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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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[tement énervé contre nous par un sentiment très net d'injusitiee,et agissent comme si elles ne risquaient, <strong>de</strong> notre part,aucune riposte.Le premier problème qui se pose donc à nous est <strong>de</strong> savoir,ee que nous <strong>de</strong>vons faire pour obtenir le silence <strong>de</strong> ces excitateursdont l'action en Afrique du Nord est <strong>la</strong> plus néfaste <strong>de</strong>toutes.M. Vincent Badie. Très bien !M. Arthur Conte. Que comptez-vous faire ?Vous pouvez; d'abord agir plus sérieusement et avec plusd'autorité que précé<strong>de</strong>mment par voie diplomatique. Cette' action est très possible et peut être efficace auprès d'un hommeintelligent tel que le colonel Nasser. Celui-ci, à plusieurs reprisesa' fait connaître publiquement sa volonté d'établir avec <strong>la</strong>France <strong>de</strong>s rapports cordiaux. Il est donc permis <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rquelques preuves <strong>de</strong> ses excellentes intentions,. Il faut, entout cas, lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quelle est, à notre égard, <strong>la</strong> réelle politique<strong>de</strong> l'Egypte, celle <strong>de</strong> son premier ministre publiquementannoncée ou 'celte <strong>de</strong> son speaker hystérique qui encourage etexalte les gestes <strong>de</strong>s assassins.L'équivoque ne peut pas se perpétuer. Etes-vous décidé à.Intervenir fermement auprès du gouvernement du colonelNasser en lui rappe<strong>la</strong>nt, d'ailleurs, notre ferme désir <strong>de</strong> conserveravec son pays les liens d'une amitié déjà traditionnelle ?Auprès <strong>de</strong> Madrid., l'entreprise diplomatique directe est plusdifficile. Nous avons dit pourquoi elle l'était, à plusieurs reprises,du haut <strong>de</strong> celte tribune et personne ne saurait discuter <strong>la</strong>regrettable réalité <strong>de</strong>s sentiments anti-français et anti-républicainsprofonds qui animent <strong>la</strong> presse, <strong>la</strong> radio et le gouvernementmadrilènes.Les difficultés se trouvent aussi aggravées du fait <strong>de</strong>s divisionset <strong>de</strong>s désaccords désormais officiels existant entre le chef<strong>de</strong> l'Es pagne et le chef du Maroc espagnol, celui-là étant <strong>de</strong>pins en plus jaloux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> importance prise par celui-ci.Il v a une étrange surenchère entre les <strong>de</strong>ux hommes pours'approprier le bénéfice moral et politique d'un néo-impérialismeforcené qui s'est développé d'une manière étonnantedurant ces <strong>de</strong>rnières années, a fait renaître dans les cœursfranquistes le vieux rêve <strong>de</strong> Charles-Quint <strong>de</strong> régner sur l'Afriqueet qui a d'ailleurs, comme doctrinaires, l'actuel ambassa<strong>de</strong>urespagnol à Washington, M. <strong>de</strong> Areilza et l'actuel ambassa<strong>de</strong>urespagnol au Vatican, M. Castiel<strong>la</strong>, témoins et agentsd'une ambition qui ne pense plus à- cacher ni ses définitionsni ses visages.Vous parleriez en vain, auprès <strong>de</strong> ces hommes exaltés, <strong>de</strong> l'impérieusenécessité, à <strong>la</strong>quelle nous tenons tous, <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidaritéfranco-espagnole telle que <strong>la</strong> comprenaient ie gouvernement <strong>de</strong><strong>la</strong> République et même les <strong>de</strong>rniers rois espagnols. {App<strong>la</strong>udissementsà (fttuehe.)Enfin le personnage qui dirige en fait l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiqueétrangère espagnole, qu'il faut considérer comme beaucoupplus important qu'Artajo et Lequerica, le secrétaire d'Etatà <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil Carrero B<strong>la</strong>nco, encore qu'il doivesa vie à <strong>de</strong>s Français, est un ennemi <strong>de</strong> notre pays, et c'estlui qui, sous les ps'eudonymes <strong>de</strong> Juan <strong>de</strong> La Cosa, <strong>de</strong> Macau<strong>la</strong>yet d'H-ispanicus, oriente <strong>la</strong> presse et <strong>la</strong> radio espagnoles, animel'offensive <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> contre <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne à propos<strong>de</strong> Gibraltar