traverser à une intersection <strong>de</strong> roules une voie à gran<strong>de</strong>circu<strong>la</strong>tion, sous réserve toutefois du respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> priorité accordéeaux véhicules qui, circu<strong>la</strong>nt sur cette voie, se trouvent à proximitédu carrefour. Ces <strong>de</strong>rniers doivent, bien entendu, <strong>la</strong>isser passerles véhicules lents déjà engagés. Il appartient aux tribunaux d'apprécier<strong>de</strong>s responsabilités, suivant chaque cas particulier, en cas dulitiges ou d'acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion.132S1. — M. Joseph Denais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme si, pour les économiquementfaibles, <strong>de</strong>ux billets simples par année ne pourraient être substituésà l'aller et retour va<strong>la</strong>ble trois mois consenti aux sa<strong>la</strong>riés. [Questiondu 27 juillet 1951.)Réponse. — Aux termes <strong>de</strong> l'article 3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi n° 49-1091 instituantune carte nationale dite « carte sociale <strong>de</strong>s économiquementfaibles », il est prévu expressément lo droit, attaché à <strong>la</strong> possession<strong>de</strong> cette carte, « d'un voyage aller et retour par an sur les réseauxdo <strong>la</strong> Société nationale <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer français, quelle que soit<strong>la</strong> distance parcourue, au tarif <strong>de</strong>s billets popu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> congéspayés ». Une modification <strong>de</strong> ces dispositions ne pourrait donc intervenirque par voie légis<strong>la</strong>tive.13306. — M. Barthélémy expose à M. le ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme, que <strong>la</strong> Société nationale <strong>de</strong>schemins <strong>de</strong> fer français consent, aux artisans, le bénéfice d'unvovage annuel <strong>de</strong> congé avec une réduction <strong>de</strong> tarif <strong>de</strong> 30 p. 100sur production d'une attestation <strong>de</strong>s contributions directes reconnaissantque l'intéressé jouit, en matière d'impôt sur les B. I. C.,<strong>de</strong> <strong>la</strong> situation fiscale artisanale, et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il ne serait paspossible d'intervenir auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société nationale <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong>.


ter français pour que celle altestation <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>s contributionssoit remp<strong>la</strong>cée par une atlestation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>s métiersce qui éviterait aux artisans l'inconvénient résultant <strong>de</strong>s conséouencesd'une interprétation souvent abusive <strong>de</strong>s textes les visanten matière fiscale. (Question du 28 juillet 1954.)Réponse. — Aux termes du titre VIIÎ, chapitre 1 er , du tarif <strong>de</strong>sdépositions diverses, les billets popu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> congé annuel, sontdélivrés notamment « aux personnes exerçant <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong>caractère artisanal qui bénéficient, au point "<strong>de</strong> vue fiscal, <strong>de</strong>s dispositionsprévues à l'article 184 du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôts ». Leditarticle détermine les catégories d'artisans qui, soumis à <strong>la</strong> cé-dule<strong>de</strong>s traitements et sa<strong>la</strong>ires, et non à l'impôt sur les bénéficesindustriels et commerciaux, peuvent être assimi'és au sa<strong>la</strong>riés. Cecritère a été déterminé par l'administration <strong>de</strong>s finances; <strong>la</strong> fourniture,aux intéressés, <strong>de</strong> l'attestation délivrée par les contributionsdirectes ne soulève donc pas <strong>de</strong> difficultés pratiques. Par contre,les chambres <strong>de</strong>s métiers groupent exclusivement les maîtres artisansn'entrant pas, au point <strong>de</strong> vue fiscal, dans le cadre <strong>de</strong>l'article 18î du co<strong>de</strong> général <strong>de</strong>s impôts. Les artisans, assimilés auxsa<strong>la</strong>riés, qui peuvent seuls revendiquer le bénéfice <strong>de</strong>s billets popu<strong>la</strong>ires<strong>de</strong> congé annuel, se trouvent ainsi en <strong>de</strong>hors du champchamp d'action <strong>de</strong> ces chambres; l'intervention <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières,en ce qui concerne les formalités à remplir pour obtenir les billetspopu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> congé annuel, ne peut être justifiée.13324. — M. <strong>de</strong> Benouville attire l'attention <strong>de</strong> M. le ministre <strong>de</strong>stravaux publics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme sur le fait suivait! :chaque année, les Français désireux ce circuler avec leur voilure àl'étranger, sont dans l'obligation <strong>de</strong> changer leur carnet <strong>de</strong> passageen douane, ce qui les oblfgo à <strong>de</strong>s formalités administratives fastidieuses.il en est <strong>de</strong>.même pour le renouvellement <strong>de</strong> permis <strong>de</strong>conduire international et le certificat international. 