et contre <strong>la</strong> France à propos <strong>de</strong> l'Afrique du Nord.Préférant le refuge <strong>de</strong> son bureau à l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong>s manifestationspubliques, avant en mains <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong>s services secrets et<strong>de</strong> toute l'information, inspirateur et créateur du fameux séminaired'étu<strong>de</strong>s du mon<strong>de</strong> arabe, qui est, en fait, le bureau oùl'on étudie constamment l'évolution, <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique dans lemon<strong>de</strong> méditerranéen et auquel col<strong>la</strong>borent les ambassa<strong>de</strong>ursespagnols dans tous les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligue arabe et <strong>de</strong>s hommespassionnés, ultranationalistes intolérants comme Xavier Con<strong>de</strong>,directeur <strong>de</strong> l'institut d'étu<strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pha<strong>la</strong>nge, Navascuis,sous-secrétaire d'Etat <strong>de</strong>s affaires étrangères, et Rornojaro,vice-secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pha<strong>la</strong>nge, Carrero B<strong>la</strong>nco mettra toujoursen gar<strong>de</strong> son gouvernement contre une politique <strong>de</strong>sagesse et d'apaisement à notre égard.Ne comptez donc pas trop sur l'action <strong>de</strong> votre ambassa<strong>de</strong>.Vous penserez, peut-être, à faire infervenir les représentantsd'une puissante nation amie, qui sont bien en cour auprès duPardo, actuellement, et ont <strong>de</strong>s moyens que nous n'avons pasd'obtenir certaines audiences. Vous pouvez le faire s'il estvrai que ces amis sont réellement désireux <strong>de</strong> nous faciliter<strong>la</strong> tâche en Afrique du Nord; mais je doute que <strong>la</strong> diplomatieindirecte puisse être plus heureuse, auprès du fanatisme, que<strong>la</strong> 'diplomatie directe.Vous serez alors obligé d'envisager votre second moyend'action. Si raison ne peut êlre entendue, votre <strong>de</strong>voir est <strong>de</strong>riposter avec virilité, sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> notre propre radio, à <strong>de</strong>scampagnes qui font trop <strong>de</strong> mai à <strong>la</strong> noble et humaine causeque nous voulons servir. (App<strong>la</strong>udissements à gauche.)Si le speaker du Caire n'est pas remp<strong>la</strong>cé par plus raisonnable,pourquoi ne pas créer chez nous une voix <strong>de</strong> l'Egvptelibre qui dirait, plusieurs fois par semaine, au mon<strong>de</strong>*, àl'Afrique du Nord et à l'Egypte elle-même le régime <strong>de</strong> misèreoù un gouvernement <strong>de</strong> force maintient le pavsan égyptien ?(App<strong>la</strong>udissements à gauche et sur quelques bancs à l'extrêmedroite.)Pourquoi ne pas révéler toutes les servitu<strong>de</strong>s et toutes lessouffrances, indignes d'une civilisation, maintenues dans unpays qui voudrait donner impu<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> leçon ? Pourquoine pas créer sur nos propres antennes une voix <strong>de</strong> l'Espagnelibre, une voix <strong>de</strong>s patriotes espagnols exilés (App<strong>la</strong>udissementssur les mêmes bancs), <strong>de</strong>s Basques et <strong>de</strong>s Cata<strong>la</strong>ns persécutés,une voix qui ne cacherait rien <strong>de</strong> ia servitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>l'ignorance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère où un dictateur maintient soapeuple et <strong>la</strong> zone marocaine confiée à sa protection, une voixqui dirait <strong>la</strong> vérité sur les prétendues réformes généreuses et<strong>la</strong> prétendue autonomie promise à Ceuta, Laracbe et Tetouan.Quelle est, monsieur le prési<strong>de</strong>nt du conseil, votre pensée surce point ?Mais il <strong>de</strong>meure que le meilleur moven <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>rl'amitié franco-musulmane est <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratiquer, lovalement etsinccrement. La sincérité appellera <strong>la</strong> sincérité et c'est l'amitiéqui comman<strong>de</strong>ra seule l'amitié. La politique d'amitié en Tunisieet au Maroc est <strong>la</strong> seule qui puisse rendie vaines les paroles<strong>de</strong> nos diffamateurs.N'ous approuvons votre politique en Tunisie dans <strong>la</strong> mesuremême où vous vous réc<strong>la</strong>mez d'un tel principe. Il serait eneffet trop périlleux <strong>de</strong> penser agir <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranéeselon les thèses révolues du dix-neuvième siècle. L'exempledu Gommonvvealth britannique n'eneeigue-t-il pas qu'àl'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> force doit succé<strong>de</strong>r l'empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité ?Il serait vain et odieux d'avoir inscrit <strong>la</strong> générosité humainedans notre Constitution et <strong>de</strong> ne pas <strong>la</strong> pratiquer dans les faitset à <strong>la</strong> face <strong>de</strong> l'Histoire.M. Lucien Coffin. Très bien !». Arthur tonte. Votro tâche, certes, est beaucoup plus difficileau Maroc. Berbères et Arabes, caïds du Sud et oulémas duNord, partisans du sultan exilé et amis du sultan en p<strong>la</strong>ce, cavaliersdu G<strong>la</strong>oui et foules mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s médinas vreprésentent <strong>de</strong>ux civilisations face à face. Le Maroc est partagéen <strong>de</strong>ux par une frontière <strong>de</strong> passions et c'est nous qui, jusqu'àprésent, en avons préservé Ja paix et l'unité.Il sera difficile <strong>de</strong> trouver une solution satisfaisante, à <strong>la</strong> fois,ipour un moyen âge qui persévère au Sud et un prolétariatindustriel qui prend conscience <strong>de</strong> ses forces et <strong>de</strong> son dvnamismedans le Nord.Le hasard <strong>de</strong>s événements et <strong>de</strong>s personnalités a aussi faitque le Maroc qui résista jadis avec le plus d'acharnement à <strong>la</strong>pacification nous voue aujourd'hui un attachement indiscutableet que les villes qui nous accueillirent avec joie paraissentmaintenant les plus sensibles à certains appels.Le problème religieux et dynastique marocain est complexe;le .problème politique l'est autant, du fait <strong>de</strong> Ja nature autocratiqueet raciste du parti <strong>de</strong> l'istiq<strong>la</strong>l.Nous ne mésestimons pas les immenses difficultés que vousrencontrez et nous ne chercherons pas, par une étu<strong>de</strong> plus précise,par <strong>de</strong>s conseils trop rigi<strong>de</strong>s, à compliquer <strong>la</strong> tâche <strong>de</strong>votre ambassa<strong>de</strong>. L'essentiel, pous nous, est <strong>de</strong> sauver l'espritd'une fraternelle union franco-musulmane.Nous nous confronterons <strong>de</strong>main sur les chances européennes.Nous connaissons bien les conditions dont dépend l'existenced'une Europe: rétablissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> s.inté économique <strong>de</strong><strong>la</strong> France, rééducation politique <strong>de</strong> l'Allemagne, participationplus active <strong>de</strong> l'Angleterre. Mais l'Europe n'existera surtout passi elle ne sait pas s'appuyer sur une Afrique amie et étroitementliée à ses <strong>de</strong>stins. « L'Europe n'est que le cap <strong>de</strong> l'Asie »,disait amèrement Paul Valéry; mais elle est aussi et surtout<strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l'Afrique.S'il est vrai que nous nous trouvons au carrefour <strong>de</strong>s plusgrands choix et puisqu'il n'est pas discuté que <strong>la</strong> France, etl'Europe avec elle, se trouvent aujourd'hui à l'affleurement <strong>de</strong>smon<strong>de</strong>s, n'oublions jamais <strong>la</strong> nécessité — vitale pour tous lesFrançais et pour tous les Européens — <strong>de</strong> nous lier aux Africainspar une amitié durable, fidèle et loyale.Le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, qui conditionne le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> l'Europe,est attaché au <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> ses amitiés africaines. (App<strong>la</strong>udissementsà gauche et sur divers bancs à droite et à l'extrêmedroite.)N, le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Fonlupt-Esperaber.M, Jacques FoHlupt-Esperaber. Mesdames, messieurs, en<strong>de</strong>mandant à interpeller le Gouvernement, non seulement sursa politique tunisienne, mais sur les principes dont il entends'inspirer dans <strong>la</strong> solution <strong>de</strong>s très graves problèmes qui seposent en Afrique du Nord, je n'ai pas évi<strong>de</strong>mment entenduétablir je ne sais quelle confusion entre les questions qui se

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