11 lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'ilne croit pas possible <strong>de</strong> renouveler ces documents sur simple présentation<strong>de</strong> <strong>la</strong> carte grise, aussi-longtemps que Ion est propriétairedu véhicule. (Question du 29 juillet 195k.)Réponse. — Les certificats internationaux pour automobiles et lespermis <strong>de</strong> conduire internationaux sont délivrés sans formalités etsans déiais par les préfectures sur simple <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accompagnée<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux photos <strong>de</strong>stinées l'une à figurer sur le permis, l'autre aurépertoire général et sur présentation <strong>de</strong>s pièces nationales et d'unepièce d'i<strong>de</strong>ntité. La carte grise n'étant pas un tilre <strong>de</strong> propriété, iisc-rait certainement beaucoup plus compliqué pour les usagers <strong>de</strong>faire <strong>la</strong> preuve qu'ils sont toujours propriétaires <strong>de</strong> leur voilure que<strong>de</strong> présenter <strong>la</strong> pièce d'i<strong>de</strong>ntité qui leur est <strong>de</strong>mandée. C'est <strong>la</strong>convention <strong>de</strong> Genève <strong>de</strong> 1919 qui a établi le modèle <strong>de</strong>s pièces internationaleset en a limité <strong>la</strong> validité à un an. II est d'ailleurs rappeléque, comme <strong>la</strong> France, plusieurs pays étrangers n'exigent que lespièces nationales 'carte et permis). Enfin, <strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong>s carnets<strong>de</strong> passage en douane ne concerne pas le ministère <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme, mais <strong>la</strong> seule administration<strong>de</strong>s douanes.Rectificationau compte rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième séance du 10 août 1954.(Journal officiel du 11 août 1954.)Dans le scrutin (n° 2597) sur <strong>la</strong> fixation au 27 août <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion<strong>de</strong>sinterpel<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> Tunisie et le Maroc:M. Lucien Deboudt, porté comme « s'é<strong>la</strong>nt abstenu volontairement», déc<strong>la</strong>re avoir voulu voter « pour ».Rectificationsau compte rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième séance du 13 août 1955,(Journal officiel du 14 août 1951.)Scrutin 2010.Au lieu <strong>de</strong>: « sur l'amen<strong>de</strong>ment prescrit par M. Boscary-Monsservin», lire: « sur l'amen<strong>de</strong>ment proposé par M. L'ouscary-Monsservin».Pans le scrutin (n° 2Gtf), sur l'ensemble du projet portant programmed'équilibre financier, d'expansion économique el <strong>de</strong> progrès social(<strong>de</strong>uxième lecture) :M. De<strong>la</strong>cbenal porté comme « n'ayant pas pris part au vote ».déc<strong>la</strong>re avoir voulu voter « pour ».Scrutin n° 2012 (ensemble, <strong>de</strong>uxième lecture prestations familialesagricoles) :M. Henri Grimaud doit être porté comme « s'étant abstenu volontairement» et M. Maurice Grimaud comme ayant voté « pour ».Scrutin 2Gfô.Ajouter à <strong>la</strong> fin du titre: « (Deuxième lecture.) ».Dans le scrutin (n° 2C15) sur l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition re<strong>la</strong>tiveà l'éligibilité <strong>de</strong> certains fonctionnaires d'outre-mer:M. Béchard (Paul), po;té comme ayant voté « pour », déc<strong>la</strong>re avoirvoulu voter « contre ».Erratumau compte rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième séance du 10 août 1954.RÉPONSES DES MINISTRES AUX QUESTIONS ÉCRITESPage 4001, 1" colonne,Au lieu <strong>de</strong>: « 12157. — M. Ihuel <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur»,Lire: « 12457. — M. Huel <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à M. le ministre <strong>de</strong> l'inlérieur ».Rectificationau compte rendu in extenso <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième séance du 13 août 1954.[Journal officiel du 14 août 1954.)Dans le scrutin (n° 2G1G) sur l'ensemble du projet re<strong>la</strong>tif à diversesdispositions d'ordre fiscal (<strong>de</strong>uxième lecture) :M. De<strong>la</strong>cbenal, porté comme « s'étant abstenu volontairement »,déc<strong>la</strong>re avoir voulu voler « pour ».ICe numéro comporte le compte rendu <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux séancesdu jeudi 26 août 1954.1 séance: page 4255 — 2 e séance - page 4277.Paris. — Imprimerie <strong>de</strong>s Journaux officiels, 31, quaiVoltaire.

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